Ça n’a jamais censé être Yalta. Bien
que Yalta 2.0 puisse éventuellement se produire.
Lors du défilé du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai prochain, célébrant les 80 ans de la fin de la Grande Guerre patriotique et de la défaite de
l’Allemagne nazie, Poutine en tant qu’hôte, et Xi Jinping en tant qu’invité de marque, seront en ville. Donald Trump pourrait l’être aussi. Pourquoi ne pas les faire tous monter à bord
d’un vol pour la Crimée, et organiser un Yalta 2.0 à Yalta, où ailleurs ?
«Sweet dreams are made
of this», pour citer les métaphysiciens pop Eurythmics. En attendant, il n’y a eu ni Yalta, ni même Reykjavik : il y a eu 4 heures et demie de discussions au palais royal
d’Al-Diriyah, dans la vallée de Wadi Hanifa. La Russie et les États-Unis se sont enfin assis pour discuter entre adultes, pour la première fois en trois ans.
Une bonne dose d’excitation s’est fait sentir, liée au «travail de
normalisation des relations diplomatiques» des parties concernées. Jusqu’à il y a trois mois, sous l’administration du Cadavre de la Maison-Blanche et de son secrétaire au Génocide,
cette possibilité était aussi improbable qu’une météorite s’écrasant sur Terre (cela arrivera, mais pas dans un avenir proche).
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a accompli l’exploit surhumain de ne pas échouer devant le puissant Lavrov, le plus grand diplomate de la
planète. Lavrov et Rubio ont convenu de mettre en place un mécanisme de consultation pour éliminer les «points de
friction» (terminologie américaine) dans les relations entre Washington et Moscou, et coopérer sur les «questions d’intérêt
géopolitique communes», selon le département d’État. Les BRICS pourraient ne pas en faire partie.
L’élimination des «points de
friction» peut facilement être interprétée comme un code pour Trump 2.0 qui tente de trouver comment sortir du précédent tsunami de sanctions et de guerre économique qui n’a produit
au final qu’un retour de flamme spectaculaire.
Comme on pouvait s’y attendre, les Américains ont souligné qu’«une unique réunion ne
suffira pas à résoudre le conflit ukrainien». Bien sûr
que non. Le conseiller présidentiel Yuri Ushakov a indiqué que Poutine prendra lui-même la décision de l’ouverture des «négociations avec les
États-Unis sur l’Ukraine», et désignera les négociateurs russes.
Lavrov a complètement réfuté l’existence d’un plan en trois étapes sur l’Ukraine, prévoyant un cessez-le-feu, des élections et la signature d’un accord
final. Ayant soigneusement examiné le dossier en l’état, Lavrov a toujours soutenu que les États-Unis étaient «peu enclins à la
négociation».
L’envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, rayonnait de satisfaction :
«Nous n’aurions pas pu
imaginer un meilleur résultat après cette session». Eh bien, Witkoff a certainement suivi l’argent – la priorité absolue de Trump – lorsque lui et la délégation américaine ont été
extrêmement «surpris»
d’apprendre que «les entreprises
américaines ont perdu 300 milliards de dollars en quittant la Russie», comme l’a révélé le PDG du Fonds d’investissement direct russe, Kirill Dmitriev.
Comme pour le fiasco des BRICS, il semble que l’équipe Trump n’ait pas non plus fait ses devoirs du côté des affaires.
Comment la guerre géoéconomique a été
gagnée
À en juger par ce qui s’est passé à Riyad, il est trop tôt pour crier victoire, Washington sous Trump 2.0 ayant déclaré que l’Ukraine – et son minable
narco-Führer – sont finis. Une Ukraine moribonde survivra sous une forme ou une autre, mais on ne sait pas du tout à quoi ressemblera cette Ukraine post-conflit.
La Russie, quant à elle, est à l’avant-garde de la conception d’un nouvel ordre mondial. Un nouveau Grand Jeu est en train de se mettre en place, à des
années-lumière de la recette originale britannique du XIXe siècle, et beaucoup plus proche de l’idée que l’on se faisait d’un Nouveau Grand Jeu au début des années 2010, lorsque les
Chinois ont lancé le concept des Nouvelles Routes de la Soie.
Lorsque Washington et la Russie proclament désormais qu’ils «tiennent compte de
leurs intérêts mutuels», cela signifie implicitement que l’Empire du Chaos perd de son influence et qu’il est désormais contraint de s’asseoir à la table des négociations et
d’écouter (Lavrov
a souligné en effet que les deux parties s’étaient
écoutées).
Lorsque les deux délégations soulignent qu’il est très compliqué de programmer une rencontre personnelle entre Trump et Poutine, cela peut certainement être
interprété comme un code indiquant que l’État profond américain sera contraint de faire passer ce qui est de facto une défaite stratégique sans appel pour une guerre par procuration
ratée.
Au-delà du flot proverbial de commentaires sur les véritables motivations de Trump pour ce rapprochement avec la Russie, qui évoquent même les délices d’un
voyage allégorique sur tapis volant – au son de Steppenwolf et de Jefferson
Airplane –, il est tout à fait possible qu’il ne s’agisse que d’un voyage fictif.
Ou de quelque chose de bien plus sinistre, comme l’éventualité d’un Trump préparant la populace européenne à une nouvelle Grande Guerre contre la Russie
avant 2030, sous les yeux des Américains.
Ce qui est certain, c’est que Trump veut normaliser les relations avec la Russie pour arrêter de perdre de l’argent en Ukraine – en laissant payer leurs
pots cassés aux boucs émissaires européens – et se concentrer sur le véritable enjeu : la guerre technologique et géoéconomique avec la Chine, que Pékin a déjà remportée à plusieurs
niveaux sans lancer un seul HIMARS, se concentrant plutôt sur les réalisations du plan Made in China 2025.
Quant aux larbins de l’UE, que Trump abhorre, ils se sont réunis à Paris pour un contre-sommet glorieusement inutile : la Ligue des perdants, pour discuter,
bien entendu, de leurs guerres éternelles et de la manière dont ils vont envoyer leurs forces de «maintien de la paix» – qu’ils n’ont pas, avec des armes qu’ils n’ont pas – en
Ukraine.
Le cabot qui se fait passer pour le Premier ministre britannique promet d’envoyer des «troupes au sol», tandis que Medusa von der Lüge, la mégère toxique,
continue de vociférer dans son plus bel accoutrement de chihuahua belliciste enragé. Même d’autres canidés enragés, comme la Pologne, aux côtés des barbons que sont l’Allemagne, l’Italie
et l’Espagne, ont dit «non» à l’avalanche britannique.
En l’état actuel des choses, ce qui s’est passé à Riyad n’était qu’une première étape, une sorte de réconciliation entre États-Unis et Russie, comme lors de
la longue période de détente de la fin des années 1960 et du milieu des années 1970 : Gorbatchev-Reagan en 1986-1989 et Gorbatchev-Papa Bush en 1989-1991 (qui s’est soldée par
l’effondrement de l’URSS), et Medvedev-Obama en 2009 (par la destruction de la Libye).
Donc, pour l’instant, rien n’est joué. À part ce que les forces russes continuent de semer sur les champs de bataille de Novorossiya. Ces nouveaux faits sur
le terrain vont aggraver la situation pour les Américains, car les négociations ultrasensibles avec l’Ukraine dureront encore quelques mois.
Laissons le dernier mot à un Lavrov plein de sagesse :
«Lorsque les intérêts
nationaux convergent, il faut tout faire pour unir nos efforts, dans l’intérêt de projets mutuellement bénéfiques, tant dans la sphère géopolitique que dans les affaires
économiques».
Lavrov est convaincu que les Américains «comprennent désormais
mieux notre position».
En sera-t-il ainsi, ou s’agira-t-il simplement d’un nouvel épisode d’une émission de téléréalité sans fin ? Que le nouveau Grand Jeu débute enfin
!
Poutine salue des avancées dans les relations avec les États-Unis après les négociations de Riyad. La Russie et l’Amérique pourraient renouer le dialogue,
notamment sur la crise ukrainienne et la stabilité stratégique. Pendant ce temps, l’Europe s’inquiète et une attaque contre une station pétrolière russe interroge sur une possible
coordination occidentale.
Interrogé sur les résultats des discussions à Riyad, Vladimir Poutine a affiché un certain optimisme. Selon lui, ces échanges ont permis de poser les bases
d’une reprise des relations diplomatiques entre la Russie et les États-Unis.
«Nous avons convenu
de reprendre le travail des missions diplomatiques en mode normal. Les expulsions constantes de diplomates, tant de Washington que de Moscou, ne mènent à rien de bon.»
Le chef du Kremlin a également souligné que ces discussions ne se limitaient pas à la question ukrainienne, mais englobent d’autres domaines stratégiques
:
«Nous avons fait un
premier pas vers la reprise du travail dans divers domaines d’intérêt commun […] y compris l’économie, notre coopération sur les marchés mondiaux de l’énergie et
même l’espace, où Russes et Américains continuent de travailler ensemble sur l’ISS.»
Poutine a aussi insisté sur la tonalité constructive des échanges avec les représentants américains :
«Ils étaient ouverts
au processus de négociation sans aucun parti pris, sans aucune condamnation de ce qui avait été fait dans le passé.»
L’Europe mise à l’écart et en pleine inquiétude
Concernant la réaction des Européens, l’homme fort du Kremlin n’a pas mâché ses mots, constatant une forme de panique parmi les dirigeants du Vieux
Continent.
«Le but et
l’objet de nos négociations étaient le rétablissement des relations russo-américaines. Quelqu’un veut-il être médiateur entre la Russie et les États-Unis ? Probablement
pas.»
Il a rappelé que Moscou n’a jamais refusé le dialogue avec l’Europe ou avec l’Ukraine, et que ce sont ces dernières qui ont mis un terme aux négociations
:
«Les
Européens ont interrompu les contacts avec la Russie et la partie ukrainienne s’est retirée du processus de négociation à Istanbul.»
Les relations avec Trump et la stabilité stratégique
Alors que les relations entre les États-Unis et l’Europe traversent une période de turbulences, Vladimir Poutine s’est étonné de la retenue de Donald Trump
face aux attaques verbales de ses alliés européens :
«Tous les
dirigeants européens, sans exception, ont interféré directement dans le processus électoral américain en insultant l’un des candidats. Pourtant, Trump se comporte toujours de manière
assez intelligente envers eux.»
Le président russe a aussi évoqué la nécessité de préparer minutieusement une future rencontre avec Donald Trump
«Nous devons nous
assurer que nos équipes préparent les dossiers qui sont extrêmement importants pour les États-Unis et la Russie, y compris sur la question ukrainienne.»
Il a également rappelé que la prolongation du traité New START (traité de réduction des armes stratégiques), qui arrive à expiration en 2026, demeure une
question cruciale dans les relations bilatérales.
Une avancée russe sur le terrain ukrainien
Le président russe a confirmé que malgré les négociations, les opérations militaires en Ukraine se poursuivent. Il a révélé une avancée significative des
forces russes :
«Cette nuit, des
combattants de la 810e brigade ont traversé la frontière de la Fédération de Russie et de l’Ukraine et sont entrés en territoire ennemi. Nos troupes avancent sur toute la ligne de contact
de combat.»
Attaque de drones sur une station pétrolière : Une action coordonnée ?
Concernant l’attaque d’une station pétrolière dans le territoire de Krasnodar, attribuée à l’Ukraine, Poutine a suggéré une possible implication occidentale
:
«Des attaques
de ce genre sont impossibles sans reconnaissance spatiale, et l’Ukraine ne reçoit des données de reconnaissance qu’à travers ses alliés occidentaux.»
Il a également souligné une coïncidence troublante :
«L’attaque a
eu lieu, et deux jours plus tard, les Européens ont annoncé qu’il était impossible de réparer cette station en raison des sanctions interdisant la fourniture d’équipements
nécessaires.»
*
Le Président Vladimir Poutine, 19 février 2025, Saint-Pétersbourg
Question (Agence Interfax) : Tout le monde s’intéresse aux résultats des négociations à Riyad. Je suis sûr que vous avez déjà été
informé. Comment les évaluez-vous ? Est-ce qu’il y a un résultat positif, si je puis dire, de ces négociations ?
V. Poutine : Oui,
j’ai été informé. D’abord. Deuxièmement, je les note très bien, il y a des résultats.
La première chose que je voudrais dire est que nous avons convenu de reprendre le travail des missions diplomatiques en mode normal. Les expulsions
constantes de diplomates, tant de Washington que de Moscou, ne mènent à rien de bon. Si les choses continuent ainsi, les seules personnes qui travailleront dans ces bâtiments seront des
agents d’entretien, dont le travail doit certainement être apprécié, mais ce n’est pas pour cela que les missions diplomatiques sont créées. C’est la première chose.
Deuxième. À mon avis, nous avons fait un premier pas vers la reprise du travail dans divers domaines d’intérêt commun. Cela inclut également le Moyen-Orient
au sens large du terme, c’est-à-dire notre présence continue en Syrie, le règlement du conflit israélo-palestinien, etc. Il y a là de nombreux problèmes à la résolution desquels les
États-Unis et la Fédération de Russie sont impliqués – même si, bien sûr, nous accordons une importance primordiale à la situation liée à la situation ukrainienne.
Mais nous avons aussi d’autres enjeux : L’économie et notre travail commun sur les marchés mondiaux de l’énergie. Donc, en général… Oui, l’espace, bien sûr,
car, malgré tous les problèmes des trois dernières années, nous continuons à travailler dans l’espace, et les astronautes américains et les cosmonautes russes travaillent sur l’ISS. Les
travaux continuent et les perspectives sont bonnes. Tout cela a fait l’objet de discussions, de réflexions lors de la réunion de Riyad. Le bilan est positif.
Et dans l’ensemble, comme on me l’a dit, elle était très sympathique. Comme me l’ont dit nos participants, du côté américain, il s’agissait de personnes
complètement différentes, qui étaient ouvertes au processus de négociation sans aucun parti pris, sans aucune condamnation de ce qui avait été fait dans le passé – du moins, il n’y avait
rien de tel dans les contacts bilatéraux – elles étaient disposées à travailler ensemble, ouvertes à travailler ensemble.
Question : Mais les Européens sont dans un état d’agitation, presque tout le monde est en panique, ils ne participent pas du tout
aux négociations, et les mêmes sentiments sont présents parmi les dirigeants ukrainiens. Tout le monde veut avoir le droit de vote. Que faire avec tout ça ?
V. Poutine : Le
droit de vote dans quoi ? Je viens de dire que le but et l’objet de nos négociations était le rétablissement des relations russo-américaines. Quelqu’un veut-il être médiateur entre la
Russie et les États-Unis ? Il s’agit probablement d’exigences excessives.
Et le plus important ici, pour résoudre tous les problèmes très urgents, y compris le règlement ukrainien, c’est que sans augmenter le niveau de confiance
entre la Russie et les États-Unis, il est impossible de résoudre de nombreux problèmes, y compris la crise ukrainienne. Le but de cette rencontre était précisément d’accroître la
confiance entre la Russie et les États-Unis.
Quant aux autres participants, premièrement, la Russie n’a jamais refusé les contacts avec les Européens. La Russie n’a jamais refusé le processus de
négociation avec l’Ukraine, jamais. Ce sont nos partenaires, pour ainsi dire, dans ces négociations qui ont refusé. Les Européens ont interrompu les contacts avec la Russie et la partie
ukrainienne s’est interdite de mener des négociations, s’est retirée du processus de négociation à Istanbul, en l’annonçant directement et publiquement. Eh bien, nous n’imposons rien à
personne. Nous sommes prêts, je l’ai déjà dit cent fois : S’ils le veulent, s’il vous plaît, laissez-les mener ces négociations, et nous serons prêts à revenir à la table des
négociations.
Quant aux relations euro-atlantiques, nous n’intervenons pas ici. Nous ne spéculons pas sur tous les problèmes qui surgissent entre les États-Unis et leurs
alliés. Mais si nous parlons de ces alliés, ce sont eux-mêmes qui sont responsables de ce qui se passe actuellement.
Trump a été accusé autrefois d’entretenir une relation particulière avec la Russie et d’avoir interféré dans les élections lorsqu’il a remporté son dernier
mandat de président. Ils ont créé une équipe, l’ont traîné devant les tribunaux et ont même créé une commission spéciale au Congrès. Rien n’a été confirmé – et n’a pas pu être confirmé,
car cela ne s’est jamais produit.
Et que vient-on de voir durant cette campagne électorale ? Tous les dirigeants européens, sans exception, ont en réalité interféré directement dans le
processus électoral américain. Il s’agissait d’insultes directes envers l’un des candidats. De notre côté, bien sûr, il était clair pour qui nous sympathisions, mais nous ne nous sommes
pas permis d’interférer et, plus encore, nous n’avons permis aucune déclaration dure ou attaque offensante contre l’un ou l’autre des candidats. Nous ne l’avons tout simplement pas fait.
Et les Européens l’ont fait.
En général, je suis honnêtement surpris par la retenue du nouveau président élu des États-Unis, Trump, vis-à-vis de ses alliés, qui se sont comportés de
manière, pour parler franchement, grossière. Il se comporte toujours de manière assez intelligente envers eux.
Mais ils ne s’en ferment pas. Après tout, si nous parlons d’un règlement ukrainien, les États-Unis travaillent avec leurs alliés européens. M. Kellogg,
autant que je sache, est actuellement à Kiev, n’est-ce pas ? Avant cela, il a rencontré des Européens. Maintenant, le président de la France se rend à Washington, ainsi que le Premier
ministre de la Grande-Bretagne. Rien n’est fermé là-bas, les Américains discutent de tout cela avec eux.
Mais nous avons, par exemple, une question comme celle de la prolongation du traité New START. Tout le monde l’a probablement oublié, mais je vous rappelle
que dans exactement un an, en février 2026, le Traité de limitation des armements stratégiques expirera. Veulent-ils s’asseoir ici à la table des négociations et jouer le rôle de
médiateurs entre la Russie et les États-Unis ? Probablement pas. Mais pourquoi être hystérique ici ? L’hystérie est inappropriée.
En ce qui concerne le processus de négociation, le président Trump m’a dit lors d’une conversation téléphonique, et je peux le confirmer, que, bien sûr, les
États-Unis supposent que le processus de négociation se déroulera avec la participation de la Russie et de l’Ukraine. Personne n’exclut l’Ukraine de ce processus.
Il n’y a donc aucune raison pour une telle réaction à la rencontre russo-américaine.
Question : Il semble que [le secrétaire d’État américain] Rubio ait également promis de tenir les alliés européens
informés.
V. Poutine : Oui,
nous savons, nous voyons. Mais nous, de notre côté, nous n’hésiterons pas à en informer nos amis dans le cadre des BRICS. Nous connaissons leur intérêt à régler les relations
russo-ukrainiennes, à régler cette crise, à mettre fin aux hostilités. Nous traitons leurs propositions avec respect, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, et nous les informerons très
prochainement des résultats des négociations russo-américaines.
Question : Et quand rencontrez-vous Poutine… Excusez-moi, [quand] rencontrez-vous Trump ?
V. Poutine : Je le
rencontre [Poutine] tous les jours, je me regarde dans le miroir. (Rire.)
Vous savez, il faut le préparer. J’adorerais rencontrer Donald, nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps. Nous n’avons pas de relations étroites avec
lui, mais néanmoins, au cours des années précédentes, au cours des quatre années de travail, lorsqu’il était président, nous nous sommes rencontrés et avons discuté de manière très
équilibrée de nos relations interétatiques. Je serais heureux de le rencontrer aujourd’hui. Je pense qu’il l’a fait aussi, c’était évident d’après la nature de notre conversation
téléphonique.
Mais nous sommes dans une situation telle qu’il ne suffit pas de se rencontrer simplement pour boire du thé ou du café, s’asseoir et parler de l’avenir.
Nous devons nous assurer que nos équipes préparent les dossiers qui sont extrêmement importants pour les États-Unis et la Russie, y compris non seulement sur la voie ukrainienne, afin de
parvenir à des solutions acceptables pour les deux parties. Et cela, bien sûr, n’est pas une tâche facile.
J’en ai déjà parlé. Lorsque M. Trump était candidat à la présidence des États-Unis, il a parlé d’un délai, un délai assez court, pour résoudre, par exemple,
la crise ukrainienne. Mais après avoir commencé à recevoir des informations en tant que président déjà élu de la part des services spéciaux et ainsi de suite, il a changé de position, il
a dit : Oui, cela prendra six mois.
Nous ne parlerons pas du timing maintenant, mais c’est naturel, d’ailleurs, absolument naturel, il n’y a rien de spécial ici. Il a simplement commencé à
obtenir des informations, des informations objectives, et ces informations ont changé son approche. Cela prend donc un certain temps. Je ne suis pas prêt à répondre maintenant à la
question de savoir combien de temps cela prendra, mais nous avons le désir d’organiser une telle réunion, et j’aimerais organiser cette réunion. Mais, je le répète encore une fois, il
faut se préparer pour obtenir des résultats.
Nous avons bien sûr, comme je l’ai déjà dit, de nombreux domaines de coopération. C’est la stabilité stratégique, c’est le Moyen-Orient au sens large du
terme, c’est la coopération dans le domaine économique, principalement dans le domaine énergétique.
