Et de deux ! On se souvient du bombardement d’un entrepôt proche de Khmelnitsky dans la nuit du 12 au 13 mai dernier, qui aurait touché, selon les sources russes, le « 649e dépôt
d’aviation d’armes et de munitions de missiles près du village de Gruzevytsia ». Compte tenu de la dose relativement faible de rayonnement gamma émise par l’uranium appauvri, l’explosion
aurait détruit un très grand stock de munitions, libérant dans l’air de la poussière d’uranium en direction de la Pologne. La presse occidentale a bien évidemment réfuté cette menace de
pollution. Une nouvelle frappe russe, le 28 mai, sur un entrepôt d’armes à Jytomyr, provoque une pollution de l’air similaire. L’expert militaire russe, Alexander Artamonov, apporte ici des
explications.
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pas la ligne éditoriale du Courrier.
Il ne peut être exclu qu’à l’occasion d’une récente frappe massive de missiles, les forces aérospatiales russes aient détruit une installation militaire extrêmement
dangereuse des forces armées ukrainiennes. Ce qui pourrait créer un problème assez grave pour le régime de Kiev. Le célèbre analyste militaire russe, Alexander Artamonov, en est arrivé à cette
conclusion. En direct sur la radio Komsomolskaya Pravda, il a parlé en détail des résultats de l’opération des Forces armées de la Fédération de Russie et a également fait allusion à
l’importante explosion qui aurait touché les entrepôts des Forces armées ukrainiennes situés dans la région de Jytomyr.
L’Ukraine joue avec le feu au mépris des pays qui l’environnent
Alexander Artamonov a rappelé que, dans la nuit du 29 mai, les forces armées russes avaient détruit un grand entrepôt des forces armées ukrainiennes à Jytomyr,
contenant des stocks d’armes occidentales. L’installation aurait pu contenir des munitions de char munies d’un noyau d’uranium, ce qui peut devenir un problème assez grave pour l’Ukraine et
les pays de l’Union européenne.
Selon l’expert, cet épisode de contamination radioactive, causée par des munitions à l’uranium se répète très probablement aujourd’hui en Ukraine. Après
l’incident de Khmelnitsky, où les forces armées russes avaient détruit un entrepôt contenant des obus de chars équipés à l’uranium appauvri, un lieu de stockage similaire a été touché à
Jytomyr. Il ne peut être exclu qu’il ait aussi contenu des obus à uranium appauvri, puisqu’une autre contamination radioactive a été observée dans la région.
« Il faut se remémorer ce qui s’est passé dans la région de Khmelnitsky, avec l’explosion d’un entrepôt contenant des munitions à uranium appauvri. Et du fait des vents dominants, tout est
envoyé vers la Pologne. Et après cela, on a appris que le 28 mai, nous avions frappé un autre entrepôt d’uranium appauvri dans la région de Jytomyr, et cela a provoqué de la panique
», a expliqué le spécialiste.
Artamonov a attiré l’attention sur le fait que le régime de Kiev a commis une grave erreur en acceptant des munitions à noyau d’uranium. Aujourd’hui, l’Ukraine
paie ses pitreries par la contamination radioactive de certaines régions du pays.
Comment la Russie a forcé les Ukrainiens à se retirer d’Artyomovsk
À l’intérieur du « hachoir à viande
Bakhmout » : Comment la Russie a forcé les Ukrainiens à se retirer d’Artyomovsk, leur supposée « forteresse » dans le Donbass
Neuf mois de batailles pour un site symbolique dans la tentative de Kiev de reprendre le contrôle de la région se sont terminés par un nouveau triomphe des
forces de Moscou.
La bataille pour Artyomovsk (appelée Bakhmout par les Ukrainiens) a commencé en août 2022 et s’est progressivement transformée en épicentre des combats
entre la Russie et l’Ukraine. Alors que d’autres parties du front sont restées relativement stables, les deux camps ont activement amené des forces dans cette petite ville. Pour Kiev, qui
a subi en mai 2022 une défaite à Azovstal qui a contribué à ternir son image, Artyomovsk est devenue la nouvelle Marioupol. La propagande ukrainienne l’a baptisée « la forteresse de
Bakhmout » et a tenté de donner un air d’héroïsme à ceux qui s’y battaient.
Bien que la ville n’ait aucune importance stratégique pour la progression vers l’ouest, les troupes russes ont relevé le défi lancé par la propagande
ukrainienne. Qu’a donc apporté à Moscou le « hachoir à viande de Bakhmout », qui a duré neuf mois ?
D’une ville de province à une forteresse militaire
Au XIXe siècle, Artyomovsk était une ville provinciale de l’Empire russe et le centre administratif de la région en développement du Donbass. Cependant, à
mesure que d’autres villes se développent, son rôle devient moins important. Au début de l’offensive russe en février 2022, la ville comptait environ 70 000 habitants. Elle abritait
plusieurs installations industrielles, dont une usine de vin mousseux où des combats ont eu lieu au début de l’année 2023. Selon les autorités ukrainiennes, 60% de la ville avait alors
déjà été détruite.
L’importance de la ville s’est considérablement accrue après le début de l’opération militaire russe en février 2022. Initialement, lorsque les troupes
russes ont brisé la première ligne de fortifications dans la région de Popasnaya, Zolotoye et l’agglomération de Lisichansk-Severodonetsk, Artyomovsk était un important centre de
transport. Elle permettait à la ligne de front ukrainienne d’être reliée au reste du pays.
Après que les Russes ont réussi à briser cette ligne de défense et à éliminer complètement les forces de Kiev du territoire de la République populaire de
Lougansk (RPL), Artyomovsk a cessé d’être une plaque tournante des transports pour devenir la deuxième ligne de défense de l’Ukraine autour de la rivière Bakhmoutka. Cette bande
s’étendait des positions ukrainiennes en face de Gorlovka – contrôlée depuis 2014 par la République populaire de Donetsk (RPD) – au sud jusqu’à Seversk au nord, se jetant directement dans
le Seversky Donets, la principale rivière du Donbass.
Artyomovsk n’aurait pas pu être prise sans que cette ligne de défense ne soit brisée. Depuis juillet 2022, les combattants du PMC Wagner se sont concentrés
sur cette tâche, préparant le terrain pour un encerclement réussi de la ville.
Encerclement d’Artyomovsk
Les conditions favorables à l’encerclement d’Artyomovsk ont commencé à se former en mai de l’année dernière, après la victoire russe à Popasnaya. À la fin
du mois, Svetlodarsk – une ville satellite de la centrale thermique d’Uglegorsk que les forces ukrainiennes ont transformée en centre défensif – a été capturée. Il a fallu deux mois pour
s’emparer de la ville, et la centrale n’a pas subi de dommages majeurs.
Les combats se sont également poursuivis au nord de Gorlovka. Outre l’objectif principal d’avancer vers Artyomovsk, il était important d’éloigner les
troupes ukrainiennes de la ville pour assurer la sécurité de ses habitants. Depuis le début de l’offensive, 101 personnes sont mortes à Gorlovka et 360 autres ont été blessées. Cette
tâche a été partiellement accomplie lors des batailles pour les localités de Semigorye, Kodema, deux villages nommés Zaitsevo, Mayorsk, Kurdyumovka et Ozaryanovka, qui ont duré tout au
long de l’été et de l’automne 2022. La sécurité de Gorlovka a été assurée depuis le nord et le nord-est, tandis que les menaces ne subsistaient que depuis l’ouest et le nord-ouest.
Les fortifications ukrainiennes ont été conçues pour dissuader une offensive russe venant de la direction de Gorlovka et du sud. Mais en raison d’une autre
offensive venant de l’est, la valeur tactique de ces fortifications est réduite et, par rapport à d’autres sections du front, elles sont rapidement prises d’assaut.
En décembre, les troupes russes atteignent les faubourgs sud d’Artyomovsk et les bloquent. Alors qu’en octobre, la présence de l’armée russe dans la
périphérie sud de la ville se limitait aux unités avancées qui se battaient pour Opytnoye, en décembre, les « travaux préliminaires » dans les champs situés juste à l’extérieur de la
ville étaient entièrement terminés.
À ce moment-là, l’ennemi était pleinement engagé dans la bataille d’Artyomovsk, que les médias ont transformée en symbole de l’armée ukrainienne, à l’instar
des batailles de Marioupol et d’Azovstal. Les Ukrainiens ont inventé une légende autour de la « forteresse de Bakhmout » et n’étaient pas prêts à la rendre. En fait, ils ont constamment
envoyé des renforts dans la ville. En conséquence, les prochaines cibles de la Russie sont Kleshcheyevka, une importante zone fortifiée au sud-ouest d’Artyomovsk, et Opytnoye, qui couvre
les quartiers sud de la ville.
Ces objectifs tactiques ne pourront être atteints qu’à la fin du mois de janvier. À cette date, la situation s’est considérablement dégradée pour les forces
ukrainiennes. L’avancée des Russes au sud mettait en péril la route entre Konstantinovka et Artyomovsk, et au nord, la chute de Soledar signifiait que la ville serait bientôt encerclée.
En janvier, l’armée ukrainienne pouvait encore fuir la ville en toute sécurité, six mois de défense jouant en sa faveur. Les États-Unis auraient proposé une stratégie similaire, mais le
président ukrainien Vladimir Zelensky préférait apparemment se battre jusqu’au bout.
Les batailles dans la ville
Tout au long du mois de février, les Ukrainiens ont tenté de contenir l’offensive russe sur la route Konstantinovka-Artyomovsk, empêchant le groupe Wagner
d’atteindre Chasov Yar et capturant la principale zone fortifiée dans le village de Krasnoïe. L’Ukraine a déplacé des réserves dans la région, ce qui a permis de maintenir ces positions
et de forcer les Russes à agir depuis le nord.
N’ayant pas réussi à prendre Krasnoïe, les Russes se sont déplacés vers la périphérie ouest d’Artyomovsk, dans la zone d’une ancienne unité d’artillerie
connue pour son monument à l’aviation soviétique – un lieu de photo populaire pour les journalistes, les volontaires et les militaires ukrainiens. Le monument a été détruit pendant les
batailles. Selon certaines rumeurs, il aurait été détruit par les Ukrainiens pour empêcher les militaires russes de prendre des photos de la victoire sur le site.
En mars, cette section du front ayant besoin de plus de réserves ukrainiennes, des unités de la 92e brigade mécanisée, auparavant stationnée près de
Kupyansk, ont été amenées. Cependant, à ce moment-là, le groupe Wagner avait progressé plus profondément dans la périphérie sud-ouest d’Artyomovsk. Il occupe le quartier de Kvadraty et
continue vers la rue Tchaïkovski, bloquant cette partie de la ville. Dans le même temps, les troupes russes progressent dans la partie sud de la ville et prennent le contrôle des
quartiers de Budenovka et Sobachevka le 29 mars.
Tout au long du mois d’avril, les Ukrainiens ont continué à dissuader les attaques russes le long de la ligne du village de Krasnoïe et de la rue
Tchaïkovski. Ce n’est que le 28 avril que les Russes ont pu prendre le contrôle du complexe du collège industriel et atteindre l’intersection des rues Tchaïkovski et Yubileynaya. La
défense d’Artyomovsk s’est alors pratiquement divisée en deux parties. Les forces ukrainiennes commencent à faire exploser les gratte-ciels situés à proximité du monument aux avions,
craignant qu’ils ne soient utilisés comme positions d’observation pour surveiller les routes du village empruntées par les troupes ukrainiennes pour le ravitaillement et
l’évacuation.
En décembre 2022, outre la prise de Kleshcheyevka et d’Opytnoye, les troupes russes se concentrent sur la progression vers l’est, dans la partie
industrielle de la ville. Le groupe Wagner ne contrôlait auparavant que la périphérie de la ville, mais en décembre, il a pris le contrôle presque total de la zone industrielle ainsi que
de la zone forestière au nord. Cela leur permet d’avancer jusqu’aux districts de Myasokombinat et de Zabakhmutka d’Artyomovsk, et contribue également à la prise de Soledar en
janvier.
La victoire à Soledar permet à la Russie de doubler la pression sur Artyomovsk. Afin d’empêcher les Russes de percer le front, les Ukrainiens ont amené plus
de réserves. Cependant, cela n’a aidé que partiellement. Les Russes traversent la Bakhmoutka à gué en plusieurs endroits et sécurisent leur flanc contre Seversk en prenant Krasnopol,
Sacco et Vanzetti et Nikolaevka. Ils placent ensuite une barrière contre Slaviansk près du village de Zheleznyanskoye.
Les Russes ont ensuite tourné vers le sud-ouest et se sont emparés des dernières grandes fortifications de Krasnaya Gora et de Paraskovievka. À l’époque
soviétique, de grands entrepôts militaires se trouvaient sur le site de la mine de sel de Paraskovievka. Les Ukrainiens ont pu utiliser cette infrastructure pour créer une ligne de
défense, mais cela ne leur a pas permis de stabiliser le front.
La retraite de l’armée ukrainienne
À ce moment, il devient évident que le flanc sud de l’encerclement d’Artyomovsk s’est heurté à la défense ukrainienne de Krasnoïe. À ce moment-là, le groupe
Wagner connaît une pénurie d’obus, ce qui limite l’action de l’artillerie. Dès que le problème a été résolu, les combattants se sont dirigés vers Berkhovka, l’une des dernières voies de
sortie d’Artyomovsk.
Malgré le succès des troupes de la brigade d’assaut, le risque d’une attaque de déblocage de la part de l’armée ukrainienne était permanent. Des unités
supplémentaires des forces armées russes régulières ont été transférées dans la région pour éliminer cette menace. Pendant la majeure partie du mois d’avril, les Russes ont tenté
d’atteindre la dernière zone fortifiée de l’Ukraine, un quartier de gratte-ciel situé à l’ouest de la ville, ainsi que les quartiers de Cherema et de Novy.
Les troupes d’assaut ont été contraintes de lancer une offensive depuis l’est, les quartiers administratifs de la ville et le nord, perçant la défense
ukrainienne dans le quartier résidentiel de Posyolok et par l’allée des Roses. La voie ferrée près de la gare de Bakhmout-2 sert de ligne de défense.
Le 22 avril, malgré une forte résistance de la part des Ukrainiens et plusieurs contre-attaques, les Russes s’emparent de ce point névralgique. Cela a
permis de dégager la voie vers les quartiers de gratte-ciel de l’est. Au nord, les Russes atteignent la rue Kraynaya, au sud de laquelle se trouve une importante base militaire
soviétique.
Dans le même temps, les combats s’intensifient près de la route entre Chasov Yar et Artyomovsk. Cette route était régulièrement attaquée par les troupes
russes, mais elles ne la contrôlaient pas directement. Une zone fortifiée ukrainienne passait par là, couvrant la route vers le sud et limitant le contrôle visuel sur les dernières voies
d’évacuation d’Artyomovsk.
La prise de cette zone fortifiée de plus de 2,5 kilomètres carrés a été le dernier chapitre de la longue bataille pour Artyomovsk. Début mai, Prigojine a
annoncé que le potentiel offensif de ses troupes était presque épuisé en raison du manque de munitions et des difficultés à recruter de nouveaux soldats. Il met en garde contre la
contre-offensive ukrainienne imminente, soulignant une fois de plus que ses hommes ont besoin de munitions et que les positions au nord et au sud de la ville doivent être couvertes par
les troupes russes. À ce moment-là, l’avancée des troupes Wagner est en moyenne de 150 à 200 mètres par jour, et la seule chose qui puisse sauver la garnison ukrainienne est une tentative
de briser le siège de l’extérieur.
Une dernière poussée
Le 10 mai, les forces ukrainiennes lancent une offensive depuis Chasov Yar dans deux directions : au sud vers Kleshcheyevka et au nord en direction du
réservoir de Berkhovskoye. À ce moment-là, le 9e régiment de fusiliers motorisés, les 4e, 72e et 200e brigades des forces armées russes et la 106e division aéroportée, envoyés pour
renforcer les flancs autour d’Artyomovsk, avaient pris des positions défensives dans ces zones.
À l’époque, les positions avancées russes au nord-ouest et au sud-ouest d’Artyomovsk, y compris les points d’appui sur la rive ouest du canal Seversky
Donets-Donbass, étaient considérées comme vulnérables. La défense ukrainienne de Krasnoïe a empêché les troupes russes de compléter l’encerclement, faisant ainsi des deux avant-postes
russes la cible de l’offensive ukrainienne.
Pour mettre en place une défense efficace, les troupes russes ont transformé leurs positions avancées en une ligne défensive avancée. Se retirant après le
début de la contre-offensive ukrainienne, les Russes ont bombardé d’artillerie l’ennemi qui arrivait, l’obligeant à s’engager dans des escarmouches. Cette stratégie présentait un certain
nombre de faiblesses : En particulier, un certain nombre de positions terrestres à l’ouest d’Artyomovsk, essentielles à l’encerclement de la ville, ont été abandonnées.
La garnison ukrainienne était sur le point de pousser un soupir de soulagement et de se regrouper, mais c’est à ce moment-là que les unités de Wagner ont
lancé leur offensive finale contre les trois zones fortifiées restantes à l’ouest de la ville : Gnezdo, Konstruktor et Domino. À l’issue d’une bataille acharnée, ils parviennent à prendre
le contrôle de ces trois zones, Domino étant la dernière à tomber le 18 mai. À partir de ce moment, les Ukrainiens ne contrôlent plus que le quartier résidentiel de faible hauteur et une
poignée de gratte-ciel dans le bastion de Samolet, le long de la route de Krasnoïe. Les Russes ont effectivement gagné la course contre la montre et ont pris le contrôle d’Artyomovsk
avant que les Ukrainiens ne puissent percer les flancs russes.
Le 20 mai, les forces ukrainiennes ont perdu leurs dernières positions fortifiées dans la ville. Les soldats de Wagner les ont chassées du bastion de
Samolet, célébrant la victoire et annonçant la fin du « hachoir à viande de Bakhmout. »
Conclusions
Selon Prigojine, l’importance de la bataille d’Artyomovsk réside dans le fait qu’elle a permis à la Russie de réduire les réserves ukrainiennes – obligeant
Kiev à se concentrer sur Artyomovsk – et de perturber l’offensive ukrainienne dans d’autres parties du front, en particulier en direction de Melitopol. Le 8 octobre 2022, avec le général
d’armée Sergey Surovikin, il a été décidé de lancer l’opération « hachoir à viande de Bakhmout » – un assaut sur le village de Bakhmout afin de provoquer Volodymyr Zelensky à lancer
autant de forces que possible pour tenir Bakhmout. « À Bakhmout, nous
avons broyé les forces ukrainiennes, d’où le nom de « hachoir à viande de Bakhmout » », a déclaré Prigojine.
Quoi qu’il en soit, la bataille d’Artyomovsk, qui a duré plus de neuf mois, a définitivement changé la perception du conflit, obligeant l’Ukraine et la
Russie à abandonner toute idée de campagne rapide ou de percée profonde.
Les batailles évoquées dans cet article se sont déroulées à une trentaine de kilomètres à peine des lignes de front. Dans des conditions de chaleur
estivale, de boue automnale et de gel hivernal, elles ont largement ressemblé à la Première Guerre mondiale. Selon les estimations de Prigojine, la libération de l’ensemble du territoire
de la République populaire de Donetsk prendra encore un an et demi à deux ans.
Il appartient désormais à l’armée russe de poursuivre sa progression vers l’ouest. En chemin, elle trouvera la ville de Slaviansk, d’où est parti le
soulèvement russe de 2014, ainsi que la troisième ligne de défense de l’Ukraine, située le long de Krivoy Torets. Les positions ukrainiennes de Seversk doivent également être traitées sur
le flanc nord.
D’autre part, un certain nombre d’experts militaires ont suggéré que les unités Wagner seraient maintenant réaffectées à d’autres zones clés, soit pour
prendre d’assaut la ville d’Ugledar, soit pour repousser une éventuelle contre-attaque de l’armée ukrainienne. Le général Prigojine a demandé une pause de 25 jours pour permettre à ses
troupes de récupérer et de retrouver leur capacité de combat après la longue bataille d’Artyomovsk.
Dans une vidéo annonçant la prise complète d’Artyomovsk le 20 mai, Prigojine a déclaré qu’après le 25 mai, les unités de Wagner partiraient à l’arrière pour
se reposer et se regrouper.
Cependant, d’importantes forces ukrainiennes demeurent à l’ouest d’Artyomovsk, ayant saisi un certain nombre de positions au cours de la contre-offensive de
mai. Elles ont pris pied dans le Chasov Yar et tiennent la ligne entre Krasnoye et Minkovka, empêchant ainsi les forces russes de stabiliser le front le long du canal Seversky
Donets-Donbass. Le drapeau russe flottant sur Artyomovsk et les soldats russes contrôlant totalement le champ de bataille, la priorité est désormais d’infliger un maximum de dégâts aux
forces ukrainiennes massées pour la contre-offensive et de les repousser sur la rive occidentale du canal.
Des jours sombres se profilent à
l’horizon pour Raytheon.
Le bulletin du Mindef Russe du 16 mai 2023 (traitant des événements de la veille et de la nuit) déclarait qu’un système de missile antiaérien Patriot
de fabrication américaine avait été touché par une frappe de haute précision avec le système de missile hypersonique Kinzhal dans la ville de Kiev.
Par la suite, les Russes indiquaient que la batterie avait perdu son radar, cinq rampes de lancement et qu’avant d’être touchée, elle avait frénétiquement
tiré 32 missiles pour tenter en vain d’abattre le Kinjal qui fondait sur lui à une vitesse de 15 000 km/h.
Seules deux batteries Patriot ont été transférées à l’Ukraine, l’une en provenance d’Europe et l’autre en provenance des États-Unis, on comprend facilement
pourquoi l’arrivage de ce genre d’équipement se fait au compte-gouttes : Chaque batterie vaut environ un milliard de dollars, chaque missile vaut environ 3 millions de
dollars, on en déduit que rien que la salve de 32 missiles tirée valait environ 96 millions de dollars, même les USA et leur planche à dollars ne pourront pas continuer la guerre
longtemps à ce rythme-là.
Mais le plus grave pour eux, c’est l’impact publicitaire extrêmement négatif au niveau mondial sur la réputation d’invulnérabilité de leur
système. On savait déjà que le Patriot était d’une efficacité plus que douteuse, en Arabie saoudite, il n’avait pas pu empêcher les modestes drones Houthis de fabrication iranienne de
venir mettre hors d’état les installations pétrolières.
On « découvre » aujourd’hui que ces systèmes ne sont même pas capables de se défendre. En plus de leur coût énorme et de leur inefficacité, on connaît les
autres défauts du système : très peu mobile, il lui faut ½ heure pour être déployé contre 5 mn pour le russe S350, il est donc impossible de l’avancer en première ligne, le Patriot ne
couvre que 120°, ne serait-ce que parce que ses missiles ne partent pas à la verticale, pour les systèmes russes, les missiles partent tous à la verticale pour résister à leur énorme
accélération, c’est une fois en l’air qu’ils prennent leur direction, le système américain a en outre une énorme signature radar qui le rend très facilement
détectable.
En réalité, on se rend compte que si ces systèmes sont à la rigueur crédibles contre les roquettes des Palestiniens de la bande de Gaza, ils sont totalement
impuissants devant les missiles hypersoniques russes, le coup est très dur, pas seulement pour Raytheon, le fabriquant du Patriot, mais pour tout le complexe militaro-industriel
américain, les Lockheed Martin, Northrop Grumman, General Dynamics, Boeing, et même, à la limite, pour tout le complexe de l’OTAN, il faudra suivre le cours de bourse de toutes ces
sociétés ainsi que celle de BAE et de Thales car les ASM PT franco-italiens, les Nasam norvégiens ou les Iris T allemands ne feront pas mieux, il faut le savoir, seule la Russie
dispose déjà de l’antidote aux missiles hypersoniques avec ses S500 en cours de déploiement.
En attendant, on comprend pourquoi les Américains et les Européens de l’Ouest n’étaient pas pressés d’envoyer en Ukraine leurs derniers équipements,
préférant envoyer des vagues d’Ukrainiens au casse-pipe, le réveil risque d’être brutal, même leur Storm Shadow, par exemple, n’a jusqu’ici été efficace que contre des cibles civiles non
défendues :
Le bulletin du Mindef Russe du 16 mai (concernant le 15) dit :
au cours de la journée, les systèmes de défense aérienne ont intercepté sept missiles de croisière à longue portée Storm Shadow, trois missiles
anti-radar Harm.
Le communiqué du 15 mai (concernant le 14) dit :
les systèmes de défense aérienne ont intercepté sept missiles anti-radar HARM, un missile de croisière à longue portée Storm Shadow.
De plus, la DCA russe est une défense « en couche » avec le Pantsir qui est un système de DCA à courte portée et qui sert aussi à défendre les systèmes de
DCA à longue portée, donc il ne suffit pas de lancer un HARM pour ouvrir la défense aérienne russe.
Au total depuis qu’ils ont commencé à être utilisés, en août 2022, 165 HARM ont été interceptés.
Si tout est à l’avenant, on se dit que nos pilotes de F16 ou de Rafal ne doivent pas être très friands de tâter du SU-35, SU-57 ou MIG-31.
En tout cas, plus personne ne semble croire à la propagande de Zelenski affirmant que la DCA ukrainienne avait abattu des Kinjal : Si vraiment les Patriot
avaient réussi cet exploit, le cours de Raytheon serait en train de s’envoler, ce qu’il ne fait pas, au contraire, il hésite à plonger franchement, même si ses produits ne valent plus
rien, on sait qu’en période de guerre et de crise internationale, les contrats de défense vont tomber. À suivre.
Une chose est acquise, c’est aujourd’hui le Kinjal qui est au sommet de la chaîne alimentaire, pas le Patriot.
Les forces armées russes ont détruit le complexe anti-aérien américain Patriot à Kiev avec une frappe d’un missile hypersonique
« Kinjal ».
Au cours de l’attaque, la défense aérienne ukrainienne a utilisé plusieurs dizaines de missiles Patriot, SAMP-T, IRIS, NASAMS et S-300, mais n’a pas réussi
à empêcher la frappe russe.
En plus de la division Patriot, plusieurs positions d’autres systèmes de défense aérienne ont été détruites.
Les experts notent que les forces armées RF ont utilisé les tactiques de lutte contre les systèmes de défense aérienne américains, développées dans les
années 90. Après de nombreuses années, elles ont prouvé leur efficacité sur le champ de bataille.
Le Système Patriot, qui a été livré en Ukraine, est l’une des premières versions transportées sur des semi-remorques, a déclaré l’expert militaire Alexei
Leonkov à Izvestia. –
Sa particularité est qu’il occupe une certaine zone de position d’environ deux kilomètres sur deux. Une autre caractéristique est qu’il avait huit lanceurs, bien qu’il y en ait
généralement deux ou trois par batterie. Nous avons vu une tentative désespérée du Patriot d’abattre le « Kinjal », qui volait vers lui. Ils ont épuisé toutes
leurs munitions. 32 missiles se sont envolés, mais n’ont pas touché leur cible. En conséquence, le « Kinjal » a détruit le cœur de ce Patriot – le radar et le centre
de contrôle. Et il est devenu inutile.
« Je n’entrerai pas
dans les détails, mais nous avons forcé le Patriot à entrer en action », a-t-il expliqué. « Ainsi, la zone
de positionnement où se trouvait le Patriot a été découverte et une attaque Kinjal a été lancée dessus. »
Cela prouve que le radar Patriot n’a pas été en mesure de déterminer l’approche du Kinjal. Et ce n’est que lorsqu’il est devenu clair que le Kinjal se
dirigeait déjà vers eux, qu’ils ont commencé à riposter.
Mais le Patriot ne peut pas abattre un Kinjal. 32 missiles représentent une dépense très importante. Cela
indique l’inefficacité totale du Patriot par rapport au complexe hypersonique.
Le président ukrainien Vladimir Zelensky a quelque peu fait tomber le
suspense en déclarant jeudi aux médias occidentaux que son armée devait attendre et avait encore besoin “d’un peu plus de temps” pour lancer la contre-offensive tant
attendue contre les forces russes.
Il a reconnu que les
brigades de combat ukrainiennes étaient “prêtes“, mais
a expliqué que l’armée avait encore besoin de “certaines
choses“, notamment des véhicules blindés qui “arrivaient par lots” des pays de l’OTAN.
Zelensky a expliqué que “nous pouvons aller de l’avant et, je pense, réussir. Mais nous
perdrions beaucoup de gens. Je pense que c’est inacceptable. Nous devons donc attendre. Nous avons encore besoin d’un peu de temps“.
Cependant, l’affirmation de Zelensky selon laquelle l’armée ukrainienne a encore besoin de certains équipements est en contradiction avec les déclarations fermes
des responsables occidentaux. Le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré il y a quinze jours, une semaine après son retour de Kiev à la suite d’entretiens avec Zelensky et ses principaux
collaborateurs, que l’OTAN avait
livré plus de 98 % des véhicules de combat promis à l’Ukraine.
Stoltenberg a ajouté : “Au
total, nous avons formé et équipé plus de neuf nouvelles brigades blindées ukrainiennes. Cela permettra à l’Ukraine d’être en position de force pour continuer à reprendre les territoires
occupés“.
Mardi dernier, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a largement approuvé les
propos de Stoltenberg, lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre britannique des affaires étrangères en visite, James Cleverly, tout en prenant soin d’ajouter une mise en garde
:
Ils (les
militaires ukrainiens) ont mis en place […] ce dont ils ont besoin pour continuer à reconquérir avec succès le territoire qui a été saisi par la force par la Russie […] Il ne s’agit pas
seulement des armes, mais aussi de l’entraînement. Il faut s’assurer que les Ukrainiens peuvent entretenir les systèmes que nous leur fournissons, et il est important, bien sûr, qu’ils aient
les bons plans pour réussir.
Cleverly est d’accord avec la teneur des propos de Blinken, mais il y a ajouté une perspective politique. C’est tout à fait acceptable, puisqu’il s’agit d’une
guerre plus politique que militaire.
Cleverly a déclaré qu’il ne fallait pas s’attendre à une contre-offensive cinématographique de la part de Kiev. Il met en garde : “Le monde réel ne fonctionne pas comme ça. J’espère et je m’attends à
ce qu’ils s’en sortent très, très bien, car chaque fois que j’ai vu les Ukrainiens, ils ont dépassé les attentes… (mais nous) devons être réalistes. C’est le monde réel. Ce n’est pas un film
hollywoodien.”
Pour être juste, Stoltenberg avait également lancé une mise en garde identique, affirmant que “nous ne devrions jamais sous-estimer la Russie“. Il a affirmé
que la Russie mobilisait davantage de forces terrestres et qu’elle était “prête à envoyer des milliers de soldats malgré un taux de pertes très élevé“.
Ces trois responsables ont peut-être insisté sur le fait que, quelle que soit l’issue de l’offensive ukrainienne prévue, les pays de l’OTAN “doivent maintenir le cap et continuer à fournir à l’Ukraine ce dont
elle a besoin pour l’emporter” face à ce qui semble être un conflit qui va se prolonger. En effet, Blinken et Cleverly sont tous deux en phase avec les propos de Stoltenberg.
En fait, alors même que les deux ministres des affaires étrangères s’exprimaient, les États-Unis annonçaient, le même jour, une aide
supplémentaire de 1,2 milliard de dollars à l’Ukraine, destinée à renforcer les défenses aériennes et à maintenir l’approvisionnement en munitions.
Ces dernières semaines, la question de savoir si une contre-offensive ukrainienne est effectivement en préparation a suscité beaucoup d’angoisse. La réponse est un
“oui” catégorique. En ce qui concerne le calendrier,
il semble qu’il y ait des divergences d’opinion.
Les conditions météorologiques ne sont plus un facteur insurmontable et les sponsors occidentaux de Zelensky veulent qu’il passe à l’offensive – le plus tôt sera le
mieux. Leur calcul est que l’offensive a une chance raisonnable de réussir, ce qui contribuerait grandement à apaiser l’opinion intérieure occidentale en lui montrant qu’un soutien aussi coûteux
à l’Ukraine n’est pas qu’un gouffre sans fond.
Deuxièmement, l’offensive est utile politiquement pour conforter l’opinion européenne. En effet, la Commission européenne dirigée par sa présidente (et fervente
atlantiste), Ursula von der Leyen, vient de confirmer que l’UE se prépare à prendre les premières mesures pour adopter les méthodes américaines en matière de sanctions et imposer des mesures
punitives extraterritoriales (et collatérales) aux entreprises de pays tiers, y compris celles des Émirats arabes unis et peut-être de la Turquie.
Il semble que l’UE se concentrera d’abord sur la revente à la Russie des marchandises européennes sanctionnées. À l’avenir, les entreprises seront sanctionnées même
si elles ne sont pas basées dans l’UE et ne sont donc pas soumises aux normes européennes.
En effet, une telle application extraterritoriale de son propre système de normes constitue une violation du droit international – et l’UE elle-même avait
officiellement défendu cette position jusqu’à récemment – mais Von der Leyen fait pression en faveur d’un “ordre fondé sur des règles” révisé afin d’ajouter un nouvel
élément à la stratégie occidentale visant à affaiblir la Russie.
L’hypothèse sous-jacente est que les sanctions affaibliront l’économie russe et créeront un mécontentement social. Cela montre bien que, quel que soit le sort
réservé à la contre-offensive de Zelensky, la guerre par procuration contre la Russie ne connaîtra pas de répit. D’un autre côté, personne ne pourra blâmer le président Biden pour une défaite
ukrainienne.
Mais il y a un hic : Zelensky a aussi ses priorités – avant tout, sa propre survie politique. Il sait que son discours sur l’imminence d’une défaite russe, etc.,
s’est effondré et qu’il pourrait devenir le dindon de la farce au lendemain d’une défaite cuisante dans les semaines ou les mois cruciaux à venir.
En effet, le jeu de trônes à Kiev approche d’une phase critique. Sentant le danger, Zelensky tergiverse. Il gagne du temps. (Le général Valerii Fedorovych
Zaluzhnyi, chef des forces armées ukrainiennes, n’a pas
assisté à une réunion de l’OTAN). Mais combien de temps Zelensky pourra-t-il repousser la pression croissante des États-Unis et de l’OTAN pour lancer l’offensive ? Sa stratégie de sortie
aurait pu être d’ouvrir une ligne vers Moscou, mais cette option n’existe plus.
De son côté, la Russie réussit brillamment à ne pas dévoiler ses cartes. La Russie a la capacité de lancer une offensive “en large flèche” vers le Dniepr, mais le Kremlin
préfère continuer à broyer l’armée ukrainienne – une stratégie qui s’est avérée rentable en termes humains et matériels, productive et durable.
En fonction de la trajectoire de l’offensive ukrainienne, la Russie a donc la possibilité de passer à une attaque massive pour pulvériser l’adversaire.
Actuellement, sa campagne de bombardements intensifs vise à créer la stupeur à Kiev et l’abattement dans les capitales européennes, ainsi qu’à affaiblir la mobilisation ukrainienne. Quant à
l’Occident, il est dans l’expectative quant aux intentions russes.
M.K.
Bhadrakumar
La « contre-offensive » otano-kévienne : Entre le mal et le mal en pis
Contre-offensive, report, attaquera, n’attaquera pas, activisme ou du sérieux ? Les atlantistes et les responsables ukrainiens ne cessent de le
crier à qui veut les entendre.
Une offensive équivoque face à une
défense redoutable
Le président Volodymyr Zelensky, dans une interview accordée à la publication finlandaise a annoncé « qu’il était confiant
dans son succès et serait en mesure de capturer la Crimée ». Son ministre de la Défense, Alexei Reznikov, a affirmé que l’armée ukrainienne était prête à lancer une
contre-offensive et n’attendait que les ordres.
À ce jeu « du chat et de la souris », on a l’impression que l’on veut faire renaître la tactique de Hitler pour envahir la France en mai 1940 qui a entrainé
la débâcle de l’armée française. C’était suite au piège tendu par l’état-major allemand qui avait choisi, pour envahir la France, la direction la plus inattendue à savoir le massif
des Ardennes en direction de la Meuse (par Sedan, Givet et Dinan), région insuffisamment défendue par les Français ! Le 15 mai, le pays est occupé ce qui a fait dire au président du
Conseil Paul Reynaud à Churchill : « la contre-attaque
menée contre les Allemands à Sedan a échoué. La route de Paris est ouverte. La bataille est perdue ». Paris tomba sans combat le 14 juin. L’Ukraine des atlantistes veut-elle
adopter la même tactique et ruse de Hitler ? Cependant, la différence fondamentale est que Hitler, pour son offensive, avait des objectifs, les moyens, des dirigeants compétents, en
défendant un seul pays qui est le sien, face à une défense française médiocre.
Ce qui n’est pas le cas de la Russie qui est en position solidement défensive ! La grosse différence est que l’armée russe possède des moyens puissants
(artillerie, blindés, avions d’attaque, missiles, drones, satellites d’observation…) que ne possèdent pas les atlantistes sur le théâtre des combats. C’est donc bien une « offensive » que
préparent les atlantistes et non une « contre-offensive » ! Selon Poutine, la Russie dispose d’armes hypersoniques, qu’elle « n’utilise pas
réellement en Ukraine » ainsi que « d’autres systèmes
modernes ». Les Russes, en plus, semblent bien préparés, puisqu’ils le déclarent en précisant qu’ils « surveillent » attentivement tout en se permettant d’attaquer à distance,
les centres de commandement, de détruire les « arrières » et les sources d’approvisionnement ainsi que les concentrations des troupes armées en carence déjà de munitions et d’expérience.
Une offensive sur plusieurs fronts ne semble pas envisageable au vu des moyens possibles à engager, mais l’on spécule sur la récupération de la Crimée, au regard de la déclaration de
Victoria Nuland qui a qualifié les installations militaires en Crimée de « cibles légitimes » et des politiciens ukrainiens qui ne cessent d’aviser, constamment, qu’ils remettront la
Crimée sous leur contrôle lors de cette offensive annoncée.
La Crimée, enjeux pour la mer
noire
C’est là où se trouve l’enjeu principal, la mer noire, objet de toutes les convoitises, source de tension de longue date entre la Russie et l’OTAN. Une mer
que nomme le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba pour en faire « une mer de
l’OTANdémilitarisée ».
Chose que balai d’un revers de la main Dmitri Peskov en affirmant qu’elle appartient à tous les états côtiers d’une part et que les concepts même « OTAN et démilitarisée » s’excluent
mutuellement d’autre part. Une Crimée que Moscou considère comme sienne et stratégique par l’importante base qu’elle abrite à Sébastopol.
Cette « contre-offensive » planifiée par les autorités otano-ukrainiennes recèle toutefois de grands risques. L’attaque éventuelle nécessite plus
de troupes et d’armement que les Russes, en plus d’une organisation assez élaborée pour gérer la suite si l’OTAN prétend gagner la bataille, mais avec aussi le risque de se voir piégée
dans un chaudron effroyable ! À ce sujet, le chef de la république, Sergueï Aksyonov , a averti que les tentatives de restitution de la péninsule par la force des armes ne
« feraient qu’entraîner
la perte de nouveaux territoires et la vie de milliers de militaires Ukrainiens. »
Pour le chef du parlement de cette république, Vladimir Konstantinov « la botte d’un nazi
ukrainien ne mettra jamais le pied sur le sol de Crimée, alors laissez-les continuer à remplir les ondes de toutes sortes de déclarations, crépitant et vides comme un tambour ».
Une offensive vers la Crimée ne sera donc pas une mince affaire ! L’un des deux s’effondrera avec la forte probabilité que ce sera l’Europe et l’OTAN, mais sans trop de dommages sur
États-Unis, il faut le préciser ! Ils sont trop pragmatiques et égoïstes pour prendre officiellement de tels risques. Ils sont assez malins pour charger les autres d’exécuter leurs sales
missions et assez manipulateurs pour convaincre les imbéciles et les cupides d’aller se faire tuer suivant le sentence « prête-moi ton fils pour mourir à la place du mien ». Mis à part
les Ukrainiens dont on a fait anéantir l’armée régulière expérimentée, détruire les infrastructures, perdre des territoires, il faut voir les milliers de mercenaires occidentaux tués
(surtout des Polonais). Les États-Unis réussissent bien dans ce genre d’entreprise !
Les atlantistes connaissent parfaitement la situation en Ukraine et sur le front ; ils sont bien renseignés et convaincus des puissantes capacités de la
Russie et de son armée ainsi que ses soutiens dans le monde ; ils pressentent les limites et l’issue des combats. Cependant leur engagement éperdu, arrogant et sans réflexion dans
cette confrontation avec la puissante Russie, en vue de la réduire, les paralyse à un point où continuer serait destructeur pour eux et y mettre fin serait un échec cuisant, humiliant
militairement, politiquement, économiquement, financièrement, socialement et diplomatiquement. Ils se retrouvent donc dans une situation kafkaïenne où comme disent les Maghrébins « très
chaude d’un côté et brulante de l’autre ». La seule chance, perdue, qui permettait d’éviter cette situation était les accords de Minsk que les atlantistes avaient bafoué par tromperie
(voir les déclarations de A. Merkel, F. Hollande et B. Johnson).
Tout cela à force de prédation, d’injustice, de domination, de sentiment de suffisance et d’invincibilité qui les poussent à continuer à faire,
instinctivement et idiotement, encore plus jusqu’au jour où ils se sont retrouvés à gratter l’anus … d’un ours !
Selon des analystes, il semble improbable que l’offensive de l’Ukraine réussisse, car le champ de bataille est entre les mains des Russes dotés d’arsenaux
imparables (terre, air, mer) face à un matériel déclassé ou incommode.
L’ancien Premier ministre ukrainien Mykola Azarov a jugé sur sa chaine Telegram que l’OTAN envoie du matériel non fonctionnel « … le problème est
qu’ils doivent d’abord être restaurés. Ni l’argent ni la capacité de le faire depuis les pays européens… »
Michael Schwirtz du New York
Times a donné cette pénible sentence : « Après 14 mois de
combats incessants, les soldats ukrainiens sont épuisés…les missions de combat sont effrayants. »
Au même titre, l’ancien officier du renseignement britannique Philip Ingram dans une interview à Newsweek pense
que les frappes des forces aérospatiales russes sur des installations militaires stratégiques en Ukraine (dépôts de munitions et des installations de l’industrie de la défense) peuvent
affecter la préparation des actions offensives.
Pour l’ancien chef adjoint des forces de la république populaire de Lougansk (RPL) Vitaly Kisselev (propos rapportés par URA.ru) les attaques d’envergure
pourraient être lancées dans cinq ou six directions dont la Crimée, mais elles seront sans effet avec en plus des conséquences négatives qui mèneront Kiev vers le néant, selon ses
prévisions !
L’Ambassadeur de Chine en France a enfoncé le clou, sur LCI, quand il a
jugé « que la péninsule
était tout au début à la Russie ». Ce qui a « consterné » Paris dont la diplomatie n’a pas trouvé une plus forte réaction que de demander à Pékin « de dire (s’il)
reflète sa position, ce que nous espérons ne pas être le cas. »
Une armée kévienne « pas prête », des
atlantistes qui tergiversent
L’autre problème, non des moindres, et que quelle que soit la performance des armes occidentales envoyées, elles n’équivalent pas celles des Russes
technologiquement plus avancées. L’armée russe est bien plus importante et organisée que lorsque le Kremlin a lancé son opération spéciale. L’armée otano-kévienne doit au moins égaler la
force russe pour espérer l’affronter.
Aujourd’hui on ne voit rien de rationnel et de sérieux dans les décisions prises par l’OTAN sous l’égide de Washington et ce, quoiqu’il en coûte à l’Ukraine
et à l’Europe ! Toutefois pour se donner « bonne conscience », les politicards américains, amateurs des discours mensongers et de la diversion – pour cacher le réel et en compensation
d’une offensive qui stratégiquement et matériellement est vouée à l’échec – peuvent ordonner des pseudos percées, lancer des reconnaissances offensives ou de légères
« contre-offensives », sans résultats et trouver motif/prétexte à un éventuel changement de politique vis-à-vis de l’Ukraine et ce, en se préservant surtout d’en être les
responsables et surtout la cause. Tout cela dans le contexte des prochaines élections américaines bien sûr !
Selon d’autres analystes, la stratégie américaine actuelle est d’aider l’armée ukrainienne à infliger à la Russie au moins une défaite relative,
géopolitique, pour la pousser ensuite à des négociations et la contenter seulement d’un « corridor terrestre » vers la Crimée.
Cette politique est à l’opposé des objectifs Russes qui n’ont pas encore éliminé toutes les racines du mal, ni d’ailleurs les objectifs de Zelensky qui
s’est engagé à libérer « tout le territoire ukrainien » avec l’aide « sans limite » de l’Occident !
Il est bien dans un terrible embarras aussi bien vis-à-vis des USA qui peuvent le lâcher s’il refuse, que des siens qui s’en tiennent à ses promesses de
succès. Ce qui a fait dire à Scott Ritter, officier du renseignement à la retraite du Corps des Marines des États-Unis, dans une interview accordée à la chaîne YouTube US Tour of Duty
« Plus
il siège au pouvoir, moins on doute que sa mort soit proche. S’il ne démissionne pas … il ne vivra pas longtemps… que sa popularité chute fortement… ». Lors d’un entretien avec le
journaliste américain Danny Haiphong sur YouTube, Scott Ritter va jusqu’à prononcer cette sentence que les « occidentauxmassacrent
les Ukrainiens en leur envoyant ces armes… les forces armées reçoivent des chars qu’elles ne savent pas manier …chaque char Léopard allemand deviendra un « cercueil sur roues » pour son
équipage … Quant aux avions de combat F-16 … leur éventuelle apparition n’aurait aucun impact … Si vous placez des pilotes ukrainiens sur des F-16, ils seront tous abattus, garantie à
100%. »
Des médias occidentaux jugent, dans le même sens, que l’Ukraine n’est pas prête pour une contre-offensive, mais elle n’a pas d’autres choix !
L’OTAN aussi se retrouve devant un obstacle majeur (sans pouvoir le dire ouvertement aux Ukrainiens). N’étant pas sûre du succès de l’offensive, elle est
loin d’envisager une confrontation directe avec la Russie. Ce qui explique sa réticence à admettre l’Ukraine membre de l’OTAN au risque d’activer le principe de défense collective. Lors
de sa visite à Kiev, Jens Stoltenberg ne peut donc que réitérer sa « solidarité » pour distraire en hurlant son allocution habituelle « l’OTAN est aux côtés
de l’Ukraine », pas plus !
C’est dans ce contexte délétère, que Henry Kissinger, du haut de son siècle d’âge, a réitéré nouvellement sa proposition de négociation d’il y a quelques
mois. Selon CBS, que
rapporte un média russe, Kissinger aurait déclaré récemment : « maintenant que la
Chine a proposé une initiative de paix, tout va se mettre en place. Je pense que d’ici la fin de l’année, nous parlerons du début du processus de négociation ». Kissinger encore
« lucide » ? Possible, mais toujours pour les intérêts américains exclusivement, mêmes illégitimes, au détriment des intérêts de tout autre pays souverain y compris européen !
Aussi puissant que soit l’adversaire manipulateur, la vérité l’affaiblira, le réduira, le vaincra, car la vérité est invincible !
À notre sens et au regard de la situation et de l’évolution du conflit, il apparaît net que même si les États-Unis arrivent à compenser toutes les pertes
subit par l’Ukraine en doublant la quantité, ils n’arriveront pas à infliger une défaite à la Russie. À ce stade déjà, les pertes otano-kéviennes sont colossales en armes et en hommes
pendant que V. Poutine avertit que « les choses sérieuses
n’ont pas encore commencé ». Depuis le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine, l’armée russe a abattu 418 avions, 230 hélicoptères et 4027 drones. Elle a détruit 421
systèmes de défense sol-air, 9014 chars et autres blindés, 1096 lance-roquettes multiples, 4754 pièces d’artillerie de terrain et de mortiers, et 10 037 autres équipements
militaires.
Conclusion
Drôle donc de « contre-offensive » que l’on annonce imminente avec des dates probables que l’on reporte. Preuve que les décideurs politiques atlantistes
sont troublés. La faisabilité reste très équivoque et les chances de succès, notamment stratégiques, nulles selon des experts militaires occidentaux. Il suffit de voir les vidéos de
soldats ukrainiens qui se plaignent du manque de munitions, de matériel, d’effectif et même de commandement. Un prisonnier ukrainien aurait avoué qu’on leur disait de ne tirer qu’avec des
visées pour économiser les balles ; qu’il n’y a pas d’officiers avec eux sur le front. L’échec est donc acté. Cela ne fera que prolonger la souffrance des Ukrainiens en leur causant
encore plus de pertes inutiles, sans gain significatif ! Les véritables responsables militaires ne mettront jamais leurs soldats en danger de mort certaine s’ils savent qu’une offensive
est d’avance vouée à l’échec.
L’OTAN n’est autre qu’une organisation satanique belliqueuse et génocidaire au service des États-Unis, son promoteur, qui ont trouvé chez les
« décideurs » européens des serviteurs inespérés pour défendre leurs seuls intérêts. Si les choses évoluent négativement, ils n’ont aucun scrupule pour rétropédaler ou
décamper en leur imputant l’échec. C’est ce que semble exprimer Tamila Tasheva, une représentante de Vladimir Zelensky, dans une interview qu’a rapporté RIA
Novosti : « L’Occident exhorte
Kiev à ne pas compter sur le retour de la Crimée… ils soutiennent que la Crimée peut être rendue, mais les conséquences potentielles seront énormes à la fois pour les habitants de la
péninsule et pour l’Ukraine dans son ensemble. Ils pensent que nous devrions complètement abandonner les tentatives de retour ». On peut comprendre que « l’offensive »
demeure hypothétique.
V. Zelensky, le président de l’Ukraine homme de paille des USA (dans une interview avec le journaliste Dmitry Komarov) qui a comparé le conflit avec la
Russie à un « gâteau qui doit être divisé en morceaux » risque fort de se voir lui-même éliminer, avec son clan et son pays en lambeaux.
Quand on dépend et imite, en tout, un pays prédateur, cupide, belliqueux, sans morale et sans racines, on perd le sien ! Dans ce cas mieux vaut quitter le «
Jardin » du sinistre raciste socialo catalan J. Borrell (qui a été volontaire en 1969 dans un kibboutz) et rejoindre la « jungle » du reste du monde !
Pendant ce temps, même sous quelques passages de drones menaçants, les Criméens se permettent de fêter le 240ème anniversaire du rattachement de la Crimée à
la Russie ! C’est en 1783 que ce khanat ottoman de Crimée (sorte d’empire sous l’autorité d’un khan) a rejoint la Russie suite au manifeste de l’impératrice russe Catherine II.
Des sources ukrainiennes, au lieu de signaler un retrait des forces de Wagner, signalent une grande quantité de renforts de Wagner dans le secteur
d’Artemovsk, elles voient également un nouveau détachement de Wagner sur le front de Seversk. Nous verrons s’il s’agit d’une distraction élaborée pour que Wagner ouvre un front
secondaire.
1. Renforts de Wagner ; Malgré les récentes affirmations de Prigozhin selon lesquelles la responsabilité de la libération de la zone restante d’Artemovsk
relèvera de la juridiction du ministère russe de la Défense et des forces d’Akhmat. Tout au long de la journée, d’importants renforts venus du sud de la Russie sous la bannière du Groupe
Wagner sont entrés dans la région d’Artemovsk ; il s’agit très probablement de nouvelles recrues. Le nombre de renforts est important, bien qu’il ne puisse être estimé.
2. Bombardements ; tout au long de la journée ; Wagner a augmenté les bombardements d’artillerie (malgré une prétendue pénurie d’artillerie) d’un
pourcentage extrême, bien que Prigozhin ait affirmé qu’aucun de ses appels n’avait été répondu par le ministère de la Défense. Aux premières heures de la matinée, Wagner a pu niveler
complètement le secteur restant sous le contrôle de l’AFU avec des munitions au phosphore qui ont empêché la rotation et causé de nombreux ravages pour les Ukrainiens. L’utilisation de
munitions au phosphore à cette échelle a été enregistrée plus de 124 fois par jour. De même, des milliers de cartouches d’artillerie ont été tirées.
3. Avances ; Les avances de Wagner étaient d’environ 250 mètres tout au long de la journée, et les Forces aéroportées ont avancé d’environ 70 mètres, les
AFU se sont volontairement retirées d’au moins 20 mètres à proximité du Temple des Témoins de Jéhovah. Seulement 2,40% de la ville reste sous contrôle ukrainien. Le retrait continu des
unités d’artillerie ukrainiennes de la région de Khromove vers les quartiers de Chasovoy Yar suggère que les AFU se préparent à quitter complètement la ville. Les signes sont là.
4. Pertes ; Malheureusement, tout au long de la journée, environ 96 employés du groupe Wagner ont perdu la vie. Le nombre de pertes confirmées d’Ukrainiens
a atteint près de la barre des 600. Nous ne pouvons pas estimer les pertes causées par les tirs d’artillerie, de mines et de phosphore qui ont eu lieu tout au long de la journée.
5. Rotations ; Des unités des forces armées russes ont déjà afflué dans la ville, des amis et des sources que je connais sont déjà stationnés à Artemovsk.
Ils aident à l’avancement.
En prime
Prigozhin : Nous commençons à transférer des positions, Bakhmout sera sans aucun doute pris par les forces d’Akhmat.
« Je remercie Ramzan
Akhmatovich d’avoir accepté, ayant très probablement la possibilité d’obtenir tout le nécessaire et toutes les ressources nécessaires, de prendre nos positions à Bakhmout. Je contacte
déjà ses représentants afin de commencer immédiatement à transférer des positions, de sorte que le 10 mai, à 00h00, exactement au moment où, selon nos calculs, nous épuiserons
complètement notre potentiel de combat, nos camarades prendront nos places et poursuivront l’assaut le village de Bakhmout. »
Il reste un peu plus de deux kilomètres carrés à Bakhmout. Bakhmout sera pris, sans aucun doute, par les forces de « Akhmat ».
L’Ukraine est passée à l’offensive
dans la région de Zaporijia mais a dû reculer après que la partie russe lui ait infligé d’importantes pertes, a annoncé le membre du conseil général de l’administration régionale Vladimir
Rogov.
Les forces armées ukrainiennes ont lancé une offensive au sud de la ville d’Orekhov de la région de Zaporijia, a fait savoir ce mercredi 3 mai le membre du
conseil général de l’administration régionale Vladimir Rogov.
« La bataille bat son
plein en ce moment. L’ennemi essuie des pertes en personnel et en équipement. Au moins un char et un véhicule blindé de transport de troupes ont été détruits », a écrit Rogov sur sa
chaîne Telegram.
Il souligne pourtant qu’il est trop tôt pour dire s’il s’agit d’une reconnaissance au combat, d’une tentative de percée ou d’une offensive à grande échelle.
Par la suite, Rogov a affirmé que les forces ukrainiennes ont regagné leurs positions initiales.
Précédemment, le responsable a déclaré que plusieurs lignes de défense en profondeur avaient été mises en place dans la région en vue de contrer les
éventuelles tentatives des troupes ukrainiennes de passer à l’offensive.
Depuis le début du mois
d’avril, lorsque des diapositives de briefing du Pentagone sur l’état de l’armée ukrainienne ont » fuité » sur le web, les rapports des médias
» occidentaux » sur la
contre-offensive ukrainienne tant discutée sont devenus plus sombres. Il y a trois jours, le London Times publiait un article dans cette catégorie
:
Kiev s’est engagé à lancer une offensive au printemps ou à l’été, bien qu’elle ait épuisé ses munitions à une vitesse telle que l’Occident ne peut pas suivre.
Heureusement, la Russie est elle aussi à court d’idées
Si les Ukrainiens s’empressent d’assimiler leurs 230 chars occidentaux neufs ou reconditionnés et leurs 1 550 véhicules blindés, ils ne disposent toujours pas
des défenses aériennes nécessaires à toute opération offensive d’envergure. Ils sont donc menacés par la puissance aérienne russe. Les sources militaires occidentales ne sont pas sûres non
plus que les hauts gradés puissent s’adapter aux nouveaux systèmes aussi bien que leurs soldats sur le terrain.
Pourtant, Kiev n’a
pas vraiment d’autre choix que de lancer une grande offensive au printemps ou à l’été. Ses dirigeants sont de plus en plus coincés. Comme l’a déclaré un responsable américain de la
défense : « Les Ukrainiens
nous ont surpris autant que Poutine par le passé, mais ils ont beaucoup moins de marge de manœuvre aujourd’hui […] et les Russes le savent« .
Le président Zelensky a géré l’Occident avec beaucoup d’habileté, mais pour conserver son soutien, il doit montrer ce que les initiés de Washington appellent,
de manière plutôt déplaisante, un « retour sur
investissement« .
Il doit également équilibrer la politique intérieure. Des faucons tels que Kyrylo Budanov, le chef du renseignement militaire ukrainien, empêchent toute
discussion sérieuse sur les négociations, même si certains membres du gouvernement pensent que le moment est venu de lancer des offres. Un diplomate occidental en poste à Kiev a décrit une
« expérience parallèle
surréaliste » lorsque ses interlocuteurs « discutent de formats potentiels de
négociations un soir« , puis « crient qu’il ne peut y avoir de négociations
avec la Russie » en public le lendemain.
Pendant la guerre, Kiev a d’abord achevé le matériel et le personnel de son armée permanente. Elle a ensuite reçu une grande quantité d’équipements de l’ère
soviétique provenant d’anciens membres du Pacte de Varsovie et a achevé cette réserve. Elle a maintenant reçu des armes « occidentales » pour une troisième armée qui sera composée
en grande partie de civils mobilisés ayant peu d’expérience militaire. Une fois que la contre-offensive aura suivi son cours, quelle qu’en soit l’issue, cette troisième armée sera en grande
partie détruite. Il n’y aura plus de matériel ni de personnel pour une quatrième armée.
En revanche, l’armée russe est en grande partie intacte. C’est ce qu’affirme le général Cavoli, le commandant américain en Europe :
Les forces terrestres russes ont subi des pertes importantes en Ukraine. Malgré ces revers et la diminution de leurs stocks d’équipements et de munitions, les
forces terrestres russes disposent encore d’une capacité et d’un potentiel substantiels, et continuent de posséder la capacité de régénérer leurs pertes.
La Russie reste une menace redoutable et imprévisible qui défiera les intérêts américains et européens dans un avenir prévisible. Les forces aériennes,
maritimes, spatiales, cybernétiques et stratégiques russes n’ont pas subi de dégradation significative dans la guerre actuelle. En outre, la Russie reconstruira probablement sa future armée
pour en faire une force terrestre plus importante et plus compétente […] La Russie conserve un vaste stock d’armes nucléaires déployées et non déployées […].
…
La Russie poursuit un programme de modernisation militaire qui donne la priorité à une gamme de capacités conventionnelles, hybrides et nucléaires avancées afin
de contraindre l’Occident. Ces armes constituent pour la Russie des menaces asymétriques pour l’OTAN et posent de nouveaux défis aux options de réponse occidentales.
La question de savoir si et quand la contre-offensive ukrainienne commencera reste ouverte. Les conditions météorologiques sont un facteur important :
Cette année, les pluies de printemps ont été beaucoup plus intenses que d’habitude. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Zaporizhzhia au cours des
dernières semaines ont transformé le champ de bataille en une soupe gélatineuse.
« Le printemps a été inhabituel« ,
a déclaré un commandant de la brigade. « Il n’y a jamais eu autant de pluie
auparavant.«
Il y a bien sûr aussi la question des munitions. L’Ukraine manque déjà d’un nombre suffisant d’obus d’artillerie. Chaque jour, elle utilise plus qu’elle ne reçoit
et ce qu’elle reçoit est supérieur à ce que l’Ouest peut produire. La contre-offensive épuisera les munitions restantes. Que se passera-t-il alors ?
Il peut y avoir d’autres raisons de retarder la contre-offensive. Le ministère britannique de la défense demande à l’industrie de faire des offres pour certains équipements spécifiques. Il s’agit notamment d’équipements de déminage pour les chars de combat principaux, de ponts pour chars d’une capacité de
70 tonnes et de transporteurs pour les chars de combat principaux lourds.
Avec environ 40 tonnes, les chars soviétiques sont beaucoup plus légers que les chars « occidentaux » qui pèsent jusqu’à 70 tonnes. Les Leopard et
autres chars récemment livrés ne peuvent pas passer sur les ponts typiquement ukrainiens sans les endommager gravement. Sans l’infrastructure et l’équipement de soutien nécessaires, les chars
« occidentaux » sont largement inutiles. Il
n’est pas vraiment possible de lancer une contre-offensive contre des lignes de défense russes renforcées sans ces équipements.
Mais il n’est pas non plus possible d’attendre. Il y a non seulement la pression de Washington et des autres partisans de la guerre en Ukraine, mais aussi la menace
permanente de frappes russes sur les stocks et les forces accumulés. Plus ceux-ci restent longtemps dans les zones de préparation, plus ils ont de chances d’être détectés et détruits.
Au cours des deux dernières semaines, la Russie a détruit une grande partie des défenses aériennes ukrainiennes dans la région de Kherson et de Pavlograd. Ces systèmes ne sont pas remplacés.
Pourtant, le ministère britannique de la défense semble croire que la guerre se poursuivra encore pendant plusieurs années. Il souhaite également acquérir pour
l’Ukraine
Des missiles ou roquettes d’une portée de 100 à 300 km ; lancement terrestre, maritime ou aérien. Charge utile de 20 à 490 kg
La date limite pour cette demande est le 4 mai. Si vous possédez quelques-uns de ces missiles ou si vous pouvez les produire, il vous reste deux jours pour faire
votre offre. Mais il est réaliste de penser que ces missiles ne pourront être livrés au plus tôt qu’en 2024/25. On peut se demander si l’Ukraine existera encore à ce moment-là.
Yves Smith examine les chances d’un cessez-le-feu après la fin de la contre-offensive. Il estime qu’il est peu probable que la Russie accepte un cessez-le-feu sans recevoir des
concessions très importantes :
Je ne vois pas comment des pourparlers de paix pourraient aboutir. Les faucons sont toujours aux commandes et vont soit refuser les négociations, soit poser des
conditions préalables. Rappelons que la Russie a déjà rejeté les conditions préalables ; même si elle les envisageait aujourd’hui, il y a de fortes chances que les demandes initiales de
l’Occident, telles qu’un cessez-le-feu immédiat, soient rejetées, ou qu’elles soient rapidement contrées par des réponses russes du type « seulement si vous suspendez les
sanctions« . Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de discussions en coulisses, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’elles aillent très loin.
…
Supposons charitablement, malgré tout cela, que l’Occident demande effectivement à la Russie de négocier. À moins que la demande ne soit formulée de manière
manifestement inacceptable, la Russie doit l’accepter.
Mais je ne vois pas comment cela pourrait aboutir tant que les dirigeants occidentaux n’auront pas vraiment intériorisé le fait que la Russie a la main lourde
et qu’elle n’a pas de bonnes raisons de s’arrêter tant qu’elle n’aura pas subjugué l’Ukraine.
Et tout ce que la Russie a à faire pour saboter les négociations, c’est de remettre sur le tapis la demande que Poutine a formulée sous différentes formes
depuis la conférence de Munich sur la sécurité en 2007 : des garanties de sécurité.
Qui les donnera ? Les aveux de duplicité de la France et de l’Allemagne concernant les accords de Minsk signifient qu’aucun État de l’OTAN n’est digne de
confiance, à l’exception peut-être de la Turquie (et si Erdogan survit, il sera probablement considéré comme trop proche de la Russie pour être acceptable). Les États-Unis ne sont
manifestement pas dignes de confiance. La Chine ne serait pas acceptable et n’est pas adaptée à ce rôle (ce n’est pas une puissance terrestre et elle n’est pas présente sur le théâtre des
opérations).
Ainsi, à moins que des événements indésirables ne se produisent (et Taleb prévient que les événements indésirables sont importants), il semble que nous soyons
toujours sur la bonne voie pour que la Russie poursuive la guerre jusqu’à ce qu’elle soit en mesure d’imposer ses conditions à Kiev.
Entre-temps, la situation socio-économique de l’Ukraine s’aggrave :
La scène du prêteur sur gages illustre la crise de la pauvreté croissante en Ukraine, dont la réalité contraste avec l’agitation superficielle des restaurants
et des bars animés de Kiev où il est souvent difficile d’obtenir une table alors que de nombreuses personnes mènent une existence précaire.
Selon un rapport récent de la Banque mondiale, la pauvreté est passée de 5,5 % à 24,2 % en Ukraine en 2022, plongeant 7,1 millions de personnes supplémentaires
dans la pauvreté, l’impact le plus grave se situant dans les villages ruraux, à l’abri des regards. Avec un taux de chômage officieux de 36 % et une inflation de 26,6 % à la fin de 2022, le
directeur régional de la Banque mondiale pour l’Europe de l’Est, Arup Banerji, avait prévenu que la pauvreté pourrait grimper en flèche.
Derrière sa fenêtre, à Treasure, Stepanov décrit les difficultés rencontrées même par ceux qui ont un travail. « Le prix de tout a augmenté. La nourriture est
la plus chère, puis le carburant pour la voiture. Certaines choses ont augmenté de 40 à 50 %. Avant la guerre, ma femme allait faire ses courses au supermarché et cela lui coûtait 200
hryvnias ; aujourd’hui, au même magasin, cela coûte 400 à 500 hryvnias. »
Les milliards de dollars et d’euros que l’Occident a versés à l’Ukraine sont détournés par ceux qui fréquentent les restaurants et les bars chics de Kiev.
Ceux qui ne font pas partie des cercles qui reçoivent des pots-de-vin devront s’habituer à avoir faim.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Cauchemar en Ukraine : Des frappes de représailles russes frappent des installations militaires stratégiques
La fin du mois d’avril a été marquée par la reprise des frappes massives des forces russes en profondeur dans les zones ukrainiennes de l’arrière.
Le 29 avril, au moins dix drones ukrainiens ont visé le territoire de la péninsule de Crimée. L’un d’eux a frappé un réservoir de carburant à Sébastopol.
Les tentatives ukrainiennes de détruire les réserves de carburant russes sont une étape importante à la veille d’opérations offensives potentielles.
Les frappes de représailles russes n’ont pas tardé. Dans la nuit du 1er mai, une attaque massive a frappé des installations militaires dans toute
l’Ukraine.
Des explosions ont tonné dans différentes régions d’Ukraine, notamment les régions de Kiev, Dnipropetrovsk, Soumy, Kharkiv et Ivano-Frankivsk. Au moins cinq
explosions ont tonné dans la ville de Kramatorsk, qui est une importante plaque tournante ferroviaire utilisée pour l’approvisionnement de l’armée ukrainienne dans le Donbass.
Selon les estimations de la partie ukrainienne, plus d’une centaine de missiles de croisière, ainsi que plusieurs dizaines de drones kamikazes auraient été
impliqués dans l’attaque. Cependant, Kiev n’est pas pressé de révéler les dégâts.
Les médias ukrainiens ont noté que l’approvisionnement en électricité n’a pas été interrompu dans les régions ukrainiennes ciblées, ce qui souligne que les
forces russes ont frappé exclusivement des installations militaires.
Le chef du bureau du président ukrainien a été contraint d’appeler d’urgence les Ukrainiens au milieu de la nuit avec une demande de ne pas publier de
vidéos des explosions et de ne pas divulguer le travail de la défense aérienne ukrainienne.
Cependant, certains des coups étaient si forts que les Ukrainiens n’ont pas réussi à les cacher. Une frappe puissante a frappé la ville de Pavlograd dans la
région de Dnipropetrovsk. Les autorités locales ont confirmé qu’un missile russe avait frappé une installation industrielle.
On suppose que la cible était l’usine chimique de Pavlograd, qui était l’une des principales usines de l’URSS pour la production de missiles balistiques à
combustible solide.
Après le démantèlement, les missiles auraient dû être éliminés dans cette usine. Cependant, au début de 2022, il y avait environ 30 pièces de carburant des
premiers étages des missiles, jusqu’à 900 tonnes au total. Les restes de ce carburant non traité auraient pu exploser en raison de l’attaque nocturne.
La cible des frappes russes pourrait également être les ateliers de l’usine, où le carburant est produit pour les nouveaux missiles balistiques ukrainiens à
longue portée nommés « Grim ». Si tel est le cas, le programme ukrainien est bloqué.
À Pavlograd, il existe également deux nœuds ferroviaires d’importance stratégique à partir desquels les échelons militaires avec équipement et munitions
sont transférés vers les lignes de front.
À en juger par les images de l’endroit, il a été estimé que deux divisions de systèmes ukrainiens S-300 et leurs munitions de secours ont été
détruites lors de l’attaque nocturne. Si tel est le cas, les défenses aériennes ukrainiennes ont subi les dommages les plus importants.
À la veille de l’offensive de grande envergure annoncée par Kiev, l’intensité des frappes russes va continuer à augmenter.
Des voix venant de toutes
parts – États-Unis, Ukraine, Russie – nous assurent qu’une rupture majeure de la situation militaire en Ukraine est imminente. Alors que les forces russes (FR) progressent régulièrement dans la
région de Bakhmut et d’Avdivka, l’armée ukrainienne (FAU) serait prête à lancer une offensive majeure de dernière chance, en direction de la Crimée sur le front sud, qu’elle doit lancer et
qu’elle doit gagner.
Il est impossible de savoir ce qui est vrai et ce qui est feint dans tout cela, et on ne peut jamais être certain de l’issue une fois que les armées commencent à
s’exploser les unes les autres, mais je me sens à l’aise pour dire que : 1) Il y aura une offensive ukrainienne. Les Ukrainiens y mettront tout ce qu’ils ont et feront des avancées territoriales
immédiates. 2) Il est très peu probable que l’Ukraine avance suffisamment pour menacer sérieusement de reprendre la Crimée, et il est impossible qu’elle pousse la Russie à capituler. 3) Il est
probable que les FAU s’épuisent, que d’énormes quantités irremplaçables de ses effectifs et de son matériel soient détruites et que la force russe massive qui a été retenue jusqu’à présent entame
sa propre offensive et soit capable d’avancer à volonté. Il sera évident et indéniable qu’il n’y a plus d’obstacle militaire à ce que les FR aillent aussi loin à l’ouest de l’Ukraine qu’elles le
souhaitent.
Je comprends que des surprises peuvent provenir de nombreuses directions – incompétence des principaux commandants, pression politique des citoyens de divers pays,
intervention immédiate de l’OTAN, etc. Ce résultat constituera une crise urgente pour les États-Unis, l’OTAN et Kiev, nécessitant une décision et une action immédiates. C’est aussi l’issue qu’ils
attendent et redoutent, et pour laquelle ils réfléchissent déjà à leurs choix.
Pour comprendre à quel point ils craignent et attendent cette issue, il suffit de lire attentivement les nombreuses déclarations et analyses des dirigeants et des
experts occidentaux, ainsi que de Zelensky et de responsables ukrainiens, qui, même lorsqu’elles sont présentées de manière optimiste, expriment en détail leur inquiétude face à l’épuisement de
la soldatesque ukrainienne et des réserves de munitions et de matériel des États-Unis et de l’OTAN, ainsi que leur désespoir quant aux chances de l’Ukraine.
Les déclarations de ce type sont trop nombreuses pour être citées, mais l’une des plus frappantes et des plus convaincantes est un article d’Asia
Times rédigé par le pseudonyme « Spengler », qui a assisté à « une récente réunion privée d’anciens soldats américains de haut rang,
de responsables du renseignement et d’universitaires dont les CV s’étendent de l’administration Reagan à l’administration Trump » – c’est-à-dire un échantillon représentatif de l’État
profond permanent.
Les participants à cette réunion ont exprimé ce que je pense être aujourd’hui l’attitude dominante sur la situation en Ukraine dans les cercles militaires et de
politique étrangère des États-Unis. Ils ont « une
évaluation sombre des perspectives de victoire de l’Ukraine contre la Russie« . Ils savent que « l’Ukraine semble moins susceptible de vaincre la Russie, même si
l’Occident déploie un maximum d’efforts et risque l’escalade« , étant donné que « toute l’armée que l’OTAN a entraînée entre 2014 et 2022 en
préparation d’une attaque russe est morte, et que les recrues sont jetées sur les lignes de combat avec trois semaines d’entraînement« . Ils ont également, « à une écrasante majorité« , « penché pour une escalade sous la forme de la fourniture d’armes
supplémentaires à l’Ukraine« , y compris, éventuellement, « une ‘légion étrangère’ de combattants d’autres pays« . En
effet, et c’est là que réside le danger impossible à exagérer, bien que l’Ukraine sache qu’elle ne peut pas gagner, « la grande majorité des participants était favorable à l’idée de tout
risquer pour une victoire absolue sur la Russie« .
Voici donc ce que je prévois et crains :
Au cours de cette année, probablement avant la fin de l’été, l’armée ukrainienne sera vaincue de manière décisive, la Russie établira un contrôle total sur les
quatre oblasts (Donetsk, Lugansk, Kherson, Zaporizhzhia) et il ne restera aucune force ukrainienne capable de renverser la situation ou d’arrêter une avancée russe vers Kiev.
À ce moment-là, afin d’éviter d’accepter une défaite qui changerait le monde ou d’entrer en guerre directe contre la Russie, toutes les voix
américaines/occidentales qui avaient catégoriquement exclu la possibilité d’un cessez-le-feu, y compris Antony Blinken, se mettront soudain à en réclamer un. Ils seront rejoints, espèrent-ils, par d’autres acteurs mondiaux (par la Chine, espèrent-ils en particulier) et par
des voix anti-guerres qui, sans objection forte de la part des Blinken de l’Occident, y verront une concession bienvenue aux demandes sincères des activistes anti-guerre d’arrêter les massacres.
En effet, la proposition de cessez-le-feu des États-Unis et de l’OTAN sera saturée de préoccupations pacifistes et de ce qu’il sera facile de présenter – étant donné le changement radical de ton
– comme des compromis raisonnables. En réalité, il s’agira de leur plan B pour poursuivre la guerre qu’ils ont perdue. La « victoire absolue » n’est que reportée.
Cela se passera comme cela :
Arrêtons le combat et que
chacun aille dans son coin. Les deux parties cesseront toute attaque militaire. Nous (les États-Unis, l’OTAN et Kiev) suspendrons indéfiniment toute demande d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Nous
ne contesterons pas le contrôle et la revendication de la Crimée et des quatre oblasts par la Russie. Nous ne les reconnaîtrons pas non plus officiellement. Nous laisserons les questions
relatives au « statut final » être déterminées dans le cadre d’un « processus de paix » négocié. Vous ne déplacerez pas vos forces militaires d’un pouce à l’ouest de la ligne
x et n’interviendrez pas dans la politique intérieure de Kiev. Pour superviser et faire respecter ce cessez-le-feu, nous introduirons un contingent de forces internationales de maintien de la
paix et établirons une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine à l’ouest de la ligne x. Ne pouvons-nous pas tous nous entendre ?
Ce à quoi la Russie répondra à peu près ceci :
Non. Il n’y aura pas de
Minsk 3. Nous rejetons toute tentative des parties qui perdent, et uniquement parce qu’elles perdent, de repousser à jamais la résolution de ce conflit. Nos objectifs sont clairs et demeurent :
Nous exigeons que le gouvernement de Kiev renonce définitivement à tout objectif d’adhésion à l’OTAN ; qu’il retire les infrastructures militaires existantes de l’OTAN, qu’il se sépare de
l’alliance de l’OTAN et qu’il se déclare un pays neutre ; qu’il reconnaisse officiellement la Crimée et les quatre oblasts comme faisant partie de la Russie (cela n’aurait pu être que deux si
vous n’aviez pas interrompu les négociations l’année dernière) ; et qu’il reconfigure ses politiques politiques et sociales pour éliminer la domination du nationalisme russophobe, fasciste et
banderiste meurtrier. Nous exigerons que tout cessez-le-feu pour les négociations et tout règlement soient explicites, signés et supervisés par une tierce partie digne de confiance – c’est-à-dire
pas les États-Unis, l’UE, l’ONU ou tout parti dominé par « l’Occident » ou un autre ennemi déclaré (Chine ? Inde ?). (Nous nous battrons jusqu’à ce que nous ayons atteint ces objectifs
et nous traiterons toute force armée internationale terrestre ou aérienne introduite sur le territoire de l’Ukraine sans notre accord comme des combattants ennemis et des cibles militaires
légitimes.
Je suis convaincu que c’est la situation dans laquelle nous nous dirigeons. Je pense que les États-Unis, l’OTAN et Kiev seront contraints de faire une telle
proposition et que la Russie ne l’acceptera pas (et serait stupide de l’accepter). La Russie se battra jusqu’à la capitulation de Kiev, et les États-Unis/l’OTAN ou leurs prétendues
« légions étrangères » devront entrer en
tant que combattants directs, avec probablement l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, ou accepter une défaite existentielle.
Le syndrome chinois
Veuillez noter comment Blinken et d’autres établissent le cadre qui fonctionnera à leur avantage lorsque cette situation se présentera. Ils refusent catégoriquement
un cessez-le-feu maintenant parce qu’ils savent qu’ils en auront désespérément besoin bientôt. Ils se placent dans une position politiquement avantageuse qui leur permettra de passer pour la
partie raisonnable, celle qui fait des compromis, lorsqu’ils exigeront finalement un cessez-le-feu et que les Russes le refuseront. Nous sommes les artisans de la paix, Poutine est le belliciste.
Nous acceptons le cessez-le-feu voulu par la Chine et les pacifistes occidentaux ; la Russie insiste pour poursuivre la guerre. Qui peut reprocher à la « communauté internationale » d’envoyer des « soldats de la paix » et d’instaurer une zone d’exclusion
aérienne, juste pour mettre fin aux massacres ? Vous savez, comme en Libye.
Il s’agit de faire entrer ces « légions étrangères » et ces forces aériennes étrangères –
de préférence en tant que « soldats de la
paix » plutôt qu’en tant que combattants, mais dans un but similaire : éviter une défaite inévitable en établissant une sorte de « processus de paix » bloqué, à la coréenne ou à la
Israël/Palestine. La « résolution
pacifique » préférée des États-Unis : Une guerre de Zombies, soutenue par une injection constante d’armes et d’argent jusqu’à ce qu’elle puisse être pleinement relancée.
L’un des principaux éléments de ce dispositif – qui a été avalé tout cru par les voix anti-guerres occidentales – est l’idée que, dans cette situation, les
États-Unis accepteront un cessez-le-feu réclamé par la Chine. Lorsque des voix anti-guerres s’élèvent aujourd’hui pour dire : « Pourquoi les États-Unis, l’OTAN et Kiev n’acceptent-ils pas la
proposition de cessez-le-feu de la Chine ?« , elles récitent naïvement un scénario écrit par les politiciens et les médias occidentaux en préparation du jour où ils voudront un
cessez-le-feu.
Il n’y a pas de « proposition de cessez-le-feu » ou de « plan de paix » de la part de la Chine, au sens d’un plan
concret d’action immédiate pour arrêter les combats, et les Blinken qui la rejettent ostensiblement le savent. Ils suggèrent une proposition fictive de « cessez-le-feu » qu’ils pourront rejeter lorsqu’elle
recueillera le soutien des voix pacifistes anti-guerre, afin de pouvoir la remplacer, le moment venu, par le véritable « cessez-le-feu » qu’ils prévoient, après avoir
préventivement coopté ce sentiment anti-guerre. OK, vous avez obtenu ce que vous et la Chine voulez. Donnons une chance à la paix.
Les États-Unis n’ont aucunement l’intention d’accepter un prétendu cessez-le-feu proposé par la Chine ; ils ont un plan pour en exiger un qu’ils ont eux-mêmes conçu
et qui leur est profitable. Mais ils voudront vous faire croire que c’est la même chose.
Quelles que soient les critiques qu’ils méritent, les États-Unis n’empêchent pas actuellement l’instauration d’un cessez-le-feu. Lorsqu’Antony Blinken déclare : « Pour certains,
l’idée d’un cessez-le-feu peut être tentante, et je le comprends, mais si cela revient à …, ce ne sera pas une paix juste« , il exprime – avec l’ellipse remplie de manière appropriée –
la position de la Russie, ainsi que celle des États-Unis, de l’OTAN et de Kiev. Aucune des parties au conflit ne souhaite un cessez-le-feu aujourd’hui, et aucune ne le souhaitera tant que l’une
d’entre elles ne le jugera pas nécessaire (probablement parce qu’elle est en train de perdre).
La Chine le sait et n’a fait aucune proposition pour que chacun mette de côté ses intérêts et objectifs fondamentaux et cesse de se battre maintenant. Voici
l’intégralité de la position de la Chine sur la « cessation des hostilités » et la seule mention d’un
« cessez-le-feu » dans sa « position sur le règlement politique de la
crise ukrainienne » en 12 points :
Cesser les
hostilités. Les conflits et la guerre ne profitent à personne. Toutes les parties doivent rester rationnelles et faire preuve de retenue, éviter d’attiser les flammes et
d’aggraver les tensions, et empêcher la crise de se détériorer davantage, voire de devenir incontrôlable. Toutes les parties doivent aider la Russie et l’Ukraine à travailler dans la
même direction et à reprendre le dialogue direct le plus rapidement possible, afin de désamorcer progressivement la situation et de parvenir finalement à un cessez-le-feu global [je
souligne].
Comme l’ensemble du document de position en 12 points, il s’agit d’une déclaration de principe générale et non d’un plan d’action. Il s’agit d’un langage aussi
neutre, diplomatique et sans engagement que possible. Je n’ai aucune idée de la façon dont quelqu’un a pu en déduire que c’était un « plan de paix« . (Qu’on le veuille ou non, la Chine évite
soigneusement de dire à l’une ou l’autre des parties quand et comment cesser le combat. Exhorter à la « retenue » afin de parvenir « en fin de compte » à un cessez-le-feu n’est pas l’appel à
un cessez-le-feu immédiat que les activistes anti-guerres qui prennent leurs désirs pour des réalités voudraient que la Chine lance, et que les néoconservateurs avant-gardistes voudraient vous
faire croire qu’ils rejettent.
Il a récemment été question que la Chine s’associe au Brésil pour élaborer un « plan de paix » pour l’Ukraine – encore des spéculations et
des vœux pieux qui ne signifient rien de précis pour l’instant. D’après d’autres déclarations et actions, nous savons que la Chine développe une relation précieuse avec la Russie. Mais la Chine
est très prudente dans son langage diplomatique concernant le conflit en Ukraine : elle ne prend pas explicitement parti et ne propose pas de plan qui prenne parti. Si la Chine estime qu’elle
doit explicitement proposer un plan, elle le fera et il est peu probable qu’elle ait besoin de Lula pour cela.
Tout le monde veut que la Chine soit de son côté. À ce stade de leur délire, certains néoconservateurs peuvent penser, lorsqu’ils proposent leur cessez-le-feu, que
la Chine acceptera l’idée qu’il s’agit d’un cessez-le-feu propre à la Chine. Lorsque la Chine ne le fera pas (ce qui est presque certain), les néoconservateurs présenteront certainement cela
comme une preuve que la Chine, comme la Russie, est un belliciste malhonnête, qui abandonne son « propre » plan de paix imputé. Encore une fois, c’est une
ligne que tous ceux qui disent maintenant « Pourquoi
les États-Unis n’acceptent-ils pas la proposition de cessez-le-feu de la Chine » contribuent à établir.
Ainsi, une fois encore, quel que soit le cessez-le-feu proposé par les États-Unis, l’OTAN et Kiev face à la perspective d’une défaite imminente en Ukraine, il ne
s’agira pas d’un plan chinois, mais d’une manœuvre des néoconservateurs américains. Il est peu probable que la Chine contribue à imposer une telle chose à l’une ou l’autre des parties. Il est
plus probable que la Chine joue un rôle important dans la résolution de ce conflit en tant que tierce partie chargée de superviser les conditions négociées de la reddition de l’Ukraine,
conformément à la position russe.
Purgatoire
Veuillez noter un autre élément important des différentes propositions qui seront présentées dans cette situation : La demande la plus difficile de la part des
Russes, qui les oblige presque à agir sur Kiev, est l’appel à la « dé-nazification« . C’est la demande à laquelle on
s’opposera le plus en la qualifiant d' »ingérence
politique« , car elle nécessite effectivement un « changement de régime » au sens le plus profond du terme.
J’ai déjà dit à quel point ce sera presque impossible en Ukraine occidentale, où l’idéologie fasciste et banderiste est enchevêtrée dans le nationalisme ukrainien, a de
profondes racines historiques et est devenue prédominante depuis 2014.
Mais voilà : même si c’est impossible, c’est nécessaire, tant pour le plan de cessez-le-feu américain que pour le projet russe.
Tout le monde comprend qu’aucun gouvernement à Kiev, même si les États-Unis ne peuvent pas ou ne veulent pas l’arrêter, ne sera en mesure de faire et de maintenir
le règlement capitulatoire exigé par la Russie à moins que les forces armées fascistes ne soient purgées. Mais il est également vrai qu’aucun gouvernement à Kiev ne sera en mesure de conclure et
de respecter le type d’accord de cessez-le-feu que les États-Unis prétendront vouloir, à moins que les forces armées fascistes ne soient purgées.
Le cessez-le-feu américain sera difficile à vendre aux fascistes ukrainiens. Ils ne seront pas disposés à accepter un report à long terme des combats. Ils sont au
moins aussi désireux que la Russie de résoudre rapidement ce problème et doivent désormais douter autant que la Russie de la fiabilité à long terme de l’Amérique. Ils ont vu comment les
Américains mettent un pays à feu et à sang avant de rentrer chez eux. Ils peuvent également constater la pression anti-guerre croissante exercée sur les gouvernements européens.
Les fascistes tueront Zelensky ou tout autre dirigeant qui acceptera le type de concession de facto de territoires dans un tel plan, à moins que les États-Unis ne
leur assurent qu’il s’agit d’un autre stratagème pour préparer un assaut futur dans peu de temps. S’il n’y a pas de purge des fascistes à Kiev (ce qui nécessitera une bataille), les Russes
sauront que c’est exactement ce que les États-Unis ont fait.
Par conséquent, si la Russie n’impose pas un changement de régime « dé-nazifiant » à Kiev, les États-Unis devront le faire pour
que l’un ou l’autre plan réussisse. La Russie et les États-Unis le savent. La Russie y fait face. Les États-Unis ne le font pas. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles la Russie ne
peut pas faire confiance à un accord de cessez-le-feu américain.
C’est ce que je prévois : Une tentative ratée d’aspirer la Russie dans un processus de paix à jamais dans l’impasse, qui réarme et ressuscite une Ukraine fasciste
deux fois vaincue, déguisée en cessez-le-feu « de
compromis » que tout le monde (y compris la Chine) appelait de ses vœux. Comme le dit Emmanuel Todd : « Pas
plus que la Russie, [l’Amérique] ne peut se retirer du conflit, elle ne peut le lâcher. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui dans une confrontation dont l’issue doit être l’effondrement de l’un
ou de l’autre« . La guerre se poursuivra jusqu’à ce qu’une des parties (l’Ukraine) accepte la défaite. Ou que le monde soit incinéré dans un échange nucléaire.
C’est un sale boulot, cette bête ukrainienne. Elle est en train de tuer le monde que nous connaissons, et son cadavre ne pourra pas être ranimé.
Jim
Kavanagh
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le fondateur de Wagner PMC, Y. Prigozhin, a ordonné la remise de soldats de l’AFU captifs à Kiev avant Pâques
Les combattants du Wagner PMC ont remis à la partie ukrainienne les soldats capturés des forces armées ukrainiennes avant les vacances de Pâques, sur les
instructions du fondateur de la société militaire, Yevhen Prigozhin.
L’homme d’affaires a demandé aux « musiciens » de préparer les prisonniers de guerre à être renvoyés en Ukraine.
« Préparez tout le
monde, donnez-leur à manger et à boire, examinez les blessés et faites-les examiner par des médecins. Et essayez de les amener là-bas avant midi aujourd’hui, pour qu’ils retournent sur le
territoire », a déclaré Prigozhin à l’un des commandants des PMC de Wagner.
À son tour, le soldat a déclaré que tous les ordres du fondateur du « bandwagon » seraient exécutés et que les soldats des forces armées rentreraient chez
eux à temps. Le « wagnérien » s’est ensuite adressé aux soldats ukrainiens, exprimant l’espoir qu’ils ne seraient plus capturés par le PMC Wagner.
« Camarades prisonniers
de guerre, j’ai reçu aujourd’hui l’ordre de mon commandement de vous remettre à la partie ukrainienne avant Pâques pour que vous retrouviez vos familles, vos femmes, vos mères et vos
enfants. J’espère que vous ne reviendrez plus vers nous », a souligné le commandant.
Evgeny Prigozhin s’est rendu plus tôt à l’endroit où se trouvaient les combattants du PMC Wagner sur la ligne de front et les a félicités à l’occasion de
Pâques. Le fondateur du « groupe » a également allumé une bougie dans la nuit de Pâques à la mémoire des combattants tombés au combat. L’homme d’affaires s’est souvenu de ceux qui sont
tombés lors d’opérations spéciales ou d’autres conflits militaires.
Extrait du
rapport d’aujourd’hui du Ru MoD sur Bakhmout :
En direction de Donetsk, les principales forces des troupes russes étaient concentrées près de la ville d’Artyomovsk. Les groupes d’assaut de
Wagner ont continué à se battre pour s’emparer de blocs dans la partie centrale d’Artyomovsk et repousser l’ennemi à la périphérie ouest de la colonie. Sur les flancs, les
équipes d’assaut sont appuyées par les Troupes Aéroportées.
Les troupes de missiles et l’artillerie du groupe de forces Yug et de l’aviation opérationnelle et tactique fournissent un appui aérien et de tir à
l’offensive.
Au cours des dernières 24 heures, des avions ont effectué 11 sorties près d’Artyomovsk et les troupes de missiles et l’artillerie ont effectué 48
missions de tir à cet effet.
Les pertes de l’ennemi se sont élevées à plus de 450 soldats et mercenaires ukrainiens, trois chars, trois véhicules de combat d’infanterie, six
véhicules de combat blindés, des obusiers D-20 et un MSTA-B, ainsi que deux stations radar AN/TPQ-50 de fabrication américaine.
Les déclarations des forces armées ukrainiennes sur les perspectives de détenir les vestiges de la ville reflètent la détérioration systémique de la
situation à la suite des actions du PMC Wagner dans la ville et des forces armées russes au nord et au sud de Artemovsk.
Il n’a pas été possible de débloquer les routes vers la ville ou de rétablir le transfert sans problème des réserves et des munitions vers la
ville. Cela conduit à l’épuisement du groupement AFU à Artemovsk et rend un peu plus facile pour Wagner le nettoyage des pâtés de maisons.
Dans le même temps, le miracle attendu associé aux contre-attaques de la région de Chasov Yar et Rai-Alexandrovka ne s’est pas produit, à la fois en raison
des contre-mesures du Wagner PMC et des forces armées russes ainsi qu’en raison du mauvais temps pour ces contre-mesures.
Dans ce contexte, les tendances qui se sont formées fin février à Artemovsk persistent et conduisent à la perte définitive de la ville, qui devra être en
quelque sorte « vendue » à la société et aux troupes de l’AFU, à qui la propagande a dit depuis longtemps que « personne ne peut prendre Bakhmut » et « c’est le Stalingrad
de l’Ukraine ».
À la fin, il y aura une autre défaite et la perte d’une grande ville. C’est pourquoi ils commencent déjà à poser des pailles, même si cela ne les
empêchera bien sûr pas de défendre virtuellement pendant un certain temps après la perte d’Artemovsk, comme ils l’ont fait à Soledar.
Apparemment, des
documents d’information sur la guerre en Ukraine destinés au chef d’état-major interarmées de l’armée américaine ont fait l’objet d’une fuite sur Internet. Jusqu’à présent, je n’ai vu que cinq
pages de ces documents. Le nombre total est censé être de 53 ou 56 pages. Si quelqu’un sait où je peux trouver des copies décentes, merci de me le faire savoir dans les
commentaires.
J’ai été prudent après
que les principaux médias américains ont parlé de la première version. Le premier lot a été utilisé pour démontrer que les États-Unis espionnent avec succès la Russie. J’ai donc pensé que
l’ensemble de la diffusion pouvait être une campagne de désinformation. Toutefois, une deuxième série de dossiers examinés dans les médias ces derniers jours brosse un tableau
différent.
Yves Smith, de Naked
Capitalism, fait un tour d’horizon intéressant à ce sujet :
Rappelons que le New York Times a été le premier
média à évoquer le fait que ce qui s’est avéré être le premier de (jusqu’à présent) deux groupes de photos venant du Pentagone, axées sur la préparation à l’Ukraine, avaient été envoyées sur
un compte Telegram russe. Certains ont prétendu que la première série était une opération psychologique des États-Unis ou de la Russie, mais l’authenticité du jargon et la quantité
d’informations peu flatteuses plaidaient contre cette hypothèse. La deuxième série va au-delà de l’Ukraine et est perçue comme préjudiciable aux intérêts américains.
Toutefois, comme l’ont souligné de nombreux observateurs, ces révélations ne semblent pas susceptibles d’avoir un impact important sur l’offensive ukrainienne
si largement anticipée. Si le niveau de détail est alléchant, les conclusions générales, comme le fait que les défenses aériennes de l’Ukraine ont été épuisées et que la situation ne fera
qu’empirer, sont déjà révélées par des sources ouvertes. Pourtant, certaines affirmations sont bizarres, comme le fait que 97 % des forces russes sont engagées en Ukraine. Rappelons que le
ministre britannique de la défense, Ben Wallace, a déclaré cela en février et qu’il semblait alors faire de la propagande pour l’Ukraine. Wallace a-t-il tiré cette information de ces
documents ?
Quoi qu’il en soit, cette violation incitera les États-Unis à restreindre la diffusion d’informations sensibles, ce qui ne sera guère utile si près du lancement
de la contre-offensive attendue.
…
Au moins une diapositive de ce deuxième groupe portait la mention « Secret/NoForn », ce qui signifie que la distribution est limitée aux citoyens
américains. Cela semble exclure notre idée, basée sur le premier lot (largement distribué parmi les alliés des États-Unis, y compris l’Ukraine), selon laquelle un Ukrainien mécontent de la
manière dont la guerre est menée pourrait être à l’origine de la fuite. Ce marquage suggère que ces documents proviennent d’une source du Pentagone, ce qui pourrait inclure les
contractants.
La page ci-dessous présente le calendrier de formation et d’équipement de neuf nouvelles brigades.
(D’autres pages que j’ai trouvées sur Twitter sont ici, ici, ici et ici).
Ces brigades auront trop peu de chars modernes et trop peu d’artillerie pour être vraiment efficaces. Il y a également une pénurie de munitions de 122 mm pour les
obusiers d’artillerie.
Si la contre-attaque ukrainienne a lieu, elle ne sera pas aussi percutante que certains semblent l’espérer. L’Ukraine a également mis d’autres unités en réserve
pour se préparer à cette attaque. Mais certaines d’entre elles ont déjà été utilisées. Dans un article sur Bakhmut, le New York Timesécrit :
Mais dans les champs et les villages de la périphérie de Bakhmut, les responsables militaires ukrainiens affirment que les forces de Kiev ont combattu l’armée
russe jusqu’au bout pour deux routes clés, l’autoroute T504 et une route connue sous le nom de 506.
Six semaines après le début d’une opération ukrainienne visant à renforcer les lignes de ravitaillement à l’extérieur de Bakhmut et à protéger les routes, les
responsables militaires ukrainiens affirment qu’ils ont contrecarré, du moins pour l’instant, les efforts russes visant à couper ces routes et à encercler la ville.
L’autoroute T504 est également connue sous le nom de M-32. Ces derniers jours, l’armée russe s’est déplacée du sud à Bakhmut pour la bloquer physiquement. La T-506
(O0506 sur la carte ci-dessous) est toujours ouverte mais subit des tirs d’artillerie constants.
Une vidéo de drone récemment publiée montre qu’il est difficile de passer :
MilitaryLand.net @Militarylandnet – 8:34 UTC – 8 Avril 2023
Véhicules ukrainiens détruits/endommagés, dont des HMMWV, des BTR-4, des M113 et des chars T-72 sur la
route reliant #Bakhmut et Chasiv Yar via la colonie de Khromove. #UkraineRussiaWar
Je compte 16 véhicules détruits dans cette vidéo sur un tronçon de 200 mètres de long.
Mais l’Ukraine a utilisé ses réserves pour la maintenir quelque peu ouverte :
Fin février, l’Ukraine était sur le point de perdre la bataille de Bakhmut, selon une évaluation contenue dans un lot de ce qui semble être des notes
opérationnelles classifiées préparées par le Pentagone et l’état-major interarmées et divulguées sur les médias sociaux ce mois-ci. […]
À l’époque, deux manœuvres de flanc russes au nord-ouest et au sud-ouest de la ville étaient sur le point d’encercler Bakhmut. Une seule route d’accès, la 506,
restait ouverte pour les forces ukrainiennes et les quelques civils encore présents dans la ville, mais elle était sous le feu de l’artillerie russe. Le général Oleksandr Syrsky, commandant
de l’Ukraine dans l’est du pays, a qualifié cette route de « dernier tube
respiratoire« .
Les commandants ukrainiens ont décidé de renforcer les défenses des routes plutôt que de battre en retraite, selon les documents divulgués. L’armée ukrainienne
a déployé dans la bataille de Bakhmut de nombreux soldats qu’elle espérait garder en réserve pour une contre-offensive prévue dans les semaines ou les mois à venir, et ses forces ont subi de
lourdes pertes.
Le hachoir à viande qu’est devenu Bakhmout continue de faire son œuvre.
C’est pourquoi l’armée ukrainienne recrute de plus en plus d’hommes :
Les hommes en uniforme peuvent se présenter presque n’importe où, n’importe quand.
Ils frappent aux portes d’entrée des civils et les arrêtent au hasard des coins de rue, distribuant des bulletins de recrutement qui peuvent bouleverser des
vies.
L’Ukraine a besoin de plus de soldats, et vite. Kiev se prépare à un assaut imminent contre les forces d’occupation russes et, bien que l’Ukraine ne divulgue
pas le nombre de ses victimes, les commandants sur le terrain ont fait état de pertes importantes.
…
Auparavant, les fonctionnaires ne pouvaient délivrer les avis de recrutement qu’au domicile des citoyens, et certains les évitaient en demeurant à des adresses
différentes de celles où ils étaient officiellement enregistrés. Mais de nouvelles règles ont élargi le champ des lieux où les hommes peuvent être arrêtés et interrogés sur leur statut de
conscrit.
…
Oleksii Kruchukov, 46 ans, réparateur de machines à laver qui fait la queue devant un bureau de recrutement à Kiev, a déclaré qu’on lui avait ordonné de se
présenter à cet endroit après que la police eut mis fin à une bagarre qu’il avait eue dans la rue. Il n’avait aucune exemption militaire valable et a déclaré qu’il s’attendait à ce que
l’incident lui permette d’être bientôt envoyé à l’entraînement, puis au front.
Oleksandr Kostiuk, 52 ans, réparateur de routes qui a participé à la mise en place de barrières contre les forces russes autour de Kiev l’année dernière, a
récemment reçu sa convocation par l’intermédiaire de son service des ressources humaines. Il est prêt à aller au front s’il le faut, mais craint pour sa sécurité. « Maintenant que nous comprenons ce qui se
passe, je suis plus nerveux« , a-t-il déclaré.
Les pauvres. Ils seront maltraités pour s’accrocher à des terres qui seront de toute façon perdues.
Ce qui suit est aussi préoccupant :
Depuis le début du mois de février, plus de 5 000 personnes ont demandé à rejoindre ce qui était connu sous le nom de Bataillon Azov, une ancienne milice de
droite controversée qui a été incorporée à la garde nationale ukrainienne. L’année dernière, ce groupe aguerri a été qualifié d’héroïque pour avoir résisté à un siège de plusieurs mois de la
ville de Marioupol, dans le sud-est du pays.
