NOTE RENSEIGNEMENT, TECHNOLOGIE ET ARMEMENT N°74 / JANVIER 2024
ÉVOLUTION PRÉVISIONNELLE DES ARMEMENTS ET DE LA GUERRE (4)
JEAN-FRANÇOIS GENESTE
Jean-François Geneste a près de 40 ans
d’expérience dans les domaines aéronautique espace et défense. Il a été directeur scientifique du groupe EADS, devenu Airbus Group, pendant 10 ans. Il a été professeur au Skolkovo Institute of
Science and Technology à Moscou. Il est actuellement le PDG de la startup WARPA qui vient de se voir attribuer un brevet pour son moteur de propulsion spatiale à impulsion spécifique
infinie.
Nous allons traiter cette fois-ci et relativement en longueur, le champ de bataille dans sa globalité. Et vous me permettrez de commencer par une anecdote que
m’avait contée un collègue et ami de MATRA quand j’étais jeune ingénieur. Alors qu’il travaillait à la direction d’appui scientifique et technique conduite par un certain M. Hébel, il était
allé le voir pour lui présenter sa nouvelle approche pour augmenter la probabilité d’impact d’un missile sur sa cible (un avion de combat) à 99 %. Et il avait conclu : « et en plus on ne tue pas le
pilote ! » Que n’avait-il dit ! M. Hébel lui expliqua qu’en temps de guerre, une fois la machine industrielle mise en route, on produit quasiment autant de matériels
que l’on veut, mais que pour former un aviateur, cela nécessite au moins 5 ans et encore faut-il qu’il revienne avec succès de ses premières missions. Ainsi, le but d’un missile qui vise un
aéroplane, est non pas de détruire l’appareil, mais bien l’homme qui est à son bord.
Tout cela pour dire que concernant la guerre, ses objectifs ne sont jamais propres. La finalité très claire est d’éliminer les combattants « haut de gamme »
et de blesser de manière irrémédiable ceux qui sont de niveau inférieur pour qu’ils représentent ensuite une charge pour leur collectivité qui se verra en conséquence ralentie. Tout
le reste n’est que billevesée. C’est là la réalité et ceux qui soutiennent aujourd’hui, de par le monde, quelque conflit que ce soit en voulant le faire durer, se mettent dans ce référentiel
quelque peu ragoûtant.
Constatons donc que pour ce qui concerne l’affrontement en Ukraine, on parle beaucoup de pertes de matériels. Mais cela n’est rien. Ce qui compte, ce sont les
hommes ! Et on en discourt très peu, trop peu… ! Tant des morts que des mutilés… ! Rappelons-nous cet adage des temps anciens et qui dit « le combat cessa faute de
combattants ». C’est, peu ou prou, cela un conflit ! Encore faut-il que les dirigeants ne soient pas trop « hors sol » et aient une compassion pour leurs compatriotes, sans
parler de ceux, extérieurs, bien pis, qui attisent les rancœurs et empêchent délibérément la paix.
Ne perdons pas de vue ce qui vient d’être énoncé dans la suite de ce texte quand nous nous plongerons dans les moyens mis en œuvre.
LES
MISSILES
Et commençons par les missiles. Il y a une sorte d’équation qui veut que cet engin, peu cher, détruise une cible ayant un prix au moins un ordre de grandeur
supérieur au sien. Nous avons parlé plus haut et par exemple d’un avion de combat, mais ce pourrait être un bateau ou un char, etc.
Prenons alors comme exemple ce qui s’est réellement passé en mer Rouge et qui est décrit dans un article[1] que nous conseillons vivement au lecteur de consulter, même si nous allons en reproduire de larges extraits.
Commençons ! « En décembre, aux abords du détroit de Bab el
Mandeb [mer Rouge], la frégate multimissions [FREMM] Languedoc, sous commandement national, a dû s’employer à deux reprises pour détruire des drones hostiles lancés par les rebelles Houthis
depuis le Yémen. Pour cela, elle a utilisé une partie des 16 missiles surface-air Aster 15, dont le coût unitaire est compris entre 1 et 1,5 million d’euros.
