par EIR News
Mémorandum de l’Organisation LaRouche
Lettre d’accompagnement
Le 14 janvier 2025
Aux membres du Sénat des États-Unis,
Dans les prochains jours, vous tiendrez des auditions pour confirmer les choix du nouveau président Donald Trump pour des postes importants au sein de son administration.
L’ancien directeur du FBI et de la CIA, William Webster, vous a récemment écrit pour vous demander de rejeter les nominations de Tulsi Gabbard au poste de directrice du renseignement national et de Kash Patel au poste de directeur du FBI. Il est clair qu’à l’âge de 100 ans, M. Webster doit vraiment être très motivé pour vouloir empêcher ces nominations.
En tant que présidente de l’Organisation LaRouche (The LaRouche Organization – TLO) et citoyenne américaine dont des membres de la famille proche ont été déployés en Irak dans l’armée américaine, je vous demanderais de réfléchir profondément à la manière dont vous expliqueriez aux membres des familles des près de 5000 soldats américains tués dans cette guerre, pourquoi leurs proches sont morts. Pourquoi vos collègues ont-ils voté pour les envoyer dans une guerre dont l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a admis des années plus tard qu’elle était non seulement fondée sur un mensonge, mais que ce qu’elle appelait la «bande des quatre» (dont elle-même faisait partie) au sein de la Commission du renseignement de la Chambre, le savait pertinemment au moment où il a été proféré ?
De nombreux membres de la communauté du renseignement américain savaient à l’époque que l’on répandait des mensonges pour justifier une guerre qui allait non seulement tuer des milliers d’Américains et des centaines de milliers d’Irakiens, mais également modifier le paysage politique du Moyen-Orient pour les générations à venir, déplaçant des millions de personnes et créant un terreau fertile pour les organisations terroristes. Mais ils ont persisté dans ces mensonges, redoublant même d’efforts pour protéger leur imposture en provoquant davantage de guerres, mettant encore plus en péril la sécurité et la réputation des États-Unis.
Ils ont menti non seulement sur la prétendue possession par l’Irak d’«armes de destruction massive», mais aussi sur la Libye, et plus particulièrement sur ce qui s’est passé à Benghazi. Ils ont menti sur l’utilisation d’armes chimiques par le président syrien Assad. Ils ont menti sur le piratage du serveur du Comité central du Parti démocrate (DNC) par les Russes. Ils ont été tellement enhardis par l’absence de réaction de nos augustes représentants (vos collègues), qui auraient dû organiser des audiences et mener des enquêtes, que 51 d’entre eux sont allés jusqu’à signer une lettre ouverte affirmant que ce qu’on avait trouvé dans l’ordinateur portable d’Hunter Biden n’était autre qu’une manœuvre russe d’ingérence dans les élections.
C’est pourquoi je voudrais lancer un défi à chacun d’entre vous : pourquoi écouteriez-vous l’un de ces individus, dont les mensonges ont littéralement tué des milliers d’Américains et porté un préjudice irréparable, voire mis fin à la vie de millions de personnes dans le monde, lorsqu’il s’agit de choisir un directeur du renseignement national ou un directeur du FBI ?
L’ancienne députée, la lieutenante-colonelle Tulsi Gabbard, et l’ancien procureur fédéral Kash Patel ont tous deux eu le courage de s’opposer à ces manipulations de l’opinion publique, en remettant en question des discours qui se sont avérés hautement préjudiciables au bien-être de notre peuple et de notre République. C’est ce qui les qualifie tous deux pour occuper les postes pour lesquels le président élu Donald Trump les a nommés.
La confirmation rapide de Tulsi Gabbard au poste de directrice du renseignement national et de Kash Patel au poste de directeur du FBI serait la réponse appropriée aux lamentations et aux grincements de dents de ceux qui ont beaucoup à cacher. Je suis sûre que la plupart des Américains en pensent autant.
Sincèrement, Diane W. Sare présidente de l’Organisation LaRouche (TLO)
*
«Le bureau des menteurs»1
Qui veut empêcher la confirmation de Tulsi Gabbard et de Kash Patel, et pour cacher quoi ?2
S’il est vrai que la sécurité nationale des États-Unis se trouve menacée par diverses formes d’ingérence et d’intrigues malveillantes, le problème ne vient pas de la Russie, de la Chine, de l’Iran ni d’aucune autre nation figurant sur la liste des «méchants» établie par les néoconservateurs.
La menace émane d’agents de longue date, profondément incrustés dans la «bureaucratie permanente» du gouvernement américain, et de leurs mentors au sein des agences de renseignement, des fondations et des groupes de réflexion de l’establishment.
Ces individus corrompus et leurs sponsors opèrent en toute impunité depuis des décennies, car ils dominent les agences mêmes qui sont censées défendre notre sécurité nationale. Aujourd’hui, ils craignent de se voir démasquer car le nouveau président Trump a nommé deux «étrangers» hautement qualifiés pour superviser et nettoyer ces agences.
C’est pourquoi un «Bureau des menteurs», opérant principalement dans les entrailles des dix-sept (sinon plus) agences de renseignement américaines et de leurs ramifications illégales, criminelles et même meurtrières, est aujourd’hui à l’œuvre pour empêcher la confirmation de Tulsi Gabbard et de Kash Patel. Comme le sénateur [démocrate] Chuck Schumer en a averti Donald Trump : «Vous vous en prenez aux services de renseignement ? Ils ont «six ways from Sunday» [tous les moyens] pour vous répondre».
Gabbard et Patel ne sont sans doute pas parfaits, et nul ne peut dire avec certitude ce qu’ils feront une fois en poste. Mais nous pouvons vous dire avec certitude qui redoute leur surveillance et pourquoi.
Dans ce mémorandum, nous identifierons cinq domaines spécifiques où règne une dangereuse corruption, qui requiert de toute urgence le leadership de Gabbard et Patel pour l’éradiquer :
I. Manipulation des médias et
«Russiagate»
II. Alliance des néoconservateurs avec
les terroristes
III. Ingérence électorale et affaire
de l’ordinateur portable de Hunter Biden
IV. Corruption au sein du ministère de
la Justice
V. Guerre contre les lanceurs
d’alerte
VI. Conclusion : existe-t-il un
«État profond» ?
I. Manipulation des médias et «Russiagate»
L’opération Mockingbird revisitée
La dernière fois qu’une enquête sérieuse a été lancée sur les activités de la CIA, du FBI et des agences apparentées, c’était il y a presque cinquante ans, le 27 janvier 1975 plus exactement, avec la création de la Commission sénatoriale spéciale chargée d’étudier les opérations gouvernementales en matière de renseignement, plus connue sous le nom de Commission Church, du nom de son président, le sénateur démocrate de l’Idaho Frank Church.