Vous savez, je me souviens encore de notre conversation au téléphone : Moi, votre humble serviteur, j’y ai participé, le président américain Trump et le roi
d’Arabie saoudite. Nous avons tous les trois discuté au téléphone des enjeux du marché mondial de l’énergie. Ces questions, les discussions sur les questions dans ce format, sont toujours
en demande aujourd’hui.
En passant, je voudrais remercier sincèrement les dirigeants de l’Arabie saoudite, le roi d’Arabie saoudite et le prince héritier pour avoir non seulement
aimablement mis à disposition de Riyad un lieu pour des réunions de haut niveau entre la Russie et les États-Unis, mais aussi pour avoir créé une atmosphère très amicale.
Je pense que dans les prochains jours – aujourd’hui c’est impossible, car je suis en voyage à Saint-Pétersbourg – j’appellerai certainement le prince
héritier et le remercierai personnellement pour cette aide.
Question : Permettez-moi de clarifier la dynamique du SVO. Malgré les négociations, l’opération militaire spéciale se poursuit.
Quelles nouvelles nous parviennent du front actuellement ?
V. Poutine : Vous
les connaissez, les correspondants de guerre, vos collègues, des gens qui sont extrêmement bien informés, courageux, pour parler franchement, qui accomplissent héroïquement leur mission,
qui accomplissent leur devoir – à la fois civil et professionnel – d’informer objectivement l’opinion publique russe, et du monde entier, de ce qui se passe sur la ligne de
contact.
La dernière information qui m’a été rapportée il y a littéralement une heure : Cette nuit, des combattants de la 810e brigade ont traversé la frontière de
la Fédération de Russie et de l’Ukraine et sont entrés en territoire ennemi. Et nos troupes avancent sur toute la ligne de contact de combat.
Question : L’attaque par drone contre une station pétrolière dans le territoire de Krasnodar pourrait-elle être la réponse de
Zelensky aux relations positives qui se développent progressivement entre la Russie et l’Amérique ?
V. Poutine : Je ne
sais pas, et il m’est difficile d’évaluer ce qui s’est passé, mais c’est arrivé, c’est arrivé, et, bien sûr, il faut l’expliquer d’une manière ou d’une autre. De nombreuses questions se
posent et il est très difficile d’y répondre à l’heure actuelle.
Mais – tout d’abord, je dirai quelque chose d’inattendu, peut-être, mais néanmoins – après tout, des attaques de ce genre sont impossibles sans
reconnaissance spatiale, et l’Ukraine ne reçoit des données de reconnaissance spatiale de haute précision sur les cibles de destruction que de ses alliés occidentaux. Et qui a précisément
fourni ces données, fourni des images spatiales des installations du Consortium du pipeline de la mer Caspienne, je ne le sais pas maintenant, mais je peux vous dire avec une certitude
totale que les forces armées ukrainiennes ne sont pas capables de le faire seules. Ils ne disposent pas de constellations de satellites spatiaux correspondantes. C’est la première
chose.
La deuxième est qu’il n’y avait pas, et il n’y a toujours pas, de systèmes de défense aérienne, de systèmes de défense aérienne russes, dans cette
installation. Et la raison est claire : parce que nous sommes partis du principe que cela ne pouvait pas être un objet d’attaque – à proprement parler, ce n’est pas un objet
russe, c’est un objet d’infrastructure énergétique internationale. Les actionnaires du Caspian Pipeline Consortium incluent des sociétés
américaines (je crois qu’il s’agit de Chevron), des sociétés européennes (dont Eni) et des sociétés russes (LUKOIL).
Nous ne recevons, au sens figuré, que cinq kopecks pour ce transit. Cela n’a aucun sens économique pour nous. Nous fournissons simplement un service à nos
amis kazakhs et aux partenaires qui travaillent au Kazakhstan. Et le pétrole qui est produit, on peut le dire de manière générale, puisqu’il est produit dans le cadre du PSA, l’accord de
partage de production, est en fait la propriété des entreprises qui le produisent, en l’occurrence des entreprises américaines, des entreprises européennes. Il ne s’agit bien sûr pas d’un
volume critique, mais il s’agit néanmoins d’un volume notable sur les marchés mondiaux.
Et, bien sûr, la destruction d’une telle installation – six drones ont été utilisés dans l’attaque – a un impact, et continuera d’avoir un impact, sur les
marchés mondiaux de l’énergie, principalement parce que, malheureusement, il est impossible de restaurer rapidement cette installation. Et il est impossible de le restaurer rapidement en
raison du fait qu’il s’agit principalement d’équipements occidentaux, et que ces équipements ont été endommagés.
D’ailleurs, on vient de me dire que les Européens ont prolongé les sanctions contre la Russie, incluant notamment l’impossibilité de nous fournir des
équipements occidentaux dans le secteur de la production de pétrole et de gaz. Qu’est-ce que ça veut dire? Cela signifie qu’il y a deux jours, les forces armées ukrainiennes ont lancé une
attaque, et deux jours plus tard, les Européens ont annoncé qu’il était impossible de réparer cette station car les principaux équipements qui s’y trouvaient étaient de fabrication
européenne, notamment de la société allemande Siemens. Si ce matériel devait arriver demain ou après-demain, il faudrait encore compter un mois et demi à deux mois. Et maintenant,
qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il ne sera pas livré du tout.
Bien sûr, si on regarde cela d’un point de vue purement formel, cela ressemble à une sorte d’actions coordonnées. Mais je ne veux pas y croire. Je pense que
c’est une coïncidence. C’est juste que les Européens suivent leur propre chemin et ne prêtent pas attention à ce qui se passe. Mais formellement, si on regarde ce qui se passe, cela
ressemble à une sorte de coordination.
Pourquoi ont-ils besoin de ça ? Ce n’est pas clair. Car cela conduit à des prix constamment élevés pour les ressources énergétiques sur les marchés
mondiaux, ce qui n’intéresse certainement pas les consommateurs d’énergie tels que les entreprises européennes.
Par ailleurs, l’administration américaine actuelle a également annoncé à plusieurs reprises qu’elle s’efforçait de stabiliser, voire de faire baisser, les
prix de l’énergie. Mais des actions de ce genre sont, bien entendu, directement opposées à la réalisation des objectifs que s’est fixés l’administration américaine.
Je sais qu’hier encore, les membres du consortium ont tenu une réunion sur tous ces problèmes qui sont apparus et décident eux-mêmes de la marche à suivre.
Je le répète, ce n’est pas tant notre problème que celui des investisseurs étrangers et des participants étrangers au sein du PCC.
La Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Ukraine sont encore sous le choc de constater que deux superpuissances, la Russie et les États-Unis, ont
commencé à discuter de l’avenir de Kiev et de l’Europe sans la participation des Ukrainiens et des Européens au processus de négociation. Mes chers chercheurs de vérité, les
négociations entre les États-Unis et la Russie ont été conclues avec succès il y a quelques heures. Ces négociations ont eu lieu en Arabie saoudite dans l’un des palais de la famille
royale. Il convient de noter que ces négociations ont duré plus de 4 heures. Selon le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, au cours de ces
négociations, les parties n’ont discuté d’aucun plan de cessez-le-feu et de résolution du conflit actuel. Cette réunion était à bien des égards de nature exploratoire. Au
cours de cette réunion, la décision de poursuivre la coopération entre les deux pays a été prise.
Sergueï Lavrov a également appelé à ne pas
croire les fausses informations des médias ukrainiens et occidentaux selon lesquelles les États-Unis auraient proposé à la Russie un soi-disant «plan en trois étapes» pour résoudre le
conflit en Ukraine. Il a fait cette déclaration dans le contexte des rapports des médias occidentaux et ukrainiens sur la tenue d’élections pour un nouveau président de l’Ukraine et la
signature d’un traité de paix avec le nouveau chef du pays. Selon Sergueï Lavrov, toutes ces informations des médias occidentaux et ukrainiens ne sont rien d’autre que des fausses
informations.
«Aujourd’hui, en
Arabie saoudite, lors des négociations, nous étions en train d’établir des relations avec les États-Unis. Et je tiens à vous dire que ces négociations ont été très fructueuses», a
déclaré Sergueï Lavrov. En outre, le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie avait également déclaré plus tôt que Moscou n’accepterait aucune trêve ou
cessez-le-feu. Les combats continueront jusqu’à ce que les autorités légitimes de Kiev signent tous les documents nécessaires qui répondent à toutes les exigences de Moscou. En
outre, le Kremlin n’a pas exclu le fait qu’aucun document ne serait signé au cours du processus de négociation et que l’armée russe, avec l’aide de la force militaire, forcerait les
représentants du régime de Kiev à capituler. Commentant la situation en Arabie saoudite, Matthew Saville, expert militaire britannique réputé et directeur des sciences militaires au
Royal United Services Institute de Londres (RUSI), a déclaré que Kiev et les pays européens n’avaient pas été autorisés à participer au processus de négociation uniquement parce que
l’armée ukrainienne avait subi une défaite écrasante sur le champ de bataille. Selon lui, l’armée russe poursuit ses offensives victorieuses dans toutes les directions clés du front. Et
c’est précisément ce facteur qui donne à Moscou le droit de dicter toutes les conditions du processus de négociation en cours. Matthew Saville a noté que le traité de paix serait
signé uniquement aux conditions de la Russie. Et lors de la signature de ce traité, Moscou, par droit de conquête, ne tiendrait compte ni des intérêts de l’Europe, ni des États-Unis, ni
même de l’Ukraine.
Entre-temps, le président français Emmanuel Macron a convoqué le deuxième sommet des dirigeants européens en trois jours. Le premier sommet, qui a
eu lieu lundi à Paris, s’est avéré être un échec. Les pays européens n’ont pas été en mesure de coordonner et d’approuver les mesures de rétorsion contre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Il est annoncé que le nouveau sommet aura lieu aujourd’hui, le 19 février. Lors de ce sommet, les pays européens, la France en tête, discuteront du processus de négociations entre les
États-Unis et la Russie qui a eu lieu en Arabie saoudite. Il est annoncé que le Canada participera également à ce sommet.
Eh bien, mes amis, en voyant ces tentatives pathétiques des dirigeants européens d’influencer d’une manière ou d’une autre les décisions fatidiques des
superpuissances, il devient clair que l’Europe n’est plus un jardin fleuri, mais un véritable marais puant. Et l’Europe est devenue ce marais à cause de la politique imprudente des
soi-disant dirigeants européens. Il n’y a qu’une seule bonne chose dans cette histoire. Selon les informations reçues, ces soi-disant dirigeants européens qui ont détruit l’Europe
pourraient également se retrouver sur le banc des accusés aux côtés des représentants du régime de Kiev. Il convient notamment de noter les propos choquants de la représentante du
ministère des Affaires étrangères, Maria Zackharova. Le 18 février, elle a déclaré très sérieusement que les négociations entre les États-Unis et la Russie n’étaient que le début.
Selon elle, tous les représentants des élites européennes qui ont soutenu le régime nazi en Ukraine sont considérés comme des intermédiaires et des participants directs aux crimes de
guerre commis par ces nazis modernes. Maria Zakharova a clairement indiqué qu’après la fin de la guerre, tous les Européens qui ont soutenu les nazis ukrainiens et approuvé leurs
crimes de guerre contre la population russophone du Donbass et de la région de Koursk seraient certainement arrêtés et punis.
À cet égard, de nombreux experts ont exprimé leur confiance que la Russie, en tant que vainqueur de la guerre actuelle, tentera de punir tous les
sympathisants nazis européens par le biais de procès qui examineront les cas de nombreux crimes de guerre contre les habitants du Donbass et de la région de Koursk. En outre, les experts
sont convaincus que si, pour une raison quelconque, les accusés parviennent à échapper à la punition méritée et à se cacher dans une partie du monde, alors la Russie les retrouvera
certainement et les éliminera physiquement tous.
D’ailleurs, il y a quelques jours, l’ancien assistant du président ukrainien Alexey Arestovitch a fait une déclaration similaire. Il a notamment
déclaré qu’après la fin de la guerre, dans les 10 à 15 ans, la Russie éliminerait physiquement tous les représentants du régime de Kiev. Dans le même temps, il a souligné
que Volodymyr Zelensky lui-même serait arrêté et condamné à une longue peine de prison. Selon lui, la Russie veillera à ce que Volodymyr Zelensky soit jugé par le peuple
ukrainien. Ce clown purgera sa peine dans l’une des prisons de Kiev. À ce propos, il a cité comme exemple la guerre de Tchétchénie. Selon lui, après la victoire de la Russie dans cette
guerre, pendant 10 à 15 ans, le FSB russe a arrêté pratiquement tous les représentants des autorités de la république rebelle, y compris les commandants et les officiers de haut rang.
Tous ont été condamnés à la réclusion à perpétuité. De plus, ceux qui ont réussi à échapper à la justice et à se cacher sur le territoire de pays étrangers ont été retrouvés et
physiquement éliminés. Et maintenant, au XXIe siècle, il semble que la même chose va arriver non seulement aux représentants des autorités de Kiev, mais aussi aux dirigeants des États
européens qui ont fourni une aide sans précédent à ce régime.
*
NOTES ÉDITORIALES :
1. Les États-Unis, après avoir provoqué l’affrontement Russie/Ukraine par le biais du coup d’État de Maïdan en 2014, parviennent, comme d’habitude,
à se cacher derrière l’écran de fumée créé dans les années suivantes, en essayant de se réconcilier avec la Russie après l’échec total de leur plan. Et ils y parviennent en se faisant
croire qu’ils occupent toujours une position de force et en faisant croire qu’ils offrent à la Russie quelque chose alors qu’en fait c’est le contraire qui est vrai. Cette fois, les
États-Unis se sont plongés dans une situation très grave, qu’ils ne savent plus comment résoudre sans perdre complètement la face vis à vis des Américains et du monde.
2. Les États-Unis, après avoir plongé une fois de plus l’Europe dans la merde , se permettent, par la voix de leur vice-président, de gronder et de
sermonner les dirigeants d’un Continent qu’ils sont eux-mêmes en train de détruire, faisant croire encore davantage aux Européens que s’ils sont dans la merde, c’est de leur faute. Bien
sûr, c’est leur faute car ils sont corrompus, mais comme d’habitude, les corrupteurs sont toujours et uniquement les Américains.
3. Le président italien Sergio Mattarella, dans un récent discours à Marseille, s’est permis d’assimiler la Russie au Troisième Reich,
provoquant la colère légitime de la porte-parole Maria Zakharova. Ce parallèle infâme avec un peuple qui a perdu 28 millions de compatriotes en combattant et en vainquant les nazis est
pratiquement impardonnable. Il faudra des décennies (si ce n’est des siècles) pour réparer un tel blasphème proféré par nul autre que le chef d’un État, l’Italie, qui fut aussi l’alliée
d’Hitler pendant la SECONDE GUERRE MONDIALE, et pour rétablir les relations entre l’Italie et la Russie qui ont toujours été marquées par une grande estime, une amitié et une admiration
mutuelles. Dieu merci, les Russes savent très bien que les peuples européens sont pour la plupart amis et admirateurs de la civilisation et de la culture russes,
c’est pourquoi ils se limiteront à poursuivre leurs dirigeants indignes dans la plus grande légalité. Non pas par vengeance, mais par justice.
4. Il ressort clairement de tout cela que l’Occident est tellement corrompu qu’il ne peut même pas comprendre la Russie, qui pourtant a toutes les
intentions et tous les moyens de se faire comprendre. Aussi parce que ceux qui ont soutenu et/ou sympathisé avec les criminels de guerre néo-nazis ukrainiens, sont à juste titre perçus
par les Russes comme une menace très dangereuse, qui pourrait toujours réapparaître et devenir réalité.
5. Quant aux États-Unis, dont le secrétaire d’État MARCO RUBIO et le vice-président JAMES D. VANCE ont les airs de jeunes gens immatures et
inexpérimentés nommés par leur «papa» DONALD TRUMP comme de jolies statuettes, ils constituent un chapitre à part, dont la Russie traite déjà avec une stratégie dont les
Américains continuent à n’y rien comprendre.
Le 28 février 2022, cinq jours après le début de l’opération de désarmement de l’Ukraine, je prédisais ce à
quoi elle pourrait conduire :
«Les États-Unis et
leurs mandataires dans l’UE et ailleurs ont mis en place des sanctions très sévères contre la Russie pour endommager son économie.
L’objectif final de
cette guerre économique est un changement de régime en Russie.
La conséquence
probable sera un changement de régime dans de nombreux autres pays. (…)
Toute consommation
d’énergie aux États-Unis et dans l’Union européenne se fera désormais à un prix élevé. Cela entraînera l’UE et les États-Unis dans une récession. Comme la Russie augmentera les prix des
exportations de biens pour lesquels elle a un pouvoir de marché – gaz, pétrole, blé, potassium, titane, aluminium, palladium, néon, etc. – la hausse de l’inflation dans le monde entier
deviendra significative. (…)
L’abandon des
relations économiques avec la Russie et la Chine signifie que l’Allemagne et son nouveau chancelier Olaf Scholz sont tombés dans le piège du plan américain visant à créer une nouvelle
guerre froide. L’économie allemande va devenir l’une de ses victimes.
Le 4 février, la
Russie et la Chine ont déclaré un monde
multipolaire dans lequel elles constituent deux pôles partenaires qui s’opposeront au pôle américain. L’avancée de la Russie en Ukraine en est la preuve. (…)
Les Européens
auraient dû le reconnaître au lieu d’aider les États-Unis à maintenir leur image de puissance unipolaire.
Il faudra du temps
pour que les nouvelles réalités économiques s’installent. Elles changeront probablement la vision actuelle des véritables intérêts stratégiques de l’Europe».
La réélection de Trump a été le changement de régime le plus important provoqué par la guerre en Ukraine. Dimanche, des élections auront lieu en Allemagne.
Après trois années de contraction de l’économie allemande, elles conduiront à un autre changement de régime. Beaucoup d’autres sont encore à venir.
Ce que je ne pouvais pas prédire à l’époque, c’est que la punition de l’Europe par Trump deviendrait un accélérateur du processus.
L’ensemble des médias
et de l’establishment politique américains/européens se disent (et nous répètent) que Trump «se fait avoir par Poutine» à propos de l’Ukraine. Parce qu’ils ne peuvent pas se permettre
d’envisager l’autre possibilité : que l’équipe Trump punisse délibérément l’Ukraine & l’Europe.
Je ne sais pas qui prétend encore que Trump «se fait avoir par
Poutine». Ce jeu n’est-il pas terminé ? Mais je suis sûr de la partie «punir
délibérément».
Pourquoi Trump voudrait-il punir l’Ukraine et l’Europe ? Parce qu’ils ont aidé les Démocrates et l’État profond à saboter sa première présidence.
«La victoire de Trump
à l’élection présidentielle de 2016 a provoqué une onde de choc dans l’establishment, qui a passé les quatre années suivantes à saper la révolution Trump de l’intérieur et de
l’extérieur.
Et les quatre années
suivantes, sous les auspices de sa tête d’affiche, Joe Biden, l’establishment a utilisé tous les outils de son sac à malices, (y compris des poursuites à motivation politique sur de
multiples fronts et, éventuellement, un assassinat), pour empêcher une résurrection de Trump. (…)
À Munich, nous voyons
l’adaptation classique de la boucle OODA par Trump pour détruire ses ennemis de l’OTAN et de l’UE.
À ce stade, certains
pourraient se demander : «Attendez une minute. Comment l’OTAN et l’UE sont-elles devenues les ennemies de Donald Trump ?»
La réponse est très
claire – parce qu’ils sont une extension des élites de l’establishment contre lesquelles Trump a déclaré la guerre en Amérique aujourd’hui.
Ce sont les élites
européennes qui ont conspiré contre Trump pendant son premier mandat, qui se sont
languies de l’ancien président Barack Obama tout en retardant la mise en œuvre des réformes exigées par Trump dans l’espoir que le cycle électoral américain purgerait Trump de la scène
politique américaine.
Ce sont ces personnes
et ces institutions qui ont doublé le bellicisme américain, se laissant entraîner dans un piège ukrainien conçu pour détruire la Russie au profit exclusif de l’Amérique, détruisant
l’Europe par la même occasion.
Les Européens,
toujours dociles, étaient trop aveuglés par leur volonté de servir pour voir qu’ils étaient autant des agneaux sacrifiés que l’Ukraine.
Et, lorsqu’il a
semblé que Trump allait sortir victorieux, ce sont les Européens – au sein de l’OTAN et de l’UE – qui ont conspiré avec l’administration Biden pour mettre les politiques «à l’épreuve de
Trump» dans l’espoir qu’ils pourraient, une fois de plus, simplement supporter quatre années de trumpisme pendant que l’establishment américain contiendrait et minerait Trump de
l’intérieur.
Mais Trump avait
retenu la leçon.
La révolution a
commencé dès le premier jour en détruisant l’establishment [américain] sur lequel l’Europe comptait pour contenir Trump. (…)
Puis Trump a tourné
son attention vers l’Europe.
Gardez à l’esprit que
dans le monde de Donald Trump, les Européens – en particulier leurs institutions jumelles, l’OTAN et l’UE – ne sont pas des alliés, mais des ennemis».