Évidemment, cela a ouvert un débat sur le
rapport entre le coût de ces missiles et celui des engins qu’ils ont détruits, sachant que le prix d’une munition téléopérée iranienne [MTO ou drone « kamikaze »] de type Shahed-136, comme
celle probablement utilisée par les Houthis, est d’environ 20 000 dollars.
Lors du
dernier point presse du ministère des Armées, le 11 janvier, le vice-amiral Emmanuel Slaars, commandant la zone maritime de l’océan Indien [ALINDIEN] ainsi que les forces françaises
stationnées aux Émirats arabes unis [FFEAU] n’a pas manqué d’être interrogé sur ce sujet. Pour lui, « analyser les choses » sous cet angle est un « peu court » étant donné que ce n’est pas le
prix de la munition utilisée pour écarter une menace qui compte mais la valeur de ce qu’elle a permis de protéger.
« Il
faut intégrer dans vos analyses le fait que le coût à prendre en compte n’est pas seulement celui du missile que l’on utilise mais également le coût de ce que l’on protège. Là, en l’occurrence,
il s’est agi de protéger nos marins et leur bateau parce que, lors des attaques des 9 et 11 décembre, il n’y a aucun doute sur le fait que la Languedoc était visée. Donc, il n’y a aucun état
d’âme à avoir », a affirmé le vice-amiral Slaars ».
L’arrivée des drones sur le champ de bataille est un sujet majeur dont les états-majors semblent ne pas avoir pris toute la mesure. L’extrait ci-dessus montre bien
la gêne et l’erreur qui est faite. En effet, même si, au premier abord, l’argument du vice-amiral paraît de bon sens, la profondeur de son raisonnement est très insuffisante. Pourquoi ?
Simplement parce que ce qui compte, c’est le feu soutenu. Combien l’ennemi peut-il produire de drones à 20 000 dollars l’unité contre combien de missiles à
1,5 million ? Donc, in fine, quelle que soit la valeur du bien protégé, la défense est bien trop chère pour être efficace. Et ainsi, dans un conflit ouvert, la frégate FREMM
disparaîtra sous le nombre.
Cet exemple est édifiant et peut s’appliquer à tous les domaines concernés par les drones, que ce soit ceux antichars, ceux qui détruisent les installations
industrielles, etc. L’équation du missile est par conséquent en panne et à moins de trouver une parade, il va falloir changer la façon de faire la guerre.
Remarquons néanmoins qu’une nouvelle arme est apparue et qui, manifestement, pose problème à l’Occident, il s’agit de l’hypersonique. Là, les
défenses semblent inopérantes et même si ces engins ont probablement un coût relativement élevé, leur rendement est extraordinaire et les considérations précédentes ne signifient dès lors pas la
mort de ce type d’équipements, bien au contraire. Seule leur doctrine d’emploi devrait changer.
Profitons de l’occasion pour traiter de la défense antimissile. Cette dernière est peu, voire pas, efficace, nous venons de le voir. Il va donc lui falloir faire
des ruptures technologiques. En premier lieu, cela va nécessiter des radars qui détectent les cibles, ce qui apparaît n’être guère le cas aujourd’hui ou quand c’est trop tard. Imaginer, comme le
fait le système Patriot,
poursuivre des missiles hypersoniques à l’aide d’autres missiles qui devraient être plus manœuvrants nous semble être un échec assuré. Actuellement et dans les éléments connus, les seules armes,
à développer contre cela, sont les lasers de puissance et les canons électromagnétiques. Et il y a quelques barrières technologiques à passer, à condition, de plus, d’avoir les
bonnes idées, ce qui, en Occident, reste peu probable tant la science et l’ingénierie y sont en décrépitude. Décernons néanmoins un bon point aux Britanniques qui auraient réalisé
le DragonFire[2] qui est un laser de puissance, a priori destiné à cet effet.