Les audiences de cette Commission ont révélé l’existence d’un tissu choquant d’activités secrètes, dirigées non pas contre les adversaires de l’Amérique mais contre ses propres citoyens, notamment l’Opération Mockingbird, un projet de la CIA consistant à recruter des journalistes de renom pour en faire des relais pour sa propagande.
En 1975, on jugeait cela scandaleux, mais aujourd’hui, la manipulation de la presse par ces agences est complètement ouverte sans que personne ne bronche. Ainsi, l’ancien directeur de la CIA John Brennan et l’ancien directeur du renseignement national James Clapper, qui ont tous deux menti sous serment au Congrès américain au sujet des activités illégales de la CIA et de la NSA, occupent respectivement des postes importants chez MSNBC et CNN.
Asha Rangappa, une ancienne agente du FBI spécialisée dans les enquêtes de contre-espionnage, est désormais commentatrice chez CNN. Les agences secrètes n’ont plus besoin de recruter furtivement des agents parmi la presse américaine, ce sont elles qui constituent de plus en plus la presse américaine. La presse autrefois libre, incarnée par quelques piliers comme Julian Assange, Glenn Greenwald, Seymour Hersh, Matt Taibbi et quelques autres véritables journalistes, a été largement remplacée par des «gens d’agence».
Craignant de voir les citoyens se tourner vers les réseaux sociaux comme source alternative d’informations, Facebook a également pris des mesures pour y imposer une censure. En 2018, il a fait appel au très néoconservateur Atlantic Council et à la mère de toutes les organisations de changement de régime, le National Endowment for Democracy (NED), comme consultants pour l’aider à décider quelles voix devraient être réduites au silence.
Pour ne pas être en reste, X (ex-Twitter) a embauché en 2019, à temps partiel, un officier de l’unité de guerre psychologique de l’armée britannique comme cadre supérieur chargé de la rédaction du Moyen-Orient. L’année suivante, Facebook a mis la barre plus haut en embauchant l’ancien directeur général du ministère israélien de la Justice, un spécialiste de la censure, dans son nouveau «conseil de surveillance».
Le journaliste Matt Taibbi a révélé que tout au long de 2020, le FBI supervisait la politique de censure de X (ex-Twitter), en s’efforçant entre autres de légitimer les allégations non prouvées d’ingérence étrangère dans les affaires américaines et de contrôler la manière dont on devait parler de la campagne présidentielle américaine.
Kash Patel
Patel et Gabbard ont tous deux connu des relations très conflictuelles avec les médias d’entreprise. Dans le cas de Patel, au sujet du canular du «Russiagate», il a menacé de «poursuivre les gens dans les médias qui ont menti aux citoyens américains» s’ils étaient reconnus coupables d’avoir violé la loi.
C’est un hommage au pouvoir de la propagande que, malgré les conclusions sans ambiguïté du rapport Mueller, de nombreux Américains croient encore aujourd’hui qu’il y a eu «collusion» entre Trump et le gouvernement russe, et des politiciens comme Adam Schiff continuent d’en parler allègrement comme si c’était réel.
Une récente réponse du FBI à une demande d’accès à l’information déposée il y a deux ans par le journaliste Aaron Maté, soulève de nouvelles questions sur le rôle de l’agence dans l’affaire du Russiagate. Bien que presque entièrement expurgée, cette réponse révèle que le directeur adjoint du FBI, Andrew McCabe, avait ouvert une enquête sur Trump, après sa prise de fonctions en 2017, en raison d’informations «qui indiquent raisonnablement que le président Donald Trump pourrait être ou a été, consciemment ou non, impliqué dans des activités pour ou au nom du gouvernement russe, pouvant constituer des violations du droit pénal fédéral ou des menaces à la sécurité nationale des États-Unis».
Nous ne pouvons que deviner de quoi il s’agit, car les textes ont été expurgés. Comme le souligne Matt Taibbi, «soit le FBI avait des preuves pour lancer une telle enquête, ce qui serait accablant pour Trump, soit il n’en avait pas, ce qui serait accablant pour le FBI. À quel cas avons-nous affaire ?» Kash Patel apportera-t-il la réponse ?
Liz Cheney : Externaliser le mensonge pour sauver la démocratie ?
Le 15 octobre 2024, un communiqué de presse du Comité sur l’administration de la Chambre du Congrès américain annonçait que le président de son sous-comité de surveillance, Barry Loudermilk (GA-11), «avait obtenu une correspondance inédite entre la vice-présidente du comité spécial du 6 janvier, Liz Cheney, et Cassidy Hutchinson».
Ancienne assistante du chef de cabinet Mark Meadows sous la première administration Trump, Hutchinson avait livré un témoignage qui fit sensation, lors des audiences publiques du 28 juin 2022 du Comité spécial de la Chambre sur les événements du 6 janvier au Capitole américain. À l’époque, son témoignage avait été largement répercuté dans les médias américains.
Liz Cheney jurant sermon lors de sa prise de fonction. À droite, son père Dick Cheney.
Les nouveaux textes révèlent que Liz Cheney avait échangé le 17 mai 2022 (par l’intermédiaire de Farah Griffin) avec Hutchinson avant son témoignage, alors que celle-ci était encore sous enquête du Comité spécial, et à l’insu de son avocat – ce qui est totalement contraire à l’éthique, comme Cheney le savait pertinemment.
Après cette communication secrète, Hutchinson a radicalement modifié son témoignage. Dans cet entretien (qui a été retranscrit), elle raconte une série d’histoires non corroborées et non vérifiées, correspondant parfaitement au récit du Comité spécial selon lequel le président Trump serait un individu dangereux et seul responsable des événements du 6 janvier. Bien qu’ayant déjà témoigné devant le Comité spécial à deux reprises (le 23 février et le 7 mars), Hutchinson n’avait jamais mentionné auparavant ces «nouvelles informations». Après ce troisième entretien, Cheney commença à communiquer directement avec Hutchinson, qui renvoya alors son avocat Passantino pour embaucher les avocats recommandés par Cheney, qui lui offrirent de l’assister bénévolement.