Puis, en février, le ministère ukrainien de l’intérieur a annoncé qu’Azov deviendrait une brigade d’assaut dans le cadre de la nouvelle Garde offensive.
Selon ses règles, Azov n’accepte que les personnes qui s’engagent de leur propre chef – et non les appelés – et se réserve le droit de rejeter les personnes qui
ne lui semblent pas convenir, ce qui, selon elle, lui permet de sélectionner les soldats les plus motivés. Azov a lancé une vaste campagne de recrutement pour son nouveau statut de brigade,
et nombre de ses hommes capturés à Marioupol l’année dernière et finalement libérés forment aujourd’hui des recrues.
Le fait de sélectionner ses propres recrues transforme-t-il une « milice de droite controversée » en une « ancienne milice de droite controversée » ? J’en doute.
Devinez maintenant qui forme ces nazis :
Pendant ce temps, dans un camp d’entraînement de la région de Kiev, les nouvelles recrues d’Azov s’alignent sur un stand de tir et apprennent à utiliser des
fusils C7A1. L’un de leurs formateurs, un ancien marine américain russophone qui a rejoint Azov et se fait appeler Frodo, a déclaré que « la majorité de ces gars, il y a un mois,
étaient des civils« . L’un d’eux, assis contre un mur, étudie une traduction d’un manuel militaire américain.
Le fait qu’ils aient été suffisamment motivés pour s’inscrire de leur propre chef signifie qu’ils agissent davantage comme des « guerriers que comme des
soldats« , a déclaré Frodo.
La formation condense l’entraînement de base du corps des Marines, qui dure environ trois mois, en quatre semaines seulement. Pendant cette période, les troupes
apprennent tout, de l’adresse au tir à la cartographie, en passant par les radios et l’ingénierie. Il est possible, voire probable, qu’ils soient ensuite déployés presque immédiatement sur
les lignes de front les plus chaudes du pays.
La formation de base que reçoivent les recrues habituelles ne semble pas avoir la même efficacité :
Lors d’un récent après-midi à Lyman, dans l’est de l’Ukraine, un officier expérimenté s’est plaint de la qualité de la formation initiale des troupes
nouvellement arrivées, la décrivant comme négligeant largement les principes fondamentaux nécessaires sur le terrain, qui doivent être enseignés une fois qu’ils sont arrivés dans leurs
unités.
« On leur apprend à chanter des chansons et à
marcher » lors de la formation de base, a déclaré le chef, sous couvert d’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à parler aux journalistes.
Une fois déployées, les troupes ont besoin d’instructions, même sur la pratique la plus ancienne du soldat : comment creuser, a déclaré le chef. Ils ne savent
pas comment tenir leurs pelles ou fortifier les tranchées et les positions de combat. Pour s’entraîner, un groupe de troupes fraîches a creusé avec ses pelles dans une ligne de tranchées
voisine.
Des ukrainiens moyens sont envoyés au front sans entraînement ni équipement appropriés. Pendant ce temps, les idéologues reçoivent un entraînement spécial et
des Colt M16A3 équivalents fabriqués au Canada. Les conséquences à long terme de cette fracture sociale pour l’Ukraine seront terribles.
Il semble que les diapositives du briefing qui ont été divulguées n’évoquent guère de telles préoccupations. Comme le fait remarquer Yves dans son article sur les reportages qui leur sont consacrés :
[Les bons renseignements perdent de leur utilité lorsqu’ils sont filtrés par des préjugés. Comme nous pouvons le voir ci-dessus, les États-Unis n’arrivent pas à
se défaire de l’idée que la Russie cherche à acquérir des territoires, et non pas avant tout à détruire la capacité de l’Ukraine (et maintenant de l’OTAN) à faire la guerre. Les articles
contiennent des commentaires dénigrants sur la façon dont la Russie a mené la guerre. On sent qu’il ne s’agit pas d’un simple message médiatique, mais qu’il est bien intériorisé par les
décideurs des États-Unis et de l’OTAN. Ce genre de sous-estimation aide beaucoup la Russie. Et la chambre d’écho très solide de la Beltway signifie qu’il est probable que cela continue
ainsi.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La campagne de frappe « massive » conduite cette nuit par l’armée russe en Ukraine est une nouvelle occasion pour nos médias, de cultiver l’émotion en lieu et place de la réflexion.
Cependant un fait est enfin reconnu : La Russie a toujours des missiles et ses usines n’ont jamais cessé d’en produire.
REUTERS/Stringer TPX IMAGES OF THE DAY
Maîtriser ses émotions, encore et toujours. C’est le b.a-ba de tout homme, soldat, Grand reporter, entrepreneur… faisant profession d’affronter des crises. Non
seulement parce qu’on doit garder la tête froide pour prendre les bonnes décisions, mais aussi parce qu’il faut savoir communiquer ses ordres ou ses informations au plus juste, sans divulguer des
données destinées à demeurer confidentielles compte tenu de leur sensibilité ou de l’effet contre-productif qu’elles pourraient avoir vis-à-vis de l’action engagée. Mais lorsqu’on choisit de ne
couvrir des évènements que sous l’angle de l’émotionnel, il arrive nécessairement qu’on se laisse emporter. Et qu’on en dise trop.
C’est ce qui est arrivé ce matin sur RTL, lors du plateau d’Yves Calvi. Celui-ci
interviewait Gallagher Fenwick, récent auteur d’un ouvrage, « Volodymir
Zelensky, l’Ukraine dans le sang », dont le titre et le ton de l’auteur laissent à penser qu’il relève plus de l’hagiographie que d’une solide enquête sans complaisance, mais
passons. Emblématique de ces journalistes formés au moule de l’audiovisuel public français, donc dédaigneux du principe de neutralité qui est censé être une des bases de la profession, le
vibrionnant Fenwick a fustigé « le
barrage de missiles » qui a frappé l’ensemble du territoire ukrainien la nuit dernière, accusant le Kremlin de viser sciemment les populations civiles dans le cadre d’une politique
de terreur faute de pouvoir gagner la guerre.
Evidemment qu’elles n’ont jamais cessé de tourner !
Bien interrogé par Yves Calvi, le poussant à se montrer plus analytique, le sensible Fenwick a reconnu que ce n’était pas la première fois que de telles frappes
survenaient et qu’il fallait en tirer les conclusions. Evoquant la vague de bombardements de la nuit dernière qui a mis en jeu plus de 80 missiles, il s’est interrogé sur le « stock
dont la Russie dispose qu’on a énormément de mal à évoluer. On a régulièrement entendu qu’il était proche de son niveau d’étiage, donc finalement il y a peut-être plus de missiles dans les stocks
et il y a peut-être une capacité à reconstruire ces missiles, à construire de nouvelles munitions qui peuvent être encore bien vive », a-t-il admis, reconnaissant que la pénurie de
missiles russes que l’on évoque depuis un an n’était sans doute qu’un vaste bobard collectif. Relancé par Calvi, l’interrogeant sur les capacités de production des usines russes avec l’air
volontairement interloqué du bon professionnel, Fenwick a répondu avec fièvre que les-dites usines n’avaient « évidemment
jamais cessé » de produire des missiles. Bref que tout le story-telling médiatique
décliné depuis un an sur l’incapacité de l’industrie de défense russe à produire des armes modernes en raison des sanctions occidentales est lui aussi mensonger.
Militant plus que journaliste -il verse les droits d’auteur de son livre au Mouvement interculturel France-Ukraine– Fenwick a donc donné raison à
ceux qui contestaient la version communément admise et raté une bonne occasion de se taire. Encore a-t-il eu de la chance que Calvi ne se montre pas trop cruel. Car l’ensemble de son discours
était marqué du sceau de l’incohérence. On peut ainsi se demander si Russes mènent réellement une « politique de terreur » visant les populations civiles, alors que le bilan de ces
frappes, intégrant rappelons-le plus de 80 missiles, est de moins de dix morts suivant le dernier bilan… Mais sans doute est-il inconvenant de se livrer çà ce type de froide arithmétique.
Tout comme il est sans doute incongru de ne pas partager l’énième vague d’inquiétude autour de la centrale de Zaporojie.
Celle-ci, la plus puissante d’Europe est, rappelons-le, sous contrôle des forces armées russes depuis un an. Et alors que l’on s’indigne que le Kremlin l’ait
utilisé pour y installer une base militaire parce que les
Ukrainiens n’oseraient pas tirer dessus, on ne cesse par ailleurs de nous dire que les Russes la prennent pour cible, visant sciemment un de
leurs meilleurs atouts sur le terrain. Non seulement l’absurdité de l’affirmation n’échappe à personne, mais le dernier incident survenu ne comporte aucun tir sur la centrale.
Certes celle-ci a été coupée du réseau électrique ukrainien et fonctionne depuis sur générateurs, pour la cinquième ou sixième fois depuis le début des
affrontements. Mais la coupure a été occasionnée par une frappe survenue sur le réseau électrique ukrainien, détruisant des infrastructures, celles de Zaporojie n’ont aucunement été visées.
Lorsque TF1 titre que l’Agence Internationale de l’Energie Atomique juge que l’on « joue
avec le feu » à Zaporojie après une frappe russe sur la centrale, il s’agit donc au mieux d’une approximation, au pire d’une faute professionnelle du secrétariat de rédaction
privilégiant l’alarmisme à l’exactitude pour mieux capter le lecteur…et les recettes publicitaires. L’émotion fait vendre. Les experts de plateaux l’ont parfaitement compris.
Pourquoi les Ukrainiens ont-ils décidé de résister à Bakhmout à tout prix ?
Lors d’une réunion avec les commandants de l’armée ukrainienne, le président Zelensky a décidé que Bakhmout ne serait pas abandonné, quel que soit le nombre
de pertes subies. Dire qu’il y a eu une discussion interne est juste une façon de parler, puisqu’il s’agit en fait d’un ordre qu’il a lui-même reçu de Washington.
Quelle est la teneur de cet ordre ?
Selon les estimations de Prigogine-Wagner, 12 à 20 000 soldats ukrainiens se trouvent à Bakhmout, pris dans un encerclement tactique. La seule route
permettant d’entrer et de sortir de la ville, non occupée par les Russes, est sous le feu d’un puissant groupe d’artillerie russe. Les positions d’artillerie russes ne peuvent pas être
touchées par l’artillerie ukrainienne, car elles sont hors de portée. Les brigades ukrainiennes au nord et au sud de la ville contre-attaquent par vagues pour empêcher l’avancée des
détachements d’assaut de Wagner.
Comment desserrer l’étau autour de la
garnison ukrainienne de Bahmut ?
1. Par le sud, en apportant des renforts importants pour attaquer massivement les détachements d’assaut de Wagner. En pratique, c’est impossible, car les
Ukrainiens n’ont pas de ligne de forêt pour se camoufler et se retrouvent directement sous le feu de l’artillerie russe.
2. Au nord, la situation est la même qu’au sud, mais elle est encore compliquée par l’existence de canaux d’irrigation et par les récentes inondations
causées par l’explosion d’un barrage que les Ukrainiens avaient fait sauter. Cela empêche l’utilisation de blindés.
3. Une percée à 10 km au nord de Bakhmout, le long de la route Sloviansk-Krasna Hora, suivie d’un virage vers le sud et d’un encerclement des détachements
d’assaut Wagner constituant le côté nord de l’actuel « chaudron » russe de Bakhmout. Il semble que ce soit la variante choisie.
Pour cette mission, l’armée ukrainienne disposait à l’avance, pour se réapprovisionner et se compléter, au nord et au nord-ouest de Bakhmout, d’une force
offensive (sur la carte A,B,C,D,E) d’environ 30 000 hommes. Elle est composée de 10 brigades entraînées (2 de chars, 2 d’artillerie, 2 mécanisées, 1 aéroportée, etc.). On peut maintenant
en déduire que la 20e division mécanisée de l’armée russe, déployée dans la région de Soledar-Krasna Hora, avait anticipé le mouvement ukrainien, conservé ses forces et, à cette fin,
n’avait pas initié d’action offensive en soutien à Wagner.
Pourquoi les Américains ont-ils pris
cette décision ?
Les Américains ont très bien évalué la situation. Le retrait de Bahmut aurait créé un grave problème pour l’ensemble de la défense ukrainienne dans le
Donbass et même pour la guerre. En raison de la configuration du terrain, l’armée ukrainienne n’aurait pas pu créer une ligne de défense à l’ouest de Bakhmout et les Russes auraient
avancé rapidement vers l’ouest mais aussi vers le sud.
Du sud de Bakhmout à la ville de Donetsk, les Ukrainiens ont créé une solide ligne fortifiée composée de trois segments : Toretsk, Avdiivka et Mariinka.
Après Bakhmout, les Russes avaient devant eux un réseau de routes goudronnées sur lesquelles leurs chars pouvaient rouler à grande vitesse. L’avancée des Russes était facilitée par
l’important centre de communications de Pokrovsk, qui est également le principal centre logistique des Ukrainiens. La conséquence aurait été l’encerclement du premier et probablement
aussi du deuxième segment fortifié, Toretsk et Avdiivka, s’ajoutant au repli des Ukrainiens à l’ouest de Mariinka.
Il y a deux jours à peine, je signalais que Bakhmut était en train de tomber. Les soldats ukrainiens y sont dépassés en nombre dans un rapport de 1 à 10 et meurent sous les tirs d’artillerie sans avoir
la possibilité de riposter. D’autres rapports en provenance du front sont arrivés depuis. Ils confirment mon point de vue alarmant.
L’agence de presse
allemande pro-ukrainienne Bild a rapporté ce
matin qu’il y avait des doutes au sein de la direction militaire ukrainienne :
Le président Volodymyr Zelensky et le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valerii Zaluzhnyi ont des avis divergents sur la manière dont les
militaires doivent gérer la situation à Bakhmut, selon des sources anonymes au sein de la direction politique ukrainienne citées dans un rapport de Bild.
Bild écrit que Zaluzhnyi avait
opté pour un retrait tactique de Bakhmut il y a plusieurs semaines, inquiet pour le bien-être de ses troupes.
Le gouvernement ukrainien a déclaré à Bild que rester à Bakhmut était
la bonne décision en raison des graves dommages que cela infligeait au personnel et au matériel militaires russes. Cependant, selon d’autres sources citées par la publication, la situation
risque de devenir intenable.
« La grande majorité des soldats à Bakhmut ne
comprennent pas pourquoi ils doivent tenir la ville« , a déclaré à Bild un analyste militaire ukrainien sous couvert d’anonymat.
Quelques heures seulement après la publication de cet article, le bureau de Zelensky publiait un communiqué de presse niant tout trouble de ce type (traduction automatique) :
Lundi, le président de l’Ukraine Volodymyr Zelenskyy a tenu une réunion régulière de l’état-major du commandant en chef suprême.
Les commandants des groupes de troupes opérationnelles et stratégiques ont rendu compte de la situation sur les principales lignes de front.
Les membres de l’état-major ont notamment examiné la situation à Bakhmut. En évaluant le déroulement de l’opération de défense, le Président a questionné le
Commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeriy Zaluzhnyi, et le Commandant du groupement opérationnel et stratégique de troupes « Khortytsia », Oleksandr Syrskyi, sur
les actions futures dans la direction de Bakhmut. Ils se sont prononcés en faveur de la poursuite de l’opération de défense et du renforcement de nos positions à Bakhmut.
Je ne crois pas que Zaluzhnyi et Sirskyi aient donné de tels conseils. La situation des Ukrainiens à Bakhmout (Ru : Artyomovsk) est désespérée et ils le savent
certainement. Les pertes seraient moindres si les troupes se retiraient vers la prochaine ligne de défense située sur les hauteurs à l’ouest de Bakhmut.
Pour sortir de Bakhmut ou y acheminer du ravitaillement, il faut traverser un corridor de 10 kilomètres de long et de 6 kilomètres de large seulement, entièrement
couvert par l’artillerie et les tirs terrestres russes. Les résultats des tentatives de franchissement de ce couloir peuvent être lus dans le rapport quotidien du ministère russe de la Défense :
Dans la direction de Donetsk, l’action active du groupe de forces « Yug » et l’opération d’artillerie
ont permis d’éliminer jusqu’à 225 ukrainiens, cinq véhicules de combat d’infanterie, neuf véhicules de combat blindés, cinq pick-ups, quatre véhicules à moteur, un MLRS Uragan et un obusier
D-30.
Un dépôt de munitions de la 55e brigade d’artillerie des forces armées ukrainiennes (FAU) et un radar de guerre anti-batterie AN/TPQ-37 de fabrication
américaine ont été détruits respectivement près de Dachnoye et de Chasov Yar (République populaire de Donetsk).
La perte de 23 véhicules de transport en une journée, plus les personnes qui s’y trouvaient, est assez grave. Il a cessé de geler à Bakhmut et les champs sont
maintenant trop boueux pour qu’on puisse y circuler. Voici une vidéo de quelques pickups qui ont essayé et ont été endommagés par des tirs d’artillerie. Toutes les routes de sortie sont sous le feu direct des Russes. La meilleure
façon d’entrer ou de sortir est donc probablement une longue marche à travers les champs boueux.
La carte ci-dessus date de deux jours. Elle indique la présence de 9 équivalents-brigade ukrainiennes dans la zone. Je ne sais pas si les informations sur les
positions de ces unités sont fiables. La carte générale de la même source montre un total de 13 équivalents-brigades dans la même zone.
Une brigade complète compte environ 3 000 à 3 500 hommes. Il y a donc probablement 30 000 à 40 000 soldats ukrainiens impliqués. Cependant, toutes ces brigades ont
subi des pertes. Certaines ont même subi des pertes extrêmes et ne sont plus qu’à 30% de leur taille initiale.
Dans le résumé de samedi, les auteurs de Military Land parlent de Bakhmut :
Un pont routier a explosé dans la colonie de Khromove, à l’ouest de Bakhmut. La seule route restante de/vers Bakhmut est à travers les champs et Ivanivske.
(source)
Compte tenu de la situation dans la région de Bakhmut et des rapports sur le terrain, on peut supposer que les forces russes ont capturé le reste de la
périphérie nord et la zone située au nord de l’usine de viande de Tavr.
La situation à Zabakhmutka (partie est de Bakhmut) est actuellement couverte par le brouillard de guerre. Il est possible que les défenseurs ukrainiens se
soient retirés de la zone.
Voici une autre carte basée sur des sources russes.
L’assaut incessant de la Russie sur Bakhmut sacrifie des vagues et des vagues d’hommes non préparés qui sont envoyés à la mort.
Mais de nombreux défenseurs de cette ville assiégée de l’Oblast de Donetsk ont le sentiment d’être dans la même situation, selon des entretiens avec plus d’une
douzaine de soldats combattant actuellement à Bakhmut ou dans ses environs.
Lors de leurs brèves visites dans la ville voisine de Kostiantynivka, les fantassins ukrainiens ont raconté au Kyiv
Independent que des bataillons mal
préparés et mal entraînés étaient jetés dans le broyeur à viande qu’est la ligne de front pour survivre du mieux qu’ils pouvaient avec peu de soutien de la part des véhicules blindés, des
mortiers, de l’artillerie, des drones et des informations tactiques.
« Nous ne recevons aucun soutien« ,
déclare un soldat nommé Serhiy, qui a combattu sur les lignes de front à Bakhmut, assis avec son ami, également nommé Serhiy, pour une conversation dans un petit café du marché de
Kostiantynivka. Les deux hommes ont la quarantaine, mais l’un d’eux est un peu plus âgé que l’autre.
Les soldats manquent à peu près de tout ce qui pourrait soutenir leur défense :
Ils disent que l’artillerie, les véhicules de combat d’infanterie et les véhicules blindés de transport de troupes russes frappent les positions ukrainiennes
pendant des heures ou des jours sans être arrêtés par les armes lourdes ukrainiennes. Certains se sont plaints d’une mauvaise coordination et d’une mauvaise connaissance de la situation, ce
qui a permis que cela se produise ou l’a aggravé.
Les artilleurs ont parlé de l’extrême rareté des munitions et de la nécessité d’utiliser des armes datant de la Seconde Guerre mondiale. Les drones qui sont
censés fournir des informations de reconnaissance essentielles sont également rares et disparaissent à un rythme très élevé dans certaines parties du champ de bataille.
Tout cela conduit à
des pertes terrifiantes de morts et de blessés. « Le bataillon est arrivé à la mi-décembre…
entre les différents pelotons, nous étions 500« , raconte Borys, un médecin de combat de l’oblast d’Odessa qui combat autour de Bakhmut. « Il y a un mois, nous n’étions littéralement
plus que 150« .
« Quand vous allez sur la position, il n’y a
même pas une chance sur deux que vous en sortiez (vivant)« , dit Serhiy, plus âgé. « C’est plutôt 30/70.«
Les soldats décrivent l’opération russe comme une sortie de reconnaissance suivie de tirs d’artillerie. Cette opération est répétée encore et encore jusqu’à ce
qu’elle ait atteint le résultat souhaité. L’application très raisonnable de cette tactique est la raison pour laquelle je ne tiens pas compte des affirmations de « vagues ou de chair à canon russe déferlant en avant » ou de
« pertes russes élevées« . Ce sont
manifestement des absurdités :
Le vieux Serhiy dit que l’ennemi aime envoyer une équipe de trois ou quatre fantassins non indispensables pour attaquer et obliger les Ukrainiens à s’exposer en
leur tirant dessus. À ce moment-là, les forces d’élite se concentrent sur la position des défenseurs.
Une fois qu’elles commencent à échanger des coups de feu, les Ukrainiens sont frappés par des armes plus lourdes comme les mortiers et les roquettes russes des
systèmes de lance-roquettes multiples Grad ou les véhicules de combat d’infanterie BMP et les véhicules blindés de transport de troupes BTR équipés de mitrailleuses.
« Ils repèrent les positions où nous sommes,
établissent les coordonnées, puis ils nous frappent à sept ou neuf kilomètres de distance avec des mortiers« , ainsi que de plus près avec des lance-grenades, explique Serhiy,
plus âgé. « Ils attendent
que la maison tombe pour que nous devions sauter. Le bâtiment prend feu et ensuite ils essaient de nous achever. »
« Leurs oiseaux sortent et ils nous
poursuivent à coup de tirs« , ajoute le
plus jeune Serhiy, faisant référence aux drones russes, comme les quadcoptères et les Orlan-10 à aile fixe qui repèrent les armes lourdes éloignées. « Ils frappent avec
précision« .
Alors que les Russes détruisent de plus en plus de bâtiments, les Ukrainiens perdent de plus en plus d’endroits où ils peuvent s’abriter de manière fiable.
Borys, le médecin, raconte que des personnes ont été perdues lorsque leurs positions retranchées se sont effondrées sous le feu nourri des Russes, les étouffant.
« Je vais le dire comme ça, nous devrions faire
sortir nos gens parce que si nous ne décollons pas, alors dans les prochaines semaines, ça va être mauvais« , dit Oleksandr. Un artilleur nommé Illia convient que Bakhmut est
« pratiquement
encerclé« .
Par manque de munitions, il n’y a pas de contre-artillerie ukrainienne. Les véhicules de combat d’infanterie sont retenus loin du front. Les brigades territoriales,
peu entraînées, sont envoyées la nuit pour être tuées le lendemain matin :
De nombreux soldats affirment que les troupes de Bakhmut ont à peine le temps d’apprendre à tirer au fusil – parfois leur formation ne dure que deux semaines,
avant qu’elles ne soient lâchées dans les zones les plus chaudes de la bataille actuelle la plus intense de la guerre. Ils auraient préféré que les troupes reçoivent un minimum de deux ou
trois mois d’entraînement avant d’être déployées dans un tel point chaud.
« Deux semaines d’entraînement en direct et on
les envoie ici. On ne peut pas faire ça« , dit le plus âgé des Serhiy. « Ou alors c’est une personne qui a déjà servi
dans l’armée, il y a combien de temps ? Manifestement, ils ont tout oublié. »
« On nous avait promis qu’on ne nous enverrait
pas tout de suite à la ligne zéro, qu’au début on nous enverrait en deuxième ou troisième ligne« , poursuit-il. « Et puis nous sommes arrivés ici au milieu de
la nuit et ils nous ont immédiatement envoyés à Bakhmut« .
…
Selon les deux soldats nommés Serhiy, la plupart des brigades ne sont pas suffisamment entraînées et manquent d’expérience pour un environnement aussi brutal
que Bakhmut. Les gens sont amenés de nuit dans un endroit qu’ils n’ont jamais vu auparavant et la bataille commence dès le matin.
« C’est pourquoi les positions sont
abandonnées, les gens sont là pour la première fois« , dit le plus jeune Serhiy. « Je suis allé trois fois sur une position et
on m’a donné six personnes qui n’avaient pas du tout combattu auparavant. Nous avons eu quelques morts et blessés qui ont dû être évacués… Notre peuple n’est pas protégé. »
Oleksandr confirme que si certains bataillons combattant à Bakhmut sont bien entraînés et prêts, la plupart ne le sont pas et beaucoup ont été amenés de nuit
sans grande préparation. « Oui, c’est vrai, mon bataillon n’était pas
préparé« , dit-il. Après cinq mois sans la moindre pause dans les combats, il ne reste plus que la moitié du bataillon d’Oleksandr, dit-il.
« Ils n’auraient pas dû se précipiter pour
jeter tout le monde là-dedans« , dit le plus jeune Serhiy. « Il vaut mieux abandonner ces positions, qui
s’en soucie ? Il vaut mieux former correctement les gens. »
Le journaliste de Kyiv
Independent n’a pas demandé, ou n’a pas rapporté, quelle est l’opinion des soldats sur les discours d’encouragement et les slogans irréductibles de Zelensky.
Je ne pense pas qu’ils le remercieront pour les expériences qu’ils ont acquises. Ils s’en serviront plutôt pour expliquer leur dégoût à son égard.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Repli ukrainien de Bakhmut au 5 mars 2023 : Quelles unités ?
Selon les rapports, les unités des
forces armées ukrainiennes ayant subi les pertes les plus importantes ont reçu le feu vert pour se retirer d’Artemivsk (Bakhmut).
Selon Milchronicles,
les unités des 24e et 63e brigades mécanisées, du 21e bataillon d’infanterie motorisée et de la 3e brigade ont reçu l’ordre de rassembler les armes et les munitions restantes afin d’être
évacuées de la ville avec leur équipement léger, d’ici lundi (6 mars) et de commencer à se retirer par petits groupes de la taille d’une section à intervalles de 25 minutes.
Vraisemblablement, le matériel lourd et gravement endommagé de ces unités sera laissé sur place par crainte des frappes aériennes et de l’artillerie russes,
tandis que les groupes importants (compagnies et bataillons) ne seront pas autorisés à partir.
Selon les rapports, les unités de la 93e brigade mécanisée qui n’ont pas été en contact seront laissées dans la ville, ainsi que les unités de la 241e
brigade de défense territoriale, qui pourrait être renforcée par les unités restantes des 4e et 17e brigades blindées.
Quelques remarques et questions sur l’armée de l’air ukrainienne toujours en activité.
En préalable, il faut dire que les bilans de pertes donnés par les états-majors sont toujours majorés pour l’adversaire et minorés pour son propre camp.
C’est une règle toujours vérifiée dans les conflits militaires. Pour avoir pu mesurer concrètement les écarts lorsque j’étais aux affaires dans les crises du Kosovo ou de la Bosnie, je
peux affirmer que les occidentaux mentent bien davantage que leurs adversaires.
Ainsi par exemple, dans les bombardements du Kosovo, l’OTAN déclarait 800 matériels majeurs serbes détruits et 20 avions, la réalité (constatée aux
comptages post conflit) était de 30 matériels majeurs détruits et de zéro avion détruit.
Lorsqu’on parle de pertes, il faut toujours estimer la plausibilité des pertes annoncées et se rappeler que c’est le feu qui tue lorsqu’il est appliqué aux
forces de l’adversaire.
Aujourd’hui, la supériorité du feu est russe. Il y a consensus dans les deux camps pour admettre que la supériorité est de l’ordre d’au moins 8 pour 1 en
faveur des Russes (Artillerie, missiles de croisière, feu d’appui air-sol, feu de protection sol-air).
Parce qu’elle a la supériorité aérienne et la supériorité dans la guerre des drones (qui permettent d’affiner la précision des feux d’artillerie), il est
très plausible que les pertes humaines et matérielles soient au moins dans un rapport de 1 pour 8 en faveur des Russes. Les pertes sont proportionnelles aux FEUX.
En clair, les chiffres pour les pertes humaines devraient être autour de 150 000 tués et disparus chez les Ukrainiens pour un peu moins de 20 000 Russes.
Pour les blessés, dont une partie pourra reprendre le combat, il faut multiplier par trois.
Passons maintenant aux réponses question par question
1. Le 11 mai 2022, je passais cet article sur RI montrant que d’après le Mindef russe, 162 avions avaient été abattus.
Or, 160, c’était grosso modo la dotation estimée des avions disponibles de l’armée de l’air ukrainienne au début de la
guerre.
Gén. : Le chiffre que vous
avez donné le 11 mai dans votre article me paraît fort plausible, et en tout cas peu éloigné de la réalité. En effet, les premières frappes russes ont été appliquées sur les bases
aériennes militaires. Elle visait à s’emparer d’emblée de la supériorité aérienne. Rien de surprenant à ce qu’une partie très importante de la flotte aérienne ukrainienne ait été clouée,
voire détruite au sol en moins de trois mois.
D’autant que lorsqu’on parle d’avions détruits on ne les énumère pas par type d’aéronef (avions de chasse, bombardier, avions de transport, avions
d’entraînement.
Par ailleurs, il faut se méfier des chiffres de dotation annoncés. Ils varient énormément selon les bases de données et selon ce qu’on inclut dans ces
bases.
La réalité 2022 est la suivante : 200 avions de combat, 90 avions de transport, 30 avions de surveillance, de liaison, de renseignement et de contrôle, 77
avions de formation des pilotes. Soit 400 avions au total avec une disponibilité technique opérationnelle (DTO)de 50%. Soit 200 avions disponibles à un instant T (dont 100 avions de
combat seulement).
On peut y rajouter les 40 rafales de la Marine Nationale, soit 20 disponibles à un instant T avec une DTO de 50%.
2. Comment se fait-il que ce même Mindef russe, annonce aujourd’hui un compteur cumulé de 382 avions détruits – plus du
double de la dotation initiale ?
Gén. : Ce chiffre me paraît
plausible. En effet, tous les ex-pays de l’Est (Bulgarie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Roumanie, Pays Baltes ont cédé très vite et discrètement leurs vieux appareils
soviétiques à l’Ukraine pour les remplacer par des appareils US neufs.
La totalité des appareils cédés à l’Ukraine représente plus que la dotation initiale de l’Ukraine. Cette nouvelle armée de l’Air Ukrainienne s’est faite
détruire entre mai 2022 et Février 2023, d’où le chiffre de 382.
On ne voit d’ailleurs quasiment plus d’avions militaires ukrainiens dans le ciel de l’Ukraine.
3. Rappel, l’Ukraine ne produit pas d’avion, un appareil écrasé ne peut pas être réparé, il n’y a eu aucune livraison
d’avions occidentaux jusqu’ici.
Gén. : C’est faux ! S’il n’y
a pas eu de livraison d’avions de conception occidentale moderne, il y a eu transfert discret des matériels de type soviétique ancien en provenance des ex-pays de l’Est déjà cité. C’est
vrai des avions et c’est vrai pour les blindés. Un coup de peinture et l’avion ou le char polonais ou tchèque devient ukrainien.
4. Il peut y avoir eu récupération d’avions soviétiques dans l’ancien pacte de Varsovie ou dans des pays d’Afrique,
d’Amérique du Sud ou en Asie, mais, à part la Pologne, je n’ai pas entendu parler de tels transferts, par exemple, ni l’Algérie, la Syrie ou le Venezuela, pro-russes, n’accepteraient un
tel transfert.
Gén. : C’est exactement ce
qui s’est passé discrètement avec la Roumanie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, les pays Baltes. Bien évidemment, ces pays l’ont fait sur pression des USA,
mais ne s’en sont pas vantés par crainte de représailles russes. Ce n’est pas parce qu’on n’en a pas entendu parler que ça ne s’est pas produit…
5. Ceci pose clairement la question de la crédibilité des chiffres du Mindef, le cumul des pertes annoncées est maintenant
au niveau de ce qui est en dotation dans tout l’OTAN, USA compris : 1000 LRM, 8000 chars, 4000 canons et mortiers pour prendre les exemples les plus frappants.
Gén. : Ces chiffres ne me
choquent pas outre mesure, sans doute sont-ils exagérés, mais sans plus. « Au total, 382 avions
de guerre ukrainiens, 206 hélicoptères, 3021 drones, 403 systèmes de missiles sol-air, 7737 chars et autres véhicules de combat blindés, 1007 lance-roquettes multiples, 3996 canons
d’artillerie de campagne et mortiers et 8 262 véhicules militaires spéciaux à moteur ont été retirés depuis le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine ». Il ne
faut pas faire dire à ces chiffres ce qu’ils ne disent pas. À aucun moment on ne parle de 8000 Chars. On parle de 7737 Chars et véhicules
blindés (qui peuvent être à chenille ou à roue, évidemment. En clair, tous les véhicules de transport de troupes, blindés (de type VTT, VAB, auto-mitrailleuses).
Il ne faut surtout pas prendre le MINDEF Russe pour un imbécile. Il ne publierait pas des chiffres stupides qui seraient immédiatement contestés par
l’Occident.
Le Mindef Russe sait qu’il est ou sera opposé à l’ensemble des matériels anciens du pacte de Varsovie stocké depuis des années dans les pays ex-membres,
passés à l’OTAN et qui viennent renforcer discrètement l’Armée ukrainienne.
6. Ces pertes annoncées ne se traduisent jamais par des avancées significatives sur le terrain, ce qui n’arrange pas leur
crédibilité.
Gén. : La Russie prend son
temps pour hacher menu les forces armées ukrainiennes et détruire, jour après jour, les matériels et mercenaires envoyés par l’Occident à dose homéopathique. S’agissant de crédibilité,
seul le résultat final fera foi. Lorsque Napoléon ou Von Paulus sont entrés en Russie, la croyance en une victoire Russe n’était pas très élevée et pourtant …
Le temps joue aujourd’hui en faveur de la Russie dans le volet économique du bras de fer mondial, si l’on en croit les données du FMI du 31 janvier 2023 et
un rapport de la Rand Corporation qui met en garde les USA contre une guerre longue qui porterait sérieusement atteinte à l’économie US.
Si l’on observe les réactions mondiales, hors pays de l’OTAN, la crédibilité de la Russie a toujours le vent en poupe. L’Afrique nous chasse désormais pour
se donner à la Russie. Le monde émergeant refuse de nous suivre malgré les pressions et les menaces. Aujourd’hui, c’est la crédibilité de l’OTAN qui semble mise à mal.
7. Pour en revenir à l’armée de l’air ukrainienne, autre mystère, quel est l’intérêt pour elle de faire voler les
appareils dont elle dispose ? Je pense qu’ils sont systématiquement abattus par l’aviation russe, Su57 et Su35 qui patrouillent avec des missiles air – air qui touchent à 300 km, de plus,
le système défensif antiaérien des Russes est impressionnant, à la fois en qualité, en quantité, et pas son organisation en couches.
Gén. : La stratégie et la
tactique ukrainiennes ont des aspects suicidaires difficiles à comprendre et donc à expliquer même pour un spécialiste.
8. D’autant que pour leur part, les Russes ont l’air de craindre le reliquat de défense aérienne des Ukrainiens, leur
aviation d’attaque au sol ne se montre pas beaucoup, de temps à autre, on a droit à une vidéo avec deux malheureux SU25 qui lâchent trois flèches et qui décrochent dans un nuage de
leurres thermiques, ce n’est vraiment pas impressionnant. Idem pour les hélicoptères Ka 52, travaillant en mixte avec les Mi28 (ce dernier portant le radar de détection et de désignation,
semble-t-il) ; les Ka52 sont même tellement prudents, qu’ils cabrent leur appareil à 40° pour augmenter la portée de leurs roquettes et éviter de rentrer dans la zone de
défense.
Gén. : Les Russes
semblent vraiment travailler à l’économie selon le vieux principe : L’Artillerie conquiert, l’Infanterie occupe. Ils veulent minimiser leurs pertes et maximiser celle de l’adversaire. Ils
feront probablement une offensive plus spectaculaire dans les jours qui viennent pour rassurer leur population, mais ils s’arrêteront probablement de nouveau pour ne pas conclure cette
année. Ils laisseront l’Occident s’affaiblir en s’empêtrant dans les sanctions boomerang.
Lorsqu’ils voudront terminer l’affaire, ils le feront en mobilisant les personnels et les matériels nécessaires. Ils ont encore d’immenses réserves
qui n’ont pas été engagées.
Entretien par mail du 5 février 2023
Francis Goumain
Les pertes de l’Ukraine et de la Russie selon le Mossad
Alors que la première
année de la guerre Russie-Ukraine approche, les pertes de guerre prétendument annoncées par les services de renseignement israéliens révèlent les terribles dimensions de la
guerre.
Selon la revendication, les données de terrain du 14 janvier 2023 basées sur les renseignements israéliens sont énumérées comme suit :
Russie
418 000 soldats (plus 3 500 000 réservistes) et un nombre croissant de mercenaires Wagner.
Ukraine
734 000 soldats (plus 100 000 réservistes) et des officiers, soldats et mercenaires de l’OTAN sur le terrain
Russie
Ukraine
Ratio
Avions
23
302
13
Hélicoptères
56
212
4
Drones
200
2 750
14
Chars et véhicules blindés
889
6 320
7
Howitzer (systèmes d’artillerie)
427
7 360
17
Systèmes de défense aérienne
12
497
41
Morts
18 480
157 000
8,5
Blessés
44 500
234 000
5,25
Captifs
323
17 230
53
Morts – Instructeurs militaires de l’OTAN (États-Unis et Royaume-Uni)
234
Morts – soldats de l’OTAN (Allemagne, Pologne, Lituanie, …)
2 458
Mercenaires Occidentaux
5 360
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
Notes du Saker Francophone
Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes mais semblent vraisemblables. A noter que les russes avaient communiqués sur des pertes russes de 5 à 6000 en août
mais cela ne comptait sans doute pas celles de la LNR/DNR ou de Wagner. Depuis les 2 entités ont fusionné.
C’est une boucherie
entre slaves, si on met de côté le personnel OTAN et les mercenaires non slaves, pilotée de l’extérieur notamment de Washington.
Le nombre de morts et de
blessés ukrainiens est sans doutes très sous-estimés car ils laissent les morts sur place et ce sont même les russes qui s’occupent de les enterrer et les blessés ne sont sans doute pas tous
comptabilisés pour ne pas effrayer la population.
Idem pour les
mercenaires occidentaux, beaucoup sont sans doute « oubliés » et non réclamés.
Le ratio morts est
supérieur au ratio blessés sans doute car la logistique médicale est bien meilleure côté russe, notamment les poches de sang.
Il est fort probable que
sur les pertes de blindés et systèmes d’armement, les russes récupèrent de nombreux matériels y compris ukrainiens pour les retaper car leurs usines sont protégées des
bombardements.
Et toutes les pertes ne
se valent pas. Quid des soldats d’actives bien formés par rapport à des réservistes ou des appelés ?
Evolution de la situation militaire dans le Donbass pour les prochains jours
Des sources ukrainiennes ont présenté une carte de la situation militaire future la plus probable. La logique du déploiement de grandes unités ukrainiennes
à partir du front de Bahmut indique qu’il n’y aura pas de retrait désorganisé. Sur la carte, les Ukrainiens ont établi un plan pour défendre le Donbass selon deux autres axes.
Ce que l’on prévoyait, et j’en ai parlé, c’est que les Ukrainiens s’attendent à ce que les Russes réorientent l’attaque principale de Bahmut vers Soledar.
Ainsi, à Bahmut, la résistance ukrainienne s’est affaiblie. On comprend maintenant l’importance de la conquête de la tête de pont de Soledar par Wagner. À l’ouest de Soledar, les
Ukrainiens ont été contraints de déplacer 13 brigades, dont 2 brigades d’artillerie et 2 brigades de chars, et seulement 2 brigades de réservistes territoriaux, soit un total de 30 000
hommes. Fondamentalement, ce sont les troupes les plus expérimentées au combat et les plus lourdement armées qui ont été redéployées.
Afin d’éviter de tomber dans l’encerclement russe, les 4 brigades ukrainiennes avec 8 000 hommes autour de Siversk devront se déplacer vers l’ouest jusqu’à
Sloviansk. L’armée ukrainienne crée ainsi une première ligne de défense, délimitée par les localités de Kriva Luka-Nikiforievka-Chasiv
Yar. Au nord de Siversk, les offensives ukrainiennes sur Kreminna se sont soldées par des échecs. Maintenant, les Russes ont pris l’initiative et avancent vers Liman. 5 grandes
unités ukrainiennes et 2 bataillons indépendants, avec 12 000 soldats qui assiégeaient Kreminna, sont maintenant bloqués sur la rive nord de la rivière Severodonetsk. S’ils ne sont pas
retirés d’urgence à Sloviansk, ils seront encerclés par les Russes.
Contrairement à la région de Bahmut, fortifiée depuis 8 ans, la nouvelle ligne de défense ukrainienne Kriva Luka-Nikiforievka-Chasiv Yar est en terrain
ouvert, sans hauteurs dominantes permettant d’observer l’ennemi. De ce fait, les Ukrainiens préparent actuellement une 2e ligne de défense Starii
Karavan-Sloviansk-Kramatorsk. Les Ukrainiens espèrent maintenir cette ligne de défense jusqu’en avril, date à laquelle ils commenceront à recevoir l’afflux massif de chars,
d’obusiers et de matériel de combat d’infanterie promis par l’Occident.
Le journal
suisse Neue Zürcher Zeitung a publié
aujourd’hui un article (en allemand) qui affirme que le patron de la CIA, William Burns, a offert 20 % de l’Ukraine à la Russie en échange de la paix en Ukraine.
La NZZ a rapporté jeudi, citant des
politiciens allemands de haut rang, qu’à la mi-janvier, Burns a présenté à Kiev et à Moscou un plan de paix qui mettrait fin à cette guerre qui a commencé lorsque Poutine a envahi l’Ukraine
le 24 février 2022.
Selon le journal, la
proposition offrait « environ 20 % du territoire de
l’Ukraine« , soit à peu près la taille de la région orientale du Donbass.
Le porte-parole du Kremlin, Dimitry Peskov, la Maison-Blanche et la CIA ont nié cette histoire :
Un responsable de la CIA a déclaré à Newsweek que les affirmations du
rapport de la NZZ selon lesquelles Burns aurait
effectué un voyage secret à Moscou en janvier et qu’une proposition de paix aurait été présentée par le directeur au nom de la Maison Blanche étaient « complètement fausses« .
Le mois dernier, Burns a fait un voyage secret à Kiev pour rencontrer et informer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon le Washington Post.
Le Neue
Züricher affirme qu’aussi bien Kiev que Moscou ont rejeté le plan américain.
Le fait que tout le monde nie que cela se soit produit signifie que les affirmations du Züricher sont probablement vraies.
Nous savons que des discussions entre Washington et Kiev sont en cours.
Le 30 janvier, le secrétaire d’État Anthony Blinken était en Égypte et a rencontré son ministre des Affaires étrangères Sameh Shoukry. Le lendemain, Shourky
s’envolait pour la Russie et rencontrait son ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov. Les médias égyptiens ont rapporté que Shoukry était porteur d’une lettre de Blinken :
Le média d’État égyptien Al-Ahram a rapporté que Shoukry a
remis à Lavrov un message de Blinken. Le message semble faire référence à un appel à l’arrêt de l’offensive russe en Ukraine.
« La Russie devrait arrêter ces actions afin
que les négociations aboutissent« , tel était le message, selon Al-Ahram.
…
Un porte-parole du département d’État a déclaré à Al-Monitor que M. Blinken avait
un message cohérent disant que la Russie devrait arrêter la guerre en Ukraine et retirer ses forces du pays pour le bien de la paix. Le message qu’il a transmis à Shoukry n’en diffère pas,
selon le porte-parole.
Lavrov a qualifié la proposition d' »incomplète« . Lavrov a également
salué l’approche « équilibrée » de l’Égypte
concernant la guerre en Ukraine. Lavrov a en outre déclaré que la Russie continuerait à s’engager avec l’Égypte sur la question de l’Ukraine, a rapporté Al-Ahram, citant la conférence de
presse.
« Nous resterons en contact. Et je suis
convaincu que cela sera dans l’intérêt de l’amitié entre les deux pays« , a déclaré M. Lavrov.
En résumé : La Russie a accepté le rôle d’intermédiaire de Shourkry dans les négociations mais souhaite une meilleure offre de la part de Washington.
Nous verrons ce qu’il en ressortira.
Les États-Unis savent que l’armée ukrainienne n’est pas en mesure de tenir la ligne de défense actuelle à l’est du pays. Ils craignent que cette dernière ne
s’enfuie lorsque la ligne sera percée.
L’Ukraine a déjà retiré plusieurs brigades de la ligne Bakhmut/Artyomovsk pour boucher les trous dans d’autres lignes de défense (Ugledar, Kremmina). Le 17 janvier,
en utilisant la carte de déploiement de Military Land, j’avais compté 27 équivalents de brigades ukrainiennes dans cette zone. La carte ne montre plus que 18 équivalents-brigades ukrainiennes sur la ligne
Soledar-Bakhmut.
Le nombre de morts ukrainiens dans la ville doit être extrêmement élevé :
[Mykola] Bielieskov, [chargé de recherche à l’Institut national ukrainien d’études stratégiques,] Bielieskov a déclaré que l’Ukraine compense son manque
d’équipement lourd par des personnes prêtes à tenir jusqu’au bout.
« Légèrement armés, sans soutien d’artillerie
suffisant, qu’on ne peut pas toujours leur fournir, ils se tiennent debout et repoussent les attaques aussi longtemps que possible« , a-t-il déclaré.
Le résultat est que la bataille aurait entraîné d’horribles pertes de troupes tant pour l’Ukraine que pour la Russie. On ne sait pas exactement à quel point :
Aucune des deux parties ne le dit.
…
Le long de la ligne de front du côté ukrainien, des unités médicales d’urgence fournissent des soins urgents aux blessés du champ de bataille. De 50 à 170
soldats ukrainiens blessés passent chaque jour par un seul des nombreux points de stabilisation le long de la ligne de front de Donetsk, selon Tetiana Ivanchenko, qui s’est portée volontaire
dans l’est de l’Ukraine depuis qu’un conflit séparatiste soutenu par la Russie y a débuté en 2014.
Les barrages d’artillerie russes sont passés d’une moyenne d’environ 60 par jour il y a quatre semaines à plus de 90 par jour la semaine dernière. En une seule
journée, 111 sites ukrainiens ont été visés.
…
Mardi, les forces russes ont frappé 197 fois les positions ukrainiennes à Bakhmut avec de l’artillerie à courte portée, et les deux parties se sont affrontées
quelque 42 fois, a déclaré l’armée ukrainienne, soit beaucoup plus qu’il y a un mois. Les forces ukrainiennes ont repoussé les soldats russes, attaquant leurs lignes à maintes reprises, selon
l’armée.
Ce qui précède confirme les chiffres d’engagement d’artillerie donnés dans les rapports quotidiens du ministère russe de la Défense. Il confirme également que la Russie ne manque pas de munitions
d’artillerie.
Mais malgré cela, le New York Times avance à nouveau des affirmations peu
crédibles sur le nombre élevé de victimes russes :
Le nombre de soldats russes tués et blessés en Ukraine approche les 200 000, un symbole frappant de l’échec de l’invasion du président Vladimir V. Poutine,
selon des responsables américains et occidentaux.
Bien que les responsables avertissent que les pertes sont notoirement difficiles à estimer, en particulier parce que Moscou sous-estime régulièrement le nombre
de ses morts et blessés de guerre, ils affirment que le massacre des combats dans et autour de la ville de Bakhmut et de la ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine, a fait grimper un bilan
déjà lourd.
Moscou cherchant désespérément à remporter une victoire majeure sur le champ de bataille et considérant Bakhmut comme la clé pour s’emparer de toute la région
orientale du Donbass, l’armée russe a envoyé des recrues mal entraînées et d’anciens détenus sur les lignes de front, directement sur le trajet des bombardements et des mitrailleuses
ukrainiennes. Le résultat, selon les responsables américains, est que des centaines de soldats sont tués ou blessés chaque jour.
…
Les chiffres des pertes de l’Ukraine sont également difficiles à établir, étant donné la réticence de Kiev à divulguer ses propres pertes en temps de guerre.
Mais à Bakhmut, des centaines de troupes ukrainiennes sont également blessées et tuées, tous les jours, selon des responsables. Les formations d’infanterie mieux entraînées sont gardées en
réserve pour les protéger, tandis que les troupes moins préparées, comme celles des unités de défense territoriale, sont maintenues en première ligne et supportent le poids des
bombardements.
…
Le 22 janvier, à la télévision norvégienne, le général Eirik Kristoffersen, chef de la défense norvégienne, a déclaré que, selon les estimations, la Russie
avait subi 180 000 morts et blessés, tandis que l’Ukraine comptait 100 000 morts ou blessés au combat, ainsi que 30 000 morts civils.
Je trouve ces allégations de pertes russes élevées risibles, car nous savons que l’artillerie russe tire plusieurs fois plus d’obus par jour que l’armée ukrainienne
ne peut en fournir. L’artillerie est le grand tueur dans cette guerre.
Des « experts » amateurs affirment souvent que le défenseur a
l’avantage dans la guerre urbaine et qu’il a moins de pertes que l’attaquant. Ces deux affirmations sont tout simplement fausses :
L’idée que le terrain urbain favorise le défenseur, une affirmation courante chez les exceptionnalistes urbains d’aujourd’hui, est incorrecte. Dans les années 1980, la Defence Evaluation and Research Agency (DERA) du
Royaume-Uni a montré que le terrain urbain n’est pas le paradis des défenseurs. Le contraire est plutôt vrai. Les attaquants gagnent presque toujours et, dans presque tous les cas pour
lesquels des données détaillées sont disponibles, les défenseurs subissent des pertes élevées.
Notamment, le facteur décisif dans les opérations urbaines est un bon entraînement et des feux d’appui de véhicules blindés. En comparant l’analyse historique
avec les essais de la Brigade de Berlin, d’autres recherches ont confirmé que les opérations urbaines se terminaient généralement, mais pas toujours, mal pour le défenseur, pour des raisons
très faciles à comprendre. Les défenses urbaines habiles sont rares et nécessitent des contre-attaques planifiées à l’avance et soutenues par des blindés. Les travaux de Christopher Lawrence, qui a confirmé les conclusions de la DERA, ont apporté d’autres preuves.
…
Même une analyse superficielle des données communément disponibles tend à confirmer ce qui précède. Par exemple, la bataille de Marawi a donné lieu à 150 jours
de combats au cours desquels les défenseurs ont subi des pertes catastrophiques, avec un taux de pertes en vies humaines de 6,52 par jour, contre 1,12 pour l’attaquant. Fallujah 2004 a été
combattu pendant 50 jours et a vu l’attaquant américain subir 112 KIA à un taux de 2,24 par jour tandis que le défenseur a subi un taux de perte estimé à 40 KIA par jour. L’opération Bordure
protectrice en 2014 a connu 49 jours de combat, et les FDI ont perdu 67 KIA, donc un taux de pertes supérieur à celui de Marawi à 1,3 KIA par jour, mais seulement très marginalement.
La lutte pour Bakhmut est beaucoup plus intense que les batailles mentionnées ci-dessus.
Les forces russes attaquent des conglomérats urbains tout en ayant une supériorité absolue en matière d’artillerie et beaucoup de munitions et de blindages. L’armée
ukrainienne défend les villes principalement avec des brigades territoriales pédestres, peu entraînées, tout en gardant ses unités régulières mieux entraînées et équipées en renfort. Il y a
également un manque cruel de soutien blindé du côté ukrainien.
Mais l’histoire et la science militaires nous apprennent que le défenseur subit généralement plusieurs fois plus de pertes que l’attaquant. Nous savons également
qu’un bon entraînement et un soutien blindé sont essentiels pour la défense. Les forces ukrainiennes à Bakhmut n’ont ni l’un ni l’autre.
Il y a dix jours, le très bien informé colonel (retraité) Doug Macgregor a chiffré (vidéo) le nombre de morts du côté ukrainien à 122 000, plus 35 000 manquant au combat (présumés morts). Le nombre de Russes morts (y compris les forces Wagner et la milice du
Donbass) est de 16 000 à 25 000, avec 20 à 40 000 blessés supplémentaires. Les chiffres ont depuis augmenté, les Ukrainiens étant plusieurs fois plus nombreux que les Russes.
Malgré cela, nous devrions croire que la Russie perd beaucoup plus d’hommes que l’Ukraine ? Pourquoi être aussi stupide ?
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
L’héroïsme des soldats ukrainiens, tant vanté sur les plateaux télé, et la réalité sur le terrain
Sur les plateaux de télévision, les généraux ne cessent de louer l’héroïsme des militaires ukrainiens. Selon eux, ils se battent bien mieux que les Russes.
Est-ce vraiment le cas ? Ils ne connaissent manifestement pas la géographie militaire.
Carte 1.
ugledar ouest
Nous prenons d’abord la ville d’Ugledar assaillie depuis une semaine par les Russes. Nous voyons qu’à l’ouest d’Ugledar, il y a une route où le flanc de la
ville peut être enveloppé. Mais la route et le champ ouvert devant les positions russes sont contrôlés par des batteries d’artillerie et des unités mécanisées ukrainiennes placées depuis
les collines d’une altitude de 221m et 238m (carte 1). Aucun enveloppement à travers l’est de l’Ugledar ne peut être réalisé, grâce à 5 collines de plus de 200 m de hauteur, où les
Ukrainiens ont commandé le même type d’unités militaires (carte 2).
Carte 2.
ugledar est
Nous passons au nord d’Ugledar et trouvons la ville d’Adiivka, longtemps assiégée par les Russes. Au nord d’Ugledar, nous trouvons la ville d’Adiivka,
longtemps assiégée par les Russes. La ville est surplombée par 3 collines hautes de 243m, 232m et 244m, et sur lesquelles sont déployés des pièces d’artillerie et des blindés avec des
armes d’infanterie lourde. En outre, des fortifications difficiles à percer par l’armée russe ont été aménagées au cours des 8 dernières années (carte 3).
« Des unités de Wagner
ont découvert des corps avec les têtes et les mains coupées », à Bakhmout (Artemovsk/Artiomovsk), a annoncé le fondateur de la PMC, Evgueni Prigojine. « On a tenté de cacher
leur identité dans l’urgence », explique-t-il.
« Mais des téléphones
et d’autres informations ont été trouvés indiquant que ces corps sont ceux de mercenaires que l’ennemi n’a pas pu retirer à temps du chaudron », a ajouté Prigojine.
Après la prise de Soledar, les forces spéciales tchétchènes Akhmat et le 2e corps d’armée de la milice populaire de Lougansk, ont déclaré la semaine
dernière que l’armée russe terminait l’encerclement opérationnel de Bakhmout.
Les forces ukrainiennes à court de
munitions
Selon RT, des unités
de l’armée ukrainienne dans la région d’Artiomovsk sont contraintes de limiter l’utilisation des canons automoteurs lourds Pion en raison d’un manque de munitions explosives de
calibre 203 mm. La pénurie la plus grave d’obus de gros calibre se fait sentir dans la 43e brigade d’artillerie des forces armées ukrainiennes. Après la perte de Soledar, cette formation
a été affectée à la zone de Novomarkovo.
L’économie de munitions pour les obusiers lourds des forces armées ukrainiennes a commencé après la destruction d’un dépôt de munitions dans la région de
Tchassov Yar en novembre 2022. Il a été détruit par le système de lance-roquettes multiples Smerch, que l’armée ukrainienne n’a pas encore été en mesure de reconstituer.
En raison de la pénurie de munitions hautement explosives de 203 mm, les forces armées ukrainiennes sont obligées de tirer avec les canons Pion des obus
perforants 53-G-620Sh.
Les obus de ce type sont très efficaces contre les cibles enterrées et protégées, mais sont pratiquement inutiles contre l’infanterie et pour le combat de
contre-batterie. Au contact de la surface, un tel projectile n’explose pas immédiatement, mais pénètre profondément dans le sol, sans causer de dommages aux troupes « au
sol ».
De plus, ces munitions, produites pour l’armée soviétique il y a plus de 60 ans, arrivent au front dans un état proche de la date de péremption et ne
peuvent être utilisées en toute sécurité. En raison d’un mauvais stockage et de la violation des règles de transport, des obus perforants ont explosé plusieurs fois directement sur les
positions de la 43e.
Des mitrailleuses
MG-42
Lors de l’assaut lancé par Wagner contre la localité de Klecheïevka, située au sud-ouest de la ville de Bakhmout (Artiomovsk), des membres de Wagner ont
retrouvé de nombreuses munitions et armes de fabrication étrangère sur des positions abandonnées par des nationalistes ukrainiens. Ils ont notamment constaté que de plus en plus souvent,
les forces ukrainiennes utilisent des mitrailleuses MG-42 au lieu de celles de fabrication russe ou soviétique qui avaient été largement utilisées par l’infanterie de la Wehrmacht pendant
la deuxième moitié de la Seconde Guerre mondiale.
Le succès obtenu par l’armée russe sur le front nord du Donbass à Bakhmut a forcé l’armée ukrainienne à amener des forces d’autres fronts dans cette région.
Profitant de la situation difficile des Ukrainiens, les Russes sont passés à des actions offensives plus petites, sur 5 directions tactiques depuis le front au sud du Donbass, afin de
consolider leurs positions. Toutes ces directions visent à perturber les voies de communication que détient l’armée ukrainienne (Carte 1).
carte
1. Donbas
sud
Avdiivka est une ville située dans la banlieue nord-ouest de Donetsk. Les Russes ont tenté en vain de la conquérir par des attaques frontales. Hier, les
Russes ont réussi à attaquer au sud d’Avdiivka et à occuper le village de Pervomaske. De là, ils se dirigeront vers le nord en prenant d’assaut les fortifications de Semenivka, pour
encercler la ville d’Avdiivka (carte 2).
carte 2. sud
Adiivka
Une autre ville bien fortifiée des Ukrainiens est Krasnohorivka, située au sud d’Avdiivka. Le développement de l’offensive russe à Avdiivka permettra
d’envelopper le flanc de la défense ukrainienne à Krasnohorivka par le nord. Dans le même temps, l’armée russe a la voie libre vers l’ouest, vers la ville de Kurakhiva (carte 3).
carte 3.
Kurakhivka
Mariinka, au sud de Krasnohorivka, est sur le point d’être entièrement occupée par les Russes. La ville est importante en raison de l’autoroute H15 par
laquelle les défenseurs ukrainiens sont approvisionnés. L’assaut ultérieur des fortifications au nord de Mariinka conduira à l’encerclement de Krasnohorivka (carte 4).
Carte 4.
Mariinka1
Au sud de Mariinka, les Russes ont atteint la ligne du village de Pobeda, où les Ukrainiens tiennent un point d’appui fortifié. Un éventuel assaut sur ce
point d’appui, coordonné avec la rupture des défenses ukrainiennes à Novomykhailovka sous l’action des troupes russes, couperait une autre route d’approvisionnement, la route
Novomykhailivka -Katerinivka (carte 5).
Carte 5.
pobeda-Nova Mihailovka
L’action offensive la plus intéressante des Russes est menée à Ugledar. Les troupes russes ont avancé dans un quartier résidentiel du sud de la ville, où
elles ont rencontré une forte résistance de l’armée ukrainienne. Par conséquent, les Russes ont fixé les principales forces ukrainiennes au sud et ont ouvert 2 autres directions
d’attaque, à l’ouest et à l’est de la ville, pour l’encercler (carte 6). Une route périphérique vers Katerinivka, Novomikhaïlovski et Mariinka part d’Ugledar, à l’aide de laquelle le
commandement ukrainien transfère des troupes vers la direction critique.
On peut rire. L’Allemagne va fournir des chars léopard à l’Ukraine. En fait, le léopard, c’est
d’un chaton qu’il faut parler…
Un nombre impressionnant : 14.
« Il
s’agit de blindés de 62 tonnes, modernisés en 2001 et dotés de canons de 120 millimètres à haute vélocité et long rayon de tir ». Là, j’ai tellement rigolé que j’en ai
failli me pisser dessus. « Modernisé il y a 22 ans », autant dire, ça remonte à la préhistoire des chars… Des chars dont la conception remonte à 1979, et chars, qui, comme tous
les oxydentaux, n’ont pas de chargeurs automatiques, comme les Russes… Donc, un homme de plus dans l’habitacle.
En plus, du 120, alors, les Ukrainiens, souvent démissionnaires et en fuite on ne sait où (les responsables, pas la chair à canon), devront composer avec ce
120, le 152 soviétique, le 155 OTAN, etc… Donc, on peut imaginer un bordel monstre pour la logistique, l’intendance et la maintenance. Déjà que les effectifs de l’arrière dépassent
largement ceux au front, cela va encore empirer… En 1939-1940, l’intendance française s’était particulièrement distinguée en donnant des obus de 105 à des pièces de 75 et de 75 au canon
de 105…
Le trublion de l’Élysée, pour ajouter au bazar ambiant, parle d’envoyer, lui, des Amx 30 leclerc. Avec, bien entendu, les mêmes problèmes de biotope
logistique et des problèmes d’embouteillages qui empirent… Et vu qu’il faut renvoyer le dit Leclerc au garage au bout d’environ 16 heures de fonctionnement, il passera beaucoup, beaucoup
plus de temps en voyage que sur le champ de bataille. Avec de pareils amis, pas besoin d’ennemis…
Pour rappeler l’histoire, fin 1942, les Allemands avaient regroupé tous les chars restant du 22 juin 1941 en créant un 48° corps blindé. Un dit corps blindé
qui aurait dû en posséder 600… Bien entendu, la plupart de ces chars étaient – déjà – obsolètes, et n’avaient aucune chance devant les T34. Les
souris en mirent hors d’état de nuire la plupart, et le reste se perdit dans la débâcle de l’armée roumaine pendant la bataille de Stalingrad…
Les souris actuelles s’appellent cannibalisation, manque de pièces détachées, conflits coloniaux lointains ne nécessitant jamais de gros moyens,
surfacturations…
Un autre travers était de considéré des reliquats, des restes, des morceaux de panzer division comme des divisions à part entière. Ce n’est pas le cas. Les
600 qui n’étaient que 100… 14 chars, et l’autorisation donnée aux clients d’en fournir, ça ne dépassera pas les 200, et vu les délais d’arrivages et la cadence de destruction, il n’y en
aura pas 10 en simultané sur le champ de bataille. Il faut en moyenne 6 mois aux armées oxydentales pour se concentrer. Un vrai train de fonctionnaires… Dans les armées en attrition, on
garde les anciennes appellations, qui créent des illusions de puissances. Les divisions n’ont plus 20 000 hommes, mais 17 000, ensuite 10 000 puis, 3000… Avec une chute de puissance
équivalente, mais qui dans les têtes des napoléons, des Hitlers et des Bidens, leur font croire que tout est possible.
En Syrie, de plus, les léopards turcs engagés se sont surtout distingués pour s’être fait massacrer…
Des Abrams viendront aussi, au compte-goutte. 30 Apparemment. Comme, à l’américaine, ces blindés sont des gloutons, il y a aussi de très fortes chances
qu’on ajoute encore aux problèmes…
Là aussi, on ne comprend pas que les Russes jouent à domicile, ou pas loin. Et que les oxydentaux, eux, traversent tout le pays et tout le continent…
Les cartes de readovka indique une extension des bombardements, tout le long de la frontière russe au nord de Karkhov, en plus des concentrations qui s’opèrent en Biélorussie.
Sans, bien entendu, que les bombardements du Dniepr à Karkhov perdent en intensité. Si la poussée russe qui s’opéraient à partir du sud n’est plus aussi forte, et que certains pensent
l’offensive qui devait avoir lieu, finie, il me semble que ce raisonnement est erroné. Cela me semble correspondre aux offensives soviétiques de 1943 qui martelaient à différents endroits
le front, progressaient là où c’était possible, et passaient à un autre secteur, dès que l’élan était passé. Cela avait pour avantage, outre de faire tourner en bourrique l’ennemi, de
l’épuiser et notamment, de gaspiller l’essence à courir partout, aggravant les problèmes de logistique.
Là, la puissance de l’artillerie russe, déjà proverbiale devient plus accentuée encore, et garde de nombreuses pièces en réserves pour servir de
contre-batterie.
Le principal problème oxydental, c’est la désindustrialisation, et notamment, la militaire. Il y a belle lurette que les complexes militaro-industriels en
oxydent-oxydés fonctionnent à 100% de leurs capacités, une capacité réduite à l’état de string brésilien. Et le problème de dépendance aux intrants extérieurs se pose à tous les secteurs,
pas seulement militaires… L’armée russe détruit patiemment les arsenaux oxydentaux-oxydés, sans que les remplacements puissent avoir lieu, d’abord par manque de capacités, ensuite par
manque de moyens financiers pour acheter des armes survendues, pas seulement financièrement…
Pour la russophobie, elle est simple à comprendre. Aux différentes époques de l’histoire, combattants et généraux russes n’ont pas été tellement plus
nombreux, ils ont été meilleurs.
La rupture du front à Soledar marque un tournant décisif dans la guerre qui se joue entre « l’Occident collectif » et le reste du monde emmené par
la Russie pour l’occasion. Une question se pose : l’Occident collectif va-t-il franchir un palier dans son engagement en soutien à l’Ukraine ou bien accepter une porte de
sortie ? Une question subsidiaire en découle : la co-belligérance sera-elle déclarée ou non ?
Sur le plan opérationnel, la rupture du front à Soledar marque un tournant considérable dans les opérations militaires. En effet, après des mois de guerre
d’attrition méthodique, la percée tactique à Soledar place la Russie en position d’engager l’offensive décisive. À cet égard, la nomination du chef d’état-major de l’armée russe, le
général Gerasimov, à la tête de l’opération et celle du général Sourovikine à la tête des opérations aériennes, alors que les réserves russes sont désormais prêtes au combat, laisse
présager un changement d’ampleur de la stratégie militaire russe, et potentiellement, une victoire rapide de la Russie sur le terrain… bien avant que les chars lourds promis n’arrivent
sur le front (et tant mieux pour eux).
Pour les États-Unis suivis de leurs toutous, il s’agissait jusqu’à présent d’alimenter le chaudron le plus longtemps possible en vue, pensaient-ils,
d’essouffler la Russie, sans toutefois être déclarés co-belligérants. La bêtise de cette tactique a fait s’épuiser les ressources militaires des pays de l’OTAN sous les coups de
l’artillerie et de l’aviation russe par un effet boomerang, de la même façon que les sanctions économiques contre la Russie se sont retournées contre leurs auteurs. De surcroît, compte
tenu que l’armée ukrainienne a subie des pertes monstrueuses depuis le début, il faudrait de la chair à canon fraîche venue d’ailleurs, en l’occurrence des pays de l’OTAN. La Pologne
semble montrer la voie.
Sur le plan géopolitique, les États-Unis ont enfin admis, par la voix de hauts responsables militaires et politiques, que cette guerre était existentielle
pour eux, et de fait elle l’est puisqu’il s’agit de la
dernière scène du dernier acte du changement de paradigme géopolitique débuté il y a quinze ans. L’effondrement des États-Unis en tant que super puissance mondiale s’accélère.
Nous assistons à un mouvement de fond en vue de la dédollarisation de l’économie mondiale et au développement rapide des échanges économiques entre les pays du reste du monde (en dehors
de l’Occident collectif). Les pays d’Afrique, d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie ont choisi leur camp. Mais au-delà des réalités de la situation, c’est peut-être l’aspect
psychologique de ce changement de paradigme qui est le plus important. En effet, le sentiment de supériorité des dirigeants américains est fondé sur le mythe de l’exceptionnalisme
américain qui fait qu’ils se sentent légitimes à donner des ordres au reste de la planète et à punir les pays qui refusent d’obéir. Baignés dans ce sentiment de supériorité qui
aujourd’hui relève du fantasme plus que de la réalité de la situation, les neocons psychopathes qui sont aux commandes de l’Occident collectif jouent avec le feu (nucléaire). Il n’est
même pas certain qu’ils aient bien évalué la puissance militaire russe.
Pour la Russie, il s’agit d’atteindre les objectifs géopolitiques de cette opération en évitant une escalade qui mènerait à une confrontation nucléaire. On
marche sur des œufs. En fin stratège, Vladimir Poutine sait qu’il ne faut jamais acculer son adversaire mais toujours lui laisser une porte de sortie « honorable », tout en
dessinant des lignes rouges pour le dissuader d’en faire trop (par exemple livrer des chars lourds à l’Ukraine, ce qui, sur le plan opérationnel ne changerait pas grand-chose, mais qui
pourrait être considéré comme un acte de co-belligérance et permettrait à la Russie de frapper directement des cibles en territoire américain).
Voilà à peu près où nous en sommes actuellement. Cette partie qui se joue en ce moment est le point clé du changement de paradigme géopolitique. La Russie
va vraisemblablement lancer son offensive décisive bientôt. Quelle sera la réaction des psychopathes ?
Pour ma part, j’imagine trois
scénarios :
• Les psychopathes
pourraient être ramenés les pieds sur terre, ou au minimum neutralisés, par des généraux de haut rang du Pentagone qui ont une vision suffisamment claire de la situation. J’estime que la
probabilité de ce scénario est assez faible, mais on ne sait jamais.
• Des révolutions de
palais ou des révolutions populaires pourraient avoir lieu dans les pays de l’Occident collectif et renverser les psychopathes, tant la situation économique de nos pays se dégrade à
grande vitesse. Il m’est difficile d’évaluer la probabilité de ce scénario.
• Les psychopathes
pourraient être ramenés les pieds sur terre par effet de sidération, comme pétrifiés. Si la Russie décrète que la ligne rouge a été franchie, elle pourrait envoyer par le fond les plus
prestigieux des porte-avions américains à l’aide d’une bordée de missiles hypersoniques. En effet, les porte-avions américains constituent l’emblème absolu de la puissance militaire
américaine. Des films tels que le Nimitz ou Top Gun l’illustrent très bien. Ce scénario me semble plus probable que les deux premiers.
Je n’envisage pas le scénario d’une montée aux extrêmes nucléaire, mais…
Chers amis lecteurs. 2023 devrait être une année majeure dans le dévoilement de tous les mensonges qui ont permis à certaines puissances de prendre le contrôle de toute
l’humanité. Le Great Reset aura peut-être bien lieu cette année, mais pas comme le voudrait le WEF de Davos. En parallèle des guerres économique et militaire, la guerre médiatique
est de plus en plus virulente et la nécessité pour les médias alternatifs d’être prêts à y faire face est plus qu’urgente. A Réseau International, nous avons décidé de passer à
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Pour la Russie, la contre-offensive la plus dangereuse se situe sur le front de Zaporijia. Si elle réussit, l’armée ukrainienne pourrait atteindre Melitopol
ou Berdiansk, coupant ainsi la liaison terrestre entre la Crimée et le Donbass. En raison de la pression russe sur le front de Bakhmout, l’armée ukrainienne a été contrainte d’y déplacer
d’importantes unités blindées et d’artillerie depuis d’autres régions. En témoigne également le fait qu’il n’y a pas eu récemment de tirs d’artillerie ukrainiens sur la centrale nucléaire
d’Energodar, près de Zaporijia.
L’armée russe a donc décidé de profiter de ce contexte favorable pour lancer une offensive sur le front de Zaporijia, afin que d’ici le printemps, les
troupes ukrainiennes soient chassées de leurs fortifications actuelles et poussées vers le nord. Sur ce segment du front, l’armée ukrainienne dispose de 5 brigades, dont une seule est
mécanisée, les autres étant de l’infanterie territoriale composée de réservistes. L’artillerie lourde ukrainienne brille par son absence (carte 1).
carte
1
L’armée russe a réussi à percer la première ligne de défense sur l’ensemble du front, avançant d’environ 10 km vers le nord. La défense en profondeur a été
mise en place pour protéger les deux principales voies de communication de l’armée ukrainienne. Les fortifications se trouvent autour de la ville d’Orikhiv, qui est approvisionnée par
voie ferroviaire et routière depuis Zaporijia, et autour du village de Houliaïpole, relié au front du Donbass par voie routière et ferroviaire. Cependant, c’est la route entre Orikhiv et
Houliaïpole que les Russes visent dans la première phase de l’offensive (carte 2).
carte
2
La mission immédiate du groupe de forces russes est de bloquer les fortifications d’Orikhiv et de Houliaïpole et de les isoler complètement, puis
d’intercepter les voies de communication partant des deux villes afin d’avancer vers le nord en direction de Zaporijia (carte 3).
carte
3
Une fois que les Russes seront au nord de Houliaïpole, ils pourront rejoindre les troupes au sud de Grand Novosilka, en encerclant les troupes dans les
solides fortifications qui s’y trouvent. Si les Ukrainiens n’interviennent pas à temps, en ramenant les blindés et l’artillerie déplacés à Bakhmout, un énorme espace de manœuvre s’ouvre
pour les Russes au nord de Zaporijia, qui sera utilisé par leurs nombreuses unités blindées (carte 4).
Le 19 janvier, le propriétaire de Wagner, Evgueni Prigojine, a annoncé qu’il avait libéré Klishchiivka. L’assaut sur la ville a duré 5 jours en raison de la
forte résistance de la 53e brigade mécanisée ukrainienne. À l’ouest et au sud de Klishchiivka, le groupe Wagner devait neutraliser les points d’appui de la brigade ukrainienne (carte
1).
carte
1
À quelques kilomètres au nord de Klishchiivka commence la ville de Bakhmout, et au sud de Klishchiivka commence un réseau impénétrable de fortifications
ukrainiennes (carte 2). On peut affirmer que Wagner a trouvé à Klishchiivka le point vulnérable des défenses de Bakhmout et a réussi à briser ce dispositif.
carte
2
Avançant vers le nord, Wagner commence à envelopper le flanc ukrainien à l’ouest de la ville, visant à contrôler l’une des voies d’approvisionnement de
Bakhmout par des tirs d’artillerie (carte 3).
carte
3
Dans la région de Soledar, après avoir conquis le village et la station de Sol, Wagner étend l’occupation vers l’ouest jusqu’à la voie ferrée
Seversk-Bakhmout. Wagner se bat maintenant avec acharnement au sud de Soledar contre la 119e brigade territoriale ukrainienne qui défend Krasna Hora et Praskoveevka. La conquête de ces
deux villes permettra à Wagner de lancer l’assaut du nord sur Bakhmout (carte 4).
L’offensive de la Russie est basée sur un rapport de force favorable des blindés. À partir de mardi, la température dépassera 0 degré Celsius dans la région
de Bahmut-Soledar et restera positive pendant au moins une semaine. Le sol va dégeler, ce qui rendra difficile les manœuvres des véhicules blindés. Ceci est à l’avantage de l’Ukraine, qui
aura le temps de faire venir des troupes fraîches d’autres régions, de se regrouper et de se reconstituer.
Wagner a agi très rapidement et a achevé l’occupation de Soledar le 12 janvier. Peut-être trop rapidement. Preuve que les planificateurs du ministère russe
de la Défense n’avaient pas d’autre choix que de s’appuyer sur le succès de Wagner. Il n’était pas prévu de poursuivre l’offensive en force, en utilisant les blindés russes au nord pour
faire des percées à Seversk.
Que peut faire l’armée russe dans le secteur de Soledar la semaine prochaine ? Cinq à huit kilomètres au nord de Soledar, Krasnopolivka et Razdolivka
pourraient être pris. Cette dernière se trouve à seulement 10 km au sud de Siversk. Au sud de Soledar, Wagner poursuit son assaut sur Krasna Gora et Parascovivka (le site d’une importante
mine de sel destinée à devenir un important dépôt de munitions pour les Russes). Pour défendre Soledar contre les contre-attaques ukrainiennes venant de l’ouest et du nord-ouest, les
Russes doivent maintenant construire une forte ligne défensive. Elle sera longue de 9 km, de Razdolivka à Parascovivka, sur le remblai de la voie ferrée Siversk-Bahmut.
Évacuée de Soledar au cours de la
libération de la ville par les forces russes, cette femme témoigne auprès de Sputnik que les forces ukrainiennes ont utilisé des munitions incendiaires contre les civils.
La vie des civils, c’est ce que les militaires ukrainiens prennent en considération en dernier lieu. Ce témoignage d’une habitante de Soledar
à Sputnik le
confirme une nouvelle fois.
Cette personne raconte que lors de son évacuation de la ville par
les forces russes, l’armée ukrainienne a repéré leur convoi depuis un drone et a commencé à le pilonner avec des munitions incendiaires dont l’utilisation contre des civils est
interdite par la convention de Genève.
« Quand nous partions,
ils nous jetaient dessus du phosphore et du magnésium […]. C’étaient des militaires qui nous évacuaient, donc ils étaient une cible comme nous. Nous étions entre la vie et la mort. Nous
avons survécu. Merci aux gars qui nous ont sortis de cet enfer et nous ont évacués », a-t-elle indiqué.
D’après elle, sa famille est descendue au sous-sol au mois d’avril et ne sortait que pour chercher de l’eau et du bois pour le feu. Elle se rappelle
également des nombreux mercenaires étrangers dont « des Polonais, des
Britanniques et des Noirs ».
Munitions au phosphore
Par le passé, la
Défense russe a accusé, à plusieurs reprises, l’armée ukrainienne d’utiliser des armes incendiaires. Ainsi, mi-août dernier, des projectiles au phosphore ont été abandonnés par
les soldats ukrainiens dans le village d’Oudy, dans la région de Kharkov.
Des munitions remplies de phosphore ont été massivement utilisées contre l’armée russe dans la banlieue de Kiev, près de l’aérodrome de Gostomel, au début
de l’opération militaire spéciale en février 2022. Le 19 mars, des obus avec des ogives au phosphore ont également été utilisés pour attaquer un pont flottant sur le Donets.
Le 10 janvier 2023 au soir, l’annonce de la libération de Soledar par les unités de la société militaire privée Wagner était confirmée par des photos de
Evgueni Prigojine (l’homme d’affaires à la tête de Wagner) dans la ville avec ses hommes.
Après six mois d’une bataille d’attrition, les « musiciens », comme on les surnomme, ont enfin brisé la défense ukrainienne de la ville,
facilitant ainsi la future libération de Seversk et d’Artiomovsk (Bakhmout).
Le 26 décembre 2022, les forces russes prenaient Bakhmoutskoye, situé au sud de Soledar, facilitant ainsi l’avancée vers la ville elle-même. Grâce à la
prise de Yakolevka, située au nord de Soledar, les troupes de Wagner ont pu commencer une manœuvre d’encerclement.
Puis à partir du 4 janvier 2023 les choses s’accélèrent. Ce jour-là, les combattants de Wagner chassent les soldats ukrainiens de leurs positions situées
près de la gare Dekonskaya, située dans le sud-est de Soledar.
Deux jours plus tard, c’est le nord de la ligne de défense ukrainienne à Soledar qui cédait, permettant aux forces russes d’atteindre Kranopolievka.
L’encerclement de l’armée otano-ukrainienne à Soledar se dessinait alors de plus en plus clairement.
Le même jour, les combattants de Wagner sont entrés dans le centre de Soledar depuis Bakhmoutskoye, obligeant les soldats ukrainiens à se retirer vers le
nord de la ville.
La crainte était alors de voir les soldats ukrainiens se retrancher dans les mines de sel de Soledar (mines qui ont donné son nom à la ville, le sel se
disant « sol » en russe), comme l’avaient fait ceux de la 36e brigade
des FAU et du régiment Azov à Azovstal lors de la bataille
de Marioupol.
Mais dès le lendemain, les troupes de Wagner avaient déjà sous leur contrôle la moitié de Soledar, et la défense ukrainienne s’est vite effondrée comme un
château de cartes, provoquant un quasi encerclement de la ville. Lors de leur progression dans le centre de Soledar, les combattants de Wagner ont commencé à évacuer les civils qui se
trouvaient toujours là, et ont
découvert des corps de soldats de l’armée otano-ukrainienne un peu partout.
Et si je parle d’armée otano-kiévienne c’est parce que de nombreux mercenaires étrangers venant des pays de l’OTAN se trouvent dans cette portion du front.
Ainsi, aujourd’hui, le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, a annoncé que ses combattants avaient trouvé le corps d’un mercenaire britannique dont les proches étaient sans nouvelles, et les
documents d’un deuxième.
Le 9 janvier 2023, les unités de Wagner ont pris le contrôle d’Opytnoye et Krasnaya Gora, perturbant ainsi la liaison routière entre Seversk et Soledar, et
les batailles pour le bâtiment de l’administration municipale ont commencé dans le centre ville.
Le soir même, Zelensky faisait une allocution lors de laquelle il a commencé à minimiser la perte de Soledar en disant que ses troupes y « ont gagné du
temps », indiquant que la perte totale de la ville était imminente.
De fait, le lendemain, le chaudron (encerclement) se refermait totalement sur Soledar, bloquant plusieurs centaines de soldats ukrainiens dans la ville, qui
ont reçu un ultimatum de Wagner les enjoignant à se rendre rapidement. Le soir même, Evgueni Prigojine s’est rendu à Soledar où il a été filmé et photographié avec ses
« musiciens ».
Et aujourd’hui 11 janvier 2023, la prise totale de contrôle de Soledar par les unités de Wagner a été confirmée, après nettoyage des dernières poches de
résistance qui se trouvaient dans le centre-ville. D’après les données
fournies par Evgueni Prigojine lui-même, environ 500 soldats ukrainiens ont été tués lors du nettoyage de Soledar.
« Une fois de plus, je
tiens à confirmer la libération complète et le nettoyage du territoire de Soledar des unités de l’armée ukrainienne. Les civils ont été évacués,
les unités ukrainiennes qui ne voulaient pas
se rendre ont été détruites. Environ 500 soldats ont
été tués. La ville entière est jonchée de cadavres de soldats ukrainiens. Il n’est pas question de corridor humanitaire. Nous procédons au nettoyage des mines », a indiqué
Evgueni Prigojine.
Attention images choquantes montrant les nombreux cadavres de soldats ukrainiens trouvés par les combattants de Wagner à Soledar :
Sans surprise, la propagande ukrainienne a essayé jusqu’au bout de faire croire que Soledar était toujours sous le contrôle de Kiev. Sauf que c’est
tellement mal fait que les « acteurs » se sont emmêlé les tartines sur la date (annonçant qu’on est le 12, soit demain), et que les données venant du drone montré dans leur
vidéo, indique clairement qu’ils sont à 3 km de Soledar et non dans la ville.
Désormais les combats se déplacent dans les villages situés à l’ouest de Soledar, et la libération de la ville par Wagner ouvre la voie à celle de Seversk
et surtout d’Artiomovsk (Bakhmout), qui est un point important de la défense ukrainienne en région de Donetsk.
Cette « nouvelle » était attendue depuis des semaines,
mais cette fois c’est officiel : la ville de Soledar a été libérée par les mercenaires de Wagner (avec les forces aéroportées russes qui bloquent la ville au nord et au sud). Pourquoi cela a-t-il
pris autant de temps ?
Tout d’abord, tout comme
les forces armées régulières, le PMC Wagner a adopté une tactique d’économie de force, ce qui signifie qu’il essaie de limiter ses propres pertes au strict minimum tout en essayant de dégrader
les forces ennemies. Dans ce cas, les Ukronazis ont jeté bataillon après bataillon dans le hachoir russe dans l’espoir de pouvoir maintenir leur contrôle sur Soledar. Il est évident que le CMP
Wagner et l’armée russe étaient plus qu’heureux que cela se poursuive. Certaines sources affirment que l’OTAN a perdu 14 bataillons dans une tentative désespérée d’éviter une libération russe.
Même si nous ne prenons que la moitié de ce chiffre, cela fait tout de même sept bataillons perdus du côté de l’OTAN (notez que le chiffre de 14 bataillons est une affirmation ukrainienne et non
russe !)
Deuxièmement, les Russes voulaient fermer un chaudron (le premier chaudron de 2023 !) sans risquer eux-mêmes d’être enveloppés. Ils devaient donc sécuriser les
flancs avant de s’engager.
[Aparté : je reçois régulièrement la même « question » de la part de trolls :
« où sont passés tous vos
« chaudrons » ?« . Donc pour ceux qui pourraient demander cela sincèrement, je répondrai ici : ils ne sont allés nulle part :-). L’ensemble de la force de l’OTAN dans le
Donbass se trouve toujours dans un « chaudron opérationnel ouvert« ,
ce qui signifie qu’elle est sous pression du nord, de l’est et du sud et qu’elle n’a qu’une seule direction « sûre » pour la rotation et
l’approvisionnement : l’ouest. Cette direction ouest est toutefois bien connue des Russes, qui disposent de superbes capacités C4ISR. Si l’OTAN a réussi à utiliser cette direction pour
soutenir le groupe de l’OTAN dans le Donbass, elle l’a fait à un coût énorme. Voici les chiffres officiels du ministère russe de la Défense concernant les pertes ukrainiennes en 2022 :
Maintenant, bien sûr, j’entends les voix qui objectent
« mais c’est de la
propagande russe ! !!« . Ok, réduisons ces chiffres de 50%, c’est équitable ? Nous avons toujours 177 avions, 99 hélicoptères, 1397 drones, 199 SAM, 3683 MBT et autres
véhicules blindés, 478 MLRS, 1881 pièces d’artillerie et 3938 véhicules militaires. Quant aux chiffres des KIA/MIA, ils se chiffrent en centaines de milliers. La plupart de ces dommages ont
été causés par des frappes d’artillerie. D’ailleurs, malgré un effort vraiment massif de l’OTAN pour remporter les engagements de contre-batterie, les résultats ont montré que l’artillerie
russe est tout simplement meilleure, malgré les formidables capacités C3ISR de l’OTAN. Ainsi, pour en revenir à nos « chaudrons semi-ouverts »
(c’est-à-dire ouverts sur trois côtés, le quatrième étant sous le contrôle des tirs russes), ils ont donné aux Russes une grande flexibilité, malgré l’infériorité numérique des forces russes,
pour dégrader massivement les forces de l’OTAN. En résumé : le fait que les sources occidentales ne rapportent pas un seul mot sur ces chaudrons ne signifie pas qu’ils n’ont jamais
existé ou qu’ils ont soudainement disparu].
Troisièmement, Soledar, comme Mariupol, disposait de formidables défenses rendues encore plus solides par huit années de préparation. Outre plus de 200 km de
tunnels et de mines, Soledar possède une très grande « promka » (zone industrielle) qui rendait les avancées très
difficiles et dangereuses (une situation similaire à ce qui s’est passé à Mariupol). Les gens de Wagner ont pris tout leur temps pour avancer lentement et sauvegarder leurs forces. Comme
toujours, on ne peut pas repérer la dégradation des défenses de l’OTAN avant qu’elles ne s’effondrent soudainement, ce qui s’est produit au cours des dernières 24 heures.
Selon plusieurs rapports, la 46e brigade aéromobile d’Ukronazi, l’une des unités d’élite d’Ukronazi, a été pratiquement anéantie. C’est également
significatif.
Alors, qu’est-ce que cela signifie pour la « grande image » ?
En soi, pas grand-chose. Oui, les forces de l’OTAN sont dans un chaudron à l’intérieur de Soledar, mais elles ne comptent plus que quelques centaines de soldats et,
tout comme à Mariupol, leurs commandants se sont enfuis (le 8, apparemment). Le nettoyage de ce petit chaudron ne prendra pas beaucoup de temps ni d’efforts.
Voici, pour vous donner une idée de ce qui se passe ces jours-ci, une vidéo de soldats polonais près d’Artemovsk se faisant toucher par des frappes russes :
Imaginez maintenant que cela se produise sur l’ensemble de la ligne de front, notamment dans le Donbass.
La libération de Soledar par les Russes menace effectivement les positions de l’OTAN dans la ville de Bakhmut/Artemovsk (les unités russes les plus avancées se
trouvent à 5 km du centre de la ville !) Je n’aime pas trop les cartes pseudo-militaires, mais pour vous donner une idée de la zone dont nous parlons, celle-ci est adéquate :
Pour comprendre cette carte, il suffit de savoir que Соледар est Soledar et Артемовск (Бахмут) signifie Artemovsk(Bakhmut). Bien que vous pourriez également vouloir
regarder la ville indiquée comme Краматорск (en haut à gauche) qui est le bastion de l’OTAN de Kramatorsk (célèbre en 2014-2015). Au fait, pouvez-vous repérer d’autres chaudrons potentiels
sur cette carte ?
Pour faire court, les villes de Soledar et d’Artemovsk sont situées en plein milieu des lignes de défense de l’OTAN. Leur libération signifie que les forces
de l’OTAN devront se replier sur ce que l’on peut appeler leur troisième, voire leur quatrième ligne de défense.
Le principal casse-tête de l’OTAN est qu’il est impossible de prévoir ce que les Russes vont faire ensuite. Au cours des prochains jours, ils devront raser la
petite force de l’OTAN dans le centre de la ville, puis faire tourner les troupes et leur donner un peu de repos. Mais après cela, il est impossible de prédire où les Russes vont pousser ensuite.
Voici trois options principales :
Les Russes vont chercher à développer leur succès localement.
Les Russes vont lancer leur « grande offensive » tant annoncée.
Les Russes continueront à tenir et à écraser davantage de KIA/MIA.
Je n’ai pas accès aux plans russes, mais je ne pense pas que la libération de Soledar en elle-même aura un impact majeur sur la « grande offensive » que les forces russes sont prêtes à
exécuter. Oui, le temps est essentiel dans une guerre, mais cela signifie que, comme aux échecs, parfois cette caractéristique critique du temps signifie que l’attente est la bonne utilisation de
ce temps. Ceci étant dit, la libération de Soledar aura un effet majeur sur les lignes d’approvisionnement de l’OTAN, tant par les routes que par les chemins de fer.
Là encore, l’idée est de transformer les forces de l’OTAN, autrefois unifiées, en de plus petits « morceaux » incapables de s’entraider. Tout
porte à croire qu’il s’agit d’une tactique russe extrêmement efficace.
Kherson est un autre endroit que l’OTAN a vraiment essayé d’exploiter, mais toutes les attaques de l’OTAN ont échoué et se sont réduites à presque rien
(principalement des vols de reconnaissance par drones et des frappes d’artillerie régulières). Il en va de même pour l’oblast de Kharkov, où les attaques ukrainiennes ont pratiquement
cessé.
Enfin, voici un autre marqueur important : l’ampleur des offensives de l’OTAN. Vous vous souvenez qu’au cours des premiers mois de la guerre, les contre-attaques
ukrainiennes impliquaient généralement plusieurs brigades ? Ensuite, la plupart des attaques que nous avons vues étaient de la taille d’un bataillon. Maintenant, la plupart de ce que nous voyons
sont de très petits engagements, du niveau d’une compagnie. De tels engagements sont futiles par définition : pourquoi s’embêter avec une attaque du niveau d’une compagnie qui, même si elle est
pleinement réussie, ne pourra pas être développée, même sur le plan tactique, et encore moins sur le plan opérationnel ?
La SEULE raison de telles attaques est l’illusion d’optique pour nourrir les PSYOPs. Un point c’est tout.
Les Russes ne se battront pas de cette façon, car cela implique d’envoyer vague après vague des corps dans le hachoir à viande dans le seul but de prendre une
photo, de faire une vidéo ou de revendiquer une autre « peremoga » absolument énorme (toutes les victoires de
l’OTAN sont énormes, ne le saviez-vous pas ?) À l’heure actuelle, le ratio KIA/MIA entre l’OTAN et la Russie est d’environ 10:1 et c’est exactement ce que les Russes aiment, même s’ils ont
maintenant plusieurs centaines de milliers de soldats dans le sud, l’est et le nord.
En clair, l’OTAN veut combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien, tandis que la Russie ne veut pas combattre l’OTAN jusqu’au dernier Russe. C’est pourquoi
l’OTAN se bat avec des corps et la Russie avec (principalement) des obus d’artillerie.
Conclusion
Ne commençons pas à agir comme des généraux de l’OTAN et de l’Ukie en fauteuil roulant et à déclarer que la libération de Soledar est une « énorme » victoire. Il s’agit toutefois d’une très bonne
nouvelle car elle suggère fortement que la première et la deuxième ligne de défense de l’OTAN ont été percées, obligeant l’OTAN à se regrouper. Serait-ce la « première faille » dans les défenses de l’OTAN ?
Peut-être, peut-être pas, nous devons voir comment l’OTAN va réagir avant de tirer des conclusions.
Andrei
PS : nouvelle intéressante aujourd’hui, il semble que Poutine ait nommé l’actuel chef d’état-major général, le général Gerasimov, à la tête de toutes les forces
russes dans le SMO, avec Surovikin comme adjoint. C’est un indicateur supplémentaire que la « grande offensive » sera lancée plus tôt que prévu. Voici
comment le ministère russe de la Défense a expliqué cette nomination :
L’augmentation du niveau de direction d’une opération militaire spéciale est associée à l’expansion de l’échelle des tâches résolues lors de sa mise en œuvre, à
la nécessité d’organiser une interaction plus étroite entre les types et les branches des forces armées, ainsi qu’à l’amélioration de la qualité de tous les types de soutien et de
l’efficacité de la gestion des groupes de troupes (forces).
La situation dans la ville orientale de Soledar est « critique » explique un soldat à CNN
Voici le texte affiché sous ce titre :
Un soldat ukrainien combattant dans la ville orientale de Soledar a déclaré à CNN que la situation est
« critique » et
que le nombre de morts est maintenant si élevé que « personne ne compte les
morts« .
Le soldat fait partie de la 46e brigade aéromobile, qui mène la lutte de l’Ukraine pour tenir Soledar face à un assaut massif des troupes russes et des
mercenaires de Wagner.
CNN ne l’identifie pas pour des
raisons de sécurité. « La situation est critique. Difficile. Nous
nous accrochons jusqu’au dernier« , a déclaré le soldat. »
Il a décrit un champ de bataille dynamique où les bâtiments changent de mains quotidiennement et où les unités ne peuvent pas suivre l’escalade du nombre de
morts. « Personne ne vous
dira combien de morts et de blessés il y a. Parce que personne ne le sait avec certitude. Pas une seule personne« , a-t-il déclaré. « Pas au quartier général. Ni au quartier
général, ni ailleurs. Les positions sont prises et reprises en permanence. Ce qui était notre maison aujourd’hui, devient celle de Wagner le jour suivant. »
« À Soledar, personne ne compte les
morts« , a-t-il ajouté.
Le soldat a déclaré qu’il n’était pas clair, mardi soir, quelle proportion de la ville était tenue par les Russes : « Personne ne peut dire avec certitude qui
s’est déplacé où et qui détient quoi, car personne ne le sait avec certitude. Il y a une énorme zone grise dans la ville que tout le monde prétend contrôler, [mais] ce n’est que du
vent. »
Les Ukrainiens ont perdu de nombreuses troupes à Soledar, mais les rangs sont en train d’être reconstitués alors que la lutte pour la ville minière se poursuit,
a-t-il déclaré : « Les
effectifs de nos unités ont été renouvelés de près de la moitié, plus ou moins. Nous n’avons même pas le temps de mémoriser les indicatifs d’appel des uns et des autres [lorsque de nouveaux
personnels arrivent]. »
Le soldat a déclaré qu’il pensait que les chefs militaires ukrainiens finiraient par abandonner le combat pour Soledar et s’est demandé pourquoi ils ne
l’avaient pas déjà fait. « Tout le monde comprend que la ville sera
abandonnée. Tout le monde le sait« , a-t-il déclaré. « Je veux juste comprendre quel est l’intérêt
[de se battre maison par maison]. Pourquoi mourir, si nous allons de toute façon la quitter aujourd’hui ou demain ? »
La 46e brigade aéromobile a déclaré mardi sur sa chaîne Telegram que la situation à
Soledar était « très
difficile, mais gérable. »
Dans son allocution nocturne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié les soldats de la brigade « pour leur bravoure et leur constance dans la
défense de Soledar. »
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Pourquoi la bataille de Bakhmout peut être décisive pour la campagne du Donbass
La progression russe dans la ville de
Bakhmout marque une avancée sur le front du Donbass, a déclaré à Sputnik le vétéran de l’armée américaine Mark Sleboda. La ville est importante de par sa situation géographique et sa
position dans le système de défense ukrainien.
« La bataille acharnée
pour la ville de Bakhmout (ou Artiomovsk) pourrait marquer une étape importante dans la campagne du Donbass », a expliqué à Sputnik Mark
Sleboda, vétéran de l’armée américaine et analyste en affaires internationales.
La ville revêt en effet un intérêt stratégique par sa situation géographique. C’est un important nœud de communication et un point permettant un meilleur
contrôle du canal Severski Donetsk-Donbass, qui alimente la ville de Donetsk en eau.
« C’est en quelque
sorte au centre de la région de Donetsk; Bakhmout a souvent été appelé la +clé de Donetsk+ [… ] C’est également un important centre de transport et de logistique car il y a deux
autoroutes qui se croisent et des voies ferrées qui vont vers le nord jusqu’à Moscou », explique ainsi Mark Sleboda.
Bakhmout est par ailleurs une cheville ouvrière de la deuxième ligne de défense de Kiev. La prise de la ville fragiliserait le dispositif ukrainien, permettant de
nouvelles avancées russes, souligne le spécialiste.
La perte de la ville serait également un coup dur pour Kiev, car c’est une position défensive de premier choix. La zone est très facile à défendre et très
difficile à attaquer, précise Mark Sleboda. Le défenseur a l’avantage de la hauteur et peut utiliser favorablement la rivière et les divers plans d’eau de la ville. Par ailleurs un vaste
réseau de tunnels forme une
sorte de « ville sous la
ville ».
« Il y a de vastes
tunnels à Bakhmout qui convergent, semble-t-il, vers les grandes mines de sel de Soledar, au nord. Ceux-ci ont été construits par l’Union soviétique, en tant que systèmes de bunkers et
fortifications très étendus durant la Seconde Guerre mondiale. Certains de ces tunnels seraient suffisamment grands pour faire entrer et sortir des chars. Donc, il y a une ville sous la
ville dans laquelle on se bat, ce qui rend la défense encore meilleure », détaille Mark Sleboda.
Avancée russe, saignée ukrainienne
Les combats autour de Bakhmout durent depuis l’été mais se sont nettement intensifiés en cette fin d’année. Les troupes russes sont sur le point
de prendre
le contrôle de Soledar, ville à moins d’une vingtaine de kilomètres, annonçait ce 9 janvier les autorités de la République populaire de Donetsk.
Les deux parties ont fait de Bakhmout un objectif à tenir ou à conquérir, et les pertes ukrainiennes y semblent importantes. Mi-décembre, l’ancien sénateur
de Virginie Richard Black avait
parlé de « chaudron de la
mort » pour l’armée ukrainienne.
Les unités de la SMP Wagner ont fermé
le chaudron dans la zone de la clinique de Soledar au nord de la mine n°4 et ont commencé à nettoyer la ville.
• Le bâtiment
administratif du conseil municipal et une colline d’importance stratégique sur le mont Yurchina sont déjà sous le contrôle des Wagner.
• L’offensive des unités
d’assaut se poursuit depuis les quartiers centraux vers les quartiers ouest, Blagodatny et la gare de Sol, où s’abritent environ 400 membres des formations de l’armée ukrainienne (AFU),
dont des officiers.
Prigogine a été photographié au milieu de ses hommes dans le musée des mines de sel de Soledar.
• Au même moment, les
parachutistes russes avancent de la ligne Krasnaia Hora – Bakhmutskoye vers Blagodatnoye et nettoient les zones environnantes de Paraskoviyivka et Krasnaia Hora au nord de Bakhmut.
