USA : une élection controversée

...par Jean-Luc Basle - le 14/01/2017.

 

Economiste 

Diplômé de Columbia University et de Princeton University

Directeur de Citigroup New York (1972-1995)

Enseignant associé aux Ecoles de Saint-Cyr Coêtquidan

Vice-président de l’Institut de Locarn

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The international monetary system : challenges and perspectives" (1982) - L'euro survivra t-il ? (2016) -



La campagne contre le président élu ne faiblit pas. Après le comptage des voix et la légitimité du Collège électoral, c’est la Russie qui est mise en cause à double titre : piratage de l’élection et chantage possible (Donald Trump se serait livré à des "parties fines" lors de ses voyages en Russie ce qui permettrait de le faire chanter si nécessaire, selon le rapport de la CIA du 6 janvier).

Cette polémique est inhabituelle dans les annales américaines. Certes, le vote populaire donnait Hillary Clinton gagnante. Mais, une situation similaire s’est présentée en 2000. Le vote populaire était favorable à Al Gore mais c’est son opposant, George W. Bush, que la Cour suprême a choisi, sans que ne cela donne lieu à contestation. Les causes de cette campagne sont donc plus profondes qu’il n’y paraît. Elles tiennent à la politique étrangère américaine. 

 

Donald Trump est un électron libre, narcissique et machiste qui n’inspire guère la sympathie. Mais ce n’est pas de sentiment dont il est question ici mais de politique, celle des monstres froids que sont les états-nations. La chute de l’Union soviétique a donné lieu à la création d’un parti hégémonique aux Etats-Unis. Ses fondations sont la doctrine de Paul Wolfovitz et le Projet pour le nouveau siècle américain. La doctrine se résume ainsi : "Notre objectif est de prévenir la réémergence d’un nouveau rival qui pose une menace semblable à celle que posait l’Union soviétique… En conséquence, nous devons nous assurer qu’aucun pouvoir hostile ne domine une région dont les ressources lui permettrait de devenir une puissance mondiale". Le Projet en tire les conséquences pratiques. En tant que première puissance mondiale, les Etats-Unis doivent façonner le monde à leur image pour préserver leurs intérêts. Pour ce faire, ils doivent étendre un ordre international propice à leur sécurité et leur prospérité. Pour atteindre cet objectif, il convient d’accroître le budget de la défense. Le message est clair : il est dans la destinée des Etats-Unis de conduire le monde. Cette politique sera mise en pratique.

 

Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Cette politique a un coût financier mais plus encore humain insoutenable. Le nombre de morts, de blessés et de migrants en Afghanistan, en Irak, en Syrie, et en Libye se comptent en millions (650 000 morts en Iraq à juillet 2006, selon l’institut britannique The Lancet). L’image des Etats-Unis est sérieusement écornée, et plus encore leur influence sur la scène internationale. Ainsi, Rodrigo Duterte, président philippin, fait-il un pied de nez à son allié et protecteur américaine en visitant la Chine et en invitant la flotte russe à Manille – situation inimaginable il y a seulement quelques années. Le récent accord sur la Syrie, conclu entre la Russie, la Turquie et l’Iran, exacerbe un sentiment de frustration en excluant les Etats-Unis et leurs alliés. C’est un camouflet.

 

Face à l’échec de cette politique dont les effets sont visibles depuis des années, une voix s’élève : celle de Donald Trump. Son projet est révolutionnaire. Non seulement rejette-t-il la politique hégémonique des néoconservateurs mais il entend aussi mettre à bas l’architecture de la Pax Americana, c’est-à-dire l’OTAN, l’OMC, etc. pour la remplacer par des accords de gré à gré entre nations où les Etats-Unis seront en position de force en raison de leur poids économique, financier et militaire. Il pense ainsi obtenir un meilleur résultat à un moindre coût. D’où l’idée de "deals" qui revient sans cesse dans ses discours et dont il a une grande pratique. Isolé au départ, les réalistes de la politique étrangère se rallient peu à peu à sa bannière.

 

Le schisme qui se dessine est d’autant plus difficile à décerner que sur beaucoup de points (Israël, Iran, Chine, etc.), néoconservateurs et réalistes sont d’accord. La différence se situe au niveau de leur philosophie respective. Alors que pour les néoconservateurs l’asservissement de la Russie constitue un préalable à la soumission de la Chine et à l’hégémonie mondiale, pour les réalistes il suffit à la nation américaine d’être la première au monde – "primus inter pares" – pour assurer sa sécurité et son bien-être. C’est tout le sens du slogan : "America First".

 

Il ne s’agit donc pas d’une simple controverse électorale mais de quelque chose de plus fondamental qui remet en cause la politique étrangère américaine, les personnes qui la dirigent et en profitent.


Politique et Eco N°118 avec Georges Clément...

...chef d'entreprise, écrivain et président du Comité Trump France.

Sur TV Liberté le 15/01/2017.



L’effet Trump, ou la fin des bons sentiments

...par Ivan Rioufol - le 19/01/2017.

 

Journaliste, éditorialiste et essayiste français.



Donald Trump, éreinté par les prêcheurs d’amour, en devient estimable.

La gauche morale, qui refuse de se dire vaincue, dévoile l’intolérance qu’elle dissimulait du temps de sa domination. Cette semaine, les manifestations anti-Trump se succèdent à Washington, où le président prête serment ce vendredi. La presse ne cache rien de la répulsion que lui inspire celui qui a gagné en lui tournant le dos. Les artistes de variétés se glorifient de ne vouloir chanter pour lui. Des stylistes de mode font savoir qu’ils n’habilleront pas la First Lady, Melania. Des peintres demandent à Ivanka, la fille, de décrocher leurs œuvres de son appartement.

 

Au pays de la démocratie, le choix du peuple et des grands électeurs est refusé par une caste convaincue de sa supériorité. Une victoire de Marine le Pen, en mai, aurait les mêmes effets en France, en plus violent sans doute. Le sectarisme des prétendus bienveillants montre leur pharisaïsme. Les masques n’ont pas fini de tomber.

 

C’est un monde ancien qu’enterre Trump à la Maison-Blanche :  Celui des bons sentiments étalés et des larmes furtives, alibis des lâchetés. La vulgarité du cow-boy mégalomane et son expression brutale ne suffisent pas à le disqualifier. D’autant que ses procureurs se ridiculisent. Le mondialiste George Soros, qui avait parié sur la frayeur des marchés, aurait perdu près d’un milliard de dollars.

En quelques tweets, Trump a obtenu que Ford annule un projet d’usine au Mexique au profit d’un investissement dans le Michigan.

Fiat-Chrystler va également rapatrier une production de véhicules.

General Motors promet d’investir un milliard de dollars.

Carrier (climatiseurs) va sauver 1 000 postes.

Amazon annonce 100 000 emplois et Walmart 10 000. 

 

L’effet Trump s’est déjà mis en branle. L’éléphant va casser de la porcelaine. Mais la révolution des œillères, ôtées grâce à lui, est à ce prix.

Il va être difficile, pour les orphelins de l’obamania et les pandores du bien-pensisme, de faire barrage à l’insurrection populaire qui s’exprime, faute de mieux, derrière ce personnage instinctif. 

 

 


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