Tulsi Gabbard contre les néoconservateurs
Tulsi Gabbard
Quant à Tulsi Gabbard, elle a affronté pendant des années la presse dominante, remettant en cause les dogmes chers aux néoconservateurs, comme l’idée que l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’avait nullement été provoquée. Elle a exprimé son scepticisme à l’égard des campagnes visant à organiser des affrontements militaires avec l’Iran, la Syrie et la Chine.
La réponse du parti de la guerre a été caricaturale, certaines sommités néoconservatrices telles que Hillary Clinton et John Bolton suggérant qu’elle était un «atout russe». Il paraît difficile pour les faucons sans antécédents militaires de dénigrer de manière convaincante Gabbard, une ancienne combattante actuellement lieutenante-colonelle de réserve de l’armée américaine, en la faisant quasiment passer pour une traître.
Cela n’empêche pourtant pas des organes de presse tels que Newsweek, AP, l’Economist et le Guardian de Londres de répéter ces insinuations. Le 19 juin 2022, Gabbard a déclaré dans un discours prononcé devant le Western Conservative Summit :
«Pour protéger nos proches, pour protéger nos enfants, pour protéger notre monde, nous devons – nous parlons là d’une menace existentielle – nous devons tenir tête à ces politiciens lâches et bellicistes qui existent actuellement dans les deux partis».
Est-elle prête à tenir tête au «parti de la guerre» en tant que directrice du renseignement national du président Trump ? Le Bureau des menteurs préférerait qu’elle n’en ait pas l’opportunité.
Les biolabs ukrainiens
Le 13 mars 2022, Tulsi Gabbard a publié cette déclaration sur Twitter :
«Il y a plus de 25 laboratoires biologiques financés par les États-Unis en Ukraine qui, s’ils étaient violés, libéreraient et propageraient des agents pathogènes mortels aux États-Unis et dans le monde. Nous devons agir maintenant pour éviter une catastrophe. Les États-Unis, la Russie, l’Ukraine, l’OTAN, l’ONU et l’UE doivent mettre en œuvre un cessez-le-feu autour de ces laboratoires jusqu’à ce qu’ils soient sécurisés et les agents pathogènes détruits».
S’ensuivit une explosion de rage spectaculaire chez les néoconservateurs. L’ancien représentant Adam Kinzinger, républicain de l’Illinois, déclara que Gabbard avait adopté «la véritable propagande russe», la qualifiant de «traîtresse». Pour le sénateur Mitt Romney, républicain de l’Utah, elle «répétait comme un perroquet la fausse propagande russe».
Curieusement, lors d’une audition devant la commission sénatoriale des relations étrangères, six jours plus tôt, la reine des néoconservateurs Victoria Nuland avait répondu au sénateur Marco Rubio que «l’Ukraine dispose d’installations de recherche biologique dont nous craignons maintenant que les troupes russes ne cherchent à prendre le contrôle, c’est pourquoi nous travaillons avec les Ukrainiens sur la manière d’empêcher que ces matériaux de recherche ne tombent entre les mains des forces russes si elles s’en approchent».
Cette forme d’aveu de Nuland, confirmant l’existence de ces laboratoires, n’a pas été considérée comme une «trahison» ou de la «propagande russe mensongère», peut-être parce qu’elle lui avait donné un caractère russophobe.
Contrairement à ce que ses adversaires n’ont pas hésité à insinuer, Gabbard (pas plus que Nuland) n’a prétendu que ces laboratoires servaient à la recherche sur les armes.
Concernant l’affirmation de Gabbard selon laquelle les laboratoires étaient «financés par les États-Unis», un article du New York Post parut la semaine suivante, le 26 mars, sous le titre : «Hunter Biden a aidé à obtenir des fonds pour un sous-traitant américain du laboratoire biologique en Ukraine : e-mails». La source de l’article était le désormais célèbre ordinateur portable d’Hunter Biden (voir ci-dessous).
La question de savoir si les laboratoires biologiques avaient une portée militaire reste ouverte. De nombreuses recherches en biologie, physique et chimie peuvent avoir des applications militaires et civiles. Il est indéniable que les États-Unis ont intensifié, financé et privatisé de manière significative la recherche sur les armes biologiques au lendemain de l’attaque terroriste à l’anthrax de septembre 2001, qui a suivi immédiatement les attentats du 11 septembre et a tué cinq Américains.
Alors que les néoconservateurs rejetaient avec véhémence l’idée d’une quelconque application militaire, les Russes (en particulier le lieutenant-général Igor Kirillov, commandant des forces russes de protection radiologique, biologique et chimique) ont bien précisé qu’il s’agissait de laboratoires d’armement.
Comme on pouvait s’y attendre, le Royaume-Uni a accusé Kirillov d’avoir agi en «porte-parole important de la désinformation du Kremlin». Le 17 décembre, il était assassiné dans un attentat à la bombe, dont le gouvernement ukrainien a revendiqué la responsabilité.
II. L’alliance des néoconservateurs avec les terroristes
Les leçons de la Syrie
En 1975, alors que s’ouvraient les audiences de la commission Church, l’équipe de malfaiteurs au sein de l’appareil de sécurité nationale américain, avait déjà défini une politique étrangère calquée sur les pires caractéristiques de l’Empire britannique.
Le plan Bernard
Lewis, un projet de découpage ethnico-religieux de l’Asie du Sud-ouest.
Remarquez la création
d’un Kurdistan.
Arrivé aux États-Unis en 1974, Bernard Lewis, professeur et agent de renseignement britannique de premier plan, entra en poste à l’université de Princeton et à l’Institute for Advanced Studies. Dans les cercles gouvernementaux américains, il promut l’idée que la propagation du fondamentalisme islamique pourrait affaiblir leurs adversaires dans la Guerre froide, en créant une zone d’instabilité le long des flancs sud de la Russie et de la Chine (il s’agissait d’une élaboration plus poussée de ce que les stratèges de l’Empire du XIXe siècle appelaient le «Grand Jeu»).
Cette tactique fut soutenue avec enthousiasme par le conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski et d’autres figures de proue du mouvement néoconservateur émergent. Les think-tanks néoconservateurs l’ont surnommée «l’Arc de crise» pour le grand public. Pour les initiés, cependant, c’était le «Plan Bernard Lewis».
L’utilisation de radicaux islamiques comme mercenaires fut lancée dans les années 1950 par les Britanniques, qui tentèrent d’instrumentaliser les Frères musulmans contre le président nationaliste égyptien Gamal Abdel Nasser.