La défense ukrainienne est actuellement alignée le long de la ligne Blagodatnoye – gare de Sol – Razdolovka. Toutefois, il ne s’agit que d’une mesure
temporaire, car la ligne se trouve dans les basses terres par rapport à Soledar.
Il est probable qu’après le retrait des unités ukrainiennes à Seversk, les positions de réserve vont également tomber. Après la libération complète de
Soledar et de ses environs, il deviendra impossible pour l’AFU de tenir Bakhmut, ce qui l’obligera avant ou après à abandonner également Seversk.
Les forces armées ukrainiennes ont déjà commencé à préparer une nouvelle ligne de défense allant de Slovyansk à Kramatorsk et à Konstantinovka. Des points
de tir d’artillerie et de MLRS sont mis en place dans les villes et des systèmes de missiles anti-aériens sont déployés.
La bataille pour Bakhmut entre dans sa phase finale.
Selon la dernière déclaration d’E. Prigogine, « les divisions de PMC
Wagner ont pris le contrôle de tout le territoire de Soledar. Un chaudron s’est formé au centre de la ville, dans lequel se livrent des batailles urbaines. Le nombre de prisonniers sera
annoncé demain. Encore une fois, je tiens à souligner qu’aucune unité, à l’exception des combattants du Wagner PMC, n’a participé à l’assaut contre Soledar ».
Au même moment, à Kharkov occupée, un entrepôt de pyrotechnie était frappé, offrant aux résidents locaux un spectaculaire feu d’artifice en l’honneur des
derniers succès des troupes russes…
Ce que signifie la prise de Soledar : Soledar est le premier domino… Artemovsk et Seversk sont les prochains ! La prise de Soledar menace en effet
directement d’encerclement la garnison ukro-atlantiste occupant Artemovsk et la chute de cette dernière ferait peser une lourde menace sur la garnison bandériste occupant Seversk (au nord
de Soledar). Des nuits blanches en perspective à Kiev, Washington et dans les autres capitales régionales du IVe Reich atlantiste… Les gamelins du type de « Dourak*-ovleff »
(Michel Yakovleff), russophobes patentés régnant sur le néant propagandiste des merdias atlantistes, vont devoir être créatifs pour maquiller cette défaite bandériste qui en annonce bien
d’autres à venir… (* « Abruti » ou « crétin » en russe – Jeu de mot très apprécié des franco-russes)
En cette fin de journée du 10 janvier 2023, Denis Pouchiline a publiquement annoncé qu’« après la libération
de Soledar par l’armée russe, les efforts seront dirigés vers la libération d’Artemovsk et de Seversk, puis de Kramatorsk et de Slaviansk ».
illustration : E.
Prigogine et ses wagnériens à la mine se sel de Soledar (périphérie ouest de la ville)…
Après avoir encerclé la ville de Soledar et créé une position compacte entre Soledar et le nord de Bakhmout, Wagner a lancé une offensive contre la garnison
ukrainienne de Kyselivka. La conquête de la ville a permis de relier le corridor d’Opytne, derrière la première ligne de défense à l’est de Bakhmout, qui était disposée dans une direction
nord-sud sur les rives de la rivière Bakhmoutovka (voir carte 1).
carte 1
Khrestivka se trouve à la périphérie sud de Bakhmout et est très importante pour attaquer les fortifications ukrainiennes qui bloquent l’infiltration russe
dans l’ouest de Bakhmout. Les Russes veulent encercler Bakhmout. Plus tard, d’ici, Wagner se dirigera vers Tchassiv Yar, une forteresse située sur une colline surplombant Bakhmout, sur
laquelle les Ukrainiens ont déployé la plupart de leur artillerie lourde et de leurs MLRS. C’est également par Tchassiv Yar que Bakhmout est approvisionné en armes, en troupes et en
fournitures. Wagner occupera d’abord Tchassiv Yar et ensuite, Bakhmout, complètement encerclés et à court de nourriture, de munitions et d’armes, devront se rendre (voir carte 2).
Avant de commencer, je dois m’excuser et faire une correction nécessaire. Tout ce qui s’est passé depuis dimanche sur le front Soledar-Bakhmout, et que nous
avons réuni sous le vocable « offensive », était en fait une mission exclusive du PMC Wagner. L’assaut sur la ville de Soledar, la partie la plus difficile et qui a également
entraîné de nombreuses pertes en vies humaines, avait été confié au PMC Wagner. Et nous pouvons dire que Wagner a eu un comportement exemplaire.
Les 61e brigade d’assaut et 49e brigade aéroportée ukrainiennes qui défendaient la ville étaient de nombreux points d’appui pour le peloton, la compagnie et
le bataillon, combattant pour chaque pâté de maisons, rue ou quartier. Les points d’appui avaient été regroupés dans 5 zones de la ville. Le groupe numéro 5, situé dans le quartier de la
gare, a résisté le plus longtemps, car il devait sécuriser la retraite de ce qui restait des deux brigades ukrainiennes (voir carte 1).
Carte 1
L’offensive Wagner a eu pour résultat l’occupation de la ville de Soledar, de la route et du nœud ferroviaire de Krasna Gora, ainsi que des zones
adjacentes. Dans le même temps, les 61e, 49e, 24e et 128e brigades ukrainiennes ont été neutralisées, et devront être retirées du dispositif de combat et complétées en personnel et en
matériel de combat (voir carte 2).
Carte 2
Si le général Valery Zaluzhnyi s’attendait à la perte de Soledar et Krasna Gora, dans un horizon temporel plus long, la manœuvre de Wagner l’a totalement
surpris. Au lieu de poursuivre son avance vers l’ouest au-delà du chemin de fer Seversk-Bakhmout, où il était attendu par les 17e et 4e brigades de chars ukrainiennes, Wagner avait changé
de direction, se dirigeant vers le nord jusqu’à Siversk, à 15 km de Soledar. Le risque que les Russes enferment la garnison de Siversk dans un chaudron est devenu très élevé. Des pièces
d’artillerie de gros calibre et des MLRS ukrainiens sont déployés à Siversk, pour défendre les passages de ponts flottants sur la rivière Severodonetsk. C’est grâce à ces passages
temporaires que les troupes ukrainiennes peuvent avancer et attaquer Kremina. Leur destruction par les Russes signifierait l’isolement et l’encerclement de 2-3 brigades ukrainiennes sur
la rive nord de la rivière Severodonetsk (voir carte 3).
Carte 3
Afin de ne pas tomber dans cet guet-apens, Zaloujnyi a retiré à 15 km vers l’ouest les 17e et 4e brigades de chars, ainsi que la 63e brigade mécanisée, pour
organiser la dernière position de défense, avant que les villes de Kramatorsk et Sloviansk ne soient conquises par les Russes. Il espère ainsi que cela y attirerait les troupes russes et
changerait leur direction vers Siversk (carte verte 4).
Nous avons dit précédemment que le général Sergei Surovikin avait décidé de lancer l’offensive sur le segment de front Bahkmut-Soledar et que le coup
principal allait être porté en direction de Soledar. L’occupation de Soledar est terminée, les restes de la 61e brigade d’assaut ukrainienne ont déjà quitté la ville. Contrairement aux
attentes de Surovikine, la ville n’est défendue que par la 61e brigade d’assaut, le général Valery Zalutin préférant créer une forte ligne de défense avec 4 brigades de chars et de
l’infanterie mécanisée à l’ouest de Soledar (voir carte 1).
Carte 1.
soledar ouest
Dimanche matin, au sud-est de Soledar, les combattants de Wagner ont engagé l’armée ukrainienne dans la ville. Le mouvement de Wagner s’est avéré être une
manœuvre de diversion, au cours de laquelle plusieurs unités d’éclaireurs parachutistes russes de Yakovlivka, embarquées sur des véhicules blindés, ont réussi à s’infiltrer dans la
périphérie nord de Soledar, y établissant une tête de pont. Au lieu d’avancer pour faire la jonction avec Wagner, la mission des parachutistes était de neutraliser le champ de mines sur
le côté est de Soledar en utilisant les systèmes UR-77. Les chars et les véhicules blindés de transport de troupes russes ont immédiatement pénétré dans les couloirs aménagés dans le
champ de mines. L’opération de l’armée russe a créé la surprise chez l’ennemi et a été bien conçue et exécutée. À la nuit tombée, la 61e brigade d’assaut commence son retrait de Soledar
pour éviter l’encerclement (voir carte 2).
Carte 2.
soledar champ de mines
Ce qui est très étrange, c’est que la 17e brigade de chars d’Ukraine, qui est déployée le long de la voie ferrée située à 10 km à l’ouest de Soledar, n’a
mené aucune contre-attaque pour soutenir les défenseurs de la ville, comme les Russes s’y attendaient. Il est très probable que cette grande unité se soit appuyée sur certains éléments du
terrain (rivière Bakhmutka) pour y aménager son dispositif à l’avance et attendre de pied ferme l’arrivée des forces russes sur cette ligne fortifiée (voir carte 3).
Carte 3.
brigade 17 tc
Lundi, au sud de Soledar, PMC Wagner a pris d’assaut la ville de Krasnaya Gora, qu’il occupait. Pour les Ukrainiens, ce n’est pas le village qui est
important, mais le maintien sous contrôle de la voie ferrée reliant Siversk à Bakhmut, et l’autoroute M03 qui part de Krasnaya Gora et mène directement à Slavyank. En fait, Wagner s’est
retrouvé devant ces deux objectifs.
Carte 4.
brigade.4 Tc
Zaluzhnyi dispose à l’ouest de Krasnaya Gora, le long de la voie ferrée, de la 4e brigade de chars (voir carte 4). Le dispositif de défense de la
région de Krasnaya Gora comprenait également la 24e brigade mécanisée ukrainienne, qui a succombé à Wagmer et a été retirée derrière la 4e brigade de chars. La 63e brigade mécanisée est
placée en réserve, avec des forces fraîches et complètes. Elle peut être envoyée pour intervenir à la fois en direction de Soledar et en direction de Krasnia Gora (voir carte 5).
Carte 5.
krasna gora brigade.63 mc
Après avoir liquidé à grande vitesse les avant-postes ukrainiens de Soledar et Krasnaya Gora, l’armée russe s’est retrouvée devant la véritable position de
défense ukrainienne. Il est difficile de prédire comment la situation évoluera sur ce segment de première ligne. Mais nous devons garder à l’esprit que les Russes sont déterminés à
achever rapidement les Ukrainiens, les températures sont comprises entre -6 et -13 degrés Celsius et le sol est gelé. Cela permet des manœuvres sur de grands espaces avec des véhicules
blindés et cela donne un avantage aux Russes. Il est possible d’assister à la première grande bataille de chars depuis le début de la campagne en Ukraine, impliquant 200 à 400 chars (voir
carte 6).
En ce 8 janvier 2023, alors que les températures, jusque-là très douces, ont fortement chuté dans le Donbass au cours des derniers jours, faisant geler le
sol et par ricochet également grandir le spectre tant redouté, par les bandéristes et leurs sponsors, d’une offensive militaire russe majeure incluant les effectifs supplémentaires
mobilisés en septembre, le ministère russe de la défense vient d’annoncer avoir réalisé une frappe de représailles :
« À la suite de
l’attaque criminelle du régime de Kiev, dans les premières minutes de janvier 2023, contre le lieu de déploiement temporaire du personnel militaire russe près de Makeyevka (République
populaire de Donetsk), le commandement du groupe combiné de troupes a mené une opération de riposte. Au cours des dernières 24 heures, les moyens de reconnaissance russes ont découvert et
confirmé de manière fiable par plusieurs canaux indépendants les points de déploiement temporaires de l’AFU à Kramatorsk. Il y avait plus de 700 militaires ukrainiens dans le dortoir n°28
et plus de 600 militaires dans le dortoir n°47. Plus de 600 militaires ukrainiens ont été éliminés à la suite d’une frappe massive de missiles sur ces lieux de déploiement temporaire des
unités de l’AFU ». (Sources : 1–2–3–4–5)
La nuit dernière, la trêve de Noël à peine achevée, la Russie avait envoyé des missiles sur Kharkov
et Kramatorsk… Si les russes avaient rapidement reconnu publiquement avoir subi des pertes sévères à Makeyevka, la junte bandériste de Kiev ne semble pas déterminée à faire de
même… La réponse qu’elle vient de donner à la revendication d’attaque russe sur la garnison de Kramatorsk est proprement lunaire : Kiev dément non seulement intégralement la
frappe russe sur Kramatorsk, mais qui plus est avec un argument proprement surréaliste, pourtant rapporté sans honte en ce jour par
la journaloperie merdiatique atlantiste mainstream :
« « Les troupes
russes n’ont pas la capacité de délivrer des frappes de haute précision », a indiqué au média Suspilne un porte-parole du commandement « Est » de l’armée ukrainienne,
Serguiï Tcherevaty, dénonçant une « opération de communication » russe face aux succès ukrainiens. »
Cependant, toujours selon BFM-TV,
« les
autorités ukrainiennes locales ont pour leur part rapporté que Kramatorsk a été touchée par sept roquettes au cours de la nuit », avec « au moins quatre
explosions » entendues « par des journalistes
de l’AFP présents à Kramatorsk ». Sans aucun doute conscients du ridicule absolu de la communication kiévienne, les analystes militaires atlantistes reconnaissent
désormais timidement que « la base, dans une
guerre, est que toute communication est d’ordre politique » et par conséquent « la première victime
de la guerre est la vérité »… Sentant le vent tourner en leur défaveur, les larbins de l’atlantisme commencent à se démarquer de l’ubuesque propagande de
Kiev !
D’autant que les « succès » militaires de Kiev paraissent particulièrement contestables ces derniers temps, notamment à Artemovsk et
Soledar… Zelensky reconnaissait
d’ailleurs récemment lui-même « qu’il y a des
batailles sanglantes à Artemovsk et Soledar », ajoutant que « la situation [y] est
très difficile ».
Un tel degré de déni est proprement abyssal et illustre la situation militaire de plus en plus désespérée dans laquelle se trouve la chair à canon mobilisée
par la junte altlantico-bandériste !… Le but de ce déni le plus total est évident : Empêcher le moral de l’armée bandériste, quotidiennement saignée à blanc par la stratégie
d’attrition russe, de s’effondrer complètement… Les observateurs militaires occidentaux intelligents l’ont bien compris : depuis le colonel américain Douglas
Mac Gregor au Général
Dominique Delawarde, ils jugent « inéluctable » une victoire russe…
Les bandéristes ukro-atlantistes doivent à l’évidence arrêter le crack… Quant à la fraction des peuples d’Ukraine qui reste encore sous l’emprise de leur
propagande, elle ferait bien de s’en distancier rapidement afin de renouer un minimum le contact avec la réalité, fut-elle éminemment déplaisante : le lobby atlantiste a utilisé l’Ukraine
et son gouvernement compradore « nationaliste »-bandériste fantoche pour forcer la Russie à entrer dans une guerre par procuration contre l’Occident collectif afin de détruire, sinon pour
le moins d’affaiblir cette dernière. Mais ce plan est en train d’échouer lamentablement et promet même de se retourner aussi bien contre ses sponsors-promoteurs, que contre ses idiots
utiles indigènes ukropithèques, et ce pour le plus grand malheur des peuples d’Ukraine entraînés depuis 2014 dans le chaos d’un coup d’Etat fasciste et de la guerre civile
autodestructrice qui en a découlé et à laquelle la Russie a décidé de mettre un terme définitif après
des années de tromperies diplomatiques… À l’opposé, l’Occident semble déterminé à prolonger jusqu’à son terme ultime le sacrifice de son Bandéristan afin de tenter de retarder
la dislocation de son hégémonie
coloniale sur les affaires du Monde.
Une chose est certaine : il n’y a pas qu’en termes de
démagogie et de cynisme que les dirigeants du IVe Reich bandéro-atlantiste ont dépassé leur mentor nazi. Leur capacité de déni de réalité et à plonger les larges masses
exploitées dans une réalité médiatique virtuelle parallèle (métavers) promet également de rester dans les manuels d’Histoire…
Des choses importantes se passent en Ukraine en termes de science et d’art militaires. Les MSM ne les relaient pas car ils sont trop occupés par les
supposées maladies incurables d’un Vladimir Poutine, qui se trouve être dans une forme physique et mentale plutôt enviable.
Le général Sergei Surovikin reste concentré sur le front de Donbas. Au sud de Bakmut, Wagner avance tranquillement vers la ville de Klisheevka, qu’il
libérera complètement dans les 24-48 heures. De là, il peut intercepter l’autoroute M 32 qui relie l’ouest de Bakhmut à Chasiv Yar (voir carte 1).
Une certitude commence à émerger, à savoir que Surovikin a décidé que le coup principal sur ce front sera donné en direction de Soledar. Wagner a atteint la
banlieue sud-est de Soledar, dans la zone industrielle. Mais la zone offre des conditions idéales pour les défenseurs ukrainiens : obstacles naturels, grands halls de production, blocs
élevés, transformés en points d’observation. En outre, la 17e brigade de chars ukrainienne, déployée à Soledar, est entraînée à combattre dans les zones urbaines et à mener des
contre-attaques efficaces (voir carte 2). En examinant de plus près la ligne de défense de Soledar, on peut conclure que Wagner a effectué des manœuvres démonstratives pour attirer vers
lui la plupart des forces des défenseurs ukrainiens (voir carte 3).
Alors que l’attention des Ukrainiens était concentrée au sud-est de Soledar, sur les manœuvres de Wagner, les compagnies d’éclaireurs des parachutistes
russes de Yakovlivka, embarquées sur les blindés BTR-MD Rakushka et BMD-3, ont profité du terrain gelé et ont parcouru 6 km à l’ouest, en secret. C’est ainsi qu’ils ont réussi à
s’infiltrer dans un quartier de la banlieue nord de Soledar, y créant une tête de pont (voir carte 4). Les parachutistes russes ont l’avantage que les immeubles de ce quartier ont 8
étages et de là, ils peuvent parfaitement observer la zone centrale et ouest de la ville. C’est la véritable vulnérabilité des défenseurs ukrainiens à Soledar. Car leur dispositif a
d’abord été attaqué par Wagner, puis enveloppé et pris à revers par les parachutistes russes. S’ils ne parviennent pas à contre-attaquer rapidement et puissamment, afin de repousser les
parachutistes russes, cette tête de pont s’élargira et dans quelques jours, maximum une semaine, la ville sera occupée par les Russes.
Si les Russes occupent Soledar, pour le général Valery Zaluzhnyi ce sera le début du cauchemar. Surovikin prendra l’autoroute M 03 et la pourra l’emprunter
jusqu’à Sloviansk. Cela signifie que les Russes auront accès à tout le territoire ukrainien au nord de cette route, jusqu’à la rivière Severodonetsk. Entre Soledar-Siversk-Liman, le front
ukrainien sera au bord de l’effondrement. Par conséquent, la tentative de percer les défenses russes à Kremina et l’accès à l’agglomération urbaine de Severodonetsk-Lysychansk sera
abandonnée par l’armée ukrainienne en raison du risque d’encerclement (voir carte 5).
Alors que la température baisse, l’armée ukrainienne a commencé une série de prépositionnements, visant à créer un avantage minimal sur les positions
défensives russes. Profitant de l’armistice respecté uniquement par la Russie, l’armée ukrainienne a déplacé 2 brigades, une de chars et une mécanisée (entourées en vert), de la zone de
Kupiansk, région de Kharkov, à environ 65 km plus au sud, vers la zone d’Izum-Liman (voir carte 1). En conséquence, la partie nord du front ukrainien est devenue très clairsemée et donc
ce mouvement du général Valery Zaluzhnyi ressemble à une invitation aux Russes à établir leur future direction offensive principale dans cette zone.
Si le général Sergei Surovikin choisit cette option, les forces russes partiront de la frontière ukrainienne et isoleront la ville de Kharkov. À l’ouest de
Kharkov, il coupera les deux voies de communication avec l’Ukraine, et à l’est de Kharkov il fera des avancées significatives sur l’autoroute Kharkov-Izum. Les troupes russes déployées
sur la ligne défensive nord-sud passeront également à l’offensive et vont faire la jonction avec les forces qui ont contourné Kharkov à Izium (voir carte 2).
Ainsi, les Russes contrôleront la seule route située derrière le front ukrainien et les militaires ukrainiens seront contraints de se replier vers le sud.
Avec cette offensive russe, l’Ukraine revient à la situation d’avant la contre-offensive de septembre. Si cela peut sembler être un gain, il est non seulement minime, mais aussi obtenu au
prix de trop d’efforts, et peut avoir des conséquences moins agréables pour les Russes.
Comme je l’ai déjà dit, Valery Zaluzhnyi avait déplacé deux brigades dans la région d’Izum-Liman afin de renforcer le dispositif offensif visant à conquérir
Kremina (cercle blanc, carte 3). Si Zaluzhny parvient à percer les défenses russes à Kremina, même si les Russes devaient occuper Kharkov, cela n’aurait plus d’importance. En effet,
l’armée ukrainienne aurait la voie libre vers l’agglomération urbaine de Severodonetsk-Lysychansk et de là, en se déplaçant vers le sud, s’emparerait de la route de contournement, par
laquelle s’effectue l’approvisionnement du secteur du front russe entre Soledar et Bakhmut. Si cette manœuvre réussit, Zaluzhnyi brisera le front russe en deux, prendra les défenses
russes à revers et créera de nombreux encerclements. À partir de ce moment, il ne peut plus être question d’une offensive russe dans le Donbass, jusqu’à ce que Surovikin stabilise ce
secteur de première ligne. C’est-à-dire au moins jusqu’à l’été.
Cependant, ce leurre de Zaluzhnyi est bien trop voyant et seuls les débutants pourraient tomber dans son piège. C’est pourquoi je crois que Surovikin
renforcera en premier lieu l’appareil de défense de la ville de Kremina parce qu’il n’a aucun intérêt à garder ses forces inutilement bloquées autour de la ville de Kharkov. Et la région
de Kharkov, qui revêt une importance stratégique pour les Ukrainiens, est dépourvue de tout intérêt pour les Russes. Ce qui n’est pas le cas du Donbass qui, lui, a un statut différent, il
fait partie de la Russie.
À partir de samedi, les températures dans l’est et le sud de l’Ukraine varieront entre -8° et -13°. Cela signifie que le sol sera gelé et que la zone de la
ligne de front permettra le déplacement à grande échelle des véhicules blindés, des obusiers automoteurs et de l’infanterie motorisée. C’est la fenêtre optimale pour déclencher une
nouvelle opération offensive. Les experts militaires du monde entier s’attendent à la reprise d’actions offensives de grande envergure en Ukraine.
Image 1
À la demande des conseillers de l’OTAN, sur le front de Bakhmut, l’armée ukrainienne a effectué 2 rotations des brigades mécanisées et d’infanterie au cours
du dernier mois. Dans le but de compléter les pertes de 15-20% en personnel et matériel de combat. Les compléments dans le personnel ont été faits avec des réservistes nouvellement
mobilisés et dont la préparation au combat était réduite. Mais le ratio des forces est de loin supérieur du côté ukrainien, en termes de nombre de troupes d’infanterie (voir Image 1). Le
général Valeri Zaluzhnyi est extrêmement intelligent et s’il agit rapidement, il peut offrir des surprises insoupçonnées. Alors tout le monde se demande : l’armée ukrainienne peut-elle
avancer sur ce front lors d’une future offensive et, si oui, jusqu’où ?
Image 2
Jusqu’à présent, le terrain impraticable a favorisé les troupes défensives. Nous ne devons pas oublier que les groupes d’artillerie ukrainiens ont subi des
pertes importantes en obusiers, radars de contre-batterie et drones de correction de tirs. Et l’absence d’appui-feu réduira le rythme et la force de frappe de toute offensive ukrainienne.
Cependant, derrière la ligne de front, entre Soledar et Bahkmut, il y a plus de 5 mines de sel, dans lesquelles les Ukrainiens ont installé des dépôts souterrains d’armes et de munitions,
des hôpitaux de campagne et des zones de repos pour les soldats. De nombreux tunnels ont été creusés qui communiquent avec les lignes de défense en surface (voir Image 2). C’est pourquoi,
très probablement, les unités ukrainiennes préféreront rester dans l’immense réseau de tranchées et de fortifications, d’où elles lanceront d’innombrables contre-attaques éclair et
infiltrations dans les profondeurs de la machine russe. (voir Image 3). S’ils ont de la chance, les Ukrainiens enregistreront rapidement des victoires. Sinon, chaque jour qui passe voit
les brigades terrestres ukrainiennes perdre leur force de frappe sous les coups de l’armée russe.
Image 3
Il y a donc une probabilité de plus de 50% que la Russie ait l’initiative dans ce secteur du front. Grâce au gel, les Russes peuvent renoncer à l’attaque
frontale qu’ils ont utilisée jusqu’à présent. Au lieu de cela, ils effectueront des manœuvres sur de vastes zones, avec un appui-feu et sous la couverture des forces aériennes et des
hélicoptères de combat. Le rapport des forces en chars et en aviation, favorise les Russes. En théorie, les Russes peuvent multiplier par deux leur vitesse d’avance actuelle pour
contourner les fortifications ukrainiennes sur leurs flancs.
Image 4
Si l’Ukraine gagne la bataille de Bakhmut, elle parviendra à prolonger la durée de la guerre, car l’Occident aura une bonne raison de lui fournir des armes
de plus en plus modernes. Pour la Russie, la bataille pour Bakhmut signifie, avant tout, forcer l’Ukraine à amener la plupart de ses troupes régulières et de ses armes au front. Les
Russes visent à les neutraliser. Il est intéressant de noter que pour le général Sergei Surovikin, sur le plan stratégique, Bakhmut n’est qu’un « leurre ». L’objectif de la
future offensive de Sergei Surovikin pourrait être plus large, à savoir bloquer l’armée régulière ukrainienne sur le front de l’est de l’Ukraine en sandwitch entre les forces russes. En
coupant toute voie d’approvisionnement vers le reste de l’Ukraine et donc l’accès aux armes fournies par l’OTAN tout en comblant les pertes avec des réservistes (voir Image 4), cette
manœuvre assurera à l’armée russe une totale liberté d’action dans les zones ouest, nord-ouest et nord de l’Ukraine. Il n’y a là que des troupes territoriales, composées de réservistes,
avec une capacité de combat quasi nulle et armées de manière plutôt théorique (voir Image 5).
Dans la nuit du 31 décembre 2022 au 1er janvier 2023, l’armée otano-ukrainienne a bombardé un bâtiment d’une école technique de Makeyevka où étaient logés
des mobilisés venant de Russie avant leur déploiement sur le front. Ce bombardement qui a fait 89 morts et plus d’une centaine de blessés, a provoqué une importante polémique parmi les
journalistes russes sur la responsabilité de cette tragédie, qui aurait pu clairement être évitée.
Minuit vient de sonner, et l’année
2023 vient à peine de commencer, que six roquettes de Himars hautement explosives (plus destructrices que le modèle standard) sont tirées sur l’école technique n°19 de Makeyevka, où
des mobilisés russes venant en majorité de Samara, ont été installés en attendant d’être déployés sur le front.
La défense anti-aérienne russe abat deux roquettes, mais les quatre restantes suffisent pour détruire totalement le bâtiment qui s’effondre. Le bilan
initial de 63 morts s’est alourdi ensuite à 89, et plus d’une centaine de blessés. D’après les dernières informations qui nous sont parvenues, une partie des soldats qui ont survécu au
départ, sont morts en allant chercher leurs camarades dans les ruines. Et parmi les morts se trouve le commandant adjoint du régiment, le lieutenant colonel Batchourine. Le lanceur Himars
utilisé pour cette frappe a été détruit par un tir de contre-batterie.
En représailles, l’armée russe a frappé la zone proche de la gare de Droujkovka, en région de Donetsk sous contrôle ukrainien, où du matériel militaire
était déchargé, et sur le palais des glaces où des soldats ukrainiens étaient installés. Suite à cette frappe, deux lance-roquettes multiples HIMARS, quatre lance-roquettes multiples
tchèques RM-70 Vampire, et plus de 800 roquettes destinées à ces lance-roquettes multiples ont été détruits. Les pertes humaines se montent à environ 120 soldats ukrainiens
éliminés.
L’armée russe a aussi frappé un point de déploiement temporaire de l’une des unités de la « Légion internationale » dans la région de Maslovka,
éliminant plus de 130 mercenaires étrangers.
Actuellement, une commission enquête sur la tragédie de Makeyevka, les résultats sont attendus pour le 6 janvier, et le ministère russe de la Défense a
promis de punir les personnes responsables. Mais très vite la principale raison invoquée fut la présence et l’utilisation massive par les soldats russes, en violation de l’interdiction,
de téléphones portables (qui auraient été détectés par le système américain ECHELON) à un endroit se trouvant à portée des armes ennemies. D’après le ministère de la Défense, c’est ce qui
a permis à l’ennemi de localiser et de déterminer les coordonnées de l’emplacement des soldats russes pour lancer une frappe de missiles.
Mais cette raison avancée par le ministère russe de la Défense a fait grincer des dents pas mal de journalistes et surtout de correspondants de guerre
russes, qui ont rappelé que les premiers fautifs sont ceux qui ont décidé d’installer un si grand nombre de soldats russes à un même endroit à portée de tir de l’artillerie lourde ennemie
(il y a moins de 15 km à vol d’oiseau entre l’endroit en question et Avdeyevka) !
Si les soldats avaient été dispersés en plus petits groupes, le bilan n’aurait pas été aussi tragique, voire il n’y aurait pas eu de frappe menée avec des
missiles aussi coûteux pour espérer tuer quelques soldats russes. Il y a clairement eu une erreur du commandement qui n’a pas tenu compte du fait que l’armée ukrainienne bénéficie
d’informations fournies par les services de renseignement de l’OTAN, et en particulier de ceux des États-Unis !
Certes les soldats russes stationnés à Makeyevka ont violé l’interdiction de l’utilisation de téléphones portables, permettant à l’armée otano-ukrainienne
de confirmer qu’ils étaient bien là à ce moment-là et qu’il s’agissait d’un regroupement important. Et cette erreur leur a coûté terriblement cher. Mais ils ne sont pas les principaux
responsables de cette tragédie.
En effet, si on suit le « modèle du fromage suisse » (qui dit que même s’il y a dans un processus plusieurs mécanismes pour éviter les accidents,
chacun d’eux possède des failles, comme les trous dans une tranche d’Emmental, et si les trous de ces différentes « tranches de fromage » sont « alignés », alors un
accident peut se produire), le ou les responsables sont ceux qui ont carrément retiré la première « tranche de fromage » (la dispersion des troupes). Sans cette première erreur,
même si les soldats avaient utilisé leur téléphone, leur dispersion importante les aurait rendus moins « visibles » pour le renseignement ennemi, et surtout le ratio prix du
missile/nombre de soldats tués aurait sûrement fait pencher la balance en défaveur d’une frappe.
Je suis d’accord avec mes confrères sur le fait que ce sont ceux qui ont décidé de regrouper ainsi un grand nombre de soldats russes à un même endroit, à
portée de tir de l’ennemi, qui sont les premiers responsables de la tragédie de Makeyevka, et qu’ils doivent être non seulement démis immédiatement de leurs fonctions, mais jugés !
Il n’y a qu’ainsi que de telles erreurs inacceptables ne se reproduiront plus.
Mais il faut néanmoins rappeler aux soldats russes que s’ils ont interdiction d’utiliser leurs téléphones portables c’est pour des raisons de sécurité. On
sait depuis longtemps que l’Ukraine traque les numéros de téléphone russes dans le Donbass. Avant 2022 elle le faisait grâce au roaming qui passait par les opérateurs ukrainiens qui
transmettaient les informations au SBU (ce n’est plus le cas depuis le début de l’opération spéciale, mais depuis peu le roaming a été rétabli via les fournisseurs locaux). Le problème
est que désormais l’Ukraine a accès à bien plus de renseignements fournis par les Américains que par le passé. Résultat cette interdiction ne doit pas concerner que les cartes SIM russes
(car comme le journaliste
Alexandre Kots je doute qu’ECHELON soit incapable de localiser voire d’écouter les cartes SIM émises par les deux Républiques Populaires du Donbass).
Je comprends qu’il soit difficile de rester sans contact avec les proches de manière prolongée, et il faut que l’armée russe trouve un système de
communication sécurisé et rapide (plus que le courrier papier qui a été récemment instauré) entre les soldats russes et leur famille. Nous ne sommes plus en 1941, et les gens ont du mal à
attendre des jours, voire plus, de recevoir des nouvelles de leurs proches. Il faut que l’armée russe tienne compte des réalités actuelles liées à la généralisation du téléphone mobile,
et de l’immédiateté qui va avec. Mais il faut aussi marteler aux mobilisés pourquoi il ne faut pas enfreindre les règles dans ce domaine.
Ce qui s’est passé à Makeyevka doit devenir une leçon à ne jamais oublier pour le commandement et les soldats russes, qui doivent se rappeler en permanence
qu’ils se battent contre une armée otano-ukrainienne, et que cela implique que la moindre erreur, le moindre laisser aller peut coûter très cher.
Avez-vous déjà joué au poker avec un novice ? Je parle de la personne qui ne comprend pas le concept de poker face. Le débutant reçoit une main à cinq
cartes et affiche un large sourire accompagné d’un visage rougeoyant alors qu’il contemple un full. Seul petit problème : le maître du poker de l’autre côté de la table tient quatre
as.
C’est ce qui s’est passé aujourd’hui alors que l’Ukraine et l’Occident ont réagi à la nouvelle, confirmée par le ministère russe de la Défense, selon
laquelle un HIMARS américain a frappé une caserne improvisée de soldats russes et tué au moins 63 personnes. Pourquoi une telle réaction ? On nous a répété à plusieurs reprises au cours
des 8 derniers mois que la Russie subissait des pertes catastrophiques. Qu’est-ce qui rend cet événement si spécial et mérite tant d’attention ?
La réponse est simple : c’est la première fois depuis le début de la guerre en février 2022 que la Russie subit plus de 50 pertes dans un engagement, en une
seule journée. Comment le sais-je ? Parce que les chaînes Telegram russes se sont enflammées immédiatement lorsque cela s’est produit. C’est la première fois que je vois ce genre de
réaction du côté russe au cours des 10 derniers mois.
La réaction à cette attaque de missiles souligne le contraste frappant entre la Russie et l’Ukraine. Le porte-parole du ministère russe de la Défense a
librement et franchement admis le « succès » de l’attaque ukrainienne, tandis que l’armée ukrainienne – qui perd au moins 200 hommes par jour – dissimule ses pertes et insiste
sur le fait qu’elle bat la Russie à plate couture. Les Ukrainiens ont raconté tellement de mensonges au cours des dix derniers mois – par exemple, le fantôme de Kiev, la capture d’un
avant-poste frontalier russe, l’abattage de tous les missiles de croisière russes, l’expulsion des Russes de Kherson, etc. que cette frappe de missiles réussie leur a finalement donné
quelque chose de réel dont ils peuvent se réjouir.
Mais cette attaque est un mensonge. Elle n’a pas été menée par des troupes ukrainiennes hautement entraînées et disposant d’une grande quantité d’HIMARS.
Elle a été réalisée grâce à des renseignements fournis par l’Occident qui ont permis d’identifier la concentration de troupes et de fournir les coordonnées pour lancer une frappe de
précision. En outre, il est très probable que des troupes de l’OTAN ont aidé à faire fonctionner le système HIMAR. Cette attaque est en fait un signe de désespoir ukrainien et occidental.
Elle ne change rien à l’image stratégique.
Le
Saker m’a devancé en faisant remarquer, à juste titre, que cette attaque de HIMARS ne se résume pas à la destruction d’une compagnie de troupes russes :
« Pourtant, l’OTAN
n’agit pas simplement pour montrer qu’elle peut agir. Il y a un objectif réel, militaire, derrière ces frappes. Et ce n’est pas « juste » pour provoquer la Russie dans une
sorte de réponse (pas avec les dizaines et même les centaines de frappes de missiles russes qui ont déjà lieu chaque jour). (…)
Pourquoi l’OTAN
voudrait-elle que l’offensive russe ait lieu plus tôt que prévu ? Dans toutes ses autres actions, les Anglo-sionistes ont essayé de faire durer cette guerre aussi longtemps que possible,
alors pourquoi voudraient-ils que les Russes attaquent plus tôt que prévu ?
Parce que
l’état-major russe attend que tous les « canards soient alignés » avant d’attaquer. Ainsi, en essayant de forcer les Russes à fixer une date d’attaque prématurée, l’OTAN essaie,
très logiquement, d’empêcher que tous les « canards » soient « alignés ». En d’autres termes, l’OTAN essaie de forcer la main de l’état-major russe en augmentant
la pression sur le Kremlin pour qu’il « passe enfin à l’action ». »
Je me fais un devoir de regarder comment les médias ont joué cette histoire aujourd’hui. J’ai regardé Sky
News, Fox
News et Al-Jazeera. Tous
ont présenté cet événement comme un nouveau revers majeur pour les Russes et une preuve de plus que la contre-offensive ukrainienne remporte un grand succès. C’est un délire de
masse.
Cela dit, il semble que les Britanniques aient plus de mal à s’accrocher à cette illusion. Le sujet principal de Sky
News dans la journée était l’escalade de la crise du service national de santé britannique. Les grèves des ambulanciers et des infirmières font des victimes et les parents en
deuil sont furieux. Ils se concentrent sur l’échec du gouvernement conservateur à maintenir leurs proches en vie. Je n’ai pas vu les Britanniques réclamer à cor et à cri une aide
supplémentaire pour l’Ukraine.
Je pense que le mois de janvier sera un tournant dans la guerre en termes de soutien occidental à l’Ukraine si les conditions hivernales sont rudes et si la
situation économique se dégrade, ce qui augmentera la pression politique intérieure sur les pays de l’OTAN pour qu’ils s’occupent de leurs affaires chez eux. Qu’en pensez-vous ?
Les actions des HIMARS et des obusiers M777 ont jusqu’à présent été couronnées de succès car dès que l’artillerie russe tirait sur les positions
ukrainiennes, les radars de contre-batterie occidentaux envoyaient automatiquement les coordonnées des pièces d’artillerie russes aux obusiers M777 ou MLRS de type HIMARS. Et ils les ont
frappés avec une précision extrême. Les radars de contre-batterie détectent la trajectoire du projectile ennemi et calculent d’où il a été tiré. La plupart des radars de ce type détectent
la position des obusiers jusqu’à 25 km de distance, avec une erreur circulaire de 0,35%.
Dans un article précédent, nous avons montré que le général Sergueï Sourovikine a créé une liste de priorités pour les objectifs ukrainiens ciblés. Il est
conscient du danger de l’artillerie occidentale. Sa liste de priorités comprend une chasse intensive aux pièces d’artillerie envoyées par l’OTAN au cours des deux dernières
semaines1.
L’armée ukrainienne utilise plusieurs types de radars de contre-batterie : AN/TPQ-48, AN/TPQ-36, ARTHUR d’origine occidentale et aussi NVK Iskra 1L220UK
Zoopark-3, produit en Ukraine. Ils font partie de l’équipement de la 15e brigade de reconnaissance d’artillerie de l’armée ukrainienne. Parmi ceux-ci, le radar allemand Cobra est le plus
puissant, car il est capable de détecter le site de lancement de 40 pièces d’artillerie en 2 minutes, jusqu’à une distance de 40 km. Le prix d’un système Cobra est de 50 millions d’euros,
les radars de contre-batterie sont donc chers et leur nombre est limité. Il est donc impossible de remplacer ceux qui ont été détruits par l’armée russe.
L’armée russe a détruit plus de 3000 pièces d’artillerie et mortiers ukrainiens depuis le début de l’opération spéciale. L’Ukraine a reçu en retour plus de
500 obusiers et mortiers lourds de gros calibre, ainsi que plus de 100 lanceurs MLRS qui compensent avec précision l’absence de pièces d’artillerie détruites.
Outre la chasse aux pièces d’artillerie produites par l’OTAN, l’armée russe est arrivée à la conclusion qu’en l’absence de radars de contre-batterie, la
précision et l’efficacité automatique de l’artillerie ukrainienne sont fortement réduites. L’utilisation des radars de contre-batterie présente plusieurs inconvénients, que l’armée russe
a entrepris d’exploiter au maximum. Il s’agit de l’émission d’ondes électromagnétiques qui permet de les localiser et leur positionnement à proximité de la ligne de front ce qui les rend
plus faciles à atteindre. En conséquence, le 30 décembre, l’armée russe a détruit 6-7 radars de contre-batterie ukrainiens, et le 1er janvier, 2 autres. Plus tôt en novembre, 8 radars de
contre-batterie ukrainiens avaient été démantelés.
Il ne fait aucun doute que l’OTAN s’efforce d’intensifier la guerre en
Ukraine. Juste avant la fin de l’année, deux frappes de drones ont eu lieu contre une importante base des forces aérospatiales à Engels. Les attaques n’ont pas été couronnées de succès, mais des Russes sont morts
lorsque des éclats d’obus ont touché un camion-citerne qui a explosé. L’importance de cette attaque tient au fait qu’Engels est située au cœur de la Russie.
Ensuite, il y a eu
diverses petites attaques contre divers postes frontaliers russes et des villes proches de la frontière russe.
Ce qui reste de la caserne russe de Makeevka après une frappe HIMARS.
Traitons
d’abord du deuxième titre. La première chose que nous devons dire est qu’il s’agissait clairement d’une cible légale en vertu des lois de la guerre : L’OTAN a frappé du personnel militaire russe,
et c’est une cible tout à fait légale. Cependant, si nous regardons un peu plus loin, nous nous rendons compte que l’attaque HIMARS a clairement été menée par des « volontaires/conseillers » occidentaux,
c’est-à-dire des membres de l’OTAN qui ont retiré leur uniforme et sont sous couverture. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une nouvelle attaque directe de l’OTAN contre des soldats
russes.
[Encadré : C’est le type
d’attaque pour lequel les HIMARS sont très efficaces : Des frappes de précision contre des cibles fragiles. Les HIMARS ont une très bonne portée et une bonne précision, mais leurs ogives sont
trop petites pour réussir à détruire des cibles plus difficiles, comme des ponts ou des bunkers. Les HIMARS, surtout s’ils sont soutenus par l’ensemble des capacités C4ISR des États-Unis et de
l’OTAN, représentent une menace majeure pour les cibles « molles » comme, dans ce cas, des casernes en bois.]
Je voudrais noter que seul un civil ignorant pourrait s’attendre à ce que l’OTAN ne fasse jamais rien, n’offre aucune résistance, ne prenne aucune contre-mesure, ne
réussisse jamais ou ne frappe pas les Russes en cas de blessure. La vérité dans la guerre est que l’ennemi ripostera (du moins dans une vraie guerre, pas dans une opération de contre-insurrection
contre un adversaire largement inférieur).
Mais qu’en est-il du reste de ces frappes, notamment celles visant le territoire russe (tel qu’il était avant la libération des régions ukrainiennes) ?
Il faut donc se poser une question fondamentale : Quel est l’objectif de ces frappes ?
Commençons par quelques truismes :
- Premièrement, aucune de ces frappes ne changera quoi que ce soit au cours de cette guerre. Tout comme les frappes israéliennes contre le Liban ou la Syrie (la
dernière en date, aujourd’hui, a tué deux Syriens et endommagé des installations). Cependant, alors que les frappes israéliennes sur la Syrie sont faites pour des « raisons psychothérapeutiques » (je l’ai expliqué de
NOMBREUSES fois dans le passé), ce n’est pas le cas des frappes de l’OTAN, y compris celles « non revendiquées » contre Engels.
- Deuxièmement, après chacune de ces frappes, beaucoup de gens se demanderont ce que la Russie va faire à ce sujet. Le précédent est l’attaque du pont de Crimée qui
a donné à la Russie un prétexte pour éteindre les lumières au Banderastan. Et oui, ce n’était clairement qu’un prétexte, car une campagne de frappes massives de ce type ne peut pas être planifiée
et exécutée rapidement, en quelques heures/jours. La vérité évidente est que les Russes étaient tout à fait prêts à déclencher leurs frappes bien AVANT l’attaque du pont de Crimée, mais qu’ils
étaient plus qu’heureux d’avoir cette attaque comme prétexte (par opposition à une *raison*) pour frapper.
Et si vous vous posez la question, sachez que la Russie continue de mener quotidiennement de telles frappes, y compris des frappes impliquant des centaines de
missiles ! Ces frappes successives ne sont pratiquement pas rapportées dans les médias occidentaux parce que 1) « Ze » a interdit toute image/vidéo des
résultats de ces frappes et 2) rapporter leur véritable ampleur saperait le récit officiel (y compris celui selon lequel la Russie est à court de munitions).
Néanmoins, l’OTAN n’agit pas uniquement pour montrer qu’elle peut agir. Il y a un véritable objectif militaire derrière ces frappes. Et il ne s’agit pas « simplement » de provoquer la Russie pour
qu’elle réponde d’une manière ou d’une autre (pas avec les dizaines, voire les centaines de frappes de missiles russes qui ont déjà lieu chaque jour).
La guerre est déjà en cours, les Russes se battent déjà sur une très longue ligne de front, les forces aérospatiales russes frappent déjà des cibles dans toute
l’Ukraine, alors qu’y a-t-il de plus à provoquer/déclencher ?
Je pense qu’il n’y a qu’une seule chose que les Russes n’ont pas encore faite, et c’est l’opération combinée de grande envergure que l’état-major russe est
manifestement en train de préparer. Et puisque cette offensive majeure est presque certaine, la seule chose que ces frappes de l’OTAN pourraient affecter est le moment de l’attaque. Et comme il
n’y a aucun moyen pour que ces frappes (par piqûre d’épingle) de l’OTAN puissent retarder l’offensive russe, leur seul objectif possible serait de la faire arriver plus tôt.
Pourquoi l’OTAN voudrait-elle que l’offensive russe ait lieu plus tôt que tard ? Dans toutes leurs autres actions, les Anglo-sionistes ont essayé de faire durer
cette guerre aussi longtemps que possible, alors pourquoi voudraient-ils que les Russes attaquent plus tôt ?
Parce que l’état-major russe attend que tous les « canards soient alignés » avant d’attaquer. Ainsi, en
essayant de forcer les Russes à attaquer prématurément, l’OTAN essaie, très logiquement, d’empêcher que tous les « canards » soient « alignés« . En d’autres termes, l’OTAN tente de forcer
la main de l’état-major russe en augmentant la pression sur le Kremlin pour qu’il « passe enfin à l’action« .
Essayer de contraindre son ennemi à une attaque prématurée est parfaitement logique sur le plan militaire (comme tout effort visant à prendre l’initiative et à
imposer son rythme à l’ennemi).
Ces efforts sont grandement facilités par les catégories suivantes :
Les civils qui ne comprennent pas la guerre.
Les infantiles qui s’indignent chaque fois que l’OTAN réussit à frapper des cibles russes
Les (faux) « amis de la Russie » occidentaux qui
répètent tel un mantra que « Poutine est faible,
indécis, naïf » etc.
Les PSYOPS occidentaux qui veulent répandre la peur, l’incertitude et les doutes dans l’opinion publique russe.
Ces quatre groupes forment une foule assez bruyante qui agit EXACTEMENT comme les anglo-sionistes le souhaitent.
Quelle est donc l’efficacité de ces efforts de l’OTAN ?
Il convient de mentionner ici une profonde différence culturelle entre la société russe et la société occidentale : La plupart des Russes ont une bien meilleure
compréhension de la guerre que les Occidentaux. Cela vaut pour les civils comme pour les généraux. Il y a de nombreuses raisons à cela, mais je n’en citerai que quelques-unes :
De nombreux Russes ont une formation militaire (de base ou plus avancée).
Presque tous les Russes ont perdu des membres de leur famille pendant la Seconde Guerre mondiale et savent donc à quel point la guerre est horrible.
La culture russe, des livres aux films, est remplie d’histoires de guerre, et pas du type Tom Clancy, mais de la vraie guerre.
Les guerres en Tchétchénie, en Croatie, en Bosnie, en Serbie, en Géorgie, en Syrie, en Arménie et bien d’autres conflits encore ont « éduqué » la société russe aux réalités douloureuses de
la guerre.
Contrairement aux hallucinations des (faux) « amis de la Russie » à l’Ouest, les « Strelkovites » et autres « allislosters » assortis en Russie ont très peu
de traction ou de crédibilité auprès du grand public russe. Pour dire les choses simplement, les Russes font confiance à Surovikin (et à Poutine !) beaucoup, beaucoup, beaucoup plus que ces
hystériques parce qu’ils sentent instinctivement que ce qui est nécessaire n’est pas la colère, mais la concentration.
Conclusion
L’OTAN fait tout son possible pour forcer les Russes à respecter le « calendrier de l’OTAN » et à sortir de leur calendrier
prévu. Un effet secondaire bénéfique supplémentaire de ces frappes « pour la façade » est de donner aux crétins du Congrès une
raison d’injecter encore plus d’argent dans le CMI américain.
Quant à forcer la Russie à attaquer dans des conditions sous-optimales, cela n’arrivera pas. Ni Poutine, ni Shoigu, ni Gerasimov, ni Surovikin ne sont du genre à
répondre à l’hystérie par des actions « rien que pour
la façade » (il suffit de regarder leurs visages !). Et cela vaut également pour l’ensemble de l’état-major général.
Je suis tout à fait d’accord avec ceux qui, comme MacGregor, ont annoncé une grande offensive combinée au printemps, mais elle aura
lieu quand Poutine le décidera, pas quand l’OTAN le voudra. Pour l’instant, le hachoir à viande russe inflige de telles pertes à l’Ukraine que cela n’aurait vraiment aucun sens pour les
Russes de l’arrêter. Mais, tôt ou tard, cela finira par produire des rendements marginaux décroissants et, à ce moment-là, les forces russes (il y en a trois entourant l’Ukraine) seront
entièrement prêtes, entraînées, équipées et prêtes à attaquer.
La grande inconnue (pour nous, les Russes le savent probablement déjà) qu'est ce l’OTAN fera lorsque cette offensive se produira. Vous pouvez être sûrs que les
« meilleurs » esprits (relativement parlant)
des États-Unis travaillent sur la tâche suivante : Comment déclencher une guerre continentale sans impliquer directement et officiellement les
États-Unis ?
Je n’ai pas de réponse à cette question, votre supposition est aussi bonne que la mienne
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Le général ukrainien Valeriy Zaloujny s’est créé une vulnérabilité que le général Sergueï Sourovikine exploite à fond
La frappe russe de missiles et de drones du 29 décembre a commencé comme la dernière fois, avec des drones E-95M utilisés comme « leurres ». Les
batteries AA ukrainiennes ont été piégées une nouvelle fois et les avions russes Su-30 ont repéré leurs positions et lancé sur elles des missiles anti-radar Kh-58 depuis des zones de
patrouille aériennes.
La différence, cette fois, réside dans la répartition des cibles des missiles de croisière, des missiles Iskander et des drones Geran. Seuls 20% étaient des
objectifs en matière d’infrastructures énergétiques. Cette fois, la préférence a été donnée à la poursuite de la neutralisation des lanceurs de missiles de défense AA ukrainiens, dont les
coordonnées ont été découvertes par les systèmes de recherche spatiale russes la semaine dernière (dans les régions d’Odessa, de Kiev et de Poltava). La base d’entraînement de l’OTAN à
Yavoriv, où sont formés les mercenaires étrangers, a également été attaquée. Cependant, plus de 50% des frappes ont été concentrées avec une précision maximale sur les dépôts de munitions
et dans les zones de concentration technique de combat de 10 brigades territoriales, composées de réservistes ukrainiens.
Les plus de 25 000 réservistes ukrainiens des brigades territoriales viennent d’être déployés derrière les lignes de défense de Bahmut (dans le district de
Sloviansk-Kramatorsk-Konstantinivka). Il convient de noter que les lignes de défense fortifiées de Bahmut-Soledar, où l’intensité des combats est très forte, sont défendues par 17 autres
brigades ukrainiennes alpines, mécanisées, d’artillerie, de chars et aéroportées. Ce qui représente 38 000 soldats supplémentaires.
En raison de l’énorme densité de matériel de combat et de soldats dans l’espace limité de la section Slovansk-Kramatorsk-Konstantinivka, que le général
Valeriy Zaloujny a créé comme un débutant, j’estime que le général Sergueï Sourovikine ne manquera pas cette occasion offerte sur un plateau par l’armée ukrainienne. À savoir frapper avec
des missiles et des drones de tous types et avec une fréquence croissante cette accumulation de forces ukrainiennes non protégées.
Zelensky subit des pressions de Washington pour passer à l’offensive afin de justifier les énormes fonds reçus. Mais le peut-il ?
En un temps record, l’armée russe a comblé toutes les « lacunes » qu’elle avait. Dans la partie nord du front, elle a stabilisé la ligne de contact le long
de la route Sviatove-Kremina. Au sud, dans la région de Kherson, la ligne de front repose désormais sur le Dniepr, un obstacle naturel difficile à franchir pour les Ukrainiens. Récemment,
le chef d’état-major de l’armée russe, le général Valery Gerasimov, a indiqué que le front dans la région de Zaporozhye, entre Vasilivka et Vuhledar, a été stabilisé et renforcé par la
mise en place d’une défense en couches basée sur 3-4 lignes défensives.
Dans le Donbass, l’armée russe passe à l’offensive dans plusieurs directions. De ce fait, quelques 27 brigades ukrainiennes sont massées derrière les
fortifications de Seversk-Soledar-Bahmut pour arrêter l’avancée de l’armée russe. Le général Valery Zalujny n’a plus de troupes prêtes au combat en Ukraine occidentale et septentrionale
comme réserve stratégique. Il ne peut pas non plus se permettre de déloger les troupes de la région d’Odessa par crainte d’un débarquement maritime russe. En fait, Zalujny est bloqué
parce qu’il n’a aucune idée de la façon dont il peut créer la surprise et prendre l’initiative. Le général Sergueï Sourovikine a désormais toute latitude pour démontrer la supériorité de
la pensée militaire russe dans le domaine de l’art militaire. Et les premiers pas, je crois, ont déjà été faits.
1. L’armée russe a créé un piège, donnant aux Ukrainiens l’impression qu’ils pouvaient percer les défenses et s’emparer de l’important nœud de communication
de Kreminna, dans la région de Lougansk. Pour déclencher l’offensive à Kreminna, Kaluzhny a transféré des forces supplémentaires des environs de Siversk-Soledar, selon le canal Telegram
de RYBAR. Les canaux Telegram de la milice de Donetsk ont ensuite rapporté que les forces alliées ont facilement avancé de 5 km de Yakovlevka à Soledar à travers les lignes défensives
dégarnies de la 128e brigade alpine ukrainienne. Nous pouvons conclure que, bien que le général Zalujnyi soit un officier hautement qualifié, Sourovikine a réussi à le tromper et à
profiter de la vulnérabilité créée sur la ligne de front ukrainienne entre Siversk et Soledar.
2. Les correspondants militaires sur le front Bakhmut de la chaîne Telegram WARGONZO, animée par Simeon Pegov, ont annoncé qu’une unité militaire WAGNER
avait réussi à créer une tête de pont près d’Opytne, à l’ouest de la rivière Bakhmut. La 57e brigade mécanisée ukrainienne a été prise au milieu et n’a pu éviter l’encerclement qu’au prix
de lourdes pertes. La rivière Bakhmut traverse le centre de la ville du nord au sud. Pendant un mois, les positions ukrainiennes sur la rive ouest de la rivière Bakhmut ont tenu bon,
empêchant toute avancée des combattants Wagner depuis l’est. Dans cette situation, Surovikin s’est montré créatif et a réussi une surprenante manœuvre d’enveloppement sur le flanc sud du
réseau de fortifications ukrainien à la périphérie sud de Bakhmut.
À ce jour, l’armée russe a détruit 3737 pièces d’artillerie et de mortiers ukrainiens. Cela représente 80 à 85% de l’artillerie de l’armée ukrainienne au
début de l’opération spéciale. Théoriquement, l’armée ukrainienne aurait dû ressentir un manque aigü de moyens de soutien par le feu.
Les pays de l’OTAN, quant à eux, ont envoyé à l’armée ukrainienne plus de 500 obusiers de gros calibre et mortiers lourds, ainsi que plus de 100 lanceurs
MLRS. La plupart d’entre eux sont automoteurs et ont un haut degré de mobilité qui leur permet d’éviter les tirs de contre-batterie russes. Seuls 15% de ces armes ont été détectés et
touchés par les missiles russes avant d’atteindre la ligne de front.
En raison de la fourniture continue des coordonnées des cibles russes mobiles par les moyens de reconnaissance aériens de l’OTAN, ainsi que de l’utilisation
d’un très grand nombre de drones pour la correction des tirs et le guidage GPS des projectiles, une pièce d’artillerie de l’OTAN équivaut en efficacité à 3-4 pièces d’artillerie
ukrainiennes d’avant le 24 février. Et un lanceur MLRS, en particulier HIMARS, équivaut à 5 lanceurs MLRS ukrainiens d’avant le 24 février.
Les calculs montrent qu’en termes d’efficacité, l’artillerie ukrainienne n’est pas très éloignée de la capacité d’appui-feu qu’elle avait avant le 24
février. Ce qui est surprenant, c’est que bien qu’ils aient été conscients de cette situation, jusqu’à présent, les généraux russes n’ont pas fait grand-chose et ce n’est que maintenant
qu’ils ont décidé d’y remédier. Le général Sergueï Sourovikine a mené, au cours des 2 dernières semaines, une chasse intense aux pièces d’artillerie produites par l’OTAN.
Par exemple, la conférence de presse du ministère russe de la Défense a indiqué que 17 pièces d’artillerie et lanceurs MLRS ukrainiens (l’équivalent d’un
bataillon d’artillerie) ont été détruits près de la ligne de front le 26 décembre. La plupart d’entre eux étaient produits par l’OTAN.
D’autre part, les nœuds du réseau électrique ukrainien sont surchargés et fonctionnent en mode pénurie. Dans toute l’Ukraine, la lumière, l’eau et le
chauffage sont devenus un luxe. Avec les dernières vagues de frappes sur les infrastructures critiques, Sourovikine a réussi à perturber le transport des armes des frontières vers la
ligne de front. Par la suite, Sourovikine s’est attaché à découvrir et à frapper des dépôts temporaires d’artillerie et de munitions produites par l’OTAN près des frontières occidentales
de l’Ukraine.
Selon mes estimations, l’artillerie ukrainienne est capable de poser de gros problèmes aux troupes russes. C’est pourquoi je pense que l’armée russe n’aura
une chance de réussir à reprendre les opérations offensives terrestres en Ukraine que lorsqu’elle aura réduit d’au moins 30% le nombre actuel de pièces d’artillerie ukrainiennes produites
par l’OTAN.
Depuis le milieu de l’année, il est devenu évident que la guerre en Ukraine est principalement menée par l’artillerie.
L’Ukraine était clairement le perdant dans ce combat, car les forces russes ont tiré huit
fois plus de munitions d’artillerie que l’Ukraine ne pouvait en fournir. Les États-Unis et certaines dépendances européennes sont intervenus. Quelque 120 canons M-777 et une
myriade de systèmes d’artillerie modernes montés sur chenilles ont été donnés à l’armée ukrainienne. Des centaines de tonnes de munitions ont été acheminées. Les États-Unis et certains
alliés ont livré des systèmes HIMARS qui pouvaient dépasser les limites de l’artillerie à canon.
L’armée russe a réagi. Elle a dispersé ses dépôts et ses centres de commandement, limitant ainsi le nombre de cibles pour les systèmes HIMARS. Elle a
également intensifié son utilisation
de la guerre électronique qui a mis hors service les drones que l’artillerie ukrainienne utilisait pour trouver ses cibles :
« La suppression
électronique des drones ukrainiens a émoussé l’un des principaux avantages de Kiev au cours des premiers mois de la guerre. Les Ukrainiens comptaient sur des renseignements supérieurs –
fournis en grande partie par les drones – pour rendre leur arsenal d’artillerie plus précis que l’arsenal russe, plus important, composé de gros canons et de lance-roquettes.
Mais la guerre
électronique des Russes a empêché ces drones de naviguer et de communiquer – et a privé les Ukrainiens de la précision sur laquelle ils comptaient. « La défaite de la précision était
essentielle à la survie des unités » pour les Russes, expliquent les analystes Mykhaylo Zabrodskyi, Jack Watling, Oleksandr Danylyuk et Nick Reynolds dans une étude réalisée
pour le Royal United Services Institute de Londres.
« L’espérance de
vie moyenne d’un quadcoptère est restée autour de trois vols », ont écrit Zabrodskyi, Watling, Danylyuk et Reynolds. « L’espérance de vie moyenne d’un drone à voilure fixe était
d’environ six vols » et, « au total, on peut dire que seulement un tiers environ des missions de drones ont été couronnées de succès ». »
Dépourvue de réelles capacités de combat, l’artillerie ukrainienne s’est tournée vers des cibles fixes plus faciles. Fin novembre, elle a recommencé à
bombarder intensément la ville de Donetsk avec de l’artillerie et des missiles. Comme il y a peu d’installations militaires ou même de casernes dans la ville, il s’agissait clairement
d’une guerre contre sa population civile.
Carte
« occidentale » montrant les impacts dans la ville de Donetsk – 1er décembre.
5
décembre
18
décembre
Les journaux en langue russe ont écrit sur les victimes civiles causées par le carnage. Les dirigeants politiques de la République de Donetsk ont demandé
une opération urgente contre la menace.
Comme la ligne de front fortement fortifiée rend impossible une percée rapide et la chasse à l’artillerie derrière cette ligne, les militaires russes ont
pris d’autres mesures. Une cellule spéciale a été créée pour mener la lutte contre l’artillerie ukrainienne autour de Donetsk. Davantage de radars de contre-artillerie ont été installés.
Davantage d’interprètes d’images satellites ont commencé à rechercher les positions de tir. Des canons de contre-batterie à plus longue portée sont également apparus.
Au cours des dix derniers jours, la campagne a commencé à montrer des résultats significatifs. De nombreux rapports quotidiens récents du ministère russe de
la Défense font état des résultats de cette campagne anti-artillerie. Voici celui
d’hier :
Dans le cadre de la guerre de contre-batterie, un système d’artillerie M-777 de fabrication américaine a été détecté et détruit près de Netaylovo ainsi
que son équipage qui avait bombardé des zones résidentielles à Donetsk. Un autre système d’artillerie M-777 a été détruit près de Preobrazhenka (région de Zaporijia).
Un Uragan et deux systèmes de roquettes à lancement multiple (MLRS) Grad ont été détruits près de Nevskoye (République populaire de Lugansk) et de
Seversk (République populaire de Donetsk).
Deux systèmes d’artillerie automoteurs ukrainiens 2S1 Gvozdika ont été détruits sur leurs positions de tir près de Krasnogorovka et Prechistovka
(République populaire de Donetsk).
Quatre obusiers Msta-B et deux obusiers D-20 ont été détruits près de Kupyansk (région de Kharkov), Velikaya Novosyolka (République populaire de
Donetsk) et Novogrigorovka (région de Kherson).
Les installations de défense aérienne ont abattu trois drones ukrainiens près d’Olginka, Guselskoye (République populaire de Donetsk) et Peremozhnoye
(région de Zaporijia).
En outre, deux MLRS Uragan ont été interceptés près de Kostogryzovo (région de Kherson), et trois missiles antiradiation HARM de fabrication américaine
près de Debaltsevo (République populaire de Donetsk).
27.12.2022 –
Rapport du ministère russe de la Défense sur le déroulement de l’opération militaire spéciale en Ukraine
Dans le cadre de la guerre de contre-batterie, deux systèmes d’artillerie M-777 de fabrication américaine et un obusier FH-70 de fabrication allemande,
qui étaient utilisés pour le bombardement des zones résidentielles de Donetsk, ont été détruits sur leurs positions de tir près de Krasnogorovka (République populaire de
Donetsk).
Trois véhicules de combat ukrainiens pour les systèmes de roquettes à lanceur multiple Grad ont été détruits près de Seversk.
Trois obusiers Msta-B ukrainiens ont été détruits près de Petropavlovka (région de Kharkov), Berestovoye (République populaire de Donetsk) et
Chernobayevka (région de Kherson).
Des obusiers ukrainiens D-20 et D-30 ont été détruits près de Georgiyevka et Maryinka (République populaire de Donetsk).
28.12.2022 –
Rapport du ministère russe de la Défense sur le déroulement de l’opération militaire spéciale en Ukraine
Selon un autre rapport, le temps de réaction entre la détection et la transmission des coordonnées de la cible et le contre-feu actif n’est plus que
de deux
minutes. Les temps de mise en place et de déplacement d’un obusier M-777 sont chacun d’au moins trois
minutes avec un équipage complet et bien entraîné. Lorsque le radar détecte un M-777 ukrainien en train de tirer, la réponse russe intervient désormais avant que le canon ne
puisse être déplacé.
La campagne de contre-batterie peut désormais être qualifiée de succès total. Le dernier impact de l’artillerie ukrainienne dans la ville de Donetsk a été
signalé le 23 décembre. La campagne devra se poursuivre jusqu’à ce que l’Ukraine soit à court de canons. Jusqu’à présent, les Ukrainiens tirent encore plus
de munitions que ce que « l’Occident » peut
produire :
« L’utilisation de
l’artillerie ukrainienne, selon une estimation prudente, se situe probablement autour de peut-être 90 000 cartouches par mois », a déclaré la semaine dernière Michael Kofman,
directeur des études russes au C.N.A., un institut de recherche de Virginie, sur le podcast « War on the Rocks ». « C’est beaucoup plus que ce que n’importe qui fabrique en
Occident en ce moment. Donc tout cela est sorti des stocks, ce qui revient à vider vos comptes d’épargne ». »
Avec moins d’armes disponibles du côté ukrainien, le besoin de nouvelles munitions va diminuer.
C’est une mauvaise nouvelle pour les Ukrainiens qui occupent les tranchées de la ligne de front. Les tirs d’artillerie lourde qu’ils subissent ne feront
qu’intensifier et augmenter leurs pertes déjà très élevées. À un moment donné et à certains endroits, les lignes se briseront et laisseront la place aux militaires russes.
Les combats actuels sont concentrés autour de Bakhmut/Artyomovsk. Le commandement ukrainien a envoyé des réserves pour tenir la ville.
Sous le feu permanent de l’artillerie russe, les seize brigades actuellement déployées dans et derrière Bakhmut seront décimées une à une. C’est un combat
lent où les lignes ne bougent que peu à peu en faveur du côté russe. Mais c’est une bataille très efficace dans une guerre destinée à démilitariser l’Ukraine. En raison de combats
d’artillerie très inégaux, les pertes ukrainiennes seront plusieurs fois supérieures aux pertes russes.
Sur le plan économique, l’Ukraine a déjà perdu la guerre. Elle vit grâce aux prêts des gouvernements « occidentaux » qu’elle ne manquera
pas de rembourser :
« Le gouvernement
ukrainien a eu du mal à lever des fonds sur les marchés obligataires pendant la guerre et paie aux investisseurs plus qu’il ne perçoit, selon une déclaration de la Banque centrale qui
souligne la dépendance croissante du pays à l’égard de l’aide étrangère.
Selon les prévisions,
l’économie devrait se contracter d’environ 40% cette année, ce qui aura pour effet de tarir les recettes fiscales et de retarder indéfiniment les dépenses prévues qui auraient pu stimuler
la croissance.
La déclaration de la
Banque centrale, publiée lundi, a mis en évidence un aspect moins visible du manque de financement de l’Ukraine causé par la guerre : l’incapacité à lever des fonds sur le marché. Depuis
l’invasion de la Russie le 24 février, l’Ukraine n’a pas été en mesure de renouveler la dette accumulée avant la guerre. Selon la Banque centrale, le pays a payé aux investisseurs environ
2,2 milliards de dollars de plus que ce qu’il a perçu lors des ventes d’obligations pendant cette période.
Tout cela a rendu les
finances publiques ukrainiennes, qui ont été chancelantes dans le meilleur des cas depuis l’indépendance, très dépendantes de l’aide des États-Unis, de l’Union européenne, des pays
européens qui font des dons individuels et d’autres donateurs. »
Même le FMI, contrôlé par les États-Unis, n’est pas disposé à injecter davantage d’argent dans ce trou noir :
« Le budget adopté par
le Parlement ukrainien pour l’année prochaine prévoit un déficit d’environ 36 milliards de dollars. Environ la moitié des dépenses prévues sont destinées à l’armée, à la police et à
d’autres dépenses militaires. Cette année, le déficit a été encore plus élevé, soit environ 5 milliards de dollars par mois.
Le Fonds monétaire
international, qui a renfloué l’Ukraine pendant une longue série de crises financières après l’indépendance, n’a pas continué à accorder des prêts à grande échelle pendant la
guerre.
« Ils
s’inquiètent de la viabilité de la dette », a déclaré Tymofiy Mylovanov, un ancien ministre de l’Économie qui est professeur à l’école d’économie de Kiev. « Si le FMI s’inquiète
de la viabilité de la dette et de la capacité de financement, imaginez ce que pensent les investisseurs privé ». »
En revanche, le commerce international avec la Russie est en plein
essor cette année et ses chiffres financiers, récemment
évoqués par son président Poutine, semblent meilleurs que ceux de « l’Occident » :
« Premièrement,
l’effondrement économique prédit n’a pas eu lieu. Certes, nous avons enregistré une baisse, et je vais répéter les chiffres. Il y a eu des promesses – ou des prédictions ou des espoirs
peut-être – que l’économie de la Russie allait se contracter. Certains ont dit que son PIB allait chuter de 20% ou plus, de 20 à 25%. Il est vrai qu’il y a une baisse du PIB, mais pas de
20-25% ; elle est en fait de 2,5%. C’est la première chose.
Deuxièmement.
L’inflation, comme je l’ai dit, sera d’un peu plus de 12% cette année – c’est aussi l’un des indicateurs les plus importants. Je pense que c’est beaucoup mieux que dans de nombreux autres
pays, notamment les pays du G20. L’inflation n’est pas bonne, bien sûr, mais le fait qu’elle soit plus faible que dans d’autres pays est une bonne chose.
L’année prochaine –
nous l’avons également mentionné – nous nous efforcerons d’atteindre l’objectif de 4 à 5%, sur la base des performances de l’économie au premier trimestre – du moins, nous l’espérons. Et
c’est une très bonne tendance, contrairement à certains autres pays du G20, où l’inflation est en hausse.
Le chômage est à un
niveau historiquement bas de 3,8%. Nous avons un déficit budgétaire, c’est vrai, mais il n’est que de 2% cette année, l’année prochaine aussi, puis il est prévu à 1%, et moins de 1% en
2025 : nous prévoyons environ 0,8%. Je tiens à souligner que d’autres pays – tant les grandes économies en développement que les économies de marché dites développées – enregistrent un
déficit beaucoup plus important. Aux États-Unis, je pense qu’il est de 5,7%, et en Chine, il est supérieur à 7%. Toutes les grandes économies affichent des déficits supérieurs à 5%. Ce
n’est pas notre cas.
C’est une bonne base
pour avancer avec confiance vers 2023. »
Lorsque la guerre prendra fin, l’Ukraine aura une dette incroyable qu’elle ne sera pas en mesure de rembourser pendant des générations. Elle n’aura plus de
terres à vendre aux étrangers et plus aucune industrie de quelque valeur que ce soit.
Les personnes qui ont pensé, conçu et mis en œuvre la guerre de sanction « occidentale » contre la Russie ont fait plus de dégâts à l’Ukraine et à
« l’Occident » que quiconque aurait pu l’imaginer. Mais ils n’ont absolument pas réussi à faire du mal à la Russie. Ils devraient tous être licenciés pour leur incompétence
avérée.
Sur le front Nord de la République populaire de Donetsk, la ville industrielle d’Artemovsk (Bakhmut) cristallise toutes les énergies et les attentions
depuis la mi-novembre quand les combats pour le contrôle de ce bastion ukro-atlantiste situé à l’Est des grandes villes de Kramatorsk et Slaviansk (où siège l’état-major du corps de
bataille ukrainien du Donbass) et qui est la clef de voûte de sa ligne de front orientale.
Ce sont des milliers d’hommes qui se jettent quotidiennement dans la bataille pour Artemovsk que les bandéristes ont rebaptisé Bakhmut en 2016, et ce sont
des centaines qui quittent cette ville en ruines dans des sacs mortuaires ou des civières ensanglantées.
Vue aérienne d’Artemovsk
(Bakhmut)
Juste au Nord
d’Artemovsk
Soledar est une petite ville industrielle située au Nord d’Artemovsk lui servant de bouclier dans cette direction.
Depuis quelques jours la défense ukro-atlantiste de ce secteur s’effondre :
La 93e brigade ukrainienne évacue de Soledar en raison de ses pertes trop importantes subies comme lors de la contre attaquer tentée le 8 décembre contre
les positions de Wagner et du 6e cosaque de Lougansk (secteur usine Knauf).
Depuis 6 mois les pertes totales de cette 93e brigade s’élèvent à 3000 hommes. Certaines de ses unités ont été renouvelées à 90%. Il ne reste donc à Soledar
que la 24e brigade, et des unités diverses (nationalistes, mercenaires…)
2. Face au risque de perdre Soledar, la défense d’Artemovsk (Bakhmut) réarticule son dispositif Nord en se repliant sur les lisières urbaines de la ville et
en détruisant ses ponts d’accès.
Les forces ukro-atlantistes ont déjà détruit 2 ponts ferroviaires et 1 pont routier, miné des routes, confirmant le retrait probable des dernières unités de
Soledar.
En périphérie
d’Artemovsk
Les combats violents se poursuivent dans le tissu urbain oriental et méridional d’Artemovsk, à l’avantage des forces Wagner qui progressent maison après
maison vers le centre ville depuis l’Est.
Périphérie Ouest (secteur usine
Knauff)
Deux pâtés de maisons, le long de la rue Maksimenko ont été déjà libérés, et plus au Sud de ce secteur les groupes Wagner progressent long de la rue
Pervomaysky jusqu’à la rue Dobrolubova.
La ligne de défense de la 71e brigade de montagne ukrainienne a donc été percée.
En orange la
zone des progressions russes
D’autres succès tactiques importants concernent le village d’Opitnoe situé sur l’entrée Sud Est de la ville (ne pas confondre avec Opitnoe au Nord de
Donetsk) :
Cette banlieue d’Artemovsk est aujourd’hui contrôlée à 90% par les les forces russes qui ont bloqué plusieurs groupes ennemis dans des immeubles, rue
Shkolnaya.
Le secteur Sud Est
d’Artemovsk
Comme dans chaque conquête urbaine, un effort particulier est porté sur la coupure des voies d’approvisionnement ennemies et l’économie maximale de ses
propres forces.
Une hémorragie
ukro-atlantiste
Les forces ukro-atlantistes se noient dans leur sang. Les chiffres déjà apocalyptiques des pertes ukrainiennes (100 à 150 tués quotidiens) atteints
lors de la bataille de Severodonetsk en avril dernier sont largement dépassés dans cette bataille urbaine que de nombreux observateurs appellent un « hachoir à viande ».
Après la 93e brigade évacuée de Soledar faute de combattants valides, c’est au tour de la 25e brigade ukrainienne, complètement saignées par les combats
d’évacuer Artemovsk.
L’état-major ukrainien continue de faire sauter les ponts pour retarder les progressions russes que les cartes pro-Kiev, tout en continuant à les minimiser
sont obligées de reconnaître.
Les pertes subies sont très importantes a reconnu, sur la chaîne TSN, S.
Cherevaty un officier ukrainien de l’état-major « Est » (Donbass) rajoutant :
« La tâche principale,
que les Russes, malheureusement, accomplissent sérieusement, est d’affaiblir notre défense. Ils espèrent qu’ils atteindront un point critique lorsque notre défense sera épuisée, et qu’ils
pourront y trouver une brèche et percer cette herse ».
Et l’officier ukrops de décrire la tactique d’attrition des groupes d’assaut russes, menant des actions violentes mais ponctuelles et prudentes.
Prisonniers ukrainiens
À l’arrière du front d’Artemovsk, les secours ukrainiens sont complètement saturés. Des dizaines de médecins y ont été envoyés en renfort. Les hopitaux et
les morgues débordent et les tués et blessés sont désormais évacués vers Kharkov.
Le service médical en Ukraine suspend la programmation chirurgicale (document ci dessous) pour mettre toutes ses ressources dans la prise en charge du raz
de marée des blessés.
Même les médias francophones, champions du débilisme pro-ukrainien commencent à reconnaître que ça pue du côté d’Artemovsk tout en pérorant que ce sont les
russes qui subissent des pertes abyssales et que cette ville n’a finalement « aucune importance stratégique » pour Kiev !
Comme si un carrefour vital pour la logistique d’un front pouvait disparaître du jour au lendemain !
Une telle stupidité insulte non seulement le public mais aussi les 10 000 ukrainiens, tués et blessés à Artemovsk censés être soutenus par ces chiens de
garde de la bien pensance.
Le 14 décembre, devant ce « hachoir à viande » d’Artemovsk dans lequel disparaissent quotidiennement des centaines de tués, blessés et prisonniers
appartenant aux réserves stratégiques du corps de bataille ukrainien, le Chef d’Etat Major, le général Zajoulny à demander à Zelensky l’autorisation d’abandonner Artemovsk et Soledar et
de reconstituer une ligne de défense à 10 km plus à l’Ouest.
La dernière fois qu’une telle situation s’est produite, c’était lors de la bataille de Severodonetsk/Lisichansk. Mais il a fallu alors encore des centaines
de tués pour que les conseillers de l’OTAN chuchotant à l’oreille du pantin kiévien acceptent l’évidence.
Politiquement et militairement l’abandon d’Artemovsk par les forces ukro-atlantistes signifierait un échec cuisant dans une bataille pour laquelle des
milliers de soldats sont morts depuis le mois de mai, lorsque les forces russes sont arrivées en vue de ce bastion du front Nord.
Je pense qu’ici encore le fanatisme l’emportera sur la raison et que la garnison d’Artemovsk devra rester jusqu’à sa destruction totale.
En attendant, sur le terrain, les combats et les destructions progressent vers le centre d’une ville fantôme.
Soldats ukrainiens tués et abandonnés
sur le terrain près d’Artemovsk. Des futurs « disparus »
Du côté des merdias francophones, le mantra du moment c’est de dire que les forces russes massacrent les civils d’Artemovsk, faisant de cette ville un champ
de ruines.
Que des civils meurent ou soient blessés dans les combats pour Artemovsk, c’est malheureusement une réalité, car ce qu’oublient de mentionner ces laquais
c’est que les forces ukro-atlantistes sont dans la ville et résistent depuis les quartiers résidentiels où sont restés quelques dizaines de familles.
Deux exemples :
Un « Grad » ukrainien en
batterie à côté d’un immeuble résidentiel d’Artemovsk
Un tireur d’élite ukrainien en
position dans une cage d’escalier d’un immeuble à Artemovsk
La réalité est que toute ville qui devient un champ de bataille voit tous les belligérants utiliser toutes les infrastructures possibles et que par
conséquent elles deviennent des cibles pour l’adversaire.
La seule responsabilité qui incombe aux défenseurs c’est d’évacuer les civils avant le carnage.
L’enjeu stratégique
d’Artemovsk
Jusqu’en septembre-octobre, la ville d’Artemovsk était assurément le point d’entrée Sud idéal pour un encerclement potentiel de Slaviansk-Kramatorsk dont
les forces ukro-atlantistes étaient alors fixées prioritairement face à Izioum et Krasni Liman.
Mais depuis le revers stratégique subi par les forces russes dans la foulée de la percée ennemie sur Balaklaïa (7 septembre) l’état-major de Kiev à pu
renforcer cette ligne de front située à l’Est de Slaviansk/Kramatorsk. Avec comme points d’appui principaux Seversk au Nord et Artemovsk au Sud.
Artemovsk reste cependant un objectif stratégique majeur pour l’état-major russe son contrôle fragiliserait tout ce bouclier oriental du cœur du corps de
bataille ukro-atlantiste dans le Donbass.
Par ailleurs, si un encerclement de Slaviansk depui Artemovsk paraît compliqué depuis la perte de Izioum et Krasni Liman, en revanche un mouvement tournant
vers le Sud est envisageable. Au plus court vers Toresk, ce qui eloignerait la pression sur Gorlovka, ou au plus loin vers Avdeevka, ce qui accélérerait l’effondrement de l’étau qui
bombarde Donetsk depuis 8 ans.
En attendant, c’est surtout l’enjeu politique et la stratégie d’attrition réciproque qui apparaissent en premier plan de la bataille pour
Artemovsk.
Moscou a besoin d’une Victoire et Kiev espère pouvoir l’enliser dans une attrition devant Artemovsk, quitte à perdre plus d’hommes dans cet enfer où se
concentrent actuellement plus de 60% des pertes enregistrées sur le front.
La bataille d’Artemovsk, dans son développement urbain, ne fait que commencer.
Quelque part dans son panthéon privé,
Pallas Athéna, déesse de la géopolitique, apprécie grandement le spectacle.
Personne n’a jamais perdu d’argent en capitalisant sur les absurdités illimitées débitées par le collectif de cerfs pris dans les phares, également connu
sous le nom de médias occidentaux grand public, et en décernant le prix de la Personne de l’année à un acteur mégalomane et cocaïnomane qui se fait passer pour un chef de guerre.
La parade trash ininterrompue d’analystes militaires occidentaux « évalue » maintenant que les premières cibles d’une attaque conjointe de la
Russie et de la Biélorussie contre le trou noir 404 connu sous le nom d’Ukraine seront Lviv, Lutsk, Rivne, Zhytomyr, et pourquoi pas Kiev dans le mix tout droit sortie d’un deuxième
axe.
L’état-major russe suit attentivement toutes ces actions et pourrait même suivre les conseils de ces « analystes ».
Et puis, c’est la panique totale, le ministère de la Défense ayant annoncé que les forces de missiles stratégiques ont chargé deux ICBM Yars dans les silos
prévus à cet effet. On entend alors des cris d’horreur du type « La Russie prépare un missile nucléaire capable de frapper profondément les États-Unis ».
Certains faits ne changent cependant jamais. Le premier est que l’OTAN est un produit de l’imagination – extrêmement déficiente – de l’Occident collectif.
Si les choses venaient à se gâter – comme l’espèrent et le souhaitent les guerriers de salon straussiens et néocons – la Russie pourrait facilement vaincre l’ensemble de l’OTAN, car il
n’y a pratiquement rien « là-bas ».
Cela nécessiterait, bien sûr, une mobilisation massive de la Russie. En l’état actuel des choses, la Russie peut paraître faible dans quelques quartiers,
car elle a activé au mieux 100 000 soldats contre peut-être un million de soldats ukrainiens. C’est comme si Moscou n’était pas exactement séduit par l’idée de « gagner » – ce
qui pourrait être le cas, d’une manière assez tordue.
Aujourd’hui encore, Moscou n’a pas mobilisé suffisamment de troupes pour occuper l’Ukraine – ce qui, en théorie, serait impératif pour
« dénazifier » complètement le racket de Kiev. Le concept opérationnel est toutefois « en théorie ». En fait, Moscou est occupé à démontrer une toute nouvelle théorie
– indépendamment du fait que quelques âmes exaltées ont colporté que Poutine devrait être remplacé par Alexandre Bortnikov du FSB.
« Il ne restera rien de l’ennemi »
Avec sa panoplie de missiles hypersoniques, la Russie peut mettre hors d’état de nuire, en quelques heures, tous les ponts, ports, aéroports de l’OTAN ainsi
que les centrales électriques, les stockages de pétrole et de gaz naturel, les installations pétrolières et gazières de Rotterdam. Tous les équipements de production d’énergie du pays de
l’OTAN seraient détruits. L’Europe serait coupée de ses ressources naturelles. Un Empire étourdi et confus serait incapable d’envoyer des troupes, n’importe quelles troupes, en
Europe.
Et les provocations se poursuivent sans relâche. La récente attaque par des drones ukrainiens Tu-141 contre la base aérienne Engels-2 a été imputée par
Moscou à Kiev – qui, comme on pouvait s’y attendre, a nié toute responsabilité. Pourtant, ce qui importe vraiment, c’est le message stratégique de Moscou aux États-Unis et à l’OTAN,
Poutine flirtant avec l’idée que, tôt ou tard, la réponse pourrait monter d’un cran au cas où les armes fournies par les États-Unis et l’OTAN à Kiev étaient utilisées pour frapper
profondément le territoire sensible de la Fédération de Russie.
La doctrine russe actuelle permet même à Moscou de répondre par des frappes nucléaires ; après tout, la base aérienne d’Engels-2 abrite des bombardiers à
capacité nucléaire, des actifs stratégiques de premier ordre.
Les drones ont certainement été lancés par des agents infiltrés à l’intérieur du territoire russe. S’ils provenaient de l’extérieur de la Russie et étaient
interprétés comme des missiles nucléaires, cela aurait pu déclencher le lancement contre l’OTAN de centaines de missiles nucléaires russes.
Poutine lui-même l’a fait savoir – de manière sinistre – lors du sommet du Conseil économique de l’Eurasie à Bichkek, au Kirghizstan, il y a une semaine
:
« Je vous assure
qu’après que le système d’alerte précoce aura reçu le signal d’une attaque de missiles, des centaines de nos missiles seront en l’air (…) Il est impossible de les arrêter (…) Il ne
restera rien de l’ennemi, car il est impossible d’intercepter une centaine de missiles. Ceci, bien sûr, est une dissuasion – une dissuasion sérieuse ».
Pas, bien sûr, pour le gang des Straussiens et des néocons qui dirigent actuellement la « politique » étrangère américaine.
Il n’est pas étonnant que des sources fiables de renseignements russes aient établi que les missiles qui ont frappé Engels-2 ont été lancés localement, bien
que le régime de Kiev veuille faire croire le contraire.
Et cela transforme toute la mascarade en une farce dadaïste – avec un Empire hébété et confus, toujours lié à un maniaque de Kiev qui croit toujours que le
S-300 ukrainien qui a frappé la Pologne venait de Russie. Le monde entier – et pas seulement Washington – est l’otage d’un maniaque « personnalité de l’année » qui a le pouvoir
– virtuel – de provoquer une guerre nucléaire mondiale.
Napoléon rouge dans la
place
Pendant ce temps, sur le terrain, la Russie a adopté une stratégie d’opérations profondes, à grande échelle. En plusieurs endroits de la vaste ligne de
front, ils attaquent les points les plus susceptibles de faire sortir les pauvres réserves ukrainiennes qui se cachent dans la deuxième ligne de défense. Lorsque les réserves sortent à
travers des terres arides et boueuses et des routes terribles pour venir au secours des unités de la ligne de front, des bataillons entiers sont massacrés.
Les Russes ne vont jamais en profondeur dans la troisième ligne – où le commandement et le contrôle peuvent être situés. Ce qui est en jeu, c’est la guerre
d’attrition dans le cadre de la stratégie des opérations en profondeur, tout droit sortie du manuel du légendaire « Napoléon rouge », le maréchal Mikhail Tukhachevsky.
La Russie économise des soldats, du personnel et du matériel. L’ensemble fonctionne à merveille sur les terrains difficiles où les véhicules s’enlisent sur
les routes pluvieuses. Cette tactique de rinçage et de répétition, jour après jour, pendant des mois, a entraîné (au moins) 400 000 pertes ukrainiennes. C’est la quintessence de la guerre
d’usure.
Les historiens se réjouiront de voir que le scénario ressemble à la bataille d’Agincourt, où des vagues successives de chevaliers français (jouant le rôle
des Ukrainiens d’aujourd’hui et des mercenaires polonais et de l’OTAN) ont continué à courir vers le haut de la colline contre des archers et des chevaliers anglais qui sont restés
immobiles et les ont laissés venir, frappant la deuxième ligne encore et encore.
La différence, bien sûr, est que les Russes emploient des tactiques de guerre d’usure jour après jour depuis six mois maintenant, alors qu’Agincourt n’était
qu’une bataille en un seul jour. Lorsque ce hachoir à viande sera terminé, une génération entière d’Ukrainiens et de Polonais aura rejoint son destin.
Le mythe de l’Occident collectif d’une « victoire » ukrainienne contre la guerre d’usure russe ne peut même pas être qualifié de délire cosmique.
C’est une blague minable et mortelle. La seule issue serait de s’asseoir à la table des négociations, maintenant, avant que le marteau (la prochaine offensive russe) ne s’abatte sur
l’enclume (la ligne de front existante).
Mais l’OTAN, bien sûr, comme le rappelle sans cesse au monde Stoltenberg, ne fait pas de négociations.
Ce qui, en un sens, peut être une bénédiction, car l’OTAN pourrait finir par se briser en une myriade de morceaux, totalement humiliée sur le terrain malgré
tous ses plans bellicistes élaborés.
Andrei Martyanov n’a
pas son pareil pour suivre la dégradation économique, morale, intellectuelle – et surtout militaire – de l’Occident collectif, le tout baignant dans les mensonges, les piètres
tournures de relations publiques et « l’incompétence
stupéfiante dans tous les domaines ».
Tout cela pendant que la Russie se prépare « à une autre
« défaite », comme reprendre tout le Donbass et ensuite… qui sait ce qui se passera ensuite. Une victoire rapide pour la Russie serait une perte car l’OTAN existerait toujours.
Non, la Russie doit rythmer cela de manière à aspirer l’OTAN dans le broyeur ».
Quelque part dans son panthéon privé, Pallas Athéna, déesse de la géopolitique, apprécie énormément le spectacle. Oh, attendez, elle est en fait réincarnée,
et son nom est Maria Zakharova.
La ville de Bakhmout (Bakhmut) ville du Donbass dans l’est, connue sous le nom Artyomovsk, serait sur le point de tomber entre les mains de l’armée russe et
de ses alliés qui ont enfoncé les fortifications qui ralentissaient leur progression.
La télévision française LCI déclarait vendredi que les Russes sont entrés dans la ville.
« Avec de l’artillerie
et des chars obsolètes, les soldats ukrainiens défendent le secteur le plus difficile du front du pays », rapporte le média allemand Bild, qui s’est rendu à Bakhmout.
« Les
Ukrainiens ripostent au mieux de leurs capacités. Ils tirent avec tout ce qui fonctionne. Les munitions se font rares », décrit le journal.
Depuis le retrait des forces russes de la ville de Kherson dans le sud de l’Ukraine, l’essentiel des combats se déroulait sur la ligne de front
de l’est du pays. Dans la région de Donetsk, les affrontements concernent particulièrement les abords de la ville de Bakhmout, que la Russie tente de conquérir depuis
l’été.
Selon les médias occidentaux, la bataille s’est encore intensifiée ces derniers jours et l’armée russe a réussi une percée mais les forces ukrainiennes ont
lancé une contre-offensive et réussi à la repousser.
L’armée ukrainienne se fait décimer
dans cette ville
Des experts occidentaux assurent que les pertes quotidiennes des forces armées ukrainiennes près de Bakhmut atteignent un bataillon (500 à 800 personnes),
les hôpitaux de Konstantinovka sont surpeuplés et les écoles sont converties en hôpitaux
Alors que les médias occidentaux décrivent cette ville comme un champ de ruines, les images postées par le média russe sur Telegram Intel Slava ne la
montrent pas ainsi. (Vidéo ci-dessous)
Selon le site Intel Slava, les Ukrainiens ont creusé des tranchées dans le centre de la ville en préparation à l’entrée des forces russes, notamment de la
force Wagner.
Des sites militaro-industriels et
énergétiques ukrainiens bombardés
Vendredi 16 décembre, la Russie a déclaré avoir bombardé plusieurs postes ainsi que des sites militaro-industriels et énergétiques de l’Ukraine. Et ce, deux
jours après un attentat contre le pont russe de Crimée, qu’elle impute à Kiev.
Selon l’agence russe Sputnik, les
frappes ont déclenché une alerte aérienne qui est parti de l’est pour rapidement englober le reste du territoire ukrainien.
Le ministère russe de la Défense indique que les bombardements ont interrompu le transfert d’armes étrangères ainsi que le déplacement de troupes de réserve
vers les zones de combat. De même, plusieurs usines ukrainiennes de production d’armes et d’équipements militaires ont suspendu leurs activités.
« 4 stations radar de
systèmes de missiles anti-aériens ukrainiens S-300 ont été détruites dans la région de Zaporojie et 3 missiles du système Ouragan ont été interceptés dans la même région »,
précise aussi le ministère russe.
Il est aussi question que l’armée russe a détruit un point de déploiement temporaire de mercenaires étrangers sur l’axe de Krasny Liman.
3 lots de
bombardements
Les médias russes ont rapporté que les bombardements se sont concentrés sur 3 lots : le premier via des missiles de croisière, visant à distraire les
défenses antiaériennes de l’Ukraine, les médias occidentaux ont rapporté que « les défenses
ukrainiennes ont réussi à les abattre », le second a ciblé les défenses antiaériennes, leurs radars et leurs batteries S – 300, et le troisième a ciblé des installations
énergétiques.
Les villes ukrainiennes
bombardées
Selon plusieurs rapports occidentaux et médias ukrainiens, les explosions se sont concentrées dans la capitale Kiev, Kharkiv (Kharkov), Nikolaev,
Dnepropetrovsk, Zaporozhye (Zaporojiye), Kirovograd et Poltava.
Selon l’AFP, une quarantaine de missiles russes ont frappé plusieurs villes d’Ukraine, avec des explosions entendues dans le centre de Kiev et des coupures
de courant signalées dans plusieurs localités du pays.
Il est question que d’importantes infrastructures dans les régions de Kharkiv (nord-est) et de Ternopil avaient été endommagées et qu’un certain nombre de
tronçons de chemin de fer dans les régions de Kharkiv, Kirovograd et Dnepropetrovsk ont cessé de fonctionner.
Le ministre ukrainien de l’Énergie, German Galushchenko, a confirmé la destruction d’un grand nombre d’installations énergétiques dans l’Est et le sud du
pays, où les médias ukrainiens ont dénombré plus de 70 missiles russes.
La centrale électrique Krivorozhskaya, à combustible solide la plus puissante d’Europe, a été frappée.
Selon Donbass Insider,
une explosion s’est produite à Malotaranovka, un village près de Kramatorsk, dans la région de Donetsk, contrôlé par les Forces armées ukrainiennes, et où se trouve une grande base des
néonazis ukrainiens.
Les pertes ukrainiennes du 16
décembre
S’agissant du bilan des pertes ukrainiennes du vendredi 16 décembre, le ministère de la Défense russe rend compte de 135 soldats, dont 2 groupes de sabotage
et de renseignement, et de la destruction de 13 véhicules, 5 blindés, 4 stations radar de système S-300, et de l’interception de 4 projectiles de HIMARS, de 3 d’Ouragan et 2
drones.
Vue aérienne de Maryinka où des combats acharnés ont toujours lieu. Pour rappel 80% de la localité est désormais sous contrôle russe.
Bombardement ukrainien de
Donetsk
Pour le deuxième jour consécutif, les forces ukrainiennes ont pilonné le vendredi 16 décembre à 31 reprises la République populaire de Donetsk, en tirant
157 projectiles et roquettes.
Un des cratères laissés par le bombardement de Donetsk ce matin par l’armée ukrainienne, dans l’avenue Mira.
Des lance-roquettes multiples tchèques RM-70 « Vampire », armés de roquettes EXP-122 fournies à l’Ukraine par la Slovaquie ont été utilisées dans ces
bombardements qui ont fait deux morts et 14 blessés dont un enfant et un adolescent, et endommagé de nombreuses habitations.
Lougansk
La situation est moins tendue à
Lougansk, ou une ville non loin d’elle a été touchée par 3 projectiles de HIMARS tirés par l’armée ukrainienne, selon le Centre de contrôle pour les crimes de guerre
ukrainiens.
Le ministère russe a en outre précisé
que 4 missiles du système de lancement de missiles HIMARS ont été abattus au-dessus de Lougansk.
The
Economist a interviewé les trois dirigeants ukrainiens qui gèrent la guerre en Ukraine. Il les résume dans un compte rendu interprétatif. Je vais m’en servir pour en extraire
les points importants.
Le compte-rendu est bien sûr rempli de propagande mais on peut quand même y glaner quelques informations.
La première interview (transcription)
est celle de Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, qui ne dit rien de nouveau qui puisse être intéressant :
« Les gens ne
veulent pas faire de compromis sur le territoire« , dit-il, avertissant que le fait de permettre au conflit d’être « gelé »
avec toute terre ukrainienne aux mains des Russes ne ferait qu’enhardir Poutine. « Et c’est pourquoi
il est très important… de revenir à nos frontières de 1991« .
Zelensky veut récupérer la Crimée. Bonne chance pour réaliser cette chose impossible.
La deuxième
interview est celle du général Valery Zaluzhny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes. La troisième
interview est celle du colonel-général Oleksandr Syrsky, chef des forces terrestres ukrainiennes.
Les trois hommes soulignent que l’issue de la guerre dépend des prochains mois. Ils sont convaincus que la Russie prépare une autre grande offensive,
qui pourrait commencer dès janvier.
L’auteur écrit que « l’Ukraine a connu un
automne triomphant« . On peut se demander combien de milliers de soldats ukrainiens sont morts dans ce triomphe qui était en réalité une retraite russe calculée pour raccourcir
ses lignes de front.
Pourtant, ni le général Zaluzhny ni le général Syrsky ne semblent triomphants. L’une des raisons en est l’escalade de la guerre aérienne. Depuis
octobre, la Russie bombarde les centrales électriques et le réseau ukrainien avec des drones et des missiles, presque chaque semaine, provoquant de longues et fréquentes coupures de
courant. Bien que la Russie soit à court de missiles à guidage de précision, elle aurait proposé ces dernières semaines à l’Iran des avions de chasse et des hélicoptères en échange de
milliers de drones et, peut-être, de missiles balistiques.
Oui, nous savons depuis le 2 mars que la Russie est à
court de missiles à guidage de précision. Ce qui ne l’a pas empêché d’en tirer 4 500 depuis cette date.
« Il me semble que
nous sommes au bord du gouffre« , prévient le général Zaluzhny. D’autres attaques de grande envergure pourraient complètement désactiver le réseau. « C’est alors que
les femmes et les enfants des soldats commenceront à geler« , dit-il. « Dans quel état
d’esprit seront les combattants ? Sans eau, sans lumière et sans chaleur, peut-on parler de préparer des réserves pour continuer à se battre ?«
Quand il fait froid et sombre, le moral devient effectivement un problème. Ce n’est pas le seul.
Les combats qui se déroulent actuellement dans le Donbass, plus particulièrement autour de la ville de Bakhmut, constituent un deuxième défi. Le général
Syrsky, qui arrive à l’interview se déroulant dans l’est de l’Ukraine en treillis, le visage bouffi par le manque de sommeil, affirme que les tactiques de la Russie dans cette région
ont changé sous le commandement de Sergei Surovikin, qui a pris les rênes en octobre. Le groupe Wagner, une unité de mercenaires mieux équipée que l’armée régulière russe, combat en
première ligne. Les troupes de la république russe de Tchétchénie et les autres forces régulières sont à l’arrière. Mais alors que ces forces combattaient autrefois séparément, elles
coopèrent aujourd’hui par détachements de 900 soldats ou plus, se déplaçant essentiellement à pied.
Bakhmut n’est pas un lieu particulièrement stratégique. Bien qu’il se trouve sur la route de Slovyansk et de Kramatorsk, deux grandes villes (voir la
carte), l’Ukraine dispose de plusieurs autres lignes défensives sur lesquelles elle peut se replier dans cette direction. Qui plus est, la Russie n’a pas les effectifs nécessaires
pour exploiter une percée. Selon les généraux, l’objectif de l’assaut incessant sur Bakhmut est d’immobiliser les unités ukrainiennes afin qu’elles ne puissent pas être utilisées pour
renforcer les offensives dans la province de Louhansk, au nord. « L’ennemi essaie
maintenant de nous prendre l’initiative« , déclare le général Syrsky. « Il essaie de nous
forcer à passer complètement en mode défensif« .