«Qu’avons-nous appris
? Eh bien, quelque chose que Moscou avait appris il y a longtemps : Washington n’est pas fiable (le mot russe compliqué est
недоговороспособны, ce qui signifie essentiellement que vous ne pouvez pas conclure d’accord avec lui et que même si vous le faites, il ne le respectera pas). En un mot, Washington a
provoqué le désastre de l’Ukraine et, maintenant qu’il est devenu irrémédiablement mauvais, il s’en éloigne et le laisse à l’Europe. (…)
Dans les termes les
plus simples, les plus directs et les plus brutaux, le fait qui vient de les frapper en pleine figure est que les États-Unis sont là-bas et que la Russie est ici. Les États-Unis peuvent semer la pagaille n’importe où et se retirer à tout moment ; rappelez-vous le Viêt Nam ? L’Afghanistan ? Aujourd’hui,
c’est votre tour.
L’Europe a donc
quatre choses à faire immédiatement :
1) Déterminer quels
sont ses véritables intérêts ;
2) Se mettre en
position de les défendre ;
3) Faire la paix avec
Moscou. (Un maître européen de la realpolitik vous
a dit il y a des années : «Le secret de la politique ? Faire un bon traité avec la Russie»).
Voyant le dilemme de l’Europe, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi garde cette porte ouverte. Dans sa déclaration
à la CSM, il a proposé son aide :
«Avec une croissance
du PIB de 5% l’année dernière, la Chine a contribué à près de 30% de la croissance économique mondiale. Elle a été un moteur important de la croissance économique mondiale et a partagé
avec le monde les avantages de son marché surdimensionné. La Chine est disposée à créer une
synergie entre la coopération de qualité des «Nouvelles
route de la soie» et la stratégie
de «Porte
mondiale» de l’Union
européenne, afin de se
renforcer mutuellement et de renforcer le monde entier.
Les amis,
La Chine a toujours
vu en l’Europe un pôle important dans le monde multipolaire. Les deux parties sont des partenaires et non des rivaux. Cette année marque le 50ème anniversaire des relations diplomatiques
entre la Chine et l’Union européenne. Saisissant cette occasion, la Chine est prête à travailler avec
la partie européenne pour approfondir la communication stratégique et la coopération mutuellement bénéfique, et orienter le monde vers un avenir radieux de paix, de sécurité, de
prospérité et de progrès».
Comme Trump poursuivra sa guerre contre la bureaucratie européenne, il ne faudra peut-être que quelques mois pour assister à un changement de régime à
Bruxelles.
Ce pourrait être le début du mouvement, longtemps retardé, de l’Europe vers la Chine.
Riyad a été le théâtre d’une rencontre
inédite entre représentants russes et américains. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a exprimé sa gratitude envers le prince héritier Mohammed ben Salmane pour son
rôle dans l’organisation de ces discussions. Accompagné du conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, il a abordé les relations bilatérales et l’importance de maintenir un dialogue
constructif entre grandes puissances.
Sergueï
Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la
Fédération de Russie, à l’issue de ses négociations avec des représentants de l’administration américaine, Riyad, 18 février 2025
Je voudrais exprimer notre gratitude à l’Arabie saoudite pour avoir permis la tenue de la rencontre entre des représentants russes et américains. Nous avons
exprimé cette gratitude personnellement au Prince héritier du Royaume, Mohammed ben Salmane, lorsque nous avons été reçus en audience avec le conseiller du président russe, Iouri
Ouchakov.
Nous avons parlé pendant environ une heure de nos relations bilatérales et de l’importance d’assurer dans le monde, à défaut d’une entente globale (qui est
impossible), au moins la volonté des grandes puissances de
maintenir dans toute situation un dialogue normal et professionnel, d’essayer de s’écouter mutuellement, de tirer les leçons de ce qui se passe et d’éviter tout conflit et
crise.
Cette position du Prince héritier Mohammed Ben Salmane a été réitérée lors de nos négociations avec la partie américaine. Le secrétaire d’État américain Marco
Rubio a particulièrement souligné au début de la conversation l’importance fondamentale pour chaque pays d’être guidé par ses intérêts nationaux dans les relations
internationales. Nous sommes entièrement d’accord avec cela. Comme avec le fait que ces intérêts nationaux ne coïncideront pas toujours. Mais, quand ils ne coïncident
pas, il est très
important de régler ces divergences, de ne pas les laisser «aller à la
dérive» et
encore moins de provoquer une confrontation militaire ou d’autre nature.
Quand les intérêts nationaux coïncident, il faut tout faire pour unir les efforts dans ces directions et réaliser des projets mutuellement bénéfiques dans
la sphère géopolitique et dans les affaires économiques.
La conversation a été très utile. Nous
ne nous sommes pas contentés d’écouter, mais nous nous sommes entendus mutuellement. J’ai des raisons de croire que la partie américaine comprend maintenant mieux notre position que nous
avons exposée
une fois de plus en détail, avec des exemples concrets, dans le cadre de nombreuses interventions du président russe Vladimir Poutine.
Concernant les accords
conclus. Premièrement, et probablement le plus urgent et d’ailleurs pas le plus complexe, c’est
d’assurer la nomination rapide des ambassadeurs de Russie aux États-Unis et des États-Unis en Russie. Ainsi que de lever les obstacles qui, pendant de nombreuses
années, ont été érigés principalement par l’administration de Joe Biden au cours de ces quatre dernières années à l’encontre de nos missions diplomatiques, entravant sérieusement leur
travail : Les expulsions sans fin de nos diplomates, auxquelles nous avons été forcés de répondre, les problèmes persistants de la saisie de nos biens immobiliers et bien d’autres
choses.
Un problème non des moindres concerne les transferts bancaires qu’ils tentent de restreindre pour nous. Nous répondons naturellement avec réciprocité. Nous
avons convenu que nos adjoints se mettraient d’accord très prochainement sur une rencontre et examineraient la nécessité d’éliminer ces «barrières» artificielles dans le travail des
ambassades et autres institutions russes aux États-Unis et américaines en Russie. De plus, ils essaieront de ne pas se concentrer sur une manifestation spécifique de ces «obstacles», mais
tenteront d’adopter une approche systémique pour mettre fin une fois pour toutes à ces désagréments qui entravent réellement le développement des relations normales quotidiennes.
Deuxième accord. Nous avons convenu
que dans un proche avenir, un processus de règlement ukrainien serait mis en place. La partie américaine communiquera qui représentera Washington dans le cadre de ce
travail. Dès que nous connaîtrons le nom et le poste du représentant correspondant, comme le président russe Vladimir Poutine l’a dit au président américain Donald Trump, nous désignerons
immédiatement notre participant à ce processus.
Troisièmement, sur un plan conceptuel
plus large, au fur et à mesure des processus liés au règlement de la crise en Ukraine, créer parallèlement les conditions pour que notre coopération reprenne pleinement et s’étende à des
domaines très variés.
Un grand intérêt a été manifesté (que nous partageons) pour la reprise des consultations sur les
problèmes géopolitiques, y compris les différents conflits dans diverses parties du monde où les États-Unis et la Russie possèdent des intérêts.
Un vif intérêt a été exprimé pour lever les obstacles artificiels au développement d’une coopération économique mutuellement bénéfique. Le chef du Fonds
russe d’investissement direct, Kirill Dmitriev, était présent lors de la discussion des aspects économiques de notre réunion d’aujourd’hui. Il a présenté certains problèmes qui pourraient
être résolus assez rapidement au bénéfice tant de la Russie que des États-Unis.
Question : Différentes
évaluations sont actuellement formulées, principalement positives. Elles viennent aussi du côté américain. Sur quelle voie a-t-on réussi à rapprocher le plus les positions avec les
États-Unis, sur la voie russo-américaine ou ukrainienne ? A-t-on réussi à poser les bases d’une rencontre entre les présidents de Russie et des États-Unis ? Quelles sont les prochaines
étapes ? Aurez-vous des réunions prochainement ? Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a dit que des concessions seraient nécessaires de la part de tous sur le dossier ukrainien. Y
a-t-il une compréhension de quelles concessions il s’agit ?
Sergueï Lavrov : Concernant les
questions sur lesquelles nous avons réussi à parvenir à une entente. Cela ne signifie pas nécessairement un rapprochement des positions. J’en ai déjà parlé. Nous avons pratiquement
convenu qu’il fallait résoudre une fois pour toutes le problème du fonctionnement de nos missions diplomatiques. Une volonté mutuelle a été exprimée de trouver des solutions concrètes sur
les questions de notre dialogue sur les affaires internationales et les relations économiques.
Concernant le dossier ukrainien, j’ai mentionné l’accord selon lequel les Américains désigneront leur représentant. Nous répondrons réciproquement. Après
cela, les consultations correspondantes commenceront. Elles auront un caractère régulier.
Nous nous sommes rencontrés sur
décision des présidents de Russie et des États-Unis, qui sont convenus de travailler à la préparation d’un prochain sommet. À cette fin, les ministres des Affaires étrangères et
les conseillers à la sécurité nationale ont été chargés de se rencontrer et d’examiner ce qui doit être élaboré avant que les présidents puissent commencer à convenir d’une date et d’un
calendrier précis pour un sommet.
Question : Immédiatement
après la fin de la réunion, beaucoup d’informations sont apparues, citant des sources proches du processus diplomatique, concernant un «plan en trois étapes» sur
lequel la Russie se serait supposément mise d’accord avec les États-Unis concernant l’Ukraine. Est-ce vrai ?
Sergueï Lavrov : Concernant le
«plan en trois points». Je n’ai pas vu cette information ni ces commentaires. Aujourd’hui, en parcourant les nouvelles, j’ai trouvé une référence à une déclaration du ministre des
Affaires étrangères polonais Radoslaw Sikorski, qui racontait quelque part «dans les couloirs de Munich» qu’il avait rencontré le représentant américain Keith Kellogg. Il l’a informé d’un
certain plan de règlement. Il n’était pas précisé s’il y avait trois points ou quatre. Mais Radoslaw Sikorski, commentant le plan, a dit qu’il ne pouvait pas révéler les détails. «Le plan
est atypique, mais pourrait être très intéressant».
Aujourd’hui, j’ai demandé au secrétaire d’État américain Marco Rubio et à Mike Waltz ce que cela signifiait. Ils ont répondu que c’était une infox.
Question : Avant cette
rencontre, les États-Unis ont envoyé un questionnaire à l’Union européenne, demandant ce que l’Europe pouvait proposer en termes de garanties de sécurité pour l’Ukraine. Il y a une
question sur le déploiement d’un contingent sur le territoire ukrainien. Quelle est la position de Moscou à ce sujet ?
Sergueï Lavrov : Concernant
l’information selon laquelle les Américains ont posé une série de questions à l’Union européenne pour mieux comprendre ce que l’UE compte faire, et comment les Américains peuvent être
utiles ou impliqués. J’en ai déjà parlé.
Mais j’ai également mentionné que la question du déploiement potentiel de forces de maintien de la paix armées, soi-disant après que le conflit sera déjà
réglé ou qu’un accord sera atteint comme mentionné dans ce document, intéresse les Américains du point de vue des pays prêts à les fournir. Il est clair que la question s’adresse aux
membres de l’Union européenne.
Nous avons expliqué à nos
interlocuteurs d’aujourd’hui que nous avions bien noté que le président américain Donald Trump, dans
plusieurs de ses discours, a été le premier parmi les dirigeants occidentaux à dire clairement que l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan était l’une des principales causes de ce qui se
passe, que c’est l’une des plus grandes erreurs de Joe Biden et de son administration, et que si Donald Trump était président, il n’aurait pas permis cela.
À cet égard, nous avons expliqué à nos collègues que le président russe Vladimir Poutine avait
souligné à plusieurs reprises que l’élargissement de l’OTAN, l’absorption de l’Ukraine par
l’Alliance nord-atlantique représentait une menace directe pour les intérêts de la Fédération de Russie et notre souveraineté. Et donc l’apparition de troupes des forces
armées des mêmes pays de l’OTAN, mais sous un autre drapeau, sous le drapeau de l’Union européenne ou sous des drapeaux nationaux, ne change rien à cet égard. C’est inacceptable pour
nous.
Question : À la veille des
négociations, les forces armées ukrainiennes ont attaqué la station de pompage Kropotkinskaïa dans le Kouban. Elle achemine du pétrole appartenant notamment à des entreprises américaines
et européennes. Est-ce une tentative de Vladimir Zelensky d’envoyer une «marque noire» à Donald Trump dans le contexte des contacts avec la Russie ?
Sergueï Lavrov : Concernant ce
qui a motivé cette nouvelle l’attaque contre l’infrastructure énergétique cette fois du Kazakhstan. On peut avancer de nombreuses raisons, spéculer sur ce qui était à l’origine de cet
ordre donné par quelqu’un à Kiev. Mais cela ne devrait que renforcer l’opinion de tous que cela ne peut pas continuer ainsi, que cette personne et toute son équipe doivent être
raisonnées, «rappelées à l’ordre».
D’ailleurs, aujourd’hui nos collègues américains ont suggéré qu’il serait peut-être possible d’instaurer un moratoire sur les attaques contre les
installations énergétiques. Nous avons expliqué que nous n’avions jamais mis en danger les systèmes d’approvisionnement énergétique de la population, et que nos cibles étaient uniquement
les installations qui desservent directement les forces armées ukrainiennes.
Nous avons rappelé que dans le cadre des discussions sur une possible reprise de l’accord de la mer Noire, la protection des installations énergétiques
avait été soulevée avec les médiateurs turcs. Nous avons exprimé notre volonté de discuter des modalités, mais ensuite Vladimir Zelensky lui-même y a renoncé.
Question : Les déclarations
de certains pays de l’UE sur leur désir d’être à la table des négociations ne sont-elles pas liées à leurs autres déclarations sur leurs droits historiques sur les terres ukrainiennes
?
Sergueï Lavrov : Je ne sais pas.
Mais de telles discussions ont lieu. Des politiciens en Roumanie en ont parlé tout récemment. Je ne vais pas spéculer.
Question : Vladimir
Zelensky a déclaré hier encore qu’il ne reconnaîtrait pas les résultats des négociations entre les États-Unis et la Russie. Dans quelle mesure, selon vous, la participation de Vladimir
Zelensky lui-même aux négociations est-elle importante pour parvenir à la paix ? Peut-il espérer participer à ce processus ?
Sergueï Lavrov : Il n’est pas
nécessaire d’entrer dans les détails ici, car ce sujet a été couvert de manière très détaillée par le président russe Vladimir Poutine dans sa récente interview avec Pavel Zaroubine. Je
n’ai rien à ajouter.
Question : Pour beaucoup,
il est évident que des tentatives sont faites pour torpiller l’établissement et la reprise des relations entre la Russie et les États-Unis. Que doit faire la Russie pour empêcher ces
tentatives de torpillage, pour protéger le processus ? Aujourd’hui, après quatre heures et demie en tête-à-tête avec les Américains, pensez-vous que leur volonté de rétablir les relations
avec la Russie est ferme ?
Sergueï Lavrov : Pour empêcher le
torpillage de l’établissement des relations entre la Russie et les États-Unis, il faut les établir. C’est ce que nous faisions aujourd’hui. Je dirai franchement, non sans succès.
Nous n’avons pas discuté de tout ce qui nous sépare encore. Mais l’approche conceptuelle du travail à venir a été déterminée par les présidents lors de leur
conversation téléphonique.
Nous avons ressenti une détermination
totale, une disposition concrète de nos collègues américains à promouvoir activement ce mouvement en avant, conformément à la directive des présidents. Et nous allons aussi nous en
occuper.
La Russie et les États-Unis ont
discuté à Riyad du fonctionnement de leurs ambassades et du règlement du conflit en Ukraine. Sergueï Lavrov a noté des avancées et rejeté une rumeur médiatique sur un prétendu plan de
paix inventé par Fox News. Il a également expliqué que Moscou n’accepterait aucune présence militaire étrangère en Ukraine.
«Nous avons presque
convenu qu’il est nécessaire de résoudre une fois pour toutes le problème du fonctionnement de nos missions diplomatiques. En ce qui concerne notre dialogue, tant sur les affaires
internationales que sur les relations économiques, le désir mutuel de trouver des solutions concrètes a été exprimé», a déclaré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires
étrangères, à l’issue des pourparlers avec la délégation américaine à Riyad. Il a également souligné que la nomination d’un ambassadeur de Russie aux États-Unis et d’un ambassadeur des
États-Unis en Russie devrait avoir lieu dès que possible.
Sergueï Lavrov a précisé qu’il y avait des raisons de croire que la partie américaine commence à mieux entendre la position de Moscou et a noté que cette
conversation était très utile.
Le règlement du conflit en
Ukraine au cœur des négociations
La question du règlement du conflit en Ukraine a également été discutée. Un accord a été trouvé pour engager un processus à cet effet. Sergueï Lavrov a
précisé : «Quant au deuxième
arrangement, nous avons convenu que le processus de règlement ukrainien serait bientôt engagé. La partie américaine indiquera celui qui représentera Washington dans le cadre de ce
travail. Dès que nous connaîtrons le nom et le titre du représentant concerné, nous désignerons immédiatement notre participant à ce processus, comme le président Poutine l’a déclaré au
président Trump».
Les deux délégations ont également évoqué le sujet de l’élargissement de l’OTAN et du statut de l’Ukraine. Selon Sergueï Lavrov, la position de la Russie
sur cette question a été expliquée au cours de ces pourparlers, notamment en ce qui concerne la présence de forces armées étrangères sous différentes bannières : «Le président Poutine
a souligné à plusieurs reprises que l’élargissement de l’OTAN, l’absorption de l’Ukraine dans l’OTAN constituaient une menace immédiate pour les intérêts et la souveraineté de la Russie.
C’est pour cela que, nous l’avons expliqué aujourd’hui, l’apparition de contingents des forces armées de pays de l’OTAN, mais sous un autre drapeau, sous le drapeau de l’Union européenne,
ou sous leurs drapeaux nationaux, ne change rien à cet égard. Ce n’est certainement pas acceptable pour nous».
Une autre fake news dans le paysage
médiatique occidental
Nouvelle journée, nouvelle «révélation» des médias occidentaux. Fox News, par la
voix de sa journaliste Jacqui Heinrich, a indiqué que les États-Unis et la Russie auraient conjointement proposé un plan en trois étapes pour régler le conflit en Ukraine. Une affirmation
pour le moins surprenante.
Selon ses informations, ce plan prévoirait un cessez-le-feu, l’organisation de nouvelles élections en Ukraine et la signature d’un accord final. Toutefois,
Washington a rapidement démenti l’existence d’une telle initiative. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a d’ailleurs posé la question directement à ses homologues
américains lors des négociations bilatérales, et la réponse a été sans équivoque : il n’y a jamais eu de plan en trois points.
«Je n’ai pas vu cette
information, je n’ai pas vu ces messages. Mais, à vrai dire, en parcourant les nouvelles aujourd’hui, j’ai vu un lien vers la déclaration du ministre polonais des Affaires étrangères
Radoslaw Sikorski, qui a affirmé en marge de la conférence de Munich qu’il s’était entretenu avec l’envoyé américain Keith Kellogg et que ce dernier l’avait informé d’un certain plan de
règlement, sans indiquer s’il s’agit de trois ou de quatre points. Mais en commentant ce plan, Sikorski a dit qu’il ne pouvait pas donner de détails, que ce plan était inhabituel mais
très intéressant. J’ai demandé aujourd’hui à Rubio et à Waltz ce que cela signifiait et ils ont répondu qu’il s’agissait d’une fausse nouvelle», a noté Sergueï Lavrov.
Les négociations entre la Russie et les États-Unis se sont tenues ce mardi 18 février à Riyad, en Arabie saoudite. La délégation russe était menée par
Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, accompagné de Iouri Ouchakov, conseiller en politique étrangère du président russe, et de Kirill Dmitriev, directeur général du Fonds
russe d’investissement direct. Du côté américain, les discussions étaient conduites par le secrétaire d’État Marco Rubio, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et l’envoyé
spécial Steven Witkoff.
Avec le désastre imminant du régime de Vladimir Zelensky qui approche à grand pas, de plus en plus d’informations apparaissent dans l’espace médiatique
occidental au sujet des futures élections présidentielles1 en
Ukraine qui doivent avoir lieu durant l’année 2025.
Selon les sondages sur les réseaux sociaux, l’ex-commandant en chef des forces armées ukrainiennes, et maintenant ambassadeur du pays au Royaume-Uni, Valeri
Zaloujny, est désigné en tant que gagnant des futures élections présidentielles2.
De plus, étant également le candidat-favori de l’Occident collectif, ce dernier commence à se préparer au processus électoral.
Si ce personnage est connu du grand public occidental crédule en tant que chef des armées qui n’a perdu son poste de commandant qu’à cause de désaccords
avec Zelensky sur les stratégies militaires à adopter pour mener la guerre, une autre face de ce dernier reste soigneusement dissimilée par les médias mainstream de la propagande
occidentale.
Et je ne parle guère du fait que le général Zaloujny a été envoyé par le président Zelensky en exil à Londres pour aucune autre raison que celle de la
grande popularité du militaire auprès des masses ukrainiennes, soit du grand danger de rivalité politique dans le cadre des futures élections présidentielles qu’il représente pour le
régime au pouvoir.
En parlant de cette personnalité du monde militaro-politique ukrainien, un autre fait mérite bien plus d’attention que celui des victoires de l’armée
ukrainienne datées de l’époque quand il était difficile de ne pas les avoir, vu le très important manque de moyens militaires initialement engagés par Moscou pour régler la question de
l’élargissement de l’infrastructure militaire du camp ennemi l’OTAN et de l’oppression des populations russes et pro-russes sur le sol ukrainien : celui que le général Valeri Zaloujny est un
ultranationaliste convaincu et un grand sympathisant de l’ensemble des mouvances ultranationalistes et néo-nazies de l’Ukraine.