Sous la tutelle de Lewis, les États-Unis ont financé, entraîné et armé les moudjahidines en Afghanistan dans les années 1980, les utilisant pour harceler l’armée russe qui occupait le pays. Après avoir réussi à chasser les Russes, les moudjahidines, se transformant rapidement en groupes radicalisés tels qu’Al-Qaïda ou l’État islamique (Daech), commencèrent à commettre des actes de terrorisme en Irak, au Yémen, en Libye, en Syrie et ailleurs. Les services de renseignements anglo-américains ont nié toute implication dans cette évolution, décrivant leurs anciens «combattants de la liberté afghans farouchement indépendants» comme étant devenus une sorte de «monstre de Frankenstein».
Les attentats du 11 septembre fournirent ensuite aux États-Unis et à la Grande-Bretagne un prétexte pour cibler systématiquement les gouvernements laïcs et multiconfessionnels d’Asie du Sud-Ouest et les déstabiliser, en se servant des groupes islamistes radicaux. La Syrie se révéla être un défi pour eux, résistant à ces tactiques de déstabilisation même après que les États-Unis ont commencé, en 2012, à fournir aux éléments islamistes un financement direct d’environ 1 milliard de dollars par an, dans le cadre de ce qui sera révélé plus tard comme «l’opération Timber Sycamore».
Comme l’écrivit fièrement la BBC, «parmi ceux qui soutenaient cette approche (Arms for Rebels) figuraient David Petraeus, alors directeur de la CIA, Hillary Clinton, secrétaire d’État, et la plupart des responsables de la politique étrangère à Washington, tant démocrates que républicains».
Mais ce n’est que le 8 décembre 2024 que le gouvernement de Bachar al-Assad fut finalement renversé et remplacé par un groupe dirigé par Ahmed al-Sharaa (ex-Abu Mohammed al-Jolani), que les États-Unis avaient précédemment désigné comme terroriste et dont ils avaient même offert une prime de 10 millions de dollars pour sa capture. Évincer un gouvernement laïc et nationaliste pour le remplacer par une bande de «djihadistes farouchement indépendants» aurait dû être une honte humiliante pour les néoconservateurs, mais les médias américains complaisants l’ont docilement présenté comme une «victoire de la démocratie».
Tulsi Gabbard a joué un rôle important en attirant l’attention sur cette mascarade de «changement de régime» qui dure depuis des décennies. En 2016, en tant que députée d’Hawaï, elle a présenté le Stop Arming Terrorists Act à la Chambre des représentants.
«Selon la loi américaine, rappela-t-elle, il est illégal pour tout Américain de fournir de l’argent ou de l’aide à Al-Qaïda, à ISIS (État islamique ou Daesh) ou à d’autres groupes terroristes. Si vous ou moi donnions de l’argent, des armes ou du soutien à Al-Qaïda ou à l’EI, nous serions jetés en prison. Pourtant, le gouvernement américain viole cette loi depuis des années, soutenant discrètement les alliés et partenaires d’Al-Qaïda, de l’EIIL (État islamique au Levant), de Jabhat Fatah al-Sham et autres groupes terroristes en leur fournissant de l’argent, des armes et des services de renseignement, dans leur lutte pour renverser le gouvernement syrien».
L’année suivante, elle se rendit à Damas, où elle rencontra le président syrien, provoquant l’indignation de la secte néoconservatrice. Au cours de cette visite, elle se fit une idée directe des opérations britanniques dans ce pays, notamment de l’organisation des «Casques blancs» liée au MI-6 et de l’«Observatoire syrien des droits de l’homme» basé en Grande-Bretagne.
L’organisation des Casques blancs a été fondée par James Le Mesurier (décoré de l’Ordre de l’Empire britannique OBE), un ancien officier militaire britannique qui a admis plus tard avoir détourné les fonds de l’organisation et se serait donné la mort. Se présentant comme une «organisation de défense civile volontaire» venant en l’aide aux communautés en Syrie, cette organisation a été qualifiée d’alliée et de «cinquième colonne» (hidden soldier) par les insurgés islamistes du pays. Les Casques blancs ont été glorifiés par les néoconservateurs, et un film documentaire oscarisé a même été produit afin de les rendre populaires. Les gouvernements américain et britannique leur ont versé 70 millions de dollars depuis 2014.
Les néoconservateurs, qui vénèrent l’Empire britannique comme leur modèle à imiter, se soucient particulièrement de cacher le rôle de la Grande-Bretagne en Syrie. Un incident survenu en 2013 a été exploité à des fins de propagande : une attaque chimique présumée à Ghouta, qui a aussitôt été imputée au gouvernement Assad. On se demande pourtant si elle a réellement eu lieu, en raison d’un rapport (supprimé peu après sa parution) de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui s’est rendue sur place et n’en a trouvé aucune preuve.
Le 13 septembre 2023, le journaliste d’investigation Seymour Hersh a publié une analyse interne de la Defense Intelligence Agency (DIA), affirmant que le Front al-Nosra, l’une des nombreuses ramifications d’Al-Qaïda opérant en Syrie, avait la capacité de mener une telle attaque. Le président Obama, à qui l’on avait délibérément caché cette information, déclara alors publiquement que seul le gouvernement syrien pouvait en être responsable. Cela faisait écho aux déclarations de l’Organisation unie du renseignement britannique, affirmant qu’«il n’existe aucun renseignement crédible ni aucune autre preuve permettant d’étayer les allégations de possession d’armes chimiques par l’opposition».
Le site d’information Grayzone a fourni des preuves minutieusement documentées montrant que les Casques blancs ont trompé et manipulé l’OIAC afin d’accréditer le récit de propagande selon lequel le gouvernement syrien aurait utilisé des armes chimiques contre son propre peuple. Pour les Britanniques et leurs associés néoconservateurs, il était important d’incriminer Assad, car ils espéraient utiliser l’attaque chimique présumée comme prétexte pour convaincre les États-Unis de lancer une attaque militaire contre la Syrie, dans le cadre du grand programme géopolitique du Plan Bernard Lewis.
Dans une interview avec Tucker Carlson, Tulsi Gabbard a déclaré :
«Où sont les preuves ? Où sont les preuves qui permettraient aux États-Unis de lancer une frappe militaire contre la Syrie ? Elles n’ont jamais été présentées, et il est désormais très clair qu’au fil du temps, il y a eu dissimulation, et pourquoi cela ? Il est devenu très clair que ce rapport de l’OIAC, son rapport final [après la «disparition» de celui rédigé par la première équipe], a été élaboré afin de fournir une légitimité à la frappe militaire anticonstitutionnelle que les États-Unis ont lancée contre la Syrie en avril 2018. Ce qui est en jeu ici, c’est la crédibilité de cette organisation internationale, l’OIAC, à laquelle les gens sont censés pouvoir faire confiance en tant qu’entité neutre, pour fournir des faits objectifs basés sur ce que ses enquêteurs ont découvert sur le terrain. Et il est très clair que cela n’a pas été le cas ici. L’impact de cela n’est pas seulement la crédibilité de cette enquête sur l’attaque chimique présumée à Douma, en Syrie, mais cela sapera la crédibilité de tous les rapports et enquêtes passés de l’OIAC, ainsi que de ceux qu’elle mènera à l’avenir. Cela remet en question son intégrité même».