Si Bakhmut n’est pas un emplacement stratégique, pourquoi l’armée ukrainienne y envoie-t-elle de plus en plus de troupes ? La Russie utilise Bakhmut pas
seulement pour « immobiliser »
les unités ukrainiennes. Elle l’utilise pour les éliminer, avec jusqu’à 500 soldats ukrainiens tués ou blessés par jour. La véritable opération d’immobilisation se déroule
ailleurs.
L’Ukraine est également confrontée à une nouvelle menace de la part de la Biélorussie, qui a entamé d’importants exercices militaires au cours de l’été
et qui, plus récemment, a mis à jour son registre de recrutement. Le 3 décembre, Sergei Shoigu, le ministre russe de la défense, s’est rendu à Minsk, la capitale biélorusse, pour
discuter coopération militaire. Les responsables occidentaux affirment que la Biélorussie a probablement apporté un soutien matériel trop important aux unités russes pour entrer
elle-même dans la mêlée, mais le but de cette activité est probablement d’immobiliser les forces ukrainiennes dans le nord, au cas où Kiev serait à nouveau attaquée, et d’empêcher
ainsi qu’elles soient utilisées dans toute nouvelle offensive.
Le général Zaluzhny a une vision assez réaliste de ce qui se prépare :
« La mobilisation
russe a fonctionné« , dit le général Zaluzhny. « Un tsar leur dit
de partir en guerre, et ils partent en guerre« . Le général Syrsky est d’accord : « Il ne faut pas
négliger l’ennemi. Ils ne sont pas faibles… et ils ont un très grand potentiel en termes de main-d’œuvre. » Il donne l’exemple de la façon dont les recrues russes, équipées
uniquement d’armes légères, ont réussi à ralentir les attaques ukrainiennes à Kreminna et Svatove dans la province de Louhansk, bien que la boue d’automne ait aidé. La mobilisation a
également permis à la Russie de faire tourner ses forces placées sur et hors des lignes de front plus fréquemment, dit-il, leur permettant de se reposer et de récupérer.
« À cet égard, ils
ont un avantage« .
Mais la principale raison pour laquelle la Russie a enrôlé tant de jeunes hommes, selon les généraux, est de repasser à l’offensive, pour la première
fois depuis que sa tentative d’envahir Donbass s’est essoufflée au cours de l’été. « Tout comme
pendant [la Seconde Guerre mondiale]… quelque part au-delà de l’Oural, ils préparent de nouvelles ressources« , déclare le général Zaluzhny, faisant référence à la décision
soviétique de déplacer l’industrie de la défense vers l’est, hors de portée des bombardiers nazis. « Ils sont préparés
à 100%« . Une attaque russe majeure pourrait survenir « en février, au
mieux en mars et au pire à la fin du mois de janvier« , dit-il. Et elle pourrait survenir n’importe où, prévient-il : dans le Donbass, où Poutine est impatient de s’emparer
du reste de la province de Donetsk ; dans le sud, vers la ville de Dnipro ; voire vers Kiev même. En fait, un nouvel assaut sur la capitale est inévitable, estime-t-il :
« Je n’ai aucun
doute sur le fait qu’ils attaqueront à nouveau Kiev. »
Le général constitue et retient des réserves, ce qui est problématique pour les lignes de front :
La tentation est d’envoyer des réserves. Une stratégie plus sage est de les retenir.
…
« Que les soldats
dans les tranchées me pardonnent« , dit le général Zaluzhny. « Il est plus
important de se concentrer sur l’accumulation de ressources dès maintenant pour les batailles plus longues et plus lourdes qui pourraient commencer l’année
prochaine. »
L’Ukraine a suffisamment d’hommes en armes – plus de 700 000 en uniforme, sous une forme ou une autre, dont plus de 200 000 sont entraînés au combat.
Mais le matériel manque. Les munitions sont cruciales, affirme le général Syrsky. « L’artillerie joue
un rôle décisif dans cette guerre« , note-t-il. « Par conséquent,
tout dépend vraiment de la quantité de fournitures, et cela détermine le succès de la bataille dans de nombreux cas. » Le général Zaluzhny, qui lève un nouveau corps
d’armée, égrène une liste de souhaits. « Je sais que je
peux battre cet ennemi« , dit-il. « Mais j’ai besoin
de ressources. J’ai besoin de 300 chars, 600-700 IFV [véhicules de combat d’infanterie], 500 Howitzers. » L’arsenal qu’il recherche est plus important en nombre que le total
des forces blindées de la plupart des armées européennes.
Zaluzhny croit-il vraiment qu’il pourrait obtenir un tel équipement ? Je ne le pense pas.
The
Economist fait remarquer que les donateurs d’armes sont à court d’à peu près tout :
Le 6 décembre, le Congrès américain a donné son accord de principe pour permettre au Pentagone d’acheter 864 000 obus d’artillerie de 155 mm, plus de 12
000 obus Excalibur guidés par GPS et 106 000 roquettes GMLRS guidées par GPS pour HIMARS – ce qui est théoriquement suffisant pour soutenir la cadence de tir la plus intense de
l’Ukraine pendant cinq mois sans interruption. Mais cette production s’étalera sur plusieurs années et ne viendra pas à temps pour une offensive de printemps.
La Russie connaît des problèmes similaires. Selon un responsable américain, elle manquera de munitions « entièrement
utilisables » au début de l’année prochaine, ce qui la contraindra à utiliser des stocks mal entretenus et des fournisseurs comme la Corée du Nord. Ses pénuries d’obus sont
« critiques« ,
a déclaré l’amiral Tony Radakin, chef de la défense britannique, le 14 septembre.
La dernière partie est bien sûr aussi valable que d’affirmer que la Russie est « à court de
missiles« .
Mais même en manquant de forces blindées et de munitions, l’Ukraine rêve toujours de grandes attaques :
« Avec ce type de
ressources, je ne peux toujours pas mener de grandes opérations, même si nous travaillons actuellement sur l’une d’entre elles« , déclare le général Zaluzhny.
L’auteur discute de diverses options où l’Ukraine pourrait attaquer, mais constate qu’elle n’en a pas vraiment une bonne. La grande victoire sur la Russie
n’est pas pour demain :
En privé, cependant, les responsables ukrainiens et occidentaux admettent qu’il pourrait y avoir d’autres issues. « Nous pouvons et
devons prendre beaucoup plus de territoires« , insiste le général Zaluzhny. Mais il reconnaît indirectement la possibilité que les avancées russes puissent s’avérer plus
fortes que prévu, ou les ukrainiennes plus faibles, en déclarant : « Il n’est pas
encore temps de faire appel aux soldats ukrainiens comme Mannerheim a fait appel aux soldats finlandais. » Il fait référence à un discours que le général en chef de la
Finlande a prononcé devant les troupes en 1940 après un accord de paix sévère qui avait cédé des terres à l’Union soviétique.
Alors, combien de soldats devront encore mourir avant que Zaluzhny ne soit prêt à prononcer son discours de Mannerheim (vidéo)
? Il ne le précise pas.
Il devra probablement tenir son discours plus tôt qu’il ne le pense car l’économie ukrainienne s’est
effondrée. Le PIB a diminué de 33 % cette année et, comme les attaques contre le réseau électrique se poursuivent, il diminuera encore de 5 ou 10 % l’année prochaine. L’inflation est
supérieure à 20%, le chômage supérieur à 30%. Les grandes industries métallurgiques et minières ont dû fermer leurs portes car elles dépendent d’un approvisionnement ininterrompu en
électricité. Pendant ce temps, les donateurs ne veulent pas accorder à l’Ukraine le budget dont elle prétend avoir besoin.
Il semble possible que la faillite imminente de l’Ukraine puisse effectivement mettre fin à cette guerre plus rapidement que toute action militaire.
De nouvelles livraisons
de Wunderwaffen à l’Ukraine ont
lieu. Mais il est peu probable que cela change la donne, stratégiquement et même opérationnellement.
Les États-Unis et leurs
« alliés » sont engagés dans une opération
genre « faire bouillir la grenouille » dans
laquelle ils augmentent régulièrement la létalité et la complexité des armes et autres soutiens qu’ils fournissent à l’Ukraine. À un moment donné, ce processus franchira les lignes rouges russes.
C’est alors que les choses deviendront vraiment intéressantes…
Le dernier gadget à être
déployé est le système de défense aérienne Patriot, qui sera probablement bientôt suivi par des chars de combat :
Les États-Unis sont sur le point d’approuver l’envoi d’une batterie de missiles Patriot à l’Ukraine, accédant enfin à une demande urgente des dirigeants
ukrainiens qui souhaitent désespérément disposer d’armes plus robustes pour abattre les missiles russes, ont déclaré mardi des responsables américains.
L’approbation devrait intervenir plus tard dans la semaine et pourrait être annoncée dès jeudi, ont déclaré trois responsables, qui ont parlé sous couvert de
l’anonymat parce que la décision n’est pas définitive et n’a pas été rendue publique. Deux des responsables ont déclaré que les Patriot proviendront des stocks du Pentagone et seront déplacés
d’un autre pays étranger.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a pressé les dirigeants occidentaux, pas plus tard que lundi, de fournir des armes plus avancées pour aider son pays
dans sa guerre contre la Russie. Le Patriot serait le système de missiles sol-air le plus avancé que l’Occident ait fourni à l’Ukraine pour l’aider à repousser les attaques aériennes
russes.
Lors d’une vidéoconférence lundi, M. Zelenskyy a déclaré à son hôte, l’Allemagne, et à d’autres dirigeants du Groupe des sept puissances industrielles que son
pays avait besoin de missiles à longue portée, de chars modernes, d’artillerie, de batteries de missiles et d’autres systèmes de défense aérienne de haute technologie pour contrer les
attaques russes qui ont privé des millions d’Ukrainiens d’électricité et d’eau.
Il a reconnu que, « malheureusement, la Russie a toujours un
avantage en artillerie et en missiles. »
Eh bien, oui, l’avantage en artillerie de l’armée russe dans la bataille actuelle pour Bakhmut est de neuf contre un, voire plus :
« Pour chaque pièce d’artillerie que nous
avons, ils en ont neuf« , a déclaré un soldat.
L’OTAN ne dispose plus des équipements et des réserves de munitions nécessaires pour changer cette situation.
Quant au Patriot, le « Phased Array Tracking Radar to Intercept on
Target » : Former à leur utilisation prend un certain temps et, à moins que les Ukrainiens n’aient déjà été secrètement formés pendant plusieurs mois, ils devront être déployés avec
des soldats de l’OTAN ou d' » anciens » soldats pour avoir un quelconque effet
:
Interrogé sur la formation, le brigadier général Patrick Ryder, porte-parole du Pentagone, a déclaré qu’en général, les États-Unis prennent ces besoins en
considération lorsqu’ils fournissent des systèmes d’armes complexes à l’Ukraine, comme les systèmes de roquettes d’artillerie à haute mobilité, connus sous le nom de HIMARS. Actuellement, les
forces américaines forment les troupes ukrainiennes à un certain nombre de systèmes, dont le HIMARS, dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne.
…
L’ensemble du système, qui comprend un radar à réseau phasé, une station de contrôle, des ordinateurs et des générateurs, nécessite généralement environ 90
soldats pour le faire fonctionner et l’entretenir, mais seuls trois soldats sont nécessaires pour tirer, selon l’armée.
Les missiles HIMARS, les précédents Wunderwaffen, sont désormais régulièrement abattus par les systèmes russes de défense antimissile et aérienne :
Les forces de défense antiaérienne ont abattu deux drones dans les régions de Zhytlovka et de Kremennaya (République populaire de Lougansk).
En outre, deux tirs de MLRS HIMARS ont été interceptés près de Perovomaysk (République populaire de Lougansk) et une roquette HARM près de Makarovka (région de
Kherson).
La batterie Patriot qui sera déployée en Ukraine est probablement l’une de celles que les États-Unis possèdent actuellement en Pologne. Une unité Patriot allemande sera déployée pour la remplacer.
Les radars à réseau phasé utilisés par les systèmes Patriot sont bons, mais ils ont également une faiblesse. Ils sont visibles depuis les satellites équipés
d’un radar à synthèse d’ouverture. Comme l’ont découvert des chercheurs il y a quelques années :
Au milieu d’une actualité chargée au sujet du nucléaire, un chercheur israélien a fait une découverte très surprenante qui est passée quelque peu inaperçue.
Comme l’explique un article paru dans Medium, l’analyste SIG israélien Harel Dan a remarqué qu’en ajustant accidentellement les niveaux de bruit de l’imagerie produite par la constellation
de satellites SENTINEL-1, une série de X colorés sont soudainement apparus sur toute la planète.
Le radar à synthèse d’ouverture (RSO) en bande C de SENTINEL-1 fonctionne à une fréquence centrale de 5,405 GHz, qui se situe idéalement dans la gamme des fréquences militaires utilisées pour les systèmes radar terrestres, aéroportés et navals (5,250-5,850 GHz), y compris les radars à réseau phasé AN/MPQ-53/65 qui
constituent l’épine dorsale du système de commande et de contrôle d’une batterie Patriot. Par conséquent, Harel a émis l’hypothèse correcte que certains des X apparaissant sur les images
SENTINEL-1 pouvaient être déclenchés par les interférences des systèmes radar Patriot.
Grâce à cette logique, il a pu utiliser les X pour localiser les batteries Patriot dans plusieurs pays du Moyen-Orient, dont le Qatar, le Bahreïn, la Jordanie,
le Koweït et l’Arabie saoudite.
Alors que les images SENTINEL-1 de l’Ukraine seront probablement censurées, la Russie n’a pas besoin de les utiliser. Elle dispose de ses propres systèmes SAR :
Traiter les données SAR, rechercher les croix dues au « bruit« , programmer les coordonnées trouvées dans un
certain nombre de drones suicide de conception iranienne et les envoyer. Cela ne devrait pas prendre plus d’une heure. Le complexe d’attaque de reconnaissance russe est conçu à cet effet :
Le complexe de frappe de reconnaissance (разведивательно-ударный комплех-RYK) a été conçu pour l’emploi coordonné d’armes de haute précision et de longue portée
liées à des données de renseignement en temps réel et à un ciblage précis fourni à un centre de renseignement et de direction de tir. Le RYK fonctionne à des profondeurs opérationnelles en
utilisant des systèmes de missiles surface-surface et des munitions » intelligentes » larguées par avion. Le complexe de tir de reconnaissance (разведивательно-огновой комплех
ROK) en était l’équivalent tactique.
…
Le système de tir de reconnaissance (ROS) est conçu pour détecter, engager et détruire les cibles ennemies en temps quasi-réel dans le rayon d’action des unités
tactiques (bataillon et brigade de manœuvre avec artillerie d’appui). À l’occasion, une brigade d’artillerie ou une brigade d’hélicoptères de combat (une formation tactique/opérationnelle)
pourrait effectuer des missions de ROS. Cependant, les unités du corps d’armée et du groupe d’armées effectuent normalement des missions RYS – engager, détecter et détruire des cibles
opérationnelles en temps quasi réel à l’aide de systèmes de reconnaissance et de frappe à plus longue portée (notamment les SSM et les systèmes d’aviation).
Le radar Patriot aura-t-il le temps de se déplacer pendant l’intervalle de temps de réaction russe entre la reconnaissance et la frappe ? J’en doute.
Wikipedia indique qu’une batterie Patriot coûte environ 1 milliard de dollars. C’est le radar qui les rend si chers. Chacun de ses missiles coûte environ 3 millions de dollars. Les
drones suicide coûtent peut-être 10 000 dollars chacun. Maintenant, faites le calcul…
Les missiles les plus modernes utilisés par le système Patriot ont une portée maximale d’environ 60 kilomètres (37 miles). Une batterie peut donc couvrir une bulle
d’un diamètre de 120 kilomètres. C’est peut-être une bonne chose pour Kiev ou Odessa, mais cela ne résoudra en rien le problème militaire général de l’Ukraine.
Les forces russes sont supérieures en technologie, en personnel et en puissance de feu. Il n’y a aucune chance, et il n’y en a jamais eu, que l’Ukraine gagne ce
match. Aucun Wunderwaffen, aucun marine
britannique avec ses drones amphibies ou aucun système Patriot américains, ne changera ces faits fondamentaux.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Comment les Ukrainiens ont exposé les mensonges des Américains
15 à 20 minutes après l’attaque des bases aériennes russes dans les régions de Riazan et de Saratov, les médias russes n’avaient pas encore eu connaissance
de l’incident. Par conséquent, la direction de la guerre psychologique de l’armée ukrainienne a réussi à prendre l’initiative sur ce sujet, saturant les réseaux sociaux de désinformation
liée à de prétendus effets catastrophiques, tels que des fuites radioactives de missiles nucléaires endommagés stockés dans ces bases. On peut conclure que dans l’algorithme de
préparation précoce de l’opération ukrainienne, la partie désinformation était l’un des éléments de base.
Cependant, la question est : comment la direction de la guerre psychologique de l’armée ukrainienne a-t-elle pu apprendre, en temps réel, le succès de
la frappe simultanée sur les deux bases aériennes ?
Il faut dire que les drones Tu-141 Strizh n’ont pas d’éléments de contrôle objectifs à bord pour indiquer à la station de lancement, la position dans
laquelle ils se trouvent. Et si les drones avaient été abattus en cours de route vers leurs cibles, le lancement de la désinformation n’aurait eu aucun effet sur les civils russes.
La nuit, ce n’est qu’à partir du satellite qu’il est possible de savoir si l’explosion du drone s’est produite sur la cible ou ailleurs ; et non pas à
partir d’un satellite civil, mais d’un satellite militaire spécialisé, équipé d’un matériel optique haute résolution en infrarouge et ultraviolet. Et l’orbite du satellite doit être
synchronisée de manière à coïncider avec le moment où le drone atteint la cible. Parce que depuis la verticale de l’objectif, le satellite peut détecter et transmettre l’image de
l’explosion du drone. L’Ukraine n’a pas ses propres satellites. Mais les États-Unis ont des satellites militaires capables d’exécuter de tels changements d’orbite pour mener à bien une
série de missions.
« Nous n’encourageons pas l’Ukraine à lancer des attaques en dehors de ses frontières, et nous ne permettrons pas à l’Ukraine d’organiser des attaques
au-delà des frontières », a déclaré le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, au Guardian. Le dignitaire semble être un homme sérieux et élégamment habillé, pas un
comédien de cirque. La déclaration a été faite un jour après qu’un drone ukrainien a frappé les 2 bases aériennes de bombardement stratégique russes, situées à une distance de 600 à 750
kilomètres en profondeur dans le territoire russe. Le Kremlin peut-il encore croire Ned Price ?
Le E-8 JTARS est un avion américain de surveillance, de commandement et de contrôle au sol. Son radar « voit » les cibles mobiles au sol et suit
600 de ces cibles simultanément, à plus de 250 km de distance. Le JTARS E-8 détecte et suit les véhicules terrestres et peut distinguer les véhicules blindés, les chars chenillés et les
camions sur roues. L’E-8 JTARS vole actuellement près de la Crimée et fournit aux troupes ukrainiennes la localisation, la vitesse et la direction de déplacement des équipements
militaires russes sur la ligne de front.
Les missions et l’équipement des avions russes Tu-214R qui volent dans l’ouest de la Biélorussie le long de la frontière ukrainienne sont identiques à ceux
des E-8 JTARS américains. Grâce à son radar, le Tu-214R a surveillé en permanence les régions de Volin et de Lvov, d’où l’on pense que des armes de l’OTAN sont livrées à l’Ukraine. Il
était prévisible que l’OTAN comprenne qu’elle ne pouvait pas continuer ainsi sans que ses expéditions soient découvertes. Et elle a donc modifié la « porte d’entrée » des armes
de l’OTAN en Ukraine.
Il ressort des communiqués des deux parties qu’au cours des 50 derniers jours, hormis quelques éléments d’infrastructure énergétique, aucune autre cible
dans les deux régions ukrainiennes à la frontière polonaise n’a été touchée par des missiles de croisière russes. On peut en conclure que l’OTAN avait déjà changé le lieu par lequel elle
transfère des armes à l’Ukraine.
Pour la première fois depuis le début de l’opération spéciale en Ukraine le 31 octobre, des missiles de croisière russes ont frappé la région de
Tchernivtsi. Outre l’endommagement de la centrale hydroélectrique de Novodnistrovsk, des dépôts d’armes occidentaux situés dans la banlieue de Tchernivtsi ont également été détruits. Il
convient de noter que la frontière avec la Roumanie se trouve à seulement 25 km au sud de Tchernivtsi. Au même moment, on note également que les missiles AA ukrainiens, lancés contre les
missiles de croisière russes, ont franchi la frontière avec la Moldavie.
Contrairement à de nombreux généraux de troupes terrestres, même au sein de l’OTAN, le général russe Sergei Surovikin est autodidacte. Il s’est forgé une
vision militaire du 21e siècle, dans laquelle les avantages de la sphère aérospatiale ne doivent pas être négligés. C’est pourquoi il surprend tout le monde avec les méthodes les plus
modernes. Obtenir la suprématie aérienne sur l’ensemble du territoire ukrainien en neutralisant les défenses antiaériennes est désormais l’une des priorités du général Sergei
Surovikin.
Voyons comment il s’y prend pour appréhender ce problème.
Les commandements des États de l’OTAN qui suivent en détail les actions des troupes russes en Ukraine ont observé de nombreux changements dans les méthodes
de combat au cours des deux derniers mois. Par exemple, depuis la nomination du général Surovikin au poste de commandant de l’opération spéciale, les drones kamikazes Geran opèrent seuls
ou simultanément avec des missiles de croisière navals et aériens. Mais seulement la nuit et seulement s’il n’y a pas de nuages dans le ciel. La raison en est facile à soupçonner si l’on
se rappelle que le 1er décembre, le vaisseau spatial Soiuz-2.1b transportant un lourd satellite militaire de pointe a été lancé depuis le cosmodrome de Plesetsk. Il s’agit du deuxième
satellite militaire multi-capteurs de ce type lancé depuis le début de l’opération spéciale.
Tout d’abord, il nous faut comprendre que les cibles des infrastructures critiques de l’Ukraine ne se trouvent pas dans des zones rurales, mais aux
alentours des grandes villes. Les batteries de missiles ukrainiens AA à longue et moyenne portée défendent les grandes villes et sont déployées à leur périphérie. L’Ukraine est avertie
des lancements de missiles de croisière russes par les avions AWACS de l’OTAN. Ces derniers transmettent également en permanence aux militaires ukrainiens la position des cibles évoluant
dans l’espace aérien. Cela permet aux radars des batteries de missiles ukrainiennes de ne fonctionner que pendant quelques minutes, c’est-à-dire lorsque les cibles arrivent à leur portée,
alors que les missiles AA les ont en ligne de mire. Cela complique les frappes contre les antennes radar ukrainiennes avec des missiles antiradars Kh-31 provenant d’avions russes, en
raison de la longue distance.
Pendant ce temps, depuis leur orbite, les satellites ELINT (ELectronic INTelligence) de l’armée russe font leur travail. L’émission radar ukrainienne est
reçue par le satellite et permet de déterminer les coordonnées de l’antenne radar de la batterie AA. Cependant, la batterie de missiles dispose de 6 à 8 lanceurs mobiles avec 4 missiles,
situés jusqu’à 1 km du radar. Les satellites de reconnaissance militaire, sont équipés de capteurs infrarouges et ultraviolets, et fonctionnent mieux la nuit lorsque le ciel est dégagé,
pour détecter la trainée du missile AA dès son lancement. Cela permet de déterminer la position de chaque lanceur de batterie grâce à la trainée du lancement du missile. Une fois ces
positions connues, elles sont surveillées en permanence par un autre satellite militaire, celui équipé d’un radar. Même si les lanceurs sont cachés dans des bâtiments, le radar du
satellite peut « voir » à travers 20-30 cm de béton. Les changements de position des lance-roquettes AA ne passent pas inaperçus pour le satellite radar. Et l’armée russe
planifie des frappes sur les lanceurs AA peu après leur découverte. Il n’est donc pas étonnant que les communiqués de presse quotidiens du ministère russe de la défense mentionnent la
destruction de 1 à 2 lanceurs de missiles AA ou radars ukrainiens par jour.
Mais l’OTAN continue de livrer de plus en plus de batteries de fusées AA à l’Ukraine, de sorte qu’encore plus de satellites de reconnaissance militaire
seront mis en orbite par la Russie.
L’armée russe est encore en train d’intégrer la plupart des plus de 300 000 hommes et volontaires mobilisés. Selon
Poutine, 25% des forces mobilisées sont dans des unités de combat, 25% dans des positions arrières, tandis que 50% s’entraînent en Russie. Il ne semble pas qu’une attaque générale
imminente sur les lignes de front ukrainiennes soit dans les cartes. La grande attaque hivernale attendue pourrait ne pas avoir lieu du tout. Au lieu de cela, les nouvelles forces
effectueront une rotation sur la ligne de front et n’attaqueront localement que lorsqu’elles en verront l’opportunité.
Les Russes n’ont pas besoin d’attaquer. Leur tâche est de démilitariser l’Ukraine. Tant que les Ukrainiens viennent au front et attaquent les Russes, il
n’est pas nécessaire de lancer une grande attaque contre eux.
La carte d’il y a quelques mois par rapport à aujourd’hui ne montre que quelques petits changements des lignes de front.
Chaque jour, toutes les sections de la ligne de front sont remplies de signes d’artillerie/de bombardements. Il s’agit principalement de l’artillerie russe
qui fauche l’herbe et tue les soldats ukrainiens.
Au cours du mois dernier, ce sont surtout les Ukrainiens qui ont attaqué tout le long du front pour se heurter à des murs d’acier et à des explosions. Ils
n’ont pas réussi à briser les lignes russes. Ils ont essayé encore et encore mais ont échoué avec des pertes élevées.
Les offensives russes se sont principalement limitées au front de Bakhmut/Artemovsk, où le groupe d’entrepreneurs militaires privés Wagner a capturé
plusieurs lignes de tranchées et villages ukrainiens. Cela ne se produit généralement qu’après que l’artillerie a nettoyé la zone et que les quelques Ukrainiens survivants ont quitté les
lieux. La carte d’il y a quelques mois par rapport à aujourd’hui montre des différences minimes mais importantes sur cette ligne de front.
Il doit y avoir un ordre supérieur ukrainien pour tenir Bakhmut à tout prix. L’armée ukrainienne n’a cessé de déplacer des brigades de réserve dans la
région. Son opération de maintien est extrêmement coûteuse :
NDP : les pertes
quotidiennes des FAU près de Bakhmut atteignent un bataillon (500-800 soldats), les hôpitaux de la ville de Konstantinovka sont surpeuplés.
La source ci-dessus n’est pas la seule à avoir fait cette affirmation.
Les responsables de
la RPL affirment que l’Ukraine transfère jusqu’à 500 hommes *par jour* à Bakhmut pour reconstituer les pertes. Même Arestovych a admis que la force de l’artillerie russe dans le secteur a
un avantage de 9 contre 1. Bakhmut est en train de devenir la bataille la plus importante et la plus coûteuse de la guerre pour l’Ukraine.
Newsweek s’est entretenu avec un « ancien » colonel américain qui, avec des « volontaires », forme les soldats ukrainiens. Voici ce
qu’il dit des pertes
ukrainiennes :
« Bakhmut est comme
Dresde, et la campagne ressemble à Passchendaele », dit-il, en faisant référence à la ville allemande détruite par les bombardements alliés lors de la Seconde Guerre mondiale et au
champ de bataille infâme, boueux et sanglant de la Première Guerre mondiale. « C’est tout simplement un endroit horrible et misérable ».
L’Ukraine surveille
de près le nombre de ses victimes, mais on pense que ses forces souffrent beaucoup autour de Bakhmut.
« Ils ont subi
des pertes extraordinairement élevées », a déclaré Milburn à propos des unités qui s’entraînent avec Mozart. « Les chiffres que vous lisez dans les médias sur les pertes de
routine de 70% et plus ne sont pas exagérés ».
Malgré leur
« formidable moral », Milburn a déclaré que les défenseurs « ont un problème aigu de régénération, ce qui signifie que les nouvelles recrues doivent entrer en ligne aussi
rapidement que possible ». Cela signifie que ceux qui sont jetés dans le combat n’ont guère plus qu’une formation de base.
« En général,
environ 80% de nos recrues qui sortent de la ligne n’ont jamais tiré avec une arme auparavant », a déclaré Milburn. « Nous avons du pain sur la
planche ». »
Une unité qui compte 50% de pertes n’est généralement plus en mesure de combattre et doit être remplacée. Mais les Ukrainiens laissent leurs unités sur la
ligne de front jusqu’à ce qu’il n’y ait presque plus personne dedans.
Le chiffre de 500 victimes par jour sur le front de Bakhmut semble donc réaliste. Au cours des derniers mois, le rapport
quotidien du ministère russe de la Défense faisait état d’une moyenne de 300 victimes ukrainiennes par jour. Mais le ministère ne fait pas état des victimes de Bakhmut, car les
opérations de l’entrepreneur militaire privé Wagner ne sont pas incluses dans ce rapport. Ainsi, le total quotidien au cours du dernier mois, malgré le peu de mouvement des lignes de
front, doit être d’environ 800 Ukrainiens morts. Dans les 30 jours qui séparent les deux cartes ci-dessus, au moins 24 000 soldats ukrainiens ont quitté le champ de bataille.
Il n’est pas étonnant qu’un nombre aussi élevé ne puisse être remplacé.
Le rapport entre morts et blessés sera probablement de 1 pour 1, car l’évacuation médicale depuis les tranchées de la ligne de front est extrêmement
difficile. La plupart des blessés y mourront tout simplement.
Il n’y a pas que les hommes qui sont perdus. Le matériel qu’ils utilisaient est en grande partie perdu avec eux. 24 000 hommes représentent l’équivalent de
6 à 7 brigades de l’OTAN. L’armée allemande n’en compte plus que 8. Lorsque j’étais dans cette armée, elle comptait 36 brigades, plus d’importantes unités de réserve. La même dégradation
importante s’est produite avec l’état général de l’OTAN. Elle n’est pas prête pour une guerre avec la Russie.
Les armes occidentales ont fait peu pour l’Ukraine. Les Russes ont mis à jour leurs systèmes de défense aérienne pour détecter et abattre les missiles
HIMARS. Ils signalent que 10 à 20 de ces missiles sont abattus chaque jour. L’abattage de drones ukrainiens de petite et moyenne taille est passé de 20-30 par jour en été à 2-3 par jour.
Soit les Ukrainiens sont à court de drones, soit la météo a rendu les leurs inutilisables. Les drones russes continuent de voler et ils aident à cibler l’artillerie. Les systèmes
d’artillerie occidentaux ne peuvent pas être réparés sur le terrain car les Ukrainiens n’ont pas la formation et les outils nécessaires pour le faire. Le Wall Street Journal rapporte :
« Moins de 50% des
Panzerhaubitze autopropulsés – une classe de canons de champ de bataille mobiles à long canon, officiellement connus sous le nom d’obusiers PzH2000 et largement considérés comme faisant
partie des armes les plus performantes de leur catégorie – sont sur le champ de bataille à tout moment, car ils doivent être emmenés en Lituanie pour y être réparés, à près de 900 miles
du front de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, ont déclaré de hauts responsables allemands. L’Allemagne a jusqu’à présent livré 14 armes de ce type, et les Pays-Bas cinq
autres.
D’autres alliés,
comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, entretiennent les armes qu’ils ont données à l’Ukraine en Pologne, près de la frontière ukrainienne. Mais Varsovie a refusé d’autoriser Berlin
à mettre en place un centre d’entretien en Pologne, demandant à la place que les fabricants allemands fournissent des informations techniques confidentielles afin qu’une société contrôlée
par l’État polonais puisse effectuer le travail, selon des responsables allemands impliqués dans les discussions. »
Il y a également eu une prise
de bec au sujet des missiles de défense aérienne Patriot. L’Allemagne a proposé de les installer dans l’est de la Pologne, mais avec des équipages allemands. La Pologne a d’abord
accepté l’offre, puis l’a rejetée et a déclaré que les missiles devaient aller en Ukraine. Elle s’est ensuite rétractée et va maintenant accepter l’offre.
Les relations internationales en Europe s’aggravent. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu’il
voulait que l’Allemagne soit la première puissance en Europe. Les voisins de l’Allemagne, et la plupart de sa propre population, ne sont pas satisfaits de cela.
Au cours des cinq derniers mois, la Lettonie a accueilli la chaîne de télévision russe d’opposition TVrain. Elle vient de la supprimer car TVrain, qui
s’adresse à un public russe, avait aussi des choses positives à dire sur la Russie. TVrain avait survécu en Russie pendant 12 ans. En Lettonie, elle n’a duré que quatre mois et
demi.
Les journalistes de
@tvrain ont été mis sur liste noire en Lettonie & déclarés agent étranger en Russie le même jour.
Ce que ces anecdotes montrent, c’est que l’OTAN s’effondre lentement. L’OTAN est en train de perdre la guerre par procuration en Ukraine et elle la perd
gravement. Les gens le savent et cela aura des conséquences. Une UE de plus en plus autoritaire suivra le même chemin.
Mais il y a des puissances au sein de l’OTAN qui veulent empêcher cette chute. Elles tenteront d’impliquer directement l’OTAN dans
le combat :
« Le secrétaire général
de l’OTAN a averti vendredi que la guerre de la Russie en Ukraine pourrait se transformer en une guerre plus large contre l’alliance atlantique.
Le responsable, Jens
Stoltenberg, a mis en garde à plusieurs reprises dans des interviews accordées aux médias cette semaine contre une sous-estimation de la situation en Ukraine et a souligné la menace plus
large que le président russe Vladimir V. Poutine pourrait faire peser sur l’Europe.
« Si les choses
tournent mal, elles peuvent tourner terriblement mal », a déclaré Stoltenberg dans une interview publiée vendredi avec la journaliste norvégienne Anne Lindmo, dans laquelle il a
ajouté qu’il n’y avait « aucun doute » qu’une guerre totale contre l’OTAN était une « possibilité réelle ».
« Je comprends
tous ceux qui sont fatigués de soutenir l’Ukraine. Je comprends tous ceux qui pensent que les prix des denrées alimentaires et les factures d’électricité sont beaucoup trop élevés »,
a-t-il déclaré. « Mais nous devons payer un prix bien plus élevé si notre liberté et notre paix sont menacées par la victoire de Poutine en Ukraine. »
Relisez cette dernière phrase :
« Mais nous devons
payer un prix beaucoup plus élevé si notre liberté et notre paix sont menacées par la victoire de Poutine en Ukraine. »
Poutine gagnant en Ukraine, ce qu’il fait, menacera notre liberté et notre paix ?
La Russie n’a aucun intérêt dans l’Europe au-delà des frontières de l’Ukraine. Alors comment cela est-il censé nous mettre en danger ?
Ce sont des conneries, mais elles sont conçues pour pousser l’OTAN à entrer en guerre lorsqu’il deviendra évident pour tout le monde que c’est la Russie qui
gagne.
« Les pays de l’OTAN
sont de plus en plus impliqués dans le conflit en Ukraine, les États-Unis procédant intentionnellement à une escalade sur cette voie, a déclaré jeudi le vice-ministre russe des Affaires
étrangères, Sergueï Ryabkov, sur la chaîne de télévision Rossiya-24.
« Les membres de
l’OTAN sont de plus en plus et directement impliqués dans ce conflit. Leur soutien à Kiev est désormais beaucoup plus diversifié qu’il y a quelques mois. C’est le reflet de la politique
intentionnelle de Washington, docilement poursuivie par les Européens, d’escalade du conflit. Ils jouent avec le feu. Les risques montent en flèche », a déclaré
Ryabkov. »
En effet. Mais Stoltenberg a raison sur un
point :
« Les commentaires de
Stoltenberg sont intervenus deux jours après qu’il ait déclaré que la Russie faisait délibérément traîner la guerre afin de préparer une nouvelle attaque contre les forces ukrainiennes
l’année prochaine. »
Supposons que la Russie attende le mois de mars pour lancer son attaque générale contre l’Ukraine. Entre-temps, elle continue à écraser l’armée ukrainienne
sans subir elle-même de pertes importantes. L’armée ukrainienne aura alors perdu 72 000 hommes supplémentaires. Cela représente probablement un tiers de ses effectifs actuels. D’ici là,
son « problème de régénération » sera devenu encore plus aigu. Cela signifie qu’elle sera alors beaucoup plus faible.
Quels sont les plans de la Russie pour une attaque de printemps tous azimuts ?
Le Dr Michael Vlahos et le colonel Douglas Macgregor sont des historiens militaires. Ils ont observé la guerre en Ukraine et en ont récemment discuté. Ils
sont arrivés à leurs propres conclusions. Aucun des deux ne croit à l’absurdité d’une Ukraine victorieuse que les médias « occidentaux » essaient de nous vendre. Ils ont des
idées sur la manière dont la Russie pourrait vouloir attaquer.
Chacune de ces vidéos dure environ 30 à 50 minutes. Mais il s’agit d’un contenu d’un niveau supérieur à ce que vous verrez dans d’autres talk-shows. Je les
recommande vivement.
Le 8 octobre dernier, une
bombe ukrainienne détruisait la partie sud du pont automobile reliant la Crimée. La partie nord a également été légèrement endommagée, un train passant sur le pont ferroviaire à côté ayant brûlé.
Certaines personnes à Kiev en étaient plutôt heureuses de cette nouvelle :
Mais la circulation des trains a repris dès le lendemain. La partie nord du pont automobile a été vérifiée et la circulation automobile dans les deux sens a été
autorisée. La réparation de la partie sud cassée a immédiatement commencé.
Deux jours plus tard, l’armée russe répondait à cette attaque par une première frappe intense contre l’infrastructure électrique de l’Ukraine.
Aujourd’hui, moins de deux mois plus tard, le travail de réparation est achevé. Quatre travées de pont endommagées ont été remplacées et une nouvelle couche de
goudron a été posée. Aujourd’hui, le président russe y a conduit une voiture :
Poutine, accompagné du vice-premier ministre Marat Khusnullin, a été montré à la télévision d’État au volant d’une Mercedes, posant des questions sur le lieu de
l’attaque.
« Nous roulons sur le côté droit« ,
a déclaré Poutine, alors qu’il traversait le pont. « Le côté gauche du pont, d’après ce que j’ai
compris, est en état de fonctionnement, mais néanmoins il doit être complété. Il a encore un peu souffert, nous devons l’amener à un état idéal. »
Poutine a également marché le long de certaines parties du pont, le plus grand d’Europe, pour inspecter les sections qui sont encore visiblement brûlées.
La circulation bidirectionnelle se fera désormais sur la travée sud tandis que la travée nord, légèrement endommagée, sera réparée. Ces travaux devraient être
terminés avant la fin de l’année.
Depuis l’attaque du pont, l’infrastructure électrique de l’Ukraine fait l’objet d’une attention accrue de la part des missiles. Aujourd’hui, une autre attaque a eu
cours. Kiev est à nouveau privée d’électricité et d’eau. Elle pourrait bien se rendre compte qu’elle ne sera plus en mesure de réparer les dégâts.
On peut se demander ce qu’en pensent les personnes qui ont posé devant l’affiche du timbre de l’attaque du pont.
——
Une autre mauvaise nouvelle pour Kiev est que les États-Unis ont annoncé publiquement qu’ils avaient limité la portée des lance-missiles qu’ils avaient donnés à l’Ukraine :
Les États-Unis ont secrètement modifié les lance-roquettes avancés Himars qu’ils ont donnés à l’Ukraine afin qu’ils ne puissent pas être utilisés pour tirer des
missiles à longue portée sur la Russie, ont déclaré des responsables américains, une précaution que l’administration Biden juge nécessaire pour réduire le risque d’une grande guerre contre
Moscou. Depuis juin, les États-Unis ont fourni aux forces ukrainiennes 20 lanceurs de système de roquettes d’artillerie à haute mobilité, ou Himars, et un large inventaire de roquettes
guidées par satellite d’une portée de près de 80 km. Les responsables américains affirment que le Pentagone a modifié les lanceurs afin qu’ils ne puissent pas tirer de missiles à longue
portée, y compris les roquettes du système de missiles tactiques de l’armée américaine, ou ATACMS, qui ont une portée de près de 200 miles.
Cette publication est probablement un signe pour l’Ukraine que toute tentative d’acquérir des ATACMS auprès de certains alliés des États-Unis qui disposent
également de ces systèmes sera inutile. Mais que se passerait-t-il s’ils fournissaient de tels missiles et lanceurs qui n’ont pas été désactivés ? Les États-Unis sont-ils convaincus que leurs
alliés procéderont à des modifications similaires ?
La machine de guerre ukrainienne tourne à vide parce que l’« Occident » ne peut plus fournir d’armes et de
munitions en quantités significatives. Les chances de changer cet état de fait dans un délai raisonnable sont faibles :
« Les conflits de haut niveau consomment
beaucoup de munitions et d’armements« , a déclaré Mike McCord, le principal responsable du budget du Pentagone, dans une interview. « Nous examinons également les limites de la
chaîne d’approvisionnement. Nous n’avons pas encore tout compris« .
Les hauts responsables du Pentagone et de l’industrie maintiennent que les efforts s’intensifient enfin pour remplacer les armes que les États-Unis et leurs
alliés ont expédiées en Ukraine, épuisant les stocks jugés cruciaux pour dissuader la Chine ou d’autres adversaires potentiels dans les années à venir.
…
Il a cité des contrats récents portant sur des dizaines de milliers d’obus d’artillerie de 155 mm que les Ukrainiens utilisent presque aussitôt qu’ils arrivent.
Au printemps, « nous serons
en mesure de produire 20 000 cartouches par mois« , a-t-il déclaré.
Mais il faudra du temps pour en fabriquer suffisamment, a-t-il ajouté, précisant que les États-Unis feront passer ce rythme à 40 000 cartouches par mois au
printemps 2025.
20 000 cartouches, c’est ce que l’armée russe utilise en Ukraine lors d’une journée tranquille. 40 000 cartouches par jour, c’est peut-être la consommation moyenne,
60 000 cartouches par jour sont tirées lorsque la situation s’échauffe. Elle produit également suffisamment pour remplacer ces cartouches.
——-
Ce matin, une explosion a eu lieu sur un aérodrome russe dans la région de la Volga. L’armée russe affirme désormais qu’elle provient des débris d’un drone
ukrainien que ses défenses aériennes avaient abattu :
Le ministère de la Défense de la Fédération de Russie : Le matin du 5 décembre, le régime
de Kiev a tenté de frapper avec des drones à réaction les aérodromes de « Dyagilevo » et « Engels ».
Les drones ukrainiens volant à basse altitude dans les régions de Riazan et de Saratov ont été interceptés par les moyens de défense aérienne.
Trois soldats russes qui se trouvaient sur l’aérodrome ont perdu la vie à la suite d’une attaque du régime de Kiev, quatre autres ont été blessés et transportés
dans des hôpitaux.
Les drones ukrainiens tirés sur les aérodromes russes ont été interceptés par des moyens de défense aérienne.
En raison de la chute et de l’explosion des débris de drones ukrainiens sur les aérodromes russes, le blindage de la coque de deux avions a été légèrement
endommagé.
La vidéo montre que l’explosion à Saratov a eu lieu au sol. La défense aérienne fait généralement exploser un drone alors qu’il est encore en vol. Je doute donc que
le rapport russe à ce sujet soit totalement véridique.
On peut également se demander où l’Ukraine a trouvé des drones suicide à longue portée, propulsés par des réacteurs. Je doute fortement qu’ils aient été fabriqués
dans le pays et qu’ils soient disponibles en plus grande quantité.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Victoria Nuland est retournée samedi en Ukraine. C’est elle qui, alors responsable du Département d’Etat pour l’Ukraine, s’était fait copieusement photographier fin 2013 place de
l’Indépendance à Kiev en train de distribuer des biscuits aux manifestants qui occupaient les lieux. C’est elle surtout qui constitua le gouvernement ukrainien pro-américain en février 2014,
comme l’atteste une conversation téléphonique avec l’ambassadeur des Etats-Unis (et « que l’Union européenne aille se faire foutre », avait-elle ajouté). C’est elle aussi qui peu avant avait
souligné que les Etats-Unis avaient déjà donné 5 milliards de dollars à l’Ukraine pour que le pays se détache vraiment de la Russie.
Samedi,
Victoria Nuland a longuement rencontré le chef de cabinet de Zelensky, Andriy Yermak. « Tout le monde sait combien vous soutenez notre pays », lui a dit Yermak. En effet. Et encore : « La
victoire de l’Ukraine, dont nous sommes certains, sera notre victoire conjointe. »
Nuland
a dit : « Nous voyons que les Ukrainiens sont toujours au combat. Vous combattez aujourd’hui pas seulement pour votre liberté, mais aussi pour les valeurs démocratiques. C’est très
important. » Sans rire…
Victoria
Nuland a également rencontré Zelensky, mais les sources d’information officielles sont quasi muettes (et ne donnent pas de photo...). On saura seulement qu’ils ont parlé du « partenariat
ukraino-américain »...
La Pravda ukrainienne
rapporte quant à elle :
« La
sous-secrétaire d'État américaine Victoria Nuland a exprimé sa conviction que le président russe Vladimir Poutine a décidé de ne pas recourir à l'arme nucléaire dans la guerre contre l'Ukraine en
raison des avertissements sévères d'autres États... Selon Nuland, après avoir renoncé à l'escalade nucléaire, "la Russie est passée à une arme fondamentalement différente en lançant des attaques
contre l'infrastructure énergétique ukrainienne", ce qui est inacceptable. »
Commentaire
de Maria Zakharova sur son fil Telegram :
Lorsque
l'Ukrainska Pravda cite Victoria Nuland, c'est 6️⃣9️⃣, une combinaison qui peut fondamentalement caractériser la relation entre les ultra-libéraux américains et le régime de Kiev au fil des
ans.
Maintenant,
de la forme à la substance. Victoria Nuland s'est une fois de plus ridiculisée : d'abord, ils ont gonflé le sujet de la menace nucléaire russe par l'intermédiaire des médias et des groupes de
réflexion qu'ils contrôlent, et maintenant ils essaient de faire porter le chapeau à qui de droit : l'Armageddon nucléaire n'aurait pas eu lieu à cause des "avertissements sévères" (et non parce
que personne de ce côté-ci de la frontière ne le préparait). La position russe sur la prévention de la guerre nucléaire a été clarifiée à de nombreuses reprises, notamment dans une déclaration
récente qui a été spécifiquement traduite dans la langue des membres du département d'État.
Quant
à l'"inacceptabilité des frappes sur le système énergétique", ce n'est pas à Nuland de donner des leçons au monde - seuls les États-Unis et l'OTAN réunis ont détruit plus de réseaux énergétiques
que les États-Unis. Le porte-parole de l'OTAN, Jamie Shea, l'a également admis lors du bombardement de la Yougoslavie, comme je l'ai écrit récemment.
À
propos, en 1994, le major Thomas Griffith de l'US Air Force a soutenu sa thèse intitulée "Frappes stratégiques sur les systèmes d'alimentation électrique nationaux", se préparant apparemment déjà
à l'époque aux événements de Yougoslavie.
Jamie Shea disait exactment: "Le fait que 70% du territoire de la Yougoslavie soit privé d'électricité montre que nous avons le doigt sur l'interrupteur. Nous pouvons allumer et
éteindre l'électricité là où nous en avons besoin et là où nous le voulons."
Plus d’informations sur les décès de militaires ukrainiens - Le 03/12/2022
Les pertes militaires ukrainiennes sont désormais un problème. Avant cette semaine, la plupart des analystes militaires occidentaux ont cru à la propagande
ukrainienne selon laquelle la Russie perdait des troupes, mais que l’Ukraine se portait bien. Ce chien est mort. Un nouvel ami, Stephen
Bryen, vient de publier un article dans Asia
Times qui fournit une évaluation honnête et percutante du péril auquel l’Ukraine est confrontée. Stephen Bryen est membre senior du Center
for Security Policy et du Yorktown
Institute. Il a été haut fonctionnaire du ministère de la Défense dans l’administration Reagan. Son article s’intitule « Les
pertes militaires ukrainiennes sont un gros problème pour Biden » :
« Les lourdes pertes de
l’Ukraine sont un signal que la guerre de facto de Washington contre la Russie est en difficulté. Le président Joe Biden doit changer de cap ou faire face à une crise de sécurité
nationale qui pourrait mettre fin à sa présidence.
L’Ukraine peut donner
l’impression d’avoir gagné. La vérité est tout le contraire, car l’Ukraine est à court de main-d’œuvre qu’elle ne peut remplacer. Elle perd par attrition sur le champ de bataille et,
les Russes détruisant systématiquement ses infrastructures, des
millions d’Ukrainiens ont fui à l’étranger. Il est peu probable que le pays puisse se relever même si la guerre devait s’arrêter demain.
Pendant ce temps, les
problèmes d’effectifs de la Russie sont moins graves. Moscou a reconstitué son stock de troupes de première ligne grâce à un programme de conscription impopulaire dans son pays, qui a
maintenant été étendu aux territoires ukrainiens qu’elle occupe ».
L’Ukraine se trouve dans une situation similaire à celle de la Confédération en 1864, pendant la guerre civile américaine. Le Nord l’emportait sur le Sud en
termes d’effectifs. Même si les forces du général américain Ulysses Grant ont subi plus de pertes que les forces du Sud dirigées par Robert E. Lee en 1864, le Nord pouvait facilement
remplacer ses pertes. Le Sud ne le pouvait pas. En avril 1865, le Sud a épuisé sa capacité à fournir de nouvelles recrues et à renforcer les bataillons épuisés et a été contraint par la
force des choses à se rendre.
Un sort similaire attend l’Ukraine. Mais il ne s’agit pas d’une répétition de la dernière année de la guerre civile américaine, où les troupes de l’Union
ont lancé des assauts répétés contre les Confédérés retranchés. La Russie, contrairement à l’armée américaine sous Grant, ne subit pas de pertes massives et a à peine puisé dans ses
réserves militaires. L’Ukraine, en revanche, épuise ses ressources humaines et ne peut plus assurer une formation militaire essentielle à l’intérieur de ses frontières
géographiques.
Les photos et les vidéos des victimes ukrainiennes envahissent l’internet. L’image ci-dessous, telle que je la comprends, est un cimetière conçu par les
États-Unis pour les soldats ukrainiens morts au combat. Chaque carré peut accueillir 105 tombes. Il semble qu’il y ait 24 carrés d’inhumation et un potentiel de 2520 sites
d’inhumation.
La vidéo suivante a été publiée en juillet 2022.
Nous voici quatre mois plus tard et le nombre de corps continue de s’accumuler.
La plupart des Américains sont encore aveuglés par la propagande anti-russe et ne comprennent pas que la capacité de la Russie à soutenir ses opérations
militaires est robuste. Mon ami Stephen, par exemple, est toujours enfermé dans une mentalité de l’ère soviétique lorsqu’il s’agit d’évaluer les capacités russes. Il écrit :
« La Russie, comme on
le sait maintenant, a également de sérieux problèmes à la fois dans le recrutement et la formation des soldats, et dans sa capacité à remplacer les armes. Mais la Russie dispose également
d’énormes stocks de guerre qu’elle a acquis avant la chute de l’Union soviétique, et elle en utilise
maintenant une partie dans la guerre en Ukraine ».
La réalité est tout autre. Ce sont les États-Unis qui peinent à remplir leurs objectifs de recrutement. La mobilisation de la Russie a été présentée à tort
dans une grande partie de la presse occidentale comme un enrôlement forcé de « conscrits ». La majorité des « nouvelles » recrues étaient des réservistes expérimentés.
L’affirmation selon laquelle les commandants russes dispensent une formation inadéquate est un fantasme occidental délirant. Voici un clip d’entraînement des soldats à tirer et à se
déplacer en équipe :
Mon ami Stephen ne comprend pas non plus que l’industrie de la défense russe est moderne, efficace et fonctionne 24 heures sur 24. La production des
systèmes de défense aérienne S-400 et S-500 dépasse tout ce qui a été créé pendant l’ère soviétique. Il en va de même pour les capacités de guerre électronique de la Russie. Et ni les
États-Unis ni l’OTAN ne disposent d’un système d’armes comparable aux missiles hypersoniques que la Russie utilise avec beaucoup d’effet sur les infrastructures et les bases critiques
ukrainiennes.
Avec l’arrivée de l’hiver, les troupes ukrainiennes seront confrontées à des difficultés encore plus grandes. Elles seront plus susceptibles de se mettre à
l’abri et de minimiser leurs mouvements en raison du manque de véhicules et de chars. La Russie, quant à elle, sera en mesure de concentrer ses tirs sur les positions ukrainiennes fixes,
ce qui signifie davantage de pertes ukrainiennes.
Si la Russie persiste dans sa campagne de destruction de la capacité de l’Ukraine à produire et à distribuer de l’électricité, de l’eau et du gaz, la
capacité de l’Ukraine à approvisionner ses troupes en nourriture et en munitions se dégradera considérablement. En bref, l’Ukraine est confrontée à un hiver sombre et dangereux.
Le 30 novembre 2022, la présidente de l’UE, Ursula von der Leyen, annonçait qu’il y avait au moins 100 000 morts parmi les soldats ukrainiens. L’annonce a
été tellement choquante que les chiffres ont ensuite été retirés de l’annonce officielle sur le site de la Commission européenne et de la version vidéo de la déclaration. Retour sur cette
bataille des chiffres et la tentative de réécriture façon 1984.
Malheureusement pour Mme von der Leyen, Internet se souvient de tout, et nous avons été plusieurs à sauvegarder, qui la version texte, qui la vidéo
originale.
La disparition des chiffres ayant été remarquée, la Commission européenne a ensuite tenté de faire croire que le chiffre de 100 000 ne concernait pas que
les morts, mais aussi les blessés.
Et au vu des chiffres des pertes de l’armée ukrainienne sur les fronts de Kherson, Kharkov, et plus récemment Bakhmout/Artiomovsk (où même les
médias américains comme
le New York Times annoncent presque 250 blessés par jour, ce qui veut dire au moins une centaine de soldats ukrainiens morts durant la même période, si ce n’est plus au vu du rapport
global morts/blessés), il est impossible que le chiffre soit le même deux mois plus tard.
Une estimation qui concorde avec celle
fournie par Vladimir Rogov, du mouvement Ensemble avec la Russie. Pour Rogov, il y a déjà 200 000 morts parmi les soldats ukrainiens, sans compter les blessés graves qui ne pourront
plus jamais combattre.
« L’estimation aurait
pu être pertinente il y a quelques mois, mais à ce jour, les pertes subies par le régime de Zelensky sont bien plus importantes que le chiffre mentionné par von der Leyen. Les
estimations, mais aussi les informations provenant des cliniques et hôpitaux ukrainiens le confirment. Selon les informations dont je dispose, les pertes irrémédiables des soldats
ukrainiens et des bataillons nationalistes ont dépassé les 200 000, et le nombre de blessés, souvent gravement atteints, qui ne pourront jamais retrouver un emploi ou une vie normale, est
tout aussi important », a-t-il précisé.
Selon M. Rogov, la déclaration de Mme von der Leyen peut être considérée comme une manière de « légaliser » les lourdes pertes ukrainiennes qui ne
peuvent plus être cachées, en donnant un chiffre plausible mais en dessous de la réalité.
« Les pertes énormes
qui ne peuvent plus être étouffées sont légalisées. Étant plus sophistiqués dans la manipulation de l’opinion publique, les Européens légalisent proprement 100 000 soldats ukrainiens
tués, alors qu’ils ne savent que trop bien que les pertes irrémédiables dépassent 200 000 personnes », a expliqué M. Rogov.
Côté russe, des chiffres
communiqués en septembre par le ministre russe de la Défense annonçaient moins de 6000 morts pour l’armée russe, un chiffre qui correspondait à peu près aux pertes russes confirmées
par la BBC (qui incluent les pertes venant d’autres troupes qui sont rattachées à d’autres ministères). Les derniers chiffres confirmés par la BBC début novembre sont de 9311
soldats russes tués. Même en ajoutant les pertes des milices populaires de la RPD (3930
morts fin novembre) et de la RPL, des soldats tchétchènes qui font partie de la Garde Nationale, et des combattants de Wagner, on est très loin des 100 000 soldats russes morts
annoncés par Kiev et les Occidentaux.
Au vu des chiffres réels des pertes de chaque côté, il est clair que l’opération militaire spéciale russe en Ukraine s’est transformée en
« broyeuse à viande » pour les soldats ukrainiens, dont les morts quotidiennes se comptent désormais par centaines. Voilà le résultat du soutien militaire de l’OTAN à
l’Ukraine pour que Kiev fasse la guerre à la Russie jusqu’au dernier Ukrainien…
Les Occidentaux sont en train de s'habituer à l'idée que l'Ukraine ne puisse pas gagner la guerre. Cela veut-il dire que la Russie la gagnera? Ou bien y
a-t-il encore l'espoir, aux yeux de l'OTAN, d'arriver à une situation où aucun des adversaires ne peut défaire l'autre? Ce n'est pas le message envoyé par la carte ci-dessous, qui montre une
Ukraine totalement privée d'électricité au soir des frappes russes du 23 novembre. Ce n'est pas non plus l'avis de Scott Ritter, analyste américain des questions militaires que nous avons souvent
eu l'occasion de citer. En ce ui concerne la bataille sur le terrain, l'impression est celle d'une consolidation par les Russes de la ligne de front et d'une attrition croissante des unités
ukrainiennes. Tandis que beaucoup spéculent sur une offensive russe, une fois les terres gelées, on sera sensible au fait que les Russes cherchent plutôt à user l'Ukraine, ses soldats, son
infrastructure. Et à cueillir, le moment venu, les fruits des divisions croissantes entre alliés occidentaux et jusqu'au sein du gouvernement américain.
Scott Ritter fait un point stratégique – Extraits
Le 15 novembre 2022, Scott Ritter, que nos lecteurs connaissent bien, a donné un long entretien au site Real News Network. Nous en avons choisi des extraits.
Pourquoi la Russie est en train de gagner la guerre
“ (…) Commençons par les objectifs stratégiques de base. Examinons d’abord les objectifs stratégiques russes. Tout d’abord, la Russie cherche à faire
adhérer l’Europe et les États-Unis à la notion d’un nouveau cadre de sécurité européen négocié. C’est une idée que la Russie a mise sur la table avant d’envahir l’Ukraine. Si vous vous souvenez
du 17 décembre de l’année dernière, je crois, la Russie a soumis deux projets de traités, l’un à l’OTAN, l’autre aux États-Unis, qui exposaient la position de la Russie sur ce à quoi pourrait
ressembler sa vision d’un nouveau cadre de sécurité européen. Elle a invité l’Occident à le lire et à en discuter sérieusement, mais elle a été ignorée.
Puis la Russie a envahi l’Ukraine, et la Russie a deux objectifs. L’un est la démilitarisation de l’Ukraine, l’autre est la dé-nazification de l’Ukraine. La
démilitarisation signifie l’élimination de toute influence de l’OTAN sur l’armée ukrainienne, et la dé-nazification signifie exactement cela, se débarrasser de tout ce que la Russie considère
comme étant lié à l’idéologie ultra-nationaliste de Stepan Bandera et à ses manifestations de suprématie blanche.
(…) Je conseillerais aux gens de revenir en arrière et de lire les amendements déposés par la Chambre des représentants des États-Unis sur la législation
relative aux crédits du ministère de la Défense depuis 2015 jusqu’à cette année. Ils interdisent continuellement que les fonds, les fonds des contribuables américains, soient utilisés pour former
le bataillon Azov, qui est répertorié par le Congrès américain comme une organisation néo-nazie suprématiste blanche. Donc, quiconque veut prétendre qu’il n’y a pas de problème nazi en Ukraine,
je vous renvoie simplement au Congrès et à sa propre législation.
Les Russes pensent que c’est un gros problème et ils veulent l’éradiquer. Maintenant, pourquoi ai-je soulevé ce point ? Parce que la Russie n’a pas du tout
changé de vitesse. Elle continue à dire: “nous voulons un cadre de sécurité européen et que nous nous en tenons à nos objectifs initiaux”. La Russie n’a pas du tout changé de cap. L’Ukraine, en
revanche, affirme que la victoire ne pourra être remportée que lorsque la Russie sera expulsée de tous les territoires, y compris la Crimée.
Je dirais que la Russie est plus proche de ses objectifs que l’Ukraine ne l’est, ce qui me fait dire que la Russie a l’élan, la Russie a l’initiative, et la
Russie a des objectifs réalistes qui peuvent être atteints. Ce n’est pas le cas de l’Ukraine.. (…) Je ne pense [néanmoins] pas que les Ukrainiens y croient, qu’ils vont reconquérir le
Donbas, qu’ils vont reconquérir Kherson, Zaporizhzhia, qu’ils vont reconquérir la Crimée. C’est un fantasme. Vous avez donc un côté dont les objectifs sont basés sur la fantaisie, vous avez un
autre côté dont les objectifs, bien que difficiles à atteindre, sont très réalistes. Je pencherai donc pour le côté réaliste plutôt que pour le côté fantaisiste quant à savoir qui, selon moi, va
l’emporter.
Ensuite, nous examinons les capacités. Il est certain que l’Ukraine a eu un bon mois de septembre. Personne ne va débattre de cette question. Mais à quel prix ?
Et ce que je veux dire par là, c’est que pour réaliser ce bon mois de septembre, l’Ukraine a dû absorber des milliards, des dizaines de milliards de dollars d’équipements de l’OTAN. Cela a pris
des mois pour le faire. Il a fallu des mois pour former les gens à ce sujet, pour faire venir le matériel, pour faire correspondre le matériel aux gens, pour l’organiser et l’amener sur le champ
de bataille. Et puis en un mois, l’Ukraine a pratiquement tout brûlé. Les pertes qu’ils ont subies ont été horribles. Ils ont perdu l’équipement, ils ont perdu la plupart des effectifs, et ils en
sont maintenant à une position où ils supplient l’Occident de les aider à reconstituer cette capacité.
La Russie a commencé le mois de septembre avec à peu près la même structure de forces qu’au moment de l’invasion en février, et ce qui s’est passé, c’est que la
Russie n’avait pas suffisamment de ressources pour accomplir la tâche qu’elle s’était fixée. De nombreuses parties de la ligne défensive étaient étirées, et les Ukrainiens ont pu exploiter cela.
Et les Russes ont sagement, je crois, échangé des territoires contre des vies. Les Russes n’ont pas pour habitude de gaspiller des vies russes, et ils n’allaient donc pas s’accrocher à un point
fort et le défendre jusqu’au dernier homme. Ils étaient plus qu’heureux de se retirer, d’échanger des territoires, de sauver des vies, de consolider leurs positions défensives, tout en infligeant
aux Ukrainiens des pertes qui auraient dû être prohibitives, des dizaines de milliers de pertes.
Pendant ce temps, alors que la Russie consolide ses lignes, elle se renforce. Vladimir Poutine a ordonné la mobilisation partielle, 300 000 réservistes ont été
appelés, 87 000 d’entre eux sont actuellement déployés dans la zone d’opérations militaires spéciales, les autres finalisent leur organisation en nouvelles unités de combat, ce qui donnera aux
Russes une flexibilité et une capacité opérationnelle énormes. Ainsi, alors que l’Ukraine réduit sa capacité de combat, la Russie augmente sa capacité de combat.
Et puis nous jetons un coup d’œil aux aspects stratégiques de ce conflit. Je pense que l’Occident a commis une erreur en interprétant de manière erronée
l’approche douce de la Russie à l’égard de l’opération militaire spéciale, en y allant avec moins d’effectifs que ce que beaucoup pensaient être nécessaire, et en y allant plus doucement, pas de
manière doctrinale, sans utiliser une puissance de feu écrasante, sans passer en force, en essayant en fait de réduire les pertes civiles et les dommages aux infrastructures civiles. Si la
réduction des pertes civiles reste un objectif de la Russie, l’époque où l’on disait “nous ne voulons pas endommager les infrastructures civiles” est révolue. La Russie a enfilé ses gants et a
montré qu’elle pouvait fermer l’Ukraine en tant qu’État-nation moderne quand elle le souhaitait.
Elle a dégradé leur réseau électrique, leur réseau de distribution d’électricité. L’Ukraine connaît des coupures de courant, et les Russes se la coulent douce.
La Russie pourrait facilement tout arrêter, mais elle ne le fait pas, elle montre en ce moment qu’elle peut faire ces dégâts. (…)
Vous voyez, l’Occident pensait qu’il allait A, dissuader l’agression russe et B, obliger la Russie à arrêter son agression en imposant des sanctions économiques
massives, je pense que c’est le mot qui a été utilisé, des sanctions économiques sans précédent. On nous a dit qu’il y avait des économistes de renom, des experts en sécurité énergétique qui
avaient résolu le problème de la fermeture de cette station-service déguisée en nation. Tout ce que nous avons à faire est de couper leur gaz, leur énergie, et ils vont se ratatiner et
disparaître.
La Russie prouve que la station-service en sait plus sur la sécurité énergétique mondiale que l’Occident. Ils ont inversé le scénario. La Russie n’est pas la
nation qui souffre, l’Europe souffre, le continent entier souffre. L’Amérique souffre. Ce dont les gens parlent, c’est qu’il nous reste quelques semaines de diesel. Je ne pense pas que les gens
comprennent ce que cela signifie, lorsque nous manquons de carburant diesel ou que nous avons une telle pénurie que les prix s’envolent. Parce que le diesel alimente les camions qui font
fonctionner la chaîne d’approvisionnement, qui apportent la nourriture dans nos magasins à un prix raisonnable. Si vous commencez à augmenter le prix du transport, cela se répercutera sur le
consommateur. Et si vous éliminez le potentiel du diesel au point où le transport est gelé, rien n’arrive sur le marché.
La Russie n’a pas ce problème. Ils ont donc gagné cette bataille aussi. Donc, dans l’ensemble, de l’aspect stratégique global du soutien de l’Ouest à l’Ukraine
à la capacité de l’Ukraine à soutenir le conflit, mais ce qui se passe sur le champ de bataille, c’est “avantage à la Russie sur toute la ligne”. La Russie est en train de gagner cette guerre.
Appelez ça un point de vue contestable, mais c’est mon point de vue. (…)
Comment le spectre de la guerre nucléaire est revenu – et pourquoi la Russie pourrait détruire l’OTAN sans utiliser d’ armes
nucléaires
“Pendant la décennie des années 90, nous avons perdu tout respect pour la Russie. Nous avons cessé de craindre la Russie. Nous avons considéré la Russie comme
une nation vaincue. Nous exploitions la Russie sur le plan économique, nous la dominions sur le plan politique, et par conséquent, le contrôle des armements a cessé d’être une question de premier
plan et est passé au second plan (…)
Parce qu’on n’avait peur de personne. Nous étions la seule superpuissance restante, nous étions dominants sur tous les plans, et avec cette domination viennent
les gens qui commencent à dire, hey, nous avons cet arsenal nucléaire. Pourquoi ne pas le faire fonctionner pour nous ? Mais comment le faire fonctionner pour nous ? Mais nous aimerions
construire une défense antimissile, non pas contre les missiles russes, car nous ne craignons plus la Russie, mais contre les missiles nord-coréens, iraniens et chinois, même si nous ne voulons
pas l’admettre.
Mais nous ne pouvons pas le faire parce que nous avons ce traité ABM. Eh bien, c’est une relique de la guerre froide. Débarrassons-nous simplement du traité
ABM. Et nous l’avons fait. Et les Russes ont fait, whoa, whoa, whoa. Attendez une minute. C’est un traité important. C’est un traité fondamental. Il définit tout ce que nous faisons. Et Bush a
dit, non, non, ne vous inquiétez pas pour ça, ça ne s’applique pas à vous parce que vous êtes faibles. Vous êtes inutiles. Nous ne vous considérons pas comme une menace. Cela ne s’applique qu’à
ces nations voyous. Bien que ce ne soit pas le cas, parce que la seule façon dont nous l’avons mis en œuvre est d’une manière qui a le potentiel d’abattre les missiles russes. Personne
d’autre.
Nous nous sommes donc débarrassés de cela. Et puis le traité INF. Le problème n’était pas que la Russie trichait, elle ne le faisait pas, nous l’avons inventé,
littéralement. Je veux dire, je pourrais entrer dans les détails des allégations faites par les États-Unis. Les Russes, en revanche, ont dit que les États-Unis trichaient et nous étions, nous
étions vraiment en train de tricher. Ces missiles antibalistiques dont nous avons parlé, j’ai dit que les États-Unis avaient installé deux sites en Europe, un en Roumanie et un en Pologne. Ils
sont appelés Aegis Ashore, le Mark 41, c’est essentiellement un système que nous utilisons sur les navires comme système de défense anti-missile, et nous l’avons amené à terre, le radar géant à
réseau phasé.
Et ensuite, nous avons le système de lancement, essentiellement des systèmes en cartouche. Normalement, c’est un système de lancement vertical sur un navire,
mais maintenant nous l’avons amené à terre. Mais l’intérêt du système de lancement vertical est qu’il peut non seulement tirer le missile sol-air SM 3, que nous sommes en train de modifier pour
abattre des missiles, mais aussi le missile de croisière Tomahawk lancé en mer.
Maintenant, tant qu’il est sur un navire, c’est bon, le traité ne l’interdit pas. Mais quand vous le mettez au sol, c’est interdit par le traité. Nous nous
sommes débarrassés de ça. Ça s’appelle le missile de croisière à lanceur terrestre. Et les Russes ont dit, vous apportez un système qui est conçu pour tirer des missiles de croisière à terre.
C’est une violation. Et nous avons dit, ne vous inquiétez pas pour ça. Nous avons changé l’électronique pour qu’il ne puisse pas tirer. Les Russes ont dit, ce n’est pas suffisant. C’est un
système testé pour tirer des missiles de croisière, vous le ramenez à terre. Et nous avons dit, nous ne ferions jamais ça. Ne vous inquiétez pas. Un mois après la sortie du traité, nous avons
testé un missile de croisière à lanceur terrestre depuis le système Aegis Ashore Mark 41. Nous avons menti comme des arracheurs de dents. Nous mentons chaque fois que nous nous impliquons dans le
contrôle des armes. C’est le fond du problème.
Mais nous sommes sortis de ce traité, non pas à cause de ce que font les Russes, mais parce que nous étions préoccupés par les Chinois et leurs missiles à
portée intermédiaire. Et nous avons dit que si nous devions affronter la Chine dans le Pacifique, nous devions obtenir nos propres missiles intermédiaires pour rivaliser avec eux. Nous avons donc
dû sortir du traité pour le faire. Mais que s’est-il passé ? Maintenant, nous regardons l’Europe. Soudainement, nous voulons déployer à nouveau des missiles à portée intermédiaire en Europe. Nous
avons en fait activé l’année dernière la 53e brigade d’artillerie, je crois que c’est ça.
C’est une brigade aérienne de la guerre froide. Tous ceux qui ont servi en Allemagne le savent. C’était la brigade Pershing II. C’est la brigade qui a failli
nous faire tous mourir dans les années 1980. C’est la brigade qui a disparu quand on a détruit les missiles Pershing. Nous la réactivons maintenant et nous allons l’équiper avec quelque chose
appelé le Dark Eagle. C’est un missile hypersonique à portée intermédiaire. Ce qui rendait le Pershing II si dangereux n’était pas nécessairement sa charge nucléaire, mais le fait qu’au moment où
vous le lanciez, en cinq à sept minutes, il atteignait Moscou. Il n’y a pas de temps de réaction. Cela signifie que s’il y a une erreur, s’il y a une erreur d’identité, un pépin dans le système,
les Russes disent, nous n’avons que cinq minutes pour réagir. Appuyez quand même sur le bouton. Sortez-le d’ici, lancez-le à la détection. On s’est débarrassé de ça, mais maintenant on fait
entrer l’hypersonique Dark Eagle, qui peut être nucléaire ou conventionnel.
Les Russes ne sauront pas quand il sera lancé, mais de toute façon, ils savent que ce missile hypersonique va frapper Moscou dans cinq minutes. Nous sommes donc
revenus exactement au point où nous en étions dans les années 1980, avant le Traité FNI, mais cette fois, nous n’avons même pas le traité ABM pour nous aider. Les gens pensent qu’ils peuvent
gagner des guerres nucléaires aujourd’hui. Pourquoi est-ce que je dis cela ? Eh bien, parce que nous avons développé ce que l’on appelle une tête nucléaire à faible rendement, la W76-2. Elle est
actuellement déployée sur des missiles balistiques lancés par sous-marin, les Trident, qui se trouvent sur des sous-marins de classe Ohio. Nous en avons testé une lors d’un jeu de guerre, je
crois en 2020. Le secrétaire à la Défense, Mark Esper, s’est rendu à Omaha, au commandement stratégique aérien, ou au commandement stratégique comme on l’appelle maintenant, et il y a eu un jeu
de guerre au cours duquel il a parcouru le processus d’autorisation du lancement d’une arme nucléaire à faible puissance tirée depuis un sous-marin de classe Ohio et visant les troupes russes
dans les pays baltes.
Donc non seulement nous nous sommes entraînés à tirer ce missile, mais nous nous sommes entraînés à tirer ce missile contre des Russes. C’est une situation
extraordinairement dangereuse dans laquelle nous nous trouvons en ce moment. Il y a beaucoup de discussions sur les armes nucléaires. Pourquoi ? La Russie respecte l’article cinq du traité de
l’OTAN, qui stipule qu’une attaque contre un seul pays est une attaque contre tous. La Russie est pleinement consciente du fait que si elle attaque la Pologne ou les États baltes, elle est en
guerre avec l’OTAN, et elle sait ce que cela signifie.
Mais l’OTAN ne respecte en rien la Russie. L’OTAN ne connaît pas de limites. L’OTAN n’a cessé de s’étendre. Ils ont menti à ce sujet, sur le fait qu’ils ne
voulaient pas le faire en 1990 à Gorbatchev, ils ont menti à ce sujet depuis, ils se sont étendus. Mais l’une des raisons pour lesquelles nous sommes en guerre en Ukraine en ce moment, c’est que
l’OTAN veut s’étendre et amener l’Ukraine dans son parapluie. Ainsi, lorsque la Russie a pénétré en Ukraine, elle a également dû apaiser la Biélorussie, qui est très nerveuse et qui se demande
si, pendant que vous êtes en Ukraine, vous ne nous protégez pas. Et si l’OTAN décide de nous envahir ?
Alors la Russie a posé un jalon et a dit, si l’OTAN décide de s’impliquer dans cette affaire, d’intervenir, nous utiliserons tous les moyens à notre disposition
pour nous protéger. Et tout le monde est devenu nucléaire, nucléaire, nucléaire. Et je suis presque sûr que Poutine y a fait allusion, sauf que cela ne correspond pas à la doctrine russe, et les
Russes sont très doctrinaux. Il y a d’autres armes que la Russie a appelé hypersoniques. Vous voyez, nous essayons de construire un hypersonique. La Russie a des hypersoniques. Et je pense que ce
que la Russie a dit, c’est que nous allons détruire les villes de l’OTAN, les centres de décision de l’OTAN, avec des moyens non nucléaires, tous les moyens à notre disposition. Et Poutine a
parlé des armes qui sont déployées comme le Kinzhal ou le dagger, le missile hypersonique qui a été utilisé, l’OTAN ne peut pas l’abattre. Il n’y a rien que l’OTAN puisse faire pour l’abattre. Si
la Russie le lance contre l’OTAN, il atteindra la cible qu’il vise.
Mais ils ont d’autres systèmes hypersoniques, ce qu’on appelle “Avant-garde”, qui est actuellement déployé sur les ICBM, les missiles balistiques
intercontinentaux. Ils ont trois à cinq “Avant -gardes” par missile. Ils n’ont pas besoin d’être nucléaires. Ils peuvent être non-nucléaires. La Russie a donc la capacité de tirer un missile
balistique mobile avec cinq ogives hypersoniques qui pourraient descendre et frapper cinq cibles en Europe par missile. Ils ont des centaines de ces missiles. La Russie peut anéantir l’Europe du
jour au lendemain par une attaque non nucléaire. Et c’est le message que la Russie envoyait, mais nous avons immédiatement dit, non, non, non, c’est nucléaire. Il menace d’utiliser des armes
nucléaires. La doctrine russe est très claire. Il n’y a que deux conditions dans lesquelles ils peuvent utiliser des armes nucléaires : la première est qu’une nation utilise des armes nucléaires
contre eux, et la seconde est que, par le biais de forces conventionnelles, les nations menacent l’existence même de la Russie.
S’impliquer en Ukraine ne menace pas l’existence même de la Russie, mais menace l’existence même de l’Europe en cas de représailles non nucléaires. Mais
l’Europe a mal compris ça, l’Occident, et nous avons exagéré. La Russie a clairement indiqué qu’elle n’utiliserait jamais, en aucune circonstance, des armes nucléaires en Ukraine contre
l’Ukraine, contre l’OTAN. Ils n’utiliseront pas d’arme nucléaire en Ukraine. Si le moment est venu d’utiliser des armes nucléaires, ils ne vont pas atomiser Kiev, ils vont atomiser Londres, ils
vont atomiser Paris, ils vont atomiser Berlin. Ils ne vont pas atomiser Kiev. L’Occident a donc totalement mal interprété la situation, et c’est lui qui a adopté le comportement le plus agressif.
D’une part, Zelenskyy a prononcé un discours dans lequel il a essentiellement supplié l’Occident de mener une attaque préventive, une attaque nucléaire, selon certains, contre la Russie pour
l’empêcher d’atomiser l’Ukraine. Donc Zelenskyy utilise une fausse prémisse, que la Russie va atomiser l’Ukraine. La Russie n’attaquera jamais l’Ukraine. Mais pour empêcher quelque chose que la
Russie ne fera jamais, il veut que l’Occident bombarde la Russie de manière préventive.
Et une semaine après ce discours, l’OTAN organise un exercice nucléaire où ils s’entraînent à charger des munitions nucléaires aériennes B61 sur des avions dont
le seul but est de larguer ces bombes sur la Russie. Et si vous êtes un Russe, vous vous dites, attendez une minute, Zelenskyy vient de vous supplier de lancer une attaque nucléaire préventive,
et maintenant vous effectuez un exercice nucléaire, qui, bon sang, si vous le vouliez, vous pourriez charger la vraie chose et effectuer la vraie attaque préventive. Une situation très
dangereuse. La Russie a répondu en testant ses propres forces nucléaires stratégiques, montrant au monde “nous avons tous ces missiles et nous pouvons les utiliser et qvous allez mourir
dans ce cas, c’est pourquoi il n’y a aucune raison de faire ça. Ces deux exercices ont été planifiés à l’avance. Ils n’ont pas été faits à cause de l’Ukraine, mais les dirigeants responsables des
deux côtés auraient dû arrêter leurs exercices. La Russie n’a annoncé son exercice qu’à la toute fin. Il y a donc une possibilité que la Russie ait pris la direction de l’OTAN. Si l’OTAN avait
dit : “Nous allons retarder cet exercice”, la Russie aurait peut-être fait la même chose.
Mais maintenant, ces exercices sont terminés, et j’ai le sentiment que des esprits plus mûrs en Occident reconsidèrent ce qui se passe. Vous entendez certains
dialogues de l’administration Biden sur le fait que nous ne voyons aucune preuve que la Russie se prépare à utiliser des armes nucléaires. C’est une bonne chose. Je pense que moins nous parlons
d’armes nucléaires, mieux nous nous portons. Mais un jour ou l’autre, nous devrons parler de contrôle des armes nucléaires. En fin de compte, la meilleure façon de régler la situation en Ukraine
sur le plan diplomatique est probablement de renouer le dialogue avec la Russie dans le cadre de discussions sérieuses sur le contrôle des armements. Il s’agit peut-être de redonner vie au traité
FNI pour empêcher le déploiement de Dark Eagle, d’amener les Russes à faire tout ce qui est nécessaire pour apaiser l’Occident, mais aussi de nous éloigner du bord de la falaise, nous n’avons pas
besoin d’être debout sur la falaise à la regarder. Ce n’est pas un bon endroit où se trouver.
Pourquoi l’Ukraine devrait entamer des négociations tout de suite
(…) L’Ukraine va devoir accepter la réalité. Elle a définitivement perdu Kherson, Zaporizhzhia, le Donbas et la Crimée. Vous ne les récupérerez jamais,
Ukraine. Jamais, jamais, jamais dans un million d’années. Et si vous continuez ce combat, très bientôt vous allez perdre Odessa. Vous allez perdre Kharkiv, et vous ne les récupérerez jamais. Vous
allez perdre Mykolaiv, vous allez perdre Dnipropetrovsk, vous allez perdre votre existence même. Vous ne la récupérerez jamais, jamais. La Russie a atteint un point où elle n’est pas d’humeur à
négocier. Ce que les Ukrainiens devraient offrir aux Russes, c’est beaucoup, à savoir la reconnaissance de tous les territoires, la garantie qu’ils ne rejoindront jamais l’OTAN et un effort
concerté pour éliminer l’idéologie de Stepan Bandera de la politique ukrainienne dominante. Il n’est plus un héros national, les symboles et les défilés nazis ne seront plus tolérés, des choses
de ce genre.
En échange de cela, ce que la Russie peut offrir à l’Ukraine, c’est que vous pouvez vivre, vous pouvez maintenir votre gouvernement. Nous n’allons pas supprimer
Zelenskyy, nous n’allons pas éradiquer votre Parlement. Vous pouvez vivre, et nous vous aiderons à reconstruire et à survivre, mais c’est tout ce que nous pouvons vous offrir. Et en gros, la
position russe sera la suivante : si vous n’acceptez pas cela, alors ce que nous pouvons vous offrir, c’est la mort. Et pas seulement la mort de vos soldats, mais la mort de la nation. Vous
cesserez d’exister en tant qu’État-nation moderne. L’Ukraine ne ressemblera plus jamais à ce que vous pensiez qu’elle devait ressembler. L’Ukraine a perdu le droit, vraiment, de négocier un
résultat significatif. Ils ont eu cette opportunité un avril, il y avait les discussions d’Istanbul, et la Russie était prête à faire marche arrière dans ce conflit et à ne prendre que Donbas et
la Crimée.
La Russie n’allait pas prendre Kherson ou Zaporizhzhia, mais les Ukrainiens se sont pliés à la volonté de Boris Johnson, qui agissait au nom de l’OTAN, qui a
dit : vous ne pouvez pas obtenir l’aide militaire de l’OTAN si vous négociez avec les Russes. Les Ukrainiens ont donc mis fin à cette négociation, et voilà où nous en sommes. On n’a pas droit à
une deuxième morsure dans la pomme. Je crois personnellement qu’il n’y a pas de rampe de sortie qui n’inclut pas une victoire totale de la Russie. Ce n’est pas l’Ukraine qui devrait chercher une
rampe de sortie, c’est l’Occident qui devrait chercher une rampe de sortie. Et la meilleure rampe de sortie pour l’Occident est la fin du conflit, qui permet de discuter sérieusement d’un nouveau
cadre de sécurité européen, qui n’exige pas que l’OTAN se ruine en massant des forces militaires à l’Est, qui encourage la Russie à ne pas masser des forces similaires, qui reconnaît la
neutralité de ce qui sera l’Ukraine une fois le conflit terminé, et qui met de côté la concurrence fondée sur le conflit entre l’OTAN et la Russie.
Parce que sinon, l’OTAN sera prise dans un piège de sa propre fabrication qu’elle ne peut pas se permettre et qu’elle ne peut pas gagner. L’OTAN ne peut tout
simplement pas se développer. Je veux dire, toute cette mythologie de l’OTAN qui se dote de 300.000 hommes et qui déverse plus d’argent – Avec quel argent, avec quelle économie ? Je veux dire que
l’Europe traverse des moments très difficiles. L’économie européenne est en train de s’arrêter. Il n’y a aucune promesse qu’elle va se rouvrir de sitôt, et sans cette base économique, comment
l’Europe pense-t-elle pouvoir se réarmer ? Comment vont-ils se permettre les milliards et les milliards de dollars ou d’euros nécessaires pour le faire ? La meilleure voie, la voie diplomatique,
est donc celle qui reconnaît la victoire russe en Ukraine, mais qui cherche à atténuer le préjudice de cette victoire pour l’Europe en négociant un cadre de sécurité européen qui respecte les
droits de chacun. Sauf l’Ukraine, car elle a perdu la guerre.
“Le 23 novembre, les forces russes ont repris leurs frappes massives de missiles sur l’Ukraine. Les principales cibles des missiles russes sont les
installations d’infrastructure énergétique. Jusqu’à présent, des dizaines d’explosions ont été signalées dans tout le pays.
Plusieurs cibles ont été touchées dans la capitale. Selon les rapports préliminaires, les missiles russes ont une fois de plus endommagé les installations du
CHP-5 et du CHP-6 . À la suite de cette attaque, plusieurs régions de Kiev ont été privées d’approvisionnement en énergie. L’approvisionnement en eau a été suspendu dans toute la
ville.
La nuit dernière, un grand incendie s’est déclaré dans l’une des sous-stations de Kiev. Malgré les tentatives des sources ukrainiennes d’accuser la Russie d’une
nouvelle attaque, la station serait tombée en panne à la suite d’une surtension. Le système énergétique de la capitale ukrainienne ne gère plus les conséquences des attaques russes.
Le maire de Kiev Klitschko a affirmé dans son interview à Bild que les autorités locales devront évacuer partiellement les citoyens de la capitale en cas de
“mauvais scénario”.
“Kiev peut s’attendre au pire hiver depuis la Seconde Guerre mondiale. S’il y a le pire scénario, nous devrons peut-être évacuer une partie de la ville, bien
que les autorités ne le souhaitent pas”, a-t-il déclaré.
Dans la région de Nikolaev, plusieurs explosions ont été signalées dans la ville, après quoi l’approvisionnement en énergie a été arrêté. Une autre cible dans
la région était une sous-station de 750 kV. Les frappes ont entraîné l’arrêt d’urgence des unités de puissance de la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud.
Selon les rapports, la centrale de Rivne a été mise en service d’urgence et la centrale de Khmelnitsky a été déconnectée du système électrique.
Si cela est confirmé, il s’agit des premières frappes sur les stations à haute tension en Ukraine, qui pourraient constituer la dernière étape de la destruction
du système énergétique ukrainien.
Les missiles russes ont atteint leurs cibles dans le district de Belyavsky dans la région d’Odessa, près de la ville de Krivoy Rog dans la région de
Dnepropetrovsk, à Volnyansk, où se trouve la sous-station Zaporozhye-750. Une autre cible était la centrale électrique de Ladyzhinskaya dans la région de Vinnytsia.
Des frappes ont été signalées près du barrage de Kremenchug, à Svetlovodsk.
L’approvisionnement en énergie a été interrompu dans toutes les régions qui sont sous contrôle ukrainien. Le transport électrique a été arrêté à Kharkiv et à
Kiev, les gens sont évacués du métro. Les trains ont été arrêtés dans tout le pays.
Les autorités ukrainiennes ont indiqué que les coupures de courant dans le pays se poursuivront au moins jusqu’à la fin du mois de mars 2023, au cas où la
Russie ne poursuivrait pas ses frappes sur les infrastructures énergétiques et où les services ukrainiens parviendraient à maintenir le rythme des travaux de réparation, ce qui est peu
probable.
Le chef de la compagnie nationale d’énergie Ukrenergo a précédemment affirmé que les centrales thermiques et hydroélectriques du pays n’avaient pratiquement pas
été endommagées, de même que les principales sous-stations d’Ukrenergo. Si les arrêts d’urgence d’aujourd’hui des unités de production des centrales nucléaires sont le résultat de frappes russes
sur les stations énergétiques à haute tension, et non d’une manœuvre politique du régime de Kiev visant à forcer ses alliés occidentaux à fournir leurs systèmes avancés de défense aérienne pour
protéger les installations ukrainiennes, on peut considérer qu’il s’agit d’une nouvelle étape des tentatives russes pour pousser Kiev à la table des négociations.
Les civils ukrainiens n’ont pas été les seuls à payer pour le désir ardent de Kiev de prolonger la guerre. Le 23 novembre, Chisinau et plusieurs régions de
Moldavie ont été privées d’électricité. La Transnistrie a également été privée d’électricité à la suite des frappes sur les installations ukrainiennes“.
“En raison des frappes massives en cours sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, la situation dans ce pays déchiré par la guerre devient critique. Le
froid s’est installé dans toute l’Ukraine, et la plupart des citoyens se sont retrouvés sans eau ni électricité. Beaucoup d’entre eux ne pourront pas survivre dans de telles conditions.
(…)
Suite à la dernière attaque de missiles des forces russes, une douzaine d’objets stratégiques ont été endommagés.
Au matin du 24 novembre, plus de 70% de Kiev reste sans électricité. Il n’y a pas d’eau dans la moitié de la capitale. Les coupures de courant se poursuivent dans
toutes les régions du pays.
Dans trois centrales nucléaires ukrainiennes, à savoir les centrales Yuzhno-Ukrainskaya, Khmelnitsky et Rivne, les unités de production ont été mises hors tension.
Selon Energoatom, les unités de production ont commencé à fonctionner “en mode de conception, sans générer de courant dans le système électrique“.
25-26 novembre: en suivant l'excellent fil twitter de Jacques Frère
.
27 novembre
Selon southfront.org, depuis trois jours les troupes ukrainiennes ont tenté des offensives dans la région de Kharkov:
“Les troupes russes sont passées à l’offensive dans plusieurs directions sur les lignes de front ukrainiennes, et ont déclaré des succès significatifs dans
certaines zones.
Au sud-ouest de Lisichansk, le village de Spornoe reste l’une des zones les plus lourdes du front du Donbass. Le commandement ukrainien n’a pas abandonné ses
tentatives de percer les défenses russes afin de bloquer le passage par la rivière Seversky Donets et d’encercler la ville de Severodonetsk par le sud.
Cependant, toutes les attaques ukrainiennes près de Spornoe ont été repoussées par les forces dirigées par la Russie et récemment, les unités russes sont
passées à l’offensive.
Selon les rapports du front, le 28 novembre, à la suite d’un assaut décisif, des unités de la milice populaire de la LPR ont percé la défense des forces armées
ukrainiennes et sont entrées dans le village de Spornoe. La percée a été rendue possible par les groupes d’assaut de la 4e brigade du 2e corps d’armée de la LPR et les forces aéroportées de
Russie, avec le soutien des combattants Wagner.
Hier, un groupe de saboteurs ukrainiens, composé de 17 militaires, a été détruit lors de l’assaut russe dans le village.
Aujourd’hui, les groupes d’assaut russes tentent de prendre l’initiative et de prendre des positions clés dans le village.
Pour tenter d’arrêter l’offensive des forces russes, les unités ukrainiennes ont lancé une série de contre-attaques sur les villages situés le long de
l’autoroute Soledar-Lisichansk. Les forces russes ont repoussé les tentatives d’offensive de l’ennemi dans les régions de Yakovlevka et Berestovoye.
Les unités russes continuent de prendre Soledar d’assaut. Les combats se poursuivent dans la partie sud-est de la ville et dans la zone de
Yakovlevka.
L’offensive des combattants russes du groupe Wagner se poursuit à Bakhmut et dans sa périphérie, où le groupe ukrainien risque d’être encerclé.
Le 28 novembre, les forces russes ont revendiqué de nouveaux gains dans la région. Trois localités situées au sud de la ville sont passées immédiatement sous
leur contrôle : Andreevka, Zelenopolye et Ozaryanovka. Ainsi, une section de la ligne de chemin de fer a été coupée. Les batailles pour Kurdyumovka et Kleshcheyevka se poursuivent.
À leur tour, les unités ukrainiennes tentent à nouveau une contre-offensive dans la zone d’Opytnoe, à la périphérie sud de Bakhmut. Les combattants Wagner ont
repoussé l’attaque, forçant l’ennemi à se retirer avec des pertes.
En raison des attaques russes continues, les forces ukrainiennes à Bakhmut, qui sont un mélange de diverses unités, y compris des groupes de mercenaires
étrangers, subissent de lourdes pertes. Selon des sources ukrainiennes et occidentales, l’armée ukrainienne perd chaque jour des centaines de combattants tués et blessés. Des troupes d’autres
unités arrivent pour boucher les trous dans les lignes de défense.
À Maryinka, l’infanterie russe continue de prendre d’assaut la ville avec le soutien actif de l’aviation tactique. De violents combats sont en cours près du
bâtiment de l’administration de la ville et de l’avenue Druzhby.
Sur les autres lignes de front ukrainiennes, la situation reste inchangée. Dans la région de Kupyansk, les forces ukrainiennes poursuivent leurs tentatives de
percée vers Svatovo mais échouent et se replient en subissant de lourdes pertes”.
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“Les troupes russes sont passées à l’offensive dans plusieurs directions sur les lignes de front ukrainiennes, et ont déclaré des succès significatifs dans
certaines zones.
Au sud-ouest de Lisichansk, le village de Spornoe reste l’une des zones les plus lourdes du front du Donbass. Le commandement ukrainien n’a pas abandonné ses
tentatives de percer les défenses russes afin de bloquer le passage par la rivière Seversky Donets et d’encercler la ville de Severodonetsk par le sud.
Cependant, toutes les attaques ukrainiennes près de Spornoe ont été repoussées par les forces dirigées par la Russie et récemment, les unités russes sont
passées à l’offensive.
Selon les rapports du front, le 28 novembre, à la suite d’un assaut décisif, des unités de la milice populaire de la LPR ont percé la défense des forces armées
ukrainiennes et sont entrées dans le village de Spornoe. La percée a été rendue possible par les groupes d’assaut de la 4e brigade du 2e corps d’armée de la LPR et les forces aéroportées de
Russie, avec le soutien des combattants Wagner.
Hier, un groupe de saboteurs ukrainiens, composé de 17 militaires, a été détruit lors de l’assaut russe dans le village.
Aujourd’hui, les groupes d’assaut russes tentent de prendre l’initiative et de prendre des positions clés dans le village.
Pour tenter d’arrêter l’offensive des forces russes, les unités ukrainiennes ont lancé une série de contre-attaques sur les villages situés le long de
l’autoroute Soledar-Lisichansk. Les forces russes ont repoussé les tentatives d’offensive de l’ennemi dans les régions de Yakovlevka et Berestovoye.
Les unités russes continuent de prendre Soledar d’assaut. Les combats se poursuivent dans la partie sud-est de la ville et dans la zone de
Yakovlevka.
L’offensive des combattants russes du groupe Wagner se poursuit à Bakhmut et dans sa périphérie, où le groupe ukrainien risque d’être encerclé.
Le 28 novembre, les forces russes ont revendiqué de nouveaux gains dans la région. Trois localités situées au sud de la ville sont passées immédiatement sous
leur contrôle : Andreevka, Zelenopolye et Ozaryanovka. Ainsi, une section de la ligne de chemin de fer a été coupée. Les batailles pour Kurdyumovka et Kleshcheyevka se poursuivent.
À leur tour, les unités ukrainiennes tentent à nouveau une contre-offensive dans la zone d’Opytnoe, à la périphérie sud de Bakhmut. Les combattants Wagner ont
repoussé l’attaque, forçant l’ennemi à se retirer avec des pertes.
En raison des attaques russes continues, les forces ukrainiennes à Bakhmut, qui sont un mélange de diverses unités, y compris des groupes de mercenaires
étrangers, subissent de lourdes pertes. Selon des sources ukrainiennes et occidentales, l’armée ukrainienne perd chaque jour des centaines de combattants tués et blessés. Des troupes d’autres
unités arrivent pour boucher les trous dans les lignes de défense.
À Maryinka, l’infanterie russe continue de prendre d’assaut la ville avec le soutien actif de l’aviation tactique. De violents combats sont en cours près du
bâtiment de l’administration de la ville et de l’avenue Druzhby.
Sur les autres lignes de front ukrainiennes, la situation reste inchangée. Dans la région de Kupyansk, les forces ukrainiennes poursuivent leurs tentatives de
percée vers Svatovo mais échouent et se replient en subissant de lourdes pertes.”
A la date du 29 novembre, on peut considérer que les troupes russes ont opéré un encerclement d’Adeïevka:
“Au sud d’Avdeevka, les forces russes ont déjà pris le contrôle de la route périphérique de Donetsk et ont pris le contrôle du village d’Opytnoe. L’assaut russe
sur Vodiane, Pervomaisky et les zones fortifiées dans la région de Nevelskoe se poursuit.
Au nord d’Avdeevka, les troupes russes prennent également d’assaut les positions ukrainiennes près de Novobakhmutovka.
La vidéo récemment publiée en provenance de la périphérie d’Avdeevka confirme que les Ukrainiens subissent de lourdes pertes dans cette zone“.
Plutôt que de tenter l’assaut direct sur les retranchements ukrainiens dans la ville, l’armée russe resserre progressivement l’étau en causant des pertes
élevées aux combattants de Kiev.
1er décembre 2022
southfront.org donne un bonne vision d’ensemble de la bataille en cours:
“De violents duels d’artillerie accompagnés d’opérations contre-offensives infructueuses de l’armée ukrainienne se poursuivent sur toute la ligne de front de la
LPR.
Dans la région de Kupyansk, des groupes tactiques d’assaut ukrainiens tentent de prendre d’assaut le village de Novoselovskoye. Les opérations offensives
quotidiennes sont coûteuses pour l’armée ukrainienne. Le 30 novembre, jusqu’à 50 militaires ukrainiens et environ deux douzaines de pièces d’équipement militaire ont été détruits à la périphérie
du village.
Dans la région de Krasny Liman, les forces ukrainiennes tentent en vain d’attaquer les positions des troupes russes près de Ploshchanka. À la suite d’une
nouvelle défaite le 30 novembre, les pertes de l’armée ukrainienne s’élèvent à plus de 40 militaires.
La situation près de la ville de Kremennaya ainsi que le long de l’autoroute vers Svatovo est de plus en plus tendue. Les unités ukrainiennes tentent de percer
la défense russe au sud-ouest de Chervonopopovka, poussant leurs forces vers les hauteurs de commandement, qui sont sous contrôle russe. Dans le même temps, l’infanterie ukrainienne attaque dans
la zone forestière au sud-ouest de Kremennaya.
Au sud, l’armée russe maintient son avance.
Au nord-est de Soledar, les troupes russes ont coupé la jonction routière près de Belogorovka. Pendant ce temps, dans le village, les unités russes poursuivent
les opérations de ratissage dans les quartiers ouest.
Les combats de rue se poursuivent dans le village de Spornoe, où les unités russes sont à nouveau entrées la veille.
Dans la région de Bakhmut, l’offensive des combattants de Wagner se poursuit. Le 1er décembre, ils auraient terminé les opérations de nettoyage à Kurdyumovka et
poursuivi leur offensive dans la région de Kleshcheyevka.
À leur tour, les unités ukrainiennes tentent de contre-attaquer à la périphérie sud de Bakhmut, à Opytne.
Le commandement ukrainien attire des réserves dans la région de Bakhmut afin d’empêcher l’effondrement de ses défenses. Cependant, le déploiement de forces
supplémentaires a été compliqué par les dommages causés à la chaussée et le contrôle russe du chemin de fer dans plusieurs régions.
Dans la périphérie de Donetsk, de violents combats se poursuivent dans la région d’Avdiivka. Le 30 novembre, jusqu’à trois groupes tactiques de compagnies
ukrainiennes ont contre-attaqué les positions des troupes russes dans les zones de Novomikhailovka, Novodonetsky et Novoselka. À la suite de l’échec de ces opérations, l’armée ukrainienne a perdu
plus de 50 militaires ukrainiens et une dizaine de pièces d’équipement.
Les unités de fusiliers motorisés russes continuent de prendre d’assaut Maryinka. Des batailles sont en cours dans le centre de la ville.
Les combats à la périphérie de Donetsk s’accompagnent d’un pilonnage constant des établissements civils par les forces armées ukrainiennes. Au cours de la
journée écoulée, 11 localités de la RPD, dont la capitale de la République, ont été la cible de tirs ukrainiens. Ces tirs ont fait au moins un mort et deux blessés parmi les civils.