Et cet «amour» est tout à fait partagé : le soutien de sa personne par un large éventail d’ultranationalistes et néo-nazis ukrainiens est indéniable.
Le Candidat des «chemises
brunes»
L’histoire des relations de Valeri Zaloujny avec les formations et les personnalités ultranationalistes et néo-nazies ukrainiennes est très longue.
Déjà en 2014, quand il n’était que le commandant adjoint du secteur «C» dans la zone de combat dans le Donbass, y compris à Slaviansk, Kramatorsk,
Debaltsevo et d’autres points stratégiques, Valeri Zaloujny avait déjà été en très étroite collaboration avec l’extrême droite ukrainienne qui constituait l’épine dorsale la plus motivée
des formations armées ukrainiennes. C’est de cette époque que date le début de ses relations fructueuses avec l’ultra radical Andrei Biletsky – la «star» militaire de l’Ukraine3,
ne cachant nullement ses convictions ultranationalistes et néo-nazies.
Avant le déclenchement de la phase active de la confrontation armée en février 2022, Biletsky était un homme politique, un député et, à l’époque de
«l’Opération Antiterroriste» ukrainienne dans le Donbass, le premier commandant du tristement célèbre régiment néo-nazi «Azov» qui, à ce titre, a commandé des opérations militaires dans
la région de Donetsk en 2014-2015.
La presse occidentale présente ces deux personnages – Valeri Zaloujny et Andrei Biletsky – en tant que deux forces politiques distinctes. Cette vision de la
réalité est tout à fait erronée.
Aujourd’hui, Biletsky, ayant de fortes chances de devenir un concurrent gênant pour Vladimir Zelensky lors des prochaines élections, son autorité et ses
soutiens personnels, cependant, sont clairement plus faibles que ceux de Zaloujny. Alors, le scénario le plus probable est que les forces ultranationaliste et néo-nazies qu’il encarne n’y
figureront pas en tant qu’une force politique autonome, mais plaideront en faveur de l’ex-commandant Zaloujny. À ce titre, Andrei Biletsky pourra prétendre à un important poste de
responsabilité en cas de victoire électorale du général.
Cela dit, le «partenariat» du général Zaloujny avec l’extrémiste Biletsky est loin d’être le seul au sein du monde «patriotique» ukrainien. Le rapprochement
tout particulier de Zaloujny avec l’extrême droite a eu lieu entre 2021 et 2024, lorsqu’il était commandant en chef des forces armées ukrainiennes et coordonnait l’ensemble des formations
militaires ukrainiennes, dont celles des ultranationalistes et néo-nazis : «Azov», «Aydar», «Donbass», «Svoboda», «Secteur Droit» et «le Corps National».
Quelques mois avant l’entrée de la Fédération de Russie en guerre, Dmitry Yarosh, le fondateur de l’organisation ultranationaliste ukrainienne «Secteur
Droit» (Pravy Sektor) et fervent admirateur assumé de Stepan Bandera (leader éminent et organisateur du mouvement ultranationaliste ukrainien du milieu du siècle dernier, responsable de
nombreux crimes de guerre), a annoncé sa nomination4 au
poste de conseiller de Valeri Zaloujny.
Cependant, vu la spécificité du très controversé Yarosh, des sources officielles n’ont pas confirmé cette information et le Bureau des relations publiques
de l’armée a déclaré que la nomination de Yarosh n’avait pas été officialisée. Plus tard, en décembre 2021, le service de presse de l’armée a refusé de divulguer des informations sur la
nomination de Yarosh, invoquant le caractère confidentiel des données.
Cette discrétion était tout à fait compréhensible : l’amitié ouverte du commandant en chef des forces armées ukrainiennes avec l’un des plus sulfureux
nationalistes ukrainiens pourrait jouer un mauvais tour à un militaire d’aussi haut rang.
Cela étant, malgré l’absence de divulgation du statut officiel au sein des forces armées ukrainiennes, Dmitry Yarosh a continué de diriger «l’Armée
Ukrainienne de volontaires», ce qui veut dire que ce dernier a bien été le conseiller, tout moins officieusement, du général Zaloujny.
En février 2023, Dmitry Yarosh a publiquement soutenu Valeri Zaloujny, plaidant pour le renforcement de la responsabilité des militaires en cas de
désobéissance et de désertion. Sur sa page Facebook5,
il a souligné la nécessité d’une telle loi pour maintenir la discipline dans l’armée et a exprimé son entière confiance dans les décisions du commandant en chef.
Un autre ultranationaliste notoire, Maxime Jorine, commandant-adjoint de la 3ème Brigade d’assaut et ancien commandant du régiment «Azov», est également un
grand partisan de Zaloujny. Il a publiquement exprimé son soutien au général. En particulier, en novembre 2023, répondant aux appels de la députée Mariana Bezugloy à la démission de
Zaloujny, Jorine a vivement critiqué de telles déclarations. Il a souligné que les députés ne devraient pas intervenir dans les affaires militaires, et a qualifié ces initiatives
«idiotes».6
En faisant très attention à ne jamais apparaitre officiellement dans les rangs des ultranationalistes et néo-nazis sous son commandement, Valeri Zaloujny
n’a pu, néanmoins, ne pas commettre des erreurs de parcours vis-à-vis de ses penchants personnels soigneusement dissimulés.
Notamment, en janvier 2023, dans le compte officiel de la Verkhovna Rada (Parlement) sur Twitter, une photo de Zaloujny a été publiée sur fond de portrait
du chef de l’Organisation des nationalistes ukrainiens, Stepan Bandera. Ce post, suscitant des réactions de colère en Pologne et en Israël a été, ensuite, supprimé.
Cependant, plus tard, Valeri Zaloujny n’hésite pas à poster une photo de lui-même tenant la copie de la chemise brodée portée par Bandera qu’il reçoit en
cadeau.7
En mai 2023, le général dévoile une vidéo de prière pour la libération de l’Ukraine inspirée de la «Prière du nationaliste ukrainien» écrite par Osip
Maschak dans les années 1920, ce qui témoigne clairement de son appel à des motifs nationalistes dans l’éducation patriotique.8
Le soutien des élites
occidentales
Ce penchant vers l’extrême droite dans les vues de Valeri Zaloujny ne l’a guère empêché d’obtenir un sérieux soutien des partenaires occidentaux de
l’Ukraine.
Devenu un politicien toxique pour l’Occident collectif, Vladimir Zelensky a envoyé ce militaire populaire au poste honorifique d’ambassadeur au Royaume-Uni.
Il est tout à fait certain que le président ukrainien aurait largement préféré éliminer Zaloujny en tant que son plus grand concurrent politique dans les futures élections présidentielles
– comme il l’a fait avec tant d’autres de ses rivaux. Néanmoins, étant considérablement dominé par ses superviseurs britanniques qui sont directement et très largement derrière les
néfastes événements que l’Ukraine a connus depuis 2014 et derrière la poursuite de la guerre sur le sol ukrainien, Zelensky n’a certainement pas pu leur refuser «l’exfiltration» vers
Londres de leur nouveau favori qui doit leur servir de remplaçant à l’actuel occupant du siège du pouvoir suprême sur l’Ukraine.
La vision de la couronne britannique sur V. Zaloujny en tant que personne très prometteuse pour occuper les postes-clés du pouvoir ukrainien ne date guère
d’hier. En tant que meilleur diplômé de l’Université nationale de défense de l’Ukraine, c’est déjà en 2014 que Zaloujny reçoit l’épée honoraire de la reine d’Angleterre, l’épée qui est
remise à des personnes exceptionnelles, ce qui témoigne de la grande attention portée par Londres au futur commandant de l’armée ukrainienne.
Les récents changements sur la scène politique internationale profitent également à ce candidat. Dans le contexte de la victoire de Donald Trump à
l’élection présidentielle américaine, l’image de Zaloujny en tant qu’homme politique de droite semble maintenant encore plus gagnante. Une équipe de politiciens conservateurs antilibéraux
a pris le pouvoir à la maison Blanche et Zelensky qui soutenait ouvertement le parti Démocrate américain et qui a joué l’un des rôles-clés dans la tentative de la destitution du président
Trump lors de son mandat précèdent, les dégoute profondément. De son côté, Zaloujny avec son parti nationaliste et une réputation immaculée auprès de l’administration Trump peut compter
sur son soutien dans la bataille politique à venir.
Étant populaire tant dans son pays qu’en Occident grâce à la large promotion dont il a bénéficié de la part des médias mainstream occidentaux, il est
évident que la classe politique des pays européens et des États-Unis, voyant dans les notes de popularité toujours élevées du général Valeri Zaloujny un grand potentiel politique, en plus
de la non-contradiction à leurs intérêts, préféreront soutenir ce candidat et pas un autre dans l’accès à la future présidence de l’Ukraine.
Cet article est dédié
à Roman Bortok, mon petit-cousin, officier de l’armée russe, mort au combat contre le mal qui gangrène l’Ukraine à l’âge de 28 ans, le 22 août 2024.
La paix en Ukraine pourrait ne rien
résoudre du tout. Cette guerre n’a pas été causée par une volonté expansionniste de la Russie, ainsi que l’assure la propagande atlantiste, mais par de réels problèmes. À se contenter de
reconnaître une modification des frontières, on ne traitera pas le fond.
Cette guerre est la résultante de
l’extension de l’OTAN au mépris de la parole donnée ; une extension qui menace directement la sécurité de la Russie dont les frontières sont trop grandes pour pouvoir être défendues. Pour
s’étendre en Ukraine, l’OTAN a soutenu des groupes néo-nazis qu’elle a placé au pouvoir et qui ont installé leurs lois dans ce pays. À cela s’est ajouté la résurgence d’un prétendu
conflit de civilisation entre valeurs européennes et asiatiques.
Il n’y aura pas de paix véritable tant
que les Occidentaux ne respecteront pas leur propre parole.
Les présidents Donald
Trump et Vladimir Poutine (photo de 2018).
Les présidents états-unien, Donald Trump, et russe, Vladimir Poutine, ont débuté officiellement des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Quelles que soient les solutions territoriales, elles ne régleront pas l’ensemble du contentieux. Celui-ci persistera probablement au-delà de la paix.
Trois problèmes se superposent :
1. L’extension de l’OTAN vers l’Est et
la doctrine Brzeziński
Lorsque les Allemands de l’Est renversèrent eux-mêmes le Mur de Berlin (9 novembre 1989), les Occidentaux, pris de surprise, négocièrent la fin des deux
Allemagnes. Durant toute l’année 1990 la question se posa de savoir si la réunification allemande signifierait que l’Allemagne de l’Est, en rejoignant celle de l’Ouest, entrerait ou pas
dans l’OTAN.
Lorsque le Traité de l’Alliance atlantique a été signé, en 1949, il ne protégeait pas certains territoires de certains signataires. Par exemple, les
territoires français du Pacifique (La Réunion, Mayotte, Wallis et Futuna, la Polynésie et la Nouvelle Calédonie) ne sont pas concernés. Il aurait donc été possible que, dans l’Allemagne
unifiée, l’OTAN ne soit pas autorisée à se déployer en Allemagne de l’Est.
Cette question est très importante pour les États d’Europe centrale et orientale qui ont été agressés par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale. Aux
yeux de leurs populations, voir des armes sophistiquées être installées à leur frontière était inquiétant. Plus encore pour la Russie, dont les immenses frontières (6 600 kilomètres) sont
indéfendables.
Lors du sommet de Malte (2 et 3 décembre 1989) entre les présidents états-uniens et russe, George Bush (le père) et Mikhaïl Gorbatchev, les États-Unis
firent valoir qu’ils n’étaient pas intervenus pour faire tomber le Mur de Berlin et qu’ils n’avaient aucune intention d’intervenir alors contre l’URSS.1
Le ministre ouest-allemand des Affaires étrangères, Hans-Dietrich Genscher, déclara que les changements en Europe de l’Est et le processus d’unification de
l’Allemagne ne devaient pas conduire à une «atteinte contre les
intérêts de sécurité soviétiques». Par conséquent, l’OTAN devrait exclure une «expansion de son
territoire vers l’est, c’est-à-dire un rapprochement des frontières soviétiques».
Les trois puissances occupantes de l’Allemagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, multiplièrent donc les engagements à ne pas étendre l’OTAN vers
l’Est. Le Traité de Moscou (12 septembre 1990) suppose que l’Allemagne réunifiée ne revendiquera pas de territoire sur la Pologne (ligne Oder-Neisse), et qu’aucune base de l’OTAN ne sera
présente en Allemagne de l’Est.2
Lors d’une conférence
de presse commune, en 1995, à la Maison-Blanche, le président Boris
Eltsine qualifie l’entretien qu’ils viennent d’avoir de «désastreux»,
provoquant l’hilarité du président Bill Clinton. Il vaut effectivement mieux
en rire qu’en pleurer.
Cependant, les Russes furent informés que le secrétaire d’État adjoint Richard Holbrooke faisait le tour des capitales pour préparer l’adhésion à l’OTAN
d’anciens États du Pacte de Varsovie. Le président Boris Eltsine harangua donc son homologue, Bill Clinton, lors du sommet de Budapest (5 décembre 1994) de la Conférence sur la sécurité
et la coopération en Europe (CSCE). Il déclara : «Notre attitude
vis-à-vis des plans d’élargissement de l’OTAN, et notamment de la possibilité que les infrastructures progressent vers l’Est, demeure et demeurera invariablement négative. Les arguments
du type : l’élargissement n’est dirigé contre aucun État et constitue un pas vers la création d’une Europe unifiée, ne résistent pas à la critique. Il s’agit d’une décision dont les
conséquences détermineront la configuration européenne pour les années à venir. Elle peut conduire à un glissement vers la détérioration de la confiance entre la Russie et les pays
occidentaux. (…) L’OTAN a été créée au temps de la guerre froide. Aujourd’hui, non sans difficultés, elle cherche sa place dans l’Europe nouvelle. Il est important que cette démarche ne
crée pas deux zones de démarcation, mais qu’au contraire, elle consolide l’unité européenne. Cet objectif, pour nous, est contradictoire avec les plans d’expansion de l’OTAN. Pourquoi
semer les graines de la méfiance ? Après tout, nous ne sommes plus des ennemis ; nous sommes tous des partenaires maintenant. L’année 1995 marque le cinquantième anniversaire de la fin de
la Seconde Guerre mondiale. Un demi-siècle plus tard, nous sommes de plus en plus conscients de la véritable signification de la Grande Victoire et de la nécessité d’une réconciliation
historique en Europe. Il ne doit plus y avoir d’adversaires, de gagnants et de perdants. Pour la première fois de son histoire, notre continent a une réelle chance de trouver l’unité. Le
manquer, c’est oublier les leçons du passé et remettre en question l’avenir lui-même». Bill Clinton lui répondit : «L’OTAN n’exclura
automatiquement aucune nation de l’adhésion. (…) Dans le même temps, aucun pays extérieur ne sera autorisé à mettre son veto à l’expansion».3
Lors de ce sommet, trois mémorandums furent signés, dont un avec l’Ukraine indépendante. En échange de sa dénucléarisation, la Russie, le Royaume-Uni et les
États-Unis s’y engageaient à s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de l’Ukraine.
Pourtant, lors des guerres de Yougoslavie, l’Allemagne intervint, en tant que membre de l’OTAN. Elle forma les combattants kosovars sur la base de
l’Alliance d’Incirlik (Türkiye), puis déploya ses hommes sur place.
Pourtant, au sommet de l’OTAN de Madrid (8 et 9 juillet 1997), les chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance annoncent se préparer à l’adhésion de la
Tchéquie, de la Hongrie et de la Pologne. En outre, ils envisagent aussi celle de la Slovénie et de la Roumanie.
Consciente qu’elle ne peut empêcher des États souverains de souscrire des alliances, mais inquiète des conséquences pour sa propre sécurité de ce qui se
prépare, la Russie intervient au sein de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), lors du sommet d’Istanbul (18 et 19 novembre 1999). Elle fait adopter une
déclaration posant le principe de la libre adhésion de tout État souverain à l’alliance de son choix et celui de ne pas prendre de mesures pour sa sécurité au détriment de celle de ses
voisins.
Pourtant, en 2014, les États-Unis organisèrent une révolution colorée en Ukraine, renversant le président démocratiquement élu (qui souhaitait maintenir son
pays à mi-chemin des États-Unis et de la Russie) et installant un régime néo-nazi publiquement agressif contre la Russie.
En 2004, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie adhérent à l’OTAN. En 2009, c’est l’Albanie et la
Croatie. En 2017, le Monténégro. En 2020 la Macédoine du Nord. En 2023, la Finlande, et en 2024, la Suède. Toutes les promesses ont été bafouées.
Pour bien comprendre comment on en est arrivé là, il faut aussi savoir ce que pensaient les États-Unis.
En 1997, l’ancien conseiller de sécurité du président Jimmy Carter, le Polono-États-unien Zbigniew Brzeziński, publie Le grand
échiquier. Il y disserte de «géopolitique» au sens originel, c’est-à-dire non pas de l’influence des données géographiques sur la politique internationale, mais d’un plan de
domination du monde.
Selon lui, les États-Unis peuvent rester la première puissance mondiale en s’alliant aux Européens et en isolant la Russie. Alors à la retraite, ce
démocrate offre aux straussiens une stratégie pour tenir la Russie en échec, sans pour autant leur donner raison. En effet, il soutient la coopération avec l’Union européenne, tandis que
les straussiens souhaitent au contraire freiner son développement (doctrine Wolfowitz). Quoi qu’il en soit, Brzeziński deviendra conseiller du président Barack Obama.
Monument à Lviv à la
gloire du criminel contre l’Humanité Stepan
Bandera
2. Nazification de
l’Ukraine
Au début de l’opération spéciale de l’armée russe en Ukraine, le président Vladimir Poutine a déclaré que son premier objectif était de dénazifier le pays.
Les Occidentaux ont alors feint d’ignorer le problème. Ils ont accusé la Russie de monter en épingle quelques faits marginaux bien qu’ils aient été observés à grande échelle durant une
décennie.
C’est que les deux géopoliticiens états-uniens rivaux, Paul Wolfowitz et Zbigniew Brzeziński, avaient fait alliance avec les «nationalistes intégraux»
(c’est-à-dire avec les disciples du philosophe Dmytro Dontsov et du chef de milice Stepan Bandera)4,
lors d’une conférence organisée par ces derniers à Washington, en 2000. C’est sur cette alliance que le département de la Défense avait misé, en 2001, lorsqu’il externalisa ses recherches
en guerre biologique en Ukraine, sous l’autorité d’Antony Fauci, alors conseiller Santé du secrétaire Donald Rumsfeld. C’est toujours sur cette alliance que le département d’État avait
misé, en 2014, avec la révolution colorée de l’Euromaïdan.
Les deux présidents juifs ukrainiens, Petro Porochenko et Volodymyr Zelensky, ont laissé se développer partout dans leur pays des mémoriaux rendant hommage
aux collaborateurs des nazis, particulièrement en Galicie. Ils ont laissé l’idéologie de Dmytro Dontsov devenir la référence historique. Par exemple, aujourd’hui, la population
ukrainienne attribue la grande famine de 1932-1933, qui fit entre 2,5 et 5 millions de morts, à une volonté imaginaire de la Russie d’exterminer les Ukrainiens ; un mythe fondateur qui ne
résiste pas à l’analyse historique5,
en effet, cette famine toucha bien d’autres régions d’Union soviétique. Au demeurant, c’est sur la base de ce mensonge que Kiev a réussi à faire croire à sa population que l’armée russe
voulait envahir l’Ukraine. Aujourd’hui plusieurs dizaines de pays, dont la France6 et
l’Allemagne7,
ont adoptés, à d’écrasantes majorités, des lois ou des résolutions pour valider cette propagande.
La nazification est plus complexe qu’on le croit : avec l’implication de l’OTAN dans cette guerre par procuration, l’Ordre Centuria, c’est-à-dire la
société secrète des nationalistes intégraux ukrainiens, a pénétré les forces de l’Alliance. Il serait, en France, déjà présent dans la Gendarmerie (qui, soit dit en passant, n’a jamais
rendu public son rapport sur le massacre de Boutcha).
L’Occident contemporain perçoit, à tort, les nazis comme des criminels massacrant prioritairement des juifs. C’est absolument faux. Leurs principaux ennemis
étaient les slaves. Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis assassinèrent quantité de gens, d’abord par balles puis, à partir de 1942, dans des camps. Les victimes civiles slaves de
l’idéologie raciale nazie, furent plus nombreuses que les victimes juives (environ 6 millions si l’on ajoute les personnes tuées par balles et celles tuées dans les camps). Au demeurant,
certaines victimes étant à la fois slaves et juives, elles sont comptabilisées dans chacun des deux bilans. Après les massacres de 1940 et 1941, environ 18 millions de personnes, de
toutes provenances, furent internées dans les camps de concentration, dont 11 millions au total y furent assassinés (1 100 000 au seul camp d’Auschwitz-Birkenau).8
L’Union soviétique, qui s’est déchirée durant la révolution bolchévique, n’a refait son unité qu’en 1941 quand Joseph Staline a fait alliance avec l’Église
orthodoxe et a mis fin aux massacres et aux internements politiques (les «goulags») pour lutter contre l’invasion nazie. La victoire contre l’idéologie raciale a fondé la Russie actuelle.