La résistance de Gabbard à cette manipulation médiatique internationale coordonnée, met en lumière ses qualifications en tant que candidate au poste de DNI, dans la mesure où elle démontre sa capacité à distinguer les «opérations psychologiques» bellicistes des véritables renseignements objectifs.
III. L’ingérence électorale et l’ordinateur portable d’Hunter Biden
Nous savons maintenant que c’est le petit prince néoconservateur Anthony Blinken qui a chargé le directeur adjoint de la CIA Mike Morell d’orchestrer la fameuse «Déclaration publique sur les e-mails de Hunter Biden», signée par 51 professionnels du renseignement, après la découverte dans l’ordinateur portable d’Hunter Biden de preuves flagrantes de la corruption de la famille Biden.
Les signataires, dont l’ancien directeur du renseignement national (DNI) James Clapper et les anciens directeurs de la CIA Michael Hayden, Leon Panetta et John Brennan, proclamaient que la publication de ces révélations «présente toutes les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation russe». Ce récit a continué à circuler jusqu’à ce que le New York Times concède avec regret en mars 2022 que l’histoire de l’ordinateur portable était crédible. Si certains de ces 51 signataires peuvent peut-être plaider l’incompétence, la majorité sont simplement des menteurs éhontés. Aucun, cependant, ne peut plaider l’innocence.
Poker menteur : «Quitte ou double»
En décembre 2024, une lettre similaire a été publiée, signée par «près d’une centaine d’anciens responsables des services de renseignement et de la sécurité nationale», s’opposant à la nomination de Tulsi Gabbard. L’une des raisons invoquées est qu’elle aurait «publiquement mis en doute les rapports des services de renseignement américains et les rapports publics accablants, accusant Assad d’avoir mené des attaques à l’arme chimique contre des civils syriens, donnant ainsi du crédit à la conspiration réfutée selon laquelle l’attaque aurait été organisée par des agents du Royaume-Uni».
À noter qu’il est jugé intolérable de mettre en doute les «rapports publics accablants» de ces courtisans de presse qui nous avaient eux-mêmes affirmé qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak. Il convient également de noter que la majorité des signataires de cette lettre sont tous des ambassadeurs à la retraite ou d’autres fonctionnaires du département d’État, ce qui suggère que le secrétaire d’État Blinken pourrait reprendre son rôle de metteur en scène de la «comédie de la lettre sur l’ordinateur portable».
En réponse, une porte-parole de Gabbard a déclaré :
«Ces attaques infondées émanent des mêmes génies qui ont du sang sur les mains à cause de décennies de «renseignements» erronés, incluant la possession d’armes de destruction massive inexistantes. Ces responsables du renseignement continuent d’utiliser le «secret défense» comme une arme partisane pour salir leur ennemi politique par des insinuations, sans révéler les faits».
Barack Obama décorant James Clapper (à droite).
L’angle britannique
Si l’on veut savoir pourquoi l’establishment britannique (dont certains membres des agences de renseignement, tels que l’«ancien» agent Christopher Steele et son dresseur, l’ancien chef des services de renseignement britanniques (1999-2004) Sir Richard Dearlove, ont joué un rôle central dans le Russiagate) s’implique autant aujourd’hui, en tant que puissance étrangère, pour tenter de bloquer les nominations de Patel et Gabbard, il est parfois utile de consulter l’organe non officiel de l’establishment britannique, The Economist de Londres. Celui-ci a publié deux articles majeurs sur Tulsi Gabbard au cours des deux derniers mois, faisant part de son inquiétude quant à la menace qu’elle fait courir à la «relation spéciale» consistant à échanger des données de surveillance orwelliennes entre l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) et le Government Communications Headquarters (GCHQ) du Royaume-Uni (cf. ci-dessous). Leur article du 24 novembre affiche un ton désinvolte et sarcastique, avec le titre «Donald Trump et Tulsi Gabbard s’attaquent aux espions» et le sous-titre «L’espionne qui m’a purgé».
Mais leur inquiétude sous-jacente se manifeste par des avertissements aussi inquiétants que :
«Au sein du pacte de renseignement «Five Eyes», composé de l’Amérique, l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada et la Nouvelle-Zélande, la collecte de renseignements par signaux est si étroitement intégrée qu’il serait impossible de la démanteler sans provoquer de graves perturbations aux États-Unis».
Décrivant Gabbard comme une «apostate démocrate et une apologiste de Vladimir Poutine», l’article du 13 décembre cite le sénateur Adam Schiff, toujours aussi fourbe, qui prévient que si les alliés américains «ne font pas confiance au chef de nos agences de renseignement, ils cesseront de partager des informations avec nous». En plus de ses commentaires de mauvais goût sur l’apparence personnelle, toujours réservés aux personnalités politiques féminines, The Economist ne peut contenir son indignation face à ses critiques des «guerres de changement de régime» et des «faucons de guerre néoconservateurs».
Le Daily Telegraph a publié un article plus hystérique encore, intitulé «Les responsables de la défense britannique alarmés par le choix de Tulsi Gabbard, «pro-Moscou», par Trump», où ils s’inquiètent d’une «réduction potentielle du partage de renseignements au sein de l’alliance Five Eyes».
L’article cite l’ancien chef du MI-6, Sir Richard Dearlove, qui s’est plaint que Gabbard n’ait «aucune expérience du renseignement et de la sécurité». Pas un mot sur l’implication de Dearlove dans la fabrication du mythe sur la détention d’armes de destruction massive par Saddam Hussein, prétexte utilisé par l’administration Bush pour lancer la guerre contre l’Irak en 2003, et du canular du Russiagate, bénéficiant de la «confirmation» britannique que Poutine était impliqué dans le trucage des élections de 2016, appuyée par le faux dossier produit par l’ancien agent du MI-6 Christopher Steele, et dont Dearlove s’est porté garant. Des sources anonymes du gouvernement britannique ont d’ailleurs déclaré que si Gabbard acceptait que l’Amérique reste «l’allié le plus proche» du Royaume-Uni, il n’y aurait aucun problème dans les relations entre les deux nations.