LES
DRONES
Revenons sur les drones pour constater que malgré des efforts importants et parfois assez astucieux, les engins navals conçus par les Britanniques pour attaquer la
flotte russe de mer Noire ont été en grande partie un échec, même s’ils ont eu quelques succès, les défenses n’étant jamais sûres à 100 %. Néanmoins, à notre connaissance, tous ces appareils
naviguaient en surface. Il semblerait que rien de sous-marin et dangereux n’ait été tenté. Il faut dire que pour faire cela, il serait nécessaire d’établir des liaisons de communications
efficaces avec des dispositifs évoluant assez profondément. Nous parlons ici en théorie, car la mer d’Azov a peu de fond et se prête donc mal à cela. Mais notre propos se veut général. Or, là
encore, développer de tels moyens serait requis. Néanmoins, ils sont aujourd’hui d’un accès difficile en l’absence de proposition de rupture, laquelle donnerait un avantage stratégique important
à celui qui en serait à l’origine. Mais est-on capable de parier, en Europe en particulier, sur une recherche dont l’aboutissement n’est pas garanti ?
Continuons pour passer aux drones du fantassin qui sont une révélation du conflit en cours. Ces engins peuvent surveiller au plus près, avec des résolutions
largement suffisantes, pour un coût quasi nul ; et, de plus, ils peuvent transporter par exemple des grenades qui ne peuvent rater leur cible ou presque. Si on regarde une perspective plus
historique, on peut constater l’évolution suivante. L’homme est parti du javelot et de l’arc, lequel s’est perfectionné en arbalète dans un schéma de course entre « le bouclier et
l’épée ». En effet, les armures et les côtes de maille imposèrent l’arbalète pour tuer, une fois encore, les personnes. Puis il y eut la poudre avec les canons, et les obus. Pour ces
derniers, une sophistication peu connue concerne ceux à guidage terminal. Effectivement, disons quand il a fait 40 km en trajectoire balistique, se déclenche un système de détection de cible
dans le voisinage, des ailes se déploient, le roulis s’arrête et l’engin est piloté sur les ultimes kilomètres vers son objectif. Nous évoquons ce cas, car c’est le premier pas vers un
cheminement qui est en partie non passif. Jusque-là, les flèches, balles ou obus suivaient peu ou prou des paraboles. Avec les drones, l’itinéraire peut être rendu complètement erratique. Cela
pose un problème de repérage, de mise en place des dispositifs de défense et d’appréciation de quel va être le but final, sachant qu’il peut être modifié en cours de mission. C’est là une rupture
majeure ! Gageons que dans les évolutions à venir, des trajectoires stochastiques seront ajoutées aux capacités actuelles. Cela diminuera un peu la portée, mais rendra les drones quasi
inarrêtables. Nous voyons bien que cela va être le cauchemar des fantassins entre autres. Les progrès à faire seront ceux du rayon d’action pour, justement, inviter le stochastique dans les
itinéraires et augmenter substantiellement l’efficacité, puisque l’ennemi ne connaîtra pas de direction privilégiée d’occurrence de l’attaque. Sa défense devra donc couvrir, en termes
mathématiques, stéradians.
Contre les drones de l’hoplite, il faudra doter les troupes, en sus, de moyens de détection sûrs, de fusils laser par exemple, un peu comme le DragonFire cité plus haut et cela
posera la question, si l’on y arrive, de l’utilité des fusils à munitions classiques. De manière ironique, au moment où les trajectoires des attaques ne seraient plus passives et paraboliques, ce
seraient des lasers ou des fusils électromagnétiques à tracé quasi rectiligne qui constitueraient la meilleure protection. Comme quoi, les approches simples restent redoutablement
efficaces.
Passons à l’observation qui peut se faire de distances relativement faibles et impliquant une performance que nous qualifierons d’extrême. Cela a déjà été commenté,
mais cela vaut la peine de le souligner ici encore. Les drones empêchent, pour l’essentiel, les techniques de camouflage et l’effet de surprise. C’est donc la façon de faire la guerre qui change
et les meilleurs stratèges des décennies ou siècles derniers ne seraient pas nécessairement aptes à l’emporter aujourd’hui compte tenu du contexte. On remarquera aussi que, même dans un conflit
asymétrique, ces moyens, du fait de leur coût très faible, sont accessibles à toutes les parties en présence, rendant le combat davantage symétrique. On en aperçoit une conséquence très nette au
niveau de l’OTAN, cette organisation refusant presque systématiquement l’affrontement au sol, lieu où sa supériorité fondrait comme neige au soleil. Le temps des hostilités néocoloniales de type
guerre du Golfe voit donc pointer sa fin.