Le peuple russe se voit en pourfendeur du racisme.
3. Le rejet de la Russie hors de
l’Europe
Le troisième sujet de discorde entre l’Occident et la Russie s’est créé, non pas avant, mais durant la guerre d’Ukraine. Les Occidentaux ont adopté diverses
mesures contre ce qui symbolisait la Russie. On a, certes, pris des mesures coercitives unilatérales (qualifiées abusivement de «sanctions») au niveau des gouvernements, mais on a aussi
pris des mesures discriminatoires au niveau des citoyens. De nombreux restaurants ont été interdits aux Russes aux États-Unis ou des spectacles russes ont été annulés en Europe.
Symboliquement, nous avons accepté l’idée selon laquelle la Russie n’est pas européenne, mais asiatique (ce qu’elle est aussi partiellement). Nous avons
repensé la dichotomie de la Guerre froide, opposant le monde libre (capitaliste et croyant) au spectre totalitaire (socialiste et athée), en une opposition entre les valeurs occidentales
(individualistes) et celles de l’Asie (communautaires).
Derrière ce glissement, les idéologies raciales ressurgissent. J’avais noté, il y a trois ans, que le 1619
Project du New York
Times et la rhétorique woke du
président Joe Biden était en réalité, peut être à leur insu, une reformulation inversée du racisme9.
J’observe qu’aujourd’hui le président Donald Trump partage la même analyse que moi et a révoqué systématiquement toutes les innovations woke de son
prédécesseur. Mais le mal est fait : le mois dernier, les Occidentaux ont réagi à l’apparition du chinois DeepSeek en niant que des Asiatiques aient pu inventer et non copier un tel
logiciel. Certaines agences gouvernementales l’ont même interdit à leurs employés dans ce qui n’est autre d’une dénonciation du «péril jaune».
Faut-il censurer Léon
Tolstoï (1828-1910), l’auteur de «Guerre et Paix», comme le fait l’Ukraine où l’on
brûle ses livres parce qu’il était russe ?
4. Conclusion
Les négociations actuelles se focalisent sur ce qui est directement palpable par les opinions publiques : Les frontières. Or, le plus important est
ailleurs. Pour vivre ensemble, nous avons besoin de ne pas menacer la sécurité des autres et de les reconnaître comme nos égaux. C’est beaucoup plus difficile et n’engage pas que nos
gouvernements.
D’un point de vue russe, l’origine intellectuelle des trois problèmes examinés ci-dessus réside dans le refus anglo-saxon du Droit international10.
En effet, durant la Seconde Guerre mondiale, le président états-unien Franklin D. Roosevelt, et le Premier ministre britannique, Winston Churchill, convinrent lors du sommet de
l’Atlantique qu’après leur victoire commune, ils imposeraient leur loi au reste du monde. Ce n’est que sous la pression de l’URSS et de la France qu’ils acceptèrent les statuts de l’ONU,
mais ils ne cessèrent de les bafouer, contraignant la Russie à boycotter l’organisation lorsqu’ils refusèrent à la Chine populaire le droit d’y siéger. L’exemple criant de la duplicité
occidentale est donné par l’État d’Israël qui foule au pieds une centaine de résolutions du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et d’avis de la Cour internationale de justice.
C’est pourquoi, le 17 décembre 2021, alors que la guerre en Ukraine se faisait proche, Moscou a proposé à Washington11 de
la prévenir en signant un Traité bilatéral apportant des garanties à la paix.12
L’idée de ce texte était, ni plus, ni moins, que les États-Unis renoncent au «monde fondé sur des règles» et se rangent derrière le Droit
international. Ce droit, imaginé par les Russes et les Français juste avant la Première Guerre mondiale, consiste uniquement à respecter sa
parole sous les yeux des opinions publiques.
L’OTAN est sur le point de connaître un tournant. Il convient de rappeler que l’alliance militaire la plus réussie de l’histoire du monde a débuté comme
un projet de paix et que son succès futur dépend de sa capacité à maintenir la paix.
Mais aujourd’hui, au lieu de la paix, l’ordre du jour est la poursuite de la guerre ; au lieu de la défense, c’est l’offensive.
Tout cela va à l’encontre des valeurs fondatrices de l’OTAN.
L’expérience de la Hongrie montre que de telles transformations ne mènent jamais dans la bonne direction. La tâche aujourd’hui devrait être de préserver
l’alliance en tant que projet de paix.
Lorsque nous devons faire des déclarations sur l’OTAN, nous, les Hongrois, nous trouvons une position particulière. Notre adhésion à l’OTAN a été la
première depuis plusieurs siècles où la Hongrie a volontairement rejoint une alliance militaire. L’importance de notre adhésion ne devient évidente qu’à la lumière de l’histoire de la
Hongrie.
L’histoire de la Hongrie du XXe siècle est aussi, malheureusement, une histoire de défaites militaires. Notre expérience collective est celle de guerres
périodiques menées au sein de systèmes d’alliances dont nous ne voulions pas faire partie à l’origine et qui ont été établies dans un but de conquête ou du moins dans un but
explicitement militariste. Malgré tous nos efforts pour rester à l’écart des deux guerres mondiales et malgré toute la véhémence avec laquelle nous avons tenté d’avertir les pays avec
lesquels nous avons été contraints de nous allier, chaque fois, la Hongrie a connu une défaite qui a presque effacé la surface de la Terre.
Même si le pire n’est pas arrivé, nos pertes ont été colossales. Ces guerres ont laissé la Hongrie sans contrôle sur son avenir. Après 1945, nous sommes
devenus une partie involontaire du bloc soviétique, et donc aussi du Pacte de Varsovie, l’alliance militaire du bloc de l’Est. Les Hongrois ont protesté de toutes leurs forces. Nous
avons fait tout ce que nous pouvions pour provoquer la chute du Pacte de Varsovie. En 1956, notre révolution a enfoncé le premier clou dans le cercueil du communisme et, alors que ce
système était finalement renversé, notre Premier ministre de l’époque a été le premier dirigeant de l’ancien bloc de l’Est à déclarer (à Moscou !) que le Pacte de Varsovie devait être
dissous. Le reste appartient à l’histoire. L’alliance militaire qui nous avait été imposée s’est presque immédiatement dissoute et quelques jours seulement après cette fameuse réunion
de Moscou, le ministre des Affaires étrangères hongrois était à Bruxelles pour négocier le début de notre processus d’adhésion à l’OTAN.
Lorsque la nation hongroise a rejoint l’OTAN, elle n’avait pas été membre volontaire d’une alliance militaire depuis longtemps – peut-être même cinq
cents ans. On ne saurait trop insister sur l’importance de cette circonstance. Outre notre
désir naturel de nous libérer de la domination soviétique et de rejoindre l’Occident, un facteur particulier a rendu l’OTAN attrayante pour nous : nous rejoignons enfin une alliance
militaire qui s’engageait non pas à faire la guerre mais à maintenir la paix, non pas à étendre ses activités offensives mais à nous défendre et à défendre les uns les autres.
Du point de vue hongrois, nous n’aurions pas pu espérer mieux.
Nous sommes toujours de cet avis et jusqu’à présent, rien n’est venu le remettre en question. Il convient néanmoins de rappeler brièvement pourquoi, il
y a 25 ans, nous avons vu dans l’OTAN notre garantie de paix et de défense. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la Hongrie était coupée de son environnement civilisationnel naturel
– l’Occident – et, plus immédiatement, de toute l’Europe. Il serait bon de rappeler les paroles du président
américain Harry S. Truman, qui, lors de la fondation de l’Alliance, en résumait l’essence de la manière suivante :
Avec ce pacte,
nous espérons créer un bouclier contre l’agression et la peur de l’agression, un rempart qui nous permettra de nous consacrer aux véritables tâches du gouvernement et de la société, à
savoir assurer une vie plus épanouissante et plus heureuse à tous nos citoyens.
Les propos du président Truman coïncidaient avec les aspirations de l’histoire hongroise : la paix. En les lisant aujourd’hui, il est clair que le
concept qui sous-tendait l’OTAN était clairement celui d’une alliance militaire pour la défense. Sa tâche principale était de créer un environnement géopolitique dans lequel les
membres de l’alliance se défendraient mutuellement. Il s’agit non seulement d’une garantie de sécurité, mais aussi d’un avantage concurrentiel. Les garanties mutuelles permettent à
chaque pays membre d’orienter ses ressources vers le développement économique plutôt que vers la prévention des menaces militaires. Mais un autre élément important du discours du
président Truman était présent : l’OTAN n’assure pas seulement la défense et la dissuasion, mais elle rassure également les acteurs extérieurs.
Je peux dire avec certitude que ce qui a finalement convaincu les Hongrois de rejoindre l’OTAN, en plus d’un désir général d’intégration à l’Occident,
c’est la promesse de paix de l’OTAN. Il y a 25 ans, le 16 septembre 1999, en tant que Premier ministre, j’étais présent lorsque le drapeau hongrois a été hissé au siège de l’OTAN à
Bruxelles. Voici comment j’ai résumé ce que signifiait pour nous l’adhésion à la plus grande alliance militaire du monde : «Pour la Hongrie,
adhérer à l’OTAN signifie aussi la paix. Pour mener une guerre, même victorieuse, il suffit d’avoir des ennemis ; mais pour instaurer une paix durable dans cette partie du monde, il
est impossible d’avoir des alliés». Depuis lors, je suis de près l’évolution de la vision de l’Alliance pour l’avenir et la manière dont la Hongrie remplit les engagements
qu’elle a pris lors de son adhésion. Je l’ai fait non seulement par sens général de responsabilité politique envers la Hongrie, mais aussi en raison de mes souvenirs personnels et de
mon engagement direct.
Le sens de l’honneur et la compréhension claire de ses propres intérêts font qu’un pays qui adhère volontairement à une alliance militaire a pour
obligation minimale de remplir ses engagements envers cette alliance. Cela tient notamment au fait que l’objectif initial de l’OTAN, à savoir garantir la paix, exige force,
détermination et expérience. La Hongrie a fait tout ce qu’elle pouvait pour accroître sa force, démontrer sa détermination et acquérir de l’expérience dans le maintien de la paix.
Ainsi, avec nos alliés de l’OTAN, nous avons participé à la mission de la FIAS en Afghanistan, où la Hongrie a été le premier pays membre à assumer le rôle national de chef d’une
équipe de reconstruction provinciale. Nous sommes membre de la KFOR, la mission de maintien de la paix au Kosovo, depuis le premier jour en 1999, et la Hongrie est le quatrième
contributeur de cette mission en termes de forces sur le terrain. En outre, la Hongrie assure la défense aérienne de deux autres alliés de l’OTAN, la Slovaquie et la Slovénie, et, à
tour de rôle, des États baltes. Nous hébergeons également le quartier général de la division multinationale du Centre d’Europe centrale, un élément clé du système de coopération
militaire faisant partie de l’aile orientale de l’OTAN.
La Hongrie estime également que, en plus de participer à des missions, nous ne pouvons exiger la solidarité des autres pays membres de l’OTAN que si
nous sommes en mesure de nous défendre. C’est une question fondamentale de souveraineté. Afin de reconstruire les capacités de défense de la Hongrie, nos dépenses de défense s’élèvent
déjà en 2023 à 2% du PIB, conformément aux engagements que nous avions pris lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles l’année précédente. D’ici le sommet de l’OTAN de juillet à
Washington, outre la Hongrie, les deux tiers des pays membres devraient avoir satisfait à cette exigence. En 2016, la Hongrie a également lancé un programme complet de modernisation
des forces armées et nous consacrons 48% du budget de la défense au développement des forces armées, soit plus du double des besoins de l’OTAN. Cela fait de nous l’un des dix pays
membres les plus performants. Nous achetons les équipements les plus modernes pour les forces armées hongroises. Nos soldats utilisent déjà des chars Leopard, de nouveaux hélicoptères
Airbus et des véhicules blindés Lynx et Gidrán, et nous avons acquis des unités du système de défense aérienne NASAMS. Grâce également à la modernisation organisationnelle qui se
déroule parallèlement aux acquisitions, les forces de défense hongroises sont passées du niveau de combat au niveau opérationnel.
La reconstruction de l’industrie de défense hongroise est également en cours. La guerre en Ukraine a montré que les pays européens membres de l’OTAN
sont confrontés à un sérieux déficit de capacités industrielles militaires. Le développement de notre industrie de défense avait déjà commencé bien avant le déclenchement de la
guerre, dans le cadre des plans de développement économique de la Hongrie, mais il est devenu depuis un facteur clé pour la position future de l’OTAN. L’industrie de défense hongroise
se concentre sur six secteurs prioritaires : la fabrication de véhicules de combat et autres véhicules militaires, la production de munitions et d’explosifs, les systèmes de
communication radio et par satellite, les systèmes radar, la production d’armes légères et de mortiers, l’industrie aérospatiale et le développement de drones.
Le renforcement des forces armées et de l’industrie de défense hongroises profite non seulement à la Hongrie, mais aussi à l’OTAN dans son ensemble. La
Hongrie est un allié qui, en plus d’être un partenaire loyal, est prêt à coopérer activement avec les autres membres de l’Alliance pour atteindre ses objectifs de préservation de la
paix et de garantie d’un développement prévisible.
Aujourd’hui, l’OTAN est de loin l’alliance militaire la plus puissante du monde, tant en termes de dépenses de défense que de capacités militaires. La
Hongrie, comme nous l’avons vu, fait mieux que ce qu’elle peut en termes de développement de ses capacités de défense, de participation à des missions et de développement de ses
forces militaires. Mais lorsqu’il s’agit de l’avenir de l’OTAN, nous ne sommes pas entièrement d’accord avec la majorité des pays membres. Aujourd’hui, de plus en plus de voix au sein
de l’OTAN plaident en faveur de la nécessité, voire de l’inévitabilité, d’une confrontation militaire avec les autres centres de puissance géopolitique du monde. Cette perception
d’une confrontation inévitable fonctionne comme une prophétie autoréalisatrice. Plus les dirigeants de l’OTAN croiront que le conflit est inévitable, plus ils contribueront à le
déclencher.
Aujourd’hui, le caractère autoréalisateur de cette prophétie de confrontation devient de plus en plus évident, avec les nouvelles selon lesquelles les
préparatifs ont commencé en vue d’une éventuelle opération de l’OTAN en Ukraine – et même des rapports de haut niveau selon lesquels des troupes des pays membres de l’OTAN sont déjà
près du front ukrainien. Heureusement, la Hongrie a conclu un accord important avec l’OTAN qui reconnaît notre rôle essentiel au sein de l’alliance tout en nous exemptant de ses
efforts de soutien direct en Ukraine, qu’ils soient militaires ou financiers. En tant que nation éprise de paix, nous considérons l’OTAN comme une alliance défensive – ce que cet
accord contribue à garantir. Ceux qui plaident en faveur de la confrontation fondent généralement leurs arguments sur la supériorité militaire de l’OTAN et du monde occidental.
Le grand historien Arnold Toynbee a affirmé que «les civilisations
meurent par suicide, non par meurtre». En tant qu’alliance militaire la plus puissante que le monde ait jamais connue, ce n’est pas une défaite face à un ennemi extérieur que
nous devons craindre. Un ennemi extérieur, s’il a un peu de bon sens, n’osera pas lancer une attaque contre un pays membre de l’OTAN. Mais nous devrions craindre de rejeter les
valeurs qui ont donné naissance à notre alliance. L’objectif de la création de l’OTAN était d’assurer la paix dans l’intérêt d’un développement économique, politique et culturel
stable. L’OTAN remplit son objectif lorsqu’elle obtient la paix, et non la guerre. Si elle choisit le conflit plutôt que la coopération, et la guerre plutôt que la paix, elle se
suicidera.
Bien entendu, il incombe à chaque pays membre d’apporter de nouvelles perspectives à la stratégie, en plus de sa propre vision du monde et de son
expérience, mais ces visions du monde sont influencées par les différentes expériences des différents pays. À cet égard, l’expérience uniforme des pays occidentaux est celle de la
victoire – ils ont remporté successivement les guerres des siècles passés. Lorsqu’il s’agit de la question de la guerre ou de la paix, il n’est pas étonnant qu’ils soient moins
prudents. Mais l’expérience historique hongroise montre que lorsqu’une alliance militaire passe de la défense à l’attaque, de l’évitement du conflit à la recherche du conflit, elle
s’achète un billet pour la défaite. C’est ce qui est arrivé aux Hongrois avec les systèmes d’alliance qui nous ont été imposés au cours du XXe siècle. Ces systèmes d’alliances
favorisaient le conflit et la guerre, et en temps de guerre, ils ont complètement échoué. En revanche, l’OTAN existe depuis le tout début en tant qu’alliance défensive. Notre tâche
est donc de la préserver en tant que ce pour quoi elle a été créée : un projet de paix.
C’est énorme ! Viktor Orban de Hongrie vient de faire une visite surprise colossale à Moscou, rencontrant Vladimir Poutine. C’est peut-être la meilleure
chose en termes d’efforts diplomatiques réels que nous ayons vus depuis les négociations ratées d’Istanbul. Oh Hongrie, beau phare d’espoir !
Ceci est très significatif pour plusieurs raisons :
• Premièrement,
la Hongrie vient de prendre la présidence tournante du Conseil de l’UE, donc il a une influence significative sur l’agenda du bloc.
• Deuxièmement,
il vient également de visiter Kiev et a maintenant une très bonne idée de la position de Zelensky, bien que nous ne sachions pas exactement de quoi ils ont parlé.
• Troisièmement,
la Hongrie a également participé au Sommet de la Paix en Suisse, donc elle est également incluse dans ce flux de discussions.
• Et
quatrièmement, n’oublions pas, la Hongrie est membre de l’OTAN, donc elle sera à la grande réunion de l’OTAN la semaine prochaine à Washington.
• Et
maintenant des discussions avec le président russe. Eh bien, la Hongrie participe vraiment à tout.
Gardez tout cela à l’esprit lorsque nous lisons maintenant le document officiel que le Kremlin vient de publier sur sa page d’accueil, en anglais, avec
les traductions des discours des deux dirigeants. Et encore une fois, c’est en anglais, donc bien sûr pour la consommation occidentale !
Déclaration de
Vladimir Poutine durant la conférence de presse à Moscou
Vladimir Poutine :
• Comme
lors de nombreuses réunions précédentes, nous avons eu une conversation franche et très utile.
• Tant
sur les aspects de l’interaction bilatérale que sur les questions urgentes de l’agenda international et régional, y compris la situation autour de l’Ukraine.
• Je
voudrais souligner que la Russie et la Hongrie poursuivent leur coopération dans un certain nombre de domaines, principalement dans le secteur de l’énergie.
• Les
principes clés sont un pragmatisme sain et un bénéfice mutuel. Les travaux se poursuivent sur un projet commun visant à agrandir la centrale nucléaire.
La mise en service des cinquième et sixième unités fera plus que doubler la capacité de cette station.
• L’approvisionnement
énergétique de l’économie hongroise sera ainsi amélioré, l’approvisionnement des entreprises industrielles et des ménages en énergie bon marché.
• Lors
de la construction de nouveaux blocs, seules des solutions d’ingénierie et technologiques avancées sont utilisées.
• Les
exigences en matière de sécurité physique et environnementales sont pleinement garanties.
• Nous
continuons d’entretenir des relations et des interactions dans le domaine de la médecine et de l’industrie pharmaceutique.
• Nous
sommes favorables à la poursuite du travail dans les domaines prioritaires de la coopération.
• Il
y a eu un échange de vues assez approfondi, honnête et direct sur les questions internationales actuelles.
• Y
compris le conflit ukrainien. Ils ont également évoqué les moyens possibles de résoudre ce problème. Le Premier ministre a parlé de ses récentes rencontres à Kiev.
• Où
il a fait un certain nombre de propositions et, en particulier, un appel à un cessez-le-feu afin de créer les conditions pour le début des négociations avec la
Russie.
• Quant
à la Russie, nous avons toujours été et restons ouverts à la discussion d’un règlement politique et diplomatique.
Cependant, de l’autre côté, nous entendons parler de réticences à résoudre le problème exactement de cette manière.
• Les
sponsors de l’Ukraine continuent d’essayer d’utiliser ce pays et son peuple comme un bélier.
• Utilisation
en tant que victime de la confrontation avec la Russie.
À notre avis, compte tenu de l’état des choses, compte tenu de ce que nous avons entendu aujourd’hui, Kiev n’est toujours pas prête à abandonner l’idée
de mener une guerre vers une fin victorieuse.
Le régime de Kiev n’admet pas non plus l’idée même d’une cessation des hostilités, car dans ce cas, le prétexte pour prolonger la loi martiale
disparaît.
Et si la loi martiale doit être levée, cela signifie qu’il faudra organiser des élections, qui n’ont jamais eu lieu à temps, et des élections
présidentielles, qui n’ont jamais eu lieu à temps.
Mais les chances de les remporter pour les dirigeants ukrainiens qui ont perdu leur cote et leur légitimité sont proches de zéro.
• Nos
initiatives de paix ont été décrites tout récemment lors de ma rencontre avec les dirigeants du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.
• Sa
mise en œuvre permettrait d’arrêter les hostilités et d’entamer des négociations. De plus, cela ne devrait pas être simplement une trêve ou une suspension temporaire des
tirs.