La milice populaire de la LPR a également signalé que les forces armées ukrainiennes ont tiré trois missiles sur Svatovo à l’aide d’un MLRS HIMARS de
fabrication américaine“.
“Le 29 novembre, les ministres des affaires étrangères des pays membres de l’OTAN se sont
réunis à Bucarest pour une conférence sur les questions d’actualité concernant l’organisation. L’un des points commentés à cette occasion, y compris par le
chef de l’OTAN, était l’impact militaire des attaques aériennes qui ont été récemment promues par les forces de Moscou contre le camp de l’Ukraine. Dans la
pratique, les affirmations du sommet ont contredit de nombreux récits précédemment diffusés par les médias et l’OTAN elle-même sur une éventuelle “victoire
ukrainienne”.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré lors d’une conférence de presse
à l’issue du sommet des ministres de l’Alliance que les dernières frappes aériennes russes de haute intensité avaient causé d’immenses dégâts aux forces
ukrainiennes. Selon lui, cette réunion entre les représentants des États de l’OTAN était nécessaire et opportune pour discuter de nouvelles formes d’aide à
Kiev et pour avancer de nouvelles contre-mesures au vu des pertes que l’Ukraine a subies sur le champ de bataille.
“Nous devons nous rendre compte qu’il y a des effets énormes des attaques (…) Ces attaques
ont causé des dommages importants (…) Je pense que nous avons tous vu ces images prises par les satellites, où vous voyez l’Europe en clair, et puis vous voyez
l’Ukraine en sombre, et cela reflète les énormes conséquences. L’une des principales raisons pour lesquelles la réunion d’aujourd’hui [à Bucarest] est si
importante et si opportune, c’est qu’elle nous offre une plate-forme pour mobiliser davantage de soutien afin d’intensifier les efforts, et aussi pour que le
ministre [ukrainien des Affaires étrangères] Kuleba puisse rencontrer tous ses collègues de l’OTAN et répondre à ces besoins urgents. Et je suis convaincu que
le ministre Kuleba évoquera également la nécessité d’intensifier les efforts pour reconstruire l’infrastructure électrique “, a-t-il déclaré aux
journalistes.
Le secrétaire d’État a également déclaré que de nouveaux efforts sont nécessaires de la part
de l’alliance atlantique pour continuer à aider Kiev et renforcer sa capacité de défense, car les récentes manœuvres ont énormément nui à la partie
ukrainienne. La première mesure en réponse aux attaques russes serait d’envoyer de nouveaux systèmes de défense aérienne à l’Ukraine. L’objectif est
d’augmenter la capacité ukrainienne à neutraliser les missiles et drones russes, en les empêchant d’atteindre leurs cibles, principalement celles liées aux
infrastructures critiques. En ce sens, il a également souligné que les pays occidentaux doivent aider l’Ukraine à reconstruire ses infrastructures
endommagées.
“Ici à Bucarest, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères, le message de
tous les Alliés sera que nous devons faire plus. Il s’agit d’aider l’Ukraine à réparer les infrastructures critiques détruites, y compris le réseau électrique
et le réseau de gaz, mais aussi, bien sûr, de faire face aux attaques elles-mêmes, en fournissant davantage de systèmes de défense aérienne (…) Il s’agit en
partie de fournir davantage de systèmes d’armes de défense aérienne, mais aussi, bien sûr, de s’assurer que les systèmes que nous avons déjà fournis – et
beaucoup d’entre eux sont en fait des systèmes de défense aérienne modernes, conformes aux normes de l’OTAN, y compris les NASAMS et autres – fonctionnent.
Cela signifie que nous devons fournir des pièces de rechange et des munitions”, a-t-il ajouté.
Il est curieux de constater à quel point les Occidentaux se contredisent souvent dans leurs
récits. Selon les médias occidentaux, l’Ukraine est en train de gagner le conflit et d’infliger de nombreux dégâts à la partie russe. De l’autre côté, Moscou
lancerait de lourdes attaques contre des cibles civiles, sans succès sur le champ de bataille. Cependant, lors de la réunion de l’OTAN, le fait irréfutable a
été admis : les attaques russes visent stratégiquement des cibles militaires et des infrastructures, détruisant la logistique de combat des troupes ennemies –
par conséquent, Kiev est en train de perdre, bien qu’elle ne l’ait pas encore clairement admis.
Les médias diffusent des mensonges sur le conflit dans un seul but : faire croire au public
à la possibilité d’une victoire ukrainienne et encourager ses dirigeants à envoyer davantage d’aide. Maintenant qu’il est prouvé que même avec l’aide
occidentale, Kiev ne réussit pas sur le champ de bataille, la bonne chose à faire serait, au lieu d’augmenter, de réduire l’aide, de considérer que l’Ukraine
est une bataille militairement perdue, et donc de chercher une solution pacifique. Or, l’OTAN propose précisément le contraire : renforcer l’interventionnisme
militaire en envoyant de nouveaux systèmes de défense. En d’autres termes, l’alliance souligne une fois de plus qu’elle veut prolonger le conflit autant que
possible et qu’elle se battra “jusqu’au dernier Ukrainien” – ou mercenaire étranger.
L’OTAN montre ainsi clairement qu’elle est en guerre contre la Russie. Il ne s’agit pas
d’une simple “aide” à Kiev, mais d’une participation active à une confrontation militaire à grande échelle contre un pays ennemi. Dans cette relation entre
l’OTAN et la Russie, le régime (…) ukrainien n’est qu’un mandataire, sans aucune souveraineté, prêt à obéir à tous les ordres de l’Occident et incapable de
décider quand arrêter de combattre.”
Le basculement géopolitique du monde expliqué par M.K. Bhadrakumar
Qu’y a-t-il derrière l’idée bizarre d’installer une statue de Fidel Castro à Moscou?
“Une statue en bronze de Fidel Castro, haute de trois mètres, a été inaugurée mardi sur la
place Fidel Castro, dans le quartier de Sokol à Moscou, par le président russe Vladimir Poutine et le président cubain Miguel Diaz-Canel, en mémoire du leader
historique de la révolution cubaine.
Fidel lui-même était farouchement opposé à la création d’un culte de la personnalité et, à
Cuba, aucune rue, aucun bâtiment, aucune institution ni aucune localité ne porte son nom. Dans un discours prononcé en 2003, Fidel a déclaré : “Il n’y a pas de
culte de la personnalité autour d’un révolutionnaire vivant, sous forme de statues, de photographies officielles ou de noms de rues ou d’institutions. Les
dirigeants de ce pays sont des êtres humains, pas des dieux.”
Ainsi, les seules choses nommées en l’honneur du grand révolutionnaire sont situées en
dehors de Cuba – un parc au Vietnam, plusieurs rues en Afrique du Sud, en Namibie, en Angola, en Tanzanie, au Mozambique, etc.
L’événement organisé à Moscou pour saluer l’héritage de Fidel est hautement symbolique.
Après avoir été un État “statu quo”, la Russie assume rapidement un rôle “révolutionnaire” dans la politique mondiale, remettant en question le prétendu “ordre
fondé sur des règles” imposé par l’Occident, et se trouve au cœur de l’une des crises les plus graves de l’après-guerre froide.
L’année 2022 correspond au 60e anniversaire de la crise des missiles de Cuba, qui a marqué
le point culminant de la guerre froide, lorsque Moscou s’est retrouvé au centre d’une épreuve de force avec Washington. La discorde qui régnait à l’époque
ressemblait étrangement à celle d’aujourd’hui, à savoir les tentatives des États-Unis d’imposer des déploiements stratégiques dans le voisinage immédiat de la
Russie, menaçant ainsi sa défense et sa sécurité nationales.
La crise de 1962 a éclaté lorsque les États-Unis ont détecté la construction de sites de
lancement soviétiques à Cuba en représailles au déploiement américain de missiles Jupiter en Turquie. Des négociations par voie détournée permettent de
conclure un accord selon lequel les missiles soviétiques sont finalement démantelés et retirés de Cuba, tandis que les États-Unis mettent fin à leur
quarantaine de Cuba en octobre 1962 et retirent leurs missiles Jupiter de Turquie en avril 1963.
Hélas, le président Biden, contrairement au président Kennedy, a refusé de négocier avec la
Russie, et une guerre par procuration a éclaté en Ukraine. La guerre aurait pu être évitée et la destruction de l’Ukraine évitée si seulement des négociations
avaient eu lieu pour ressusciter les accords de Minsk qui prévoyaient une certaine forme d’autonomie régionale pour la région du Donbass au sein d’un pays
fédéré gouverné depuis Kiev. Le président Biden a choisi de ne pas emprunter cette voie (et, bien sûr, les dirigeants ukrainiens pro-occidentaux de Kiev se
sont sentis encouragés à saper les accords de Minsk en tant que tels).
Mardi, Poutine a rappelé de manière poignante que lors de sa dernière conversation avec
Fidel en juillet 2015, “il a parlé des choses qui étaient étonnamment en accord avec l’époque – l’époque du développement d’un monde multipolaire – en disant
que l’indépendance et la dignité ne peuvent pas être mises en vente et que chaque nation a le droit de se développer comme elle l’entend et de choisir sa
propre voie, et qu’un monde vraiment juste n’a pas de place pour la dictature, le pillage ou le néocolonialisme.”
Poutine a ensuite attiré l’attention de Diaz-Canel sur le comportement de la statue. “Je ne
sais pas si elle vous a plu ou non, mais il me semble que l’on ne peut s’empêcher de l’aimer”, a déclaré Poutine en souriant, ajoutant qu’il s’agissait d’un
hommage approprié à la mémoire de Fidel et d’une véritable œuvre d’art. “Il est dynamique, en mouvement, tourné vers l’avenir. Une image parfaite d’un vrai
combattant”. Diaz-Canel a abondé dans le même sens : “C’est un monument en mouvement. Je pense qu’il reflète la personnalité de Fidel au milieu de la lutte,
tout comme nous sommes au milieu de la lutte aujourd’hui.” Cet échange significatif était porteur d’un message d’une grande portée.
En effet, la guerre en Ukraine a été un moment de vérité pour la Russie. D’une politique
étrangère étroitement axée sur les intérêts nationaux, la Russie est en train de reconquérir son rôle régional et mondial ces derniers temps. Fidel aurait
hoché la tête d’un air approbateur, car Cuba, sous sa direction, avait une vision internationaliste et a fait d’immenses sacrifices pour défier l’hégémonie
américaine.
L’héritage de Fidel revêt une importance exceptionnelle pour la Russie d’aujourd’hui. M.
Poutine a décrit l’amitié entre la Russie et Cuba comme leur “héritage commun”. Il a souligné : “Ensemble, nous continuerons à renforcer notre union et à
défendre les grandes valeurs de liberté, d’égalité et de justice.”
M. Poutine a ajouté : “Sur cette base solide d’amitié, nous devons bien sûr, en tenant
compte des réalités actuelles, aller de l’avant et renforcer notre coopération. Je suis très heureux que nous ayons une telle opportunité.”
M. Diaz-Canel a été plus direct et sans détour. Il a déclaré à M. Poutine : “Nous apprécions
tout le travail accompli par la Fédération de Russie pour faire en sorte que le monde évolue vers la multipolarité et progresse dans cette direction. En ce
sens, vous avez un leadership sérieux.
“La Russie et Cuba ont été soumis à des sanctions unilatérales injustes et ont un ennemi
commun, une source commune qui est l’empire yankee, qui manipule une grande partie de l’humanité… Et notre premier engagement est de continuer à défendre la
position de la Fédération de Russie dans ce conflit qui, selon nous, trouve son origine, malheureusement, dans le fait que les États-Unis manipulent la
communauté internationale… Nous apprécions tous les efforts de la Fédération de Russie et votre rôle pour orienter le monde vers la multipolarité, pour
l’encourager à avancer dans cette direction. En ce sens, vous avez un rôle de leader très fort.”
Il conviendra d’observer comment ce dynamisme dans les relations russo-cubaines s’inscrit
dans un contexte géopolitique complexe. La commission intergouvernementale russo-cubaine a tenu une session à Moscou pendant la visite de M. Diaz-Canel, au
cours de laquelle, semble-t-il, “un certain nombre de décisions importantes sur des questions clés” ont été prises pour faire progresser les relations
bilatérales. M. Diaz-Canel a déclaré à M. Poutine : “Nous avons des approches et des points de vue identiques sur les questions mondiales. Je tiens à répéter
que la Russie peut toujours compter sur Cuba.”
Quel que soit le dénouement de la guerre en Ukraine, la Russie sera toujours confrontée à la
dure réalité de la présence militaire des États-Unis et de l’OTAN à ses portes. Il n’est pas question d’un retour de l’OTAN à la position de 1998 en Europe.
Les mercenaires occidentaux se battent par milliers en Ukraine et des personnalités comme le général David Petraeus exigent une intervention militaire
occidentale ouverte en Ukraine pour vaincre la Russie.
En effet, l’initiative américaine visant à faire entrer la Finlande dans l’OTAN en tant que
membre – bien que ce pays ne soit pas menacé par la Russie – vise à “enfermer” la Russie. Et l’Occident renforce agressivement sa présence tout autour de la
Russie. Il est inconcevable que la Russie puisse se permettre de rester passive.
Il suffit de dire que Poutine joue la “carte cubaine” à un point d’inflexion. Il est
intéressant de noter que l’itinéraire de visite de Diaz-Canel comprend également la Chine. Díaz-Canel sera le premier chef d’État d’un pays d’Amérique latine
que Xi Jinping recevra après le 20e Congrès national du Parti communiste chinois.
Le ministère chinois des affaires étrangères a noté que “malgré les vicissitudes
internationales, la Chine et Cuba ont avancé ensemble sur la voie de la construction du socialisme avec des caractéristiques nationales, se sont soutenus
mutuellement sur les questions concernant les intérêts fondamentaux et ont eu une coordination étroite sur les questions internationales et régionales,
établissant un modèle exemplaire de solidarité et de coopération entre les pays socialistes et d’assistance mutuelle sincère entre les pays en
développement.”
Dans un commentaire sur la prochaine visite de M. Díaz-Canel, le Global Times a noté que
“malgré la répression à long terme des États-Unis contre les gouvernements de gauche dans la région, l’Amérique latine connaît aujourd’hui une résurgence de la
“marée rose”, les principaux pays de la région “se tournant vers la gauche”. L’Amérique latine est fatiguée de l’hégémonie et de la coercition des États-Unis,
et les dirigeants dont le programme est axé sur le développement national gagnent le soutien du public.”
Quelle évolution pour les relations entre la Turquie et les Etats-Unis?
“La série de frappes aériennes menées par les avions turcs contre les militants kurdes dans
le nord de la Syrie au cours de la semaine écoulée s’inscrit dans un contexte d’inquiétude croissante quant à la menace d’Ankara de lancer une opération
terrestre. De telles actions ne sont pas sans précédent, mais elles n’ont jusqu’à présent guère réussi à éradiquer les problèmes de sécurité posés par les
combattants kurdes soutenus par les États-Unis.
La Turquie est aujourd’hui confrontée à un défi existentiel pour sa sécurité et sa
souveraineté nationales, découlant de la quasi-alliance des États-Unis avec les groupes kurdes en Syrie au cours de la dernière décennie – avec lesquels Ankara
se bat depuis bien plus longtemps.
Toutefois, cette question se joue aujourd’hui dans un contexte régional beaucoup plus large.
La Russie a désormais une présence permanente en Syrie et est elle-même engagée dans une lutte existentielle avec les États-Unis en Ukraine et en mer Noire.
Les tensions entre l’Iran et les États-Unis sont également vives et le président Joe Biden a ouvertement appelé au renversement du gouvernement
iranien.
Il suffit de dire que le gouvernement syrien, qui exige depuis des années le retrait des
troupes américaines illégales d’un tiers de son territoire, bénéficie d’une congruence d’intérêts avec la Turquie comme jamais auparavant, notamment en
s’opposant à la présence militaire américaine en Syrie.
Pour les États-Unis, en revanche, le maintien de l’occupation de la Syrie est crucial en
termes géopolitiques, étant donné que la géographie de ce pays, situé à l’extrémité nord de la région de l’Asie occidentale, borde l’Iran et le Caucase au nord
et à l’est, la Turquie et la mer Noire au nord, Israël au sud et la Méditerranée orientale à l’ouest.
Tout cela aura une grande influence sur l’issue de la lutte historique pour le contrôle de
la masse continentale eurasienne – le cœur et le pivot géographique de l’histoire, comme l’a décrit Sir Halford J. Mackinder en des termes évocateurs – menée
par Washington et l’OTAN pour contrer la résurgence de la Russie et la montée en puissance de la Chine.
Un détail curieux à ce stade revêt une importance plus grande que nature dans la période à
venir : Pékin fait part de son intérêt à rejoindre le processus d’Astana sur la Syrie. L’envoyé présidentiel de Moscou pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, a
récemment déclaré que la Russie était convaincue que l’implication de la Chine en tant qu’observateur dans le format d’Astana serait précieuse.
Il est intéressant de noter que M. Lavrentiev s’exprimait après la 19e réunion
internationale sur la Syrie dans le cadre du format d’Astana, avec ses homologues turc et iranien, le 15 novembre.
“Nous pensons que la participation de la Chine au format d’Astana serait très utile. Bien
sûr, nous avons proposé cette option. Les Iraniens l’ont acceptée, tandis que la partie turque y réfléchit et a fait une pause avant de prendre une décision”,
a-t-il expliqué.
M. Lavrentiev a noté que Pékin pourrait fournir “une certaine assistance dans le cadre du
règlement de la question syrienne, améliorer la vie des citoyens syriens et dans la reconstruction.”
Le ministère chinois des Affaires étrangères a rapidement répondu à l’invitation russe,
confirmant que Pékin “attache une grande importance à ce format et est prêt à travailler avec tous ses participants pour rétablir la paix et la stabilité en
Syrie.”
Lavrentiev n’a pas manqué l’occasion de railler Washington, en déclarant : “Bien sûr, je
crois que si les Américains revenaient au format d’Astana, cela serait également très utile. Si deux pays comme les États-Unis et la Chine étaient présents en
tant qu’observateurs dans le format d’Astana, ce serait un très bon pas, un bon signal pour la communauté internationale, et en général dans la direction du
règlement syrien.”
Cependant, il n’est pas question pour l’administration Biden de travailler avec la Russie,
la Turquie, l’Iran et la Chine sur un règlement syrien à l’heure actuelle. Des rapports continuent d’apparaître selon lesquels les États-Unis ont transféré des
combattants d’ISIS de la Syrie vers l’Ukraine pour combattre les forces russes, et vers l’Afghanistan pour remuer le couteau dans la plaie en Asie
centrale.
La troïka d’Astana est à l’unisson et exige le départ des forces d’occupation américaines de
Syrie. Moscou sait aussi parfaitement que les États-Unis espèrent travailler à la fermeture des bases russes en Syrie.
La Turquie à la poursuite des alliés kurdes des États-Unis
En fait, les opérations aériennes en Syrie qu’Ankara a ordonnées dimanche dernier font suite
à une attaque terroriste menée à Istanbul il y a une semaine par des séparatistes kurdes, qui a fait au moins six morts et plus de 80 blessés. Le président
Recep Tayyip Erdogan a déclaré que les frappes aériennes n’étaient “qu’un début” et que ses forces armées “renverseront les terroristes par voie terrestre au
moment le plus opportun”.
Les services de sécurité turcs ont mis la main sur la kamikaze, une Syrienne nommée Ahlam
Albashir, qui aurait été entraînée par l’armée américaine. La secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, s’est empressée de publier une
déclaration pour calmer la tempête : “Les États-Unis condamnent fermement l’acte de violence qui a eu lieu aujourd’hui à Istanbul, en Turquie.”
Mais le ministre turc de l’Intérieur, Suleyman Soylu, a réagi de manière caustique à la
missive américaine, déclarant que le message de condoléances de Washington était comme “un tueur qui serait le premier à se présenter sur une scène de
crime”.
On peut imaginer qu’Erdogan étant confronté à une élection cruciale dans les mois à venir,
l’administration Biden met tout en œuvre pour empêcher le parti AKP au pouvoir de remporter un nouveau mandat pour diriger la Turquie.
Les États-Unis sont exaspérés par le fait qu’Erdogan poursuive une politique étrangère
indépendante qui pourrait amener la Turquie à rejoindre les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), à approfondir ses liens stratégiques avec
la Russie et la Chine et, surtout, à s’éloigner régulièrement des stratégies d’endiguement de Washington et de l’OTAN à l’égard de la Russie et de la
Chine.
La Turquie est devenue un “État pivot” d’une importance capitale à ce stade de
l’après-guerre froide. Les efforts d’Erdogan pour renforcer l’autonomie stratégique du pays sapent la stratégie occidentale visant à imposer son hégémonie
mondiale.
Alors qu’Erdogan laisse Washington dans l’expectative quant à sa prochaine action, ses
frappes aériennes dans le nord de la Syrie ont touché des cibles très proches des bases américaines sur place. Le Pentagone a averti que ces frappes menaçaient
la sécurité du personnel militaire américain. La déclaration du Pentagone représente la plus forte condamnation par les États-Unis de leur allié de l’OTAN ces
derniers temps.
La diplomatie russe prévient l’incursion terrestre en Syrie
Sans surprise, la Russie exerce une influence modératrice sur la Turquie. M. Lavrentyev a
déclaré mercredi dernier que Moscou avait tenté de convaincre Ankara de “s’abstenir de mener des opérations terrestres de grande envergure” en Syrie. L’intérêt
de la Russie est d’encourager Erdogan à s’engager auprès du président syrien Bachar el-Assad et à conjuguer leurs efforts pour freiner les activités des
terroristes kurdes.
En effet, la probabilité est faible qu’Erdogan ordonne des incursions terrestres en Syrie.
C’est également l’avis des groupes kurdes locaux.
Le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis, Mazloum
Kobane Abdi, qui est le principal interlocuteur du Pentagone dans le nord de la Syrie, aurait déclaré que, même s’il a reçu des informations selon lesquelles
la Turquie a alerté ses mandataires locaux pour qu’ils se préparent à une offensive terrestre, l’administration Biden pourrait encore convaincre Erdogan de
faire marche arrière.
Cela dit, Erdogan peut rendre les choses difficiles pour les États-Unis et même
éventuellement forcer l’évacuation de ses troupes militaires, dont le nombre est estimé à 900, en mettant fin à la lucrative opération de contrebande de
pétrole du Pentagone en Syrie et en abandonnant ses camps d’entraînement pour les anciens combattants d’ISIS dans le nord et l’est de la Syrie.
Mais il est peu probable que les États-Unis poussent les choses jusqu’à un point de
non-retour. Un repli en Syrie dans la conjoncture actuelle affaiblirait les stratégies régionales américaines, non seulement en Asie occidentale, mais aussi
dans la région voisine de la mer Noire et dans le Caucase, à la périphérie sud de la masse continentale eurasienne.
Du point de vue d’Erdogan également, il n’est pas dans son intérêt de brûler les ponts avec
l’Occident. Un pont en mauvais état n’en reste pas moins un pont, qui aura son utilité sélective pour Erdogan à l’ère de la multipolarité qui
s’annonce”.
Comment le G7 calcule son “prix plafonné” pour l’achat de pétrole russe
“À l’initiative des États-Unis, les pays du G7 ont convenu de fixer un plafond de prix fixe
pour le pétrole russe à partir du 5 décembre, date à laquelle l’Union européenne (UE) ne pourra plus importer de pétrole russe. Le plafonnement des prix est
une approche novatrice. Les sanctions énergétiques visent généralement les volumes d’exportation, mais ce plan vise plutôt à réduire les prix. Le G7 interdit
également aux entreprises de l’UE de fournir une assurance maritime, des services de courtage ou un financement pour les exportations de pétrole de la Russie
vers des pays tiers.
Le calcul du plafonnement des prix par le G7 a toujours été assez ambigu, visant
ostensiblement à réduire les revenus pétroliers de la Russie, mais aussi à s’assurer que le pétrole russe continue à circuler.
Le niveau du plafond doit être annoncé, mais Bloomberg a rapporté mercredi dernier que le G7
devrait se fixer sur un chiffre compris entre 65 et 70 dollars. Ce chiffre est intriguant car il s’agit d’un niveau plutôt généreux pour Moscou, bien supérieur
à son coût de production, estimé à moins de 10 dollars par baril.
Le pétrole russe se négocie actuellement à une décote importante par rapport au Brent –
environ 65 dollars le baril – et si le plafond de prix du G7 est fixé à un niveau similaire, cela ne ferait pas beaucoup de mal à la Russie. Les États-Unis et
leurs alliés européens ont fait tout un foin de l’achat de pétrole russe par l’Inde, mais seulement pour dévier vers l’adoption éventuelle du même prix que
celui auquel l’Inde achète comme plafond. Quelle délicieuse ironie !
L’Inde bénéficie de remises considérables sur le brut russe et peut acheter autant qu’elle
le souhaite à son “ami de toujours”. D’une présence marginale sur le marché indien avant le début de la guerre en Ukraine, la Russie est devenue le premier
fournisseur en octobre. Selon le ministère russe des finances, le prix moyen de l’Oural (mélange russe) en octobre était de 70,6 dollars par baril, alors que
le prix moyen du Brent était de 93,3 dollars – autrement dit, la décote moyenne du pétrole russe par rapport au Brent était d’environ 22,7 dollars (ou 24 %).
Or, le Brent se négociant à environ 85 dollars le baril mercredi dernier, cela impliquerait un prix de 50 à 60 dollars le baril d’Oural, ce qui est inférieur
au plafond discuté par l’UE !
Il est intéressant de noter que les dernières orientations du Trésor américain publiées
mardi dernier indiquent que le plafond sera fixé sur les prix dits “franco à bord” (FoB), qui ne comprennent pas le coût de l’assurance et du transport. (Le
FoB serait le prix auquel le brut serait vendu si un acheteur venait le chercher dans un terminal russe). Les raffineurs indiens paient généralement pour que
le brut leur soit livré et ce prix comprend l’assurance et le fret. En d’autres termes, l’Inde paie 15 à 20 dollars par baril de moins que le Brent pour le
brut de l’Oural livré.
Le calcul du prix plafond du G7 a toujours été assez ambigu : il visait ostensiblement à
réduire les revenus pétroliers de la Russie, mais aussi à s’assurer que le pétrole russe continuait à circuler. En effet, le plafonnement des prix annoncé par
le G7 pourrait en fait atténuer l’impact des sanctions imminentes de l’UE sur le pétrole russe. En effet, cela pourrait être l’objectif caché.
Le marché pétrolier est rempli de personnes intelligentes et rapaces qui sont des virtuoses
pour contourner ou enfreindre les règles. Si un plafond de prix est imposé, la théorie économique se heurtera à la réalité désordonnée du marché. Steven
Mnuchin, l’ancien secrétaire américain au Trésor, a récemment déclaré que le projet des pays du G7 d’imposer un plafonnement des prix du pétrole russe était
“non seulement irréalisable, mais je pense que c’est l’idée la plus ridicule que j’aie jamais entendue”. Mnuchin a ajouté que “le marché va fixer le
prix”.
La Russie a prévenu des conséquences. Faites confiance au Kremlin pour faire du G7 la risée
de tous si ces Occidentaux sont effectivement déterminés à contrôler le revenu national de la Russie. Étant donné que la demande de pétrole russe moins cher
dépassera l’offre, le plafonnement des prix créera plusieurs prix : le prix mondial du brut, le prix plafonné et un prix fictif qui se situerait quelque part
entre les deux. Cela ouvrira les portes aux négociants et aux intermédiaires.
La surveillance et la mise en œuvre seront difficiles. Les transferts de navire à navire, le
commerce illicite par pétrolier, le mélange de brut, etc. vont proliférer. En outre, si le prix des marques russes avec une remise dépasse le plafond probable
des prix du G7, on trouvera d’autres transporteurs et assureurs dans les régions hors de l’UE. La flotte locale de pétroliers non européens sera également
assurée par les compagnies de réassurance publiques. Étant donné que le plafond de prix du G7 n’inclut pas les coûts de transport et d’assurance, tout cela
peut finalement augmenter les exportations de pétrole russe. Le résultat final serait donc la perte d’affaires lucratives pour Londres, premier centre mondial
de services d’assurance maritime, y compris P&I – et pour les compagnies maritimes grecques. Le G7 va-t-il déclencher une telle calamité ?
En fin de compte, bien que le G7 essaie de vendre le plan de plafonnement des prix au public
mondial comme un coup de maître anti-russe, l’objectif caché est tout autre : ajuster le plafond au prix de vente réel du pétrole russe dans les pays
d’Asie-Pacifique – qui approche maintenant les 70 dollars – en construisant le système de telle sorte qu’il serait avantageux pour la Russie de le
rejoindre.
Au-delà de l’optique, en imposant un plafond aux prix du pétrole russe, l’Occident cherche
en réalité à obtenir l’accès aux hydrocarbures domestiques de la Russie sur un pied d’égalité avec les acheteurs asiatiques. Si le flux des matières premières
russes continue à aller principalement vers l’Asie – la Chine et l’Inde principalement – cette région obtiendra des avantages compétitifs dans la lutte
économique mondiale.
Après tout, la Russie ne risque pas d’être vaincue en Ukraine, et l’Europe aura besoin du
pétrole russe à l’avenir. En fait, le G7 a exempté un certain nombre de pays européens et le Japon de l’embargo du 5 décembre sur le pétrole russe. On entend
le son de rires étouffés filtrer à travers les murs du Shastri Bhawan et du North Block sur le boulevard cérémonial du gouvernement indien à
Delhi“.
Le général Sergueï Sourovikine prend l’initiative en Ukraine - Le 01/12/2022.
La contre-offensive ukrainienne dans la région de Kharkov a passé l’initiative aux Ukrainiens en septembre-octobre, conduisant à la conquête d’assez vastes
territoires. Elle a également été favorisée par les erreurs des généraux russes qui ont ignoré les régles tactiques des couches de défense, des groupements tactiques de bataillons, les
augmentant de 7-8 fois sans grande mobilité. Dans le même temps, les unités russes de la région de Kharkov disposaient de très peu de moyens de reconnaissance et d’appui-feu.
Le plan de l’armée ukrainienne était extrêmement simple et il a largement réussi. Manœuvrer des forces à très grande vitesse, contourner les éléments du
dispositif de l’armée russe, puis forcer la rivière Oskil et tenter de couper en profondeur en deux parties l’armée russe. Après cela, l’offensive principale de l’armée ukrainienne se
déplaçait sur Izyum-Liman, dans le but de reprendre l’agglomération urbaine de Severodonetsk-Lisichansk. Avec la conquête de Severodonetsk, l’armée ukrainienne occuperait l’ensemble de la
bande difficile à atteindre de la rivière Donetsk et atteindrait le flanc et l’arrière du groupe de forces russes combattant dans la région de Siversk-Soledar-Bahmut.
Le premier revers, qui a ralenti l’offensive ukrainienne, est dû à l’impossibilité de couper en deux le dispositif de l’armée russe. Cela est dû à la longue
résistance (3 semaines) des bataillons de volontaires russes et de la 11e brigade d’artillerie de Donbas, qui ont défendu ensemble Liman. En conséquence, l’armée russe a réussi à
stabiliser la ligne de contact le long de la route Sviatove-Kremina, empêchant la pénétration de l’avant-garde blindée de l’armée ukrainienne. Dans le même temps, l’automne avait fait des
ravages, les crêtes des forêts avaient perdu leurs feuilles et ne pouvaient plus offrir aux Ukrainiens un couvert et des conditions propices à des approches furtives. La boue a empêché
toute forme de manœuvre, car la plupart des moyens de combat ukrainiens sont sur roues (BTR, MLRS, MRAP, camions remorqueurs d’obusiers, obusiers automoteurs Caesar, Humvee, etc.).
L’Ukraine a perdu la capacité offensive qu’elle avait démontrée lorsqu’elle avait pris l’initiative.
Le deuxième mouvement non prévu par l’armée ukrainienne a été le retrait rapide et sans perte des Russes de Kherson. Cela a empêché l’encerclement du
dispositif de combat russe par une force ukrainienne cinq fois plus importante. Et il a fixé les défenses russes de Kherson à Energodar sur le fleuve Dniepr, un obstacle difficile à
franchir pour l’armée ukrainienne.
À partir de ce moment, les défenses de
l’armée russe ont été STABILISÉES.
Et cela a permis au général Sergueï Sourovikine de prendre l’initiative et de recourir à « l’approche indirecte » du théoricien militaire
britannique Liddell Harth en privant les forces ukrainiennes des ressources dont elles avaient besoin pour poursuivre la guerre. Depuis le 10 novembre, Sergueï Sourovikine s’est concentré
sur une campagne massive de destruction des infrastructures critiques du régime de Kiev. Le système ukrainien de transport et de distribution de l’électricité a été amené au point de
s’effondrer de lui-même. Privés d’électricité, les convois ferroviaires transportant des armes, des munitions et des troupes envoyées sur la ligne de front sont frappés comme une cible
fixe par les missiles russes. Le dernier épisode s’est déroulé à la station de Moisiivka, dans la région de Dnipropetrovsk, où des véhicules blindés de la 17e brigade de chars ukrainienne
ont été détruits, de cette manière. Bien que l’OTAN envisage d’augmenter les livraisons d’armes à l’Ukraine, il est prévu que, dans le cadre de l’INTERDICTION AÉRIENNE imposée par l’armée
russe à la suite de la destruction de l’infanterie critique, seuls 20 à 25% de ces armes atteindront la ligne de front dans un état opérationnel.
La population ukrainienne souffrira également du manque de produits de première nécessité (eau, lumière, électricité, chauffage, etc.). La baisse de moral
aura un impact négatif sur la confiance dans les dirigeants politiques et militaires de Kiev. Par contagion, ces problèmes pressants des familles des soldats au front réduiront au minimum
l’envie de se battre des militaires ukrainiens. Et des désertions massives peuvent se produire.
À partir de décembre, la situation de l’armée ukrainienne sera bien pire, car les militaires russes mobilisés arriveront sur la ligne de front. Le ministère
russe de la Défense a tiré des conclusions sur l’efficacité des différents types d’armement utilisés jusqu’à présent, et les réservistes russes arrivent avec des variantes optimales
d’armes et d’équipements appropriés, spécifiques aux conditions en Ukraine. À partir de décembre, le froid va s’installer sur le front et les nuages vont geler, la neige va tomber,
permettant à l’armée russe de reprendre l’offensive terrestre simultanément sur plusieurs fronts.
Hier, j’ai reçu un courriel d’un de mes amis ukrainiens. Par
« ukrainien« , je veux dire que sa culture
et son identité propre sont ukrainiennes, qu’il aime son héritage, qu’il parle la langue et qu’il aime son pays. En fait, il est ce que j’appellerais un « véritable ukrainien », par opposition aux Ukronazis
au pouvoir à Kiev. Nous correspondons régulièrement et échangeons nos opinions sur ce qui se passe. Voici un extrait de ce que je lui ai écrit hier :
J’ai également le cœur brisé par l’évolution de la guerre pour libérer l’Ukraine de l’OTAN : si je n’ai aucun doute sur l’issue, je suis horrifié à l’idée de ce
que cela fait à la population civile. Ma tristesse est d’autant plus grande que je réalise que, dans une large mesure, les Ukrainiens se sont infligés eux-mêmes cette situation. La Russie a
fait de VRAIS efforts pour qu’il n’y ait pas de guerre, puis elle a fait de VRAIS efforts pour sauver les civils et l’infrastructure civile. Mais le peuple sous l’occupation nazie a cru toute
la propagande émanant du régime de Kiev et de l’Occident et maintenant, c’est l’enfer qu’il va payer. Pendant 6 mois, ces personnes naïves ont cru que l’Ukraine gagnait parce qu’elles ne
pouvaient même pas imaginer que la Russie n’utilisait qu’environ 10% de ses forces et essayait vraiment de sauver autant d’Ukrainiens que possible. Mais non, ils ont célébré le meurtre de
Dugina, l’attaque du pont de Crimée, les attaques contre la centrale nucléaire et maintenant ils vont payer un prix horrible pour ces illusions et, franchement, ce manque de
décence/moralité.
Comme l’a dit Douglas MacGregor, « les Russes sont sur le point d’amener le
marteau-pilon » pour vaporiser les forces de l’OTAN en Ukraine.
Nous n’avons pas voulu cela.
Cela nous a été imposé.
Que puis-je dire d’autre ?
Les nazis seront écrasés, mais le coût de cette opération sera inutilement élevé.
Des millions de réfugiés viendront s’ajouter aux millions de personnes qui ont déjà fui.
Je me sens complètement dégoûté, triste et en colère face à ce résultat.
Comme le dit une chanson rock que je connais (« Gates of Babylon » de Rainbow – voir ci-dessous) : « dors avec le diable, et alors tu dois payer,
dors avec le diable et le diable t’emportera« .
Je suis triste de dire que je crois que le peuple ukrainien a « dormi avec le diable »
(l’Occident) et que l’inévitable se produit maintenant.
Après avoir envoyé mon courriel, je n’ai cessé de penser à la folie totale des actions ukrainiennes. Un observateur extérieur pourrait être pardonné de penser que
le peuple ukrainien a une sorte de désir de mort, et si ce n’est la plupart des gens, au moins les dirigeants de l’Ukraine. Et puis j’ai pris conscience d’une chose.
L’Ukraine est en train de faire ce que l’on appelle aux États-Unis un « suicide par flic interposé« , que Wikipedia définit comme suit : « Le
suicide par flic interposé est une méthode de suicide dans laquelle un individu suicidaire
se comporte délibérément de manière menaçante, avec l’intention de provoquer une réponse létale de la part d’un agent de la sécurité publique ou d’un agent
chargé de l’application de la loi« .
Voici ce que le Law
Enforcement Bulletin du FBI a à dire sur une telle situation : (c’est nous qui soulignons)
Les situations de suicide par flic interposé sont plus intenses que les autres appels au suicide. Toutes les parties sont armées, ou la victime semble être
armée. L’individu est actif, plutôt que passif, et agressif envers la police ou d’autres personnes. Malgré ses caractéristiques uniques, le SFI correspond au modèle du comportement
suicidaire en tant que résultat planifié d’un processus psychologique en cours. La prévention et l’intervention sont possibles aux mêmes endroits que pour le suicide par d’autres
moyens. Théoriquement, les suicides sont
évitables ; cependant, en réalité, ils peuvent ne pas être évitables en raison de la nature du plan ou du moment où les premiers intervenants rencontrent la personne
suicidaire. Le SFI est souvent
impossible à prévenir. Cela doit être pris en compte dans les suites de l’affaire concernant les officiers qui ont été contraints d’être les moyens involontaires.
Pour être clair, je ne considère PAS que la Russie soit une sorte de « flic » qui doit faire respecter la loi aux autres. Pas du
tout. Mais je vois un parallèle moral entre le flic qui ne veut pas tuer la personne suicidaire avec une arme à feu, mais qui n’a peut-être pas le choix, et le fait que la Russie n’avait tout
simplement pas d’autre choix que d’agir lorsque le Donbass était menacé d’une invasion imminente et que la Russie était menacée par les plans ukronazis d’acquérir une arme nucléaire.
Parfois, la seule façon de désarmer une personne est d’utiliser sa propre arme. C’est exactement ce qui s’est passé ici.
Ce qui rend tout cela encore pire, c’est que les forces obscures de l’Occident, qui ont créé l’Ukraine en premier lieu, se sont jointes aux nazis et aux néoconservateurs (les deux vilains jumeaux qui se combattent mais se ressemblent tant !) pour pousser le peuple
ukrainien dans une guerre qu’il n’a jamais eu la moindre chance de gagner. L’armée ukrainienne a été vaincue dès la mi-mars mais cela ne suffisait pas à l’Hégémon, il a donc ordonné des vagues de
mobilisations et envoyé des MILLIERS de « conseillers » et de « volontaires« . Au milieu de l’été, ce qui avait été une
armée ukrainienne a été remplacée par une force de facto de l’OTAN, qui est maintenant également en cours de « démilitarisation« .
L’empire anglo-sioniste a promis au peuple ukrainien la paix, la prospérité et toutes les richesses de la propagande occidentale (qui sont très différente de la
réalité de l’Occident) et le peuple ignorant de l’Ukraine (dont le cerveau a été lavé d’abord par la propagande soviétique, puis occidentale) a tout gobé, « hameçon, ligne et plomb« . Cela ressemble à deux adultes
vicieux promettant à un enfant de 5 ans des bonbons super savoureux et lui disant que « tout ce qu’il a à faire » en échange des bonbons, c’est de
jeter quelques pierres sur un ours endormi et « ne
t’inquiète pas, si l’ours se réveille, nous te protégerons !« .
Maintenant, l’ours est réveillé, et il est très en colère : l’enfant de 5 ans se fait éviscérer pendant que les adultes vicieux qui lui ont promis « un pays où coulent le lait et le miel » regardent (de ce
qu’ils croient – à tort – être une distance sûre) et s’amusent de tout cela.
C’est vraiment démoniaque.
Il y a encore des gens qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, comprendre ce qui se passe.
Je vais donc partager avec vous une vidéo qui circule sur Internet et qui vous montre exactement à quoi tout cela ressemble en réalité.
Voyez par vous-même : (pas besoin de traduction autre que « ВСУ » qui signifie « forces armées de l’Ukraine »).
Ce que montre cette vidéo, ce sont deux tentatives d’attaque des forces ukrainiennes : d’abord contre les forces de la LDNR, puis contre les mercenaires de Wagner.
Ce qui se passe ensuite est prévisible : on assiste d’abord à un échange de tirs d’armes légères, puis les Russes utilisent des mortiers. Viennent ensuite les frappes très précises de
l’artillerie russe. Puis des attaques MLRS à grande échelle suivies d’encore plus de frappes par une paire de Su-25 et un seul Su-34. Selon des sources russes, lors de cette (très petite)
attaque, tous (la plupart ?) les Ukrainiens ont été tués tandis que les Russes n’ont subi aucune perte. Remarquez que les soldats ukrainiens, bien que très courageux, n’ont absolument aucun
soutien. Notez également la taille minuscule de la force d’attaque : les Ukrainiens avaient l’habitude d’attaquer avec plusieurs « brigades » (enfin, un peu), maintenant ils en
sont réduits à des engagements au niveau d’escouades !
Et ce genre de boucherie inutile se produit tous les jours, jour après jour après jour après jour.
Mon ami ukrainien m’a également demandé pourquoi la Russie n’élimine pas « Ze » et sa bande.
Je pense que c’est là le nœud du problème : je crois que c’est le peuple ukrainien lui-même qui devrait renverser « Ze », et non les Russes. Tout comme il était
infantile de croire que l’UE allait transformer l’Ukraine en une nouvelle Allemagne du jour au lendemain, il est tout aussi infantile de croire que « Poutine va venir et rétablir l’ordre« . Poutine est le
président de la Russie, pas de l’Ukraine, et ce n’est pas à lui de sauver l’Ukraine du gouffre dans lequel elle est tombée.
Il y a également trois raisons pratiques de ne pas décapiter (pas encore) le régime de Kiev :
Ce régime n’a pas d’autorité de toute façon, et tout ce qu’une telle décapitation accomplirait serait de couper une tête déjà bien morte.
L’Hégémon pourrait rapidement remplacer l’ancien gang par un nouveau.
« Ze » et Cie sont si fantastiquement
incompétents que la Russie ne peut de toute façon pas espérer avoir un adversaire plus faible, plus bête et plus incompétent.
Cependant, le travail de Poutine est de protéger la Russie et le peuple russe. En poussant les Ukrainiens vers des provocations de plus en plus dangereuses, les
Néocons étaient pleinement conscients qu’ils les poussaient dans une sorte de fol « suicide par ours interposé« .
La triste vérité est que la Russie n’a pas d’autre choix que de faire ce que le peuple ukrainien ne peut (ou ne veut) pas faire : dénazifier l’Ukraine. Et puisque
l’Ukraine ne pouvait pas être dénazifiée, elle devait être désarmée.
Note de
l’auteur
oh et s’il vous plaît, ne me
donnez pas l’argument « mais les Ukrainiens ne pouvaient rien faire pour résister ». La résistance est toujours possible, même sous les régimes les plus durs et les plus maléfiques. Et
lorsque cette résistance semble futile, cela reste une question d’honneur, de choix personnel, d’obligation morale de résister du mieux que l’on peut. La résistance au mal est ce qui définit
notre humanité. Et si l’on ne peut vraiment pas, alors, à tout le moins, chaque personne a la possibilité de « ne pas vivre dans le mensonge » ! Encore une fois, la résistance, même
humble et petite, est toujours possible, et le peuple du Donbass l’a prouvé.
Ce dernier bain de sang initié par les néocons a déjà largement dépassé les centaines de milliers de personnes tuées, mutilées ou déplacées inutilement. Cet hiver,
cela ne fera qu’empirer.
Et que pensez-vous que les Ukronazis feront pour atténuer cette catastrophe ?
Négocier ? Non, pas du tout !
Ils veulent démonter la statue du fondateur de la ville d’Odessa ! Oui, comme les autres monstres dégénérés d’Europe de l’Est, les Ukronazis sont toujours en train
de « combattre les statues » et, par
extension, leur propre passé historique. C’est carrément nul…
Tout cela serait assez hilarant si ce n’était pas aussi horrible et si des millions de personnes n’avaient pas à souffrir des actions des shaitans[diables dans la mythologie arabes, NdSF] qui gouvernent
l’Occident !
Le FBI a tout à fait raison. Le suicide par flic interposé est généralement impossible à prévenir.
La Russie a-t-elle eu raison de faire autant d’efforts pour éviter une guerre totale ? Oui.
Les Russes ont-ils eu raison d’essayer de minimiser les dommages causés aux civils et aux infrastructures de l’Ukraine ? Oui, absolument !
Pensez-y : si la Russie avait attaqué l’Ukraine à la manière de « shock and awe » dès le premier jour et
transformé Kiev, Kharkov ou Lvov en « Fallujahs
ukrainiens », il aurait été beaucoup plus crédible de blâmer la Russie pour les « dommages collatéraux » massifs qu’une telle
attaque aurait inévitablement entraînés.
Est-ce que quelqu’un blâme le flic pour une mort par « suicide par le flic » ?
Bien sûr que non !
Oui, cette politique consistant à essayer d’épargner l’Ukraine a coûté cher à la Russie, non seulement en termes politiques, mais aussi en vies russes
perdues.
Mais, au moins, nous avons essayé.
Peut-être est-ce là la plus grande différence entre les Russes et les Ukrainiens ?
Andrei
***
Le week-end approche et j’ai l’habitude de partager avec vous quelques vidéos musicales. Aujourd’hui, je vais en poster une seule : la vidéo de Rainbow dont
j’ai parlé plus haut. Je voudrais juste noter que selon le guitariste, Richie Blackmore, son solo sur « Gates of Babylon » est son meilleur solo à ce jour. Je suis
tout à fait d’accord. En termes de structure, le début de la chanson est basé sur une gamme/mode majeur double harmonique, mais le solo passe ensuite à une séquence d’accords/harmonies qui
rappellent beaucoup plus la musique baroque, plus précisément J.S. Bach (quelque chose que Richie Blackmore avait déjà exploré avec Deep Purple, mais qu’il a véritablement maîtrisé avec cette
superbe chanson). Le chanteur est le regretté Ronnie James Dio, la meilleure voix de toute la musique rock à mon humble avis. Profitez-en !
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Hier, le
Pentagone annonçait un nouveau transfert d’armes à l’armée ukrainienne :
Voici la liste du
Pentagone :
Des munitions supplémentaires pour le NASMAS
150 mitrailleuses lourdes avec viseurs à imagerie thermique pour contrer les systèmes aériens sans pilote.
Des munitions supplémentaires pour les HIMARS
200 obus d’artillerie de 155 mm à guidage de précision
10 000 obus de mortier de 120 mm
Des missiles antiradiations à grande vitesse (HARM)
150 véhicules polyvalents à roues à haute mobilité (HMMWV)
Plus de 100 véhicules tactiques légers
Plus de 20 000 000 de munitions pour armes légères
Plus de 200 générateurs
Des pièces de rechange pour les obusiers de 105 mm et d’autres équipements.
Ces 400 millions de dollars d’armes sont envoyés à l’Ukraine par le biais de l’autorité présidentielle de retrait (PDA), qui permet au président Biden d’envoyer
des armes directement à partir des stocks militaires américains.
Le Pentagone est clairement en train de racler les fonds de tiroirs.
« Des munitions
supplémentaires pour le NASMAS »
Le NASMAS est un système de défense aérienne qui utilise des missiles air-air réutilisés (AIM-120 AMRAAM à guidage radar actif) en mode sol-air.
Hier, un de ces missiles a été utilisé à Kiev mais a manqué sa cible. Il a touché un immeuble d’habitation et tué plusieurs personnes :
Le missile qui a frappé un immeuble d’habitation à Kiev aujourd’hui était un AIM-120C de fabrication américaine lancé depuis l’un des systèmes de défense
aérienne NASMAS récemment arrivés, donnés à l’Ukraine au cours des derniers mois. La population locale a partagé sur les médias sociaux des photos de l’épave du missile. Bien que l’Ukraine
ait accusé la Russie de cette frappe, il s’avère que le missile n’était pas russe mais américain et a été tiré par les troupes ukrainiennes.
Le fragment montré sur la photo porte le mot LIFT comme l’AIM-120C américain. Il s’agit d’un missile anti-aérien pour les systèmes NASAMS qui ont été récemment
donnés à l’Ukraine. En analysant les photos que les citoyens ukrainiens ont publiées eux-mêmes, le missile qui a frappé leur immeuble résidentiel peut être facilement identifié comme étant
américain.
« Des mitrailleuses
lourdes avec viseurs à imagerie thermique pour contrer les systèmes aériens sans pilote. »
C’est un très mauvais signe. J’ai essayé de trouver des photos récentes de mitrailleuses utilisées en mode défense aérienne. Il n’y avait que des photos anciennes
et cette photo modèle.
Agrandir
Il
y a quelques décennies de cela, nous nous sommes entraînés à abattre des hélicoptères et des avions avec les mitrailleuses fixées au sommet de nos chars de combat. Malgré le fait que nous tirions
depuis une plate-forme stable et que nous utilisions beaucoup de munitions, nos taux de réussite étaient vraiment minces. C’est pourquoi aucune armée que je connaisse n’utilise encore cette
méthode. La plupart des drones utilisés en Ukraine pour la reconnaissance sont électriques. Il est peu probable qu’ils apparaissent dans un viseur thermique. Les drones iraniens à hélice,
probablement fabriqués en Russie, sont chauds et font beaucoup de bruit. Ils peuvent être ciblés mais sont assez rapides et il faut agir tout aussi rapidement pour les attraper. Les drones
kamikazes Lancet utilisés par l’armée russe en Ukraine volent bas et rapidement. Une équipe de mitrailleurs aura peu de chances lorsqu’un tel drone volera vers elle.
Les mitrailleuses que l’Ukraine recevra, sauf celles qui seront vendues au marché noir, ne peuvent pas être efficaces comme défense aérienne. Elles finiront
probablement par être utilisées en mode terrestre pour défendre tel ou tel fossé de la ligne de front. Ils sont bons pour cela jusqu’à ce qu’un obus d’artillerie ou un véhicule de combat
d’infanterie arrive et les détruise.
« Des munitions
supplémentaires pour HIMARS »
Le HIMARS est l’arme merveilleuse qu’elle n’est pas. La portée de quelque 70 kilomètres est raisonnable, mais il faut aussi de très bonnes données de ciblage pour
les utiliser. Les Russes ont tiré les leçons des premiers succès du HIMARS et sont devenus bien meilleurs pour camoufler leurs positions.
« 200 obus
d’artillerie de 155 mm à guidage de précision »
C’est une bonne chose, mais là encore, il faut disposer de données de ciblage fiables. Ce qui est choquant, c’est qu’il n’y a pas d’autres munitions de 155 mm dans
cette livraison. Que sont censés tirer les canons M-777, du moins ceux qui existent encore en Ukraine ?
« 10 000 obus de
mortier de 120 mm »
Ce n’est pas beaucoup non plus. Auparavant, les États-Unis avaient donné à l’Ukraine 20 mortiers de 120 mm avec 135 000 cartouches de mortier de 120 mm. Les 10 000 nouveaux obus seront probablement utilisés en moins d’une semaine.
« Des missiles
antiradiations à grande vitesse (HARM) »
Il s’agit de missiles air-sol utilisés pour cibler les radars ennemis. Ils ont été bricolés pour être montés sur les quelques avions de chasse SU-27 que l’Ukraine a
reçus d’un pays d’Europe de l’Est. Selon certains rapports, les défenses aériennes russes frappent généralement ces missiles avant qu’ils n’atteignent leur cible.
Aujourd’hui, le New
York Timesrapporte qu’un de ces missiles, tiré en septembre, a touché un immeuble d’habitation à Kramatorsk :
Les journalistes du New York Times ont pu recueillir
et identifier des fragments métalliques distincts laissés sur le site d’une frappe antérieure, en septembre dans l’est de l’Ukraine, ce qui permet de voir où les milliards de dollars d’aide
militaire envoyés par les États-Unis à l’Ukraine peuvent parfois atterrir.
« Trois personnes ont été blessées, disent-ils.
Aucun mort. Il a frappé un appartement où personne ne vit, et dans l’appartement voisin, des gens ont été blessés« , a déclaré Olga Vasylivna, une habitante qui vivait à côté de
l’endroit où le missile a frappé.
Les camions que l’Ukraine recevra seront peut-être utiles, mais y aura-t-il assez de diesel pour les alimenter ?
20 000 000 de munitions pour armes légères, c’est encore presque rien. La charge de combat typique d’un soldat d’infanterie est de 240 cartouches. Les équipes de
mitrailleurs transportent environ 6 000 cartouches. La ligne de front en Ukraine est longue de 1 000 kilomètres. Si l’on fait le calcul, on constate que ces 20 millions de cartouches ne
représentent pratiquement rien.
Il existe actuellement un marché noir florissant pour les générateurs en Ukraine. Ces 200 nouveaux seront les bienvenus. Ils finiront très probablement à Lviv ou à
Kiev.
« Des pièces de
rechange pour obusiers de 105 mm et autres équipements »
L’histoire du soutien américain en matière d’armement pour l’Ukraine est celle d’une diminution de la quantité et de la qualité. Les États-Unis ont d’abord fourni
143 systèmes M-777 de 155 mm à l’Ukraine. Ceux-ci se sont avérés avoir un taux de casse élevé et étaient également facilement ciblés. Ensuite, les États-Unis ont épuisé les munitions de 155 mm
qu’ils pouvaient donner. Ils ont ensuite offert 36 obusiers de 105 mm et 180 000 munitions de 105 mm. Même histoire. Puis vint le mortier de 120 mm.
L’artillerie est généralement combattue par la contre-artillerie. Lorsque le radar de combat repère un obus d’artillerie en vol, on peut calculer d’où il a été
tiré. Ensuite, une batterie de contre-artillerie dédiée, généralement de plus longue portée, sera chargée de tirer sur cette position. Dans une unité bien organisée, cela prend moins d’une ou
deux minutes.
Les canons M-777 ont une portée de tir d’environ 20 kilomètres. C’est à peu près égal aux canons de 152 mm utilisés par les Russes. Viennent ensuite les canons de
105 mm. Leur portée est d’environ 11 kilomètres. Le mortier de 120 mm peut atteindre environ 7 kilomètres.
Hormis les HIMARS, l’artillerie ukrainienne est devenue plus petite et a une portée inférieure à celle des systèmes utilisés de l’autre côté. Il sera donc plus
facile de la contrer. L’Ukraine manque également cruellement de munitions pour les quelques armes qui existent encore. Elle a perdu depuis longtemps la guerre de l’artillerie.
La guerre en Ukraine se déroule à un niveau industriel. Mais l' »Occident » et son mandataire ukrainien ne sont pas préparés
à une guerre industrielle. Dans un article intitulé « c’est
la guerre, Joseph, mais pas celle que l’on connait », Aurelian explique pourquoi c’est le cas :
Tout d’abord, une grande partie de l’impulsion politique pour l’Ukraine vient des pays anglo-saxons, dont l’histoire de la guerre, et la réflexion sur la
guerre, est essentiellement expéditionnaire et limitée.
…
Le type d’opérations militaires que les Européens ont effectivement menées depuis 1945, et surtout depuis 1989, a eu tendance à suivre ce modèle.
…
Le deuxième facteur est simplement qu’en général, les guerres de l’Occident ont été des guerres à responsabilité limitée, où il y a eu peu de victimes dans leur
pays.
…
Pour les Russes, la géographie imposait un ensemble différent de critères. Toujours un pays massif, avec une population relativement importante et de longues
frontières, la nation a subi des invasions militaires étrangères à plusieurs reprises dans son histoire. Elle a l’habitude d’être obligée de se battre sur son propre territoire et, au cours
de la seule Seconde Guerre mondiale, elle a subi près de trente millions de morts, dont une grande partie de civils. Ainsi, la défense nationale est littéralement une question de vie ou de
mort, et la réflexion et la planification de la guerre se font à un niveau stratégique beaucoup plus élevé et complexe.
…
Cette expérience russe produit inévitablement une façon d’envisager les conflits qui est radicalement différente de celle de l’Occident, à l’exception des deux
guerres mondiales où l’Occident lui-même a dû apprendre péniblement des leçons similaires, pour les oublier rapidement à chaque fois.
…
Les armées soviétique et russe ont une longue tradition d’étude des terribles guerres passées de leur pays, et une telle analyse permet de tirer un certain
nombre de conclusions évidentes. L’une d’elles est l’importance du nombre, du personnel, de l’équipement et des munitions. Dans une longue guerre, que les Russes, contrairement aux
Occidentaux, se sont toujours attendus à mener, ces éléments comptent énormément.
Jusqu’en 2012, il y avait une entreprise ukrainienne près de Kiev qui produisait encore des munitions d’artillerie pour la Russie. Je ne trouve plus le lien vers
cette histoire, mais le nombre de munitions produites pour la Russie s’élevait à quelque 2 000 000 millions par an. L’Occident n’a aucun moyen d’égaler les stocks russes.
Gordon M. Hahn, expert de la Russie, se penche sur la prochaine offensive d’hiver russe. Ce n’est que grâce à un cessez-le-feu que l’Ukraine et ses sponsors pourront éviter la catastrophe à venir. Et ce pour
trois raisons :
Premièrement, le marteau russe est sur le point de s’abattre sur l’Ukraine. Les stations d’énergie électrique, les ponts et même les « centres de décision » tels que
les bâtiments du gouvernement central de Kiev sont pris pour cible. … Quelle sera la situation sociopolitique lorsque ces infrastructures critiques seront complètement effondrées et que les
températures auront baissé de 20 degrés ? La Russie se rapprochera de la stratégie du « choc et effroi« , en détruisant
entièrement toutes les infrastructures – militaires ou autres – comme les États-Unis l’ont fait en Serbie et en Irak, et prendra probablement moins de précautions pour éviter les pertes
civiles.
Une fois les infrastructures complètement détruites ou neutralisées, les renforts russes de 380 000 soldats réguliers et nouvellement mobilisés se seront
pleinement ajoutés aux forces russes dans le sud-est de l’Ukraine. … Une offensive hivernale d’environ un demi-million de soldats permettra de réaliser des gains substantiels sur ces trois
fronts et de multiplier les pertes ukrainiennes en personnel et en matériel, qui sont déjà élevées. Cela pourrait facilement conduire à un effondrement des forces ukrainiennes sur un ou
plusieurs fronts. Sur la base d’un tel succès, le président russe Poutine pourrait également tenter à nouveau de menacer Kiev…
Deuxièmement, l’Occident commence à fatiguer de l’Ukraine. Les réserves d’armes des pays de l’OTAN ont été épuisées au-delà du tolérable, et la cohésion sociale
s’effondre face à une inflation à deux chiffres et à la récession économique. Tout cela fait de la Russie le vainqueur sur le plan stratégique et oblige Washington et Bruxelles à chercher au
moins un répit par le biais d’un cessez-le-feu.
…
Troisièmement, le plus grand atout politique de l’Ukraine – Zelenskiy lui-même – vient d’être dévalué, mettant encore plus en danger la stabilité politique de
l’Ukraine. … Pour l’instant, afin de garder l’Occident à bord, Zelenskiy pousserait le commandant des forces armées ukrainiennes Viktor Zalyuzhniy à lancer une dernière offensive
pré-hivernale dans le nord de Donetsk (Svatovo et Severodonetsk) ou à Zaporozhe afin de mettre un terme aux murmures de l’Occident sur le cessez-le-feu et de regagner son soutien.
Parallèlement, il est question de la poursuite des tensions entre Zelenskiy et Zalyuzhniy en raison de la bonne presse et du statut de star de ce dernier à l’Ouest. … Dans le contexte de la
détérioration du champ de bataille et de la situation stratégique internationale, de telles tensions entre civils et militaires sont porteuses d’un risque de coup d’État. …
…
Nous atteignons peut-être le moment décisif de la guerre d’Ukraine. Plus d’électricité, plus d’armée, plus de société.
…
Tout ce qui précède et l’approche des élections présidentielles prévues à Moscou, Kiev et Washington l’année prochaine font de cet hiver un moment charnière
pour tous les principaux partis en guerre.
En lisant les deux articles cités ci-dessus, j’en arrive à la conclusion que la guerre a été perdue ; tant par l’Ukraine que par ses partisans.
L’OTAN, déjà profondément impliquée, pourrait encore vouloir changer cela en se joignant pleinement à la guerre. Mais je ne pense pas que l’armée américaine, ni ses alliés européens de l’OTAN, auront le
cran de le faire.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
La Russie frappe massivement l’Ukraine après des attaques ukrainiennes contre la Crimée et la centrale de Zaporijia - Le 24/11/2022.
Le 23 novembre 2022, la Russie a de nouveau massivement frappé l’Ukraine à coup de missiles, après une nouvelle attaque de drones ukrainiens contre
Sébastopol en Crimée, ainsi qu’un bombardement ukrainien massif de la centrale nucléaire de Zaporijia.
Le 19 novembre 2022, l’armée ukrainienne a tiré 12 roquettes sur la centrale nucléaire de Zaporijia, endommageant plusieurs bâtiments importants, dont la
zone de stockage à sec des déchets nucléaires.
Si cette attaque n’a pas provoqué de rejet radioactif, et que sans surprise, l’Ukraine et l’Occident accusent de manière délirante la Russie de bombarder
elle-même la centrale nucléaire qui est sous son contrôle (l’AIEA
se contente de son côté de ne pas nommer la partie au conflit responsable de ces attaques à répétition, ce qui montre bien que c’est Kiev qui est coupable, si c’était Moscou elle
aurait déjà été ouvertement pointée du doigt par cette organisation), ces bombardements répétés de la centrale de Zaporijia font peser un risque énorme non seulement sur une bonne partie
du territoire voisin, mais aussi sur plusieurs pays européens.
La défense anti-aérienne russe a abattu les cinq drones (deux au-dessus de la centrale de Balaklava et trois au-dessus de la mer) avant qu’ils ne puissent
faire des dégâts. Il faut souligner que la tentative d’attaque ukrainienne a une nouvelle fois été surveillée (voire coordonnée) par un drone américain, un RQ-4D Phoenix,
qui volait dans l’espace aérien international au large de la Crimée.
Sans surprise le lendemain de cette attaque, la Russie a de nouveau frappé intensivement l’Ukraine à coup de missiles, détruisant une bonne partie de ce qui
restait de l’infrastructure énergétique du pays.
D’après les informations venant de sources ukrainiennes, les missiles russes ont frappé les villes suivantes :
•Kiev :
Plusieurs missiles et explosions rapportées aux centrales n°5 et n°6, qui avaient déjà été visées en octobre. La rive gauche de Kiev s’est retrouvée privée d’eau et d’électricité.
•Mikolaïv :
Explosions rapportées, la ville est sans électricité, et la centrale nucléaire du Sud a été coupée en urgence, sûrement après la destruction de la sous-station de 750 kV.
• Odessa : Des explosions sont rapportées dans le district de Beliavski, et la région est sans électricité.
• Dnipropetrovsk
: Frappes rapportées près de la ville et à Krivoï Rog. Les deux villes sont privées d’électricité.
• Zaporijia :
Explosions rapportées près de Volniansk où se trouve une sous-station de 750kV. Des problèmes d’approvisionnement en électricité sont rapportés.
• Kirovograd : Une frappe a été signalée près du barrage de Svetlovodsk.
• Les régions de Lvov,
Rovno, Volyn, Kharkov, Soumy, Jitomir, Poltava et Tchernigov sont aussi sans électricité.
Des coupures de courant d’urgence ont lieu un peu partout en Ukraine. La situation actuelle montre que les frappes russes de missiles et de drones qui se
succèdent depuis plusieurs semaines ont un effet cumulatif, qui réduit petit à petit la résilience du réseau électrique ukrainien. Or tant l’Ukraine que ses patrons occidentaux manquent
de pièces de rechange adaptées pour réparer ce que chaque nouvelle frappe de la Russie détruit. Ce qui veut dire qu’à terme, l’Ukraine va se retrouver totalement ou presque totalement
privée d’électricité si Kiev ne se décide pas rapidement à négocier avec la Russie.
Les tactiques russes actuelles sont le
contraire absolu de la théorie militaire de la force concentrée développée par Napoléon.
Des bruits de pas
résonnent dans la mémoire
Dans le passage que nous n’avons pas emprunté
Vers la porte que nous n’avons jamais ouverte
Dans le jardin de roses. Mes mots résonnent
Ainsi, dans ton esprit.
Mais dans quel but
Remuer la poussière d’un bol de feuilles de roses
Je ne le sais pas.
(T.S. Eliot, « Norton brûlé »)
Ayez une pensée pour le fermier polonais prenant des photos de l’épave d’un missile – dont il a été indiqué plus tard qu’il s’agissait d’un S-300 ukrainien.
Ainsi, un agriculteur polonais, dont les pas résonnent dans notre mémoire collective, a peut-être sauvé le monde de la Troisième Guerre mondiale, déclenchée par un complot sordide
concocté par les « renseignements » anglo-américains.
Cette sordidité a été aggravée par une dissimulation ridicule : les Ukrainiens tiraient sur les missiles russes depuis une direction d’où ils ne pouvaient
pas venir. C’est-à-dire : la Pologne. Et puis le secrétaire américain à la Défense, le marchand d’armes Lloyd « Raytheon » Austin, a condamné la Russie comme étant à blâmer de
toute façon, parce que ses vassaux de Kiev tiraient sur des missiles russes qui n’auraient pas dû être en l’air (et ils ne l’étaient pas).
Appelez cela le Pentagone élevant le mensonge éhonté au rang d’un art plutôt minable.
Le but anglo-américain de ce racket était de générer une « crise mondiale » contre la Russie. Il a été démasqué – cette fois-ci. Cela ne signifie
pas que les suspects habituels ne vont pas essayer à nouveau. Bientôt.
La raison principale est la panique. Les services de renseignements occidentaux collectifs voient comment Moscou mobilise enfin son armée – prête à
intervenir le mois prochain – tout en mettant hors service l’infrastructure électrique de l’Ukraine, comme une forme de torture chinoise.
L’époque de février où l’on n’envoyait que 100 000 soldats et où les milices de la RPD et de la RPL, les commandos Wagner et les Tchétchènes de Kadyrov
faisaient le gros du travail est révolue depuis longtemps. Dans l’ensemble, les Russes et les russophones étaient confrontés à des hordes de militaires ukrainiens – peut-être jusqu’à un
million. Le « miracle » de tout cela est que les Russes s’en sont plutôt bien sortis.
Tout analyste militaire connaît la règle de base : une force d’invasion doit être trois fois plus nombreuse que la force de défense. L’armée russe au début
de l’opération militaire spéciale (OMS) représentait qu’une petite fraction de cette règle. On peut dire que les forces armées russes disposent d’une armée permanente de 1,3 million de
soldats. Elles auraient certainement pu épargner quelques dizaines de milliers de soldats de plus que les 100 000 initiaux. Mais elles ne l’ont pas fait. Il s’agissait d’une décision
politique.
Mais maintenant, l’OMS est terminée : c’est le territoire de l’OAT (Opération anti-terroriste). Une série d’attaques terroristes – visant Nord Stream, le
pont de Crimée, la flotte de la mer Noire – a finalement démontré qu’il était inévitable d’aller au-delà d’une simple « opération militaire ».
Et cela nous amène à la guerre électrique.
Ouvrir la voie à une
DMZ
La guerre électrique est traitée essentiellement comme une tactique – menant à l’imposition éventuelle des conditions de la Russie dans un éventuel
armistice (ce que ni les services secrets anglo-américains ni l’OTAN vassale ne veulent).
Même s’il y avait un armistice – largement vanté depuis quelques semaines maintenant – cela ne mettrait pas fin à la guerre. Parce que les conditions russes
tacites et plus profondes – fin de l’expansion de l’OTAN et « indivisibilité de la sécurité » – ont été entièrement exposées à Washington et à Bruxelles en décembre dernier,
puis rejetées.
Comme rien – conceptuellement – n’a changé depuis lors, et que l’armement de l’Ukraine par l’Occident est devenu frénétique, la
Stavka de l’ère Poutine ne pouvait qu’étendre le mandat initial de l’OMS, qui reste la dénazification et la démilitarisation. Mais ce mandat devra désormais englober Kiev et
Lviv.
Et cela commence par l’actuelle campagne de désélectrification – qui va bien au-delà de l’est du Dniepr et le long de la côte de la mer Noire vers
Odessa.
Cela nous amène à la question clé de la portée et de la profondeur de la guerre électrique, en ce qui concerne la mise en place de ce qui serait une DMZ
(zone démilitarisée) – avec un no man’s land – à l’ouest du Dniepr pour protéger les zones russes des attaques de l’artillerie, des HIMARS et des missiles de l’OTAN.
Quelle profondeur ? 100 km ? Ce n’est pas suffisant. Plutôt 300 km – car Kiev a déjà demandé de l’artillerie avec ce genre de portée.
Ce qui est crucial, c’est qu’en juillet déjà, cette question faisait l’objet de discussions approfondies à Moscou, au plus haut niveau de la Stavka.
Dans une longue interview accordée
en juillet, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a vendu la mèche – diplomatiquement – :
« Ce processus se
poursuit, de manière constante et persistante. Il se poursuivra tant que l’Occident, dans sa rage impuissante, cherchant désespérément à aggraver la situation autant que possible,
continuera à inonder l’Ukraine de toujours plus d’armes à longue portée. Prenez les HIMARS. Le ministre de la Défense Alexey Reznikov se vante qu’ils ont déjà reçu des munitions de 300
kilomètres. Cela signifie que nos objectifs géographiques vont s’éloigner encore plus de la ligne actuelle. Nous ne pouvons pas permettre que la partie de l’Ukraine que Vladimir Zelensky,
ou celui qui le remplacera, contrôlera, dispose d’armes qui constituent une menace directe pour notre territoire ou pour les républiques qui ont déclaré leur indépendance et veulent
déterminer leur propre avenir. »
Les implications sont claires.
Autant Washington et l’OTAN sont encore plus « désespérés d’aggraver la situation autant que possible » (et c’est le plan A : il n’y a pas de plan
B), autant, géoéconomiquement, les Américains intensifient le Nouveau Grand Jeu : le désespoir s’applique ici à la tentative de contrôler les corridors énergétiques et de fixer leur
prix.
La Russie ne se laisse pas impressionner, car elle continue d’investir dans le Pipelineistan (vers l’Asie), de consolider le corridor international de
transport Nord-Sud (INTSC) multimodal, avec des partenaires clés comme l’Inde et l’Iran, et de fixer le prix de l’énergie via l’OPEP+.
Un paradis pour les pillards
oligarchiques
Les straussiens/néoconservateurs et néolibéraux-conservateurs qui imprègnent l’appareil de renseignement/sécurité anglo-américain – des virus militarisés de
facto – ne se laisseront pas faire. Ils ne peuvent tout simplement pas se permettre de perdre une autre guerre de l’OTAN – et en plus contre la « menace existentielle »
russe.
Alors que les nouvelles des champs de bataille ukrainiens promettent d’être encore plus sombres sous le règne du général Winter, on peut au moins trouver du
réconfort dans la sphère culturelle. Le racket de la transition verte, assaisonné dans une salade mixte toxique avec l’éthique eugéniste de la Silicon Valley, continue d’être un plat
d’accompagnement offert avec le plat principal : le « Grand Récit » de Davos, l’ancienne Grande Réinitialisation, qui a montré sa tête hideuse, une fois de plus, au G20 à
Bali.
Cela signifie que tout va pour le mieux en ce qui concerne le projet de destruction de l’Europe. Désindustrialiser et être heureux ; danser sur
l’arc-en-ciel sur tous les airs de musique populaire du marché ; et geler et brûler du bois tout en bénissant les « énergies renouvelables » sur l’autel des valeurs
européennes.
Il est toujours utile de faire un rapide retour en arrière pour situer le contexte dans lequel nous nous trouvons.
L’Ukraine a fait partie de la Russie pendant près de quatre siècles. L’idée même de son indépendance a été inventée en Autriche pendant la Première Guerre
mondiale dans le but de saper l’armée russe – et cela s’est certainement produit. L’actuelle « indépendance » a été mise en place pour que les oligarques trotskistes locaux
puissent piller la nation alors qu’un gouvernement aligné sur la Russie était sur le point d’agir contre ces oligarques.
Le coup d’État de 2014 à Kiev a été essentiellement mis en place par Zbig « Grand Échiquier » Brzezinski pour entraîner la Russie dans une
nouvelle guerre partisane – comme en Afghanistan – et a été suivi par des ordres aux haciendas pétrolières du Golfe pour faire s’effondrer le prix du pétrole. Moscou devait protéger les
russophones en Crimée et dans le Donbass – et cela a conduit à davantage de sanctions occidentales. Tout cela n’était qu’un coup monté.
Pendant 8 ans, Moscou a refusé d’envoyer ses armées même dans le Donbass à l’est du Dniepr (historiquement partie de la Mère Russie). La raison : ne pas
s’enliser dans une nouvelle guerre partisane. Le reste de l’Ukraine, pendant ce temps, était pillé par les oligarques soutenus par l’Occident, et plongé dans un trou noir
financier.
L’Occident collectif a délibérément choisi de ne pas financer ce trou noir. La plupart des injections du FMI ont simplement été volées par les oligarques,
et le butin transféré hors du pays. Ces pillards oligarchiques étaient bien sûr « protégés » par les suspects habituels.
Il est toujours crucial de se rappeler qu’entre 1991 et 1999, l’équivalent de la totalité de la richesse actuelle des ménages russes a été volé et transféré
à l’étranger, principalement à Londres. Aujourd’hui, les mêmes suspects habituels essaient de ruiner la Russie avec des sanctions, car le « nouvel Hitler » Poutine a arrêté le
pillage.
La différence est que le plan consistant à utiliser l’Ukraine comme un simple pion dans leur jeu ne fonctionne pas.
Sur le terrain, ce qui s’est passé jusqu’à présent, ce sont surtout des escarmouches, et quelques vraies batailles. Mais comme Moscou rassemble des troupes
fraîches en vue d’une offensive hivernale, l’armée ukrainienne pourrait être complètement mise en déroute.
La Russie n’a pas l’air si mal en point, si l’on considère l’efficacité de ses frappes d’artillerie contre les positions fortifiées ukrainiennes, et les
récentes retraites planifiées ou la guerre de position, qui permettent de limiter les pertes tout en écrasant la puissance de feu foudroyante des Ukrainiens.
L’Occident collectif croit qu’il détient la carte de la guerre par procuration en Ukraine. La Russie mise sur la réalité, où les cartes économiques sont la
nourriture, l’énergie, les ressources, la sécurité des ressources et une économie stable.
Pendant ce temps, comme si l’UE, suicidaire en matière d’énergie, n’avait pas à faire face à une pyramide d’épreuves, elle peut certainement s’attendre à ce
qu’au moins 15 millions d’Ukrainiens désespérés, fuyant des villages et des villes sans électricité, frappent à sa porte.
La gare de Kherson – temporairement occupée – en est un exemple concret : les gens s’y présentent constamment pour se réchauffer et recharger leurs
smartphones. La ville n’a ni électricité, ni chauffage, ni eau.
Les tactiques russes actuelles sont à l’opposé de la théorie militaire de la force concentrée développée par Napoléon. C’est pourquoi la Russie accumule de
sérieux avantages tout en « remuant la poussière
d’un bol de feuilles de roses ».
Et bien sûr, « nous n’avons même pas encore commencé ».
Dans la journée, l’armée
russe a mis hors service le réseau électrique ukrainien.
Les attaques précédentes
avaient limité la capacité de distribution à environ 50 % de la demande. Des coupures contrôlées pendant plusieurs heures par jour ont permis de fournir de l’électricité pendant quelques heures à
la plupart des régions du pays. L’attaque d’aujourd’hui a créé un problème beaucoup plus important. Non seulement les réseaux de distribution ont été attaqués, mais aussi les éléments qui relient
les installations de production d’électricité de l’Ukraine au réseau de distribution. Les quatre centrales nucléaires ukrainiennes, avec leurs 15 réacteurs, sont désormais en mode
arrêt.
Kiev ainsi que la plupart des autres villes d’Ukraine n’ont plus d’électricité.
La Moldavie est également touchée,
car elle recevait environ 20 % de son électricité d’Ukraine. Lorsque le réseau ukrainien s’est arrêté, la seule centrale thermique locale s’est également arrêtée. Il est probable qu’elle puisse
être remise en service, mais le processus peut être compliqué.
Des importations limitées d’électricité du réseau européen vers l’Ukraine pourraient encore être possibles, mais cette électricité ne serait disponible que dans les
villes occidentales de l’Ukraine.
Avant l’attaque d’aujourd’hui, le Washington Post racontait les difficultés rencontrées pour
réparer le réseau. Comme nous l’avons déjà expliqué,
les attaques russes ont touché les transformateurs qui relient le réseau national de 330 kilovolts. Ils sont difficiles à remplacer :
Alors que l’étendue des dommages causés aux systèmes énergétiques ukrainiens est devenue évidente ces derniers jours, les responsables ukrainiens et occidentaux
ont commencé à tirer la sonnette d’alarme, mais ils se rendent également compte qu’ils ont un recours limité. Le système électrique
ukrainien datant de l’ère soviétique, il ne peut pas être réparé rapidement ou facilement. Dans certaines des villes les plus touchées, les responsables ne peuvent pas faire grand-chose
d’autre que d’exhorter les habitants à fuir, ce qui augmente le risque d’un effondrement économique en Ukraine et d’un afflux des réfugiés dans les pays européens voisins.
…
Le premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a déclaré qu’environ la moitié de l’infrastructure énergétique du pays était « hors service » à la suite des
bombardements.
…
Pendant des semaines, les missiles russes ont visé des éléments clés du système de transmission électrique de l’Ukraine, mettant hors service des
transformateurs vitaux sans lesquels il est impossible d’alimenter en électricité les ménages, les entreprises, les bureaux gouvernementaux, les écoles, les hôpitaux et d’autres installations
essentielles.
Lors d’un point de presse mardi, Volodymyr Kudrytskyi, directeur d’Ukrenergo, l’opérateur public du réseau électrique, a qualifié de « colossaux » les dégâts subis par
le système électrique.
…
Les Russes, a-t-il dit, visent principalement les sous-stations, des nœuds du réseau électrique où le courant est redirigé depuis les centrales. Les principaux
composants de ces sous-stations sont des autotransformateurs – « des équipements de haute technologie et de
coût élevé » qui sont difficiles à remplacer.
…
Une liste des « besoins urgents » de DTEK, la
plus grande société privée d’énergie du pays, qui circule à Washington, énumère des dizaines de transformateurs ainsi que des disjoncteurs, des bagues et de l’huile pour
transformateurs.
…
Mais ce sont les autotransformateurs – le « cœur » des sous-stations, selon
les termes de Kudrytskyi – qui figurent en tête de la liste des besoins des Ukrainiens et qui sont la clé du bon fonctionnement du réseau électrique du pays.
Les Ukrainiens ont essayé d’acheter tous les autotransformateurs qu’ils ont pu trouver, allant jusqu’en Corée du Sud pour en trouver, mais ils doivent encore
passer des commandes pour que d’autres soient construits.
« Nous essayons de rassembler tout ce
qu’ils ont actuellement dans le monde et d’en commander davantage« , a déclaré Olena Zerkal, conseillère au ministère ukrainien de l’énergie.
Toute tentative de réparation du réseau est inutile tant que la Russie continue de l’attaquer.
Pour mettre fin à ces attaques, il faut une solution politique. L’Ukraine devra finalement trouver un accord avec la Russie.
La Russie a également attaqué certaines des sources de gaz naturel dont dispose l’Ukraine :
La semaine dernière, la Russie a élargi ses cibles. Oleksiy Chernyshov, directeur général de la compagnie énergétique nationale ukrainienne Naftogaz, a déclaré
dans une interview qu’une « attaque massive de missiles »
avait touché 10 installations de production de gaz dans les régions de Kharkiv et de Poltava, dont Shebelinka, l’une des plus grandes zones de production et de forage.
« Bien sûr, nous allons faire de notre mieux
maintenant pour récupérer, mais cela prendra du temps, des ressources et du matériel« , a déclaré Chernyshov. « Le temps est essentiel« , a-t-il
ajouté. « Parce que l’hiver,
c’est maintenant. »
Le ciblage de l’approvisionnement en gaz est un développement critique, a déclaré Victoria Voytsitska, un ancien membre du parlement qui travaille maintenant
avec des groupes de la société civile pour fournir à l’Ukraine les équipements dont elle a besoin. Si Moscou supprime le réseau de gaz, dit-elle, les villes et les villages du pays pourraient
devenir « inhabitables« .
Le fournisseur de gaz russe Gazprom a annoncé qu’il allait réduire la
quantité de gaz traversant l’Ukraine pour aller vers les clients européens, car l’Ukraine en
vole :
Gazprom dit avoir remarqué qu’une partie du gaz destiné à la Moldavie dans le cadre d’un contrat avec l’entreprise gazière locale est détournée par l’Ukraine.
Si le déséquilibre dans le transit du gaz se poursuit, Gazprom commencera à réduire les flux de gaz via l’Ukraine dans la matinée du 28 novembre, a déclaré aujourd’hui le géant gazier russe,
comme le rapporte l’agence de presse russe TASS.
Sans électricité, il n’y a pas d’eau qui coule dans les systèmes de distribution d’eau des villes. Sans eau, les toilettes ne peuvent pas être utilisées. L’hygiène
publique en pâtira. L’internet est également en panne en Ukraine.
Un pays qui devient « inhabitable » a peu de chances de mener et de gagner une
guerre. Quand il n’y a pas de transport, pas d’électricité, pas de chauffage et pas de communication, tout devient incroyablement difficile.
Le flux de réfugiés que tout cela va provoquer va accroître la pression sur l’Europe pour pousser l’Ukraine à négocier la paix avec la Russie. Les conditions seront
dures, mais ils n’ont pas d’autre moyen de sortir de ce pétrin.
——-
Au cours des dernières semaines, les attaques ukrainiennes sur la ligne de front ont été remarquablement inefficaces. Il n’y a plus aucune coordination des grandes
formations. Les unités qui attaquent maintenant sont pour la plupart de la taille d’une compagnie ou même plus petites. Une
vidéo de 12 minutes montrant des images de drone d’une telle attaque a été publiée hier :
Assis sur le toit d’un véhicule d’infanterie blindé, une vingtaine de soldats ukrainiens se dirigent vers une zone fortifiée et pénètrent dans la première rangée
vide de tranchées. De là, ils tentent d’attaquer la deuxième rangée de tranchées, tenue par une poignée de soldats russes.
Les troupes ukrainiennes semblent être assez bien équipées, avec des casques et des gilets pare-balles. Mais ils n’ont pas de soutien.
L’infanterie russe riposte. Elle est soutenue par des tirs de mortier bien ciblés, des attaques d’artillerie, de chars et d’avions. Les Russes ont des drones en
l’air qui peuvent voir toute la scène. Les unités ukrainiennes n’ont que leurs fusils et quelques grenades à main. Après la destruction du peloton d’attaque, l’artillerie russe attaque et détruit
la zone industrielle d’où ils venaient. L’opération se termine par un désastre complet. Toutes les troupes ukrainiennes impliquées semblent être mortes. Le côté russe semble n’avoir eu aucune ou
très peu de pertes.
Cette bataille a eu lieu il y a un certain temps, mais c’est toujours incroyable à regarder maintenant qu’ils ont fait le montage concis.
Si l’on considère que de telles attaques se produisent par dizaines chaque semaine, les estimations du MoD russe concernant les pertes quotidiennes ukrainiennes
ne sont pas si farfelues.
Il y a plusieurs attaques de ce type par jour et seules quelques-unes réussissent.
Dans la direction de Donetsk, les unités de l’armée russe ont poursuivi leur intense opération. Plus de 60 militaires ukrainiens et cinq véhicules de combat
blindés ont été éliminés.
Dans la direction du sud de Donetsk, les tirs d’artillerie et les actions décisives des troupes russes ont repoussé une attaque des FAU vers Pavlovka avec les
forces du groupe tactique d’une compagnie.
En outre, à la suite d’une attaque par tir préventif, les réserves ennemies qui progressaient depuis Ougledar ont été détruites.
Un groupe de sabotage et de reconnaissance des FAU a été détruit près de Novodarovka (région de Zaporozhye).
Les pertes de l’ennemi s’élèvent à plus de 40 militaires ukrainiens tués et blessés, trois véhicules blindés, un MT-LB et quatre pick-up.
Dans la direction de Kupyansk, la tentative d’attaque d’une compagnie d’infanterie mécanisée des FAU, près de Novosyolovskoye (République populaire de Lugansk),
a été contrecarrée par des tirs d’artillerie et des systèmes de lance-flammes lourds.
Suite aux tirs d’artillerie russes, plus de 30 militaires ukrainiens, deux véhicules à moteur et un mortier ont été détruits.
Dans la direction de Krasniy Liman, une tentative de déplacement du groupe tactique d’une compagnie des FAU pour attaquer Chervonopopvka (République populaire
de Lougansk) a été perturbée par des tirs préventifs.
Jusqu’à 20 militaires ukrainiens, trois équipes de mortiers et deux véhicules motorisés ont été éliminés.
Les troupes d’aviation, de missiles et d’artillerie opérationnelles et tactiques de l’armée ont neutralisé le poste de commandement de la 128e brigade d’assaut
en montagne des FAU déployée près de Volnyansk (région de Zaporozhye), ainsi que 72 unités d’artillerie sur leurs positions de tir, des effectifs et du matériel dans 144 zones.
…
Cela fait au moins 150 soldats ukrainiens morts juste pour cette liste.
Je ne comprends pas pourquoi le commandement ukrainien continue à ordonner des attaques aussi insensées. Militairement, il aurait dû passer depuis longtemps en mode
défensif. Cela sauverait des vies ukrainiennes et rendrait plus coûteuse l’attaque des Russes.
——
Le Parlement européen, qui n’a aucune fonction législative sérieuse, a voté aujourd’hui en faveur d’une résolution non contraignante qui déclare que
la Russie est un « État soutenant le
terrorisme« . Certains Russes ont trouvé cela scandaleux. Quelques heures plus tard, le Parlement a été frappé par
une cyberattaque « sophistiquée » :
Le site web du Parlement européen a été touché par une attaque informatique, ont déclaré des responsables mercredi.
La présidente du Parlement, Roberta Metsola, a déclaré qu’il s’agissait d’une « attaque sophistiquée » et qu’un
groupe pro-Kremlin en avait revendiqué la responsabilité.
Elle a noté que l’attaque a suivi le vote des législateurs de l’UE visant à désigner la Russie comme un « État parrain » du terrorisme en
raison de sa guerre en Ukraine.
« Ma réponse est : Slava Ukraini (Gloire à
l’Ukraine)« , a déclaré Mme Metsola.
Cette peu pertinente conservatrice maltaise a encore beaucoup à apprendre.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Les Ukrainiens plongent dans l’obscurité et le froid du fait des frappes russes. Mais qui en Occident est prêt à “mourir pour Kiev”?
Nouvelle journée de bombardement intensifs des infrastructures, en particulier énergétiques, de l'Ukraine par la Russie. Ce soir 23 novembre, alors que la guerre
entre dans son dixième mois, toutes les centrales nucléaires ukrainiennes sont à l'arrêt. Visiblement l'Ukraine n'a pas les moyens, même avec l'aide occidentale,
de parer ces vagues de destruction de ses infrastructures. En réalité, l'Occident soumet l'Ukraine à une injonction paradoxale: il lui est enjoint de faire la
guerre mais sans qu'elle puisse se défendre car seule une entrée ouverte de l'OTAN en guerre contre la Russie pourrait équilibrer les forces en présence. Mais
personne, à l'Ouest, n'est prêt, au-delà de toutes les belles paroles, ) "mourir pour Kiev".
L’Ukraine a été soumise ce mercredi 23 novembre 2022 à de nouvelles salves de frappes russes sur les infrastructures. On
on compté 70 missiles, en tout.
Tout d’abord quelques tweets de Jacques Frère, dont le fil est remarquable pour suivre la guerre:
Des frappes massives
L’arrêt des centrales
Le canal Telegram Slavyangrad commente ainsi : “Après la frappe russe massive d’aujourd’hui, les médias ont immédiatement fait état de problèmes
dans les installations nucléaires en Ukraine.
La centrale nucléaire d’Ukraine du Sud, située dans l’Oblast de Nikolaev, est passée en mode
d’urgence, suivie par les centrales nucléaires de Rivne et de Khmelnitsky, dans l’ouest du pays.
La cause la plus probable de l’accident est la défaillance de sous-stations d’alimentation.
Cela a entraîné une forte baisse des consommateurs d’électricité produite par les centrales nucléaires, en raison de laquelle les équipes en poste ont été
contraintes d’arrêter les réacteurs et de les mettre au service des besoins propres des centrales.
Aujourd’hui, pour la première fois depuis le début de l’Opération Militaire Spéciale, toutes
les centrales nucléaires ukrainiennes ont été ” coupées ” du réseau électrique du pays.
Il n’est pas exclu que les ingénieurs électriciens parviennent à remettre en place les
circuits de secours et à redémarrer certaines des centrales nucléaires.” Mais cela prendra du temps.
En fin de journée, le Ministère ukrainien de l’énergie a confirmé: “Toutes les centrales
nucléaires et la plupart des centrales thermiques et hydroélectriques d’Ukraine sont hors tension ce mercredi, la grande majorité des consommateurs sont privés
d’électricité“.
Les Occidentaux sont en train de se déconsidérer dans le monde entier
On comprend que la stratégie russe consiste, par des frappes régulières, à paralyser le pays et, à plus ou moins brève échéance,
provoquer l’effondrement du pays, l’hiver venant. A l’exception d’Odessa, les températures sont déjà froides ce 23 novembre en début de
soirée:
Le gouvernement et l’armée ukrainiens sont impuissants face à ces frappes russes. L’Ukraine se trouve donc dans la situation où
l’Occident l’encourage à faire la guerre mais ne veut pas d’escalade avec la Russie – l’épisode du missile tombé en Pologne l’a montré. L’Ukraine est donc
confrontée à une véritable injonction paradoxale: on lui dit de faire la guerre mais sans lui donner les moyens de se défendre – et la seule façon de la
défendre serait que l’OTAN entre en guerre mais cela signifierait potentiellement une escalade nucléaire dont on ne veut pas.
Dans ce cas, la seule conclusion à en tirer serait – aurait été dès mars – de trouver un accord de paix. Plus
le temps passe, plus la société ukrainienne souffre, plus les Etats-Unis et l’UE se déconsidèrent aux yeux du reste du monde.
La destruction minutieuse
des systèmes énergétiques en Ukraine se poursuit.
Tiré de la
liste d’aujourd’hui telle que fournie par le ministère de la Défense de la Russie :
Le 17 novembre, les forces armées de la Fédération de Russie ont lancé une frappe concentrée, à l’aide d’armes aériennes, maritimes et terrestres à longue
portée et de haute précision, sur les installations de contrôle militaire, l’industrie de la défense, ainsi que sur les infrastructures énergétiques et de carburant connexes de
l’Ukraine. Les objectifs de la frappe ont été atteints. Tous les missiles ont frappé avec précision les installations désignées.
Je n’ai aucune idée si la dernière ligne est vraie mais cela n’a pas beaucoup d’importance.
Le ciblage de transformateurs de 330 kilovolts dans divers postes de commutation a réduit de 50 % environ la capacité de distribution du réseau électrique
ukrainien. Ces transformateurs pèsent jusqu’à 200 tonnes. Ils ne sont pas remplaçables. Vous ne les achetez pas au coin de la rue, mais vous devez les commander avec des années de délai. Pour
autant que je sache, la Russie est actuellement le seul producteur de transformateurs de ce type.
N’est-ce pas un crime de guerre que de détruire l’infrastructure qui approvisionne les civils ?
Cela dépend. Si l’infrastructure est utilisée exclusivement à des fins civiles, la destruction est illégale. Mais l’infrastructure électrique et de transport en
Ukraine est utilisée à des fins civiles ET militaires. Dans un article récent de Politico, des responsables ukrainiens le confirment même :
La frappe a permis de neutraliser les capacités de production d’armes nucléaires.
Je me demande où et de quoi il s’agit :
Un dépôt d’armement d’artillerie, livré par les pays occidentaux et préparé pour être envoyé aux troupes, a été détruit. Le redéploiement des
forces de réserve des forces armées ukrainiennes (AFU) et la livraison d’armement étranger aux zones d’opérations sont entravés.
La dernière phrase décrit le véritable objectif des attaques contre les systèmes énergétiques.
Le manque d’énergie dégrade le réseau ferroviaire qui achemine les armes de l’ouest vers le front oriental. Il rend le redéploiement des unités d’une section du
front à une autre très difficile et long. Elle donne l’avantage aux forces russes lorsqu’elles changent le Schwerpunkt de leurs attaques d’un coin de la ligne de front à un autre.
Un autre effet des frappes sur les systèmes électriques et des pannes dans les grandes villes qui les suivent sera un nouveau flux de réfugiés qui voudront
atteindre l’Europe occidentale. Avec le temps, cela changera l’opinion publique et les priorités politiques de ces pays. S’ils ne parviennent pas à mettre fin à la guerre, ils devront en porter
le fardeau.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Le retrait de Kherson par la Russie : Est-il tactique ou stratégique ?
Au cours des deux dernières années, une transformation étonnante s’est produite : une gigantesque masse grouillante de virologistes indépendants basés sur
Internet s’est spontanément transformée en une masse tout aussi grouillante d’experts en géopolitique. Et maintenant, avec la même soudaineté, ces géopoliticiens sont devenus des experts
militaires. Certains de ces nouveaux experts militaires estiment que la décision de la Russie, annoncée il y a deux jours, de retirer ses troupes d’un territoire situé sur la rive droite du
Dniepr, dans lequel se situe la ville de Kherson, est une défaite stratégique. Elle est stratégique parce que la stratégie de la Russie à l’égard de cette région est – en fait quoi ? Et c’est une
défaite parce qu’une retraite est le contraire d’une victoire, qui, dans le contexte de l’opération spéciale de la Russie dans l’ancienne Ukraine, serait – en fait quoi ? Ils ne le savent pas
(ils viennent de sortir de l’œuf), mais l’expression « défaite stratégique » impressionne et vise à nous
convaincre que ces virologues, je veux dire ces experts militaires, savent certainement de quoi ils parlent. Et même si ce n’est pas le cas, ajoutez-y un peu de Deep State, quelques
Bilderbergers, un Schwab ou deux, assaisonnez, mélangez, et vous obtiendrez une belle salade de mots.
Si vous préférez quelque chose de plus consistant à vous mettre sous la dent, voici quelques informations. Kherson est une région russe située juste au nord de la
Crimée. Elle fait partie du pont terrestre qui longe la côte de la mer d’Azov et relie la Crimée au reste de la Russie. Elle relie également la Crimée au puissant fleuve Dniepr par un canal qui
lui fournit de l’eau pour son irrigation et permet aux agriculteurs de Crimée de cultiver beaucoup de riz (entre autres choses). Et puis il y a la ville de Kherson, qui est à Kherson ce que
Kansas City est au Kansas, à la différence que si Kansas City est à cheval sur le fleuve Missouri, Kherson City est de l’autre côté du Dniepr par rapport au reste du territoire de Kherson. En
fait, la ville de Kherson se trouve du mauvais côté du fleuve (qui, dans ce cas, est également le bon côté, si vous êtes dans le sens de son écoulement).
Le Dniepr est en fleuve puissant. Il traverse Kiev, puis décrit un grand arc de cercle jusqu’à la mer Noire, formant une frontière naturelle difficile à franchir et
facile à défendre. Les Soviétiques l’avaient enjambé avec une douzaine de ponts et de barrages et y avaient construit des centrales hydroélectriques qui ont contribué à faire de l’Ukraine une
puissance économique – pour un temps. Mais cette époque est désormais définitivement révolue et les nationalistes ukrainiens actuels appellent cette période « occupation soviétique » et s’emploient à
détruire tout ce qui est soviétique, qu’il s’agisse des statues de Lénine sur les places des villes, les ponts, les barrages, qu’ils bombardent sans relâche. Jusqu’à présent, les dommages subis
par les barrages n’ont été que superficiels, mais un de ces jours, ils pourraient réussir à en détruire un, auquel cas un mur d’eau submergerait la ville de Kherson et ses environs, la rendant
invivable pour un bon moment.
Les Russes ont donc décidé d’évacuer la ville de Kherson et ses environs. Poutine a donné l’ordre direct d’évacuer tous ceux qui voulaient partir. Ces personnes ont
été transportées en Crimée, avec leurs enfants, leurs animaux domestiques et leurs parents âgés, dans des ambulances si nécessaire. Elles ont été logées et nourries, ont reçu un traitement
médical si nécessaire, puis ont reçu des bons de logement et des cartes de paiement avec un peu d’argent pour leur permettre de tenir jusqu’à ce qu’elles trouvent un emploi et qu’elles soient
envoyées dans une région russe où les emplois sont nombreux. Comme Kherson fait désormais partie de la Russie, ils sont tous automatiquement des citoyens russes dotés de tous les droits
inaliénables et de tous les privilèges qui s’y rattachent, ce qui les rend, selon les normes ukrainiennes contemporaines, ridiculement riches. Inversement, qu’est-ce que cela fait de ceux qui ont
refusé l’offre d’évacuation et ont décidé de rester dans une ville complètement délabrée, partiellement détruite, bombardée sans relâche, complètement minée, semi-abandonnée, qui sera noyée
lorsque le vieux barrage cédera ? Une stupidité embarrassante, je suppose… Du point de vue russe, l’évacuation était essentiellement un rapatriement des Khersoniens qui se considèrent comme
russes ; quant aux autres – quel est déjà ce mot vulgaire que Victoria Nuland aime prononcer ?
Examinons maintenant la ville de Kherson du point de vue de la logistique. L’hiver arrive, les ponts sont détruits et le Dniepr gèle, mais la ville est située assez
loin au sud par rapport aux normes russes, et donc elle ne gèle pas très rapidement ni de manière fiable. Pendant une grande partie de l’hiver, le fleuve sera fermé à la navigation, mais la glace
sera trop fine pour permettre le passage de camions lourds et de chars. Il n’y a pas non plus d’aéroport [Il y en a bien 1 au nord de la ville mais dans quel état ?
NdT]. Il n’est pas nécessaire d’être un expert militaire (ni un virologue de talent) pour comprendre que l’évacuation et le retrait de Kherson étaient la seule option viable. Oui, il s’agit
d’une retraite, et certaines personnes pensent qu’une retraite est en quelque sorte toujours une mauvaise chose. La retraite de Koutouzov de Moscou en 1812 était-elle une mauvaise chose ? Elle
l’a certainement été pour Napoléon ! Et puis, en 1942, il y a eu la retraite en traversant la Volga, à Stalingrad. Comment cela c’est-il passé pour Hitler ?