Dans un article séparé intitulé «Qui est Kash Patel», le Telegraph présente cet avocat et ancien procureur fédéral au ministère américain de la Justice, qui fut haut conseiller en matière de contre-terrorisme pour le House Select Committee on Intelligence en 2017, directeur de la Direction du contre-terrorisme au Conseil de sécurité nationale des États-Unis et chef de cabinet du secrétaire intérimaire à la Défense, Christopher C. Miller, comme un «auteur pour enfants».
IV. La corruption au sein du ministère de la Justice
La vérité sur la «militarisation du système judiciaire»
Au cours des dernières décennies, tant les républicains que les démocrates ont accusé leurs adversaires de tenter d’utiliser à des fins politiques le contrôle qu’ils exercent sur le ministère de la Justice et les forces de l’ordre. Mais l’une des leçons que nous avons apprises de la commission du sénateur Frank Church en 1975, est qu’il faut remonter encore plus loin, notamment à des opérations telles que COINTELPRO, un programme du FBI lancé au milieu des années 1950 qui impliquait la surveillance, l’infiltration et la perturbation illégales d’un large éventail d’organisations et de mouvements politiques considérés comme indésirables.
Comme pour d’autres activités secrètes (et illégales) révélées lors des audiences de la commission Church, le FBI a fait son mea culpa et assuré au public que COINTELPRO avait été abandonné. Cependant, les faits démontrent qu’il n’en était rien.
L’abus de pouvoir le plus spectaculaire et le plus minutieusement documenté du ministère de la Justice et du FBI fut la campagne de plusieurs décennies orchestrée contre le mouvement de l’économiste et homme politique Lyndon LaRouche (1922-2019). À propos de cette campagne viciée, l’ancien procureur général Ramsey Clark a écrit :
«Je crois qu’elle implique la gamme la plus large de fautes délibérées et systématiques et d’abus de pouvoir, sur la période la plus longue, en vue de détruire un mouvement politique et son dirigeant, que toute autre poursuite fédérale à mon époque ou à ma connaissance».
Cela impliquait la diffusion de calomnies dans les médias, des tentatives d’infiltration, des poursuites indues, l’emprisonnement de dirigeants du mouvement, l’interdiction de publications et d’autres formes de harcèlement plus secrètes, et cela après que le FBI eut affirmé avoir mis fin au programme COINTELPRO.
Ces pratiques perdurent aujourd’hui. Par exemple, la lieutenante-colonelle Tulsi Gabbard, qui bénéficie d’une habilitation de sécurité élevée, a été placée l’année dernière sur une liste de surveillance de la Transportation Security Administration baptisée «Quiet Skies», ce qui lui vaut des contrôles supplémentaires avant les vols, une forme de harcèlement particulièrement insultante.
Kash Patel a déclaré qu’il «ne ferait aucun prisonnier» lorsqu’il sera à la tête du FBI. Il écrit dans son livre, Government Gangsters :
«L’un des bras les plus rusés et les plus puissants de l’État profond est le Federal Bureau of Investigation (FBI), la principale agence d’enquête au sein du pouvoir exécutif, qui opère sous l’autorité du ministère de la Justice. La Central Intelligence Agency (CIA) est peut-être entourée d’un halo plus mystérieux (et elle est certainement le sujet de nombreux autres thrillers d’espionnage), mais à bien des égards, un FBI hyper-politisé constitue une menace bien plus grande pour la liberté et l’autonomie gouvernementale des États-Unis. En effet, alors que la CIA a le pouvoir et l’autorité de collecter des renseignements et d’opérer clandestinement à l’étranger, le FBI se concentre sur l’intérieur des États-Unis. Nous avons mis en place des garanties juridiques et procédurales afin de prévenir les abus, mais comme la nation l’a appris, ces garanties sont loin d’être suffisantes. Le FBI est désormais le principal fonctionnaire de l’État profond. Sa direction politisée au plus haut niveau en a fait un outil de surveillance et de répression des citoyens américains».
La débâcle de la loi sur la surveillance des étrangers
Ces dernières années, la loi sur la surveillance du renseignement étranger (Foreign Intelligence Surveillance Act, FISA) et le tribunal de surveillance du renseignement étranger (Foreign Intelligence Surveillance Court, FISC) ont été particulièrement utilisés dans le cadre des jeux politiques au sein du système juridique.
Ironiquement, FISA et FISC ont été créés sous l’administration Carter en réponse au COINTELPRO et aux abus connexes mis au jour par la Commission Church. Ces dispositifs étaient censés limiter «les surveillances électroniques non criminelles aux États-Unis» à celles destinées «à recueillir des renseignements étrangers et/ou du contre-espionnage étranger», et établir un système de tribunaux chargés d’examiner et de contrôler les demandes de mandats de perquisition présentées par les agences fédérales.
Cependant, ils ont laissé une faille béante afin de permettre d’espionner quelqu’un qui ne pourrait pas être lié de façon plausible à des intérêts étrangers hostiles, en autorisant «l’acquisition» [d’informations], ce que la NSA définit comme «l’interception [d’informations] par des moyens de communication électroniques». Ainsi, les données acquises par le GCHQ britannique, ou l’une des autres parties de l’AUKUS, puis transmises aux agences américaines, ne tombent pas sous cette loi. États-Unis et Royaume-Uni peuvent espionner à leur gré les citoyens de l’autre pays et échanger leurs données.
Sous couvert de «sécurité nationale», les procédures des tribunaux FISC sont tenues secrètes. Les demandes de mandats de perquisition ne sont presque jamais refusées. Ce système est essentiellement inefficace et n’a pas répondu aux attentes du Comité Church. Tulsi Gabbard a déclaré :
«Le tribunal [FISA] s’est avéré un organisme fiable pour approuver les demandes du gouvernement».
Au plus fort du Russiagate, la Cour suprême a délivré, sur la base de fausses allégations, des mandats autorisant le FBI à espionner la campagne de Trump, opération baptisée Crossfire Hurricane (inspiré d’une chanson des Rolling Stones…).
Prise la main dans le sac, la Cour a alors nommé l’ancien procureur général adjoint à la sécurité nationale David Kris, un fervent partisan du Russiagate, pour réformer ses processus de mandats, ce qui a fait dire au représentant Devin Nunez :
«C’est un choix ridicule. Le FBI a menti au FISC, et pour s’assurer que cela ne se reproduise plus, le FISC a choisi un défenseur du FBI qui a nié et défendu ces mensonges. Le FISC met le feu à sa propre crédibilité».