N’oublions pas néanmoins les capes d’invisibilité qui commencent à apparaître et qui sont faites à base de métamatériaux à indice de réfraction négatif. Il est trop
tôt pour dire si ce genre d’équipement aura une réelle utilité, mais des développements sont en cours et pourraient changer la donne sur le court terme.
Faisons un pas vers le programme SCAF qui veut intégrer des drones de combat autour d’un avion piloté. Nous ne trouvons pas que cela soit une bonne idée. En effet,
un pilote résiste péniblement à des accélérations de 10 g, et encore ne doivent-elles pas durer trop longtemps ni se produire trop souvent. Un missile, lui, est taillé pour 50 g.
Le concept SCAF, de notre point de vue, est ainsi déjà obsolète avant que le développement n’ait réellement commencé.
Considérons une configuration classique de ce système, c’est-à-dire un avion piloté maître et 4 drones esclaves. Il est bien évident que l’ennemi visera
l’appareil central, que ce dernier est une sorte de point de panne unique et que donc, d’une pierre, on aura fait 5 coups.
Restons pragmatiques et observons ce qui se passe dans la guerre en Ukraine, en particulier du côté russe. Alors qu’ils ont une supériorité aérienne considérable,
leurs avions ne survolent guère le territoire adverse. À l’instar de ce que fait Israël bombardant la Syrie, pour l’essentiel, ils opèrent dans leur propre espace aérien et leurs engins ne
servent, bien souvent, que de plateformes de tir pour augmenter la portée des missiles et bombes. Cela montre bien que l’aéronautique militaire, telle que conçue au XXe siècle, n’est
pas adaptée au champ de bataille du XXIe. Alors quid de la compétence des bureaux d’étude des grands constructeurs au premier rang desquels Dassault ? Ces grands groupes, comme
Lockheed Martin et OAK par exemple, exercent une pression considérable sur leurs gouvernements. Mais il serait plus judicieux qu’ils réfléchissent à une nouvelle doctrine d’emploi, si tant est
qu’il y en ait une, qui soit utile pour justifier le développement d’engins très sophistiqués et donc très chers. Ce n’est que très timidement qu’ils s’orientent vers des drones de combat,
lesquels, objectivement, ne lutteront jamais. Mais ces maîtres d’œuvre sont gouvernés en grande partie par d’anciens pilotes ou pis, des gens qui auraient rêvé de l’être et ont échoué.
Ils sont coincés dans une logique qui n’est pas celle du conflit, mais plutôt d’un prestige dont la guerre n’a que faire.
LES
COMMUNICATIONS
Puisque notre sujet est le champ de bataille, nous ne pouvons passer sous silence les communications qui sont nécessaires à l’information des belligérants. Nous
avons parlé, dans cette saga, des différents moyens spatiaux à la fois d’observation et de télécommunications, nous avons très rapidement évoqué les divers types de drones, et nous avons vu aussi
que les signaux GPS pouvaient largement être brouillés. La question se pose donc, pour le transfert des données, de sa disponibilité, de sa fiabilité, de sa capacité à résister à un environnement
hostile et bien entendu restent les attributs cryptographiques de confidentialité de l’information, de sûreté en général y compris l’évitement de ce que les Anglo-Saxons appellent « impersonation » que l’on traduit mal en
français par imitation et qui peut conduire à se faire passer pour quelqu’un d’autre à l’insu du récipiendaire.
La mode actuelle, au-delà des moyens de brouillage dans lesquels les Russes semblent avoir une réelle avance sur l’Occident, est au développement de l’informatique
quantique qui voit se déverser chaque année des dizaines de milliards de dollars, promettant monts et merveilles. Il n’en sera rien et ce domaine est, comme d’autres, une bulle spéculative. Tout
n’est pas à y jeter, mais les ordinateurs quantiques, même ceux dits universels, n’en porteront que le nom et serviront, au mieux, à quelques tâches (3 seulement à ce jour) pour lesquelles ils
sont plus performants que les autres (sur le papier pour l’instant). Il n’y a donc pas grand-chose à attendre de ce côté-là, en tout cas, pas une révolution. Les algorithmes cryptographiques
sauront facilement devenir post-quantiques et tout l’argent investi, à notre avis, aura bien du mal à trouver une quelconque rentabilité.