Ainsi, la ville de Kherson est du mauvais côté du fleuve, impossible à réapprovisionner, complètement dépeuplée, avec des infrastructures délabrées par trois
décennies de corruption, de vol et de négligence ukrainiennes, à moitié détruites par les bombardements ukrainiens incessants de ces derniers mois, et sera potentiellement inondée lorsque le
barrage cédera. D’un autre côté, les prix de l’immobilier y sont assez raisonnables en ce moment, et c’est toujours un territoire russe – une partie de la région de Kherson, qui a été acceptée
dans la Fédération de Russie le 4 octobre 2022, sur la base des résultats d’un référendum public. Selon la constitution russe, aucune partie du territoire russe ne peut être vendue, aliénée ou
échangée. Les hostilités se poursuivront donc jusqu’à ce que ce territoire soit à nouveau sous contrôle russe et que le drapeau russe flotte à nouveau sur ce qui restera de la ville de
Kherson.
Et si ce morceau de terre particulier du mauvais côté du Dniepr est un territoire russe, alors qu’en est-il du reste ? Que diriez-vous d’une belle bande de terre
agricole dépeuplée et démilitarisée de quelques centaines de kilomètres de large le long de la mauvaise rive du Dniepr, patrouillée par des drones et périodiquement labourée, plantée et récoltée
par des machines agricoles robotisées ? Ce plan semble parfaitement réalisable ; il ne reste plus qu’aux fiers propriétaires de ce qui reste de l’Ukraine (qui en réalité se trouvent à Washington)
à réaliser que c’est la meilleure offre qu’ils puissent recevoir. Les Russes sont toujours assez raisonnables au début, puis le deviennent de moins en moins, et leur offre finale n’est
généralement pas une offre du tout – juste la mort.
Maintenant, supposons que les Washingtoniens ne se mettent pas allègrement sur le dos, pour laisser Poutine leur gratter le ventre et ensuite se pisser dessus dans
une joie de chiots. Après tout, l’Ukraine est une terre américaine ! Ils ont acheté ces terres à des oligarques ukrainiens, ou les ont gagnées en jouant au poker avec eux, ou les ont simplement
prises parce qu’elles leur plaisaient… Supposons qu’au lieu de cela, ils impriment d’énormes liasses de dollars et les donnent aux Ukrainiens, qui s’assoient sur place et envoient d’un air
maussade ces liasses de dollars en direction des Russes, qui sont confortablement installés sur la bonne rive du Dniepr (celle de gauche), profitant des douillettes mitaines de laine que des
millions de grands-mères russes sont en train de leur tricoter. Alors comment la Russie peut-elle établir cette belle et large bande de terre ? Je ne suis pas un virologue et je ne pourrais pas
distinguer l’ARN messager de l’ARN ordinaire, mais je sais reconnaître une protéine de pointe (elle a des pointes, bien sûr !) et je sais aussi lire une carte. Et en la regardant, je vois
clairement que le moyen le plus rapide et le plus direct pour la Russie de faire cela est de lancer une attaque depuis le Belarus, en passant par Kiev, puis descendre jusqu’à Odessa sur la mer
Noire. La côte de la mer Noire étant déjà bloquée par la marine russe, les voies de réapprovisionnement des forces ukrainiennes/OTAN à l’est de cette ligne seraient coupées et l’action militaire
sur le territoire de l’ancienne Ukraine prendrait fin peu après.
Ce qui freine ce plan, c’est la population : il reste encore quelques millions de personnes dans ces territoires, et qui, à votre avis, est censé les nourrir ? Les
Russes ? Pas question ! Ces gens ont eu l’occasion de se déclarer russes et de se joindre aux Russes dans la lutte contre les nazis ukrainiens (qui ont toujours été plutôt peu nombreux mais,
étant donné leur soutien occidental généreux, plutôt influents). Mais ils ont laissé passer cette chance, et il faut maintenant les persuader de faire leurs valises et de rejoindre l’Union
européenne. La façon la plus simple de le faire est de leur présenter la perspective d’un hiver long et froid, sans électricité, sans chauffage, sans eau courante, sans nourriture dans les
magasins et sans argent. (La situation pourrait bientôt être sensiblement la même dans une grande partie de l’Union européenne elle-même, mais laissons leur l’opportunité de le découvrir par
eux-mêmes). C’est exactement ce que fait la Russie, qui a déjà mis hors service 40 % de la capacité de production d’électricité de l’Ukraine tout en infligeant de nombreux autres dommages à
l’infrastructure, principalement à l’aide de missiles lancés depuis des navires et des avions, et de nouvelles mobylettes volantes fantaisistes appelées Geranium 2 (un drone suicide iranien
alimenté par un moteur à deux temps bon marché de fabrication chinoise).
Jusqu’à présent, il ne s’agit que de tactique, mais qu’en est-il de la stratégie ? Eh bien, d’un point de vue stratégique, c’est un signal pour les États-Unis et
l’OTAN, et ces mandataires et mercenaires que la Russie combat actuellement en Ukraine. (Grâce à la dissuasion nucléaire de la Russie, les guerres par procuration sont tout ce qu’ils peuvent
risquer). Ce que la Russie leur signale, ainsi qu’à son propre peuple et au reste du monde, c’est que cette opération militaire spéciale est un engagement à durée indéterminée, sans échéance
précise, mais avec un objectif défini : assurer la sécurité de la Russie. La Russie peut la maintenir, littéralement, à l’infini. De plus, c’est probablement une bonne chose pour elle : le peuple
devient plus uni, l’économie se dédollarise, le rouble est plus fort qu’il ne l’a été en 22 ans, l’influence culturelle occidentale est éliminée, les ennemis internes sont éliminés et la machine
militaire russe reçoit une mise au point bien nécessaire. Pendant ce temps, le reste du monde peut prendre tout son temps pour se faire à l’idée que l’Occident collectif est en train de
disparaître. La Russie a tendance à remporter ses plus grandes victoires au cœur de l’hiver. Sa victoire peut venir cet hiver, ou le suivant, ou celui d’après…
Quant à moi, j’adore l’hiver ! J’ai hâte d’aller skier et patiner. Je viens de mettre des pneus cloutés sur mon van militaire Bukhanka, pour le préparer aux
aventures hivernales. Je pourrais même faire le traditionnel plongeon dans un trou de glace le 6 janvier (Épiphanie). Cet hiver devrait être bon.
——-
Déclaration complète du ministère de la Défense sur le passage du Dniepr :
Aujourd’hui à 5 heures du matin, heure de Moscou, le transfert des unités russes sur la rive gauche du Dniepr a été achevé.
Pas une seule pièce d’équipement militaire et d’armes n’a été laissée sur la rive droite, tous les militaires russes ont traversé vers la rive gauche, aucun
abandon de personnel, d’armes, d’équipement militaire et de matériel du groupe russe n’a été autorisée.
Les forces russes qui ont traversé occupaient des lignes et positions défensives préparées à l’avance en termes de génie.
Tous les civils qui souhaitaient quitter la partie de la rive droite de la région de Kherson ont reçu une aide pour leur évacuation.
La nuit, l’ennemi a tenté de perturber le transport des civils et le transfert des troupes vers la rive gauche – les militaires ukrainiens ont frappé 5 fois aux
points de passage avec des roquettes HIMARS, la défense aérienne russe a abattu 28 obus, 5 autres ont été déviés de leurs cibles au moyen de la guerre électronique.
Au cours des deux derniers jours, l’avancée des unités ukrainiennes dans certaines zones [de la région de Kherson] – n’a pas été de plus de 10 km.
L’artillerie et les frappes aériennes russes ainsi que l’utilisation de mines et de barrières explosives ont arrêté les unités ukrainiennes à 30-40 km de la
zone de traversée du Dniepr.
Les drones Lancet et les tirs de roquettes MLRS ont détruit 3 obusiers tractés américains M777, 2 véhicules de combat d’infanterie et 3 camionnettes ennemies
pour la journée, plus de 20 soldats ukrainiens, 2 chars, 2 affûts d’artillerie automoteurs et 3 véhicules de combat blindés ont sauté sur des champs de mines.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
En quelques heures, le dossier était plié. Les Américains décidaient qu'il n'y aurait pas de surenchère anti-russe sur les missiles tombés en Pologne. J'ai demandé
à Alexandre N. de nous décrypter cette rapidité inhabituelle à "innocenter" les Russes. C'est moins dû à un souci de la vérité qu'au constat du rapport de forces
réel, sur le terrain. Le Pentagone sait que la supériorité aérospatiale russe est bien réelle et le Ministère de la Défense américain n'a pas envie de se livrer à
une escalade qui se finirait par une défaitre piteuse : Depuis le début de la guerre, tous les systèmes de défense antiaérienne
fournis par les Occidentaux à l'Ukraine, ont été mis en échec par les armes aérospatiales russes.
J’aime toujours m’entretenir avec Alexandre N. parce que “ça décape”. Toutes les erreurs de stratégie sont passées au
crible. Russes ou occidentales. A travers l’histoire. Mais récemment, la balance penche du côté occidental. Et, ce matin, Alexandre était
particulièrement sarcastique:
“Avez-vous remarqué la vitesse à laquelle les Américains ont douché l’enthousiasme
des Polonais à déclencher l’antépénultième guerre mondiale ? La vitesse à laquelle soudain on a extrait de terre des bouts de ferraille avec des marquages
ukrainiens ? Du jamais vu !“
C’est d’autant plus vrai que sur Nordstream, par opposition, c’est silence radio depuis des semaines. Comme quoi, quand on
veut, du côté américain, on peut aller très vite vers la vérité. Mais quelle est la motivation américaine ? Hier soir, on avait un scénario où Zelenski faisait
des bonds en réclamant une punition sévère de la Russie. Le gouvernement polonais tendait à dramatiser. Et on avait même Associated Press qui avait interrogé
une “gorge profonde” du renseignement américain qui était sûre de son coup : Les projectiles incriminés étaient le résultat d’un tir russe. Et puis ce
matin tous les médias occidentaux marchent au pas. Une, deux, une deux : On vous dit que c’est une erreur ukrainienne.
“La DCA occidentale est complètement dépassée. Il faut calmer le jeu.”
Pour Alexandre N. : “Le problème est simple : il faut calmer le jeu avec la Russie
parce que la DCA occidentale est complètement dépassée et que, par conséquent, aucune capitale de l’OTAN n’est plus
protégée“. Non seulement Kiev mais Varsovie, Berlin, Paris, Londres. Et même Washington. Mon
interlocuteur ajoute: “Aucun des systèmes n’a résisté : IRIS-T SLM allemand, Arrow-3 israelien, crotale français, …
Les missiles russes ont tout percé, avec un ratio de pertes minimal.
De plus les stocks occidentaux ont été stupidement épuisés.
La raison en est tout simplement une vaste erreur de stratégie des moyens : Les Occidentaux
ont mal anticipé la menace aérienne “future” ( en particulier l’impact des drones et l’émergence des armes hypervéloces ) et çe n’est absolument pas
réparable dans les 10 années qui viennent. Donc personne n’a envie de s’engager dans une escalade avec la Russie“. Il y a suffisamment d’esprits
lucides dans les états-majors occidentaux. Et ils savent ce que les sociétés occidentales ne doivent pas percevoir : L’OTAN s’est engagé imprudemment
dans un bras de fer avec la Russie.
La journée du 15 novembre a montré l’impuissance ukrainienne (et donc OTANienne)
Il est vrai qu’il n’y a pas que des aigles dans les états-majors de l’OTAN. “On a eu droit à
un méchant désaveu par le réel : Le 15 novembre au matin, la propagande américaine, reprise par les Ukrainiens et les médias européens, expliquait que
les Russes étaient en rupture de stock pour les missiles et les drones. Dans les heures qui suivent, l’Ukraine subit des attaques comme jamais!“
En effet, le bilan de la journée du 15 novembre est terrible. A se demander si la montée en épingle des missiles tombés en
Pologne n”avait pas pour objectif de faire oublier les destructions infligées par les Russes aux infrastructures ukrainiennes, sans que les Kiéviens
puissent riposter.
“À la suite de dizaines de frappes dans diverses régions d’Ukraine, le courant a été
coupé à Kiev, Kharkov, Jytomyr, Khmelnytsky, Soumy, Lvov, Rivne, Odessa et Izyum. Il y a également eu des frappes sur Vinnitsa, Krivoy Rog, Kovel, Krementchoug,
Ivano-Frankivsk, Zaporozhye, etc. etc. Regardez les photos/vidéos et autres détails des frappes sur la chaîne https://t.me/boris_rozhin et
vous aurez une idée de la disproportion des forces, alors que l’Ukraine est entraînée par l’OTAN depuis des années“. Et Alexandre N. surenchérit suite à ma question: “Lorsque Rybar expliquait
ironiquement, à la fin de l’après-midi, “Dans la soirée, nous attendons des histoires sur le fait que les 120% des missiles volant vers l’Ukraine ont été
abattus”, il nous donne une des clés de la polémique sur les missiles tombées en Pologne. Il y avait une tentative de diversion de la part des
Ukrainiens et des Polonais”.
Les Américains ne veulent pas engager de missiles Patriot en Pologne
Mais les Américains n’ont pas voulu entrer dans ce jeu :
“Probablement la prudence américaine s’explique-t-elle par la volonté de ne pas engager les
Patriot en Pologne. On sait déjà (expérience yéménite) qu’ils ne sont pas performants. Je le sais pour ma part depuis 1992 où je l’ai vu en action sur un
terrain d’essai américain. Ce missile a une faute de conception. Il ne fait pas le poids face aux missiles russes“.
Est-on arrivé à un point d’inflexion, demandé-je pour finir à mon interlocuteur ?
“Il est clair que le Pentagone ne veut pas de guerre. Pour moi, les Russes commencent donc à
jouer pour que l’Etat profond nous fasse un remake de “règlement de compte à OK Corral” entre ceux qui veulent la guerre et ceux qui ne la veulent
pas“.
Source : Le Courrier des Stratèges - Le 17/11/2022.
Pourquoi les Russes sont-ils partis de Kherson ? Pour François Martin, on en a fait une énigme, alors que les explications sont très simples.
Il existe plusieurs raisons qui expliquent facilement le retrait des troupes russes de Kherson. Elles tiennent soit à la
géographie locale, soit au moment de la guerre, soit à la nature même de celle-ci.
La géographie
J’avais dit dans un article précédent (1) que le retrait des russes de Kherson était un piège, parce que l’idée qui devait les
titiller, dans ce « jeu d’échecs de la guerre », que nous voyons se déployer depuis huit mois, était de faire aux ukrainiens une « variante
Moscou » (ce qu’ils ont fait à Napoléon), ou une « variante Stalingrad » (ce qu’ils ont fait à Hitler). Je m’étais trompé, ou plutôt, il
convient d’adapter et de mieux préciser les choses.
En effet, Kherson n’est pas Moscou. Si, à Moscou, les russes avaient bien quitté la ville avant de la laisser à Napoléon, puis
de la brûler, il convient de noter que cette tactique était alors beaucoup plus dommageable pour les français, d’abord parce que l’on était déjà en plein
hiver, et surtout parce que les lignes logistiques de l’armée françaises étaient considérablement plus étirées que ne le sont actuellement les lignes
ukrainiennes à Kherson. Napoléon s’en était aperçu, qui rentrera en France après une course folle de 13 jours, et qui abandonnera son armée (2), laquelle sera
totalement décimée par le froid, la faim et le thyphus pendant son retour. Il y laissera près de 530.000 hommes (3). Autant dire que, pratiquement sans
combattre, et sans même l’avoir battu militairement (4), mais seulement par le jeu de ce qui ne s’appelait pas encore une « guerilla », les russes
supprimeront la menace du français, qui ne s’en relèvera plus.
A Stalingrad, la situation était aussi différente. En effet, au niveau de cette ville, la largeur de la Volga est faible, et en
plus divisée en deux bras qui enserrent une île. Si le nord et le sud du fleuve étaient aux mains des allemands, la partie orientale face à la ville ne l’était
pas, ce qui permit aux russes, avec des ponts ou des barges, de réapprovisionner le quartier dit des usines, dernière partie résistante de la ville, pendant
toute la durée de la bataille (5). A Kherson, la largeur du Dniepr fait semble-t-il un km. A supposer que les russes aient voulu laisser dans la ville tout ou
partie de leurs 25.000 soldats, il n’aurait pas été possible de les ravitailler en armes ou en troupes pour organiser une telle résistance, ni de les évacuer
ensuite correctement. A coup sûr, les ukro-américains auraient concentré leurs efforts sur ce point, créant ainsi une sorte de Marioupol à l’envers, ce qui
aurait constitué, pour le coup , une grave défaite pour les russes.
Il faut rappeler qu’une défaite stratégique se produit soit lorsque l’on conquiert un espace stratégique, qui permet une
nouvelle attaque vers d’autres objectifs, soit lorsque l’on tue ou emprisonne un grand nombre d’adversaires. A Marioupol, les ukrainiens ont subi une défaite
stratégique majeure, avec la perte d’un territoire contrôlant un immense complexe industriel et la mer d’Azov, et celle d’une quantité importante de
combattants très aguerris. A Kherson, le contrôle de la rive droite du Dniepr ne sert à rien aux ukrainiens, puisque le fleuve est trop large pour organiser à
partir de là une traversée sans se faire repousser. Par ailleurs, ils n’ont « piégé » aucun groupe de combattants russes. En fait, bien qu’ils la
célèbrent comme il se doit devant les caméras du monde entier et qu’ils soient embrassés par les populations pro-russes qui sont restées (6), leur entrée à
Kherson n’est même pas une « victoire à la Phyrrus ». Ce n’est pas une victoire du tout, mais seulement une occupation de terrain qui ne leur
servira à rien et va les rendre plus vulnérables.
En effet, la future réponse des russes est dejà limpide, comme Zelensky l’a annoncé lui-même, en disant : « Ils attendent que nous nous regroupions dans la ville pour nous écraser sous les bombes ». Il reconnaît lui-même que la
ville n’est pas tenable, et donc qu’elle ne lui sert à rien. Par ailleurs, s’ils ne les ont pas déjà minées (7), il suffira que les russes, comme ils l’ont
fait ailleurs, détruisent les centrales d’eau et d’électricité pour rendre la ville invivable. Dès que le froid sera venu, les habitants frigorifiés devront
fuir vers l’exil, comme il vont le faire à Kiev et ailleurs. Les russes n’ont donc, pour le moment, depuis l’autre côté du fleuve, rien à faire d’autre que de
préparer le futur désastre, et d’attendre qu’ensuite, le « Général Hiver » fasse le reste. Nonobstant les clameurs du camp occidental, ce sont bien
les russes qui tiennent, pour le moment, la bonne position.
Une trève qui ne dit pas son nom
Cette bataille de Kherson était aussi le moment d’une trève. En effet, on peut penser que les ukro-américains, après les
multiples tentatives d’attaques repoussées, où ils ont laissé une quantité de forces, en matériel et en armes, avaient besoin d’une pause. Il en était de même
pour les russes, qui sont en plein réaménagement de leur dispositif : nouveaux hommes, avec l’arrivée des 300.000 réservistes et, certainement, nouveaux
objectifs. Pour eux aussi, une pause était salutaire. Ainsi, il est fort probable que celle-ci ait été négociée entre les deux belligérants, les uns trop
heureux d’afficher leurs succès, même factices, et les autres contents de pouvoir « fignoler » plus tranquillement leur dispositif. C’est pour cette
raison, parce qu’ils ne craignaient pas, dans ce cas précis, d’afficher leurs objectifs, que les russes ont annoncé leur départ officiellement et bien à
l’avance. Pourquoi, en effet, en faire mystère alors que ce n’était, probablement, qu’un « secret de Polichinelle » dans les milieux bien
informés ? De plus, cela permettait (et c’est fort important) de mieux « préparer » les opinions russes et les « leaders d’opinion »,
comme Kadyrov, afin d’éviter des couacs comme par le passé.
Par ailleurs, le fait de « fixer » ainsi une partie de l’armée ukrainienne à Kherson ou aux alentours permettra aux
russes, comme dans beaucoup de cas précédents (8), de les empêcher de se déplacer vers ce qu’ils considèrent comme le théâtre d’opération principal de cette
guerre : le Donbass.
Enfin, cette pause est aussi, pour les russes, une opportunité de réallocation de leurs ressources. Dès son arrivée à la tête de l’armée russe en Ukraine début Octobre, le nouveau commandant
en chef Sergueï Sourovikine avait critiqué le dispositif actuel. Sans doute le changement était-il l’une des conditions de son acceptation du poste. En effet,
pourquoi immobiliser 25.000 soldats, parmi lesquels des troupes très aguerries, pour défendre une ville sans aucun intérêt stratégique ? De l’autre côté
du Diepr, bien protégé par la largeur du fleuve, et organisé pour détruire par l’artillerie toutes les forces adverses qui s’approcheront trop de la ville, il
va pouvoir diminuer son contingent de 25.000 à 10 ou 15.000 hommes, et envoyer le reste vers le Donbass, là où ils seront infiniment plus utiles. A tous points
de vue, ce changement, qui est bien plus un retrait qu’une retraite (les ukrainiens n’ont pas tué un seul soldat russe pendant cette manœuvre) est bénéfique pour les russes.
Les Russes ont intérêt à faire durer la guerre
Nous l’avons souvent dit, pour les russes, ce conflit n’est pas une guerre de « décapitation », mais de
« dévitalisation » de leur adversaire. Bien plus que du gouvernement ukrainien, ils doivent se débarrasser, et pour longtemps, de la menace
américaine et européenne. Pour cela, ils doivent « nous » saigner à blanc.
Dans un entretien réalisé par Laurent Schang et Slobodan Despot (9), l’historien suisse Bernard Wicht explique ainsi le
« jeu du chat et de la souris » que, selon lui, les russes pratiquent avec le camp occidental. Il
dit :
« Je pense que cette expression pourrait, à elle seule, livrer « la » clef
requise pour décrypter ce qui se passe à l’heure actuelle :
Pour mémoire, l’objectif de la Russie n’est pas prioritairement l’Ukraine, mais
la sidération et le déséquilibrage de l’UE et de l’OTAN
(crise énergétique ® crise
économique ® inflation ® récession,…
D’autre part, sous la pression de ses mentors occidentaux, le président Zelensky a
retiré ses propositions de paix de février-mars. La guerre peut donc se poursuivre jusqu’à épuisement : c’est très vraisemblablement le jeu que
pratique le chat russe avec la souris ukrainienne. Une solution négociée paraissant impossible aujourd’hui, seul l’épuisement (démographique) de l’Ukraine
peut garantir à la Russie une relative « tranquillité » à long terme sur sa frontière sud-ouest.
Dès lors, cette dialectique chat/souris pourrait expliquer l’attitude russe visant à
« ne pas vouloir en finir».
Une telle posture stratégique n’est pas inédite dans l’histoire militaire. Le cas de la
Guerre civile espagnole (1936-1939) est particulièrement emblématique à cet égard.
Le général Franco, commandant en chef des forces nationalistes, a été considéré pendant
longtemps, certes comme un homme politique très habile, mais comme un piètre stratège sur le terrain. Malgré
la supériorité militaire dont il dispose, il aurait fait de mauvais choix opérationnels laissant aux Républicains l’opportunité de mener des contre-attaques
désespérées prolongeant, de la sorte, la guerre d’au moins un an. Puis récemment, les recherches historiques ont
révélé que ces « mauvais choix » avaient été faits sciemment afin d’épuiser le potentiel humain des Républicains dans des batailles
d’anéantissement où la puissance de feu de l’armée nationaliste pouvait donner sa pleine mesure. A titre d’exemple, en septembre 1936 déjà, plutôt que
s’emparer de Madrid alors très peu défendue, et obtenir ainsi la capitulation du gouvernement républicain et terminer la guerre en deux mois, il opte pour la
prise de Tolède, ville certes très symbolique mais dont l’importance stratégique est relative. Il veut une guerre
longue pour détruire le potentiel démographique des Républicains et « nettoyer » de la sorte les régions conquises des populations
favorables au régime en place. Il considérait qu’il ne pourrait pas disposer de la stabilité nécessaire à la
reconstruction du pays si une jeune génération pro-Républicaine suffisamment nombreuse survivait à la guerre. Il le dit explicitement dans un
entretien : « Dans une guerre civile, mieux vaut une occupation systématique du territoire, accompagnée du
nettoyage nécessaire, qu’une déroute rapide des armées ennemies qui laisserait le pays infesté d’adversaires. »[1]
Outre la ressemblance frappante entre Poutine et Franco (10), il semble bien que la guerre ukrainienne soit menée par les russes
dans le même esprit que la guerre civile espagnole : il faut à Poutine une guerre longue. Ainsi, en réponse à
la stratégie initiale des américains, qui visait à « vietnamiser » les russes, il semble bien que ce soit ces
derniers qui aient, finalement, rendu la monnaie de leur pièce à leurs adversaires (11).
Dans cette perspective, on comprend le peu d’intérêt à obliger une partie des 25.000 soldats qui occupaient Kherson à faire un
« Fort Chabrol » pour rien. Bien au contraire, dans une guerre longue et à l’économie, il est bien plus utile de les préserver. La
« valeur » des soldats disponibles va devenir de plus en plus « chère » au fur et à mesure de l’avancement du conflit.
De plus, ne l’oublions jamais, cette guerre est faramineusement chère pour les
occidentaux. En effet, si, pour les russes, le financement par l’Etat est facilement remboursé par les énormes surprofits
causés par nos propres sanction (12), du côté occidental, il n’en est pas de même. Des près
de 80 Milliards de USD qu’ont coûté a) les travaux de la CIA visant à destituer le gouvernement de
Ianoukovitch en 2014 (10 Milliards de USD), b) les frais militaires pour former l’armée ukrainienne et la « ligne Maginot » après 2015 (3,5 Milliards
de USD), c) le coût de la présente guerre, armes et formations militaires, et prêts civils (le reste, versé par les USA et l’UE depuis Février 2022), il ne
faut pas oublier que tout est financé par des « prêts-bail » qui ne seront jamais remboursés. L’Etat ukrainien en faillite, à lui seul, coûte entre 5 et 8 milliards de USD par mois (13). Deux mois de
guerre supplémentaires coûteront donc mécaniquement à l’occident près de 15 milliards de USD, et 6 mois plus de 40 Milliards (14), alors que, rappelons-le
encore, depuis 8 mois, aucune victoire stratégique n’a été remportée par son camp, mais seulement des
« victoires médiatiques ». Combien de temps nos dirigeants vont-ils continuer à payer pour que, vraiment, cela change ?
Car par ailleurs, il faut impérativement payer l’Etat ukrainien tous les mois, sinon tout s’arrête : armée, police, fonctionnaires, postes, trains, hopitaux, écoles, etc…
C’est inenvisageable pour l’occident. Le camp américano-européen a donc, au-dessus de sa tête, une énorme
« épée de Damoclès » qui s’alourdit tous les jours…
On comprend bien qu’à l’approche de l’hiver, et alors même que Poutine vient de « remettre au pot » 300.000 hommes,
avec la possibilité de rajouter ensuite jusqu’à 2 millions de réservistes et 25 Millions de conscrits s’il le faut, une « certaine nervosité »
commence à s’emparer du camp occidental, pour demander à Zelensky de montrer un peu plus de souplesse…
Les prochains objectifs des russes
Une autre des raisons qui laissent à penser que, probablement, la guerre sera longue, est le fait que tous les objectifs de
Poutine ne sont pas atteints. Il en reste un de taille : Odessa. Il est en effet impossible de penser que
Poutine s’arrêtera avant de conquérir ce port. D’abord, parce qu’il est sur la route de la Transnistrie, avec laquelle la Russie veut faire la jonction.
Ensuite, parce que l’objectif premier de cette guerre est d’obtenir, d’une façon ou d’une autre, la démilitarisation de l’Ukraine (15), afin qu’elle ne soit plus jamais un danger, un « pistolet sur la tempe de Moscou », comme Poutine l’a expliqué à son opinion dès les premiers jours de la guerre. Depuis la
prise de Liman, après 6 mois de guerre où Poutine a soigneusement ménagé la partie occidentale de l’Ukraine, et la liberté d’action de Zelensky et des
occidentaux, période pendant laquelle il a méthodiquement liquidé l’armée ukrainienne, avec un espoir de négociation qui n’est jamais arrivé, Poutine a
« franchi le Rubicon ». Il s’est persuadé que malgré ses « ouvertures », l’affaire irait jusqu’au bout, parce que les américains ne
renonceraient pas à leur projet de liquider son pays. Il s’est donc décidé à obtenir de facto ce qu’il
n’obtenait pas de jure (16).
Pour cette raison, il a russifié les quatre oblasts. Et pour cette même raison, il lui faut le contrôle total de la mer Noire et
aussi Odessa. En effet, il ne lui servirait à rien de « dévitaliser » toute l’Ukraine, ainsi que le potentiel militaire et financier de l’occident,
s’il leur laissait Odessa. Dans ce cas, la premiere chose que ferait le camp adverse, pour ressusciter l’opposition à la Russie, serait de monter une base
militaire de l’OTAN à Odessa, juste en face de Sébastopol. C’est absolument impossible. Il est donc certain que la Russie ne s’arrêtera pas avant d’avoir
conquis ce port.
Comment Poutine va-t-il s’y prendre ?
On peut penser qu’il va d’abord attendre le froid, pour voir comment se comportent les populations du pays, les politiciens et
les militaires, et aussi les opinions européennes. Il va continuer à détruire méthodiquement les infrastructures ukrainiennes, afin que le pays non contrôlé
par la Russie devienne totalement invivable. Il va continuer à « mettre la pression » dans le Donbass, pour se rapprocher de Kramatorsk, son objectif
ultime. Il va vérifier que les occidentaux n’ont « plus de billes » pour payer l’Etat ukrainien en faillite et livrer des armes. Il va continuer à
former ses troupes, et à renforcer son dispositif sur l’ensemble du front, sous une forme essentiellement défensive, et en économisant ses forces pour une
guerre longue.
Il est fort possible qu’il fera durer les choses ainsi tout l’hiver, espérant ainsi démoraliser profondément ses adversaires. Il
est probable qu’il ne fera rien dans le sud, maintenant qu’il y est bien protégé par le Dniepr, et qu’il concentrera tous ses efforts pour briser la
« tenaille » du Donbass, et parvenir à conquérir Slaviansk, puis Kramatorsk. Ce n’est qu’après, sans doute, lorsqu’il n’aura plus d’armées en face,
ni d’ennemis extérieurs prêts encore à payer, car confrontés à leurs opinions ruinées et furieuses, qu’il lancera une contre-offensive par le nord de Kherson,
dans une partie du Dniepr où le fleuve est moins large, et qu’il redescendra celui-ci par la rive droite vers le sud, pour reprendre ainsi Kherson (ou ce qu’il
en restera), puis continuer jusqu’à Mykolayiv, afin de s’ouvrir la route vers Odessa. Cela pourrait se produire cet hiver, mais plus probablement au printemps
ou même à l’été prochain, après que ses adversaires aient été totalement « dévitalisés ».
Dans toutes ces hypothèses, nous pouvons être certains d’une chose : quoi qu’ils décident, les russes prendront tout leur temps. Ils sont, à ce titre, comme les peuples africains qui aiment à nous dire : « Vous, vous avez la montre. Nous, nous avons le temps ». Dans certains cas, c’est un défaut. Dans le cas de l’Ukraine, il
semble bien que ce soit la clef de la guerre.
(2)Napoléon est coutumier du fait. Déjà, après l’immense défaite navale d’Aboukir, qui avait privé son armée de possibilité de
retour d’Egypte, il avait abandonné celle-ci sur place et était rentré en France tout seul en criant victoire.
(4) La seule « vraie » bataille de cette campagne sera la bataille de Borodino (ou bataille de la Moskova) remportée par
Napoléon, et qui lui ouvrira la porte de Moscou. Elle n’aura pas de conséquences stratégiques, dans la mesure où elle ne liquidera pas le potentiel de l’armée
russe.
(6) Ce qui prouve bien que, contrairement à ce qu’on a dit, la Russie n’agit pas par la contrainte en Ukraine, pour ce qui
concerne les populations. Ceux qui n’ont pas voulu quitter Kherson se sont évidemment identifiés comme pro-ukrainiens. Dans d’autres guerres, ils auraient été
soit liquidés, soit emmenés de force sur l’autre rive et parqués dans les camps. Ici, les russes ne l’ont pas fait.
(14)Ursula Van der Leyen a récemment annoncé une « rallonge » de financement pour l’Ukraine de 18 Milliards d’Euros pour un an
de la part de l’UE. A priori, cela paraît beaucoup, mais cela ne fait « que » 1,5 Milliards d’Euros par mois. S’il manque 5 Milliards d’Euros ou de USD par
mois pour boucler le budget ukrainien, cela fait 60 Milliards pour la prochaine année ! Si la guerre dure, où va-t-on les trouver ? Les Républicains
américains, vainqueurs de la Chambre des représentants, vont-il continuer à alimenter ainsi le « tonneau des Danaïdes » ? On peut en douter.
(15) Que la Russie demande depuis 20 ans, dans le cadre d’une architecture de sécurité où ses intérêts, comme les nôtres, soient
préservés. Or depuis 20 ans, l’occident refuse.
« Si quelqu’un de
l’extérieur s’immisce en Ukraine, il doit le savoir : S’ils créent des menaces pour nous… nous riposterons immédiatement. Nous avons tous les outils dont nous avons besoin pour répondre,
et toutes les décisions sur ce (sujet), ont déjà été prises. » (Vladimir Poutine)
Il ne fait aucun doute que la retraite de Kherson a été un œil au beurre noir pour l’armée russe. Il ne fait également aucun doute que le général qui a
ordonné l’évacuation a pris la bonne décision. Certes, l’image est terrible, mais l’image ne permet pas de gagner des guerres. La stratégie, le courage et la puissance de feu font gagner
les guerres. Le général russe Sergueï Sourovikine semble avoir compris ce fait, c’est pourquoi il a pris la décision impopulaire de battre en retraite.
Sourovikine aurait pu faire le choix politiquement plus acceptable et défendre Kherson jusqu’au bout, mais les risques étaient bien supérieurs aux
avantages. Au dire de tous, les 25 000 soldats russes présents dans la ville auraient facilement pu être encerclés et anéantis par l’artillerie ukrainienne. En outre, Sourovikine aurait
été contraint d’engager davantage de troupes dans une mission de sauvetage qui n’aurait pas fait progresser la stratégie militaire globale de la Russie le moins du monde. L’objectif
immédiat de la Russie est d’achever la libération du Donbass, une tâche qui n’est pas encore terminée et qui requiert davantage de troupes qui étaient bloquées à Kherson.
À toutes fins utiles, la retraite de Kherson était une évidence. Si le scénario de cauchemar s’était déroulé – comme beaucoup s’y attendaient – et que des
milliers de soldats russes s’étaient retrouvés encerclés et massacrés pour défendre une ville de faible valeur stratégique, le soutien populaire à la guerre en Russie aurait disparu du
jour au lendemain. Ni Poutine ni Sourovikine ne pouvaient se permettre de prendre ce risque. Au lieu de cela, ils ont opté pour le repli et l’évacuation pendant qu’ils le pouvaient
encore, ce qui, bien sûr, a déclenché la fureur de leurs détracteurs qui n’en reviennent toujours pas. La bonne nouvelle, cependant, est que le désastre de relations publiques de Kherson
n’aura pas d’impact significatif sur l’issue de la guerre. La Russie est toujours sur la bonne voie pour atteindre tous ses objectifs stratégiques, malgré les embûches qu’elle a
rencontrées en cours de route. Voici un bref récapitulatif du retrait russe, tiré d’une interview du colonel Douglas MacGregor :
« Lorsque le général
Sourovikine a pris le commandement… il a été décidé que la Russie allait attendre une opération décisive pour mettre fin à la guerre. En d’autres termes, nous ne pouvons plus nous
contenter de défendre le sud de l’Ukraine et le territoire que nous avons annexé, nous ne pouvons plus espérer de négociations avec qui que ce soit – c’est terminé – nous devons mettre
fin à la guerre.
Comment mettre fin à
la guerre ? Eh bien, vous lancez des opérations qui sont si dévastatrices dans leur pouvoir de destruction que l’ennemi ne peut y résister. Cependant, si vous faites cela, vous allez
devoir réduire les activités actuelles (comme Kherson). En d’autres termes, vous devez apporter des changements sur le terrain, réorganiser les troupes, modifier les engagements en
matière de ressources, car vous êtes en train de constituer des forces qui ne sont pas encore dans le sud de l’Ukraine… mais qui sont préparées par la mobilisation de 300 000 soldats
intégrés dans cette nouvelle force en vue d’opérations futures… qui auront lieu cet hiver, lorsque le sol sera gelé … Donc, je considérerais (le retrait) comme une décision opérationnelle
avec des avantages à court terme pour soutenir la stratégie à long terme de construction de cette énorme puissance de frappe… Les Russes ne font plus confiance aux négociations. Je ne
pense pas que nous puissions dire quoi que ce soit aux Russes à ce stade qui les persuaderait d’arrêter »1.
Ainsi, selon MacGregor, le repositionnement des troupes est la clé de la stratégie globale qui a changé sous Sourovikine. Sous le nouveau commandant, l’objectif
principal des opérations militaires est l’anéantissement de toutes les forces et de tous les moyens qui permettent à l’ennemi de continuer à faire la guerre. Je soupçonne que cela signifie
l’élimination du régime Zelensky et de ses services de sécurité, mais je peux me tromper. Quoi qu’il en soit, l’offensive russe à venir sera beaucoup plus conforme à une guerre terrestre
conventionnelle avec des armes combinées qu’à l’opération militaire spéciale que nous avons vue jusqu’à présent. Moscou est déterminé à régler la question aussi rapidement que possible et avec
autant de force que nécessaire. Il n’y aura plus de tergiversations.
Cela dit, des rapports récents (voir ci-dessous) suggèrent que l’administration Biden pourrait déployer des troupes de combat américaines sur le théâtre des
opérations en réponse à toute escalade russe susceptible de modifier le cours de la guerre. Si ces rapports s’avèrent exacts, l’offensive hivernale tant attendue pourrait déclencher une
conflagration directe entre les États-Unis et la Russie. Compte tenu de la trajectoire de la guerre jusqu’à présent, nous pensons que ce n’est qu’une question de temps avant que Washington ne
sorte de derrière ses proxies et n’engage les troupes russes sur le champ de bataille. De nombreux éléments indiquent que le Pentagone se prépare déjà à cette éventualité.
Des communications secrètes entre le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et l’ancien ambassadeur russe à Washington, Iouri Ouchakov, et l’ancien chef
du FSB, Nikolaï Patrouchev, suggèrent que Sullivan a averti ses homologues russes que les États-Unis ne laisseraient pas la Russie régler le conflit selon ses propres termes, mais prendraient
toutes les mesures nécessaires pour empêcher une victoire décisive de la Russie. Consultez cet extrait d’une autre interview du colonel Douglas MacGregor :
MacGregor : Jake Sullivan a
parlé des dangers de l’escalade… Il a simplement dit que « Nous voyons des preuves que vous, la Russie, vous préparez à l’escalade de ce conflit. Ce qui est vrai ; nous avons parlé de
cette offensive (imminente de l’hiver russe). Et nous vous mettons en garde contre cela (a déclaré M. Sullivan). L’implication tacite, à ce stade, est que nous sommes prêts à entrer dans ce
conflit d’une manière ou d’une autre, car nous ne vous permettrons pas de diviser l’Ukraine. Nous ne vous permettrons pas de combattre et de gagner cette guerre sur vos propres
termes. »
Napolitano : Savez-vous si
Sullivan a mentionné la présence des 40 000 soldats américains (101st Airborne) en Pologne ?
MacGregor : Nous ne le
savons pas, mais nous pensons, en nous basant sur les propos qui ont été divulgués dans le paragraphe que j’ai reçu d’une autre source, qu’il (Sullivan) a laissé entendre qu’ils ont 90 000
soldats en Pologne et en Roumanie, et que, potentiellement, si la Russie escalade, vraisemblablement, à l’échelle que nous pensons que les Russes vont escalader, nous (les États-Unis)
pourrions être prêts à intervenir. Et nous interviendrions avec 40 000 soldats américains, 30 000 soldats polonais et 20 000 soldats roumains … Sullivan a clairement indiqué que nous sommes
en mesure d’intervenir …
Ce que nous ne savons pas, c’est ce que les Russes ont dit en réponse, parce que si vous êtes russe, la ligne rouge est claire : « Si vous vous déplacez en
Ukraine, vous serez en guerre contre la Russie ». Nous semblons être dans le déni à ce sujet.
Napolitano : Laissez-moi
être clair : Croyez-vous que Jake Sullivan… a menacé les Russes que s’ils franchissaient ces lignes rouges, ils rencontreraient la résistance militaire américaine en Ukraine ? »
MacGregor : Je pense que
cette implication a été faite. C’est l’impression que j’ai et je ne pense pas que nous devrions être surpris à ce sujet parce que la position de l’Ukraine se détériore très rapidement… Et
nous sommes très préoccupés par un effondrement ukrainien. Certaines estimations indiquent que l’ensemble de l’économie et de la structure sociale s’effondrera dans les 60 jours. Certains
disent qu’ils vont faire une mobilisation générale en Ukraine dès maintenant, qui pourrait inclure les femmes, parce que leur base de main-d’œuvre est épuisée. Et, rappelez-vous, les gens
continuent de quitter l’Ukraine autant que possible parce que personne ne veut être coincé dans un pays qui n’aura bientôt plus de courant, plus d’électricité, et où il y aura des difficultés
à obtenir de l’eau et de la nourriture. La situation en Ukraine est catastrophique.
Napolitano : Que font les 40
000 soldats américains de la 101ème aéroportée en Pologne ?
MacGregor : Ils se préparent
aux opérations de combat.
Napolitano : Le département
de la Défense a-t-il remis au président des États-Unis des plans pour l’entrée des troupes américaines en Ukraine ? Est-ce que c’est fait ?
MacGregor : Je pense que ces
plans ont certainement été discutés, sinon communiqués à Jake Sullivan. Le secrétaire d’État (Anthony Blinken) est certainement au courant. Je ne sais pas ce qu’ils ont dit au président.
J’espère qu’il a reçu des informations. Encore une fois, tout cela est très grave parce que nous sommes au milieu d’une élection et que cela pourrait se produire sans aucune consultation avec
le Congrès.
Napolitano : Quel est le
statut des 300 000 réservistes que Poutine a appelés il y a un mois ?
MacGregor : La majorité
d’entre eux ont déjà été intégrés dans des formations et des unités – beaucoup d’entre eux sont allés dans des unités qui étaient en sous-effectif et qui sont maintenant de retour à leur
« plein effectif ». Certains ont été intégrés dans de nouvelles unités. (Note : Je pense que MacGregor pourrait se tromper à ce sujet. D’autres analystes suggèrent que seuls 80 000
réservistes ont été envoyés en Ukraine jusqu’à présent. Le processus pourrait prendre quelques mois avant que l’ensemble du déploiement ne soit achevé). Il est presque terminé mais, en fin de
compte, la température minimale en Ukraine a été de 3 degrés, ce qui signifie que vous serez toujours bloqué dans la boue, que vous attaquiez ou défendiez. Jusqu’à ce que le sol gèle, je ne
pense pas qu’il se passe grand-chose… Mais quand l’hiver arrivera et que le sol gèlera, c’est là que les Russes attaqueront. Et nous en voyons la preuve depuis au moins trois directions
différentes, dont l’est, le sud-est et le nord. Et, à en juger par le renforcement (militaire), les systèmes d’armes qui sont en place et les fournitures qui sont disponibles, il s’agit d’une
offensive destinée à mettre fin à la guerre. Nous ne savons pas si elle y parviendra ou non. Mais je pense que c’est l’idée.
Il y a une dernière chose sur laquelle j’aimerais vous laisser : Quand le général Sourovikine, le commandant du théâtre occidental a accepté sa nomination, il a
fait ces brèves remarques. Il a dit « Une solution syrienne pour l’Ukraine est inacceptable ». En d’autres termes, nous ne laisserons pas l’Ukraine tomber sous l’influence de divers
acteurs qui maintiennent l’Ukraine dans un état d’agitation et de guerre permanent. C’est un signal très clair, qui indique qu’en lançant (l’offensive d’hiver), ils ont l’intention de mettre
fin au conflit. Il serait donc très imprudent de notre part d’y faire obstacle … Nous ne disposons tout simplement pas du niveau de soutien nécessaire pour en garantir le succès.
La Russie est désormais prête à faire tout ce qu’il faut pour gagner la guerre rapidement et laminer l’armée hostile qui représente une menace pour sa sécurité
nationale. Si les forces américaines se joignent aux combats, le calcul de la victoire pourrait changer radicalement, mais les objectifs stratégiques resteraient les mêmes. On ne peut s’attendre
à ce qu’une nation vive en paix lorsqu’une arme est pointée sur sa tête. C’est pourquoi Poutine s’est opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, et c’est pourquoi la guerre actuelle est
menée.
Donc, voilà, la Russie s’est retirée de Kherson, en bon ordre, et sans être le moins du monde poursuivie ni être inquiétée pendant cette retraite, oubliant
la base : « Il faut serrer de près un ennemi en déroute ». Les Ukrainiens auraient dû être sur les talons de l’armée russe si elle avait été battue, s’ils voulaient la défaire,
et la transformer en déroute. Il n’y avait, donc, dans leur esprit, aucune possibilité de le faire. La retraite est l’opération la plus compliquée et la plus difficile à faire.
Qui plus est, elle fut annoncée…
De plus, sans logistique, dévastée par les frappes, cette avance risque de poser plus de problèmes que d’apporter de solutions à l’Ukraine.
Politiquement, on parle de victoire et de coup dur porté à la Russie, pas militairement, mais moralement. Une défaite. En réalité, pour qu’il y ait
victoire, il faut qu’il y ait bataille. En aucun cas, les offensives ukrainiennes n’ont débouchées, elles ont toutes été littéralement massacrées.
Sur le front, les lignes ne sont pas fixes. Elles ne doivent pas l’être. Les offensives de 1918 de l’armée allemande ont été grandement contrariées par le
fait que la première ligne n’avait plus que des unités d’alerte. Seul le Chemin des Dames était défendu de manière classique (armée Duchêne), malgré les ordres de Pétain, et les troupes
le gardant ont été massacrées. Duchêne ne voulait pas aménager une deuxième position.
Les lignes de front bougent constamment. La résistance à outrance n’est pas forcément un bon calcul.
Là, le chantage est inversé, les Russes peuvent faire sauter le barrage du Dniepr. À l’est, ils semblent progresser significativement. On peut penser aussi
que d’autres faits « d’art
opératif en profondeur » peuvent se produire.
De plus, s’il y a bien une spécialité russe, c’est la maskirovka. Ils auraient changé pour être prévisibles ???
Les motivations du retrait de Kherson - Des victoires russes passées inaperçues - Pourquoi la Russie ne jette-t-elle pas plus de
forces dans la bataille? - M.K. Bhadrakumar scrute le conflit ukrainien
“Je voudrais faire le tour de la question. Tout d’abord, on ne peut nier que le retrait est
politiquement une humiliation importante pour la Russie. La question est toutefois de savoir si ce sacrifice était nécessaire pour des raisons militaires ou
politiques, et ce qu’il peut signifier quant à l’évolution future du conflit.
À mon avis, le retrait de la rive ouest de Kherson doit être motivé par l’une des quatre
possibilités suivantes:
L’armée ukrainienne a vaincu l’armée russe sur la rive ouest et l’a repoussée au-delà du
fleuve.
La Russie tend un piège à Kherson.
Un accord de paix secret (ou au moins un cessez-le-feu) a été négocié, qui prévoit de rendre
Kherson à l’Ukraine.
La Russie a fait un choix opérationnel politiquement embarrassant mais militairement
prudent.
Passons simplement en revue ces quatre possibilités et examinons-les dans
l’ordre.
Possibilité 1 : Défaite
militaire La reconquête de Kherson est célébrée à juste titre par les Ukrainiens comme une victoire.
La question est de savoir de quel type de victoire il s’agit : politique/optique ou militaire ? Il devient trivialement évident qu’il s’agit de la première
sorte. Examinons quelques faits.
Tout d’abord, pas plus tard que le matin du 9 novembre – quelques heures avant l’annonce du
retrait – certains correspondants de guerre russes exprimaient leur scepticisme quant aux rumeurs de retrait, car les lignes défensives avancées de la Russie
étaient totalement intactes. Il n’y avait aucun semblant de crise parmi les forces russes dans la région.
Deuxièmement, l’Ukraine ne menait aucune offensive intense dans la région au moment où le
retrait a commencé, et les responsables ukrainiens ont exprimé leur scepticisme quant à la réalité de ce retrait. En fait, l’idée que la Russie tendait un
piège provient de responsables ukrainiens qui ont apparemment été pris au dépourvu par le retrait. L’Ukraine n’était pas prête à poursuivre ou à exploiter, et
a avancé prudemment dans le vide après le départ des soldats russes. Même après le retrait de la Russie, les Ukrainiens avaient manifestement peur d’avancer,
car leurs dernières tentatives de franchir les défenses de la zone ont fait de nombreuses victimes.
Dans l’ensemble, le retrait de la Russie a été mis en œuvre très rapidement avec une
pression minimale de la part des Ukrainiens – ce fait même est à la base de l’idée qu’il s’agit soit d’un piège, soit du résultat d’un accord conclu en
coulisses. Dans un cas comme dans l’autre, la Russie a simplement traversé la rivière sans être poursuivie par les Ukrainiens, subissant des pertes
négligeables et récupérant pratiquement tout son matériel (jusqu’à présent, un T90 en panne est la seule capture ukrainienne digne d’intérêt). Le résultat net
sur le front de Kherson reste un fort déséquilibre de pertes en faveur de la Russie, et ils se retirent une fois de plus sans subir de défaite sur le champ de
bataille et avec leurs forces intactes.
Possibilité 2 : C’est un
piège Cette théorie est apparue très rapidement après l’annonce du retrait. Elle émane de
responsables ukrainiens qui ont été pris au dépourvu par l’annonce, puis a été reprise (ironiquement) par des partisans russes qui espéraient que l’on jouait
aux échecs 4D – ce qui n’est pas le cas. La Russie joue aux échecs 2D standard, qui est la seule sorte d’échecs qui existe, mais nous y reviendrons plus
tard.
La signification exacte de “piège” n’est pas claire, mais je vais essayer de combler les
lacunes. Il y a deux interprétations possibles de ce terme : 1) une manœuvre conventionnelle sur le champ de bataille impliquant une contre-attaque opportune,
et 2) une sorte de mouvement non conventionnel comme une arme nucléaire tactique ou une rupture de barrage en cascade.
Il est clair qu’aucune contre-attaque n’est prévue sur le champ de bataille, pour la simple
raison que la Russie a fait sauter les ponts derrière eux. Comme il n’y a plus de forces russes sur la rive ouest et que les ponts ont été détruits, aucune des
deux armées n’a la capacité immédiate d’attaquer l’autre en force. Bien sûr, elles peuvent se bombarder mutuellement de l’autre côté du fleuve, mais la ligne
de contact réelle est gelée pour l’instant.
Il reste donc la possibilité que la Russie ait l’intention de faire quelque chose de non
conventionnel, comme utiliser une arme nucléaire à faible rendement.
L’idée que la Russie ait attiré l’Ukraine à Kherson pour déclencher une bombe nucléaire est…
stupide.
Si la Russie voulait utiliser une arme nucléaire contre l’Ukraine (ce qui n’est pas le cas,
pour les raisons que j’ai exposées dans un article précédent), il n’y a aucune raison raisonnable pour qu’elle choisisse une capitale régionale qu’elle a
annexée comme site pour le faire. La Russie ne manque pas de systèmes de livraison. Si elle voulait atomiser l’Ukraine, elle ne prendrait tout simplement pas
la peine d’abandonner sa propre ville et d’en faire le site de l’explosion. Ils atomiseraient simplement l’Ukraine. Ce n’est pas un piège.
Troisième possibilité : un accord
secret Cette hypothèse est née de la nouvelle selon laquelle le conseiller américain à la sécurité
nationale, Jake Sullivan, a été en contact avec son homologue russe, et plus particulièrement du fait que la Maison-Blanche a fait pression en faveur des
négociations. Selon une variante présumée de l'”accord Sullivan”, l’Ukraine reconnaîtrait les annexions russes à l’est du Dniepr, tandis que la rive ouest de
Kherson reviendrait sous le contrôle de Kiev.
Je trouve cela peu probable pour plusieurs raisons. Tout d’abord, un tel accord
représenterait une victoire russe extrêmement pyrrhique : s’il permettait de libérer le Donbas (l’un des objectifs explicites de l’Opération Militaire
Spéciale), il laisserait l’Ukraine largement intacte et suffisamment forte pour être une éternelle épine dans le pied de la Russie, en tant qu’État anti-russe
inimitable. Il y aurait le problème de l’intégration future probable de l’Ukraine dans l’OTAN et, surtout, la cession ouverte d’une capitale régionale
annexée.
Du côté ukrainien, le problème est que la récupération de Kherson ne fait que renforcer la
(fausse) perception à Kiev qu’une victoire totale est possible, et que la Crimée et le Donbas peuvent être entièrement récupérés. L’Ukraine bénéficie d’une
série d’avancées territoriales et a l’impression de pousser sa fenêtre d’opportunité.
Ultimement, il ne semble pas y avoir d’accord qui satisfasse les deux parties, et cela
reflète que l’hostilité innée entre les deux nations doit être résolue sur le champ de bataille. Seul Ares peut trancher ce différend.
Quant à Ares, il a travaillé dur à Pavlovka.
Alors que le monde était concentré sur le changement de mains relativement peu sanglant à
Kherson, la Russie et l’Ukraine ont livré une bataille sanglante pour Pavlovka, et la Russie a gagné. L’Ukraine a également tenté de briser les défenses russes
dans l’axe de Svatove, et a été repoussée avec de lourdes pertes. En fin de compte, la principale raison de douter des nouvelles d’un accord secret est le fait
que la guerre se poursuit sur tous les autres fronts – et que l’Ukraine perd. Il ne reste donc qu’une seule option.
Possibilité 4 : un choix
opérationnel difficile Ce retrait a été subtilement signalé peu après que le général Sourovikine ait été chargé de
l’opération en Ukraine. Lors de sa première conférence de presse, il a fait part de son mécontentement à l’égard du front de Kherson, qualifiant la situation
de “tendue et difficile” et faisant allusion à la menace de voir l’Ukraine faire sauter les barrages sur le Dniepr et inonder la région. Peu après, le
processus d’évacuation des civils de Kherson a commencé.
Voici ce que je pense que Surovikin a décidé à propos de Kherson.
Kherson était en train de devenir un front inefficace pour la Russie en raison des
contraintes logistiques liées à l’approvisionnement des forces à travers le fleuve avec une capacité limitée de ponts et de routes. La Russie a démontré
qu’elle était capable d’assumer cette charge de soutien (en maintenant l’approvisionnement des troupes tout au long des offensives estivales de l’Ukraine),
mais la question est 1) dans quel but, et 2) pour combien de temps.
Idéalement, la tête de pont devient le point de départ d’une action offensive contre
Nikolaïev, mais le lancement d’une offensive nécessiterait le renforcement du groupement de forces à Kherson, ce qui augmente d’autant le fardeau logistique de
la projection de forces à travers le fleuve. Avec un front très long à jouer, Kherson est clairement l’un des axes les plus intensifs sur le plan logistique.
Je pense que Sourovikine a pris les commandes et a presque immédiatement décidé qu’il ne voulait pas augmenter la charge de soutien en essayant de pousser sur
Nikolaïev.
Par conséquent, si une offensive ne doit pas être lancée à partir de la position de Kherson,
la question qui se pose est la suivante : pourquoi conserver cette position ? Politiquement, il est important de défendre une capitale régionale, mais
militairement, la position n’a aucun sens si l’on ne passe pas à l’offensive dans le sud.
Soyons encore plus explicites : à moins qu’une offensive vers Nikolaïev ne soit prévue, la
tête de pont de Kherson est militairement contre-productive.
Tant que la tête de pont de Kherson est maintenue, le Dniepr devient un multiplicateur de
force négatif – augmentant le fardeau du maintien en puissance et de la logistique et menaçant constamment de couper les forces si l’Ukraine parvient à
détruire les ponts ou à faire sauter le barrage. La projection de forces à travers le fleuve devient un lourd fardeau sans avantage évident. Mais en se
retirant sur la rive est, le fleuve devient un multiplicateur de force positif en servant de barrière défensive.
Dans un sens opérationnel plus large, Surovikin semble décliner la bataille dans le sud tout
en se préparant dans le nord et dans le Donbas. Il est clair qu’il a pris cette décision peu de temps après avoir pris le commandement de l’opération – il y a
fait allusion pendant des semaines, et la rapidité et la propreté du retrait suggèrent qu’il a été bien planifié, longtemps à l’avance. Le retrait à travers la
rivière augmente considérablement l’efficacité de combat de l’armée et diminue la charge logistique, libérant des ressources pour d’autres
secteurs.
Cela correspond à la tendance générale des Russes à faire des choix difficiles en matière
d’allocation des ressources, à mener cette guerre dans le simple cadre de l’optimisation des ratios de pertes et à construire le parfait hachoir à viande.
Contrairement à l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale, l’armée russe semble être libérée de toute interférence politique pour prendre des
décisions militaires rationnelles.
En ce sens, le retrait de Kherson peut être considéré comme une sorte d’anti-Stalingrad. Au
lieu que l’interférence politique paralyse l’armée, nous avons l’armée libérée pour faire des choix opérationnels, même au prix de l’embarras des personnalités
politiques. Et c’est, en fin de compte, la manière la plus intelligente – bien qu’optiquement humiliante – de mener une guerre.
Des victoires russes passées inaperçues
11 novembre 2022
Le 11 novembre, les forces dirigées par la Russie ont pris le contrôle de la ville de Mayorsk, située à la périphérie nord-ouest de Gorlovka.
La bataille pour Mayorsk a duré environ deux mois. Les premiers rapports faisant état d’affrontements à la périphérie de la
ville datent de début septembre.
L’assaut a été mené principalement par des militaires de la 3e brigade de la milice populaire de la RPD. Leur progression a été
ralentie par la nécessité de prendre d’assaut des bastions ukrainiens profondément bétonnés, qui ont été lourdement fortifiés au cours des huit années
d’opération antiterroriste de l’AFU contre la population du Donbass.
Le contrôle de cette localité par la RPD revêt une grande importance stratégique, car il permet à l’armée russe de développer
son offensive sur Dzerzhinsk (aujourd’hui connue sous le nom de Toretsk). Un important nœud ferroviaire est également situé dans la ville.
La libération de Mayorsk est également d’une grande importance d’un point de vue humanitaire. La RPD peut désormais ouvrir les
vannes du barrage de la ville, qui a été contrôlé par les Ukrainiens pendant de nombreuses années, et fournir de l’eau à Donetsk et Gorlovka via le canal
Seversky Donets – Donbass. Cela signifie qu’il n’y aura plus de pénurie d’eau potable ni d’énormes files d’attente aux pompes dans le Donbass.
Le 12 novembre, le ministère russe de la Défense a publié une vidéo montrant une de ces patrouilles. La vidéo montre un Su-35S
armé de deux missiles R-37M ainsi que de deux missiles air-air de courte portée R-73, de deux missiles air-air de moyenne portée R-77 et d’un missile antiradar
Kh-31P.
Le R-37M a été mis au point par la société russe JSC Tactical Missiles Corporation (KTRV) pour engager tous les types de cibles
aériennes [avions de chasse, bombardiers, avions de transport, hélicoptères, missiles de croisière et drones] de jour comme de nuit et dans toutes les
conditions, y compris les contre-mesures électroniques hostiles, à partir d’une très longue portée.
La portée du missile dépasse 200 kilomètres, et il est capable d’atteindre une vitesse hypersonique, supérieure à Mach 5, dans
la phase finale de son vol.
Le R-37M utilise un système de guidage complexe. Un système de navigation inertiel, basé sur des gyroscopes laser de haute
précision, guide le missile sur la majeure partie de la trajectoire de vol vers la cible. Si la cible change soudainement de cap, la trajectoire du missile
peut être corrigée à partir de l’avion de chasse de lancement via une liaison de données sécurisée. Le radar à autodirecteur actif 9B-1103M-350, mis au point
par l’Institut de recherche JSC (Agat), est activé à proximité de la cible, ce qui provoque l’explosion de son ogive et permet d’éviter toute détection jusqu’à
ce qu’il soit trop tard.
Le 13 novembre, le ministère de la Défense de la Fédération de Russie a officiellement confirmé la libération du village de
Pavlovka situé à la périphérie sud d’Ougledar. Auparavant, les correspondants militaires russes ont rapporté que le village était passé sous le contrôle des
forces dirigées par la Russie et que les combats se rapprochaient des quartiers sud d’Ougledar.
De violents combats se déroulent depuis longtemps pour le contrôle du village d’importance stratégique sur les lignes de front
d’Ugledar. Les bastions lourdement fortifiés des Forces armées de l’Ukraine (AFU) se trouvent dans le village, et les combattants de la RPD et de la Russie ont
dû les prendre d’assaut mètre par mètre. Dans le même temps, les forces en progression ont été bombardées par l’artillerie ukrainienne depuis Ugledar.
Cependant, les forces dirigées par la Russie ont réussi à prendre le contrôle du village ainsi que de la route menant aux positions ukrainiennes à
Ugledar.
À la suite de combats intenses, l’armée ukrainienne a subi de lourdes pertes. Au total, 18 bastions ukrainiens ont été
détruits.
Pourquoi la Russie ne jette-t-elle pas plus de forces dans la bataille?
Une intéressante analyse sur le canal Telegram de Youri
Pinarov:
“Aucune guerre ne se déroule jamais comme prévu. Dans la période initiale, il y a toujours
une incertitude causée par le flou des actions de l’ennemi. Les généraux sont toujours prêts, mais seulement pour la guerre précédente, jamais pour l’actuelle.
L’arrière est toujours mal préparé, tout simplement parce qu’il n’a aucune expérience de ce genre. La guerre, c’est toujours, malheureusement, une perte —
d’hommes et de ressources. Dans la confusion et l’obscurité de la phase initiale d’une guerre, l’essentiel est de sauvegarder sa force de frappe essentielle.
C’est la loi de toute guerre. Lorsque la guerre entre dans une phase intelligible et gérable, il importe de saisir le moment décisif et de jeter les forces
principales à l’appui de l’avant-garde durcie au feu.
Pourquoi nous n’avançons pas, pourquoi nous ne mettons pas en branle une armée aussi
puissante ? (Pour rappel: l’effectif officiel de l’armée russe en 2021 est de 1,9 million d’hommes).
Il faut d’abord passer par cette première phase d’incertitude, développer son ouverture,
jauger les forces ennemies, celles de leurs alliés et penser la suite de la stratégie. C’est-à-dire attendre que toutes les cartes aient été posées sur la
table par toutes les parties, que tous les atouts de l’ennemi aient été épuisés, que tous les rapports de force militaires et politiques apparaissent sous un
jour plus clair, et qu’alliés et adversaires apparaissent dans leur pleine lumière.
Si nous nous souvenons de la victorieuse année 1945 et de l’opération “Impensable”, un autre
facteur devient clair. Une guerre remportée marque toujours le début d’une nouvelle. La victoire en Ukraine ne sera pas la fin de la guerre, mais seulement le
début de la prochaine, ou plutôt de la vraie guerre. Et une armée forte sera alors encore plus nécessaire, plus qu’elle ne l’est maintenant. Brûler l’armée
russe, l’épuiser dans la guerre en Ukraine, tel est l’objectif de l’Occident. Aussi une armée russe préservée mais aguerrie au combat est la clé pour empêcher
la troisième guerre mondiale. Sans cela, comme après la Seconde Guerre mondiale, nous ne serons de nouveau pas les bénéficiaires de la Victoire. Cette leçon,
Poutine la connaît à coup sûr.
Si nous prenons la plus grande partie de l’Ukraine d’un coup, ou pire, toute l’Ukraine, nous
aurons une énorme bride autour du cou, une zone arrière déloyale de milliers de km carrés, des partisans et des guérillas clandestines, des millions
d’individus affamés et décérébrés.
En poussant la guerre vers l’ouest de l’Ukraine, plus près des frontières européennes, nous
aurions une ligne de front éloignée de nos bases. Il nous faudrait donc déployer notre logistique sur des milliers de kilomètres de terre déloyale infestée de
saboteurs ukro-nationalistes. Alors que l’Ouest verrait son extension logistique se ramener à zéro et se relocaliser sur ses territoires souverains, que nous
n’avons pas le droit de toucher. C’est-à-dire qu’ils pourraient, en toute sécurité, amener des équipements militaires directement sur les lignes de front, les
concentrer sur des territoires “neutres” et les lancer sans délai dans la bataille. Les avions ennemis opéreraient depuis des territoires proches de la ligne
de front et inaccessibles à nos défenses aériennes, surgissant d’un terrain sanctuarisé pendant quelques secondes et s’y réfugiant instantanément après la
frappe. Dès lors, le premier obus ou la pre,mière roquette franchissant la frontière (qui est juste là, à portée de tir !) impliquerait aussitôt dans la guerre
les Polonais, Tchèques, Slovaques, Hongrois et autres sous-hommes slaves (selon les Anglo-Saxons), pour le plus grand plaisir des instigateurs de ce
conflit.
Maintenant, nous n’avons libéré que les régions qui nous étaient loyales, avec une bonne
industrie, une bonne agriculture et un bon approvisionnement énergétique. Le redressement de ces régions est très aisé. Les populations pauvres et démentes
avec leur économie assassinée pendent au cou de l’Occident. La ligne de front nous est proche, notre ligne logistique est courte et se déploie sur notre
territoire. La logistique de l’ennemi doit traverser des milliers de kilomètres carrés où elle constitue une cible légitime sur toute la ligne. Les défenses
aériennes ennemies, confinées à leur territoire souverain, sont inopérantes.
Nous nous trouvons en position de défense stratégique et “brûlons tranquillement leurs
chars”, abattons leurs avions au-dessus de leur territoire, détruisons leurs forces militaires à distance. Les fascistes, les nationalistes, les mercenaires et
autres crevures mondiales s’entassent non pas dans nos arrières, mais sur la ligne de tir, dans collimateur, où ils sont systématiquement éliminés. Plus nous
en détruirons maintenant en position de défense, plus il nous sera aisé de passer à l’offensive, et moins nous aurons à en déloger des sous-sols et des
planques dans les aires occidentales. Dans le même temps, nos pertes en défense sont incommensurablement plus modestes, et les leurs — en attaque —
incommensurablement plus importantes que dans l’autre scénario.
Ce que Poutine a réalisé est le plan inaccompli de Staline: frapper l’ennemi sur son propre
territoire. Afin d’arriver à la victoire avec des forces suffisamment préservées pour que l’après-guerre s’organise en tenant compte de nos
intérêts.”
M.K. Bhadrakumar scrute le conflit ukrainien
Les Américains pensent-ils à des pourparlers de paix?
“Les élections de mi-mandat aux États-Unis ont été marquées par des résultats très serrés,
le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants étant en jeu. Mais cela n’a pas découragé le président Biden de tenir une conférence de presse mercredi
pour affirmer que la “vague rouge géante” n’a pas eu lieu.
Biden a déclaré : “Les démocrates ont eu une nuit forte. Et nous avons perdu moins de sièges
à la Chambre des représentants que lors de la première élection de mi-mandat de n’importe quel président démocrate au cours des 40 dernières années. Et nous
avons eu les meilleures élections de mi-mandat pour les gouverneurs depuis 1986.”
M. Biden a toutefois évité la rhétorique triomphaliste et s’est engagé à “continuer à
travailler de part et d’autre de l’allée… (bien que) ce ne soit pas toujours facile”.
Pour les capitales mondiales, les remarques de Biden concernant l’Ukraine étaient le segment
le plus attendu. En bref, M. Biden était loin d’être convaincu que les républicains qui contrôlent actuellement la Chambre des représentants seraient
coopératifs.
Il a déclaré : “Je suis prêt à travailler avec mes collègues républicains. Le peuple
américain a clairement fait savoir, je pense, qu’il attend des républicains qu’ils soient prêts à travailler avec moi également. Dans le domaine de la
politique étrangère, j’espère que nous poursuivrons cette approche bipartisane pour faire face à l’agression de la Russie en Ukraine.”
Lorsqu’on lui a demandé si l’aide militaire américaine à l’Ukraine se poursuivrait sans
interruption, M. Biden a simplement répondu : “C’est ce que j’attends.” Il a affirmé que les États-Unis n’ont pas donné à l’Ukraine “un chèque en bois” et ont
seulement équipé Kiev pour qu’elle ait “la capacité rationnelle de se défendre”.
Biden avait un bilan impressionnant en tant que sénateur dans la construction de coalitions
au Congrès. Mais aujourd’hui, sa candidature à un second mandat présidentiel lui barre la route. S’il choisit d’être candidat en 2024, cela ne laisserait pas
d’autre choix aux républicains que de s’opposer viscéralement à lui – personnellement et politiquement.
M. Biden a fait des commentaires intéressants sur l’annonce faite à Moscou plus tôt dans la
journée de mercredi concernant le retrait des troupes russes dans la ville de Kherson. M. Biden a déclaré que la décision russe était conforme aux attentes et
que le plus intéressant était que Moscou avait attendu la fin des élections de mi-mandat.
M. Biden a évité de donner une réponse directe à la question de savoir si l’évacuation des
troupes russes donnerait à Kiev la possibilité d’entamer des négociations de paix avec Moscou. Mais il n’a pas non plus réfuté une telle hypothèse. Au lieu de
cela, M. Biden a ajouté qu'”au minimum, cela (l’évacuation) donnera à chacun le temps de recalibrer ses positions pendant la période hivernale. Et il reste à
voir si l’on jugera si l’Ukraine est prête ou non à faire des compromis avec la Russie”. (C’est nous qui soulignons.)
Biden a déclaré qu’en marge du sommet du G20 à Bali (15-16 novembre), il pourrait y avoir
des consultations avec les dirigeants mondiaux, bien que Poutine lui-même ne soit pas présent. En effet, une sorte de message diplomatique est en cours. En
fait, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré jeudi à Tass : “Il a été décidé que la Russie serait représentée par (le ministre des affaires
étrangères) Sergueï Lavrov au sommet du G20.”
Biden a profité d’une deuxième question sur les développements de Kherson pour dire en outre
que l’évacuation des Russes n’aidera pas seulement les parties à “panser leurs plaies” mais “à décider si – ce qu’elles vont faire pendant l’hiver, et à
décider si elles vont faire des compromis ou non.” (C’est nous qui soulignons.)
Notamment, Biden a parlé deux fois de “compromis” (lire concessions territoriales) de la
part de Kiev, ce qui constitue un changement majeur par rapport à la position américaine selon laquelle les forces russes devraient quitter l’Ukraine. Biden a
conclu : “C’est – c’est ce qui va se passer, que ce soit ou non. Je ne sais pas ce qu’ils vont faire. Et – mais je sais une chose : nous n’allons pas leur dire
ce qu’ils doivent faire.”
Prises ensemble, les remarques de Biden sont cohérentes avec le “scoop” de NBC News
mercredi, citant des sources informées, selon lequel lors de la visite inopinée du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan à Kiev la semaine dernière,
il a étudié l’état de préparation de l’Ukraine à une solution diplomatique au conflit.
La chaîne NBC a rapporté que M. Sullivan explorait les options pour mettre fin au conflit et
la possibilité d’entamer des négociations et a évoqué la nécessité d’un règlement diplomatique lors de réunions avec les autorités ukrainiennes. Elle a ajouté
que certains responsables américains et occidentaux sont de plus en plus convaincus que ni Kiev ni Moscou ne peuvent atteindre tous leurs objectifs, et que le
ralentissement hivernal des hostilités pourrait offrir une occasion d’entamer des négociations.
Il est intéressant de noter que RT, financée par le Kremlin, a rapidement repris le rapport
de NBC et l’a mis en évidence. La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, a également apporté sa pierre à l’édifice en
déclarant : “Nous sommes toujours ouverts aux négociations, nous ne les avons jamais refusées, nous sommes prêts à les mener – en tenant compte, bien sûr, des
réalités actuelles.”
Les autorités russes continuent d’affirmer que l’évacuation de leurs forces à Kherson
découle uniquement de considérations de sécurité. La recommandation du général d’armée Sergey Surovikin, commandant de l’opération militaire russe en Ukraine,
a été mise en cause. Dans un discours télévisé, le général a affirmé que l’évacuation de Kherson permettrait de renforcer les lignes défensives des troupes et
de sauver la vie de soldats et de civils.
Il va sans dire que la présence de M. Lavrov à Bali sera d’une importance capitale. On peut
supposer qu’il aura des contacts avec ses homologues occidentaux. En effet, les remarques de Biden sur le compromis territorial indiquent un changement radical
dans les calculs.
Par ailleurs, le général Mark Milley, président des chefs d’état-major interarmées, en
ouvrant mercredi une discussion avec l’Economic Club de New York sur la possibilité d’une paix entre l’Ukraine et la Russie, a confirmé qu’il existe
effectivement “une fenêtre d’opportunité pour la négociation”.
Le général a exhorté : “Lorsqu’il y a une opportunité de négocier, lorsque la paix peut être
atteinte, saisissez-la. Saisissez le moment”. Il est certain qu’il a parlé en pensant au commandement militaire russe.
En toile de fond, la perte du contrôle de la Chambre des représentants par les démocrates
rend difficile pour eux de promouvoir librement la ligne de politique étrangère de l’administration Biden, y compris l’aide à l’Ukraine. Désormais, Biden devra
négocier les décisions concernant l’Ukraine avec les Républicains. C’est une chose.
Deuxièmement, la crise économique en cascade en Europe présente un potentiel explosif de
troubles politiques, en particulier s’il y a un autre flux de réfugiés en provenance d’Ukraine dans les conditions hivernales difficiles, ce qui est une
possibilité réelle.
Le retour de flamme des sanctions contre la Russie a mortellement blessé l’Europe et, hormis
les fanfaronnades, rien ne peut remplacer les approvisionnements énergétiques russes peu coûteux, fiables et abondants via les pipelines.
Tout cela devient extrêmement important pour l’unité occidentale. La récente visite du
chancelier allemand Olaf Scholz en Chine montre que des dissensions se préparent.
Surtout, la mobilisation massive de la Russie menace de porter un coup fatal à l’armée
ukrainienne, mais les Européens n’ont pas envie d’une confrontation avec la Russie.
Le Royaume-Uni, allié indéfectible de Washington en Ukraine, subit également une pression
immense pour se désengager et se concentrer sur la crise intérieure, alors que le nouveau gouvernement s’attaque à un trou de financement de l’ordre de 50
milliards de livres dans le budget.
À l’avenir, les notions de changement de régime à Moscou que Biden avait autrefois épousées
publiquement et le projet néocon d'”annuler” la Russie ont frappé le mur et se sont effondrés. Cela dit, les États-Unis peuvent se consoler en se disant que le
retrait russe de l’ouest du Dniepr implique que Moscou n’a pas l’intention de s’attaquer à Nikolaev, sans parler d’Odessa – du moins, à court
terme.
En revanche, si les forces ukrainiennes surgissent, occupent Kherson et menacent la Crimée,
cela constituera un défi de taille pour l’administration Biden. D’après les remarques de M. Biden, les États-Unis sont convaincus d’avoir suffisamment de poids
à Kiev pour éviter toute escalade.
Pour l’heure, il est prématuré d’estimer que Moscou n’a pris la décision amère d’abandonner
la ville de Kherson, fondée par un décret de Catherine la Grande et profondément ancrée dans la conscience collective russe, qu’avec la certitude raisonnable
que Washington empêchera Kiev de “poursuivre à fond” l’armée russe en retraite jusqu’aux rives orientales du Dniepr.”
Retour sur le retrait de Kherson
“Le général Mark Milley, président des chefs d’état-major interarmées des États-Unis, a
estimé qu’il faudrait plusieurs semaines à Moscou pour achever l’évacuation des quelque 30 000 soldats russes déployés dans la ville de Kherson, dans le sud de
l’Ukraine. Mais les Russes ont annoncé que l’évacuation a été menée à bien en deux jours – les soldats et plus de 5000 pièces d’équipement lourd.
De toute évidence, l’exécution de l’ordre d’évacuation a fait l’objet d’une longue
préparation. Le commandement militaire russe a commencé à travailler sur l’évacuation des semaines avant l’annonce effective en début de semaine.
Rétrospectivement, l’interview extraordinaire du général Sergei Sourovikine le 18 octobre,
peu après sa nomination en tant que premier commandant de théâtre pour les opérations en Ukraine, huit jours plus tôt seulement, a probablement été
chorégraphiée pour sensibiliser l’opinion publique à la criticité de la situation militaire dans la région de Kherson.
Les extraits suivants de l’interview sont pertinents ici:
“Une situation difficile s’est créée. L’ennemi bombarde délibérément les infrastructures et
les bâtiments résidentiels de Kherson. Le pont Antonovsky et le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovskaya ont été endommagés par des missiles
HIMARS, la circulation y a été interrompue.
“En conséquence, l’approvisionnement en nourriture dans la ville est difficile, il y a
certains problèmes avec l’approvisionnement en eau et en électricité. Tout cela complique grandement la vie des citoyens, mais constitue également une menace
directe pour leur vie.
“La direction de l’OTAN des forces armées ukrainiennes exige depuis longtemps du régime de
Kiev des opérations offensives contre Kherson, quelles que soient les pertes – tant parmi les forces armées elles-mêmes que parmi la population
civile.
“Nous disposons de données sur la possibilité que le régime de Kiev utilise des méthodes de
guerre interdites dans la région de la ville de Kherson, sur la préparation par Kiev d’une attaque massive de missiles sur le barrage hydroélectrique de
Kakhovskaya, la conduite d’attaques massives de missiles et d’artillerie sur la ville sans distinction.
“Ces actions peuvent conduire à la destruction de l’infrastructure d’un grand centre
industriel et à des pertes civiles.
“Dans ces circonstances, notre priorité absolue est de préserver la vie et la santé des
citoyens. Par conséquent, l’armée russe assurera tout d’abord le départ sûr, déjà annoncé, de la population conformément au programme de réinstallation en
cours de préparation par le gouvernement russe.
“Nos plans et actions ultérieurs concernant la ville de Kherson elle-même dépendront de la
situation militaro-tactique actuelle. Je le répète, elle est déjà très difficile aujourd’hui.
“Dans tous les cas, comme je l’ai dit, nous partirons de la nécessité de protéger autant que
possible la vie des civils et de nos militaires.
“Nous agirons consciemment et en temps utile, sans exclure les décisions difficiles.” (C’est
nous qui soulignons).
Trois choses peuvent être dites. Premièrement, la retraite de Kherson a été décidée pour des
raisons opérationnelles. Sa raison d’être est d’empêcher toute tentative des forces ukrainiennes et des mercenaires étrangers de perturber les travaux en cours
visant à intégrer des militaires formés en grand nombre (près de 400 000 hommes au total, volontaires compris) pour renforcer les déploiements en
Ukraine.
Deuxièmement, le Kremlin a pris soin de ménager la décision amère de quitter la ville de
Kherson, qui est gravée dans la psyché nationale russe comme faisant partie de l’héritage historique de Catherine la Grande. Il est intéressant de noter que
les reliques historiques de la Russie impériale dans la ville de Kherson ont été méticuleusement mises en réserve et emportées pour être stockées en toute
sécurité.
L’opinion publique russe a largement accepté la décision du commandement militaire, y
compris celle des “durs” de l’establishment. L’opinion publique russe a largement accepté la décision du commandement militaire, y compris les “durs” de
l’establishment, tels que le leader tchétchène Ramzan Kadyrov et le groupe Wagner d’entrepreneurs militaires russes. Ce n’était pas le cas lors du retrait à
Kharkov en septembre.
Troisièmement, et c’est le plus important, l’intention est de prévenir toute menace pour la
Crimée en termes de sécurité, de communication, d’eau, etc. Les forces russes en retraite ont détruit deux grands segments du pont d’Antonivka, qui relie la
ville de Kherson à la rive orientale du Dniepr. Le Dniepr devient de facto la “zone tampon” de la région de Kherson, avec 60 % du territoire de l’oblast sous
contrôle russe.
Pont Antonovka sur le fleuve Dniepr, Kherson Pour l’avenir, il s’agit avant tout d’un retrait tactique. Le porte-parole du Kremlin,
Dmitry Peskov, a affirmé que Kherson faisait toujours partie de la Russie. Cela implique une obligation de récupérer la ville de Kherson, alors que les
opérations militaires spéciales se poursuivent.
Deuxièmement, le commandement militaire russe n’envisage pas d’opération vers Odessa dans un
avenir proche. La priorité sera d’achever l’opération visant à établir le contrôle total de la région du Donbass (qui était l’objectif initial de l’opération
spéciale) ainsi que de la région de Zaporozhye (qui est importante pour la sécurité du pont terrestre reliant la Crimée à l’arrière-pays russe). Des combats
intenses se poursuivent à Donetsk.
Troisièmement, il est certain qu’il existe des signes naissants d’une évolution de la pensée
de l’administration Biden en faveur du dialogue et des négociations. Leur authenticité reste incertaine. (…)
Selon le CNN et le New York Times, l’administration Biden est une maison divisée. Les
indications suggèrent que le Pentagone fait pression en faveur de négociations. Selon CNN, le général Milley, président des chefs d’état-major interarmées,
estime que le moment est venu de trouver une solution diplomatique alors que les combats se dirigent vers une accalmie hivernale, tandis que le secrétaire
d’État Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, tous deux d’ardents néocons, restent sceptiques.
Les Russes gardent largement leurs pensées pour eux, mais certains signaux sont également
émis. L’ambassadeur russe à Washington, Anatoly Antonov, a déclaré dans un entretien avec Izvestia, publié vendredi, que “je trouve naïf de supposer, à en
juger uniquement par les fuites dans les médias, qu’une transformation des approches visant à mettre les relations russo-américaines sur une nouvelle voie est
en cours. Nos relations sont confrontées à une crise profonde, et il n’y a pas encore de lumière au bout du tunnel.”
Le vice-ministre des affaires étrangères, Sergey Ryabkov, a déclaré vendredi qu’aucune
réunion n’était prévue au niveau des ministres des affaires étrangères entre la Russie et les États-Unis en marge du G20 à Bali. M. Peskov a déclaré hier que
“le conflit en Ukraine peut prendre fin après avoir atteint ses objectifs (ceux de l’opération militaire spéciale) ou en atteignant ces mêmes objectifs par des
négociations pacifiques, ce qui est également possible. Kiev ne veut pas de négociations. L’opération militaire spéciale continue.”
Aux yeux des Russes, la question est de savoir dans quelle mesure l’administration Biden est
prête à faire pression sur Kiev. Ryabkov a abordé cet aspect crucial dans des commentaires hier : “Je peux réaffirmer que nous sommes ouverts au dialogue sans
aucune condition préalable. Et nous sommes prêts depuis un certain temps. Sur les instructions de ses mécènes occidentaux, Kiev a rompu le dialogue qui, en
général, progressait, et un certain document était en préparation. Maintenant, ce sont des choses du passé. Et la suite ne dépend plus de nous.
“Je peux certainement partager mon opinion ici que si Kiev reçoit un ordre de certaines
capitales, il y aurait peut-être une meilleure chance pour ce dialogue. Mais là encore, nous n’avons pas d’obstacles ici et il ne devrait pas y avoir de
conditions préalables au dialogue.”
La grande question est de savoir si l’offensive russe, qui devrait commencer en novembre –
décembre, aura lieu ou non. Comme l’a conclu une analyse de CNN, “le succès à Kherson pourrait également donner un peu de répit aux unités ukrainiennes
épuisées… Mais la Russie dispose de beaucoup d’armes et de dizaines de milliers de troupes nouvellement mobilisées à envoyer au combat, et sa campagne contre
les infrastructures ukrainiennes a laissé l’approvisionnement en électricité et en eau suspendu à un fil dans de nombreuses régions. L’Ukraine reçoit peu à peu
des défenses aériennes avancées de la part des donateurs occidentaux, mais elle a une immense zone à défendre.“”
Quelques réflexions sur le rôle des « idiots utiles » dans les PSYOPS modernes
Je dois commencer par un aveu : Alors que l’ouragan Ian a été un
désastre total pour la majeure partie de la Floride, l’ouragan Nicole est arrivé juste à temps pour m’éviter d’avoir à réagir à l’idiotie collective entourant le retrait annoncé de Kherson par
l’armée russe. En termes purement militaires, c’était une évidence et si vous n’avez pas encore écouté Andrei Martyanov et Brian Berletic discuter de cette question avec Gonzalo Lira,
veuillez cliquer
ici pour écouter leur conversation.
Vous pouvez également écouter les
commentaires de Gonzalo Lira ici (ils sont parfaitement sensé).
Ensuite, je voudrais proposer une nomenclature provisoire des personnes auxquelles je vais me référer. Il ne s’agit pas d’un groupe unique et monolithique, mais
plutôt d’une sorte de « chœur PYSOP » avec
différentes voix. Voici comment je les vois :
Les trolls payés et autres propagateurs de points de discussion PSYOP américains : ce sont les vrais, des gens qui en vivent. Appelons-les les « pros« . Certains d’entre eux sont de simples
Intelligences Artificielles.
Des gens qui, pour une raison ou une autre, détestent Poutine, la Russie ou les deux. Pour eux, littéralement *tout* événement, décision, déclaration est
immédiatement saisi et utilisé pour « prouver » que Poutine est faible et indécis, que la
Russie perd la guerre (et qu’elle la perd depuis le premier jour) et que, tôt ou tard, l’Occident tout-puissant vaincra la Russie. Appelons-les les « haineux« .
Ensuite, il y a ceux qui sont là uniquement pour faire de l’argent. Ils ont besoin d’annoncer toutes sortes de défaites majeures, de catastrophes, de
conspirations cachées, etc. parce que cela génère du trafic et de l’argent. Appelons ces gens les « putaclicks« .
Viennent ensuite les gens qui n’ont pas accès aux informations dont disposent Poutine, le Kremlin et l’état-major russe, mais qui se sentent suffisamment
informés (et éduqués) pour expliquer au monde ce que les Russes devraient faire au lieu de ce qu’ils font réellement. Je les appelle les « génies en herbe ».
Ensuite, il y a ceux qui, formés par Hollywood et Tom Clancy, savent tout simplement que l’Occident est la civilisation la plus brillante et la plus avancée de
l’histoire et que tout ce qu’il produit, qu’il s’agisse des peuples ou des technologies, est tellement supérieur à tout autre que la victoire finale de l’Occident contre tout ennemi ou même
toute coalition d’ennemis est inévitable. Je pense que nous pouvons les appeler des « suprématistes ».
Ensuite, nous avons ceux qui essaient vraiment de comprendre ce qui se passe mais qui n’ont tout simplement pas l’éducation/la formation/l’expertise pour
comprendre. Ce sont les personnes qui ont récemment fait une transition en douceur, passant de virologistes/microbiologistes/épidémiologistes de salon à généraux et maréchaux de salon. Ces
personnes ont un avis sur tout, et le fait d’avoir cet avis sur tout leur donne le sentiment chaleureux d’être de vrais experts. Appelons-les donc ainsi, « les experts ».
Enfin, et pas des moindres, nous devons également mentionner les personnes qui n’ont aucune éducation/formation applicable et qui sont trop stupides pour se
rendre compte qu’elles sont stupides. Nous pouvons les appeler « les imbéciles ».
Bien sûr, dès que Surovikin a annoncé que la Russie déplacerait ses défenses à Kherson vers la rive droite et se retirerait de la ville, tous ces gens ont
instantanément uni leurs forces en un « chœur
PYSOP » vociférant et ont inondé Internet de leurs inepties (y compris notre section de commentaires, mais la plupart ont été interceptés).
Franchement, je n’ai ni l’envie ni l’énergie de démystifier les idioties que cette « chorale PSYOPS » proclame solennellement, mais je tiens à
mentionner deux choses qui pourraient avoir été manquées.
Premièrement, si les Russes n’avaient PAS quitté Kherson et si l’OTAN avait fait sauter le barrage de Kahovka et inondé la ville, le résultat aurait ressemblé à
quelque chose comme ceci (j’ai obtenu cette image du blog d’Andrei Martyanov) :
Les Russes n’ont pas annoncé combien de soldats ils avaient à Kherson, mais les
Ukronazis ont dit 20 000. Ok, partons de cette hypothèse et supposons que 20 000 soldats seraient coupés du reste des forces russes et ne seraient réapprovisionnés qu’avec beaucoup de
difficultés. Ensuite, supposons que la force de l’OTAN (bien plus importante) ait pénétré dans la ville. Pouvez-vous imaginer ce qui s’y passerait ? Des centaines de prisonniers de guerre russes,
beaucoup plus de morts, de tués, de disparus et, enfin, la « preuve » que la Russie est en train de perdre (et a
toujours perdu !).
Je peux absolument vous garantir que les pros, les haineux, les putaclicks, les génies, les suprématistes, les experts et les imbéciles uniraient tous leurs forces
en un « fortissimo musical » et crieraient
du haut de leurs poumons que « ah ah ! vous voyez !
nous avions raison depuis le début !!!« .
La deuxième chose que je dois aborder est ce que je crois être une erreur d’analyse de Bernhard sur Moon of Alabama. Il a
écrit que « ce coup est opérationnellement
sain » et pourtant il a ajouté « stratégiquement le coup est mauvais« . On peut se demander
comment un coup peut être opérationnellement sain mais stratégiquement mauvais, mais n’allons pas plus loin. L’argument de Bernhard est que « cela ferme pour l’instant la possibilité de se déplacer vers Nikolaev
(Mykolaiv) et plus loin vers Odessa« . Le problème ici est que lorsque nous regardons une carte de la région, nous réalisons quelque chose de très important : il y a beaucoup de
ruisseaux et de rivières qui coulent du nord au sud et qui se jettent dans la mer Noire. Voir ici :
Ainsi, tout déplacement le long de la côte impliquerait
de devoir traverser un certain nombre de rivières. Est-ce possible ? Oui, absolument. Mais est-ce la meilleure option ? Je n’en suis pas du tout sûr. Je dirai simplement que c’est l’option à
laquelle les Ukronazis et l’OTAN se sont préparés.
Une autre option pourrait être de se déplacer non pas vers l’ouest, mais vers le nord, puis de tourner vers l’ouest pour prendre par derrière toutes les défenses de
l’OTAN autour du littoral de la mer Noire. Ai-je mentionné qu’une force conjointe russo-biélorusse est maintenant déployée en Biélorussie, ce qui semble beaucoup inquiéter l’OTAN et qui pourrait
être utilisée pour immobiliser les forces de l’OTAN qui sont proches et au nord de Kiev.
Est-ce là ce que les Russes prévoient ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est qu’il est erroné de penser que la seule façon d’atteindre Odessa est de se
battre le long de la côte.
Enfin, et surtout, il y a l’(inévitable) rumeur selon laquelle un accord aurait été conclu entre Poutine et… … euh… eh bien… quelqu’un à l’Ouest (qui ? Brandon ?
Sunak ? Macron ?). Il s’agit là d’une connerie pure et simple que seuls les véritables « imbéciles » peuvent avaler (bien que les « putaclicks » s’en servent pour obtenir des clics et de la
visibilité !) La Russie et l’Occident sont enfermés dans une guerre existentielle pour leur survie depuis AU MOINS 2013 et nous sommes très proches d’une possible guerre nucléaire, mais certaines
personnes continuent de penser que Poutine travaille pour les États-Unis, le WEF, Klaus Schwab, Bibi Netanuyahu, etc. etc. etc. Ma position à ce sujet est simple : toute personne qui croit
sérieusement à ces conneries ne vaut pas la peine qu’on lui explique, vous auriez plus de succès en discutant avec un mur. Je ne m’embêterai certainement pas avec eux.
Je voudrais également noter que si un véritable accord en coulisses a été conclu, les chances que Poutine finalise cet accord avec les dirigeants occidentaux au G20
seraient une occasion parfaite. Pourtant, en réalité, Poutine ne va même pas y assister. Tirez en vos propres conclusions.
Il est particulièrement comique, d’une manière un peu triste, d’entendre les « experts » américains offrir leurs précieuses idées et
conseils sur ce que les Russes devraient faire ensuite. Étant donné que les États-Unis n’ont jamais mené de véritable guerre depuis la Seconde Guerre mondiale, alors que l’existence d’un
état-major russe est plus ancien que les États-Unis en tant que nation, seule une ignorance crasse de l’histoire pourrait inciter ces hyper-perdants à donner des conseils aux hyper-gagnants
russes.
Et bien que la Russie ait perdu un certain nombre de batailles et même de campagnes au cours de son histoire, elle a toujours fini par vaincre tous ses ennemis.
Pourtant, les Anglos sont toujours là à prêcher la Russie.
En parlant d’anglos, j’ai entendu un fait amusant l’autre jour : Toute l’armée britannique pourrait tenir dans le stade Luzhniki à Moscou. Une Grande-Bretagne bien
chétive…
Quoi qu’il en soit, ce sont des gens qui ont perdu le contrôle de leur empire et qui sont maintenant en train de perdre le contrôle de leur propre pays mais, plutôt
que d’essayer de réparer leur propre désordre, ils sont encore là à prêcher au Kremlin comment faire la guerre.
Vraiment, sic transit gloria mundi…
Conclusion : le retrait de Kherson est-il une sorte de désastre ?
Pas le moins du monde. C’était un mouvement planifié et il a été bien exécuté. N’oubliez pas que le Kremlin a toujours été au courant du problème de Kherson, mais
qu’il y a tout de même autorisé les référendums et que Kherson fait désormais légalement partie de la Russie. Ainsi, si les Russes ont retiré (la plupart) de leurs forces de la rive droite du
fleuve, cela ne change en rien le statut juridique de la ville ou de ses habitants. Il existe un dicton français qui dit « il faut donner du temps au temps » et c’est ce que je
suggère. Voyons ce qui se passera à Kherson et dans le reste du théâtre d’opérations au cours des deux ou trois prochains mois. Et, peut-être, avec le recul, tout deviendra clair.
Mais il est indéniable que les médias sociaux russes ont littéralement explosé de peur, d’incertitude et de doutes (PID) et qu’il y a maintenant un segment
croissant de la population qui a) ne comprend pas ce qui se passe b) écoute tous les PID sur l’Internet russe et c) n’a toujours pas intégré le simple fait que la Russie est en guerre. Une guerre
tout aussi réelle et cruciale que l’étaient la Première ou la Seconde Guerre mondiale. Cependant, plus cette guerre durera, plus la société russe se polarisera et, comme je l’ai déjà mentionné
par le passé, je me réjouis de cette polarisation car elle montre le véritable « qui est avec qui » ici. Et il y aura un enfer à payer sur
la route pour des gens, comme par exemple Dougine,
qui commettent maintenant des actions qui les auraient fait fusiller pour trahison pendant la Seconde Guerre mondiale. Au moins, j’espère maintenant que le canard « Douguine est le conseiller de Poutine » a été
définitivement enterré. Et MAINTENANT vous savez pourquoi je n’ai jamais posté un seul article de Douguine ou même mentionné son nom. Je l’ai deviné pour le faux qu’il est il y a bien
longtemps.
Pour l’instant, ignorons simplement le chœur habituel des pros, des haineux, des putaclicks, des génies en herbe, des suprématistes, des experts et des imbéciles et
laissons-les profiter de leurs 5 minutes de gloire avant que tout leur édifice mental ne s’écroule, détruit par la réalité et les faits sur le terrain.
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
NB : Petite remarque : A l'image de l'armée britanique qui tiendrait toute entière dans le stade Luzhniki à
Moscou, la partie "combattante" de l'Armée Française trouverait largement place dans le stade de France (80 000 places). Donc, ne nous moquons pas !
JMR
La Russie annonce le retrait des troupes russes de Kherson et de la rive droite du Dniepr
Le 9 novembre 2022, le commandant en chef de l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, Sergueï Sourovikine, annonçait le retrait des troupes
russes de Kherson et de la rive droite du Dniepr, pour éviter aux soldats se trouvant dans cette zone de se retrouver en position d’encerclement.
Depuis plusieurs mois, l’armée ukrainienne bombarde constamment le pont Antonov, et le barrage de la centrale électrique de Novaya Kahovka, provoquant un
problème d’approvisionnement de la rive droite du Dniepr, où se trouve Kherson, et faisant peser un risque d’inondation d’une partie importante de la ville et des berges du fleuve.
En effet, les destructions infligées par les frappes de missiles Himars au pont Antonov ont rendu ce dernier inutilisable, obligeant à avoir recours à des
pontons flottants et des ferrys pour permettre la traversée du Dniepr. Pontons et ferrys eux-mêmes régulièrement bombardés par l’armée ukrainienne, y compris lors
du début de l’évacuation des civils de Kherson, fin octobre. Ces bombardements ont fait plusieurs victimes parmi les civils, dont des journalistes.
Concernant le barrage de Novaya Kakhovka, il y a trois jours, l’armée ukrainienne a de nouveau bombardé ce dernier à coup de roquettes Himars. Toutes sauf
une ont été abattues par la défense anti-aérienne russe. Malheureusement la roquette restante a touché et endommagé une des écluses du barrage, faisant craindre un risque d’inondation de
Kherson et de destruction des pontons flottants assurant la « ligne de vie » logistique de l’armée russe.
D’ailleurs, lors de sa réunion avec le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, Sourovikine a mentionné ce risque comme un des facteurs l’ayant poussé
à proposer de retirer les troupes russes de Kherson et de la rive droite du Dniepr. Le but étant d’éviter l’encerclement opérationnel de plusieurs milliers d’hommes, par coupure de leurs
lignes d’approvisionnement.
Il a aussi indiqué que l’approvisionnement civil de Kherson était lui aussi compliqué dans la situation actuelle, et que maintenir dans de bonnes conditions
la vie des civils à Kherson était devenu très difficile.
Ce retrait des troupes russes de Kherson et de la rive droite du Dniepr s’accompagne d’une évacuation massive des civils de la zone concernée. Plus de 115
000 personnes ont déjà été évacuées ces dernières semaines, et les dernières évacuations de civils sont en cours à Kherson. Même les animaux du zoo sont évacués. Le but est bien sûr
d’éviter que les civils de Kherson se fassent massacrer par les soldats ukrainiens pour « collaboration », comme on l’a vu à Boutcha,
ou à Izioum,
Balakleya et Krasny Liman.
Face à cette annonce, les
autorités ukrainiennes restent dubitatives, craignant un piège. Et il y a de quoi. La zone autour de Kherson n’est que de la steppe, qui va se transformer en vaste terrain découvert
une fois tombées les dernières feuilles des arbres. De plus, les civils ayant été évacués, la Russie pourra prendre moins de précautions lorsqu’elle bombardera les troupes ukrainiennes
qui avanceront vers Kherson. Et quand on voit les pertes effroyables de l’armée ukrainienne lors de ses tentatives de percer la défense russe dans cette zone, alors que la Russie n’avait
pas ces deux avantages (Sourovikine annonce des pertes en morts et blessés de plus de 9000 soldats ukrainiens), il n’est pas difficile d’imaginer ce qu’il en sera après.
Quoi qu’il en soit il sera clairement plus facile pour les troupes russes d’installer des défenses solides le long de la rive gauche du Dniepr, que dans les
plaines de la rive droite à l’ouest de Kherson. De plus, la destruction des ponts empêchera l’armée ukrainienne d’avancer, mais l’obligera à maintenir un contingent important dans cette
zone pour empêcher toute nouvelle avancée russe. Un contingent qui manquera ailleurs à l’armée ukrainienne.