V. La guerre contre les lanceurs d’alerte
Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, l’administration Bush a tout simplement contourné les tribunaux de la FISC en mettant en place le programme de surveillance secret Stellarwind, incluant la collecte à grande échelle des journaux d’appels téléphoniques des Américains. Par la suite, la Cour d’appel des États-Unis pour le neuvième circuit a estimé que ce programme avait peut-être violé la FISA.
Découvrant que l’agence d’espionnage avait commencé à utiliser le logiciel Thin Thread, qu’il avait créé, pour recueillir des informations sur les Américains sans mandat du tribunal, l’ancien responsable du renseignement William Binney, ainsi que deux de ses collègues, Kirk Wiebe et Ed Loomis, décidèrent de quitter la NSA pour devenir lanceurs d’alerte.
Entamant la procédure pour obtenir le statut de lanceurs d’alerte protégés, ils se retrouvèrent confrontés à des représailles de la part de la NSA et du ministère de la Justice. Sortant de sa douche un beau matin, Binney se retrouva nez à nez avec un agent du FBI armé, entouré d’une équipe de 12 personnes chargés de fouiller sa maison et de confisquer son ordinateur et ses documents. D’autres ont subi le même traitement. Ces mauvais traitements infligés par le gouvernement fédéral, ainsi que les mensonges infligés au peuple américain par des responsables de haut rang comme James Clapper, ont influencé la décision d’Edward Snowden de ne pas «travailler au sein du système».
En 2013, alors qu’il travaillait comme sous-traitant pour le gouvernement, Snowden a divulgué des informations hautement confidentielles de la NSA. Elles faisaient état de nombreux programmes de surveillance mondiaux gérés par la NSA, le GCHQ et l’alliance de renseignement «Five Eyes» dominée par les Britanniques, avec la complicité d’entreprises de télécommunications. Pour éviter les représailles dont les lanceurs d’alerte avaient été victimes avant lui (l’administration Obama les poursuivait avec un acharnement sans précédent), il prit des mesures radicales pour sa sécurité personnelle, quittant les États-Unis avant de divulguer ses informations et choisissant soigneusement ses destinataires.
Cependant, plutôt que de faire ses révélations de manière anonyme, il les faisait publiquement, sous son vrai nom. «Je n’ai pas l’intention de cacher qui je suis parce que je sais que je n’ai rien fait de mal», a-t-il écrit. Snowden prit des dispositions pour éviter d’être «extradé» et a finalement accepté l’asile du gouvernement russe. Le gouvernement américain l’a inculpé d’espionnage.
Julian Assange, le journaliste australien qui a fondé Wikileaks en 2006, a créé un mécanisme grâce auquel les lanceurs d’alerte pouvaient divulguer anonymement des informations révélant de graves violations des droits de l’homme et des libertés civiles par divers gouvernements. Après en avoir vérifié l’authenticité, Wikileaks publiait les documents cachés.
Le 5 avril 2010, sous le titre «Meurtre collatéral», WikiLeaks publia 39 minutes d’images classées secrètes, prises par des viseurs d’armes à feu. On y voit l’équipage d’un hélicoptère de combat américain en Irak tirer sur un groupe de personnes et en tuer plusieurs, dont deux journalistes de Reuters, tout en se moquant de certaines de leurs victimes, toutes civiles. Inutile de dire que cela n’a pas contribué à faire aimer Assange parmi les néoconservateurs, qui, comme d’habitude, s’affairaient à promouvoir la dernière guerre choisie, comme une noble et altruiste croisade pour la démocratie et les droits de l’homme.
La faction néoconservatrice se mit alors à chercher une riposte, ce qui conduisit à une série de manœuvres juridiques sophistiquées impliquant les gouvernements de Suède, du Royaume-Uni et des États-Unis. En 2012, Assange demanda l’asile à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il vécut pendant sept ans, jusqu’à ce que l’asile lui soit retiré. Il fut ensuite incarcéré pendant cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, en Grande-Bretagne, avant d’être finalement libéré. Il a été inculpé aux États-Unis pour «complot en vue de commettre une intrusion informatique» et plus tard pour violation de la loi sur l’espionnage de 1917, mais n’a jamais été jugé.
Les cas d’Edward Snowden et de Julian Assange ont suscité une forte polarisation, les néoconservateurs s’opposant aux défenseurs des libertés civiles. Les néoconservateurs affirmaient que, dans l’intérêt de la sécurité nationale, les employés des agences secrètes devaient avoir une licence implicite pour mener des activités parfaitement illégales sans contrôle. Snowden et Assange leur avaient causé un grave embarras en révélant l’étendue des crimes auxquels ils se livraient, comme la surveillance illégale (y compris de chefs d’État étrangers comme la chancelière allemande Angela Merkel), les crimes de guerre, l’ingérence dans la politique électorale américaine et même le soutien à des organisations terroristes. Les néoconservateurs exigeaient des représailles extrêmes afin de dissuader toute dénonciation future. Mike Pompeo, à l’époque où il dirigeait la CIA, avait même demandé à l’agence d’élaborer un plan pour kidnapper et assassiner Assange.
Le secrétaire d’État
américain Mike Pompeo avec le Premier ministre israélien
Benjamin
Netanyahou.
Parallèlement, un large éventail d’organisations de défense des droits de l’homme et de journalistes du monde entier ont appelé à la réhabilitation de Snowden et d’Assange, tout comme Tulsi Gabbard. Dans une interview accordée en 2019 à Jake Tapper de CNN, elle a déclaré à propos d’Assange :
«Je pense que ce qui se passe ici, malheureusement, c’est une forme de représailles de la part du gouvernement qui dit : «Hé, voilà ce qui se passe quand vous publiez des informations que nous ne voulons pas que vous divulguiez !» C’est pourquoi je pense que c’est une pente dangereuse et glissante, non seulement pour les journalistes, non seulement pour ceux qui travaillent dans les médias, mais aussi pour tous les Américains, car notre gouvernement peut et a le pouvoir de frapper fort et de dire : Faites attention, taisez-vous et rentrez dans le rang, sinon nous avons les moyens de vous poursuivre».