Il ne s’agit pas d’une sorte de pause que le régime de Kiev pourrait utiliser pour récupérer ses pertes, se regrouper et se réarmer.
• La
Russie représente la fin définitive du conflit.
Les conditions pour cela, comme je l’ai déjà dit, ont été énoncées dans mon discours au ministère des Affaires étrangères.
Nous parlons du retrait complet de toutes les troupes ukrainiennes des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Zaporojie et de
Kherson.
• Il
existe d’autres conditions, mais tout cela fera l’objet d’un examen approfondi au cours d’un éventuel travail commun.
• M.
Orban et moi avons échangé nos points de vue sur la situation des relations entre la Russie et l’Union européenne, qui sont actuellement au plus bas.
• Nous
avons également discuté des principes possibles d’une éventuelle future architecture de sécurité en Europe. Dans l’ensemble, les négociations ont été très opportunes et utiles pour
les deux parties.
• Bien
sûr, M. le Premier ministre a présenté le point de vue occidental généralement familier. Y compris du point de vue des intérêts de l’Ukraine.
Néanmoins, nous sommes reconnaissants envers M. le Premier ministre pour sa visite à Moscou.
Nous considérons cela comme une tentative de rétablir le dialogue et de lui donner une impulsion supplémentaire.
envoyé par Michelsvrin
Orbán est arrivé en Chine pour une «mission de paix»
Le premier ministre hongrois Viktor Orbán considère la Chine comme un pays clé qui pourrait créer les conditions pour des négociations entre la Russie et l’Ukraine.
«La Chine est une
puissance clé dans la création des conditions de la paix dans la guerre Russie-Ukraine. C’est pourquoi je suis venu rencontrer le président Xi à Pékin, deux mois seulement après sa
visite officielle à Budapest», a
publié sur X Viktor Orbán.
«Mission de paix
3.0», a-t-il plus tôt publié sur X avec une photo le montrant ce lundi matin à l’arrivée à l’aéroport de Pékin où il a été reçu par le vice-ministre des Affaires étrangères et
porte-parole en chef Hua Chunying.
«Le président Xi
Jinping vient de rencontrer le Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Le président Xi a félicité la Hongrie pour son accession à la présidence de l’UE et a souligné l’influence
stratégique et mondiale des relations sino-européennes», a publié sur X Hua Chunying.
«La Chine et l’UE
doivent continuer à développer leurs relations de manière stable et saine et travailler ensemble pour relever les défis mondiaux. Ils doivent se considérer mutuellement comme des
partenaires et faire de la coopération l’élément déterminant de leurs relations, promouvoir l’ouverture bilatérale, renforcer la coordination internationale et contribuer à la paix, à
la stabilité, au développement et à la prospérité dans le monde», a-t-elle continué.
«Le président Xi
et le Premier ministre hongrois, ont eu des échanges approfondis sur la crise ukrainienne», a-t-elle souligné, adjoignant : «Le président Xi a
félicité le Premier ministre Orbán pour ses efforts visant à rechercher une solution politique».
«Il a souligné
qu’un cessez-le-feu rapide et un règlement politique de la crise étaient dans l’intérêt de tous. La priorité est désormais de veiller à ce qu’il n’y ait aucune expansion du champ de
bataille, aucune escalade des combats et aucune provocation de la part d’aucune partie, et d’œuvrer à une désescalade le plus rapidement possible», stipule la porte-parole de
Xi.
«La communauté
internationale devrait fournir les conditions et le soutien nécessaires à la reprise du dialogue direct et des négociations entre les deux parties. Ce n’est que lorsque tous les
grands pays joueront un rôle positif plutôt que négatif qu’une perspective rapide de cessez-le-feu pourra émerger», rajoute-t-elle.
«La Chine, à sa
manière, promeut activement les pourparlers de paix et encourage et soutient tous les efforts propices à un règlement pacifique», tient-elle à dire.
«La Chine et la
Hongrie partagent les mêmes propositions fondamentales et travaillent dans la même direction. La Chine restera en contact avec la Hongrie et les parties concernées», conclut Hua
Chunying.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, en visite à Pékin, a déclaré qu’il
se rendrait ensuite à Washington. «Prochain arrêt:
Washington», a-t-il écrit sur sa page Instagram.
Le 5 juillet, Viktor Orbán a discuté avec
le président russe Vladimir Poutine à Moscou des moyens possibles visant à régler le conflit en Ukraine et à commencer des négociations de paix. Le 2 juillet, il s’était rendu à
Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Il faudrait vérifier ce qui s’est passé lors de la dernière visite du Premier ministre hongrois en France, le 26 juin dernier : Il semble bien qu’il ait emporté dans ses
bagages le képi du Général de Gaulle. Après Kiev et Moscou et en attendant Washington, Viktor Orban continue sa tournée des capitales en plaidant pour une négociation de paix en Ukraine.
Le contraste est entier avec un Emmanuel Macron désormais persona non grata au Kremlin et que plus personne ne prend au sérieux sur la scène internationale.
A Washington et à Bruxelles, on feint de s’étrangler : Après Kiev et Moscou, voici Pékin puis, la semaine prochaine,
ce sera le sommet de l’OTAN à Washington. Viktor Orban va voir les belligérants et les protagonistes du bras de fer géopolitique en cours pour plaider une négociation et la fin de la guerre en
Ukraine.
Le rôle que Macron n’a pas su jouer
Premier intérêt de la tournée du Premier ministre hongrois : Elle permet de voir où en sont les différents pays. Depuis quelques jours, Zelensky
cherche un moyen d’entamer une négociation. Mais Vladimir Poutine fait désormais de l’évacuation de l’armée ukrainienne des quatre territoires devenus russes (Kherson, Zaporojie, Donetsk et
Lougansk) un préalable au démarrage de toute négociation. La Chine appuie la démarche hongroise, qu’elle considère équivalente à la sienne et critique mezzo voce les Etats-Unis qui ne veulent pas
favoriser la diplomatie.
Deuxième intérêt de la tournée du Premier ministre hongrois : Remettre l’Union Européenne dans le jeu diplomatique. Certes Madame von der Leyen
proteste, Josep Borrell explique qu’Orban ne représente pas l’Union. Il n’empêche, pour le reste du monde, Viktor Orban est celui qui assume actuellement, et pour six mois, la présidence
tournante du Conseil européen.
Troisième intérêt : Rappeler qu’un pays de 10 millions d’habitants est capable de jouer un rôle diplomatique important.
La Hongrie est désormais plus crédible que la France ou l’Allemagne sur la question du conflit ukrainien.
Viktor Orban a bien dérobé le képi du Général de Gaulle et il le porte fièrement
Nous confirmons ce que nous avions indiqué à nos lecteurs voici quelques jours: Le Premier ministre hongrois a bien dérobé le képi du Général de Gaulle lors de sa visite en France, le 26 juin
dernier. Mieux : Il le porte sans complexes ! Eric Denecé, du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, insiste sur l’importance du discours prononcé par Viktor Orbanil y a quelques
jours devant un public de jeunes Hongrois. Et le traducteur de la version anglaise, Bruno Bertez, affirme : “Le
week-end dernier, le discours
géopolitique le plus important de la décennie a été prononcé par Viktor Orbán , l’ennemi numéro un de l’establishment européen. Le discours lui-même – une analyse de l’état du monde,
de l’Occident et de l’Europe en particulier – est probablement la
plus puissante démolition jamais faite du paradigme géopolitique et culturel dominant de l’Occident “.
Nous donnons ici les extraits du discours de Viktor Orbán, traduits par le site brunobertez.com. Cet
article n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
“C’est un discours magistral, dans
lequel Orbán aborde un large éventail de sujets : La guerre en Ukraine, les relations Europe-États-Unis, la disparition de l’hégémonie occidentale et le déplacement géopolitique mondial vers le
Sud et l’Est en cours, l’importance de l’État-nation, l’Union européenne (UE) comme exemple par excellence du changement mondialiste et oligarchique dans la politique occidentale, Donald Trump,
le rôle de la Hongrie dans tout cela, et bien plus encore.”
EXTRAITS DE LA CONFERENCE DU PREMIER MINISTRE HONGROIS VIKTOR ORBAN A LA 33° UNIVERSITE D’ETE LIBRE ET CAMP D’ETUDIANTS DE BALVANYOS, COMMUNEMENT APPELEE LE FESTIVAL TUSVANYOS
Sur la mission de paix hongroise et la politique pro-guerre de l’UE
Bruxelles a condamné les efforts de la mission de paix hongroise. J’ai essayé – sans succès – d’expliquer qu’il existe un devoir chrétien. Cela signifie que si vous voyez quelque chose de
mauvais dans le monde – surtout quelque chose de très mauvais – et que vous avez un instrument pour y remédier, alors c’est un devoir chrétien d’agir, sans contemplation ni réflexion
excessives. La mission de paix hongroise répond à ce devoir. Je
voudrais rappeler à tous que l’UE a un traité fondateur qui contient ces mots exacts : « L’objectif de l’Union est la paix ».
[Pourtant] Bruxelles est offensée que nous décrivions ce qu’elle fait comme une politique pro-guerre .
Orwell avait peut-être raison quand il écrivait que dans la « novlangue », la paix est la guerre et la guerre est la paix. Malgré toutes les critiques, rappelons-nous que depuis le début de
notre mission de paix, les ministres de la Guerre américain et russe se sont parlé, les ministres des Affaires étrangères suisse et russe ont eu des entretiens, le président Zelensky a
finalement appelé le président Trump et le ministre ukrainien des Affaires étrangères s’est rendu à Pékin. La fermentation a donc commencé et nous
passons lentement mais sûrement d’une politique européenne pro-guerre à une politique pro-paix . C’est
inévitable, car le temps joue en faveur de la politique de paix . La réalité s’est imposée aux Ukrainiens et il appartient désormais aux Européens de revenir à la raison, avant
qu’il ne soit trop tard : « Trump ante portas ». Si d’ici là l’Europe ne passe pas à une politique de paix, alors après la victoire de Trump elle devra le faire en admettant sa défaite,
couverte de honte et en admettant seule la responsabilité de sa politique.
Comment la guerre a révélé la réalité du monde d’aujourd’hui
Mais, Mesdames et Messieurs, le sujet de notre exposé d’aujourd’hui n’est pas la paix. En fait, pour ceux qui réfléchissent à l’avenir du monde et des Hongrois qui y vivent, trois grandes
questions se posent aujourd’hui.
La première est la guerre, ou plus précisément un effet secondaire inattendu de la guerre. C’est le fait que la
guerre révèle la réalité dans laquelle nous vivons . Cette réalité n’était pas visible et n’aurait pas pu être décrite auparavant, mais elle a été illuminée par la lumière
fulgurante des missiles tirés pendant la guerre.
La deuxième grande question qui se pose est celle
de l’après-guerre . Un
nouveau monde verra-t-il le jour ou l’ancien perdurera-t-il ?
Et si un nouveau monde est en train de naître – et c’est notre troisième grande question – comment la Hongrie doit-elle s’y préparer ?
Alors, à propos de la réalité révélée par la guerre. Chers amis, la
guerre est notre pilule rouge . Pensez aux films « Matrix ». Le héros est confronté à un choix. Il a le choix entre deux pilules : s’il avale la pilule bleue, il peut rester dans
le monde des apparences superficielles ; s’il avale la pilule rouge, il peut regarder et descendre dans la réalité. La
guerre est notre pilule rouge : c’est ce qui nous a été donné, c’est ce que nous devons avaler. Et maintenant, armés de nouvelles expériences, nous devons parler de la réalité .
C’est un cliché de dire que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Il est important d’ajouter que la
guerre est la continuation de la politique sous un angle différent . Ainsi, la guerre, dans son implacabilité, nous amène à un nouveau point de vue, à un point de vue élevé. Et de
là, elle nous donne une perspective complètement différente, jusqu’alors inconnue. Nous nous trouvons dans un nouvel environnement et dans un nouveau champ de forces concentré. Dans cette
pure réalité, les idéologies perdent leur pouvoir, les tours de passe-passe statistiques perdent leur pouvoir, les distorsions médiatiques et la dissimulation tactique des politiciens perdent
leur pouvoir. Les
illusions répandues, ou même les théories du complot, n’ont plus aucun sens. Ce qui reste, c’est la réalité brutale et cruelle .
Par souci de clarté, j’ai répertorié sous forme de puces tout ce que nous avons vu depuis que nous avons avalé la pilule rouge : Depuis le déclenchement de la guerre en février 2022.
Pourquoi la paix en Ukraine ne peut être instaurée que de l’extérieur
Premièrement, la
guerre a fait des centaines de milliers de victimes de part et d’autre . J’ai rencontré récemment des gens de chaque côté et je peux dire avec certitude qu’ils ne veulent pas
s’entendre. Pourquoi ? Il y a deux raisons. La première est que chacun d’eux pense pouvoir gagner et veut se battre jusqu’à la victoire. La deuxième est que chacun est animé par sa propre
vérité, réelle ou perçue. Les Ukrainiens pensent qu’il s’agit d’une invasion russe, d’une violation du droit international et de la souveraineté territoriale, et qu’ils mènent en fait une
guerre d’autodéfense pour leur indépendance.
Les Russes pensent que l’OTAN a fait des progrès importants en Ukraine, que l’Ukraine s’est vu promettre l’adhésion à l’OTAN et qu’ils ne veulent pas voir de troupes ou d’armes de l’OTAN à la
frontière russo-ukrainienne. Ils disent donc que la Russie a le droit de se défendre et qu’en fait cette guerre a été provoquée.
Chacun a donc une part de vérité, perçue ou réelle, et ne renoncera pas à mener la guerre. C’est une voie qui mène directement à l’escalade. Si cela dépend de ces deux parties, il n’y aura
pas de paix. La paix ne peut être apportée que de l’extérieur .
Deuxièmement, nous nous sommes habitués ces dernières années à ce que les États-Unis déclarent que leur principal adversaire ou rival était la Chine. Or, aujourd’hui,
nous voyons les États-Unis mener une guerre par procuration contre la Russie . Et la Chine est constamment accusée de soutenir secrètement la Russie. Si tel est le cas, nous
devons alors répondre à la question de savoir pourquoi
il est raisonnable de rassembler deux pays aussi grands dans un camp hostile . Cette question n’a pas encore reçu de réponse significative.
Comprendre la mentalité ukrainienne
Troisièmement, la
force de l’Ukraine, sa résilience, ont dépassé toutes les attentes . Depuis 1991, onze millions de personnes ont quitté le pays, celui-ci est gouverné par des oligarques, la
corruption est à son comble et l’Etat a pratiquement cessé de fonctionner. Et pourtant, nous assistons aujourd’hui à une résistance sans précédent. Malgré les conditions décrites ici,
l’Ukraine est en réalité un pays fort. La question est de savoir d’où vient cette force. Outre son passé militaire et l’héroïsme personnel de certains, il y a quelque chose qui mérite d’être
compris : l’Ukraine
a trouvé un but plus élevé, elle a découvert un nouveau sens à son existence . Car jusqu’à présent, l’Ukraine se considérait comme une zone tampon. Être une zone tampon est
psychologiquement débilitant : On se sent impuissant, on a le sentiment que son destin n’est pas entre ses mains. C’est la conséquence d’une telle position doublement exposée.
Mais aujourd’hui, la perspective d’appartenir à l’Occident se fait jour. L’Ukraine
s’est donné pour nouvelle mission d’être la région frontalière militaire orientale de l’Occident . Son existence a pris de l’importance à ses propres yeux et aux yeux du monde
entier. Cela
l’a amenée à un état d’activité et d’action que nous, non-Ukrainiens, considérons comme une insistance agressive – et il est indéniable qu’il s’agit d’une attitude très agressive et
insistante . En
fait, les Ukrainiens exigent que leur objectif supérieur soit officiellement reconnu au niveau international. C’est ce qui leur donne la force qui les rend capables d’une résistance sans
précédent.
La résilience économique et politique de la Russie
Quatrièmement : La
Russie n’est pas ce que nous avons vu jusqu’à présent, et elle n’est pas ce que nous avons cru jusqu’à présent. La viabilité économique du pays est exceptionnelle . Je me souviens
d’avoir assisté à des réunions du Conseil européen – les
sommets des Premiers ministres – lorsque,
avec toutes sortes de gestes, les grands dirigeants européens affirmaient avec une certaine arrogance que les sanctions contre la Russie et l’exclusion de la Russie du système SWIFT, le
système international de compensation financière, mettraient la Russie à genoux. Elles mettraient à genoux l’économie russe et, par là même, l’élite politique russe. En regardant les
événements se dérouler, je me souviens de la sagesse de Mike Tyson, qui a dit un jour : « Tout le monde a un plan, jusqu’à ce qu’il se fasse frapper au visage. » Car la
réalité est que les Russes ont tiré des leçons des sanctions imposées après l’invasion de la Crimée en 2014 – et non seulement ils ont tiré les leçons, mais ils les ont mises en
pratique. Ils ont mis en œuvre les améliorations informatiques et bancaires nécessaires.
Le système financier russe n’est donc pas en train de s’effondrer . Il a développé une capacité d’adaptation et nous en sommes devenus les victimes après 2014, car nous
exportions une part importante de la production alimentaire hongroise vers la Russie. Nous n’avons pas pu continuer à le faire à cause des sanctions, les Russes ont modernisé leur agriculture
et nous parlons aujourd’hui de l’un des plus grands marchés d’exportation de produits alimentaires au monde, un pays qui dépendait autrefois des importations. La
manière dont on nous décrit la Russie – comme une autocratie néostalinienne rigide – est donc fausse. En fait, nous parlons d’un pays qui fait preuve de résilience technique et
économique – et peut-être aussi de résilience sociétale .
L’hypervassalisation de l’Europe (et comment les Etats-Unis ont fait exploser Nordstream)
Cinquième leçon importante de la réalité : La
politique européenne s’est effondrée. L’Europe a renoncé à défendre ses propres intérêts : Tout ce qu’elle fait aujourd’hui, c’est suivre sans réserve la ligne de politique étrangère des
démocrates américains, même au prix de son autodestruction . Les sanctions que nous avons imposées portent atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Europe : Elles font monter les
prix de l’énergie et rendent l’économie européenne non compétitive.
Nous avons laissé passer sans réponse l’explosion du gazoduc Nord Stream ; l’Allemagne elle-même a laissé passer sans réponse un acte de terrorisme contre ses propres biens – qui a
manifestement été perpétré sous la direction des États-Unis – et nous n’en disons pas un mot, nous n’enquêtons pas là-dessus, nous ne voulons pas l’éclaircir, nous ne voulons pas
le soulever dans un contexte juridique. De
la même manière, nous n’avons pas fait ce qu’il fallait dans l’affaire des écoutes téléphoniques d’Angela Merkel, qui ont été menées avec l’aide du Danemark. Ce n’est donc rien d’autre
qu’un acte de soumission.
Le déplacement de l’axe du pouvoir en Europe
Il y a là un contexte compliqué, mais je vais essayer de vous en donner une description nécessairement simplifiée mais complète. La politique européenne s’est également effondrée depuis le
début de la guerre russo-ukrainienne parce que le cœur du système de pouvoir européen était l’axe Paris-Berlin, qui était autrefois incontournable : C’était le cœur et c’était l’axe.
Depuis que la guerre a éclaté, un autre centre et un autre axe de pouvoir ont été établis . L’axe
Berlin-Paris n’existe plus – ou s’il existe, il est devenu sans importance et susceptible d’être contourné . Le
nouveau centre et l’axe de pouvoir comprennent Londres, Varsovie, Kiev, les pays baltes et les pays scandinaves .
Quand, à la stupéfaction des Hongrois, on voit le chancelier allemand annoncer qu’il n’envoie que des casques à la guerre, puis une semaine plus tard qu’il envoie effectivement des armes, ne
croyez pas que cet homme a perdu la tête. Quand le même chancelier allemand annonce qu’il peut y avoir des sanctions, mais qu’elles ne doivent pas porter sur l’énergie, puis deux semaines
plus tard, il est lui-même à la tête de la politique de sanctions, ne croyez pas que cet homme a perdu la tête. Au contraire, il est tout à fait dans son élément. Il sait très bien que
les Américains
et les organes libéraux de formation de l’opinion qu’ils influencent – les universités, les think tanks, les instituts de recherche, les médias – utilisent l’opinion publique pour punir la
politique franco-allemande qui n’est pas conforme aux intérêts américains . C’est la raison pour laquelle nous avons le phénomène dont j’ai parlé, et c’est la raison pour laquelle
nous avons les bévues idiosyncrasiques du chancelier allemand.
La Pologne, rempart américain en Europe
Changer le centre du pouvoir en Europe et contourner l’axe franco-allemand n’est pas une idée nouvelle, elle a simplement été rendue possible par la guerre . Cette idée existait déjà, il
s’agissait en fait d’un vieux plan polonais visant à résoudre le problème de la Pologne coincée entre un immense État allemand et un immense État russe, en faisant de la Pologne la
première base américaine en Europe . Je
pourrais dire que cela revient à inviter les Américains là-bas, entre les Allemands et les Russes. 5 % du PIB de la Pologne sont désormais consacrés aux dépenses militaires,
et l’armée
polonaise est la deuxième en Europe après la France – on parle de centaines de milliers de soldats. C’est un vieux plan, pour affaiblir la Russie et devancer l’Allemagne. À
première vue, devancer les Allemands semble une idée fantaisiste. Mais si l’on regarde la dynamique du développement de l’Allemagne et de l’Europe centrale, de la Pologne, cela ne semble pas
si impossible – surtout
si, entre-temps, l’Allemagne démantèle sa propre industrie de classe mondiale.