De leur côté, les troupes russes retirées de ce front vont être envoyées dans les zones où la Russie est à l’offensive. Car si le retrait de Kherson est
très médiatisé et visible, il ne faut pas oublier que sur d’autres portions du front, les troupes russes avancent, à Ougledar, Artiomovsk, près de l’aéroport de Donetsk, et à Maryinka.
Les soldats russes venant de Kherson vont permettre d’accélérer ces offensives. En clair, il n’y a pas de quoi paniquer, ce retrait est planifié et pour l’instant bien mené, y compris
l’évacuation des civils.
Cette décision difficile prise par Sourovikine avec l’approbation de Sergueï Choïgou était rendue nécessaire dans les conditions actuelles issues à la fois
d’erreurs stratégiques faites par certains commandants au début de l’opération spéciale, et par les destructions provoquées par l’armée ukrainienne, qui n’en a rien à faire d’inonder la
moitié de Kherson. D’ailleurs, fait marquant, cette décision a été soutenue par Ramzan
Kadyrov et par Evgueni
Prigojine, le propriétaire de la société de sécurité privée Wagner, qui n’avaient pas été tendres avec le commandement russe lors du
retrait de la région de Kharkov.
Cette décision difficile fait donc consensus parmi ceux qui s’y connaissent assez en science militaire pour comprendre dans quelle situation se trouvent les
troupes russes à Kherson et sur la rive droite du Dniepr. L’opération spéciale n’est pas terminée, et bientôt la totalité des 300 000 mobilisés russes seront envoyés dans la zone de
combat (actuellement seuls environ 80 000 sont arrivés). Comme l’a souligné Ramzan Kadyrov dans son message soutenant la décision de se retirer de Kherson, « après avoir pesé le pour
et le contre, le général Sourovikine a fait un choix difficile mais correct entre un sacrifice insensé pour faire des déclarations tapageuses et le sauvetage de la vie inestimable des
soldats ».
Le Ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a ordonné au commandant en chef des troupes russe, le
général Sourovikine de se retirer de Kherson et des territoires tenus au nord du Dniepr. Contrairement à ce qu'affirment de nombreux
commentateurs, ce n'est pas le résultat d'une offensive ukrainienne victorieuse. C'est un retrait préparé depuis plusieurs semaines par le
nouveau commandant en chef, qui sait que tout l'effort militaire OTANo-ukrainien porterait sur cette excroissance de la ligne de front,
alors que le Dniepr représente une ligne naturelle de défense, d'où lancer de nouvelles offensives quand l'ennemi se sera épuisé. Il ne
faut jamais oublier la constance de la stratégie russe à travers les générations : La
doctrine Koutouzov.
Il faut toujours se méfier quand l'armée russe se retire de manière ordonnée d'un territoire que
l'adversaire pense trop vite "avoir conquis". Autant, le départ d'Izioum puis de Liman, il y a quelques semaines, semblait décidé sous la
pression, autant on peut invoquer les constantes de la stratégie russe dans le cas de Kherson, puisque le général Sourovikine avait annoncé
dès son arrivée qu'une "décision difficile" serait prise concernant Kherson. On l'a vu se déployer : l'évacuation des civils a précédé le
retrait des troupes.
Nous reviendrons en détail, dans notre prochain bulletin, sur ce que les médias occidentaux appellent
déjà la “défaite de Kherson”. La carte et les commentaires de Jacques Frère, sur son compte twitter, permettent de comprendre ce qui
est en jeu.
Les Russes sont en terrain plat et découvert, exposé à une offensive massive ukrainienne – si l’armée
kiévienne en était encore capable. L’alternative pour eux est de faire sauter les ponts, voire le barrage hydroélectrique de Khakovka, comme nous en parlions hier.
Plutôt que de s’épuiser à défendre ce terrain exposé, le commandement russe préfère se retirer de
l’autre côté du Dniepr, selon une ligne de défense naturelle.
En attendant, bien entendu, de pouvoir passer à l’offensive, puisque nous sommes en territoire russe,
désormais!
Il s’agit d’éviter de créer une cible pour l’armée ukrainienne, qui a tendance à rassembler toutes ses
forces de ce côté, pour obtenir -éventuellement une victoire spectaculaire. (On remarquera que la victoire en question attendue avant
les mid-terms, n’est pas venue car les Russes ont repoussé toutes les tentatives d’offensives). Cet autre tweet de Jacques Frère fait
bien comprendre les difficultés ukrainiennes:
La stratégie Koutouzov
A quoi bon, du point de vue russe, dépenser des forces disproportionnées à défendre un territoire exposé
quand on peut, à la Koutouzov, abandonnant temporairement Moscou à Napoléon, battre en retraite pour mieux revenir ensuite.
Cela fait plusieurs semaines que les Russes ont organisés l’évacuation des habitants de Kherson (80 000
personnes ont quitté leurs habitations). De la sorte il ne se reproduira pas ce qui s’est passé dans la région de Kiev ou dans la
région de Kharkov : Les exactions de l’armée ukrainienne contre les “Ukrainiens collaborateurs”.
En même temps, à quoi servira, pour les Ukrainiens, une région privée de ses habitants? Sinon à s’exposer bien visiblement aux frappes
russes. Ajoutons que les Russes, qui pensent à l’après, préfèrent ne pas avoir à détruire le territoire – par une inondation massive
par exemple.
En fait, la stratégie russe est constante, depuis deux siècles. Mais j’observe que non seulement les
experts occidentaux mais aussi de nombreux experts russes ou russophones, parlent de défaite terrible, d’humiliation pour la Russie
etc….
Rappelons-nous que tout abandon apparent “de Moscou” à l’adversaire est gros d’un incendie
dévastateur pour ce dernier. Et attendons de voir la suite des événements.
Guerre d’Ukraine – Point au jour 258
Pendant que ses soldats se font tuer en masse, le commandant en chef ukrainien offre des voitures de luxe à ses maîtresses - Le 08/11/2022.
(1) La bataille d'Ukraine et les frasques du commandant en chef ukrainien(2) Ce n'est ni la répétition de la guerre de tranchées de la Première Guerre mondiale ni
celle de la crise des missiles de Cuba. (3) L'influence déclinante des USA dans le monde est mesurable. (4)Le basculement géopolitique expliqué par Bhadrakumar.
Bataille d’Ukraine
Erwan Castel pense que l’on approche d’un point de rupture: “La situation sur le front est toujours très tendue, pour les forces
ukro-atlantistes sur le front Nord et celui du Donbass, pour les forces russes sur le front de Kherson, car toute stratégie défensive, fasse à un ennemi qui
veut conserver coûte que coûte” une initiative opérative et dispose de réserves pour faire renouveler ses attaques, a ses limites dans le temps des attritions
réciproques.
Ainsi pour les forces ukrainiennes du secteur d’Artemovsk qui finissent par céder progressivement devant les coups de boutoir
des forces russes et alliées mais aussi pour les forces russes qui, autour de Kherson arrivent également au terme de leur stratégie défensive face aux
sempiternelles attaques suicidaires ukro-atlantistes et à l’attrition sur leurs arrières menées par les frappes des HIMARS.
Même si globalement la ligne de contact n’a pas bougé, à part quelques avancées réciproques de quelques centaines de mètres ici
et là, on sent dans plusieurs secteurs s’approcher un point de rupture du front, soit en faveur de Kiev, soit en faveur de Moscou”.
Regardons les deux points jugés critiques de la ligne de front:
Selon Southfront.org: “Le premier samedi de novembre s’est déroulé dans un contexte de progression lente mais continue des forces russes dans les
régions d’Ougledar et de Bahmut. Des actions offensives actives des forces russes ont également été signalées autour de la colonie de Pervomaysk dans la
campagne de Donetsk. Cependant, les actions offensives des Russes dans ces directions se heurtent à une forte résistance des unités loyales au régime de Kiev
qui ne manque toujours pas de chair à canon qu’il peut jeter sur les lignes de front du conflit.
L’avancée des Russes autour d’Ugledar s’est arrêtée dans la région de Pavlovka. Le village, situé sur un important carrefour,
est partiellement contrôlé par les forces russes (plus de 50%) mais sa partie nord est toujours contestée. Les conditions météorologiques et les renforts
récemment déployés par le régime de Kiev ont joué leur rôle. Malgré cela, la situation des unités pro-Kiev y reste toujours critique.
La région de Bahmut (Artemovsk) est un autre point d’attention des militaires russes. La ligne de front se situe actuellement
autour d’Opitnoe (au sud de Bahmut) et des rapports font état de mouvements d’unités russes avancées dans les environs est et nord de Bahmut même. Avec les
avancées tactiques des Russes autour de Pervomaysk, il semble que les forces armées ukrainiennes se soient essoufflées dans toute la région du Donbass.
Actuellement, elles se concentrent principalement sur les tentatives d’empêcher de nouvelles avancées des Russes dans les zones susmentionnées.
Quant à Kherson, revenons au blog de Castel: “Le front Sud dans la direction de Kherson reste la région militairement – et
politiquement – la plus tendue actuellement.
Le 5 novembre, plusieurs attaques ukro-atlantistes en direction de Kherson ont été repoussées dans les secteurs de Sablukovka et
Sukhanovo. Dans ces combats les forces de Kiev ont eu environ 80 soldats de tués et on perdu 7 véhicules blindés.
Mais ces dernières heures, les forces ukro-atlantistes ont à nouveau déployé vers la première ligne des concentrations de
blindés, tandis que leur artillerie intensifie ses frappes sur les positions russes. L’aviation tactique ennemie (hélicoptères et avions d’attaque au sol) a
également augmenté ses activités de bombardements. La menace de nouvelles attaques vers Kherson a été confirmée par le chef adjoint de Kirill Stremousov
l’adjoint du responsable de l’administrationrégionale.
Les 3 principaux secteurs concernés par ces préparations offensives ukro-atlantistes sont ceux d’Aleksandrovka,
Blagodatnoye, et Andreevska où, sur ce dernier secteur, les positions russes de Bezimiennoe et Karlo Marksovski ont déjà subi des assauts. ️
De part et d’autre de leur tête de pont sur la rivière Ingoulets, un affluent du Dniepr au Nord Est de Kherson. Deux colonnes
ukro-atlantistes se dirigent sur son flanc gauche vers Davidov Brod avec notamment une vingtaine de chars de combat et sur son flanc droit vers Snigerovka avec
plutôt des véhicules de combat d’infanterie. L’objectif de ces mouvements s’ils donnent effectivement l’assaut semble etre de vouloir élargir la tête de
pont sur l’Ingoulets et repousser la ligne de contact plus vers Kherson.
Sur la rive droite (Nord) du Dniepr l’artillerie ukro-atlantiste a également intensifié ses tirs sur les positions russes des
secteurs de Berislav et Duchanoye, au Nord Est du barrage hydroélectrique de Kakhovka qui subit toujours (ainsi que la ville proche de Nova Kakhovka) des tirs
de roquettes “HIMARS”.
De leur côté, les forces russes, qui ont préparé les localités pour des batailles urbaines engagent des tirs de barrage et de
contre batterie et repoussent les premières attaques.
La pression ennemie se fait donc toujours dans la région située au Nord Est de la ville de Kherson, entre l’Ingoulets et le
Dniepr, où une éventuelle percée au niveau de la tête de pont d’Andreevka, en les menaçant d’un chaudron potentiel, forcerait les forces russes positionnées au
Nord de Kakhovka à se replier vers Le Sud Ouest en direction de Kherson.
Le général Sourovikine a récemment évoqué la probable et prochaine “prise de décisions difficiles”…”
Curieusement, Castel n’envisage pas la défense la plus probable, de la part des Russes en cas de sévère offensive ukrainienne
sur Kherson, maintenant que la partie la plus vulnérable de la population de Kherson a été évacuée : la rupture du barrage hydroélectrique de
Kakhovka.
Je suis pour ma part sceptique, cependant, sur la possibilité d’une offensive ukrainienne majeure à cet endroit, qui déborderait
les Russes:
+ une telle offensive, si elle devait avoir lieu, l’aurait été avant les élections américaines de mi-mandat, les
“midterms”.
En réalité, les Ukrainiens ont essuyé de telles pertes durant leurs opérations de reconnaissance qu’ils ne sont pas allés plus
loin.
Or, plus le temps passe, plus les lignes de défense russes se renforcent.
+ Nous sommes entrés dans la raspoutisa, la transformation des terres en boue, avec l’arrivée de l’automne. L’armée ukrainienne, avancçant lentement ou s’enlisant,
serait encore plus vulnérable aux frappes russes.
+ on imagine difficilement qu’une armée puisse être approvisionnée et combattre longtemps quand le pays perd
profressivement ses infrastructures électriques, ses voies de chemin de fer etc….Ce 7 novembre on parlait d’évacuer la population de la ville de Kiev….
+ La guerre de destruction systématique des matériels et des centres de commandement ukrainiens et OTANiens camouflés par des
drones de l’armée russe continue.
+ Enfin, comme le souligne Southfront.org, le Général Valeri Zaloujni, qui a eu droit à la couverture de Time Magazine, semble surtout un émule de Hunter Biden,
comme le montre un piratage de son compte Instagram, qui donne idée du nombre de ses partenaires sexuelles:
Les frasques du commandant en chef ukrainien
mais aussi de la taille des cylindrées par lesquelles elles sont récompensées de leurs services:
Nous n’avons affaire ni à une répétition des incertitudes de la Première Guerre mondiale ni à une crise de Cuba bis
Il faut donc prendre garde à ne pas s’en tenir au caractère statique de la ligne de front et aux poussées dont l’armée kiévienne
semble encore capable pendant quelque temps.
Je recommande à cet égard la lecture d’un article de Dimitri Orlov paru sur le Saker (version anglaise) et repris par Zero Hedge:. L’article est un peu long mais je le restitue dans sa quasi-intégralité car il me semble dire beaucoup de choses essentielles.
C’est moi qui souligne:
Ce que fut vraiment l:a “crise de Cuba”
“La crise des missiles de
Cuba est un abus de langage malveillant. Cuba n’a jamais eu de missiles nucléaires ; il
a temporairement accueilli des soviétiques. La crise a commencé lorsque les Américains ont placé leurs missiles nucléaires à portée intermédiaire en Turquie,
ce qui a posé une nouvelle menace à l’Union soviétique, qui a répondu en plaçant des missiles similaires à Cuba (…). Les Américains se sont mis en colère mais
se sont finalement calmés et ont retiré leurs missiles de Turquie. Les Soviétiques ont retiré leurs missiles de Cuba et la crise était terminée. Et donc cela
devrait s’appeler la crise des missiles américains.
Ce qui se passe maintenant ne
pourrait pas être plus différent. À moins que vous n’ayez passé les dernières semaines à vous cacher sous un rocher, vous avez probablement entendu
dire qu’une sorte de nouvelle crise nucléaire est en cours à cause du « chantage nucléaire de Poutine » ou quelque chose du genre. Certaines personnes ont
souffert d’épuisement nerveux en conséquence, négligeant leurs devoirs et se laissant généralement aller. Prenez l’ancien Premier ministre britannique Liz Truss, par exemple [qui] s’est accrochée aux mots de Poutine
selon lesquels « la rose des vents peut pointer dans n’importe quelle direction » (un point factuel sur l’inutilité totale des armes nucléaires tactiques).
Elle a ensuite laissé l’économie britannique entrer en chute libre alors qu’elle suivait de manière obsessionnelle la direction du vent sur l’Ukraine. Tout
s’est mal terminé pour la pauvre Liz. Ne soyez pas comme Liz.
Je suis ici pour vous dire qu’il ne se passe rien au-delà de l’habituel – c ‘est-à-dire
l’habituel mensonge de la propagande occidentale.
Un narratif pour camoufler la défaite occidentale
En particulier, cela n’a rien à
voir avec Poutine ou quoi que ce soit de nucléaire. Au lieu de cela, tout cela fait partie d’une tentative désespérée de compenser l’échec narratif, et une
tentative ratée. Le problème pour l’Occident collectif est simplement le suivant : 80 % de la population mondiale a refusé de se joindre à lui pour
condamner, sanctionner ou autrement punir la Russie, certains très grands pays (Chine, Inde) étant soit favorables, soit neutres sur le
sujet.
La majeure partie du monde, y
compris l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine, surveille attentivement la destruction systématique par la Russie de ce qui était de loin la
plus grande et la plus capable armée équipée et commandée par l’OTAN au monde (l’armée ukrainienne, c’est-à-dire ), comprenant très bien que ce qui se déroule
est le Waterloo de Washington. Certains pays (l’Arabie saoudite, par exemple) sont si sûrs du résultat qu’ils refusent déjà d’obéir aux diktats de Washington.
C’est un problème, car tout ce que les Washingtoniens savent faire, c’est imposer leur volonté au monde. Traiter les autres comme des égaux ou rechercher des
opportunités de négocier un gagnant-gagnant ne fait tout simplement pas partie de leur compétence de base – ni de leur compétence,
d’ailleurs. (…)
Pour résoudre ce problème, les
narrateurs de Washington et de Bruxelles ont décidé de jouer la carte nucléaire et accusent la Russie de chantage nucléaire. Entre-temps, tout ce que la Russie
a fait, c’est décimer plusieurs fois l’armée ukrainienne, puis accepter quatre anciennes régions ukrainiennes dans la Fédération de Russie sur la base de
référendums locaux très concluants surveillés de près par bon nombre d’observateurs internationaux, puis annoncer qu’elle défendra ces régions régions contre
les attaques étrangères par tous les moyens nécessaires. Il s’agit évidemment de moyens nucléaires, puisque la Russie en dispose et les utiliserait
conformément à sa doctrine nucléaire, qui exclut leur première utilisation.
Pendant ce temps, les États-Unis n’ont pas une telle stipulation dans leur doctrine
nucléaire, ont effectivement utilisé des armes nucléaires contre des civils (au Japon) et ont rêvé pendant des décennies de développer une capacité de première
frappe nucléaire qui ne pourrait pas être contrée. Si un pays doit être considéré comme une menace nucléaire, ce sont les États-Unis, pas la Russie… sauf,
comme je vais l’expliquer, que les États-Unis ne sont plus vraiment une menace nucléaire non plus. Poutine a à peine fait allusion à cela, mais un simple
indice a suffi à exaspérer complètement l’establishment américain de la défense nationale, dont le pire ennemi est la réalité elle-même. Poutine a souligné qu’à ce stade, la Russie disposait dans son arsenal de dissuasion nucléaire de certaines
armes supérieures à celles de l’Occident.
Ces nouvelles armes, dont plus
tard, garantissent que toute attaque nucléaire contre la Russie serait un geste suicidaire. Autrement dit, l’Occident n’a aucun moyen de détruire
de manière fiable la Russie (elle est trop grande et son noyau économique est trop indépendant et trop bien défendu avec des systèmes de défense aérienne et
spatiale) tandis que la Russie peut détruire de manière fiable l’Occident (qui n’est pas aussi bien défendu ) mais ne le fera que si l’Occident attaque en
premier. Contrairement à l’époque soviétique, la Russie n’a pas de zèle missionnaire ; elle est
heureuse de s’asseoir et de regarder l’Occident s’affamer lui-même (en raison d’un manque d’engrais chimiques russes) dans l’obscurité (en raison d’un manque
de pétrole et de gaz russes). Tout ce qu’elle veut faire, c’est rassembler les morceaux du monde russe brisé et tous les peuples et toutes les terres
que l’effondrement de l’URSS a abandonnés derrière une frontière décrétée par les bolcheviks. Dans cette situation, le risque d’une guerre nucléaire est
pratiquement nul. Veuillez vous asseoir, prendre une série de respirations profondes et laisser la bonne nouvelle s’imprégner. Ressentez la joie.
Mais la joie ne durera probablement pas si vous écoutez des idiots lâches dont le travail
consiste à vous mentir sur la “menace nucléaire de Poutine”. Lorsque, par exemple, Jack Philips écrit que Moscou a menacé d’utiliser… des armes nucléaires
tactiques… en Ukraine pour sauver sa guerre là-bas », il nous ment essentiellement, et pas une mais trois fois dans la même phrase : la Russie n’a pas menacé d’utiliser des armes nucléaires tactiques, mais a plutôt souligné
leur inutilité ; et l’opération spéciale de la Russie est un succès. Le fait qu’il n’y ait pas de menace est le message principal de cet article, mais
faisons une brève digression et décrivons la victoire ukrainienne et la défaite russe.
Ce à quoi ressemblent la “victoire ukrainienne et la “défaite russe”
L’Ukraine est victorieuse dans la
mesure où, selon le FMI, son PIB est en baisse de 35 % en 2022 ; selon sa banque nationale, l’inflation a dépassé les 30 % et ne ralentit pas ; selon la Banque
mondiale, l’année prochaine, 55 % des Ukrainiens seront en dessous du seuil de pauvreté, subsistant avec moins de 2,15 dollars par jour ; selon le ministre
ukrainien de l’économie, le chômage a atteint 30 % ; selon son premier ministre, il sera incapable de payer les pensions et les salaires sans une aide
étrangère immédiate ; selon l’ONU, 20 % de la population a quitté le pays et 33 % sont déplacés à l’intérieur du pays ; selon son ministère de l’énergie, elle
a déjà perdu 40% de sa capacité de production d’électricité. L’armée ukrainienne recrute n’importe quel homme jusqu’à l’âge de 60 ans, n’ayant plus de
réservistes, et les pertes qu’elle subit au front sont tout simplement horribles.
Pendant ce temps, la Russie est
vaincue car selon Reuters le rouble russe est la monnaie la plus forte du monde ; selon le Guardian Poutine est plus puissant et populaire que jamais ; selon
son ministère de l’agriculture, la récolte céréalière de cette année est de plus de 150 millions de tonnes, dont 50 millions sont destinées à l’exportation,
faisant de la Russie le plus grand exportateur de céréales au monde ; selon The Economist, la Russie sort de la récession tout comme l’Occident entre en
récession ; et selon Goldman Sachs, l’indice d’activité économique en Russie est maintenant plus élevé qu’en Occident. La Russie vient juste de finir d’appeler
300 000, soit 1%, de ses réservistes entraînés et expérimentés, qui sont maintenant formés aux dernières techniques de combat de l’OTAN avant d’être envoyés
sur le front ukrainien.
Mais ne laissons pas les faits faire obstacle au récit dominant : l’Ukraine doit gagner et la Russie doit perdre, car sinon, qu’est-ce qui pourrait amener la Russie
à devenir si complètement désespérée qu’elle menacerait le monde avec ses armes nucléaires ? Cette partie est simple; ce qui est moins évident, c’est pourquoi
les propagandistes occidentaux sont suffisamment désespérés pour concocter et promulguer le faux récit du « chantage nucléaire de Poutine » ?
La raison de toute cette propagande trépidante est que l’Occident collectif ne peut espérer
survivre politiquement ou économiquement à moins que la Russie ne soit mise à genoux et n’accepte d’échanger ses ressources énergétiques et minérales avec des
chiffres fraîchement frappés qui résident dans les ordinateurs des banques centrales occidentales qui peuvent être confisqué à tout moment et pour quelque
raison que ce soit. La situation est désastreuse : les États-Unis épuisent leur réserve stratégique
de pétrole à un rythme effréné, mais sont confrontés à une pénurie de carburant diesel et à des prix de l’essence obstinément élevés. Il a une dette massive à
refinancer et à rééchelonner, mais ne peut le faire que par l’impression directe d’argent, entraînant une inflation, déjà supérieure à 10%, toujours plus
élevée. L’Europe se prépare à un hiver rigoureux avec des factures énergétiques ridiculement élevées, des fermetures d’industries et un chômage massif, tandis
que les États-Unis ne sont pas loin derrière. La manne de la fracturation hydraulique aux États-Unis n’a jamais été tout à fait rentable et il
reste peut-être un an ou deux avant qu’elle ne soit exploitée. Ensuite, le rêve du gaz naturel liquéfié américain remplaçant le gazoduc russe en Europe, jamais
un plan réaliste, sera mort pour de bon tandis que les fermetures de l’industrie se propageront aux États-Unis.
Défaite des USA et de l’Union Européenne
Pour éviter ce scénario, des mesures désespérées ont été appliquées, et toutes ont échoué.
Il y a d’abord eu le plan de sanctions infernales, obligeant de nombreuses entreprises occidentales à cesser d’expédier des produits vers la Russie et d’y
faire des affaires. Cela a fait beaucoup de mal aux entreprises occidentales tout en offrant à la Russie une ouverture pour voler sa part de marché. Ce qui ne
pouvait pas être remplacé par la production nationale a été remplacé par des « importations parallèles » via des pays tiers.
Ensuite, l’Occident (l’Europe en particulier) a réduit ses importations énergétiques russes
par un certain nombre de moyens, allant des sanctions contre les pétroliers russes à l’interdiction d’utiliser la capacité de gazoduc existante via l’Ukraine
et la Pologne, en passant par des frappes terroristes pures et simples sur les gazoducs russes. dans la Baltique. Une interdiction pure et simple des
importations de pétrole russe vers l’Union européenne est prévue pour décembre, et cela aggravera la situation de manière prévisible. Le résultat est que la
Russie a commencé à expédier du pétrole et du gaz vers ses partenaires en Asie, la Chine en particulier, et l’Occident est désormais invité à concourir pour
cette énergie sur le marché au comptant, jusqu’à épuisement des réserves. Ils ne le feront pas. En raison des prix plus élevés, la Russie exporte moins
d’énergie mais gagne plus de revenus étrangers.
Le projet ukrainien de bombe sale
Et c’est ainsi qu’un plan ingénieux a été ourdi pour une provocation nucléaire en
Ukraine. Les Ukrainiens, avec l’aide des États-Unis et des Britanniques, devaient prendre un vieux
missile balistique de l’ère soviétique (un Tochka-U), le charger avec les déchets nucléaires d’une des centrales nucléaires ukrainiennes, le faire exploser
quelque part à l’exclusion de Tchernobyl (qui est déjà contaminée par des radionucléides à longue durée de vie), puis les médias occidentaux
et les sources diplomatiques deviendraient tous hystériques et accuseraient la Russie à l’unisson, en espérant qu’au moins certains des pays du monde qui ont
refusé de rejoindre l’Occident des sanctions contre la Russie seraient amenées à se joindre à eux.
Ça s’est bien passé ? Pas bien du tout, apparemment ! Premièrement, les services de renseignement russes ont obtenu les détails de toute l’opération d’une source
interne ou deux ou trois. Ce n’est pas surprenant, car aucun ingénieur nucléaire qui se respecte ne serait trop excité pour assumer la responsabilité d’une
telle parodie. Deuxièmement, le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, sous les ordres directs de Poutine, a téléphoné à ses homologues du monde entier,
partageant ces preuves avec eux. Troisièmement, la Russie a spécifiquement demandé à l’AIEA d’aller enquêter sur les deux sites ukrainiens sur lesquels la
parodie était concoctée. Le résultat final est que les Ukrainiens détruisent maintenant
à la hâte les preuves et couvrent leurs traces. Considérant que chaque gramme de ces substances hautement contrôlées doit être inventorié et chaque
mouvement enregistré, cette dissimulation peut impliquer des incidents, des accidents et des circonstances de force majeure. Un vilain petit accident
impliquant une tasse de thé de déchets nucléaires et un pétard n’est pas à exclure, à la charge de la Russie, bien sûr.
La curieuse remontée à la surface du sous-marin nucléaire West Virginia
Pendant ce temps, dans le monde réel des affrontements entre superpuissances nucléaires,
deux événements intéressants ont eu lieu. Le jeudi 20 octobre 2022, le sous-marin nucléaire américain West Virginia, un sous-marin de classe Ohio qui
transporte 24 missiles balistiques Trident II, chacun portant 10 charges nucléaires, a fait surface dans la mer d’Oman et a été visité par Michael Kurilla,
commandant de Commandement central des États-Unis. (…) Le but d’un sous-marin nucléaire est d’être furtif car les systèmes de défense aérienne russes
peuvent particulièrement bien intercepter les missiles Trident II s’ils savent d’où ils viennent. Ainsi, le fait de faire surface et d’organiser des défilés
sur le pont annonce essentiellement au monde que le sous-marin n’est pas en service pour le moment.
Pourquoi les Américains feraient-ils cela ? Est-ce un geste de paix maladroit, un acte
énigmatique de reddition ou un appel à l’aide voilé ? Ou deviennent-ils tous séniles parce que tout ce que Biden a est contagieux ? C’est difficile pour nous
de le dire. Quoi qu’il en soit, les Russes ne semblent pas affectés. Le sous-marin nucléaire
russe Belgorod est récemment parti dans le bleu, provoquant un peu de panique au sein de l’OTAN. Il transporte un certain nombre de nouvelles torpilles de
drones à propulsion nucléaire Poséidon, qui portent toutes sur le nombre 100. Chacune d’elles porte une charge de 100 mégatonnes. Les Poséidons ont une portée
presque infinie, se déplacent à environ 100 km/h à une profondeur de 1000 m (trois fois plus profonde que n’importe quel sous-marin nucléaire) et lorsqu’ils
explosent près d’une crête côtière sous-marine, ils peuvent déclencher un tsunami de 100 mètres. Cinq d’entre eux suffisent à démolir les deux côtes des
États-Unis et toute l’Europe du Nord. (…) Personne n’écrira « en cas de tsunami,
détruisez la Russie » dans la doctrine nucléaire américaine. Mieux encore, les Poséidons peuvent rester en attente pendant des années, faisant surface
périodiquement pour recevoir de nouvelles commandes. Mais si la Russie est détruite, ils se lèveront et détruiront le reste du monde, car “à quoi
sert le monde s’il n’y a pas de Russie en lui ?” (V.Poutine)
Nous pouvons être sûrs que les Russes ne déclencheront pas une guerre nucléaire parce que
c’est risqué et qu’ils n’ont pas à prendre ce risque pour gagner. Nous pouvons être sûrs que les Américains n’en lanceront pas car ce serait un suicide. Et
ainsi nous pouvons tous nous asseoir et nous détendre. (…)“
Un instantané de l'influence déclinante des USA dans le monde
C’est une résolution régulièrement présentée au vote à l’ONU. Il s’agit de dire que l’on combat, comme pays souverain, la
glorification du nazisme. Ces dernières années, seules les Etats-Unis et l’Ukraine votaient contre. A présent, ce sont une cinquantaine de pays qui ont
rejoint les deux moutons noirs de ces dernières années. Washington a fait un lobbying effréné pour expliquer que cette résolution n’était pas contre le nazisme
mais une instrumentalisation du sujet par la Russie. Voilà pourquoi il fallait voter contre.
Du coup, on a une sorte de référendum pour ou contre la position américaine contre la guerre en Ukraine. Et le résultat est
dévastateur pour une puissance qui entend réguler le monde. En gros, le Canada et l’Europe ont voté avec les USA. Les abstentions et les votes non couvrent le
reste de la planète.
Ajoutons que l’on a honte, comme Français, de constater que son gouvernement ne vote pas une motion destinée à confirmer le
pacte de 1945, l’engagement à ne jamais laisser revenir quelque chose qui ressemblerait au nazisme. On hésite d’ailleurs à rire ou à pleurer de
l’hypocrisie qui consiste à faire un scandale d’une interjection d’un député de droite à l’Assemblée Nationale, traité aussitôt de fasciste, au moment même où
lm’ambassadeur de France recevait l’instruction de voter contre un texte hostile au nazisme.
Le basculement géopolitique décrypté par Bhadrakumar
Que se passera-t-il au G20 de Bali ?
Le président américain Joe Biden a récemment déclaré, lors d’une interview sur CNN, que le président
russe Vladimir Poutine est un “acteur rationnel qui a fait une erreur de calcul importante” sur la question de l’Ukraine. Les réunions au sommet russo-américaines ont une histoire de préliminaires calibrés. À
l’approche du sommet du G20 qui se tiendra à Bali les 15 et 16 novembre, la grande question reste en suspens : Y aura-t-il une rencontre entre le président
américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine en marge de l’événement ?
À première vue, une rencontre n’est pas à exclure. Il semble de plus en plus que la
programmation d’une telle rencontre soit même en discussion entre Washington et Moscou.
Mercredi après-midi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes à
Moscou que M. Poutine avait eu un appel avec le président indonésien Joko Widodo (qui accueille le sommet du G20).
Parant aux questions, M. Peskov a ajouté de manière énigmatique que “nous travaillons
actuellement à une déclaration” et a refusé de répondre si M. Poutine et M. Widodo avaient discuté de l’éventuelle participation du président russe au sommet
du G20. Au lieu de cela, il a simplement dit aux journalistes d’attendre une déclaration officielle sur l’appel téléphonique.
Les rencontres russo-américaines au plus haut niveau sont habituellement annoncées
simultanément dans les deux capitales. Le retard dans la publication de la déclaration à laquelle Peskov a fait référence ne peut que signifier que les
consultations sont toujours en cours.
Un communiqué rédigé par un officiel du Kremlin aurait normalement servi à la conversation
téléphonique entre Poutine et Widodo, mais dans ce cas, il y a eu un retard injustifié alors qu’une déclaration est toujours en préparation. Compte tenu de
l’état des relations entre les États-Unis et la Russie, une annonce unilatérale d’une rencontre Biden-Poutine par l’une ou l’autre des parties est tout
simplement inconcevable.
Ensuite, des signes perceptibles montrent que les deux parties s’efforcent de faire baisser
les tensions autant qu’elles le peuvent afin de créer une atmosphère suffisamment “cordiale”. Ainsi, du côté américain, le porte-parole de la Maison Blanche,
John Kirby, a déclaré hier de manière catégorique que les États-Unis ne voient aucun signe indiquant que la Russie se prépare à utiliser des armes
nucléaires.
Du côté russe également, il est évident que Moscou a pratiquement ignoré les fuites dans les
médias américains selon lesquelles du personnel militaire américain se trouve sur le sol ukrainien dans le cadre d’une mission d’audit de l’armement fourni à
Kiev pour faire la guerre aux forces russes. Les États-Unis ont l’habitude de rester sur place dans les pays étrangers et Moscou en est vraisemblablement
conscient. Pourtant, elle reste muette.
Mardi encore, le ministère russe des affaires étrangères a publié une importante déclaration
proposant, sans crier gare, que les puissances atomiques “démontrent dans la pratique” leur propre engagement envers le principe selon lequel une guerre
nucléaire ne peut jamais être gagnée et ne devrait jamais être menée, et qu’elles “abandonnent les tentatives dangereuses d’empiéter sur les intérêts vitaux de
l’autre, en s’équilibrant au bord d’un conflit armé direct et en encourageant les provocations avec des armes de destruction massive, qui peuvent avoir des
conséquences catastrophiques”.
La déclaration réaffirme catégoriquement que “l’utilisation d’armes nucléaires par la Russie
n’est hypothétiquement autorisée qu’en réponse à une agression menée avec l’utilisation d’ADM, ou à une agression avec l’utilisation d’armes conventionnelles,
lorsque l’existence même de l’État est menacée.”
Il est intéressant de noter que les inspecteurs de l’AIEA en mission en Ukraine ont donné
mercredi un satisfecit à Kiev en ce qui concerne les “activités et matériaux nucléaires non déclarés” de ce pays. Cette décision fait suite à la récente
allégation de Moscou selon laquelle Kiev travaillerait sur une “bombe sale”.
Il est clair que Biden et Poutine n’auront pas besoin de perdre leur temps à discuter du
spectre de l’Armageddon s’ils se rencontrent à Bali.
Aujourd’hui encore, Moscou et Kiev ont procédé à un deuxième échange majeur de prisonniers
en moins d’une semaine.
Entre-temps, la Russie est revenue sur l’accord sur les céréales négocié par l’ONU pour
faciliter le transport des produits ukrainiens vers le marché mondial. Bien entendu, cela fait suite à la garantie écrite de Kiev que le corridor humanitaire
ne sera pas utilisé à des fins militaires. Le ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, s’est à son tour félicité qu’une telle assurance ait été donnée par
Kiev.
Ni Moscou ni Washington ne se sont montrés enclins à faire monter la tension à propos de
l’allégation russe concernant l’implication des services de renseignement britanniques dans le sabotage des gazoducs Nord Stream et l’attaque par drone de la
base navale russe de Sébastopol.
Curieusement, Washington a fait preuve d’une certaine indifférence en se lavant les mains de
tout l’épisode peu recommandable impliquant la Grande-Bretagne, alors que la démarche russe auprès de l’ambassadeur britannique aujourd’hui a suggéré un bon
comportement des services de renseignement britanniques à l’avenir et a laissé entendre un désir de passer à autre chose. En effet, la Russie n’envisage pas de
représailles contre le Royaume-Uni.
Il est évident que si une rencontre Biden-Poutine a lieu, la discussion sera largement
consacrée à la situation en Ukraine. Il est significatif que le chef adjoint de l’administration présidentielle russe, Magomedsalam Magomedov, ait déclaré
aujourd’hui lors d’une cérémonie publique à Moscou que la décision de Poutine de lancer l’opération militaire spéciale en Ukraine n’était pas facile à prendre,
mais qu’il n’avait pas d’autre choix compte tenu des dangers existants.
Cela dit, si une rencontre entre Biden et Poutine devait avoir lieu, cela créerait une
situation piquante dans la mesure où la position américaine déclarée depuis le début est que les États-Unis ne discuteront pas de l’Ukraine avec la Russie sans
la participation du président Zelensky.
Toutefois, de son côté, M. Zelensky a déclaré aujourd’hui que l’Ukraine ne participera pas
au prochain sommet du G20 si M. Poutine assiste également à l’événement. Il semblait craindre d’être laissé de côté. Une solution possible pour sortir du
labyrinthe serait que Poutine rencontre également Zelensky à Bali. Peut-être est-ce précisément ce que le rusé acteur de télévision a en tête.
2. La République Fédérale d’Allemagne, aiglon à deux têtes?
La photo montre le secrétaire d’État américain Antony Blinken flanquant Baerbock à la table
principale, tandis que la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland – surtout connue pour avoir été la maîtresse de cérémonie du coup d’État de 2014 sur le
“Maïdan” à Kiev – l’observe par derrière.
L’Allemagne rattrape son retard en matière de photojournalisme. Sérieusement, la photo
n’aurait pas pu arrêter de manière plus significative pour le public mondial la personnalité divisée de la diplomatie allemande alors que l’actuelle coalition
gouvernementale tire dans différentes directions.
Quintessentiellement, Baerbock a souligné son mécontentement à l’égard de la visite de
Scholz en Chine en rassemblant autour d’elle les homologues du G7 partageant les mêmes idées. Même selon les normes de la politique de coalition, ce geste est
excessif. Lorsque le plus haut dirigeant d’un pays est en visite à l’étranger, une démonstration de dissonance nuit à la diplomatie.
De même, les homologues du G7 de M. Baerbock ont choisi de ne pas attendre le retour de M.
Scholz. Apparemment, ils ont l’esprit fermé et les nouvelles des discussions de Scholz à Pékin n’y changeront rien.
Lundi, à la première heure, Scholz devrait demander la démission de Baerbeck. Mieux encore,
ce dernier devrait présenter sa démission. Mais ni l’un ni l’autre ne se produira.
Lors de la préparation de la visite de Scholz en Chine, il a fait l’objet de critiques
virulentes pour avoir entrepris une telle mission à Pékin avec une délégation d’affaires composée de puissants PDG allemands. Il est clair que l’administration
Biden comptait sur Baerbock et les cercles “atlantistes” influents ancrés dans l’économie politique allemande pour mener la charge.
Scholz a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre ? La réponse dépend d’une autre question :
Scholz envisage-t-il de laisser un héritage dans la grande tradition de ses prédécesseurs du parti social-démocrate, Willy Brandt (1969-1974), Helmut Schmidt
(1974-1982) ?
Ces deux figures titanesques ont pris des initiatives révolutionnaires à l’égard de
l’ex-Union soviétique et de la Chine, respectivement, à des moments décisifs de l’histoire moderne, défiant les chaînes de l’atlantisme qui limitaient
l’autonomie stratégique de l’Allemagne et faisaient de ce pays un subalterne dans le système d’alliance dirigé par les États-Unis.
La différence essentielle aujourd’hui est que Brandt (qui a mené l’Ostpolitik en ignorant
les protestations furieuses des Américains au sujet du tout premier gazoduc reliant les gisements de gaz soviétiques à l’Allemagne) et Schmidt (qui a saisi le
moment pour tirer profit de la normalisation entre les États-Unis et la Chine) – ainsi que le chancelier Gerhard Schroeder (1998-2005), qui a élargi et
approfondi l’expansion des relations commerciales avec la Russie et établi une relation de travail sans précédent avec les dirigeants du Kremlin, au grand dam
de Washington – étaient des dirigeants affirmés.
En d’autres termes, tout dépend de la volonté collective de l’Allemagne de briser le plafond
de verre de l’OTAN, que Lord Ismay, premier secrétaire général de l’Alliance, avait succinctement décrit comme destiné à “maintenir l’Union soviétique à
l’extérieur, les Américains à l’intérieur et les Allemands à terre”. Actuellement, l’interaction de trois facteurs a un impact sur la politique
allemande.
Premièrement, la stratégie indo-pacifique. Ne vous y trompez pas, la guerre par procuration
en Ukraine est une répétition générale de l’inévitable confrontation entre les États-Unis et la Chine sur la question de Taïwan. Dans les deux cas, qui
concernent l’équilibre stratégique mondial, les enjeux sont extrêmement élevés pour l’hégémonie mondiale des États-Unis et la multipolarité de l’ordre
mondial.
L’Allemagne joue un rôle central dans cette lutte d’époque, non seulement parce qu’elle
occupe un terrain très instable au milieu de l’Europe, qui porte également les vestiges de l’histoire, mais aussi parce qu’elle est la puissance économique du
continent, sur le point de devenir une superpuissance.
L’angoisse de Washington est évidente : la visite de M. Scholz en Chine pourrait affaiblir
le dessein géopolitique des États-Unis de répéter l’exploit impressionnant de l’unité occidentale sur l’Ukraine si les tensions s’aggravent en Asie-Pacifique
et que la Chine est obligée d’agir.
Bien entendu, aucune analogie n’est complète, car il est peu probable que la Chine opte pour
une opération militaire spéciale progressive menée par la Russie depuis 9 mois pour “broyer” l’armée taïwanaise et détruire l’État ukrainien. Ce sera la guerre
mondiale dès le premier jour.
L’analogie est complète, cependant, lorsqu’il s’agit des sanctions infernales que
l’administration Biden imposera à la Chine et que le brigandage de la confiscation des “avoirs gelés” de la Chine (dépassant un trillion de dollars au bas mot)
s’ensuit, outre la paralysie des chaînes d’approvisionnement de la Chine.
Il suffit de dire que le fait de “faire une Ukraine” à la Chine est la clé de la
perpétuation de l’hégémonie mondiale des États-Unis, puisque les actifs financiers de la Chine sont appropriés pour alimenter l’économie américaine en
difficulté et que le statut du dollar en tant que monnaie mondiale, le néo-marcantalisme et le contrôle des mouvements de capitaux, etc. restent
intacts.
Deuxièmement, l’administration Biden a remporté une grande victoire diplomatique dans le
domaine de la politique transatlantique, où elle a réussi à consolider sa domination sur l’Europe en plaçant la question russe au centre de l’actualité. Les
craintes manichéennes des pays européens d’une résurgence historique de la puissance russe ont été attisées.
Peu de gens s’attendaient à une résurgence russe si peu de temps après le célèbre discours
du président Vladimir Poutine à la conférence sur la sécurité de Munich en février 2007.
Le discours occidental de l’époque était que la Russie n’avait tout simplement pas la
capacité de se régénérer en tant que puissance mondiale, la modernisation de l’armée russe étant irréalisable. On peut dire que toute la diplomatie de la
chancelière Angela Merkel à l’égard de la Russie (2005-2021) s’est appuyée sur ce discours facile.
Ainsi, lorsque Poutine a annoncé de manière inattendue, lors d’une réunion du conseil du
ministère de la Défense à Moscou le 24 décembre 2019, que la Russie était devenue le leader mondial des armes hypersoniques et que “pas un seul pays ne possède
d’armes hypersoniques, et encore moins d’armes hypersoniques à portée continentale”, l’Occident l’a entendu avec une horreur non dissimulée.
L’équipe de Biden a profité de la profonde inquiétude des capitales européennes pour les
rallier et susciter l'”unité occidentale” sur l’Ukraine. Mais une fissure apparaît maintenant sur la visite de Scholz à Berlin. Blinken s’est précipité pour
ramener Scholz au bercail.
Troisièmement, à la suite de ce qui précède, une contradiction fondamentale est apparue
aujourd’hui alors que les “sanctions infernales” de l’Occident contre la Russie ont eu un effet boomerang sur l’Europe, la poussant dans la récession.
L’Allemagne a été très durement touchée et voit se profiler le spectre de l’effondrement de secteurs entiers de son industrie, avec pour conséquence le chômage
et des troubles sociaux et politiques.
Le miracle industriel allemand reposait sur la disponibilité d’un approvisionnement
énergétique bon marché, illimité et garanti en provenance de Russie, et la perturbation crée des ravages. En outre, le sabotage des pipelines Nord Stream
exclut la relance du lien énergétique entre l’Allemagne et la Russie (que l’opinion publique allemande favorise).
Certes, avec toutes les données disponibles sur les fonds marins de la mer Baltique, Schulz
doit être bien conscient des implications géopolitiques de ce que les États-Unis ont fait à l’Allemagne. Mais il n’est pas en mesure de créer un chahut et a
plutôt choisi d’intérioriser le sentiment d’amertume, d’autant plus que l’Allemagne se trouve aujourd’hui dans une position humiliante, puisqu’elle doit
acheter du GNL à un prix effroyablement élevé à des sociétés américaines pour remplacer le gaz russe (que les États-Unis commercialisent en Europe à des prix
trois à quatre fois supérieurs au prix national).
La seule option qui reste à l’Allemagne est de tendre la main à la Chine dans une quête
désespérée pour relancer son économie. Soit dit en passant, la mission de M. Scholz visait principalement à délocaliser en Chine les unités de production de
BASF, la multinationale chimique allemande et le plus grand producteur de produits chimiques au monde, afin que ses produits restent compétitifs.
Il est toutefois très improbable que Washington laisse les mains libres à Scholz.
Heureusement pour Washington, les partenaires de la coalition de Scholz – le Parti vert écologiste et les Démocrates libres (FDP) néo-libéraux – sont des
atlantistes purs et durs et sont prêts à jouer le jeu des Américains, eux aussi.
Brandt ou Schroeder se seraient défendus, mais Scholz n’est pas un combattant de rue, même
s’il sent le grand dessein des États-Unis de transformer l’Allemagne en un appendice de l’économie américaine et de l’intégrer dans une chaîne
d’approvisionnement unique. En d’autres termes, Washington attend de l’Allemagne qu’elle soit un rouage indispensable dans la roue de l’Occident
collectif.
En effet, de nombreuses entreprises, qui sont bien placées pour bénéficier du changement de
modèle économique promu par Washington, se montrent réticentes à soutenir Scholz – bien qu’il soit lui-même un chancelier corporatiste.
Les États-Unis sont passés maîtres dans l’art d’exploiter ces situations de “diviser pour
mieux régner”. Selon certaines informations, certaines entreprises allemandes de haute technologie n’ont pas accepté l’invitation de Scholz à l’accompagner à
Pékin, notamment les PDG de Mercedes-Benz, Bosch, Continental, Infineon, SAP et Thyssen Krupp.
3. L’Iran a-t-il sous-estimé le réveil de l’hostilité occidentale à son égard?
Au lieu de cela, pour une raison quelconque, Téhéran s’est mis en mode de déni total. Et
maintenant, dans un retournement de situation, il nous est donné de comprendre que le démenti de l’Iran était correct dans les faits, bien qu’il ne soit pas
entièrement vrai dans son contenu. Le ministre des affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, a reconnu que “la partie concernant les drones est vraie, et
nous avons fourni à la Russie un petit nombre de drones quelques mois avant la guerre en Ukraine”.
Le ministre a ajouté une mise en garde : “Ce tapage fait par certains pays occidentaux,
selon lequel l’Iran a fourni des missiles et des drones à la Russie pour l’aider dans la guerre en Ukraine – la partie concernant les missiles est complètement
fausse.”
Aussi bonne que soit la technologie des drones iraniens, elle n’a pas changé la donne pour
la Russie dans la guerre en Ukraine. La capacité de la Russie en matière de missiles surprend même les experts occidentaux qui avaient prédit il y a plusieurs
mois que la Russie était en train d’épuiser son stock. En fait, les frappes de missiles pourraient se poursuivre jusqu’à ce que l’Ukraine s’effondre et que
l’Occident n’ait plus aucun interlocuteur valable dans les décombres de Kiev.
La Russie et l’Iran semblent s’être embourbés inutilement dans une controverse. Ce qui
semble s’être passé, c’est que tout comme l’Iran a fait de l’ingénierie inverse sur la technologie des drones américains, les Russes ont également fait un bon
travail pour refaire les drones kamikazes iraniens qui étaient dans leur inventaire avant l’opération militaire spéciale en Ukraine. Kiev affirme aujourd’hui,
après avoir examiné les débris des drones russes qu’il a abattus, qu’ils contenaient également des pièces ukrainiennes !
Il est logique que l’industrie russe de la défense se soit inspirée de la technologie
iranienne et de celle de l’Ukraine pour créer un “modèle russe” surprenant. Cela explique probablement le sophisme de la position constante de Moscou, qui
affirme ne pas avoir utilisé de drone iranien.
Amirabdollahian a révélé que l’Iran a proposé d’expliquer la situation aux autorités
ukrainiennes et qu’une réunion a même été organisée en Pologne pour dissiper le malentendu et rétablir les liens diplomatiques entre l’Iran et Kiev, mais les
Américains l’ont fait échouer. De toute évidence, les États-Unis ne sont pas intéressés par une normalisation des relations Ukraine-Iran. Israël aurait
également intérêt à maintenir l’Iran à distance de Kiev. Les États-Unis et Israël craindraient qu’une forte présence diplomatique iranienne à Kiev ne tourne à
l’avantage de la Russie.
Quoi qu’il en soit, l’aveu candide d’Amirabdollahian aura des conséquences. L’Iran s’est
peut-être laissé emporter par le sentiment exaltant qu’une superpuissance s’est abaissée à s’approvisionner en technologie militaire, et a en outre savouré la
grande publicité dont ses drones ont fait l’objet – sans parler de l’embarras causé aux mécènes occidentaux de l’Ukraine qui ont assisté impuissants à la
panique créée par les drones russes à une telle échelle.
Toutefois, l’Iran a tardivement pris conscience des retombées politiques et diplomatiques
potentielles. En réalité, toute cette “agitation”, comme l’a dit M. Amirabdollahian, découle du refus de Téhéran de signer le projet d’accord nucléaire de l’UE
à Vienne, ce qui a rendu Bruxelles et Washington furieux, anéantissant leurs espoirs de voir le pétrole iranien venir au secours de l’Europe en remplaçant les
importations de pétrole russe qui prennent fin le 5 décembre.
Une fois encore, les États-Unis comptaient sur l’augmentation de la production de pétrole de
l’Iran pour créer des tensions au sein de l’OPEP et diviser le cartel.
Selon un rapport du Spiegel, l’Allemagne et huit autres États de l’UE ont élaboré mercredi à
Bruxelles un nouveau train de sanctions contre l’Iran, qui contient 31 propositions visant des responsables et des entités iraniens liés aux affaires de
sécurité ainsi que des entreprises, pour leurs prétendues “violences et répressions” en Iran. L’alibi est la violation des droits de l’homme.
De toute évidence, l’Occident est revenu à sa tactique d’intimidation. Le président Biden
s’est engagé à “libérer l’Iran” de son système politique actuel – bien que les Américains sachent par expérience que les protestations publiques n’ont rien
d’inhabituel en Iran, mais que le changement de régime reste une chimère.
Pourquoi l’Occident ressuscite-t-il la “question iranienne” à ce stade ? Il y a deux raisons
sous-jacentes – peut-être même trois. La première est que la victoire de Benjamin Netanyahu aux élections israéliennes de dimanche dernier garantit
pratiquement que la rivalité existentielle d’Israël avec l’Iran est à nouveau au centre de la politique de l’Asie occidentale. Si cela ne se produit pas,
Netanyahu subira des pressions pour s’attaquer à la question centrale en Asie occidentale, à savoir le problème palestinien.
En l’état actuel des choses, la “question iranienne” reviendra sur le devant de la scène
politique ouest-asiatique. Il y a une convergence d’intérêts entre Tel-Aviv et Washington sur ce point, à un moment où il y aura inévitablement des frictions
dans les relations entre les États-Unis et Israël, étant donné que l’alliance raciste anti-arabe du sionisme religieux, le dernier partenaire de coalition de
Netanyahu, contient des éléments que les États-Unis considéraient autrefois comme des terroristes. Susciter la frénésie à propos de l’Iran est utile à la fois
pour Israël et pour les États-Unis.
Mais d’un autre côté, Netanyahou est suffisamment réaliste pour savoir qu’il serait
suicidaire pour Israël d’attaquer militairement l’Iran sans le soutien des États-Unis et, deuxièmement, que l’administration Biden n’a pas encore totalement
abandonné l’espoir d’un accord nucléaire avec l’Iran.
Par conséquent, dans l’éventualité où les élections de mi-mandat modifieraient radicalement
le profil du Congrès au détriment de l’administration Biden, il faut faire confiance à Netanyahou pour faire de la question nucléaire iranienne un modèle clé
de la politique intérieure américaine et des relations entre les États-Unis et Israël.
Un deuxième facteur est la trajectoire de la guerre en Ukraine. Bien que la guerre par
procuration soit dans sa dernière ligne droite et que les États-Unis et l’OTAN soient confrontés à la défaite et à la destruction de l’Ukraine,
l’administration Biden ne peut pas simplement s’en aller dans l’humiliation, car il s’agit de l’Europe et non de l’Hindu Kush, et le destin du système
d’alliance occidental est à la croisée des chemins.
Il est certain que des troupes américaines sont apparues sur le sol ukrainien et qu’elles ne
peuvent être considérées que comme un “détachement précurseur”. L’Ukraine va-t-elle devenir une autre Syrie, avec les régions situées à l’ouest du fleuve
Dniepr – “le croupion” dépourvu de ressources naturelles – sous occupation américaine afin que les alliés de l’OTAN à la périphérie ne se jettent pas dans la
mêlée des tensions ethniques dormantes héritées de l’histoire pour se tailler une place dans la carcasse ? Ou bien, une “coalition de volontaires” dirigée par
les États-Unis se préparera-t-elle à combattre réellement les forces russes dans l’est et le sud de l’Ukraine ?
Quoi qu’il en soit, le fait est que les liens stratégiques qui se développent entre l’Iran
et la Russie resteront un point de mire pour l’Occident, malgré la “clarification” d’Amirabdollahian. Il est tout à fait naturel que, dans le contexte des
sanctions, les relations extérieures de la Russie soient dans le collimateur des États-Unis. L’Iran s’est toujours distingué par son refus de la stratégie de
“pression maximale”.
Autrement dit, avoir l’Iran comme allié sera un atout stratégique pour la Russie dans un
contexte multipolaire. L’Iran et l’Union économique eurasienne ont décidé de négocier un accord de libre-échange, tandis que Téhéran élabore également des
accords d’échange concernant le pétrole russe. En clair, les Européens peuvent garder leur SWIFT pour ce qu’il vaut et cela ne fera aucune différence pour la
Russie ou l’Iran – et le reste du monde observe ce qui se passe en temps réel, notamment dans le voisinage de l’Iran où le pétrole est négocié en
dollars.
Il est désormais clair pour les États-Unis et leurs alliés que, JCPOA ou pas JCPOA,
l’inclinaison générale vers la Russie et la Chine est la version de Téhéran du Dôme de fer israélien, en diplomatie. En définitive, l’Iran est en train de
devenir un modèle pour la région du golfe Persique, comme en témoigne l’allongement de la file d’attente pour l’adhésion à l’Organisation de coopération de
Shanghai, alors même que la voie parallèle des accords d’Abraham a disparu dans le bassin endoréique de la péninsule arabique
Ukraine : Le piratage du programme de contrôle des troupes « Delta » prouve que le tout technologique n’est pas la panacée
Le 1er novembre 2022, la chaîne Telegram Joker DNR annonce avoir piraté le programme « Delta » utilisé actuellement par l’Ukraine pour coordonner
ses troupes dans le conflit contre les forces armées russes. Ce piratage illustre parfaitement pourquoi tout miser sur la technologie en matière militaire peut non seulement ne pas être
une panacée, mais même s’avérer être une source de catastrophes potentielles.
Il y a un mois, je publiais un article
sur les possibilités d’évolution et d’amélioration de l’armée russe que j’envisageais dans le contexte du conflit en cours. Après publication, j’ai reçu de nombreux commentaires,
y compris de mes confrères russes. Si certains approuvaient plusieurs de mes propositions, j’ai eu une discussion assez longue avec l’un d’entre eux, sur le fait que l’armée russe ne
disposait pas des systèmes de coordination hautement technologiques dont dispose l’armée ukrainienne grâce au soutien américain (voir vidéo ci-dessous).
Pour lui, cette absence de cartes interactives en temps réel, de traceurs, et autres systèmes électroniques était un handicap pour l’armée russe. Pour ma
part je soulignais que ces systèmes sont fragiles, que leur fonctionnement peut être empêché par de multiples facteurs, que leur sécurité était difficile à maintenir et qu’il ne
s’agissait donc d’une panacée que tant que tout fonctionne parfaitement.
Or, il y a plein de façons pour de tels systèmes de tomber en panne ou de se retourner contre l’armée qui les utilise. Brouillage des signaux, récupération
par l’ennemi des traceurs installés sur les véhicules, pannes de batterie, manque d’électricité (un problème majeur actuellement en Ukraine), bug informatique, panne d’un composant
technique, piratage, etc.
Et les événements qui se sont déroulés dans les semaines qui ont suivi ont prouvé la justesse de mon point de vue. À peine quelques jours après la
publication de mon article, des
soldats ukrainiens signalaient des problèmes de communication avec le système Starlink, utilisé justement pour coordonner les mouvements des troupes ukrainiennes grâce à la liaison
internet par satellite. Résultat la coordination des troupes sus-mentionnée commençait déjà à prendre du plomb dans l’aile.
Le coup de grâce a été porté par la chaîne Joker DNR, qui a annoncé avoir piraté et pris le contrôle du programme « Delta » utilisé pour
coordonner les troupes ukrainiennes sur le terrain. Et quand je dis « pris le contrôle », c’est réellement ce dont il s’agit.
Dans plusieurs posts publiés le 1er novembre 2022, le Joker DNR montre comment il se balade dans le système Delta, affichant les données qui s’y trouvent,
et expliquant que les Russes y ont aussi eu accès.
« Les soldats ukrainiens se vantent des programmes informatiques et se moquent de ceux de Donetsk qui utilisent des cartes en papier. J’ai
décidé de remettre les pendules à l’heure. Alors que les Ukrainiens remplissent régulièrement leurs bases de données avec des logiciels donnés par leurs maîtres américains, nous n’avons
même pas besoin d’inventer ou d’installer quoi que ce soit, il nous suffit d’utiliser leurs logiciels en ligne. C’est très pratique et économique. Je tiens à souligner que je parle de
TOUS leurs programmes. Maintenant vous savez pourquoi vous avez eu beaucoup de problèmes ces derniers temps », écrit-il en introduction du premier post.
Or ce programme contient les positions des troupes ukrainiennes, de leurs drones, de leur équipement militaire, de leurs véhicules, tous suivis par GPS
grâce à des traceurs ! Ai-je besoin d’expliquer que toutes les petites icônes marquées comme étant des troupes ukrainiennes sur le programme Delta se sont transformées en cibles pour
l’artillerie, les équipages de systèmes de missiles, et les forces aérospatiales russes ? En clair, le programme Delta une fois piraté s’est transformé en méga espion ultra précis à
la solde des forces armées russes. Ça c’est ce qui s’appelle marquer contre son camp !
Et ce n’est pas fini. Dans son premier message, Joker DNR affirme aussi avoir changé des données contenues dans le programme Delta, avoir accès aux autres
programmes utilisés par Kiev, et infecté tous les ordinateurs connectés au système. En clair, l’Ukraine ne peut plus du tout se fier aux données qui sont dans le programme Delta (les
troupes amies ayant pu être marquées comme ennemies et inversement) ou dans les autres programmes du même type, et les fuites de données peuvent se poursuivre même une fois les failles de
sécurité réparées, via les ordinateurs infectés. Comme Joker DNR le dit en conclusion de son post « il est parfois préférable d’utiliser des cartes en
papier ».
Sans surprise, l’armée
ukrainienne prétend qu’il n’y a pas eu de piratage, pendant que le journaliste ukrainien Iouri Boutoussov dit qu’il y en a bien eu un, mais que la faille est réparée (quand la
propagande cafouille comme ça c’est que les mensonges n’ont pas été coordonnés comme il faut). Il faut dire que la bourde est de taille, car le programme Delta est aussi utilisé par les
instructeurs américains qui supervisent les troupes ukrainiennes !
Au vu de ce qui s’est passé avec la coordination « haute technologie » des troupes ukrainiennes, on comprend mieux pourquoi la Russie a préféré en
rester aux bonnes vieilles cartes papier qui ont fait leurs preuves depuis longtemps, pourquoi elle a eu raison de ne pas se lancer dans cette coûteuse expérience, et pourquoi je ne
recommandais pas de le faire.
Je pense que nous devrions commencer par une vue d’ensemble de ce qui
se passe actuellement, à savoir que l’Occident uni, alias l’hégémonie anglo-sioniste, est désespéré et, pour répondre à ce désespoir, fait toutes sortes de choses très stupides et carrément
dangereuses. Nous connaissons tous les Trois Grands :
L’attaque des
Nordstream NS1/NS2
L’attaque du pont de
Crimée
L’attaque de la base
navale de la mer Noire à Sébastopol.
À vrai dire, il s’agit de trois événements complètement différents.
Le premier est un pur acte de terrorisme international, tant par le choix de
la cible (une infrastructure civile majeure appartenant à plusieurs pays et sociétés) que par le mode d’exécution (l’utilisation de bombes télécommandées). Plus important encore, bien que le
droit international n’interdise pas les dommages collatéraux, la cible d’une attaque doit être militaire et les dommages collatéraux doivent être réduits au strict minimum.
Le second type d’attaque est une attaque de diversion. Il s’agit d’une attaque menée par des
moyens non conventionnels, mais dont la cible est au moins partiellement militaire, ce qui est le cas du pont de Crimée. On pourrait même affirmer que le nombre réel de morts (4 si je me souviens
bien) et les inconvénients très mineurs pour les civils (le trafic a été au moins partiellement rétabli en moins de 24 heures, sans parler des alternatives existantes comme les ferries) rendent
cette cible légitime en soi. Dans ce cas, c’est le mode d’exécution – l’utilisation d’un camion rempli d’explosifs conduit par un kamikaze ou un civil sans méfiance – qui soulève de nombreuses
questions de droit international et de droit de la guerre.
La troisième attaque était purement militaire. La cible visée était la flotte russe de
la mer Noire et les méthodes utilisées (drones sous-marins, de surface et aériens) sont toutes, à mon avis, légitimes.
Cela étant dit, on peut se demander ce que l’OTAN essayait d’obtenir ici :
Cible
Objectif militaire
Illusion d’optique
NS1/NS2
aucun (sauf si nous supposons que les Anglos ont attaqué l’UE elle-même !)
énorme
Pont de Crimée
important si l’attaque avait réussi, en réalité négligeable
énorme
Base de Sébastopol
majeure si l’attaque avait réussi, en réalité négligeable
énorme
De ce tableau, nous pouvons rapidement déduire quelques éléments :
La seule attaque vraiment réussie (en termes purement militaires) a été celle des NS1/NS2.
L’attaque du pont de Crimée et de la base de Sébastopol a échoué en raison de l’absence d’armes à distance adéquates pour l’OTAN, ce que les spécialistes de
l’OTAN devaient savoir, ce qui nous permet de déduire que
L’objectif principal de cette attaque de l’OTAN était, comme d’habitude, l’illusion d’optique.
Ensuite, nous devons examiner la dimension/les implications politiques de ces attaques du point de vue de la Russie. Dans ce cas, si la première attaque était une
attaque contre des biens appartenant au moins en partie à la Russie (et à l’Allemagne et à d’autres pays), l’attaque du Pont de Crimée et de la base de Sébastopol étaient des
attaques menées sur le sol souverain russe.
[Aparté
: je dis que la Russie et l’Occident uni sont en guerre depuis AU MOINS 2013, mais cette guerre était initialement principalement informationnelle et économique, elle devient maintenant beaucoup
plus cinétique qu’avant, nous pouvons donc qualifier cette escalade de qualitative].
Je soutiendrai certainement que si une attaque contre des biens appartenant à l’État russe (ou à un État proche) peut être considérée comme un acte de
guerre, les attaques contre le pont de Crimée et la
base de Sébastopol étaient très certainement des actes de guerre. Le fait que ces attaques n’aient donné aucun résultat militaire tangible pour l’OTAN n’y change rien.
Alors, comment appelle-t-on un acte de guerre qui n’apporte aucun bénéfice militaire tangible ?
Je pense qu’on peut l’appeler une provocation.
Mais qu’est-ce qu’une « provocation » ? Il existe une multitude de définitions
allant, par exemple, de la définition juridique (« Conduite par laquelle une personne en incite une autre à faire un
acte particulier ; le fait de provoquer la rage, la colère ou le ressentiment chez une autre personne, ce qui peut l’amener à commettre un acte illégal« ) à la définition plus commune
« l’action est dans la réaction« . Ce que
ces attaques apparemment très différentes ont en commun, c’est l’intention de déclencher une sorte de réaction de la part de la Russie, qui pourrait ensuite être utilisée pour diaboliser Poutine,
la Russie et tout ce qui est russe.
Ce qui, en l’occurrence, est exactement le mantra répété par les « idiots stupides » occidentaux, aspirants « amis de la Russie« , qui demandent constamment des
escalades militaires russes et lorsqu’ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent, et même lorsqu’ils l’obtiennent (!), ils passent à la PSYOP stratégique anglo-sioniste en prenant des points sur le
fait que Poutine est « faible, indécis, un traître,
etc. etc. etc. »
Mince alors, je me demande pourquoi Poutine reste si obtus et refuse d’écouter ses « savants amis occidentaux de la Russie »
Plus sérieusement, en cherchant des définitions de « provocations« , je suis tombé sur cette
page et cette phrase : « Aucune provocation
militaire par des forces irrégulières ne peut justifier une attaque à grande échelle et la destruction d’un pays dont les forces ou les autorités nationales n’ont joué aucun rôle dans cette
provocation« . Je ne suis pas sûr de la thèse principale de cette phrase, mais je suis d’accord pour dire que dans les trois attaques mentionnées ci-dessus, il y a eu une tentative
(très mince) de la part des auteurs de ne pas être nommés, précisément pour éviter une riposte directe de la Russie contre l’Hégémon, par exemple en désignant un membre de l’OTAN pour une
nouvelle augmentation du cadran de douleur russe.
Au fait, voici comment un site
internet « proprement anti-russe »
explique le mot « provocation » :
Il faut vraiment aimer ces « pays démocratiques et libres »
Inutile de dire que Poutine et ses hauts fonctionnaires sont bien trop intelligents pour réagir exactement comme l’Hégémon le voudrait, nous l’avons vu dans trop de
cas pour pouvoir les compter. Et c’est là que nous observons un cycle tout à fait étrange qui se déroule comme suit :
L’Hégémon provoque la Russie
La Russie ne réagit pas comme prévu
Poutine est accusé de faiblesse, d’indécision, voire de lâcheté.
La Russie fait quelque chose d’inattendu
La Russie devient de plus en plus forte
L’Hégémon devient de plus en plus faible.
Pour cacher sa position qui se dégrade rapidement, l’Hégémon provoque à nouveau la Russie (retour au n°1).
L’intention ici est claire : escalader aussi haut que possible mais SANS attaque ouverte (avec « déni plausible« ) contre la Russie afin de faire croire que
la Russie escalade (ce qu’elle finit par faire, mais beaucoup plus tard et d’une manière très différente de ce qui était prévu) sans autre raison valable que « Poutine est un nouvel Hitler qui ne peut être apaisé« , il
veut « reconstruire l’Union soviétique » et
« les Russes sont simplement des barbares maléfiques
et non-européens qui occuperaient et pilleraient toute l’Europe sans les héroïques forces armées ukrainiennes« . Annuler la Russie et tout ça…
Pourtant, si une « attaque anonyme » n’est pas tout à fait un faux drapeau
(car ce dernier nécessite d’abord « quelqu’un à accuser« ), elle en est très proche et partage
beaucoup de caractéristiques.
Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’imagination ou d’expertise pour voir qu’à tout le moins, l’Hégémon joue avec le feu, ne serait-ce que parce que chaque
attaque qui n’a pas donné d’avantage militaire ne fait que souligner davantage l’horrible situation dans laquelle se trouve l’OTAN. Je résume la situation comme suit :
L’armée ukrainienne, qui était la plus grande et la meilleure armée de l’OTAN, a été en grande partie démilitarisée et dénazifiée.
D’où la nécessité pour l’Hégémon de fournir à la fois des soldats et des équipements pour compenser les pertes horribles des Ukrainiens.
Fournir des équipements militaires avancés et du personnel formé en petit nombre est fondamentalement inutile (si ce n’est pour l’image de « le monde entier est avec Kiev« ) et les planificateurs
de forces et les commandants occidentaux le comprennent.
Et pour ne rien arranger, les anciens pays membres de l’Organisation du traité de Varsovie ont déjà fait don de la plupart de leur matériel ex-soviétique que
les Russes « qui perdent » se sont
empressés de détruire (dont environ 6 000 (six mille !) chars de combat principaux (MBT) et véhicules de combat d’infanterie (ICV)).
Si l’OTAN dispose encore d’importants stocks d’armes, ils sont inférieurs à ce que l’OTAN a déjà perdu en Ukraine, d’un ordre de grandeur au moins.
Tout cela est encore aggravé par les mauvaises performances de la plupart des systèmes d’armes de fabrication occidentale, surtout lorsqu’ils sont livrés en
nombre insuffisant pour faire la différence, même en théorie. Lorsque l’Allemagne ou les États-Unis enverront leurs derniers chars de combat en Ukraine, la perspective de les voir brûler
comme les Merkavas israéliens l’ont fait au Liban serait absolument terrible pour le Complexe Militaro Industriel américain.
Pour amener suffisamment de forces pour même *envisager* de mener une offensive combinée contre la Russie, l’OTAN devrait, d’une manière ou d’une autre, amener
en toute sécurité de très grandes quantités d’équipements et de soldats. Cela prendrait de nombreux mois et n’est tout simplement pas faisable, surtout pas avec l’absence TOTALE de défenses
aériennes modernes dans l’UE. En outre, une fois que cette force hypothétique est amenée en toute sécurité (et donc miraculeusement) à un endroit (miraculeusement sûr) de l’UE, comment
déplacer tout cela là où se déroule l’action aujourd’hui ? Vous ne pouvez pas « simplement » débarquer un bataillon ou une brigade
quelque part en France ou même en Pologne, par exemple, puis « simplement conduire » jusqu’à la ligne de
contact.
Et tout cela nous amène à la dernière idiotie concoctée par les esprits déments et ignorants des Néoconservateurs : amener davantage d’armes nucléaires près de la
frontière russe. Pourquoi est-ce que j’appelle cela une idiotie ?
Les Russes savent exactement où se trouvent les armes nucléaires de l’OTAN et la Russie dispose de véhicules hypersoniques pour y faire face si nécessaire. Le
déploiement avancé fait partie intégrante de la guerre froide ; la guerre moderne rend la plupart de ces déploiements non seulement inutiles mais contre-productifs (plus ils sont proches de
la Russie, plus il est facile pour les Russes de les détruire).
Le système de défense aérienne russe stratifié et intégré (à la fois celui qui protège les forces militaires russes et celui qui protège les cibles cruciales en
Russie) rend inutile toute attaque limitée contre la Russie (comme l’a montré la récente attaque contre la base de Sébastopol).
Une attaque massive contre la Russie ne pourra pas être anonyme ou faire l’objet d’un « déni plausible » et entraînera une riposte russe
absolument dévastatrice, même contre tout pays de l’OTAN ayant participé à l’attaque.
Peut-on donc faire exploser une bombe nucléaire (réelle ou « sale ») juste pour l’image ou pour se sentir bien
?
Bien sûr que non.
Mais les monstres démoniaques qui dirigent l’Hégémon ne sont pas qualifiés de monstres démoniaques sans raison valable. Ce sont les gens qui nous ont apporté le 11
septembre, la connerie des Armes de Destruction Massive et la Grande Guerre contre la Terreur ! Ce sont ces gens qui ont détruit pays après pays avec une méchanceté vraiment satanique.
Ce sont ces gens qui ont ruiné et détruit tous les pays dont ils ont pu prendre le contrôle, le dernier en date étant, bien sûr, l’Ukraine elle-même.
Nous avons affaire à des psychopathes qui sont prêts à faire absolument *tout* pour rester au pouvoir, que ce soit à l’échelle planétaire (l’Hégémon) ou à
Washington DC (voir la vidéo au bas de cet article).
Enfin, et à vrai dire, tout le monde le sait. Il n’est pas nécessaire de connaitre le message que Liz Truss a envoyé à Blinken pour savoir qui est derrière toutes
ces attaques et le critère de « déni
plausible » est si mince qu’il n’est plus pertinent. Voici trois exemples qui illustrent cette situation : (il y en a beaucoup d’autres !)
Les Russes ont obtenu les données de suivi GPS des drones qui ont attaqué la base de Sébastopol.
Les vols de surveillance très visibles et évidents d’un Global Hawk au-dessus de la mer Noire pendant cette dernière attaque.
Les vols d’AWACS étasuniens dans l’espace aérien roumain pendant la dernière attaque.
Des dizaines de déclarations de hauts responsables russes indiquent clairement qu’ils sont tous parfaitement conscients de tout cela. Jusqu’à présent, nous pouvons
faire au moins trois observations potentiellement intéressantes :
La Russie pointe principalement du doigt le Royaume-Uni (et pas nécessairement parce que le Royaume-Uni est le méchant numéro un dans cette affaire, mais
principalement parce qu’il est le maillon le plus faible de la « coalition des volontaires » US-UK-3B+PU, militairement,
politiquement et économiquement).
La Russie dispose désormais de suffisamment de forces sur le théâtre des opérations pour une opération militaire combinée.
La Russie maintient la plupart de ses forces armées dans un état de haute disponibilité, y compris toutes ses forces stratégiques (nucléaires et
conventionnelles).
Personne ne sait ce qui se passera ensuite.
Et si je ne commenterai pas la politique intérieure des États-Unis, je pense qu’il est important de montrer, en particulier à ceux qui vivent en dehors des
États-Unis, le type d' »humeur » dont les
marionnettistes du président Brandon doivent être conscients et avec laquelle ils devront composer d’une manière ou d’une autre :
(il s’agit d’un collage de plusieurs vidéos, la première est très silencieuse, veuillez monter le son, puis le baisser à nouveau) :
Vladimir Poutine dit explicitement que le règne du dollar est terminé
Alors que la ligne de front bouge peu, parce que l'Ukraine n'a pas les moyens d'attaquer et parce que la Russie n'a pas encore complété son dispositif, Vladimir
Poutine a prononcé hier 27 octobre un discours aussi important que celui de février 2007 à Munich: il a explicité ce qu'il entendait par "monde multipolaire".
La Bataille d’Ukraine –
24-26 octobre 2022
Lu sur Southfront.org:
Multiplication des actes terroristes par
Kiev:
“Le 24 octobre, une explosion a endommagé une voie ferrée et plusieurs wagons dans la région de Briansk. À la suite de ce sabotage, la ligne ferroviaire
reliant le Bélarus et la Russie par la région de Gomel a été temporairement interrompue. (…) Les principales cibles des saboteurs coordonnés par les
services ukrainiens sont les responsables politiques, les militants et les journalistes travaillant dans les régions passées sous contrôle russe.
Le matin du 25 octobre, une attaque terroriste a frappé la compagnie de télévision régionale
dans la ville de Melitopol. Une voiture remplie d’explosifs a explosé près du bâtiment, endommageant gravement l’installation. Plus tôt, le 20 octobre, les forces ukrainiennes ont tiré 12 roquettes sur un ferry civil à
Kherson. Quatre civils ont été tués, dont deux journalistes. (…)
Le 24 octobre, des agents kiéviens ont tiré sur trois civils dans une voiture dans la région
de Kherson. Une personne a été tuée et deux autres ont été gravement blessées. (…)”
2. La bataille de Bakhmout.
“De
violents affrontements se poursuivent à la périphérie de la ville de Bakhmut/Artiomovsk. La ville reste sous le contrôle des forces armées
ukrainiennes tandis que l’armée russe prend d’assaut la zone industrielle de la périphérie est et s’approche de la ville par le sud, où la bataille pour le
contrôle du village d’Opytnoïe est en cours.
Les unités du groupe Wagner ont le contrôle de l’usine locale d’asphalte située dans la
partie sud-est de la zone industrielle. Au même moment, les groupes d’assaut russes avancent dans la ville en descendant la rue Patrice Lumumba. Les opérations
de ratissage sont en cours sur le territoire de l’usine de meubles locale et de l’usine de céramique de construction Bakhmut.
Le reste des installations industrielles se trouve actuellement dans la zone grise,
c’est-à-dire qu’aucune des parties belligérantes ne les contrôle.
Les forces ukrainiennes ont récemment partagé des vidéos de la zone industrielle, montrant
les destructions sur le territoire de l’usine Siniat située à plusieurs kilomètres à l’ouest de l’usine de céramique de construction Bakhmut. Les sources
ukrainiennes ont revendiqué une autre victoire des militaires ukrainiens. Certaines sources ont rapporté par erreur que l’armée uklrainienne avait repoussé les
combattants russes Wagner de l’usine d’asphalte.
Cependant, les forces russes n’ont jamais revendiqué le contrôle de cette installation. Les
militaires ukrainiens auraient quitté leurs positions de l’usine de Siniat il y a environ une semaine. Ils ont partagé quelques photos qui ont été déclarées
comme une nouvelle victoire. Il est peu probable que les militaires ukrainiens rétablissent leurs positions dans la zone. Ainsi, les combats pour le contrôle
de l’installation doivent encore avoir lieu.
À la périphérie sud de la ville, les forces dirigées par la Russie contrôlent le village
d’Ivangrad et prennent d’assaut Opytnoïe. Les affrontements se poursuivent dans le village. Les villages de Veselaya Dolina et Zaitsevo sont également sous
contrôle russe. Les forces russes sécurisent leurs positions dans la région afin de menacer le groupement ukrainien de Bakhmut depuis la direction du
sud.
Les militaires russes avancent vers l’ouest en traversant la rivière Bakhmutka. Le village
d’Otradovka situé sur la route menant à Bakhmut est sous contrôle russe. Le 24 octobre, lors de l’opération d’assaut lancée depuis Otradovka, les troupes
russes ont repoussé les unités de la 58e brigade d’infanterie motorisée de nl’armée ukrainienne vers les lignes de défense de réserve.
Les militaires russes s’approchent de Klesheevka et de Kurdymovka. Leur objectif est de
couper les voies ferrées menant à Bakhmut par la direction sud-ouest.
À leur tour, le 24 octobre, les combattants du 46e bataillon d’assaut de la 53e brigade
mécanisée ukrainienne ont tenté d’attaquer le flanc des forces russes depuis Kleshcheevka. L’attaque a été repoussée et a permis aux militaires russes de
passer à l’offensive dans la région.
Le groupement ukrainien de Bakhmut risque d’être encerclé depuis la direction sud-ouest ;
mais jusqu’à présent, le rythme de l’avancée russe dans la région a été ralenti. Il est également peu probable que les groupes d’assaut Wagner puissent avancer
dans la ville avant que les principales routes d’approvisionnement de l’armée ukrainienne ne soient coupées. (…)
Les forces ukrainiennes renforcent leurs positions dans la ville, se préparant à l’assaut
russe à venir. Elles érigent (…) des barricades dans les rues près des installations civiles. Les militaires ukrainiens, ainsi que les mercenaires polonais et
britanniques, évitent le contact direct avec les militaires russes, en équipant des postes de tir dans les immeubles et appartements résidentiels, ainsi que
dans les grandes entreprises civiles.
Il reste encore quelques civils dans la ville, mais ils sont très peu nombreux“.
Autre constat fait dans la première moitié de cette
semaine:
“Au début du mois d’août, les responsables de Kiev ont annoncé une contre-offensive de
grande envergure qui aurait dû commencer cet automne et ramener le sud de l’Ukraine sous le contrôle de Zelensky. À l’heure actuelle, il ne reste qu’un mois
avant l’arrivée de l’hiver et rien ne laisse présager la reprise de la ville de Kherson aux Russes. Mais ce qu’il y a de nombreux signes, c’est la crise
sanitaire à laquelle l’Ukraine est actuellement confrontée.
Au milieu des pannes massives causées par les frappes russes sur l’infrastructure
énergétique et des centaines de soldats blessés, de nombreux hôpitaux sont confrontés à une grave pénurie de médicaments et au problème du manque de place pour
déplacer les patients.
Des sources locales de la ville ukrainienne de Nikolaïev (le centre régional du sud de
l’Ukraine) rapportent que le pays déchiré par la guerre est sur le point de faire face à une pénurie de médicaments sur fond de graves dommages infligés à
l’infrastructure énergétique de l’État.
Le médecin en chef de l’hôpital №1 de la ville de Nikolaïev a émis l’ordre de traiter les
patients avec une quantité de médicaments et d’autres produits inférieure de 20 à 40 % en raison d’erreurs dans la chaîne d’approvisionnement et de
l’impossibilité de stocker ces substances comme avant. En outre, cette crise se heurte à la nécessité de fournir des soins médicaux à un plus grand nombre de
personnes, car l’opération de contre-offensive de l’armée ukrainienne à Kherson, annoncée précédemment, semble avoir fait des milliers de blessés, sans
pratiquement aucun succès tactique.
Comme on peut le voir sur la photo, l’hôpital doit déployer d’urgence 220 lits d’hôpital
supplémentaires dans tout endroit approprié. Voilà ce qui est devenu public, imaginez un peu le désordre et le chaos qui règnent là-bas, car si une institution
médicale subit des changements aussi spectaculaires, beaucoup d’autres font de même.
La coupure de courant dans tout le pays n’est pas la seule raison du manque de médicaments.
Rappelons les nombreuses affaires de corruption et de vol d’aide humanitaire. Une grande majorité de l’aide que les pays étrangers fournissent à l’Ukraine a
été volée ou vendue à la population au lieu de la donner gratuitement. Bref, c’est absolument terrible. Désormais, les gens recevraient moins de médicaments
et, apparemment, les pertes ukrainiennes sont beaucoup plus importantes que ce qu’ils veulent nous faire croire“.
“...Des installations militaires et des infrastructures énergétiques ukrainiennes ont de
nouveau été attaquées par des missiles et des drones russes. La nuit dernière, l’alerte aérienne a retenti dans les régions de Zaporojie, Vinnitsa, Kiev,
Jitomir, Tcherkassy, Dniepropetrovsk, Odessa.
Au cours de l’attaque nocturne, des drones kamikazes russes ont frappé les installations de
la sous-station de Kievskaya. Au moins un autotransformateur de 750/330 kV a été détruit. Selon le rapport local, la sous-station Belotserkovskaya, plus
petite, a également été touchée par les drones russes.
Il s’agit d’un coup stratégique porté au système énergétique de l’Ukraine. Les forces armées
de la Fédération de Russie ont privé le district énergétique de Kiev d’une puissance de 1000 MVA provenant des centrales nucléaires de Rovno et de Khmelnitsky.
Une vague de coupures de courant non planifiées a frappé la capitale et la région. La région de Kiev dispose d’autres sources de production d’énergie plus
petites. Certaines d’entre elles ont déjà été frappées par les forces russes. Aujourd’hui, leur énergie est clairement insuffisante pour le fonctionnement
normal du système électrique.
Les autorités ukrainiennes ont indiqué qu’en raison des attaques de missiles et de drones,
les coupures de courant dans la capitale et la région de Kiev devraient durer longtemps. Kiev n’est pas en mesure de stabiliser la situation de
l’approvisionnement en énergie dans un avenir proche. La consommation d’électricité sera limitée à Kiev, ainsi que dans les régions de Kiev, Tchernigov,
Tcherkassy et Jitomir.
Il est rapporté que des drones russes ont détruit des installations d’infrastructure
énergétique et militaire dans la ville de Dniepropetrovsk et à Pavlograd, dans la région de Dniepropetrovsk. Des drones kamikazes russes ont frappé l’usine
mécanique de Pavlograd. La production de composants et de carburant pour missiles, d’explosifs et d’éléments de munitions était établie sur le territoire de
l’entreprise.
Six explosions ont retenti dans la ville de Zaporojie. Les autorités locales ont déclaré que
deux d’entre elles étaient le résultat du travail de la défense aérienne, et quatre étaient le résultat des frappes sur les positions militaires des militants
de l’armée ukrainienne. Il y a eu une détonation de munitions. La ville a été mise hors tension.
Un grand incendie s’est déclaré à Kramatorsk à la suite d’une frappe d’artillerie russe.
L’incendie s’est produit sur le territoire de l’entrepôt de l’USAID, situé dans le bâtiment de la société Interplast dans la zone de Krasnogorka. L’USAID
fournit des armes et des munitions à l’Ukraine sous couvert d’aide humanitaire.
Tard dans la soirée, les forces russes, avec l’aide du drone Geran-2, ont touché une cible
dans le district d’Ovidopolsky de la région d’Odessa. Dans la nuit du 28 octobre, les forces russes ont déjà frappé les régions de Dnipropetrovsk et de
Nikolaïev“.
L'Ukraine: un trou noir pour les livraisons d'armes?
L’Ukraine fait pression sur les États-Unis pour qu’ils envoient des mines lancées par
l’artillerie et des défenses aériennes à courte portée capables d’intercepter les drones de fabrication iranienne, alors que les réserves de munitions en
provenance de l’Ouest continuent de s’amenuiser, selon trois assistants du Congrès et deux responsables ukrainiens au fait de la question.
Alors que les offensives russes à l’est et au sud s’enlisent, puis s’inversent, les drones
fournis par l’Iran ont donné à la Russie un avantage temporaire dans la bataille des munitions en lui offrant un moyen bon marché d’ébrécher les forces
ukrainiennes qui empiètent sur son territoire.
Depuis un mois, les responsables ukrainiens font pression pour obtenir des munitions
conventionnelles améliorées à double usage (DPICM), une forme de munitions à fragmentation conçue pour éclater en une multitude de sous-munitions plus petites
afin de détruire des cibles mobiles telles que des chars ou des troupes sans méfiance, ainsi que des équivalents européens. Les États-Unis sont actuellement
interdits d’exportation de ces systèmes.
Les responsables ukrainiens souhaitent acquérir ces armes explosives pour réduire l’usure
des canons d’artillerie standard de l’OTAN, ce qui fait partie d’une poignée de nouvelles demandes d’obus et de systèmes de défense aérienne américains et
européens formulées ces dernières semaines. L’Ukraine fait également pression pour que les États-Unis envoient le système de défense aérienne Avenger lancé par
camion, utilisé par l’armée américaine pour faire face à l’afflux de drones iraniens Shahed-136, selon deux assistants du Congrès et un responsable militaire
ukrainien, parmi une poignée de nouvelles demandes.
“Nous demandons sans cesse de nouvelles munitions à plus longue portée et plus explosives”,
a déclaré un responsable militaire ukrainien, s’exprimant sous couvert d’anonymat pour parler franchement des demandes en cours. “Nous en avons besoin pour
détruire les fortifications russes sur notre territoire”.
Les demandes, que les responsables ukrainiens ont commencé à adresser à leurs homologues
américains il y a un mois, sont devenues plus urgentes car les stocks OTAN d’artillerie de 152 mm de l’époque soviétique ont été réduits à presque zéro,
laissant les troupes ukrainiennes plus dépendantes des pièces d’artillerie obusier de 155 mm standard de l’alliance pour repousser l’avancée russe. Mais seuls
30 % des pièces d’artillerie ukrainiennes sont conformes aux normes de l’OTAN, et l’intensité des récents échanges d’artillerie avec les soldats russes a
suscité l’inquiétude des responsables ukrainiens quant à la durée de vie des nouveaux canons de 155 mm, dont l’usure est déjà plus importante. C’est pourquoi
ils veulent que les obus qu’ils tirent frappent plus fort ; les obus explosifs peuvent être jusqu’à cinq fois plus puissants qu’un obus normal.
Sasha Ustinova, un membre du Parlement ukrainien, a déclaré que les responsables ukrainiens
avaient également demandé des munitions à fragmentation BONUS, fabriquées par la société suédoise Bofors et la société française Nexter, qui peuvent être
tirées à partir de pièces d’artillerie standard de l’OTAN pour détruire des véhicules blindés, ainsi que la bombe de petit diamètre lancée depuis le sol,
développée par Boeing et le constructeur automobile Saab. L’Ukraine a également demandé le système d’artillerie Archer de fabrication suédoise, un autre
obusier de 155 mm monté sur le châssis d’un véhicule tout-terrain Volvo. Ni le Conseil national de sécurité des États-Unis ni le Département d’État américain
n’ont immédiatement répondu aux demandes de commentaires de Foreign Policy. L’ambassade de Suède à Washington a refusé de commenter les demandes d’armes
spécifiques de l’Ukraine.
“La Suède semble avoir des tonnes d’armes dont nous avons besoin”, a déclaré Mme
Ustinova.
Le retard dans la livraison des armes à sous-munitions cause des maux de tête au Capitole,
où certains législateurs et assistants s’inquiètent du fait que l’administration Biden ne donne toujours pas à l’Ukraine les armes adéquates pour terminer le
travail alors que le conflit approche de la marque des neuf mois. “Ces armes à sous-munitions ont été littéralement conçues spécifiquement en tenant compte des
avantages soviétiques en matière de tubes d’artillerie”, a déclaré un assistant du Congrès qui connaît bien la demande. “Les Ukrainiens disent : “Vous avez ces
armes spécialement conçues pour le type de menace auquel nous sommes confrontés, pourquoi ne pourrions-nous pas les avoir ?
Le porte-parole du département de la défense américain, le lieutenant-colonel Garron Garn, a
déclaré que l’agence ne ferait pas de commentaires sur les demandes d’armes spécifiques de l’Ukraine, mais que le soutien américain “se concentre sur
l’équipement qui est pertinent pour le combat actuel”.
+ Monsieur Steinmeier, président de la République Fédérale s’est finalement rendu à Kiev – nous avions rapporté l’annulation ,
initialement, du déplacement prévu la semaine dernière et il a promis des armes, dans
le contexte des tensions croissantes entre Kiev et ses sponsors, Vladimir Zelenski se plaignant de ne pas recevoir assez:
“Lors d’une conférence à Berlin, M. Zelenski s’est plaint de ne pas avoir encore reçu “un
seul centime” dans le cadre du plan de redressement rapide du pays, qui s’élève à 17 milliards de dollars. Le même jour, la chef de la Commission européenne,
Ursula von der Leyen, l’a calmé en promettant 19 milliards d’euros supplémentaires, hors fournitures militaires. Les Européens verseront chaque mois 1,5
milliard d’euros aux Ukrainiens.
Pendant ce temps, le président allemand Steinmeier se cachait dans un bunker en Ukraine
occidentale. Comme presque toutes les personnalités étrangères venues en Ukraine pour discuter de l’aide militaire et financière, il a été accueilli par une
alerte aérienne. Le même vieux scénario mis en scène par les Ukrainiens a fonctionné. Steinmeier a promis à Zelensky que le MLRS Mars II et quatre obusiers
supplémentaires de type Panzerhaubitze 2000 seraient transférés à l’Ukraine dans les prochains jours. Berlin a déjà fourni au régime de Kiev des biens
militaires pour un montanttotal de 686 millions d’euros.’
Dire que Steinmeier a été l’un des plus proches collaborateurs de Schröder chancelier puis, comme ministre des Affaires
étrangères (2005-2009 et 2013-2017), avait à coeur d’équilibrer la russophobie latente d’Angela Merkel….
Le discours d'e Vladimir Poutine devant le Club Valdaï
J’ai eu l’occasion de me faire une idée de ce dont vous avez discuté ici au cours des
derniers jours. Ce fut une discussion intéressante et substantielle. J’espère que vous ne regrettez pas d’être venus en Russie et de communiquer entre
vous.
Je suis heureux de vous voir tous.
Nous avons utilisé la plate-forme du Club Valdai pour discuter, plus d’une fois, des
changements majeurs et graves qui ont déjà eu lieu et qui sont en train de se produire dans le monde, des risques posés par la dégradation des
institutions mondiales, l’érosion des principes de sécurité collective et la substitution des “règles” au droit international.J’ai été
tenté de dire “nous savons clairement qui a élaboré ces règles”, mais ce ne serait peut-être pas une affirmation exacte. Nous n’avons aucune idée de qui a
inventé ces règles, de ce sur quoi ces règles sont basées, ou de ce que contiennent ces règles.
Il semble que nous soyons témoins d’une tentative d’application d’une seule règle par
laquelle les personnes au pouvoir – nous parlions du pouvoir, et je parle maintenant du pouvoir mondial – pourraient vivre sans suivre aucune règle et
pourraient s’en tirer à bon compte. Ce sont ces règles que nous entendons constamment, comme on dit, rabâcher, c’est-à-dire en parler sans cesse…
Les discussions de Valdai sont importantes car on peut y entendre diverses évaluations et
prévisions. La vie montre toujours à quel point elles étaient exactes, car la vie est le professeur le plus sévère et le plus objectif. Ainsi, la vie montre à
quel point les prévisions des années précédentes étaient exactes.
Hélas, les événements continuent de suivre un scénario négatif, dont nous avons discuté plus
d’une fois lors de nos précédentes réunions. De plus, ils se sont transformés en une crise majeure à l’échelle du système
qui a touché, outre la sphère militaro-politique, les sphères économique et humanitaire.
Ce qu’on appelle l’Occident, qui est bien sûr une construction théorique puisqu’il n’est pas
uni et qu’il s’agit clairement d’un conglomérat très complexe, mais je dirai quand même que l’Occident a pris un certain nombre de mesures au cours des
dernières années et surtout au cours des derniers mois qui sont destinées à aggraver la situation. En fait, ils cherchent toujours à
aggraver la situation, ce qui n’est pas nouveau non plus. Cela inclut l’incitation à la guerre en Ukraine, les provocations autour de Taïwan et la
déstabilisation des marchés mondiaux de l’alimentation et de l’énergie. Ce dernier point n’a bien sûr pas été fait exprès, cela ne fait
aucun doute. La déstabilisation du marché de l’énergie résulte d’un certain nombre d’erreurs systémiques commises par les autorités occidentales que j’ai
mentionnées plus haut. Comme nous pouvons le voir maintenant, la situation a été aggravée par la destruction des gazoducs paneuropéens. Il s’agit là de quelque
chose de tout à fait différent, mais nous sommes néanmoins témoins de ces tristes développements.
Le pouvoir mondial est exactement ce que le soi-disant Occident a en jeu. Mais ce jeu est
certainement dangereux, sanglant et, je dirais, sale. Il nie la souveraineté des pays et des peuples, leur identité et leur singularité, et foule aux pieds les
intérêts des autres États. De toute façon, même si la négation n’est pas le mot utilisé, ils le font dans la vie réelle. Personne, à l’exception de ceux qui
créent ces règles que j’ai mentionnées, n’a le droit de conserver son identité : tous les autres doivent se conformer à ces règles.
À cet égard, permettez-moi de vous rappeler les propositions faites par la Russie à nos
partenaires occidentaux pour instaurer la confiance et un système de sécurité collective. Elles ont été une fois de plus rejetées en décembre 2021.
Cependant, s’asseoir sur ses lauriers peut difficilement fonctionner dans le monde moderne.
Celui qui sème le vent récoltera la tempête, comme le dit le proverbe. La crise a en effet pris une dimension mondiale et a eu un impact sur tout le monde. Il
ne faut pas se faire d’illusions à ce sujet.
L’humanité est à la croisée des chemins : soit elle continue à accumuler les problèmes et finit par crouler sous leur poids, soit
elle travaille ensemble pour trouver des solutions – même imparfaites, du moment qu’elles fonctionnent – qui peuvent faire de notre monde un endroit plus
stable et plus sûr.
Vous savez, j’ai toujours cru au pouvoir du bon sens. C’est pourquoi je suis convaincu que, tôt ou tard, les
nouveaux centres de l’ordre international multipolaire et l’Occident devront entamer un dialogue sur un pied d’égalité au sujet d’un avenir commun pour nous
tous, et le plus tôt sera le mieux, bien entendu. À cet égard, je vais souligner certains des aspects les plus importants pour nous
tous.
Les développements actuels ont éclipsé les questions environnementales. Aussi étrange que
cela puisse paraître, c’est ce dont je voudrais parler en premier aujourd’hui. Le changement climatique n’est plus en tête des priorités. Mais ce défi
fondamental n’a pas disparu, il est toujours là, et il s’amplifie.
La perte de biodiversité est l’une des conséquences les plus dangereuses de la perturbation de l’équilibre environnemental. Cela
m’amène au point essentiel pour lequel nous sommes tous réunis ici. N’est-il pas tout aussi important de maintenir la diversité culturelle, sociale, politique
et civilisationnelle ?
Dans le même temps, l’Occident moderne s’emploie essentiellement à aplanir et à effacer
toutes les différences. Qu’est-ce qui se cache derrière cela ? Tout d’abord, le déclin du potentiel créatif de
l’Occident et la volonté de freiner et de bloquer le libre développement d’autres civilisations.
Il y a aussi, bien sûr, un intérêt ouvertement mercantile. En imposant aux autres leurs
valeurs, leurs habitudes de consommation et leur standardisation, nos adversaires – je vais faire attention aux mots – tentent d’élargir les marchés pour leurs
produits. L’objectif poursuivi sur cette voie est, en définitive, très primitif. Il est notable que l’Occident proclame la valeur universelle de sa culture et
de sa vision du monde. Même s’ils ne le disent pas ouvertement, ce qu’ils font d’ailleurs souvent, ils se comportent comme si c’était le cas, comme si c’était
une réalité, et la politique qu’ils mènent vise à montrer que ces valeurs doivent être acceptées inconditionnellement par tous les autres membres de la
communauté internationale.
Je voudrais citer le célèbre discours de remise des diplômes d’Alexandre Soljenitsyne, prononcé à Harvard en 1978. Il a dit que ce
qui caractérise l’Occident, c’est “un aveuglement continu de la supériorité” – et cela continue jusqu’à ce jour – qui “soutient la croyance que de vastes
régions partout sur notre planète devraient se développer et mûrir au niveau des systèmes occidentaux actuels”. Il a dit cela en 1978. Rien n’a
changé.
Au cours des presque 50 ans qui se sont écoulés depuis, l’aveuglement dont parlait
Soljenitsyne, ouvertement raciste et néocolonial, a pris des formes particulièrement déformées, notamment après l’émergence du monde dit unipolaire. De quoi
s’agit-il ? La croyance en son infaillibilité est très dangereuse ; elle n’est qu’à un pas du désir des infaillibles de détruire ceux qu’ils n’aiment pas, ou
comme ils disent, de les annuler. Il suffit de réfléchir à la signification de ce mot.
Même au plus fort de la guerre froide, au plus fort de l’affrontement des deux systèmes, des deux idéologies et
de la rivalité militaire, il ne venait à l’idée de personne de nier l’existence même de la culture, de l’art, de la science des autres peuples, de leurs
adversaires. Cela ne venait à l’esprit de personne. Certes, certaines restrictions étaient imposées aux contacts dans les domaines de
l’éducation, de la science, de la culture et, malheureusement, du sport. Mais néanmoins, les dirigeants soviétiques et américains ont compris qu’il était
nécessaire de traiter le domaine humanitaire avec tact, d’étudier et de respecter son rival, et parfois même de lui emprunter des éléments afin de conserver
les bases de relations saines et productives, au moins pour l’avenir.