Le 30 septembre 2020, Gabbard et le représentant Matt Gaetz ont présenté la résolution 1162 de la Chambre, que voici :
Les sénateurs qui voteront pour confirmer les nominations du président Trump devraient se demander ce qui est le plus dommageable pour la sécurité nationale des États-Unis : la révélation d’activités criminelles ou les activités criminelles elles-mêmes ? La violence et la férocité des attaques contre Gabbard et Patel, venant de ceux qui ont quelque chose à cacher, devraient nous montrer qu’il y a encore beaucoup de saletés qui n’ont pas vu la lumière du jour.
En 2020, à propos de Snowden et d’Assange, Tulsi Gabbard a appelé le président Trump, «à envisager de gracier ceux qui, au prix de grands sacrifices personnels, ont révélé la tromperie et la criminalité des membres de l’État profond».
VI. Conclusion : Existe-t-il un «État profond» ?
Comme on pouvait s’y attendre, la notion d’appareil d’État profond a été tournée en dérision, qualifiée de «théorie complotiste» par les partisans de cet État profond. En fait, le bon sens veut que dans une institution aussi énorme que le gouvernement américain, dont les administrateurs clés sont fréquemment remplacés lors des élections, il y ait ce que les Britanniques se plaisent à appeler la «continuité du gouvernement» : une équipe permanente de bureaucrates qui offrent leur expertise à chaque administration nouvellement élue, tout en conservant leurs propres préjugés idéologiques, leurs propres programmes immuables et leurs allégeances de longue date à des personnes et des institutions, à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement en tant que tel (comme le tristement célèbre «complexe militaro-industriel»). Ce sont eux les véritables gestionnaires du gouvernement au quotidien, et il faut un dirigeant exceptionnellement coriace pour les obliger à changer de cap.
Le tollé suscité par les nominations de Gabbard et Patel laisse penser que ces deux personnalités – et l’administration qu’elles espèrent représenter – pourraient avoir l’opportunité, les moyens et la motivation nécessaires pour enfin mettre un terme à la corruption douloureusement évidente, ancrée de longue date, des agences gouvernementales qu’elles dirigeront. Il est urgent qu’elles soient confirmées dans leurs fonctions.
Dès lors, le peuple des États-Unis devra exiger et obtenir la formation immédiate d’un nouveau «Comité Church» au Congrès, une commission chargée d’enquêter sur les opérations illégales, mensongères et criminelles des agences de renseignement du pays, 50 ans après la courageuse tentative du sénateur Frank Church.
Nous devons démasquer le Bureau des menteurs et en poursuivre les membres autant que le permet la loi. Nous devons lutter pour mettre en lumière tous les crimes commis contre la présidence américaine et la république américaine par ses ennemis, étrangers et nationaux, en particulier ceux qui opèrent sous le couvert de la «relation spéciale» entre la Grande-Bretagne et les États-Unis.
C’est une condition préalable essentielle pour que les États-Unis retrouvent leur rôle autrefois honorable et digne de confiance au sein de la communauté internationale, et la confiance du peuple américain dans «l’égalité devant la loi» pour tous ses citoyens.
Liste des agents de l’État profond établie par Kash Patel
Cette liste est tirée du livre de Patel, Government Gangsters, où l’auteur se concentre sur l’affaire du «Russiagate» et, comme les chercheurs de l’Executive Intelligence Review (EIR) peuvent en témoigner, ce n’était pas le premier rodéo du Deep State. À notre avis, cette liste comprend un certain nombre de personnages relativement mineurs et omet également quelques personnalités majeures. Néanmoins, c’est un bon point de départ.
Cette liste ne comprend que des fonctionnaires, actuels et anciens, du pouvoir exécutif et n’est pas exhaustive. Elle n’inclut pas, par exemple, d’autres acteurs corrompus de premier ordre, tels que les membres du Congrès Adam Schiff et Eric Swalwell, les membres de Fusion GPS ou Perkins Coie, Christopher Steele, Paul Ryan, l’ensemble de la presse mafieuse des fake news, etc.
par ordre alphabétique :
• Atkinson, Michael — Ancien inspecteur général de la communauté du renseignement
• Austin, Lloyd — Secrétaire à la Défense sous la présidence de Biden
• Auten, Brian — Analyste de renseignement de surveillance au sein du FBI
• Baker, James — Ancien conseiller juridique général du FBI, actuellement membre du Brookings Institute, ancien conseiller juridique
général adjoint chez Twitter
• Barr, Bill — Ancien procureur général sous la présidence de Trump
• Bolton, John — Ancien conseiller à la sécurité nationale sous la présidence de Trump
• Boyd, Stephen — Ancien chef des affaires législatives au ministère de la Justice sous la direction du procureur général adjoint
Rosenstein
• Biden, Joe — président des États-Unis
• Brennan, John — Ancien directeur de la CIA sous la présidence de Barack Obama, actuellement analyste principal de la sécurité nationale
et du renseignement chez NBC et MSNBC
• Carlin, John — Procureur général adjoint par intérim, ancien chef de la division de la sécurité nationale du ministère de la Justice
pendant l’enquête du FBI sur le Russiagate
• Ciaramella, Eric — Ancien membre du NSC au sein des administrations Obama et Trump
• Cipollone, Pat — Ancien conseiller juridique de la Maison-Blanche sous la présidence de Trump
• Clapper, James — Ancien directeur du renseignement national sous le président Obama, actuellement analyste de la sécurité nationale à
CNN
• Clinton, Hillary — Ancienne candidate du Parti démocrate à la présidence et ancienne secrétaire d’État sous la présidence
d’Obama
• Comey, James — Ancien directeur du FBI
• Dibble, Elizabeth — Ancienne chef de mission adjointe à l’ambassade des États-Unis à Londres
• Esper, Mark — Ancien secrétaire à la Défense sous la présidence de Trump
• Farah, Alyssa — Ancienne directrice des communications stratégiques sous la présidence Trump
• Farkas, Evelyn — Ancienne fonctionnaire du ministère de la Défense sous la présidence d’Obama
• Flores, Sarah Isgur — Ancienne responsable des communications du ministère de la Justice pour les sessions du procureur
général
• Garland, Merrick — Procureur général sous la présidence de Biden
• Grisham, Stephanie — Ancienne attachée de presse du président Trump et chef de cabinet de Melania Trump
• Harris, Kamala — Vice-présidente des États-Unis
• Haspel, Gina — Ancienne directrice de la CIA sous la présidence de Trump, actuellement conseillère au cabinet d’avocats King &
Spalding
• Hill, Fiona — Ancienne employée du NSC qui a travaillé avec Vindman et Ciaramella
• Heide, Curtis — Agent du FBI