Cette stratégie a conduit la Pologne à renoncer à coopérer avec le V4 [le groupe de Visegrád]. Le V4 signifiait autre chose : Le V4 signifiait que nous reconnaissions l’existence d’une
Allemagne forte et d’une Russie forte et que, en collaboration avec
les États d’Europe centrale , nous
créions une troisième entité entre les deux. Les
Polonais ont abandonné cette stratégie et, au lieu de suivre la stratégie du V4 consistant à accepter l’axe franco-allemand,ils
ont adopté une stratégie alternative consistant à éliminer l’axe franco-allemand .
Les personnes âgées peuvent vraiment saisir l’ampleur de ce changement – le
contournement de l’axe franco-allemand – si
elles se souviennent peut-être d’il y a vingt ans, lorsque les Américains ont attaqué l’Irak et ont appelé les pays européens à se joindre à eux. Nous, par exemple, avons rejoint l’OTAN en
tant que membre. À l’époque, Schröder, alors chancelier allemand, et Chirac, alors président français, ont été rejoints par le président russe Poutine lors d’une conférence de presse commune
organisée pour s’opposer à la guerre en Irak. À
cette époque, il existait encore une logique franco-allemande indépendante dans la gestion des intérêts européens .
La mission de paix ne vise pas seulement à rechercher la paix, mais aussi à inciter l’Europe à poursuivre enfin une politique indépendante .
L’isolement de l’Occident – et pourquoi le monde se range du côté de la Russie
Jusqu’à présent, l’Occident a pensé et agi comme s’il se considérait comme une référence, une sorte de point de référence pour le monde . Il
a fourni les valeurs que le monde a dû accepter , par exemple la démocratie libérale ou la transition écologique. Mais la plupart des pays du monde l’ont remarqué et, ces deux
dernières années, un virage à 180 degrés a eu lieu. Une fois de plus, l’Occident a déclaré qu’il attendait du monde qu’il adopte une position morale contre la Russie et pour lui. En
réalité, tout le monde se range petit à petit du côté de la Russie .
Que la Chine et la Corée du Nord le fassent n’est peut-être pas une surprise. Que l’Iran fasse de même , compte
tenu de son histoire et de ses relations avec la Russie , est
quelque peu surprenant. Mais le fait que l’Inde, que le monde occidental considère comme la démocratie la plus peuplée, soit également du côté des Russes est étonnant. Que la Turquie refuse
d’accepter les exigences morales de l’Occident, bien qu’elle soit membre de l’OTAN, est vraiment surprenant. Et le fait que le monde musulman considère la Russie non pas comme un ennemi mais
comme un partenaire est complètement inattendu.
Le comportement irrationnel de l’Occident : La plus grande menace pour le monde aujourd’hui
Septièmement, la
guerre a révélé que le plus grand problème auquel le monde est confronté aujourd’hui est la faiblesse et la désintégration de l’Occident . Bien sûr, ce n’est pas ce que disent les médias
occidentaux : Ils prétendent que le plus grand danger et le plus grand problème du monde est la Russie et la menace qu’elle représente. C’est faux ! La Russie est trop grande pour sa population et elle est dirigée
par des dirigeants hyperrationnels – c’est en fait un pays qui a des dirigeants . Il n’y a rien de mystérieux dans ce qu’elle fait : Ses actions découlent logiquement de ses
intérêts et sont donc compréhensibles et prévisibles.
D’un autre côté, le comportement
de l’Occident – comme cela ressort clairement de ce que j’ai dit jusqu’à présent – n’est ni compréhensible ni prévisible . L’Occident n’est pas dirigé, son comportement n’est pas
rationnel et il ne peut pas faire face à la situation que j’ai décrite dans mon exposé ici l’année dernière: Le fait que deux soleils soient apparus dans le ciel. C’est
le défi que l’Occident doit relever sous la forme de la montée en puissance de la Chine et de l’Asie. Nous devrions être capables de faire face à cela, mais nous n’en sommes pas
capables .
L’importance de l’Etat-nation
Huitième point. Le véritable défi pour nous est donc de tenter de comprendre l’Occident à la lumière de la guerre. Car nous,
les Européens du centre, considérons l’Occident comme irrationnel.
Mais, chers amis, que se passe-t-il s’il agit de manière logique, mais que nous ne comprenions pas sa logique ? S’il est logique dans sa façon de penser et d’agir, nous devons
nous demander pourquoi nous ne le comprenons pas. Et si nous pouvions trouver la réponse à cette question, nous comprendrions aussi pourquoi
la Hongrie est régulièrement en conflit avec les pays occidentaux de l’Union européenne sur des questions géopolitiques et de politique étrangère .
Ma réponse est la suivante.
Imaginons que notre vision du monde, en tant qu’Européens centraux, soit fondée sur les États-nations. Or, l’Occident pense que les États-nations n’existent plus. C’est inimaginable pour
nous, mais c’est pourtant ce qu’il pense . Le système de coordonnées dans lequel nous pensons, nous autres Européens centraux, n’a donc aucune importance. Dans notre conception,
le monde est constitué d’États-nations qui exercent un monopole national sur l’usage de la force, créant ainsi une situation de paix générale. Dans
ses relations avec les autres États, l’État-nation est souverain, c’est-à-dire qu’il a la capacité de déterminer de manière indépendante sa politique étrangère et intérieure .
Dans notre conception, l’État-nation n’est pas une abstraction juridique, ni une construction juridique : l’État-nation
est enraciné dans une culture particulière . Il a un ensemble de valeurs communes, il a une profondeur anthropologique et historique. Et de là naissent des impératifs moraux
communs fondés sur un consensus commun. C’est ce que nous considérons comme l’État-nation.
Mais, à l’opposé, les Occidentaux considèrent que les États-nations n’existent plus. Ils nient donc l’existence d’une culture commune et
d’une morale commune fondée sur celle-ci. Ils n’ont pas de morale commune.
C’est pourquoi ils pensent différemment à la migration. Ils pensent que la migration n’est pas une menace ou un problème, mais plutôt un moyen d’échapper à l’homogénéité ethnique qui est la base d’une nation.
C’est l’essence même de la conception progressiste, libérale et internationaliste de l’espace . C’est pourquoi ils ne voient pas l’absurdité – ou
ne la voient pas comme telle –
du fait que, tandis que dans la moitié orientale de l’Europe, des centaines de milliers de chrétiens s’entretuent, nous laissons entrer dans l’ouest de l’Europe des centaines de
milliers de personnes venues de civilisations étrangères. De notre point de vue d’Europe centrale, c’est la définition même de l’absurdité. Cette idée n’est même pas envisagée en Occident.
Je signale entre parenthèses que les États européens ont perdu au total quelque cinquante-sept millions d’Européens autochtones au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Si
eux, leurs enfants et leurs petits-enfants avaient vécu, l’Europe n’aurait pas aujourd’hui de problèmes démographiques. L’Union européenne ne se contente pas de penser comme je le décris,
elle le déclare.
Si nous lisons attentivement les documents européens, il est clair que l’objectif est de dépasser la nation . Il est vrai qu’ils ont une étrange façon d’écrire et de dire cela, en
affirmant qu’il faut dépasser les États-nations, alors qu’il en reste une petite trace. Mais le
fait est qu’après tout, les pouvoirs et la souveraineté doivent être transférés des États-nations à Bruxelles . C’est
la logique qui sous-tend toute mesure importante . Dans leur esprit, la nation est une création historique ou transitoire, née au XVIIIe et au XIXe siècle – et
comme elle est arrivée, elle peut repartir.Pour
eux, la moitié occidentale de l’Europe est déjà post-nationale. Il ne s’agit pas seulement d’une situation politique différente, mais ce dont je veux parler ici, c’est
d’un nouvel espace mental. Si l’on ne regarde pas le monde du point de vue des États-nations, on se retrouve face à une réalité complètement différente. C’est là que réside le problème, la
raison pour laquelle les
pays de l’ouest et de l’est de l’Europe ne se comprennent pas, la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à nous unir .
La disparition du collectif en Occident
Si nous essayons de comprendre comment cette pensée occidentale – que
nous devrions appeler, pour simplifier, pensée et condition « post-nationales » – a
vu le jour, nous devons remonter à la grande illusion des années 1960. La grande illusion des années 1960 a pris deux formes : La première était la révolution sexuelle, la seconde la révolte
étudiante. En fait, elle
était l’expression de la croyance que l’individu serait plus libre et plus grand s’il était libéré de toute forme de collectivité . Plus de soixante ans plus tard, il est devenu
clair qu’au contraire, l’individu
ne peut devenir grand que par et dans une communauté, que lorsqu’il est seul, il ne peut jamais être libre, mais toujours solitaire et condamné à se rétrécir . En Occident, les
liens ont été successivement abandonnés : Les liens métaphysiques que sont Dieu, les liens nationaux que sont la patrie et les liens familiaux.
Maintenant qu’ils ont réussi à se débarrasser de tout cela, en espérant que l’individu deviendrait plus grand, ils se retrouvent avec un sentiment de vide . Ils ne sont pas
devenus grands, mais petits. Car en Occident, on ne désire plus ni de grands idéaux, ni de grands objectifs communs, motivants.
L’Occident, un “nain agressif”‘
Il faut parler ici du secret de la grandeur. Quel est le secret de la grandeur ?
Le
secret de la grandeur est de pouvoir servir quelque chose de plus grand que soi . Pour cela, il faut d’abord reconnaître qu’il existe dans le monde quelque chose ou des choses qui
sont plus grandes que soi, et ensuite se consacrer à servir ces choses plus grandes. Il n’y en a pas beaucoup.
On a son Dieu, son pays et sa famille.
Mais si on ne fait pas cela, mais qu’on se concentre sur sa propre grandeur, en pensant qu’on est plus intelligent, plus beau, plus talentueux que la plupart des gens, si on dépense son
énergie là-dessus, à communiquer tout cela aux autres, alors ce qu’on obtient n’est pas de la grandeur, mais de la grandeur. Et c’est pourquoi aujourd’hui, chaque fois que nous discutons avec
des Européens de l’Ouest, dans chaque geste, nous ressentons de la grandiloquence au lieu de la grandeur.
Je dois dire qu’il s’est créé une situation que nous pouvons appeler le vide, et le sentiment de superflu qui l’accompagne donne lieu à l’agressivité. D’où l’émergence du « nain agressif »
comme un nouveau type de personne .
En résumé, ce que je veux vous dire, c’est que lorsque
nous parlons de l’Europe centrale et de l’Europe occidentale, nous ne parlons pas de différences d’opinions, mais de deux visions du monde différentes, de deux mentalités, de deux instincts
et donc de deux arguments différents .
- Nous avons un État-nation qui nous pousse vers le réalisme stratégique.
- Ils ont des rêves post-nationalistes qui sont sans effet à l’égard de la souveraineté nationale, ne reconnaissent pas la grandeur nationale et n’ont pas d’objectifs nationaux communs. C’est
la réalité à laquelle nous devons faire face.
L’UE, exemple par excellence de la “démocratie” occidentale avancée : Elitiste, mondialiste, oligarchique
Enfin, le dernier élément de la réalité est que cette
situation post-nationale que nous observons en Occident a des conséquences politiques graves – et je dirais dramatiques – qui bouleversent la démocratie .
En effet, au sein des sociétés, il y a une résistance croissante à l’immigration, au genre, à la guerre et au mondialisme. Et cela crée le problème politique de l’élite et du
peuple – de
l’élitisme et du populisme. C’est le phénomène qui définit la politique occidentale aujourd’hui. Si vous lisez les textes, vous n’avez pas besoin de les comprendre, et ils n’ont pas toujours
de sens de toute façon ; mais si vous lisez les mots, les expressions suivantes sont celles que vous trouverez le plus souvent. Elles indiquent que les élites condamnent le peuple pour sa
dérive vers la droite. Les sentiments et les idées du peuple sont qualifiés de xénophobie, d’homophobie et de nationalisme. En réponse, le peuple accuse l’élite de ne pas se soucier de ce qui
est important pour lui, mais de sombrer dans une sorte de mondialisme dérangé.
En conséquence, les élites et le peuple ne peuvent pas s’entendre sur la question de la coopération. Je pourrais citer de nombreux pays. Mais si le peuple et les élites ne parviennent pas à
s’entendre sur la coopération, comment peut-on parvenir à une démocratie représentative ?
Parce que nous
avons une élite qui ne veut pas représenter le peuple et qui est fière de ne pas vouloir le représenter ; et nous avons le peuple qui n’est pas représenté . En fait, dans le monde
occidental, nous sommes confrontés à une situation dans laquelle les masses de personnes diplômées de l’enseignement supérieur ne représentent plus ou moins de 10 pour cent de la population,
mais 30 à 40 pour cent. Et à cause de leurs opinions, ces personnes ne respectent pas ceux qui sont moins instruits , qui
sont généralement des travailleurs, des gens qui vivent de leur travail. Pour les élites, seules les valeurs des diplômés sont acceptables, elles seules sont légitimes.
C’est sous cet angle qu’il faut comprendre les résultats des élections au Parlement européen . Le Parti populaire européen a recueilli les voix des «plébéiens » de droite qui
voulaient le changement, puis a transféré ces voix à la gauche et a conclu un accord avec les élites de gauche qui ont intérêt au maintien du statu quo. Cela a des conséquences pour l’Union
européenne.
La conséquence est que Bruxelles
reste sous l’occupation d’une oligarchie libérale . Cette oligarchie a la mainmise sur elle. Cette
élite libérale de gauche organise en fait une élite transatlantique : Non pas européenne, mais mondiale ; non pas fondée sur l’État-nation, mais fédérale ; et
non pas démocratique, mais oligarchique. Cela a également des conséquences pour nous, car à Bruxelles, les « 3 P » sont de retour : « interdit, permis et
promu ».
Nous appartenons à la catégorie des interdits. Les Patriotes pour l’Europe sont donc interdits d’occuper des postes. Nous vivons dans le monde de la communauté politique autorisée. Pendant ce
temps, nos adversaires nationaux – en
particulier les nouveaux venus au Parti populaire européen – appartiennent
à la catégorie fortement promue.
Le rejet mondial des valeurs occidentales
Et peut-être un dixième point concerne-t-il la façon dont les
valeurs occidentales, qui étaient l’essence même de ce qu’on appelle le « soft power », sont devenues un boomerang . Il
s’est avéré que ces valeurs occidentales, que l’on pensait universelles, sont manifestement inacceptables et rejetées dans un nombre croissant de pays à
travers le monde .
Il s’est avéré que la modernité, le développement moderne, n’est pas occidental, ou du moins pas exclusivement occidental – parce
que la Chine est moderne, l’Inde devient de plus en plus moderne, et les Arabes et les Turcs se modernisent ; et ils ne deviennent pas du tout un monde moderne sur la base des valeurs
occidentales.
Entre-temps, le soft
power occidental a été remplacé par le soft power russe , car maintenant la clé de la propagation des valeurs occidentales est la communauté
LGBTQ.
Quiconque n’accepte pas cela est désormais classé dans la catégorie des « arriérés» par rapport au monde occidental. Je ne sais pas si vous avez suivi, mais je trouve remarquable qu’au cours
des six derniers mois, des lois pro-LGBTQ aient été adoptées par des pays comme l’Ukraine, Taiwan et le Japon.
Mais le monde n’est pas d’accord. Aujourd’hui,
l’arme tactique la plus puissante de Poutine est l’exposition occidentale de la communauté LGBTQ et la résistance à celle-ci, l’opposition à celle-ci. C’est devenu l’attraction internationale
la plus forte de la Russie ;
ainsi, ce quiétait
autrefois le soft power occidental s’est transformé en soft power russe – comme un boomerang .
En définitive, Mesdames et Messieurs, je
peux dire que la guerre nous a aidés à comprendre l’état réel du pouvoir dans le monde. C’est un signe que dans sa mission, l’Occident s’est tiré une balle dans le pied et accélère ainsi les
changements qui transforment lemonde
La fin de 500 ans d’hégémonie occidentale – et pourquoi l’avenir appartient à l’Asie
Nous vivons un changement, un changement qui s’annonce, qui n’avait pas eu lieu depuis cinq cents ans . Nous ne l’avons pas remarqué, car au cours des 150 dernières années, de
grands changements se sont produits en nous et autour de nous, mais dans ces changements, la puissance mondiale dominante a toujours été l’Occident. Et nous partons du principe que les
changements que nous observons aujourd’hui vont probablement suivre cette logique occidentale.
En revanche, il s’agit d’une situation nouvelle.
Dans le passé, le changement était occidental : Les Habsbourg se sont élevés puis sont tombés ; l’Espagne s’est élevée et est devenue le centre du pouvoir ; elle est tombée et les Anglais se
sont élevés ; la Première Guerre mondiale a mis fin aux monarchies ; les Britanniques ont été remplacés par les Américains comme leaders mondiaux ; puis la guerre froide russo-américaine a
été remportée par les Américains.
Mais tous ces développements d’alors sont restés dans le cadre de notre logique occidentale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et c’est à cela que nous devons faire face ; car le monde
occidental n’est pas remis en cause de l’intérieur du monde occidental, et la logique du changement a donc été perturbée .
Ce dont je parle, et ce à quoi nous sommes confrontés, c’est en réalité un changement de système mondial. Et c’est un processus qui vient d’Asie . Pour le dire succinctement et de
manière primitive, pendant
les prochaines décennies – ou peut-être les siècles, car le système mondial précédent a été en place pendant cinq cents ans – le centre dominant du monde sera en Asie : La Chine,
l’Inde, le Pakistan, l’Indonésie, et je pourrais continuer ainsi. Ils ont déjà créé leurs formes, leurs plateformes, il y a cette formation des BRICS dans laquelle ils sont déjà présents. Et
il y a l’Organisation de coopération de Shanghai, au sein de laquelle ces pays construisent la nouvelle économie mondiale.
Je
pense que c’est un processus inévitable , car
l’Asie a l’avantage démographique, elle a l’avantage technologique dans de plus en plus de domaines, elle a l’avantage du capital, et elle met sa puissance militaire en équilibre avec celle
de l’Occident.
L’Asie aura – ou a peut-être déjà – le plus d’argent, les plus gros fonds financiers, les plus grandes entreprises du monde, les meilleures universités, les meilleurs
instituts de recherche et les plus grandes bourses. Elle disposera – ou dispose déjà – des recherches spatiales les plus avancées et des sciences médicales les plus
avancées. De plus, nous, les Occidentaux – et même les Russes – avons été bien encadrés dans cette nouvelle entité qui prend forme.
[Ce processus est] presque imparable et irréversible .
Le plan de Trump pour l’Amérique : Une réaction sensée au changement géopolitique en cours?
Le président Trump s’efforce de trouver une réponse américaine à cette situation.
En fait, la tentative de Donald Trump est probablement la dernière chance pour les États-Unis de conserver leur suprématie mondiale. On pourrait dire que quatre ans ne suffisent pas, mais si
vous regardez qui il a choisi comme vice-président, un homme jeune et très fort, si Donald Trump gagne maintenant, dans quatre ans son vice-président sera candidat. Il peut faire deux
mandats, ce qui fera un total de douze ans. Et dans douze ans, une stratégie nationale pourra être mise en œuvre. Je suis convaincu que beaucoup de gens pensent que si
Donald Trump revient à la Maison Blanche, les Américains voudront conserver leur suprématie mondiale en maintenant leur position dans le monde. Je pense que c’est faux . Bien sûr,
personne ne renonce à son rang de son propre chef, mais ce ne sera pas l’objectif le plus important.
Au contraire, la priorité sera de reconstruire et de renforcer l’Amérique du Nord . Cela ne concerne pas seulement les États-Unis, mais aussi le Canada et le Mexique, car ils
forment ensemble un espace économique. Et la
place de l’Amérique dans le monde sera moins importante . Il faut prendre au sérieux ce que dit le président : « L’Amérique
d’abord, tout ici, tout reviendra à la maison ! » C’est pourquoi on développe la capacité à lever des capitaux de partout. Nous en souffrons déjà : Les grandes entreprises
européennes n’investissent pas en Europe, mais en Amérique, car la capacité d’attirer des capitaux semble se profiler à l’horizon. Elles vont tout faire payer à tout le monde. Je ne sais pas
si vous avez lu ce que le président a dit. Par exemple, que les Etats Unis ne sont pas une compagnie d’assurances, et si Taïwan veut la sécurité, elle doit payer. Ils nous feront payer le
prix de la sécurité, à nous les Européens, à l’OTAN et à la Chine ; et elles parviendront également à un équilibre commercial avec la Chine par le biais de négociations, et le feront évoluer
en faveur des États-Unis. Elles
déclencheront un développement massif des infrastructures américaines, de la recherche militaire et de l’innovation . Ils parviendront – ou
ont peut-être déjà atteint – l’autosuffisance
énergétique et l’autosuffisance en matières premières ; et enfin, ils s’amélioreront idéologiquement, renonçant à l’exportation de la démocratie.
L’Amérique d’abord.L’exportation
de la démocratie est terminée. C’est l’essence de l’expérience que l’Amérique mène en réponse à la situation décrite ici .