Et que se passe-t-il maintenant ? Il fut un temps où les nazis en étaient
arrivés à brûler des livres, et maintenant les “gardiens du libéralisme et du progrès” occidentaux en sont arrivés à interdire Dostoïevski et Tchaïkovski. La
soi-disant “annulation de la culture” et en réalité – comme nous l’avons dit à maintes reprises – la véritable annulation de la culture consiste à éradiquer
tout ce qui est vivant et créatif et à étouffer la libre pensée dans tous les domaines, qu’il s’agisse d’économie, de politique ou de
culture.
Aujourd’hui, l’idéologie libérale elle-même a changé au point de devenir
méconnaissable. Si, à
l’origine, le libéralisme classique signifiait la liberté de chacun de faire et de dire ce qu’il voulait, au XXe siècle, les libéraux ont commencé à dire que
la société dite ouverte avait des ennemis et que la liberté de ces ennemis pouvait et devait être restreinte, voire annulée. On en est arrivé au point absurde
où toute opinion alternative est déclarée propagande subversive et menace pour la démocratie.
Tout ce qui vient de Russie est taxé d'”intrigues du Kremlin”. Mais regardez-vous.
Sommes-nous vraiment si tout-puissants ? Toute critique de nos adversaires – n’importe laquelle – est perçue comme des “intrigues du Kremlin”, “la main du
Kremlin”. C’est insensé. A quoi avez-vous sombré ? Utilisez votre cerveau, au moins, dites quelque chose de plus intéressant, exposez votre point de vue de
manière conceptuelle. Vous ne pouvez pas tout mettre sur le dos des manigances du Kremlin.
Fiodor Dostoïevski a prophétiquement prédit tout cela au 19e siècle. L’un des personnages de son roman Démons, le nihiliste Shigalev,
a décrit l’avenir radieux qu’il imaginait de la manière suivante : “Émergeant d’une liberté sans limites, je conclus par un despotisme sans limites.” Voilà à
quoi en sont arrivés nos adversaires occidentaux. Un autre personnage du roman, Pyotr Verkhovensky, lui fait écho, en parlant de la nécessité d’une trahison,
d’une dénonciation et d’un espionnage universels, et en affirmant que la société n’a pas besoin de talents ou de plus grandes capacités : “On coupe la langue
de Cicéron, on arrache les yeux de Copernic et on lapide Shakespeare”. C’est à cela qu’aboutissent nos adversaires occidentaux. Qu’est-ce que c’est, sinon la
culture d’annulation occidentale ?
Ce sont de grands penseurs et, franchement, je suis reconnaissant à mes assistants d’avoir
trouvé ces citations.
Que peut-on répondre à cela ? L’histoire remettra certainement tout à sa place et saura qui
annuler, et ce ne sera certainement pas les plus grandes œuvres des génies universellement reconnus de la culture mondiale, mais ceux qui, pour une raison ou
une autre, ont décidé qu’ils avaient le droit d’utiliser la culture mondiale comme bon leur semble. Leur amour-propre ne connaît vraiment aucune limite.
Personne ne se souviendra de leur nom dans quelques années. Mais Dostoïevski continuera à vivre, tout comme Tchaïkovski et Pouchkine, même s’ils auraient voulu
le contraire.
L’uniformisation, le monopole financier et technologique, l’effacement de toutes les différences, voilà ce qui
sous-tend le modèle occidental de mondialisation, qui est de nature néocoloniale. Leur objectif était clair : établir la domination
inconditionnelle de l’Occident dans l’économie et la politique mondiales. Pour ce faire, l’Occident a mis à son service l’ensemble des ressources naturelles et
financières de la planète, ainsi que toutes les capacités intellectuelles, humaines et économiques, tout en prétendant qu’il s’agissait d’une caractéristique
naturelle de la soi-disant nouvelle interdépendance mondiale.
Je voudrais ici rappeler un autre philosophe russe, Alexandre Zinoviev, dont nous célébrerons
le centenaire de la naissance le 29 octobre. Il y a plus de 20 ans, il a déclaré que la civilisation occidentale avait besoin de la planète entière comme moyen
d’existence et de toutes les ressources de l’humanité pour survivre au niveau qu’elle avait atteint. C’est ce qu’ils veulent, c’est exactement ce qui se
passe.
De plus, l’Occident s’est d’abord assuré une avance considérable dans ce système parce qu’il
en avait développé les principes et les mécanismes – les mêmes que les règles dont ils parlent aujourd’hui et qui restent un trou noir incompréhensible parce
que personne ne sait vraiment ce qu’elles sont. Mais dès que les pays non occidentaux ont commencé à tirer quelques avantages de la mondialisation, surtout les
grandes nations d’Asie, l’Occident a immédiatement modifié ou complètement aboli nombre de ces règles. Et les principes soi-disant sacrés du libre-échange, de
l’ouverture économique, de l’égalité de concurrence, voire des droits de propriété, ont été soudainement oubliés, complètement. Ils changent les règles sur le
champ, sur place, là où ils voient une opportunité pour eux.
Voici un autre exemple de substitution de concepts et de significations. Pendant de nombreuses années, les
idéologues et les politiciens occidentaux ont dit au monde qu’il n’y avait pas d’alternative à la démocratie. Certes, ils entendaient par là le style
occidental, le soi-disant modèle libéral de démocratie. Ils ont rejeté avec arrogance toutes les autres variantes et formes de gouvernement par le peuple et,
je tiens à le souligner, ils l’ont fait avec mépris et dédain. Cette manière de faire a pris forme depuis l’époque coloniale, comme si tout le monde était de
second ordre, alors qu’eux étaient exceptionnels. Cela a duré des siècles et cela continue encore aujourd’hui.
Ainsi, actuellement, une majorité écrasante de la communauté internationale réclame la démocratie dans les affaires internationales
et rejette toute forme de diktat autoritaire de la part de pays individuels ou de groupes de pays. Qu’est-ce que c’est, sinon l’application directe des
principes démocratiques aux relations internationales?
Quelle position l’Occident “civilisé” a-t-il adoptée ? Si vous êtes démocrates, vous êtes
censés accueillir le désir naturel de liberté exprimé par des milliards de personnes, mais non. L’Occident appelle cela saper l’ordre libéral fondé sur des
règles. Il recourt aux
guerres économiques et commerciales, aux sanctions, aux boycotts et aux révolutions de couleur, et prépare et exécute toutes sortes de coups
d’État.
L’un d’eux a eu des conséquences tragiques en Ukraine en 2014.Ils l’ont soutenu et ont même
précisé la somme d’argent qu’ils avaient dépensée pour ce coup d’État. Ils ont le culot d’agir comme bon leur semble et n’ont aucun scrupule pour ce qu’ils
font. Ils ont tué
Soleimani, un général iranien. Vous pouvez penser ce que vous voulez de Soleimani, mais c’était un fonctionnaire d’un État étranger. Ils l’ont tué dans un pays
tiers et en ont assumé la responsabilité. Qu’est-ce que cela est censé signifier, pour l’amour du ciel ? Dans quel genre de monde
vivons-nous ?
Comme à l’accoutumée, Washington continue de qualifier l’ordre international actuel de
libéral à l’américaine, mais en fait, ce fameux “ordre” multiplie chaque jour le chaos et, j’ajouterais même, devient de plus en plus intolérant même à l’égard
des pays occidentaux et de leurs tentatives d’agir indépendamment. Tout est étouffé dans l’œuf, et ils n’hésitent même pas à imposer des sanctions à leurs alliés, qui baissent la
tête en signe d’assentiment.
Par exemple, les propositions faites en juillet par les députés hongrois de codifier
l’engagement envers les valeurs et la culture chrétiennes européennes dans le traité sur l’Union européenne ont été prises non pas comme un affront, mais comme
un acte de sabotage pur et simple et hostile. Qu’est-ce que cela signifie ? En effet, cela peut plaire à certains, mais pas à d’autres.
En mille ans, la Russie a développé une culture unique d’interaction entre toutes les religions du monde. Il n’y a pas besoin
d’annuler quoi que ce soit, que ce soit les valeurs chrétiennes, les valeurs islamiques ou les valeurs juives. Nous avons également d’autres religions du
monde. Il suffit de se respecter mutuellement. Dans un certain nombre de nos régions – je le sais de première main – les gens célèbrent ensemble les fêtes
chrétiennes, islamiques, bouddhistes et juives, et ils aiment le faire car ils se félicitent mutuellement et sont heureux les uns pour les
autres.
Mais pas ici. Pourquoi pas ? Au moins, ils pourraient en discuter. Incroyable.
Sans exagérer, il ne s’agit même pas d’une crise systémique, mais d’une crise doctrinale du
modèle d’ordre international néolibéral à l’américaine. Ils n’ont aucune idée de progrès et de développement positif. Ils n’ont tout simplement rien à offrir
au monde, si ce n’est de perpétuer leur domination.
Je suis convaincu que la démocratie réelle dans un monde
multipolaire concerne avant tout la capacité de toute nation – j’insiste – de toute société ou de toute civilisation à suivre sa propre voie et à organiser son
propre système socio-politique. Si les États-Unis ou les pays de l’Union européenne jouissent de ce droit, les pays d’Asie, les États islamiques,
les monarchies du golfe Persique et les pays des autres continents l’ont certainement aussi. Bien sûr, notre pays, la Russie, a également ce droit, et personne
ne pourra jamais dire à notre peuple quel type de société nous devrions construire et quels principes devraient la sous-tendre.
Une menace directe pour le monopole politique, économique et idéologique de l’Occident
réside dans le fait que le monde peut proposer des modèles sociaux alternatifs plus efficaces ; je tiens à le souligner, plus efficaces aujourd’hui, plus
brillants et plus attrayants que ceux qui existent actuellement. Ces modèles vont certainement voir le jour. C’est inévitable. D’ailleurs, les politologues et
analystes américains écrivent également à ce sujet. À vrai dire, leur gouvernement n’écoute pas ce qu’ils disent, même s’il ne peut éviter de voir ces concepts
dans les magazines de sciences politiques et de les voir mentionnés dans les discussions.
Le développement devrait s’appuyer sur un dialogue entre les civilisations et les valeurs spirituelles et
morales. En effet, la compréhension de l’être humain et de sa nature varie selon les civilisations, mais cette différence est souvent
superficielle, et toutes reconnaissent la dignité ultime et l’essence spirituelle des personnes. Une base commune sur laquelle nous pouvons et devons
construire notre avenir est d’une importance capitale.
Voici un point sur lequel je voudrais insister. Les valeurs traditionnelles ne sont pas
un ensemble rigide de postulats auxquels tout le monde doit adhérer, bien sûr que non. La différence avec les valeurs dites néo-libérales, c’est qu’elles sont
uniques dans chaque cas particulier, parce qu’elles sont issues des traditions d’une société particulière, de sa culture et de son contexte
historique. C’est pourquoi les valeurs traditionnelles ne peuvent être imposées à personne. Elles doivent simplement être respectées et tout ce
que chaque nation a choisi pour elle-même au cours des siècles doit être traité avec précaution.
C’est ainsi que nous comprenons les valeurs traditionnelles, et la majorité de l’humanité partage et accepte
notre approche. C’est compréhensible, car les sociétés traditionnelles d’Orient, d’Amérique latine, d’Afrique et d’Eurasie constituent la base de
la civilisation mondiale.
Le respect des us et coutumes des peuples et des civilisations est dans l’intérêt de tous.
En fait, c’est aussi l’intérêt de l'”Occident”, qui devient rapidement une minorité sur la scène internationale à mesure qu’il perd sa
domination. Bien sûr, le
droit de la minorité occidentale à sa propre identité culturelle – je tiens à le souligner – doit être assuré et respecté, mais, surtout, sur un pied d’égalité
avec les droits de toute autre nation.
Si les élites occidentales pensent qu’elles peuvent faire en sorte que leurs peuples et
leurs sociétés adoptent ce que je considère comme des idées étranges et à la mode, telles que des dizaines de genres ou des parades de fierté gay, qu’il en
soit ainsi. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Mais ils n’ont certainement pas le droit de dire aux autres de suivre leurs pas.
Nous voyons les processus démographiques, politiques et sociaux compliqués qui se déroulent
dans les pays occidentaux. Il s’agit, bien entendu, de leurs propres affaires. La Russie ne s’immisce pas dans ces affaires et n’a pas l’intention de le
faire. Contrairement à
l’Occident, nous nous occupons de nos propres affaires. Mais nous espérons que le pragmatisme triomphera et que le dialogue de la Russie avec l’Occident
authentique et traditionnel, ainsi qu’avec les autres centres de développement égalitaire, deviendra une contribution majeure à la construction d’un ordre
mondial multipolaire.
J’ajouterai que la multipolarité est une réelle et, en
fait, la seule chance pour l’Europe de restaurer son identité politique et économique. À vrai dire – et cette idée s’exprime explicitement en Europe
aujourd’hui – la capacité juridique de l’Europe est très limitée. J’ai essayé de l’exprimer de façon modérée pour ne froisser
personne.
Le monde est diversifié par nature et les tentatives occidentales de faire entrer tout le
monde dans le même schéma sont clairement vouées à l’échec. Elles n’aboutiront à rien.
L’aspiration vaniteuse à la suprématie mondiale et, essentiellement, à la dictature ou à la
préservation du leadership par la dictée, réduit réellement le prestige international des dirigeants du monde occidental, y compris les États-Unis, et accroît
la méfiance à l’égard de leur capacité à négocier en général. Ils disent une chose aujourd’hui et une autre demain ; ils signent des documents et y renoncent,
ils font ce qu’ils veulent. Il n’y a aucune stabilité dans quoi que ce soit. Comment les documents sont signés, ce qui a été discuté, ce que nous pouvons
espérer – tout cela est complètement flou.
Auparavant, seuls quelques pays osaient discuter avec l’Amérique et cela avait l’air presque
sensationnel, alors qu’aujourd’hui, il est devenu habituel pour toutes sortes d’États de rejeter les demandes infondées de Washington, malgré ses tentatives
continues d’exercer une pression sur tout le monde. C’est une politique erronée qui ne mène nulle part. Mais laissons-les faire, c’est aussi leur
choix.
Je suis convaincu que les nations du monde ne fermeront pas les yeux sur une politique de
coercition qui s’est discréditée. L’Occident devra chaque fois payer un prix plus élevé pour ses tentatives de préserver son hégémonie. Si j’étais
une élite occidentale, je réfléchirais sérieusement à cette perspective.Comme je l’ai dit, certains politologues et politiciens aux
États-Unis y pensent déjà.
Dans les conditions actuelles de conflit intense, je serai direct sur certaines choses. En tant que civilisation
indépendante et distincte, la Russie n’a jamais considéré et ne se considère pas comme un ennemi de l’Occident. L’américophobie,
l’anglophobie, la francophobie et la germanophobie sont les mêmes formes de racisme que la russophobie ou l’antisémitisme et, accessoirement, la xénophobie
sous toutes ses formes.
Il faut simplement comprendre clairement que, comme je l’ai déjà dit
auparavant, il y a deux
Occident – au moins deux et peut-être plus, mais deux au moins – l’Occident des valeurs traditionnelles, essentiellement chrétiennes, de la liberté, du
patriotisme, de la grande culture et maintenant aussi des valeurs islamiques – une partie importante de la population de nombreux pays occidentaux suit
l’islam. Cet Occident est proche de nous en quelque sorte. Nous partageons avec lui des racines communes, voire anciennes. Mais il existe aussi un autre
Occident, agressif, cosmopolite et néocolonial. Il agit comme un outil des élites néolibérales. Naturellement, la Russie ne se pliera jamais
aux diktats de cet Occident.
En 2000, après mon élection à la présidence, je me souviendrai toujours de ce à quoi j’ai
été confronté : Je me souviendrai du prix que nous avons payé pour détruire l’antre du terrorisme dans le Caucase du Nord, que l’Occident soutenait presque
ouvertement à l’époque. Nous sommes tous des adultes ici ; la plupart d’entre vous présents dans cette salle comprennent ce dont je parle. Nous savons que
c’est exactement ce qui s’est passé dans la pratique : un soutien financier, politique et informationnel. Nous l’avons tous vécu.
Qui plus est, non seulement l’Occident a soutenu
activement les terroristes sur le territoire russe, mais, à bien des égards, il a entretenu cette menace. Nous le savons. Néanmoins, après la stabilisation de
la situation, lorsque les principales bandes terroristes ont été vaincues, notamment grâce à la bravoure du peuple tchétchène, nous avons décidé de ne pas
revenir en arrière, de ne pas jouer les offensés, mais d’aller de l’avant, d’établir des relations même avec ceux qui ont effectivement agi contre
nous,d’établir et de développer des relations avec tous ceux qui le souhaitaient, sur la base de l’avantage mutuel et du respect de
chacun.
Nous pensions que c’était dans l’intérêt de tous. La Russie, Dieu merci, a survécu à toutes
les difficultés de l’époque, elle a tenu bon, elle s’est renforcée, elle a été capable de faire face au terrorisme interne et externe, son économie a été
préservée, elle a commencé à se développer et sa capacité de défense a commencé à s’améliorer. Nous avons essayé d’établir des relations avec les principaux
pays occidentaux et avec l’OTAN. Le message était le même : cessons d’être des ennemis, vivons ensemble en tant qu’amis, engageons le dialogue, construisons la
confiance et, partant, la paix. Nous étions absolument sincères, je tiens à le souligner. Nous avons bien compris la complexité de ce rapprochement, mais nous
l’avons accepté.
Qu’avons-nous obtenu en réponse ? En bref, nous avons reçu un “non” dans tous les principaux
domaines de coopération possible. Nous avons reçu une pression toujours plus forte sur nous et des foyers de tension près de nos frontières. Et quel est, si je
puis me permettre, le but de cette pression ? Quel est-il ? S’agit-il simplement de s’entraîner ? Bien sûr que non. Le but est de rendre la Russie plus
vulnérable. Le but est de faire de la Russie un outil pour atteindre leurs propres objectifs géopolitiques.
En fait, c’est une règle universelle : ils essaient de transformer tout le monde en outil,
afin d’utiliser ces outils à leurs propres fins. Et ceux qui ne cèdent pas à cette pression, qui ne veulent pas être un tel outil sont sanctionnés : toutes
sortes de restrictions économiques sont exercées contre eux et à leur égard, des coups d’État sont préparés ou si possible réalisés, etc. Et à la fin, si rien
ne peut être fait, l’objectif est le même : les détruire, les rayer de la carte politique. Mais il n’a pas été et ne sera jamais possible d’élaborer et de
mettre en œuvre un tel scénario en ce qui concerne la Russie.
Que puis-je ajouter ? La Russie ne défie pas les élites
occidentales. La Russie défend simplement son droit d’exister et de se développer librement. Il est important de noter que nous ne deviendrons pas nous-mêmes
un nouvel hégémon. La Russie ne propose pas de remplacer un monde unipolaire par un ordre dominant bipolaire, tripolaire ou autre, ni de
remplacer la domination occidentale par une domination de l’Est, du Nord ou du Sud. Cela conduirait inévitablement à une nouvelle impasse.
À ce stade, je voudrais citer les paroles du grand philosophe russe Nikolaï Danilevsky. Il
pensait que le progrès ne consistait pas à ce que tout le monde aille dans la même direction, comme semblent le vouloir certains de nos adversaires. Cela ne
ferait que stopper le progrès, disait Danilevsky. Le progrès consiste à “parcourir le champ qui représente l’activité historique de l’humanité, en
marchant dans toutes les directions”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’aucune civilisation ne peut s’enorgueillir d’être le summum du
développement.
Je suis convaincu que la dictature ne peut être contrée que par le libre développement des
pays et des peuples ; la dégradation de l’individu peut être contrée par l’amour de la personne en tant que créateur ; la simplification et l’interdiction
primitives peuvent être remplacées par la complexité florissante de la culture et de la tradition.
L’importance du moment historique d’aujourd’hui réside dans les possibilités de
développement démocratique et distinct de chacun, qui s’ouvrent devant toutes les civilisations, tous les États et toutes les associations d’intégration. Nous
croyons avant tout que le nouvel ordre mondial doit être fondé sur le droit et la loi, et qu’il doit être libre, distinctif et équitable.
L’économie et le commerce mondiaux doivent également devenir plus justes et plus
ouverts. La Russie
considère que la création de nouvelles plateformes financières internationales est inévitable ; cela inclut les transactions internationales. Ces plateformes
devraient se situer au-dessus des juridictions nationales. Elles devraient être sécurisées, dépolitisées et automatisées et ne devraient pas dépendre d’un
centre de contrôle unique. Est-ce que c’est possible ou non ? Bien sûr que c’est possible. Cela demandera beaucoup d’efforts. De nombreux pays
devront unir leurs efforts, mais c’est possible.
Cela exclut toute possibilité d’abus dans une nouvelle infrastructure financière mondiale.
Elle permettrait d’effectuer des transactions internationales efficaces, bénéfiques et sûres sans le dollar ou l’une des monnaies dites de
réserve. C’est d’autant plus important, maintenant que le dollar est utilisé comme une arme ; les États-Unis, et l’Occident en général, ont
discrédité l’institution des réserves financières internationales. D’abord, ils l’ont dévalué avec l’inflation dans les zones dollar et euro, puis ils ont pris
nos réserves d’or et de devises.
La transition vers des transactions en monnaies nationales va rapidement prendre de
l’ampleur. C’est inévitable. Bien sûr, cela dépend du statut des émetteurs de ces monnaies et de l’état de leurs économies, mais ils vont se renforcer, et ces
transactions sont appelées à l’emporter progressivement sur les autres. Telle est la logique d’une politique économique et financière souveraine dans un monde
multipolaire.
En outre, les nouveaux centres de développement mondiaux utilisent déjà des technologies et
des recherches inégalées dans divers domaines et peuvent concurrencer avec succès les sociétés transnationales occidentales dans de nombreux
domaines.
Il est clair que nous avons un intérêt commun et très pragmatique à des échanges
scientifiques et technologiques libres et ouverts. Unis, nous avons plus à gagner que si nous agissons séparément. C’est la majorité qui devrait bénéficier de
ces échanges, et non des sociétés individuelles super-riches.
Comment les choses se passent-elles aujourd’hui ? Si l’Occident vend des médicaments ou des
semences de culture à d’autres pays, il leur dit de tuer leurs industries pharmaceutiques nationales et leur sélection. En fait, tout se résume à ceci : ses
fournitures de machines-outils et d’équipements détruisent l’industrie mécanique locale. Je m’en suis rendu compte à l’époque où j’étais Premier ministre. Dès
que vous ouvrez votre marché à un certain groupe de produits, le fabricant local fait instantanément faillite et il lui est presque impossible de relever la
tête. C’est ainsi qu’ils établissent des relations. C’est ainsi qu’ils s’emparent des marchés et des ressources, et que les pays perdent leur potentiel
technologique et scientifique. Ce n’est pas du progrès, c’est de l’asservissement et la réduction des économies à des niveaux
primitifs.
Le développement technologique ne devrait pas accroître les inégalités mondiales, mais
plutôt les réduire. C’est ainsi que la Russie a traditionnellement mis en œuvre sa politique technologique étrangère. Par exemple, lorsque nous construisons
des centrales nucléaires dans d’autres pays, nous créons des centres de compétences et formons le personnel local. Nous créons une industrie. Nous ne nous
contentons pas de construire une centrale, nous créons toute une industrie. En fait, nous donnons à d’autres pays une chance de franchir de nouvelles étapes
dans leur développement scientifique et technologique, de réduire les inégalités et d’amener leur secteur énergétique à de nouveaux niveaux d’efficacité et de
respect de l’environnement.
Permettez-moi de souligner à nouveau que la souveraineté et une voie de
développement unique ne signifient en aucun cas l’isolement ou l’autarcie. Au contraire, il s’agit d’une coopération énergique et
mutuellement bénéfique fondée sur les principes d’équité et d’égalité.
Si la mondialisation libérale consiste à dépersonnaliser et à imposer le modèle occidental
au monde entier, l’intégration consiste, au contraire, à exploiter le potentiel de chaque civilisation au profit de tous. Si le mondialisme est un diktat – ce
à quoi il aboutit en fin de compte -, l’intégration est un travail d’équipe visant à élaborer des stratégies communes dont chacun peut bénéficier.
À cet égard, la Russie estime qu’il est important d’utiliser plus largement les mécanismes de création de grands
espaces qui reposent sur l’interaction entre pays voisins, dont les économies et les systèmes sociaux, ainsi que les bases de ressources
et les infrastructures, se
complètent. En fait, ces grands espaces constituent la base économique d’un ordre mondial multipolaire. Leur dialogue donne lieu à une
véritable unité de l’humanité, qui est beaucoup plus complexe, unique et multidimensionnelle que les idées simplistes professées par certains maîtres
occidentaux.
L’unité de l’humanité ne peut être créée par des commandements tels que “fais comme moi” ou
“sois comme nous”. Elle se crée en tenant compte de l’opinion de chacun et en abordant avec soin l’identité de chaque société et de chaque nation. C’est le
principe qui peut sous-tendre une coopération à long terme dans un monde multipolaire.
À cet égard, il pourrait être utile de réviser la structure des Nations unies, y compris son
Conseil de sécurité, afin de mieux refléter la diversité du monde. Après tout, le monde de demain dépendra beaucoup plus de l’Asie, de l’Afrique et de
l’Amérique latine qu’on ne le croit aujourd’hui, et cette augmentation de leur influence est sans aucun doute une évolution positive.
Permettez-moi de rappeler que la civilisation occidentale n’est pas la
seule, même dans notre espace eurasien commun. En outre, la majorité de la population est concentrée à l’est de l’Eurasie, où sont apparus les centres des plus
anciennes civilisations humaines.
La valeur et l’importance de l’Eurasie résident dans le fait qu’elle représente un complexe autosuffisant possédant d’énormes
ressources de toutes sortes et d’immenses possibilités. Plus nous nous efforçons d’accroître la connectivité de l’Eurasie et de créer de nouveaux moyens et de
nouvelles formes de coopération, plus nos réalisations sont impressionnantes.
Le succès de l’Union économique eurasienne, la croissance rapide de l’autorité et du
prestige de l’Organisation de coopération de Shanghai, les initiatives à grande échelle “Une ceinture, une route”, les plans de coopération multilatérale pour
la construction du corridor de transport Nord-Sud et de nombreux autres projets, sont le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle étape dans le développement
de l’Eurasie. J’en suis convaincu. Les projets d’intégration qui y sont menés ne se contredisent pas mais se complètent – bien sûr, s’ils sont réalisés par les
pays voisins dans leur propre intérêt et non introduits par des forces extérieures dans le but de diviser l’espace eurasiatique et de le transformer en une
zone de confrontation entre blocs.
L’Europe, extrémité occidentale de la Grande Eurasie, pourrait également en devenir une partie
naturelle. Mais nombre de ses dirigeants sont entravés par la conviction que les Européens sont supérieurs aux autres, qu’il est indigne
d’eux de participer d’égal à égal aux entreprises des autres. Cette arrogance les empêche de voir qu’ils sont eux-mêmes devenus une périphérie étrangère et se
sont transformés en vassaux, souvent sans droit de vote.
Collègues,
L’effondrement de l’Union soviétique a bouleversé l’équilibre des forces géopolitiques.
L’Occident s’est senti vainqueur et a déclaré un arrangement mondial unipolaire, dans lequel seuls sa volonté, sa culture et ses intérêts avaient le droit
d’exister.
Aujourd’hui, cette période historique de domination sans limite de l’Occident sur les affaires mondiales touche
à sa fin. Le monde unipolaire est relégué dans le passé. Nous sommes à un carrefour historique. Nous allons probablement vivre la décennie la plus dangereuse,
la plus imprévisible et en même temps la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Occident est incapable de diriger
l’humanité à lui tout seul et la majorité des nations ne veulent plus le supporter. C’est la principale contradiction de cette nouvelle ère. Pour citer un
classique, il s’agit en quelque sorte d’une situation révolutionnaire – les élites ne peuvent pas et les peuples ne veulent plus vivre ainsi.
Cet état de fait est lourd de conflits mondiaux ou de toute une chaîne de conflits, ce qui constitue une menace pour l’humanité, y
compris pour l’Occident lui-même. La principale tâche historique d’aujourd’hui est de résoudre cette contradiction d’une manière constructive et
positive.
Le changement d’époque est un processus douloureux, mais naturel et inévitable. Un futur
arrangement mondial se dessine sous nos yeux. Dans cet arrangement mondial, nous devons écouter tout le monde, considérer chaque opinion, chaque nation,
société, culture et chaque système de perspectives mondiales, d’idées et de concepts religieux, sans imposer une seule vérité à quiconque. Ce n’est que sur
cette base, en comprenant notre responsabilité pour le destin des nations et de notre planète, que nous pourrons créer une symphonie de la civilisation
humaine.
A ce stade, je voudrais terminer mes remarques en exprimant ma gratitude pour la patience
dont vous avez fait preuve en les écoutant.
Une photo est apparue représentant la construction d’une sorte de « ligne Wagner » dans la région de Belgorod.
Certaines personnes perçoivent cette nouvelle comme si la Fédération de Russie voulait prendre Kiev, alors qu’ elle est obligée de défendre en même temps
même son propre territoire contre l’Ukraine.
Mais si vous pensez logiquement, cette construction ne s’inscrit pas dans la tendance générale de la mobilisation en Fédération de Russie.
La modernisation de 800 chars, la concentration de 800 avions, la transformation de l’économie sur une base semi-militaire, la mobilisation d’un grand
nombre de conscrits ne correspondent pas du tout à la position selon laquelle : « La Fédération de Russie est sur la
défensive ».
Considérez comment cela se compare aux fortifications ?
En combinaison avec la création d’une
« milice populaire » dans la région de Belgorod, cela signifie que la Fédération de Russie envisage un système de défense fortifié sur une longue zone et transférera ses
principales unités ailleurs.
En fait, la Russie répétera la manœuvre d’avril, lorsqu’en se retirant du nord, elle a réduit la ligne de front et a pu se concentrer sur des zones
clés.
Alors la question est, où ira alors toute la masse des forces ainsi libérée ?
Il y a des informations selon lesquelles dans la Fédération de Russie, une décision a été prise d’aller vers une victoire mondiale.
Et pour cela, il est nécessaire de
couper les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, et plus précisément de couper l’Ukraine de la frontière avec la Pologne.
Dans des conditions où le complexe militaro-industriel ukrainien est pratiquement détruit, les restes de la base de réparation sont constamment attaqués par
des missiles et des drones et les ressources soviétiques s’épuisent, l’Ukraine est extrêmement dépendante de l’aide occidentale.
Si Kiev perd des approvisionnements de l’Ouest, alors avec une probabilité de 90%, la guerre sera perdue dans 2-3 mois en raison du manque de munitions, si
l’OTAN n’entre pas en guerre, et ce n’est pas le cas, du moins maintenant.
Les troupes russes doivent atteindre Stryi afin de couper complètement les approvisionnements de la Pologne.
La Hongrie ne fournira pas son territoire, et même si elle le fait, la Transcarpatie est reliée logistiquement à l’Ukraine par deux passes qui peuvent être
détruites.
Seule la possibilité de livraisons via la Roumanie restera, mais deux goulots d’étranglement ne permettront pas de maintenir le niveau de munitions et
d’équipements avec l’intensité actuelle des combats.
Selon l’état-major général des forces armées ukrainiennes, les forces combinées de la Biélorussie et de la Fédération de Russie peuvent mettre en œuvre ce
plan, la seule question est de savoir sous quelle forme et par quelles forces cela sera fait.
L’état-major général de l’Ukraine semble se préparer à un éventuel développement des événements.
Voici en clair ce qu’une fois de plus les gouvernements occidentaux et en tête le nôtre sont en train de couvrir pour maintenir leur néo-colonialisme sur le
monde et l’exploitation sur tous. Il faut réellement être arrivé au dernier degré de la propagande digne de Goebbels pour couvrir pareille catastrophe en l’imputant aux victimes, les
russes et les populations qui résistent et refusent cette emprise nazie. Danielle Bleitrach
***
par Alexandre Shirokorad.
Les forces armées ukrainiennes bombardent la centrale hydroélectrique de Kakhovska depuis six mois, mais les tirs se sont fortement intensifiés au cours de
la seconde moitié du mois d’octobre. Ils visent à la fois le barrage lui-même, ses écluses et les installations nécessaires à son fonctionnement.
Le barrage peut être détruit non seulement par des missiles ukrainiens, mais aussi par des mines. Ce n’est pas sans raison que les Britanniques forment
depuis de nombreux mois des saboteurs sous-marins ukrainiens. Un drone de surface sous la forme d’une vedette rapide chargée d’explosifs pourrait également être utilisé pour faire sauter
le barrage.
Qu’est-ce que la centrale
hydroélectrique de Kakhovskaya et le réservoir de Kakhovka ? De 1928 à 1960, le gouvernement de l’URSS a transformé le Dniepr en une cascade de réservoirs – Kiev, Kaniv,
Kremenchug, Kamenskoye (Dneprodzerzhinsk), Dniepr et Kakhovka – avec une surface d’eau totale de 6950 km² et un volume total de 43,8 km³, ce qui représente respectivement 94,7 et 90,8% de
tous les grands réservoirs d’Ukraine.
Le Dniepr a une longueur totale de 2301 km, dont 981 km traversent l’Ukraine. Sur ces derniers, seuls environ 100 km restent à l’état naturel.
Et maintenant l’AFU est sur le point de faire sauter le barrage. Que se passera-t-il alors ?
À l’époque soviétique, des spécialistes de la protection civile et d’Hydroproject ont analysé les conséquences de l’effondrement du barrage réservoir de
Kakhovka. Les scientifiques ont calculé que des millions de tonnes d’eau
tomberaient dans le Dniepr à une vitesse de 24,5 kilomètres par heure. En quelques heures, l’eau atteindra 4,8 mètres dans certains districts de Kherson. Les inondations dureront
plus de trois jours.
L’objectif des forces armées ukrainiennes est de causer des dommages inacceptables aux
troupes russes situées de part et d’autre du Dniepr en aval du barrage de Kakhovka, ainsi que d’arrêter l’approvisionnement en eau du réservoir de Kakhovka vers le canal de
Crimée. Les experts ont estimé que dans ce cas, il serait possible de rétablir l’approvisionnement en eau de la péninsule au plus tôt dans 6-7 ans.
Priver d’eau la Crimée
Naturellement, Kiev attribuera l’explosion du barrage de Kakhovka à la Russie : « Les masochistes russes sont devenus complètement fous ! Ils ont
fait sauter le pont de Crimée et ont ensuite privé la Crimée d’eau ».
Kiev ne se soucie pas du fait que, outre le canal de Crimée, un certain nombre de canaux alimentant la région de Dnipropetrovsk et Kryvyi Rih cesseront
également de fonctionner.
Le sud de l’Ukraine est très dépendant de l’irrigation par les eaux du réservoir de Kakhovka. L’agriculture dans la région aride en vit. Le canal Kakhovka,
long de 130 kilomètres, prend sa source dans le réservoir et constitue un élément clé du système d’irrigation dans le sud de l’oblast de Kherson. Des centaines de milliers de personnes
ressentiront les effets négatifs de son assèchement dès l’automne prochain, lorsqu’elles perdront leurs récoltes.
Une fois le réservoir vidé, tous les débarcadères, les prises d’eau, les canalisations, etc. se trouveront loin sur la terre ferme. Cela pourrait entraîner
non seulement des pertes matérielles mais aussi des épidémies.
Désertification et catastrophe
écologique
Que verrons-nous lorsque le réservoir de Kakhovka sera vidé ? Un lieu de paradis ? Une grande prairie ? Hélas, nous verrons plutôt un gigantesque marécage
boueux de 100 km de long et jusqu’à 25 km de large.
Avec (…) la centrale hydroélectrique de Kakhovka, il y a la pisciculture, le transport maritime, etc. Et lorsque l’eau s’écoulera
complètement, la
boue s’assèchera et le fond du réservoir deviendra un désert de radionucléides déposés là depuis l’accident de Tchernobyl. Les tempêtes de poussière vont répandre ces
retombées radioactives à travers l’Ukraine. La restauration de la Grande Prairie (Veliki Lug) se fera, au mieux, dans cent ans.
Les attaques massives de missiles sur le barrage de Kakhovka font de sa destruction une possibilité réelle. Nous notons que la partie ukrainienne libère
désormais activement l’eau des réservoirs de Kiev et de Kanev en amont, expliquant que les centrales hydroélectriques qui s’y trouvent doivent travailler davantage pour assurer le
fonctionnement du système énergétique.
Le raisonnement est largement tiré par les cheveux. En fait, Kiev veut augmenter le niveau d’eau dans le réservoir de Kakhovka afin de renforcer l’effet de
la destruction du barrage de Kakhovka.
Saboter le pipeline
d’ammoniac
Plusieurs médias ont publié des informations selon lesquelles les forces armées ukrainiennes prévoient de saboter le pipeline d’ammoniac Tolyatti-Odessa
avant de détruire le barrage.
Le pipeline d’ammoniac a été construit en 1979-1981. Il est long de 2417 km, dont 1021 km traversent l’Ukraine. Les propriétaires du pipeline d’ammoniac
sont Dmitriy Mazepin et Arkady Rotenberg.
Une section d’un kilomètre du pipeline d’ammoniac contient 50 tonnes d’ammoniac. Une explosion de ce pipeline pourrait entraîner des centaines de morts.
Pourquoi Kiev ferait-il sauter un tuyau dans sa zone arrière ? Pour la même raison – attirer l’attention de l’Occident et donner l’impression que l’explosion du pipeline d’ammoniac et du
barrage était l’œuvre de la Russie.
Après ces deux désastres, Zelensky exigera des États-Unis et de l’OTAN une frappe immédiate contre les troupes russes.
Kiev est à court de
temps. Le 8 novembre, des élections auront lieu aux États-Unis. Pendant ce temps, Zelensky doit soit prendre Kherson, soit provoquer une catastrophe majeure.
Source : Le Courrier des Stratèges - Le 24/10/2022.
La fuite en avant du gouvernement ukrainien de moins en moins soutenu par les Occidentaux
Alors que la bataille d'Ukraine semble se focaliser sur la bataille de Kherson, des rumeurs alarmistes courent sur une radicalisation de la guerre. En
réalité, Washington, qui attend les élections de mi-mandat, et Londres, où l'on cherche un successeur à Madame Truss, ne sont pas en position d'engager un bras de fer avec la Russie. Moscou
s'inquiète plutôt du possible comportement erratique d'un gouvernement kiévien potentiellement aux abois, et qui s'aperçoit que l'alliance avec les Occidentaux, relève pas d'un "serment des
Nibelungen". Assistera-t-on à une fuite en avant de Zelenski? au moment où la récession s'installe en Europe, en particulier en Allemagne?
Bataille d’Ukraine –
Dans la soirée du 19 octobre, les forces ukrainiennes ont bombardé la ville de Donetsk avec des armes incendiaires. Les Ukrainiens ont ciblé des zones
forestières dans le district Petrovsky de la capitale de la République Populaire de Donetsk, sans doute dans le but de provoquer des incendies près des zones
habitées. L’attaque a été menée avec des obus incendiaires contenant de la thermite, probablement des 9M22C ou 9M28C, lancés par des Grad MLRS. Les obus à
thermite utilisent un mélange incendiaire de combat à base de magnésium. Il s’enflamme et atteint des températures allant jusqu’à 2300-2700 degrés Celsius. Une
telle masse brûle les matériaux de construction, le métal et les équipements militaires blindés. Ces armes ont déjà été utilisées par l’armée ukrainienne
depuis 2014. De telles armes ont également été utilisées par les militaires russes sur des positions militaires ukrainiennes depuis février.
20-21 octobre
Le gouvernement américain aimerait une victoire spectaculaire avant les élections de mi-mandat. C’est l’une des raisons pour
lesquelles, les attaques se concentrent actuellement sur Kherson et sa région. Une autre est le raidissement les Kiéviens et des Occidentaux qui, jouant leur
va-tout, s’emballent à l’idée de non seulement reprendre Kherson mais sérieusement menacer la Crimée.
Il y a bien des ébauches de contre-offensives dans
la région de Bakhmoutr/Artiomovsk; et dans la direction de Svatovo/Kremennaïa/Rubijnie.
Mais le plus gros des troupes kiéviennes (encadrées et complétées par des combattants de l’OTAN) se trouve vers Zaporojie et Kherson.
Le nouveau Commandant en chef des opérations militaires russes, le général Sourovikine,
n’est pas seulement en train de mettre en œuvre un nouveau format stratégique sur le front russo-ukrainien mais également d’imposer un nouveau style de
communication dans lequel il n’hésite pas à dire la vérité, même lorsqu’elle déplaît. Ainsi a t-il déclaré sans ambages que la situation sur le front de
Kherson était “tendue” . (…)
“L’armée russe assurera avant
tout l’évacuation en toute sécurité de la population” a déclaré le Général Sourovikine commandant en chef des opérations militaires russes sur le
front russo-ukrainien. Ces évacuations ne sont pas forcées mais proposées et sur la base du volontariat. ((…)
Justifiant tragiquement l’initiative russe d’organiser l’évacuation volontaire de la
population civile de Kherson avant une probable bataille, les forces ukrainiennes ont commis sur les bords du Dniepr un nouveau crime de guerre, bombardant
un embarcadère où se trouvaient justement des civils en cours d’évacuation. Les forces kiéviennes ont tiré dans la soirée du 20 octobre plusieurs roquettes
chargées de shrapnels anti personnels sur une évacuation de civils en cours.
Bilan provisoire : 4 tués 11
blessés dont plusieurs enfants et des journalistes (…)
Près de 20 000 civils
volontaires ont déjà été évacués de la ville de Kherson.
Sur le front autour de Kherson, il y aurait un corps de bataille ukrainien de
plusieurs dizaines de milliers de soldats (60 000 selon certaines sources et sur le point de lancer une offensive imminente sur la ville,
(…)
sur plusieurs secteurs du front de Kherson, les forces ukrainiennes sont passés
à l’attaque en menant des reconnaissances offensives lourdes au Nord Est, le long du Dniepr et sur la rivière Ingoulets et au Nord-Ouest venant du
front de Nikolaïev.
Vraisemblablement l’objectif de ces attaques renforcées n’est pas seulement
d’évaluer les défenses russes et de les affaiblir, mais de créer une brèche dans leur dispositif par où pourrait s’engouffrer une offensive plus
importante.
Les principales attaques kiéviennes se sont faites en direction de Berislav
/ Novaïa Kakhovka pour tenter d’obtenir le contrôle de la centrale hydroélectrique de Kakhovka et du passage par dessus le fleuve qu’elle offre
et par lequel passe actuellement un grande partie de la logistique russe (également via des pontons flottants posés près du barrage endommagé
par les HIMARS). Cet axe offensif a été activé dès le 15 octobre avec 2 Groupes Bataillonnaires Tactiques issus principalement des 60e Brigade
mécanisée et 17e Brigade blindée ukrainiennes.
Pour le moment, à part la capture temporaire de 2 ou 3 petits hameaux
agricoles au sud de Davidov Brod, ces attaques ukrainiennes ont été repoussées avec de lourdes pertes. (…)
Les forces ukrainiennes, lors de ses offensives “n’ont pas réussi à
atteindre leurs objectifs” de l’aveu même d’Arestovitch, le porte parole du président ukrainien, et ont subi des pertes humaines et
matérielles très importantes.
Par exemple, le long du Dniepr, dans le secteur de Berisav, les forces
kiéviennes qui avaient engagé 2 groupes bataillons renforcés avec un total d’environ 50 véhicules blindés en direction de Novaya Kamenka et
Sukhanovo ont été brisées par les forces terrestres, l’artillerie et l’aviation russes en moins d’une journée de combat. Contraintes de se
replier en catastrophe sur leur positions de départ, les forces de Kiev ont laissé sur le terrain 15 chars et 10 véhicules blindés, de
nombreux tués et blessés. Leurs pertes sur ces deux seuls secteurs du front s’élèvent à plus de 200 soldats (tués et blessés) auxquels il
faut rajouter de nombreux prisonniers dont plusieurs officiers.
Les combats qui se déroulent autour de Kherson sont particulièrement
violents et les forces russes paient également très cher le prix de leurs victoires. Sur ce secteur de Berislav, les forces russes en
repoussant les attaques ennemies ont perdu 43 soldats, 6 chars 9 véhicules blindés 2 obusiers calibre 152 mm. (…)
Dans le seul secteur de Kherson, une estimation porte à 9600 le nombre
des soldats ukrainiens tués au cours des deux derniers mois pour quelques arpents de steppes sans importance militaire…
(…)
En amont de Kherson se trouve le barrage hydroélectrique de
Kakhovka
Depuis plusieurs semaines, la potentielle destruction du barrage
hydroélectrique de Kakhovka, en amont de Kherson est au coeur des préoccupations russes et de la propagande ukro-atlantiste qui,
comme d’habitude cherche à incriminer par avance la partie russe de la rupture potentielle du barrage que pourtant les forces
ukrainiennes bombardent régulièrement depuis juillet
Cette centrale hydroélectrique de Kakhovka est l’une des dix
plus grandes centrales hydroélectriques d’Ukraine. Il s’agit de la sixième étape de la cascade d’installations hydroélectriques sur
le fleuve Dniepr. Le barrage de Kakhovka a généré en amont une retenue d’eau de plus de 13 milliards de mètres cubes dont la
superficie du réservoir (2 155 km²) est approximativement égale à celle de Moscou. .
Que se passera-t-il si le barrage est détruit par l’armée
ukrainienne?
Un
tsunami fluvial qui inondera au minimum 65 km2 dont une grande surface urbaine!
La hauteur de la vague pourrait atteindre 4,8 mètres et
la largeur du déversement pourrait être de 5 kilomètres,
2 heures et demi après la rupture du barrage, la vague
atteindra sa pleine puissance,
L’eau se précipitera à environ 25 km/h, inondant très
rapidement les quartiers bas de la ville comme le micro-district d’Ostrov,
La vague déferlante atteindra la périphérie de Kherson
en 2 heures, le niveau d’eau maximal (+ 5 mètres) en 14 heures,
L’inondation durera 3 jours et détruira la quasi
totalité de Kherson.
Le Pentagone avait déjà simulé ce scénario sachant qu’il était connu
également des concepteurs soviétiques qui avait renforcé la structure pour résister à des frappes de missiles.. En 2004, le journal de
Kherson “Gryvna” avait évoqué à nouveau ce scénario catastrophe dans un article intitulé “Pas prêt pour une apocalypse
locale”.
Parmi les scénarios imaginés: tirs massifs de missiles sur le
barrage, mouillage de mines flottantes en amont, sabotage…
Dans le contexte des frappes russes ciblant les ressources
énergétiques ukrainiennes, l’envie de reprendre le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporojie (qui fournissait 25 % de
l’électricité ukrainienne avant février), libérée par les forces russes début mars, est devenue une obsession du commandement
OTANo-kiévien.
2 assauts fluviaux ont été déjà déjoués, partant du secteur
de Nikopol, sur la rive opposée du Dniepr, et des attaques terrestres sont également régulièrement tentées ou en préparation depuis
le Nord Est et le Sud Ouest afin de longer la rive Sud du fleuve jusqu’au site nucléaire.
Le 21 octobre 2022, les forces ukro-atlantistes ont à nouveau
tenté de s’emparer par un 3ème assaut fluvial du site d’Energodar où se situe la centrale nucléaire de Zaporodje (la plus grande de
la région) et qui est située en amont du barrage de Kakhovka, sur la rive Sud de la retenue d’eau éponyme.
Vers 4h du matin, deux escadrons de l’armée ukrainienne ont
essayé de débarquer sur la rive gauche du réservoir de Kakhovka pour s’emparer du site. L’opération impliquait 37 embarcations, 12
lourdes et 25 légères, chargés de militaires ukrainiens.
Les forces russes qui sécurisent le périmètre de la centrale,
ont repoussé l’attaque en éliminant plus de 90 militaires et 14 embarcations.
En outre, la partie nord de la ville d’Energodar et les environs
du site nucléaire ont essuyé 13 tirs de la part de l’armée ukrainienne. Par tir de riposte, tous les points d’artillerie ennemis
ont été neutralisés.
Samedi 22 octobre 2022 – Nouvelle vague de frappes russes massives sur les infrastructures électriques ukrainiennes
Depuis le début de la matinée du 22 octobre, les forces russes ont lancé des frappes de missiles à travers l’Ukraine. Des interruptions de
l’approvisionnement en électricité et en eau et des problèmes de lignes de communication sont signalés dans presque toutes les régions du pays. Les services
ukrainiens ont déjà évalué que l’ampleur des dommages causés aux installations énergétiques ukrainiennes le 22 octobre est “comparable ou peut dépasser les
conséquences” des frappes russes du 10 au 12 octobre.
L’alerte aérienne est toujours déclenchée dans toute l’Ukraine. Dans plusieurs régions, notamment dans la capitale et dans la
région de Kiev, elle retentit pour la troisième fois depuis le début de la journée.
Jusqu’à présent, des explosions ont retenti dans les régions suivantes :
Plusieurs explosions ont retenti à Kiev. Le maire de la ville Vitali Klitschko a confirmé les frappes mais n’a pas révélé les
cibles. Les autorités locales ont confirmé que les systèmes de défense aérienne ont été activés dans la région de Kiev. Les habitants de la région ont été
priés de rester dans des abris. Un couvre-feu de 23 heures à 5 heures du matin a été décrété dans la région depuis le 23 octobre.
Dans la région d’Odessa, des missiles russes ont frappé le district de Podolsk, le village d’Alexandrovka, les villes d’Usatovo
et de Mayaki. Les cibles comprenaient probablement des installations militaires utilisées par l’AFU ainsi que des installations de l’infrastructure énergétique
locale.
Les autorités locales ont confirmé des explosions dans une installation d’infrastructure énergétique. L’attaque a entraîné une
coupure d’électricité dans plusieurs localités de la région. D’après la carte des coupures de courant, on peut supposer que les sous-stations énergétiques
d’Usatovo, Podolsk, Ajalyk, Novoodesskaya ont été endommagées.
Des centrales électriques ont été endommagées dans la région de Rovno, a confirmé le chef de l’administration militaire
régionale, Vitaly Koval. L’électricité a été coupée dans plusieurs quartiers de la ville de Rovno. Des explosions ont été enregistrées dans la région de Volyn.
Le chef de la région a confirmé qu’une installation d’infrastructure énergétique a été endommagée. Le maire de Loutsk a signalé que la centrale électrique
avait été endommagée, ce qui a privé d’électricité une partie de la ville.
Les cibles n’ont pas été officiellement révélées, mais on suppose qu’il s’agit de la sous-station 330 kV de Loutsk – Severnaya
et de la sous-station 330 kV de Rovno.
Dans la région de Khmelnytski, la sous-station Khmelnitskaya 330/110 kV a une nouvelle fois été touchée par des missiles
russes.
Dans la région de Kropivnitsky, les autorités ont confirmé les frappes dans les districts de Khmelnitsky et Shepetovsky,
l’alimentation en électricité y a été interrompue. Des images de la région ont confirmé que la centrale électrique située près de la ville de Dolinskaya a été
touchée. Des coupures de courant ont également été signalées dans les districts de Golovanevsky et Kropivnitsky de la région, ce qui pourrait être le résultat
d’une attaque contre la sous-station de Pobugskaya.
Des explosions ont également été confirmées dans les régions de Lvov, Tcherkassy, Jytomyr, Soumy, Kharkov, Poltava,
Dniepropetrovsk, Zaporozjie.
Toutes les régions du pays ont été confrontées à des interruptions de l’approvisionnement en électricité et en eau. L’opérateur
des chemins de fer ukrainiens “Ukrzaliznytsia” a signalé que certaines sections ferroviaires sont hors tension, les trains circulent avec des locomotives de
secours.
On sait que pour frapper à Loutsk, les missiles de croisière ont modifié de manière inattendue leur trajectoire, s’éloignant des
zones de déploiement de la défense aérienne sur une distance considérable, ce qui a rendu leur interception impossible, après quoi ils se sont brusquement
dirigés vers le nord, où ils ont frappé. Lorsque les systèmes de défense aérienne ukrainiens ont tenté d’atteindre les missiles, les radars ont été lancés en
mode actif, ce qui a permis de révéler la zone où se trouvaient les systèmes de défense aérienne. En particulier, on sait que Khmelnitsky, où se trouvaient les
systèmes de défense aérienne, a été frappé quelques minutes plus tard.
“Il convient de noter qu’avant le début de l’Opération Spéciale, on ne supposait pas que les
missiles de croisière russes étaient capables de modifier leur trajectoire de vol, mais cela est maintenant devenu un problème très grave pour les forces
armées ukrainiennes et les pays occidentaux“.
22-23 octobre 2022
Le matin du 22 octobre, les forces armées ukrainiennes ont bombardé la ville de Schebekino dans la région frontalière russe de Belgorod. La cible de
l’artillerie ukrainienne était le marché local.
À la suite de l’attaque ukrainienne, 11 civils ont été blessés. Au moins quatre d’entre eux ont été gravement blessés et ont été
immédiatement transportés à l’hôpital. Le chef de la région, Vyacheslav Gladkov, a confirmé que certaines victimes sont dans un état grave et que tous les
soins médicaux nécessaires sont prodigués.
Les installations civiles de la ville de Chebekino sont constamment bombardées par les forces ukrainiennes. La veille, une usine
de peinture locale a été la cible de tirs.
Après le retrait de l’armée russe de plusieurs districts de la région ukrainienne de Kharkov, les attaques ukrainiennes contre
les régions frontalières russes ont augmenté. Les mesures de sécurité dans les régions frontalières de Belgorod et de Koursk ont été renforcées. Les civils ont
été évacués d’un certain nombre de villages situés à proximité de la frontière ukrainienne.
(effectué par Slavyangrad à partir de plusieurs sources dont @Rybar)
Direction Starobelsk :
Dans la région de Svatovo, les formations ukrainiennes ont mené
une bataille de reconnaissance sur la ligne Raygorodka – Kovalevka. Les forces russes ont repoussé l’attaque. L’ennemi a subi des pertes et a retiré ses chars
dans la zone de Borovaya en raison du manque de carburant et de lubrifiants.
Dans le secteur Liman, l’armée kiévienne poursuivrait les
préparatifs d’une offensive de grande envergure sur Kremennaya à partir de la ligne Torskoye – Terny.
Lors de l’attaque du 22 octobre, l’ennemi a réussi à s’approcher
de Krasnopopopovka, mais les soldats russes de la 20e armée ont repoussé l’attaque et ont repris presque toutes les positions perdues. Le commandement
ukrainien prévoit de reprendre l’assaut afin de créer une tête de pont pour une attaque sur Kremennaya.
Direction Soledar :
Au cours de l’avancée depuis Otradovka, les forces russes ont
repoussé les unités de la 58e brigade d’infanterie motorisée de l’armée ukrainienne dans les lignes de réserve.
Des unités du 2e bataillon de la 53e brigade mécanisée ont été
déplacées de Chasov Yar près de Opytnoye pour arrêter l’avancée des troupes d’assaut de Wagner PMC.
Les soldats du 46e bataillon d’assaut séparé de la 53e brigade
mécanisée, soutenus par l’artillerie, ont tenté de flanquer les forces russes depuis la direction de Kleshcheevka. L’attaque a été repoussée.
Dans le secteur de Seversk, des unités de la 10e brigade
d’assaut de montagne de l’armée ukrainienne ont mené une bataille de reconnaissance près de Serebryanka, mais se sont retirées sous le feu des Forces
russes.
Région de Lougansk :
Les militants ukrainiens ont bombardé Starobelsk, ainsi que
Rubezhnoye, Svatovo et Novoaidar avec des MLRS HIMARS.
Direction Donetsk :
Il n’y a pas eu de changements significatifs dans les lignes de
front au cours des dernières 24 heures. Après avoir capturé tous les bastions de l’armée ukrainienne à la périphérie d’Opytnoye, les combattants du bataillon
Sparta se préparent à prendre d’assaut le village.
Les militants ukrainiens ont bombardé Donetsk, Kashtanovoye,
Маkeevka, Yasinovataya, Gorlovka, Krasny Partizan et d’autres localités de l’agglomération.
Zaporojie :
L’armée ukrainienne continue de se préparer à une offensive
majeure. Plusieurs unités de la 65e brigade mécanisée de l’armée ukrainienne ont été déployées dans la section Gulyaypole.
Des mobilisés formés sur les terrains d’entraînement de l’ouest
de l’Ukraine ont été déplacés vers le secteur Orekhov. Ils ont formé des unités d’assaut avec des ATGM BGM-71 TOW.
Dans le même temps, l’armée ukrainienne renforce son
regroupement dans l’avant-poste de Vremevka. Deux unités de la 77e brigade aéromobile formée dans la région de Jytomyr sont arrivées à Bolshaya Novoselka. Un
peloton de chars, une compagnie mécanisée et 20 camionnettes avec du personnel ont été transférés à Uspenovka.
Le matin du 23 octobre, des militants de l’armée ukrainienne ont mené une attaque au missile contre un hôtel de la banlieue est
d’Energodar, où vit le personnel de Rosenergoatom. Le bâtiment a été endommagé mais il n’y a pas eu de victimes.
Direction Nikolaev – Berislav sur le front sud :
Il n’y a pas de changement significatif de la situation dans la
région de Kherson. Après plusieurs tentatives infructueuses, l’armée ukrainienne reconstitue ses pertes et effectue une reconnaissance des positions russes
avant le prochain assaut.
Dans la région de Berislav, les soldats russes bloquent et
capturent un groupe de sabotage de la 17e brigade de chars de l’armée ukrainienne au complet sur la ligne Pyatikhatka – Polyanka.
Dans le secteur de Andreevka, une partie de la 46e brigade
aéromobile séparée a tenté de se retrancher dans la zone située au nord de Ichtchenka. Les troupes russes ont détecté le mouvement du groupe ukrainien et ont
effectué des frappes d’artillerie sur les zones d’avancée, forçant l’ennemi à se retirer.
Kiev peut compter sur une injection régulière de milliards euro-atlantiques
Bon résumé de la situation par Connor
Freeman sur le site antiwar.com
(je recommande ce site libertarien américain en règle générale, pour se documenter sur les conflits à travers le monde)
“La présidente de la Commission de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que
l’Union européenne donnerait 18 milliards d’euros à Kiev l’année prochaine, tout en continuant à lutter contre la Russie, rapporte Reuters
vendredi.
Cette promesse a été faite lors de la deuxième journée du sommet des dirigeants européens à
Bruxelles, où l’on discute d’un soutien supplémentaire à l’Ukraine. Selon Mme von der Leyen, Kiev estime que, pour faire fonctionner le pays, il a besoin de 3
à 4 milliards d’euros chaque mois “pour l’essentiel”.
Jusqu’à présent, cette année, le bloc a fourni à Kiev 19 milliards d’euros. À l’horizon
2023, l’UE s’engage à donner à Kiev 1,5 milliard d’euros par mois. Le reste de l’aide mensuelle au gouvernement ukrainien devrait provenir de la poche des
contribuables américains et des institutions internationales, selon Mme von der Leyen.
Alors que les Américains et les Européens se débattent dans une inflation galopante et une
flambée des prix de l’énergie, leurs gouvernements semblent déterminés à continuer à déverser des dizaines de milliards de dollars en Ukraine pour financer son
gouvernement corrompu et poursuivre la guerre par procuration de l’OTAN. “Il est très important pour l’Ukraine de disposer d’un flux de revenus prévisible et
stable”, a déclaré M. von der Leyen.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est adressé aux dirigeants européens lors du
sommet et a formulé plusieurs demandes. Il souhaite que de “nouvelles sanctions puissantes” soient imposées à la Russie et à l’Iran. Zelensky accuse Téhéran
d’être responsable des attaques de drones de Moscou, mais il n’existe aucune preuve définitive que les Iraniens ont vendu ces armes à Moscou. Malgré les
démentis répétés de la Russie et de l’Iran, l’UE ainsi que le Royaume-Uni ont imposé de nouvelles sanctions à l’Iran cette semaine suite aux allégations selon
lesquelles la Russie aurait bombardé l’Ukraine avec des drones iraniens.
En outre, M. Zelensky a demandé à l’UE de lui fournir davantage de systèmes de défense
aérienne et antimissile. Ces dernières semaines, Berlin a envoyé le premier des quatre systèmes de défense aérienne IRIS-T et Paris s’est engagé à fournir
davantage de systèmes anti-aériens.
M. Zelensky a également prévenu que la multiplication des attaques aériennes de Moscou
contre les infrastructures civiles en Ukraine, provoquée par les attaques terroristes ukrainiennes répétées et les bombardements à l’intérieur de la Russie,
entraînera une crise des réfugiés en Europe.
“La terreur russe contre nos installations énergétiques vise à créer autant de problèmes que
possible en matière d’électricité et de chauffage pour l’Ukraine cet automne et cet hiver, afin qu’un maximum d’Ukrainiens se déplacent vers vos pays”, a
déclaré M. Zelensky lors du sommet. L’UE étudie actuellement les moyens d’aider l’Ukraine à rétablir l’alimentation en électricité et en eau, a déclaré Mme von
der Leyen.
Parallèlement, le Parlement allemand a approuvé un plan de sauvetage massif de 200 milliards
d’euros (195 milliards de dollars) destiné à aider les ménages et les entreprises à faire face à la crise énergétique provoquée par les sanctions imposées à la
Russie par Washington. Avant le début de la guerre, la Russie fournissait environ un tiers du gaz européen et l’Allemagne dépendait de Moscou pour plus de la
moitié de son approvisionnement en gaz. Après le sabotage des gazoducs Nord Stream, le président russe Vladimir Poutine a proposé d’acheminer le gaz vers
l’Europe via une ligne non endommagée, Nord Stream 2. Cette offre a été rapidement rejetée par Berlin.
Le secrétaire d’État Antony Blinken a célébré les explosions en mer Baltique, qui ont
probablement provoqué la plus grande fuite de gaz méthane jamais enregistrée, en décrivant l’attaque comme une “formidable opportunité stratégique pour les
années à venir.”
Avant que les députés sortants ne soient remplacés après les élections de mi-mandat en
janvier, les membres des deux partis du Congrès américain auraient l’intention d’adopter un autre programme gargantuesque d’aide à l’Ukraine. Le chiffre avancé
est de 50 milliards de dollars. Cette somme est censée permettre à Kiev de poursuivre la guerre pendant une année supplémentaire, mais ce chiffre va
probablement augmenter. Washington a déjà financé la guerre en Ukraine à hauteur de plus de 67 milliards de dollars cette année, principalement sous forme
d’aide militaire, ce qui porterait ce chiffre à plus de 115 milliards de dollars.”
Tout ceci se déroule dans un contexte incertain pour les livraisons d’armes: par exemple l’Allemagne a fait savoir qu’elle
n’avait pas l’impression de livrer plus de chars à Kiev. Les Etats-Unis considèrent qu’ils sont à
court de stocks pour les Himars. Ajoutons que Zelenski
a très mal pris que les ministres de la défense américain, britannique et français (trois membres permanents du Conseil de sécurité, trois puissances
nucléaires) aient, dimanche 23 octobre, un entretien téléphonique avec le ministre russe de la défense, le Général Choïgou. Le président ukrainien
continue à réclamer des “frappes préventives” .
L'Allemagne est dépassée par les événements
M.K. Bhadrakumar revient sur l’annulation de la visite du président Steinmeier à Kiev: “La décision, explique-t-il, découle de
soucis concernant la sécurité du déplacement. Kiev craint que le train du président fédéral du fait de frappes russes sur les infrastructures critiques”. On
remarquera au passage que, comme pour une visite de Scholz, Macron et Draghi, il y a quelques mois, le déplacement était prévu en train, non en avion. Les
dirigeants européens ne veulent pas assumer une discussion avec les Russes pour négocier un déplacement à Kiev!
“Toutefois, selon le second récit intrigant, continue Bhadrakumar, les Allemands craignent que le régime de Kiev ne s’en prenne finalement à
Steinmeier [qui a rédigé les accords de Minsk en tant que ministre des Affaires étrangères] en organisant une opération de “faux drapeau” scandaleuse pour
faire porter la responsabilité de l’acte ignoble à la Russie, afin d’entraîner l’OTAN dans le chaudron”.
Deviendrait-on paranoïaque à Berlin? Ou bien y a-t-il finalement, un double langage permanent, les Allemands connaissant
en fait la vraie nature du régime ukrainien – à la fois très violent et très fragile – et ne ferraient que jouer la comédie parce qu’ils ont encore plus peur
des Américains que des Russes?
Une autre source indienne, qui tient à rester anonyme, me confie – après avoir rencontré Olaf Scholz – que l’ancien maire de
Hambourg semble avoir été rattrapé, maintenant qu’il est Chancelier, par le Principe de Peter: il a atteint son “niveau d’incompétence”.
Ce jugement de première main est-il trop sévère? J’ai eu pour ma part le même type de malaise en rencontrant le principal
collaborateur de M. Scholz, Wolfgang Schmidt, chef de la Chancellerie.
Pourtant, à la décharge de l’actuel Chancelier, on mettra en toile de fond, l’activisme de Madame von der Leyen, la manière dont
les Américains poussent à fond la grenouille polonaise à se faire aussi grosse que le boeuf allemand. Et la montée des tensions entre Berlin et Paris
(annulations du sommet franco-allemand de la fin octobre). La Guerre d’Ukraine soumet l’Allemagne et l’Union Européenne à des pressions énormes. Et il
semble bien que Berlin soit dépassée par les événements. Mais parce qu’il s’agit, aussi, d’une crise structurelle de l’Union Européenne.
“L’activité économique dans la zone euro a continué de chuter en octobre et l’Allemagne,
première économie de l’UE, semble se diriger vers une récession, selon une enquête très surveillée par les inveswtisseurs.
L’indice des ordres d’achat (PMI) de la zone euro S&P Global Flash est tombé à 47,1 en
octobre, contre 48,1 un mois plus tôt, en raison de l’inflation galopante et des prix élevés de l’énergie.
Un indice inférieur à 50 signale une contraction de l’économie.
Alors que la zone euro, composée de 19 pays, semblait devoir se contracter au quatrième
trimestre, la situation était pire en Allemagne, où le PMI est tombé à 44,1, contre 45,7 en septembre.
Il s’agit du chiffre le plus bas depuis les premières fermetures d’entreprises en Allemagne
lors de la pandémie de COVID-19.
Ces données viennent s’ajouter “aux signes croissants d’une récession imminente dans la plus
grande économie de la zone euro”, a déclaré Phil Smith, directeur associé des études économiques chez S&P Global Market Intelligence.
En Allemagne, l’industrie manufacturière et les services affichent des taux de contraction
accélérés, mais cela ne s’est pas encore traduit par des suppressions d’emplois, selon l’enquête.
Les entreprises allemandes sont “profondément pessimistes” quant aux perspectives pour
l’année à venir.
En France, deuxième économie de l’UE, l’économie stagne, avec un PMI de 50 contre 51,2 en
septembre.
Bien que la France souffre moins que d’autres pays d’Europe de la hausse de l’inflation,
l’augmentation des prix continue d’exercer une pression sur les consommateurs, ce qui a entraîné une forte baisse des commandes des usines.
Dans toute la zone euro, l’indice PMI indique que la production industrielle a chuté pour le
cinquième mois consécutif, à un rythme jamais vu depuis le pire de la pandémie.
L’engorgement et les pénuries de l’offre se sont quelque peu atténués, dans un contexte de
baisse de la demande. Alors que la demande d’intrants s’est effondrée, la hausse des factures d’énergie et la pression salariale ont maintenu les coûts à un
niveau élevé.
Une récession à l’échelle de la zone euro “semble de plus en plus inévitable”, a déclaré
Chris Williamson, économiste commercial en chef de S&P Global Market Intelligence.
“La crise énergétique de la région reste une préoccupation majeure et un frein à l’activité,
en particulier dans les secteurs à forte intensité énergétique.”
Les données PMI ont été publiées avant la réunion de jeudi du conseil d’administration de la
Banque centrale européenne, qui devrait déboucher sur une forte baisse des taux d’intérêt afin de tenter de ralentir l’inflation.
L’inflation dans les 19 pays de la zone euro a atteint près de 10 % en septembre, soit cinq
fois plus que l’objectif de 2 % de la BCE.
L’économie allemande, dont les industries énergivores dépendaient fortement du gaz russe
avant la guerre, devrait se contracter de 0,4 % en 2023“.
La situation est très tendue en Moldavie
Les rumeurs les plus alarmistes circulent. Par exemple on dit que la question d’une “bombe sale” ukrainienne semble avoir été au
coeur des conversations du Général Choïgou avec ses homologues américain, britannique et français. Cependant, il faut garder la tête froide. Par exemple,
lorsque l’on voit répercuter par les médias que la
101è division aéroportée américaine s’entraîne en Roumanie et que “son commandement” aurait évoqué une possible participation au conflit, si les
choses se durcissent, il faut d’une part se rappeler que les Etats-Unis sont actuellement en situation d’infériorité stratégique, sur le plan nucléaire,
vis-à-vis de la Russie (question des vecteurs hypersoniques en particulier); et puis ce genre de décision ne se prenne pas au niveau des commandants d’unités!
Sans oublier qu’une guerre contre la Russie ne se mènerait pas avec une unité d’élite.
Ajoutons que l’OTAN peut bien avoir des plans grandioses: la réalité sur le terrain est différente. La
tentative de faire basculer la Moldavie vers l’OTAN aboutit à de gigantesques manifestations. Avant de créer un incident qui fasse basculer toute la
zone, jusqu’en Transnistrie, il faudrait d’abord instaurer un “état d’urgence”. Et cela dans un pays qui connaît ses premières pénuries
énergétiques.
L'environnement mondial devient de plus en plus hostile pour l'Amérique du Nord et l'Union Européenne
Le président Xi Jinping a contourné la règle non écrite “sept en haut, huit en bas” pour le
général Zhang Youxia, 72 ans, un vétéran de la guerre sino-vietnamienne de 1979 et l’un des rares généraux de l’APL ayant une expérience du combat.
Le général Zhang, qui était auparavant le deuxième vice-président de la CMC, a été élu
premier vice-président de la commission et a conservé son siège au Politburo, composé de 24 membres, à l’issue d’une réunion de l’élite du Parti communiste
dimanche.”
“Au milieu de cette privation de “nourriture” sans précédent provoquée par la trajectoire de
resserrement hyper-agressif de la Fed, nous ne sommes plus les seuls à avertir que quelque chose va se briser, surtout après la rupture de la Bank Of Japan et
de la Bank Of England : au cours des dernières semaines, pratiquement tous les économistes et stratèges ont rejoint le chœur, avec en point d’orgue cette
semaine une note d’avertissement très explicite de l’équipe de crédit de la Bank of America vendredi dernier, qui a averti que l’indicateur de stress de crédit
(CSI) de la banque a clôturé au 75ème centile. 6e percentile, dépassant le pic de juin de 71 et entrant dans la “zone critique” (au nord de 75) au-delà de
laquelle le risque de dysfonctionnement du marché du crédit augmente de manière exponentielle.”
“À maintes reprises, les approches financières ont permis de résoudre les problèmes
économiques. La hausse des taux d’intérêt a eu pour effet de ralentir l’économie et leur baisse a eu pour effet d’accélérer l’économie. Le fait que les
gouvernements dépensent trop leurs revenus a également pour effet de faire progresser l’économie ; faire l’inverse semble ralentir les économies.
Qu’est-ce qui peut bien se passer ? Il s’agit d’un problème de physique. L’économie ne
fonctionne pas seulement avec de l’argent et des dettes. Elle fonctionne sur des ressources de toutes sortes, y compris des ressources liées à l’énergie.
(…)
À un moment donné, les ressources, en particulier les ressources énergétiques, sont
trop sollicitées par rapport à (…) tous les engagements qui ont été pris, comme les engagements en matière de retraite. En conséquence, il est impossible que
la quantité de biens et de services produits augmente suffisamment pour répondre aux promesses faites par le système financier. C’est le véritable goulot
d’étranglement auquel l’économie mondiale est confrontée“. Les confinements contre le COVID puis la guerre d’Ukraine, ont ramené la question de
“l’économie réelle” au premier plan!
“Comme c’est souvent le cas, le temps a permis d’apaiser les pires craintes, car les
responsables de l’énergie des pays qui composent l’UE sont passés à l’action. Ils se sont tournés vers la Norvège pour obtenir 90 milliards de mètres cubes de
gaz supplémentaires afin de commencer à remplir les cavernes de stockage. L’infrastructure était en place, ce n’était qu’une question de prix. Les États-Unis
ont également répondu par un transport maritime massif de milliards de pieds cubes de GNL, provenant principalement des usines Cryo de la côte du golfe du
Mexique, et peu à peu, les craintes les plus vives du début du printemps se sont dissipées.
Aujourd’hui, le WSJ rapporte que les réservoirs de gaz de l’UE sont en grande partie
remplis, grâce aux exportations américaines de GNL. La population européenne est désormais entre les mains de la nature à l’approche de l’hiver.
“Les installations de stockage de gaz pour le chauffage et la production d’électricité sont
presque pleines, la consommation est en baisse et les méthaniers arrivent à toute vitesse. L’Europe est dans une position plus forte que ce que l’on craignait
ces derniers mois, après que Moscou a réduit ses livraisons de gaz en représailles aux sanctions occidentales liées à l’invasion de l’Ukraine.
Cependant, beaucoup de choses peuvent mal tourner. Une longue période de froid ou la rupture
d’un gazoduc pourrait bouleverser les préparatifs de la région, menaçant de rationnement d’urgence, de coupures de courant et d’une récession économique plus
profonde. Les responsables et les analystes estiment que la volonté des consommateurs de réduire leur consommation de gaz sera déterminante pour passer
l’hiver.”
La suite de cet article se concentrera sur ce qui pourrait effectivement mal tourner et
mettre en danger les citoyens de l’UE.
La demande asiatique, le respect des mesures de réduction de la consommation d’énergie et
les conditions météorologiques aux États-Unis pourraient faire la différence. Bien qu’il semble être sorti d’affaire pour la première partie de cette saison, avec des
cavernes de stockage pleines, plusieurs défis attendent ce continent assiégé par l’énergie.
Le premier est que la demande asiatique, et en particulier la demande chinoise, devrait
refaire surface dans les mois à venir. L’accent mis sur l’hémisphère oriental est compréhensible, car ses économies en pleine croissance sont le produit de
l’ascension de cette région en tant que centre de fabrication et de distribution de presque tout. Cette demande incessante, si elle se produit, mettra au défi
les centres d’importation de l’UE, qui commenceront à décharger le gaz stocké cet hiver et à chercher de nouveaux approvisionnements pour l’hiver
2023-24.
Bloomberg a récemment indiqué dans un article que la Chine, qui avait revendu des cargaisons
de GNL américain à l’UE avec un bénéfice, ne le faisait plus.
“La Chine a demandé à ses importateurs de gaz appartenant à l’État de cesser de revendre du
GNL à des acheteurs en manque d’énergie en Europe et en Asie afin d’assurer son propre approvisionnement pour la saison de chauffage de l’hiver.”
Si cette action signale un tournant dans les perspectives de la Chine, alors les acheteurs
de l’UE devront faire face à une concurrence accrue pour les approvisionnements américains, dont ils ont reçu la part du lion au cours de l’été. Les cargaisons
de GNL chargées sont très fongibles et il est courant que la destination finale d’un méthanier change après son départ du port.
La seconde est de passer l’hiver sans les réductions draconiennes évoquées dans l’article du
WSJ. Le respect des directives de conservation urgentes déterminera si la sécurité énergétique de l’UE sera à la merci de la météo cet hiver.
“L’Europe est probablement aussi bien préparée qu’elle pourrait l’être. L’infrastructure est
à peu près au maximum”, déclare Michael Bradshaw, professeur d’énergie mondiale à la Warwick Business School. “Nous nous heurtons à la dure réalité qu’il
existe des limites physiques à la capacité de remplacer le gaz russe à court terme. Cela signifie qu’il est vital de redoubler d’efforts sur le volet de
l’équation concernant la réduction de la demande.”
“Beaucoup de choses peuvent mal tourner. Si le gel fait grimper la demande, les stocks
pourraient s’épuiser et les prix atteindre des niveaux tels que les entreprises et les gouvernements en pâtiraient. Les basses températures pourraient
également déclencher une compétition entre l’Amérique du Nord et l’Europe pour l’approvisionnement en GNL.”
Et cela nous amène à notre troisième point dans cette thèse macro. Ce n’est que par pure
sérendipité que les choses ne sont pas beaucoup plus mauvaises qu’elles ne le sont aux États-Unis. La flambée des prix du charbon a incité les services publics
américains à brûler du gaz cet été pour produire de l’électricité. Cela aurait dû maintenir les prix plus élevés qu’ils ne le sont. Mais que s’est-il passé
?
Le basculement géopolitique expliqué par M.K. Bhadrakumar
+ La guerre de Biden
“Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré le 18 octobre 2022 que les preuves de la présence de militaires des États-Unis et d’autres pays occidentaux sur le terrain en Ukraine
s’accumulent. L’explication la plus évidente du mystérieux vol du ministre britannique de la Défense, Ben
Wallace, vers Washington mardi pourrait être qu’il cherchait à obtenir le soutien de l’administration Biden pour succéder à Liz Truss en tant que prochain
Premier ministre britannique. Mais une autre explication plausible peut être que ce voyage secret et précipité a marqué un moment décisif dans le conflit en
Ukraine, qui montre tous les signes de se transformer en une véritable guerre.
Certes, l’équipe de Biden ne peut que s’inquiéter de la dérive de Londres vers le chaos et
du fait que les chefs de faction du parti conservateur s’agitent comme des poulets sans tête à la recherche d’un remplaçant à Truss qui a démissionné
jeudi.
L’économie britannique se désintègre et le chancelier de l’Échiquier Jeremy Hunt prévoit
qu’une réduction du budget de la défense est inévitable. En d’autres termes, l’État profond ne peut plus se permettre de s’amuser à Kiev. Le Royaume-Uni se
dirige vers des temps difficiles, la rubrique de la Grande-Bretagne globale semble illusoire.
C’est là qu’intervient le président Biden. Les rapports en provenance de Moscou suggèrent
que les Russes disposent de renseignements concrets selon lesquels Washington a exigé du président Zelensky des performances spectaculaires sur le champ de
bataille à l’approche des élections de mi-mandat du 8 novembre aux États-Unis.
Cela s’ajoute au commentaire énigmatique d’un second ministre de la défense à Londres, James
Heappey, selon lequel les conversations que Wallace aurait à Washington étaient “au-delà de toute croyance”, ce qui laisse entendre que des questions
particulièrement sensibles et sérieuses étaient à l’ordre du jour.
En effet, dès son arrivée à Washington, Wallace s’est rendu directement à la Maison Blanche
pour rencontrer le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, la personne de référence de Biden pour la guerre en Ukraine. Selon un communiqué de la
Maison-Blanche, les deux responsables ont “échangé leurs points de vue sur les intérêts communs en matière de sécurité nationale, y compris l’Ukraine. Ils ont
souligné leur engagement à continuer de fournir à l’Ukraine une assistance en matière de sécurité, alors qu’elle se défend contre l’agression
russe.”
Alors que la politique britannique s’enfonce dans des magouilles qui vont durer des mois,
les États-Unis seront partie prenante. Historiquement, depuis la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a dirigé les États-Unis depuis l’arrière dans les
situations critiques impliquant la Russie.
En effet, M. Biden a publié une déclaration rare sur le départ de Mme Truss, dans laquelle
il a affirmé que les États-Unis et le Royaume-Uni “sont des alliés solides et des amis durables – et ce fait ne changera jamais”. Il l’a remerciée “pour son
partenariat sur toute une série de questions, notamment celle de tenir la Russie responsable de sa guerre contre l’Ukraine”. M. Biden a souligné que “nous
poursuivrons notre étroite coopération avec le gouvernement britannique, car nous travaillons ensemble pour relever les défis mondiaux auxquels nos nations
sont confrontées.”
M. Biden a envoyé un message fort à la classe politique britannique, indiquant qu’il attend
d’elle qu’elle présente un nouveau premier ministre qui adhérera fidèlement à la boussole fixée par Boris Johnson sur l’Ukraine. Dans l’immédiat, qu’est-ce que
cela signifie pour le projet anglo-américain à Kherson ? Va-t-il se poursuivre ? Telle est la grande question.
La situation à Kherson prend la forme d’une confrontation militaire à grande échelle, car
Zelensky met tout en œuvre pour tenter d’arracher le contrôle de la ville stratégique de Kherson, qui est sous contrôle russe depuis mars, avant les élections
de mi-mandat aux États-Unis.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi à Moscou, le général d’armée Sergueï Surovikin,
le nouveau commandant du théâtre des opérations en Ukraine, a reconnu que les forces ukrainiennes risquaient d’avancer vers la ville de Kherson.
Pour citer le général, “Une situation difficile s’est créée. L’ennemi bombarde délibérément
les infrastructures et les bâtiments résidentiels de Kherson. Le pont Antonovsky et le barrage de la centrale hydroélectrique Kakhovskaya ont été endommagés
par des missiles HIMARS, la circulation y a été interrompue.
“En conséquence, l’approvisionnement en nourriture dans la ville est difficile, il y a
certains problèmes avec l’approvisionnement en eau et en électricité. Tout cela complique grandement la vie des citoyens, mais constitue également une menace
directe pour leur vie.
“La direction de l’OTAN des forces armées ukrainiennes exige depuis longtemps du régime de
Kiev des opérations offensives contre Kherson, quelles que soient les pertes… Nous avons des données sur la possibilité que le régime de Kiev utilise des
méthodes de guerre interdites dans la région de la ville de Kherson – préparation d’une grande attaque de missiles sur le barrage hydroélectrique de
Kakhovskaya, attaques massives et indiscriminées de missiles et d’artillerie sur la ville….
“Dans ces circonstances, notre priorité absolue est de préserver la vie et la santé des
citoyens. Par conséquent, l’armée russe assurera tout d’abord le départ sûr, déjà annoncé, de la population conformément au programme de réinstallation en
cours de préparation par le gouvernement russe. Nos plans et actions ultérieurs concernant la ville de Kherson elle-même dépendront de la situation
militaro-tactique actuelle. Je le répète, elle est déjà très difficile aujourd’hui. (C’est nous qui soulignons).
“Quoi qu’il en soit, comme je l’ai dit, nous partirons de la nécessité de protéger autant
que possible la vie des civils et de nos militaires. Nous agirons consciemment et en temps utile, sans exclure les décisions difficiles.” [C’est nous qui
soulignons.]
La pensée du Kremlin trouve un écho dans un appel public du chef de la région de Kherson,
Vladimir Saldo, où il explique que l’évacuation des civils n’est pas seulement destinée à la sécurité des personnes, mais aussi à la liberté opérationnelle des
militaires :
“Chers compatriotes, je tiens à répéter que notre armée a de très fortes capacités pour
repousser toute attaque. Mais pour que nos militaires puissent travailler tranquillement et ne pas penser que les civils sont dans leur dos, vous DEVEZ sortir
de ces quartiers que j’ai mentionnés et permettre aux militaires de faire leur travail correctement, avec moins de pertes pour les civils. Notre cause est
juste et nous sommes sûrs de gagner !”
Le message ici est que l’armée russe est prête à étendre la portée du conflit à Kherson, si
nécessaire. Il a été question d’une offensive russe massive vers la mi-novembre. Les nouvelles mesures de sécurité annoncées par M. Poutine cette semaine et la
création d’un conseil de coordination spécial dirigé par le Premier ministre Mikhail Mishustin pour répondre aux besoins des forces armées russes impliquent
que le temps futur est mis sur le pied de guerre.
De manière significative, le général Surovikin a déclaré à un moment donné de sa conférence
de presse : “L’ennemi ne renonce pas à tenter d’attaquer les positions des troupes russes. Cela concerne, en premier lieu, les directions de Kupyansk (oblast
de Kharkov), Krasnolimansky (oblast de Donetsk) et Mykolaiv-Krivoy Rog (oblast voisin de Kherson.) Notre ennemi est un régime criminel qui tue les citoyens de
l’Ukraine. Nous sommes un seul peuple avec les Ukrainiens et nous souhaitons que l’Ukraine devienne un État indépendant de l’Occident et de l’OTAN, ami de la
Russie… [souligné par nous].
” Le régime ukrainien tente de percer nos défenses. À cette fin, l’AFU attire toutes les
réserves disponibles vers les lignes de front. Il s’agit principalement de forces de défense territoriale qui n’ont pas terminé leur entraînement complet. En
fait, les dirigeants ukrainiens les condamnent à la destruction.”
Puis, il a ajouté : “Nous avons une stratégie différente. Le commandant en chef [le
président Poutine] en a déjà parlé. Nous ne visons pas des chiffres d’avance élevés, nous prenons soin de chaque soldat et “broyons” méthodiquement l’ennemi
qui avance. Cela permet non seulement de limiter nos pertes, mais aussi de réduire considérablement le nombre de victimes civiles.”
En d’autres termes, les paramètres définis des opérations militaires spéciales axées sur la
“démilitarisation” et la “dénazification” restent inchangés, tout en visant le remplacement du régime de Zelensky.
La Russie surveillera attentivement la profonde crise politique qui se développe en Europe,
dont les paroxysmes en Grande-Bretagne sont un signe avant-coureur, et qui pourrait éroder le soutien inébranlable du Royaume-Uni à Zelensky, car la capacité
et l’intérêt de l’Occident à financer l’économie ukrainienne et à alimenter le conflit militaire pourraient également s’amenuiser.
Néanmoins, M. Surovikin ne s’est pas laissé aller à l’hyperbole et a préféré communiquer de
manière directe et réaliste. Il s’est fait l’écho de la priorité de Poutine de prendre toutes les mesures et ressources nécessaires en fonction de la situation
opérationnelle et tactique sur le front, avec pour objectif suprême de sauver la vie des soldats russes et des civils locaux.
Le général a donné l’impression que le commandement russe est prêt à faire face à toute
évolution de la situation à Kherson, qu’il s’agisse d’un retrait tactique ou de combats urbains intenses.
En termes politiques, le Royaume-Uni s’étant enlisé dans un bourbier intérieur, Biden a la
possibilité de passer à la diplomatie. C’est maintenant “la guerre de Biden”. Il est sur le point d’écrire son héritage présidentiel en tant que cinquième des
14 présidents américains en fonction depuis la Seconde Guerre mondiale à “posséder” une guerre – après Harry Truman, Lyndon Johnson, George HW Bush et George
W. Bush.”
+ Les trois mousquetaires de la géopolitique du gaz: Russie, Iran, Qatar et
Turquie
La proposition étonnante du président russe Vladimir Poutine au président turc Recep Erdogan
de construire un gazoduc vers la Turquie afin de créer un centre international à partir duquel le gaz russe pourrait être fourni à l’Europe donne un nouveau
souffle à cette pensée très “gandhienne”.
M. Poutine a discuté de cette idée avec M. Erdogan lors de leur rencontre à Astana le 13
octobre et en a parlé depuis lors au forum de la Semaine russe de l’énergie la semaine dernière. Il a proposé de créer le plus grand centre gazier d’Europe en
Turquie et de rediriger vers ce centre le volume de gaz dont le transit n’est plus possible par le Nord Stream.
M. Poutine a déclaré que cela pourrait impliquer la construction d’un autre système de
gazoducs pour alimenter le hub en Turquie, par lequel le gaz sera fourni à des pays tiers, principalement européens, “s’ils sont intéressés.”
À première vue, M. Poutine ne s’attend pas à une réponse positive de Berlin à sa proposition
permanente d’utiliser le tronçon du Nord Stream 2, qui n’a pas été endommagé, pour fournir 27,5 milliards de mètres cubes de gaz pendant les mois d’hiver. Le
silence assourdissant de l’Allemagne est compréhensible. Le chancelier Off Scholz est terrifié par la colère du président Biden.
Berlin dit savoir qui a saboté le gazoduc Nord Stream, mais ne veut pas le révéler car cela
affecte la sécurité nationale de l’Allemagne ! La Suède plaide elle aussi que l’affaire est bien trop sensible pour qu’elle partage les preuves qu’elle a
recueillies avec un quelconque pays, y compris l’Allemagne ! Biden a fait naître la peur de Dieu dans l’esprit de ces timides “alliés” européens qui n’ont plus
aucun doute sur ce qui est bon pour eux ! Les médias occidentaux ont également reçu l’ordre de minimiser la saga de Nord Steam afin que la mémoire du public
s’efface avec le temps.
Cependant, la Russie a fait ses devoirs : l’Europe ne peut pas se passer du gaz russe, en
dépit de la bravade actuelle d’abnégation. En termes simples, les industries européennes dépendent d’un approvisionnement fiable et bon marché en gaz russe
pour que leurs produits restent compétitifs sur le marché mondial.
Le ministre qatari de l’énergie, Saad al-Kaabi, a déclaré la semaine dernière qu’il ne
pouvait envisager un avenir où “zéro gaz russe” serait acheminé vers l’Europe. Il a déclaré avec acerbité : “Si c’est le cas, je pense que le problème sera
énorme et durera très longtemps. Vous n’avez tout simplement pas assez de volume à faire entrer pour remplacer ce gaz (russe) à long terme, à moins que vous ne
disiez ‘je vais construire d’énormes (centrales) nucléaires, je vais autoriser le charbon, je vais brûler du fioul'”.
En fait, la Russie prévoit de remplacer sa plateforme gazière de Haidach en Autriche (dont
les Autrichiens se sont emparés en juillet). On peut imaginer que la plateforme turque a un marché tout trouvé en Europe du Sud, notamment en Grèce et en
Italie. Mais il y a plus qu’il n’y paraît.
Pour résumer, Poutine a effectué un mouvement stratégique dans la géopolitique du gaz. Son
initiative réfute l’idée farfelue des bureaucrates russophobes de la Commission européenne à Bruxelles, dirigée par Ursula von der Leyen, d’imposer un plafond
sur les achats de gaz. Elle rend absurdes les plans des États-Unis et de l’UE visant à réduire le profil de la Russie en tant que superpuissance
gazière.
En toute logique, la prochaine étape pour la Russie devrait être de s’aligner sur le Qatar,
le deuxième plus grand exportateur de gaz au monde. Le Qatar est également un proche allié de la Turquie. Récemment, à Astana, en marge du sommet de la
Conférence sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), Poutine a tenu une réunion à huis clos avec l’émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad
Al Thani. Ils ont convenu d’organiser une autre réunion prochainement en Russie.
La Russie dispose déjà d’un cadre de coopération avec l’Iran pour un certain nombre de
projets communs dans le secteur du pétrole et du gaz. Le vice-premier ministre russe, Alexander Novak, a récemment fait part de son intention de conclure un
accord d’échange de pétrole et de gaz avec l’Iran d’ici la fin de l’année. Il a déclaré que “les détails techniques sont en cours d’élaboration – questions de
transport, de logistique, de prix et de formation des tarifs.”
Aujourd’hui, la Russie, le Qatar et l’Iran représentent ensemble plus de la moitié de
l’ensemble des réserves prouvées de gaz dans le monde. Le moment est venu pour eux d’intensifier leur coopération et leur coordination sur le modèle de l’OPEP
Plus. Ces trois pays sont représentés au sein du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF).
La proposition de Poutine fait appel au rêve de longue date de la Turquie de devenir un
centre énergétique aux portes de l’Europe. Comme on pouvait s’y attendre, Erdogan a instinctivement accueilli favorablement la proposition de Poutine.
S’adressant aux membres du parti au pouvoir au parlement turc cette semaine, Erdogan a déclaré : “En Europe, ils sont actuellement confrontés à la question de
savoir comment rester au chaud pendant l’hiver à venir. Nous n’avons pas un tel problème. Nous avons convenu avec Vladimir Poutine de créer une plateforme
gazière dans notre pays, par laquelle le gaz naturel, comme il le dit, pourra être livré à l’Europe. Ainsi, l’Europe commandera du gaz à la
Turquie.”
Outre le renforcement de sa propre sécurité énergétique, la Turquie peut également
contribuer à celle de l’Europe. Sans aucun doute, l’importance de la Turquie fera un bond en avant dans le calcul de la politique étrangère de l’UE, tout en
renforçant son autonomie stratégique dans la politique régionale. Il s’agit d’un énorme pas en avant dans la géostratégie d’Erdogan – l’orientation
géographique de la politique étrangère turque sous sa direction.
Du point de vue russe, bien sûr, l’autonomie stratégique de la Turquie et sa capacité à
mener une politique étrangère indépendante sont des atouts pour Moscou dans le contexte actuel des sanctions occidentales. Il est concevable que les
entreprises russes commencent à considérer la Turquie comme une base de production où les technologies occidentales deviennent accessibles. La Turquie a conclu
un accord d’union douanière avec l’UE, qui supprime totalement les droits de douane sur tous les produits industriels d’origine turque. (Voir mon blog
Russia-Turkey reset lases regional tensions, Aug 9, 2022)
En termes géopolitiques, Moscou est à l’aise avec l’adhésion de la Turquie à l’OTAN. Il est
clair que la plateforme gazière proposée apportera des revenus supplémentaires à la Turquie et conférera une plus grande stabilité et prévisibilité aux
relations Russie-Turquie. En effet, les liens stratégiques qui unissent les deux pays ne cessent de s’allonger – l’accord sur le système ABM S-400, la
coopération en Syrie, la centrale nucléaire d’Akkuyu, le gazoduc Turk-stream, pour n’en citer que quelques-uns.
Les deux pays admettent franchement qu’ils ont des divergences d’opinion, mais la façon dont
Poutine et Erdogan, par le biais d’une diplomatie constructive, continuent de transformer des circonstances défavorables en opportunités de coopération
“gagnant-gagnant” est tout simplement étonnante.
Il faut en effet faire preuve d’ingéniosité pour que les alliés européens des États-Unis
s’approvisionnent en gaz russe sans aucune coercition ou brutalité, même après que Washington a enterré les gazoducs Nord Stream dans les profondeurs de la mer
Baltique. Il est dramatiquement ironique qu’une puissance de l’OTAN s’associe à la Russie dans cette direction.
L’élite de la politique étrangère américaine, issue de l’Europe de l’Est, reste sans voix
face à la sophistication de l’ingéniosité russe, qui a permis de contourner sans la moindre rancœur la façon minable dont les États-Unis et leurs alliés –
l’Allemagne et la Suède, en particulier – ont fermé la porte à Moscou pour qu’elle jette ne serait-ce qu’un coup d’œil aux gazoducs endommagés de plusieurs
milliards de dollars qu’elle avait construits de bonne foi dans les profondeurs de la mer Baltique à l’initiative de deux chanceliers allemands, Gerhard
Schroeder et Angela Merkel.
L’actuelle direction allemande du chancelier Olaf Scholz semble très stupide et lâche – et
provinciale. Ursula von der Leyen, de la Commission européenne, reçoit une énorme rebuffade dans tout cela, qui définira finalement son héritage tragique à
Bruxelles en tant que porte-drapeau des intérêts américains. C’est probablement la première étude de cas pour les historiens sur la façon dont la multipolarité
fonctionnera dans l’ordre mondial.”
Les attaques contre les infrastructures ukrainiennes visent une cible secrète, selon Valentin Vasilescu - Le 24/10/2022.
La Russie exécute une tâche
extrêmement importante avec ses frappes sur les infrastructures critiques de l’Ukraine. Ces conclusions ont été présentées à PolitRussia par l’expert militaire roumain Valentin
Vasilescu.
Perturbation des communications
militaires ukrainiennes
L’expert a noté qu’un rôle important dans les événements qui se déroulent en Ukraine est joué par les moyens de reconnaissance aérienne américains, à savoir
les avions de contrôle de combat E-8 Joint STARS et de désignation de cibles. Ces avions sont équipés de radars qui permettent de suivre jusqu’à 600 cibles au sol simultanément. Ils
enregistrent les mouvements des troupes russes et transmettent à l’armée ukrainienne des données sur leur emplacement, leur vitesse de déplacement et leur direction.
Le réseau de reconnaissance aérienne de l’OTAN comprend de nombreux types d’aéronefs différents, en plus du E-8 dont on se souvient, il comprend E-3 AWCS,
EC-135, RQ-4B. Ils patrouillent la partie nord de la mer Noire et la frontière avec la Roumanie avec la Pologne. Ils sont combinés en un seul réseau, à travers lequel les données reçues
sont envoyées aux stations au sol situées en Ukraine. L’expert estime que la destruction des communications entre les forces armées ukrainiennes et la reconnaissance aérienne de l’OTAN
est une cible secrète des frappes russes sur les infrastructures ukrainiennes. Il y a quelque temps, j’ai reçu un message démontrant que ces actions ont déjà porté leurs fruits.
« Dans un communiqué de presse daté du 18 octobre, le représentant du ministère russe de la Défense Igor Konashenkov a déclaré que les forces armées
russes avaient détruit la station de communication spatiale du Centre de communication du gouvernement ukrainien, situé dans la région d’Odessa », a déclaré Valentin
Vasilescu.
Suite à cela, un autre point est devenu connu. Le système de défense aérienne ukrainien n’a pas pu faire face aux frappes des drones Geran-2, il a en fait
été désactivé à la suite de frappes sur des objets critiques de l’infrastructure ukrainienne. L’une des raisons de ce succès est que les avions de télédétection radar de l’OTAN ne peuvent
plus fournir à l’Ukraine les informations nécessaires dans le même volume. Sans cela, les forces armées ukrainiennes ne sont pas en mesure de faire face aux drones russes.
Atteindre la surprise
stratégique
L’armée russe a méthodiquement désactivé l’infrastructure énergétique critique de l’Ukraine au cours des deux dernières semaines. Grâce à cela, le réseau de
terminaux au sol pour la transmission de données utilisé par l’APU et la reconnaissance aérienne américaine pourrait bientôt devenir indisponible. L’objectif poursuivi par l’armée russe
est d’obtenir l’avantage de la surprise stratégique. Les forces armées russes veulent priver l’armée ukrainienne de la possibilité de recevoir des données en temps réel de l’OTAN sur les
mouvements des troupes russes.
« La mise en pratique du principe de surprise stratégique exigera que l’armée russe mène des opérations audacieuses dans de grands espaces de
manœuvre », a déclaré l’analyste.
Valentin Vasilescu a déclaré qu’après que l’armée russe aura acquis un avantage sous la forme d’une surprise stratégique, il sera possible de passer à
l’étape suivante – établir son contrôle sur d’autres régions de l’Ukraine.
Sécuriser la frontière de l’Ukraine
avec les pays de l’OTAN
L’analyste estime qu’en théorie, la tâche d’occuper l’Ukraine est réalisée en atteignant deux objectifs. La première consiste à sécuriser les frontières
occidentales de l’Ukraine. Les forces armées russes peuvent y parvenir au moyen d’une manœuvre similaire à ce qui a été fait dans les premiers jours de l’opération spéciale. Ceci est
favorisé par le fait que 80-85% des forces de l’Ukraine occidentale ont maintenant été redéployées sur les fronts sud et est. L’opération consistera à dégager à l’avance les voies de
communication, afin d’assurer une grande vitesse de déplacement des troupes – 100 km/jour – et à contourner les grandes villes où se trouvent des garnisons territoriales
ukrainiennes.
Isolement de Kiev des fronts sud et
est
Parallèlement à la sécurisation des frontières occidentales, une offensive peut commencer en direction de Poltava-Dniepr. Cela permettra à l’armée russe
d’isoler Kiev du reste du pays, et les groupes de troupes ukrainiennes à Kharkiv, Donbass, Zaporijia et Krivoy Rog seront immobilisées par les troupes russes. Dans un tel scénario, Odessa
sera encerclée et n’aura d’autre choix que de capituler.
Plus tôt, « PolitRossiya » a déclaré que les États-Unis pourraient refuser de continuer à fournir une assistance à l’Ukraine.