Toutefois, le domaine des télécommunications est né, peu ou prou, avec l’expérience d’Heinrich Hertz[3] qui a montré l’existence des ondes électromagnétiques. Tout passe aujourd’hui par elles et les progrès faits ont été considérables. On se protège par exemple des
brouillages via l’évasion de fréquences, etc. Néanmoins, depuis cette « trouvaille », rien d’autre ou presque n’a été découvert pour transmettre à distance. Les physiciens, depuis environ un
siècle, se sont contentés de creuser toujours le même trou et ainsi obtenir des évolutions incrémentales. Toutefois, dès que l’on sait que l’on peut correspondre au loin par la voie d’un support
(ou non puisque les ondes se déplaceraient dans le vide), peut-être aurait-il été judicieux de chercher des moyens alternatifs d’accomplir cela ? Or une telle recherche n’a jamais vraiment été
opérée avec un objectif de génération d’idées en ce sens.
Les progrès faits et que nous pouvons observer dans les conflits modernes sont donc systémiques et consistent, pour l’essentiel, en la mise en réseau de plusieurs
outils spécialisés. Or, plus ces systèmes seront complexes, plus leurs faiblesses vont se multiplier et plus ils seront fragiles, même s’ils visent, initialement, à des redondances et des
disponibilités extraordinaires comme l’Internet par exemple. Nous reviendrons sur tous ces aspects dans un épisode ultérieur.
LA
GUERRE NAVALE
Nous avons rapidement abordé le cas des forces navales plus haut. Nous allons répéter ce que nous avons déjà largement écrit depuis quelques années maintenant, mais
qui vaut la peine d’être entendu. Dans le cas d’un conflit symétrique, en présence de missiles hypersoniques, les groupes aéronavals, porte-avions inclus, sont en danger immédiat et n’ont
pas d’intérêt. Ces moyens sont donc avant tout des moyens néocoloniaux. Comme expliqué plus haut, si des pays, même de second rang en matière militaire, arrivent à concevoir des mines
sous-marines intelligentes et dronisées, il en sera fini d’une certaine forme de pression, surtout occidentale puisque les Etats-Unis ont et visent à conserver l’hégémonie mondiale sur les mers.
Les activités maritimes, dans le cadre d’un équilibre entre grandes puissances, États-Unis et Chine principalement, devraient limiter au mieux cette activité à des opérations de police
internationale. Dans ce cadre, on peut s’attendre à ce que la puissance américaine, quant à sa capacité à se projeter hors de ses frontières, soit gravement entamée. Ceux qui prédisent une forme
de faillite de l’Occident découvriront là un signe qui ne trompe guère.
PREMIERS ENSEIGNEMENTS
Nous allons donc, potentiellement, voir apparaître une nouvelle fracture planétaire. Après la mondialisation, beaucoup de pays vont reprendre leur liberté,
partielle ou totale. Cela conduira à davantage de diversité, ce qui sera un bien. Cela entraînera-t-il plus de conflits ? Probablement pas, au grand dam des globalistes !
Remarquons, pour mémoire, que la guerre de tranchées est de retour en Ukraine alors qu’on l’aurait crue d’un autre âge. De même à Gaza, le Hamas s’est enterré,
comme Daesh l’avait fait en Syrie. L’enfouissement des forces reste donc une manière efficace de se battre et c’est surtout, à notre avis, un bon outil de défense pour empêcher l’invasion d’un
territoire. Nous avons pu constater les difficultés de Wagner à Bakhmout, ainsi qu’actuellement, celles de l’armée russe à Avdiivka. À l’identique, Israël semble rencontrer de graves problèmes
avec ses troupes au sol à Gaza. Il est ainsi relativement surprenant que des méthodes plus que millénaires demeurent sûres malgré les progrès technologiques.