Quelle devrait être la réponse de l’Europe au changement géopolitique en cours ?
Quelle est la réponse européenne au changement du système mondial ?
Nous avons deux options.
La première est ce que nous appelons le « musée à ciel ouvert ». C’est ce que nous avons aujourd’hui. Nous nous dirigeons vers cela. L’Europe,
absorbée par les États-Unis, restera dans un rôle de sous-développement . Ce sera un continent qui émerveillera le monde, mais qui n’aura plus en lui la dynamique de
développement.
La deuxième option, annoncée par le président Macron, est l’autonomie stratégique . En d’autres termes, nous devons entrer dans la compétition du changement du système mondial.
Après tout, c’est ce que font les États-Unis, selon leur propre logique. Et nous parlons bien de 400 millions de personnes. Il est possible de recréer la capacité de l’Europe à attirer des
capitaux, et il est possible de faire revenir des capitaux d’Amérique. Il est possible de réaliser de grands développements d’infrastructures, notamment en Europe centrale – le
TGV Budapest-Bucarest et le TGV Varsovie-Budapest, pour ne citer que ceux dans lesquels nous sommes impliqués. Nous avons besoin d’une alliance militaire européenne avec une industrie de
défense européenne forte, de la recherche et de l’innovation. L’Europe a besoin d’une autosuffisance énergétique, ce qui ne sera pas possible sans l’énergie nucléaire. Et après
la guerre, nous avons besoin d’une nouvelle réconciliation avec la Russie .
Cela signifie que l’Union européenne doit renoncer à ses ambitions en tant que projet politique, se renforcer en tant que projet économique et se construire en tant que projet de
défense .
Dans les deux cas – musée
à ciel ouvert ou compétition – il
faudra se
préparer à ce que l’Ukraine ne soit pas membre de l’OTAN ou de l’Union européenne , car nous, Européens, n’avons pas assez d’argent pour cela.
L’Ukraine redeviendra un État tampon. Si elle a de la chance, cela s’accompagnera de garanties de sécurité internationale, qui seront inscrites dans un accord entre les États-Unis et la
Russie, auquel nous, Européens, pourrons peut-être participer. L’expérience
polonaise échouera, car ils n’ont pas les ressources nécessaires : Ils devront retourner en Europe centrale et dans le V4. Attendons donc le retour des frères et sœurs polonais.
Les opportunités offertes par le changement géopolitique actuel
En résumé, je peux donc dire que les
conditions sont réunies pour une politique nationale indépendante à l’égard de l’Amérique, de l’Asie et de l’Europe . Elles définiront les limites de notre marge de
manœuvre. Cette
marge de manœuvre est vaste – plus vaste qu’elle ne l’a jamais été au cours des cinq derniers siècles . La question suivante est de savoir comment nous devons utiliser cette marge
de manœuvre à notre avantage. Si un changement de système mondial doit se produire, nous devons alors adopter une stratégie qui en soit digne.
L’essence de la grande stratégie de la Hongrie est donc la connectivité . Cela
signifie que nous ne nous laisserons pas enfermer dans l’un des deux hémisphères émergents de l’économie mondiale . L’économie mondiale ne sera pas exclusivement occidentale ou
orientale. Nous devons être présents dans les deux, à l’Ouest et à l’Est.
Cela aura des conséquences.
La première. Nous
ne nous impliquerons pas dans la guerre contre l’Est. Nous ne participerons pas à la formation d’un bloc technologique opposé à l’Est, et nous ne participerons pas à la formation d’un bloc
commercial opposé à l’Est . Nous rassemblons des amis et des partenaires, pas des ennemis économiques ou idéologiques. Nous ne suivons pas la voie intellectuellement plus facile
qui consiste à nous accrocher à quelqu’un, mais nous suivons notre propre chemin. C’est difficile – mais
il y a une raison pour laquelle la politique est décrite comme un art.
Le deuxième chapitre de la grande stratégie concerne les fondements spirituels . Au
cœur de cette stratégie se trouve la défense de la souveraineté . J’ai déjà suffisamment parlé de politique étrangère, mais cette
stratégie décrit également les fondements économiques de la souveraineté nationale . Ces dernières années, nous avons construit une pyramide. Au sommet se trouvent les «champions
nationaux ». Au-dessous d’eux se trouvent les entreprises de taille moyenne compétitives au niveau international, puis les entreprises qui produisent pour le marché intérieur. Au bas de la
pyramide se trouvent les petites entreprises et les entrepreneurs individuels. C’est
l’économie hongroise qui peut servir de base à la souveraineté . Nous avons des champions nationaux dans les domaines suivants : Banque, énergie, alimentation, production de
produits agricoles de base, informatique, télécommunications, médias, génie civil, construction de bâtiments, promotion immobilière, produits pharmaceutiques, défense, logistique
et, dans une
certaine mesure, par le biais des universités , industries
du savoir. Et ce sont nos champions nationaux. Ils ne sont pas seulement des champions nationaux, ils sont tous présents sur la scène internationale et ils ont prouvé qu’ils étaient
compétitifs.
En dessous de ces chiffres, il y a les PME. Je tiens à vous informer qu’aujourd’hui, la Hongrie compte quinze mille PME actives et compétitives à l’échelle internationale. Lorsque nous sommes
arrivés au pouvoir en 2010, elles étaient trois mille. Aujourd’hui, nous en avons quinze mille. Et il va de soi que nous devons élargir la base des petites entreprises et des entrepreneurs
individuels. Si, d’ici 2025, nous pouvons établir un budget de paix et non un budget de guerre, nous lancerons un vaste programme en faveur des PME.
La base économique de la souveraineté signifie également que nous devons renforcer notre indépendance financière . Nous devons réduire notre dette non pas à 50 ou 60 %, mais à
près de 30 % et nous devons nous positionner comme un créancier régional. Nous faisons déjà des efforts dans ce sens et la Hongrie accorde des prêts d’État à des pays amis de notre région qui
sont importants pour elle.
Il est important que, conformément à la stratégie, nous restions un centre de production : Nous ne devons pas basculer vers une économie de
services. Le secteur des services est important, mais nous devons conserver le caractère de la Hongrie en tant que centre de production, car c’est la seule façon de
garantir le plein emploi sur le marché du travail national. Nous ne devons pas répéter l’erreur de l’Occident consistant à utiliser des travailleurs immigrés pour effectuer certains travaux
de production, car les populations d’accueil considèrent déjà que certains types de travail sont indignes d’elles. Si cela devait se produire en Hongrie, cela provoquerait un processus de
dissolution sociale difficile à enrayer. Et, pour la défense de la souveraineté, ce chapitre comprend également la construction d’universités et de centres d’innovation.
Le troisième chapitre identifie le corps de la grande stratégie : La société hongroise dont nous parlons. Si
nous voulons être vainqueurs, cette société hongroise doit être solide et résiliente. Elle doit avoir une structure sociale solide et résiliente . La
première condition pour cela est de stopper le déclin démographique . Nous avons bien commencé, mais maintenant nous avons stagné. Il faut un nouvel élan. D’ici 2035, la Hongrie
doit être autosuffisante sur le plan démographique. Il ne peut être question de compenser le déclin démographique par des migrations. L’expérience occidentale montre que s’il y a plus
d’invités que d’hôtes, alors la maison n’est plus la maison. C’est un risque qu’il ne faut pas prendre. Par conséquent, si après la fin de la guerre nous pouvons établir un budget de paix,
alors pour retrouver la dynamique de l’amélioration démographique, il faudra probablement doubler le crédit d’impôt pour les familles avec enfants en 2025 – en
deux étapes, pas en une, mais en un an.
Il faut contrôler l’afflux de ceux qui viennent d’Europe occidentale et qui veulent vivre dans un pays national chrétien. Le nombre de ces personnes va continuer à augmenter. Rien ne sera
automatique et nous serons sélectifs. Jusqu’à présent, ils l’ont été, mais maintenant, c’est nous qui le serons. Pour que la société soit stable et résiliente, elle doit être fondée sur une
classe moyenne : Les familles doivent avoir leur propre richesse et leur indépendance financière. Le
plein emploi doit être préservé et la clé pour cela sera de maintenir la relation actuelle entre le travail et la population rom. Il
y aura du travail et on ne peut pas vivre sans travail. C’est le marché et c’est l’essence de ce qui est proposé .
Enfin, il
y a l’élément crucial de la souveraineté . C’est
l’essence même de la protection de la souveraineté, qui est la protection de la spécificité nationale . Il ne s’agit pas d’assimilation, ni d’intégration, ni de mélange, mais de
maintien de notre propre caractère national. C’est
la base culturelle de la défense de la souveraineté : La préservation de la langue et le fait d’éviter un état de «religion zéro » . L’état de « religion zéro » est un état dans
lequel la foi a disparu depuis longtemps, mais où la tradition chrétienne a également perdu sa capacité à nous fournir des règles culturelles et morales de comportement qui régissent notre
relation au travail, à l’argent, à la famille, aux relations sexuelles et à l’ordre de priorité dans nos relations les uns avec les autres. C’est ce que les Occidentaux ont perdu.
«Je regarde tout cela avec un sentiment de soulagement face à ce que fait Orban et aussi avec le sentiment que enfin,
enfin, nous voyons quelqu’un en Occident s’engager dans une véritable diplomatie».
L’Union européenne n’a pas renoncé à l’idée de mettre fin prématurément à la présidence de la Hongrie au sein de la communauté.
Un vote ouvert sur la question de la destitution de Viktor Orban de la présidence du Conseil de l’UE obligerait Bruxelles à reconnaître la division au
sein de l’union. Il faut s’attendre à ce que les pays membres de l’Union européenne commencent à fouiller dans le «linge sale» de la politique nationale hongroise, cherchant un
prétexte pour imposer des sanctions contre Budapest. Auparavant, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, avait déclaré que l’UE avait trouvé des «idées
créatives» contre la Hongrie.
Sikorski a annoncé ce que d’autres chefs de pays de l’Union européenne planifient en secret. Un processus de destitution d’Orban de la présidence de
l’Union européenne sera lancé. Le Premier ministre hongrois est accusé de trahir l’éthique politique de l’union.
Plusieurs responsables de l’UE ont proposé de priver la Hongrie de son rôle de présidente du Conseil de l’UE après les visites de Viktor Orban en Russie
et en Chine. Il est précisé que certains responsables de l’UE ont suggéré en privé de priver la Hongrie de la présidence. C’est ce qu’a
écrit le journal Financial
Times.
Un des outils contre Budapest serait un vote ouvert dans l’Union européenne. Cependant, il est très difficile de le réaliser. Pour que la décision
concernant la Hongrie soit adoptée, les 27 pays doivent voter en sa faveur. Or le Premier ministre slovaque, Robert Fico, qui a repris ses fonctions après une tentative d’assassinat,
soutient Orban.
Il n’est pas exclu que les pays de l’UE essaient de faire pression sur Fico pour qu’il change d’avis. Outre le Premier ministre slovaque, il est peu
probable de trouver un politicien prêt à s’opposer à la direction de l’Union européenne. Et le bloc de droite au Parlement européen n’a pas encore l’influence nécessaire pour le
faire.
L’avis de Donald Trump sur Orban n’intéresse pas aujourd’hui la direction de l’UE. Les chefs des pays de l’union soutiennent majoritairement Joe
Biden.
Les résultats d’un vote ouvert sur la question de la présidence de Budapest au Conseil de l’UE obligeraient Bruxelles à reconnaître la division au sein
de l’union et promettraient de nouveaux problèmes pour l’Europe. Les pays de l’Union européenne devront donc, comme l’a dit Sikorski, inventer des «idées
créatives» contre la Hongrie. Cela pourrait inclure des intrigues en coulisses.
En même temps, il est formellement impossible de punir Orban pour ses voyages non coordonnés en Russie et en Chine. Il faut s’attendre à ce que
Bruxelles commence à fouiller dans le «linge sale» de la politique hongroise, cherchant un prétexte pour rétablir les sanctions contre Budapest.
Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, présent au sommet de l’Otan à Washington, a déclaré que des «idées
créatives» apparaissaient contre la présidence de la Hongrie au Conseil de l’UE. «Des idées
créatives apparaissent, mais je ne veux pas les révéler pour ne pas saper les efforts en en parlant prématurément», a-t-il
déclaré relayé par la chaîne TVP
Info.
Le journal Politicoa
rapporté que la Hongrie avait été réprimandée par les pays de l’Union européenne pour les visites d’Orban à Moscou et Pékin. La publication cite une source qui a noté que
Budapest «a mis neuf jours
pour perdre ce qui restait de la confiance». Selon lui, les actions d’Orban «ne servent ni
l’Union européenne ni la paix».
La Hongrie risque des «conséquences
pratiques» si son Premier ministre continue à suivre la politique actuelle, ont déclaré certains ambassadeurs de l’UE. Selon un responsable européen, l’Union européenne n’exclut
pas la possibilité de mettre fin ou de réduire la durée de la présidence de Budapest, mais la communauté aura du mal à le réaliser d’un point de vue juridique.
Un autre diplomate a déclaré que l’UE avait donné une sorte de «carton jaune» à la Hongrie lors de la réunion du comité des représentants permanents de
l’UE qui s’est tenue mercredi. De son côté, Euractiv,
citant des diplomates européens, écrit que dans l’UE «personne n’a
évoqué la fin ou la réduction de la présidence» de la Hongrie et «aucune mesure
concrète n’a été présentée ou adoptée».
Rappelons que la semaine dernière, Orban a effectué plusieurs visites à l’étranger en tant que dirigeant du pays présidant l’UE depuis le 1er juillet.
Il s’est d’abord rendu à Kiev, puis à Moscou et à Pékin. La mission de paix d’Orban a suscité des réactions nerveuses en Occident.
Cependant, cela n’a pas arrêté le politicien hongrois. Il s’est rendu à Washington pour le sommet de l’Otan. Le Premier ministre hongrois a tenté de
s’assurer le soutien du président turc Recep Tayyip Erdogan pour mener à bien sa mission de paix en Ukraine.
Selon l’agence Bloomberg,
jeudi, Orban rencontrera l’ancien
président américain Donald Trump dans sa résidence à Mar-a-Lago, en Floride. Cela pourrait renforcer les craintes qu’il ne soit un «médiateur» entre Trump et Poutine.
La Hongrie a envoyé un plan Orbán à chaque Premier ministre de l’UE pour mettre en place la paix dans le conflit en Ukraine.
«Aujourd’hui, nous
sommes les seuls à pouvoir négocier avec toutes les parties», a déclaré Balázs Orbán (homonyme), le directeur politique du Premier ministre Viktor Orbán, dans une
interview accordée à Magyar
Nemzet à propos de la mission de paix du Premier ministre,
«La tâche est
désormais de convaincre les États membres de l’Union européenne du projet de Viktor Orbán», a-t-il continué.
«Il existe deux
parties belligérantes, l’Ukraine et la Russie, et trois ou quatre grandes et moyennes puissances qui peuvent jouer un rôle décisif de médiateur», stipule-t-il, précisant :
«Il
s’agit des États-Unis, de l’Europe, de la Chine, mais aussi, par exemple, de la Turquie».
«La Chine et la
Turquie sont attachées à la paix. Donald Trump est également attaché à la paix, donc s’il redevient président des États-Unis, il créera lui-même la paix en peu de temps.
Cependant, les Européens et l’actuelle administration américaine votent pour la poursuite de la guerre», a-t-il précisé.
«Le Premier
ministre a informé par écrit les dirigeants du Conseil européen des expériences des négociations, de la première phase de la mission de paix et des propositions hongroises. Si
l’Europe veut la paix et veut avoir son mot à dire dans le règlement de la guerre et la fin de l’effusion de sang, alors le changement de cap doit être élaboré et mis en œuvre dès
maintenant», a développé directeur politique du Premier ministre Viktor Orbán.
«Il s’agit en
réalité d’un plan Orbán, qui est désormais sur le bureau de chaque premier ministre de l’UE» et «nous sommes les
seuls à pouvoir négocier avec chaque camp», a conclu Balázs Orbán.
Le Kremlin connaît les approches générales du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, pour résoudre la situation en Ukraine, mais le Kremlin ne connaît
pas les détails du plan de paix d’Orban pour l’Ukraine, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Il a précisé qu’il ne connaissait pas le contenu de
la lettre de Viktor Orbán, aux dirigeants de l’Union européenne (UE) sur l’Ukraine.
Alors qu’une cinquantaine de dirigeants européens se sont donné rendez-vous dans le sud de l’Angleterre pour un sommet de la Communauté politique européenne, Volodymyr Zelensky s’en
est pris sans le nommer à Viktor Orban, critiquant la tentative du Premier ministre hongrois de trouver une issue au conflit qui ravage l’Ukraine.
«Si quelqu’un
essaie de résoudre des problèmes dans le dos des autres ou même aux dépens de quelqu’un d’autre (…) pourquoi devrions-nous prendre en compte cette personne ?», a déclaré ce 18
juillet Volodymyr Zelensky, à son arrivée au palais de Blenheim, au nord-ouest de Londres, où se tient un sommet de la Communauté politique européenne (CPE).
Une allusion claire à la «mission de paix» entreprise début juillet par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui s’est rendu en Ukraine et en
Russie, puis en Chine et aux États-Unis, où il a rencontré Donald Trump. Une initiative qui, dans le cas de son déplacement à Moscou, a été fustigée par les responsables
européens. Ces derniers ont déclaré que Viktor Orban, et la Hongrie qui assure la présidente tournante du Conseil de l’UE, n’avaient pas reçu de mandat pour représenter les
Vingt-Sept.
«La présidence
tournante du Conseil n’a aucun rôle à jouer pour représenter l’Union sur la scène internationale et n’a reçu aucun mandat du Conseil européen pour s’engager au nom de l’Union»,
avait notamment déclaré le président du Conseil européen Charles Michel à Viktor Orban dans une lettre consultée par Reuters le 16 juillet.
CPE : Un
format «informel» qui peine à convaincre
À son arrivée au sommet, le Premier ministre hongrois a réaffirmé qu’il était à ses yeux «impossible de
trouver une solution sur le champ de bataille» en Ukraine.
Toujours dans ses bottes de secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg a quant a lui réaffirmé que le bloc militaire dirigé par Washington était
«la
pierre angulaire de la sécurité européenne». Celui-ci a également réitéré ses accusations à l’encontre de la Russie de mener des «actions
hostiles» contre les membres de l’alliance miliaire. Selon ses dires, l’objectif de ces supposées «actions
hostiles» est de «nous contraindre
à ne pas apporter de soutien à l’Ukraine, mais nous ne nous laisserons pas contraindre».
Une cinquantaine de dirigeants européens se sont réunis le 18 juillet au Royaume-Uni pour un sommet de la Communauté politique européenne, notamment
dédié à la question migratoire, à la sécurité ou encore à la coopération énergétique. Un format qui, sans structure formelle ni objectif clair, comme le souligne le site Euractiv,
«peine
à s’imposer». «Les représentants
qui ont participé aux trois éditions précédentes ont de plus en plus de doutes sur la pertinence de cette structure», relate notamment le média européiste au sujet de ce format
de «discussions
informelles» réunissant les pays de l’UE et ses voisins, de l’Islande à l’Azerbaïdjan.
Lors de sa visite à Kiev, le dirigeant hongrois avait appelé Volodymyr Zelensky à accepter un cessez-le-feu avec la Russie, une proposition pour l’heure
rejetée. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a indiqué le 14 juin dernier que des négociations avec l’Ukraine pourraient être entamées dès lors que celle-ci retirerait
ses troupes tant des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) que des régions de Zaporijia et de Kherson, et accepterait en sus d’opter pour un «statut neutre –
non aligné, non nucléaire», ainsi qu’une «démilitarisation»,
une «dénazification»,
et une levée des sanctions contre la Russie.
Depuis le 1er juillet, la Hongrie «rebelle» assure la présidence tournante du Conseil. Un accident pénible aux yeux des fauteurs de guerre de l’UE.
Parce que le Premier ministre hongrois Victor Orbán ne s’est pas soumis à la doctrine de guerre de l’OTAN et a cherché à dialoguer avec le président russe Vladimir Poutine, la
présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a décrété le boycott diplomatique de la Hongrie.
Orban banni à Bruxelles
Le voyage de Victor Orbán à Moscou et à Pékin a provoqué un tollé au sein de la puissante faction otaniste dans l’UE. Orbán aurait ainsi mis en danger
la «sécurité de l’UE» et son voyage n’aurait pas été coordonné avec l’UE, lui reproche-t-on. La Commission s’est rapidement mise d’accord sur une «mesure punitive» : seuls des
fonctionnaires de haut rang participeront aux futurs conseils des ministres informels à la place des commissaires européens, a-t-on fait savoir. En outre, la Commission européenne
renonce à la traditionnelle visite inaugurale à la présidence hongroise.
Cela rappelle les sanctions prises à l’encontre de l’Autriche, lorsque les Autrichiens ont osé faire participer la FPÖ à un gouvernement fédéral de
manière tout aussi «illicite».
La Hongrie réagit avec indignation
La Hongrie a émis de vives critiques. En réaction au bannissement décrété par von der Leyen, le ministre hongrois des Affaires européennes, János Bóka,
demande sur X si toutes les décisions de la Commission sont désormais basées sur des considérations politiques. Et il constate que la Commission est une institution de l’UE qui ne
peut pas choisir les institutions ou les États membres avec lesquels elle souhaite coopérer.