Bien entendu, dans ce texte, nous ne pourrons pas être exhaustifs concernant tous les moyens et les stratégies utilisées. Nous avons commencé par les hommes et nous
finirons par eux, d’une certaine manière. Dans les décennies à venir, la ressource la plus rare sera l’individu, et ce pour plusieurs raisons dont nous allons évoquer les plus
importantes.
- Tout d’abord, la natalité mondiale est en forte baisse. De l’ordre de 1,5 enfant par femme en Occident et en Russie, 1,3 en Chine. L’Inde et
l’Afrique qui restent des moteurs de croissance connaîtront bientôt, elles aussi, une contraction du fait d’un rattrapage de niveau de vie. Il faut dire que l’existence moderne n’incite pas à la
reproduction, car une progéniture devient une charge quand on habite par exemple Paris et que le mètre carré est à 10 000 €. La voiture encore est un handicap important pour les familles
nombreuses. Comment part-on en vacances si on a 4 enfants, la plupart des véhicules étant conçus pour 5 passagers ? L’athéisme en croissance a
aussi sapé les bases de la natalité puisque seules les religions ont fait de la fertilité une valeur, le pape lui-même ayant qualifié les impies occidentaux de propagateurs d’une culture de mort.
À ce titre d’ailleurs, nous verrons très probablement, au niveau mondial, un renversement politique en ce domaine, puisque les croyants, chrétiens, juifs et musulmans devraient à terme se
reproduire davantage que les autres et ainsi imprimer un changement idéologique, plus nataliste aux sociétés humaines. La globalisation enfin a largement gommé les valeurs patriotismes et les
nationalismes, si bien que les jeunes générations ne se sentent absolument pas concernées par la défense de quelque territoire que ce soit et comme l’enseignement s’est généralisé à la
quasi-totalité de la population, même avec des cours proches du débile parfois, chacun a bien compris que la guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se
connaissent et ne se massacrent pas[4].
Mais notre sujet est le champ de bataille… ! Nous nous attendons donc à voir très rapidement émerger des armées de robots pour pallier le manque de personnels.
C’est d’ailleurs une surprise pour nous de ne pas avoir constaté cela dans le conflit OTAN/Russie, car l’Ouest aurait très bien pu préparer, dans le secret, des forces d’androïdes dont il aurait
doté l’Ukraine pour compenser sa faiblesse démographique. Peut-être l’autre camp y pense-t-il aussi ? Cela fait des années que nous voyons des vidéos de Boston Dynamics[5] qui nous montrent des robots qui font des prouesses. Couplés à une IA, il est sûr que cela en ferait de très bons combattants. Disons que ce sera peut-être pour la
prochaine fois, qui ne manquera, hélas, pas d’arriver. Un point important cependant concerne l’énergie pour ces unités autonomes. Des batteries nucléaires seront nécessaires pour des
considérations de poids et de durée. Et là, ceux qui sont en avance sur ce point sont les Chinois, semble-t-il… !
Nous terminerons ce long texte par une réflexion qui ne nous est guère agréable et qui touche à la façon de faire la guerre. Les Anglo-Américains ont perpétré un
véritable massacre en Irak en bombardant les populations civiles tuant 500 000 enfants[6]. Depuis peu, Israël au lieu de réellement faire la guerre au Hamas – qu’ils ont par ailleurs contribué à former et à financer[7] – commet un effroyable carnage sur les civils, au grand dam d’ailleurs d’une partie très importante de son peuple.
En Ukraine, le gouvernement, soutenu par la France (!), effectue des tirs terroristes sur des objectifs non militaires en
Russie.Cela est inacceptable !
L’Occident a perdu toute référence morale et tout respect de la part du reste du monde quand, de son côté, la Russie, elle, se comporte correctement. Bien sûr il
peut y avoir des dommages collatéraux, mais ils n’ont rien à voir avec les massacres perpétrés de « notre » côté ni même avec l’appui à la terreur auquel nous collaborons depuis des
années[8].
Comme l’on dit des mauvais élèves à l’école, il est temps que nous nous reprenions !