Michel Debré - 18/02/1976

On dit volontiers : La dénatalité est un fait inéluctable, car il touche à peu près tous les peuples de race blanche. Certes voilà qui est préoccupant et n'est point justifié par la démographie dite galopante des peuple d'autres continents !

 Mais c'est surtout préoccupant pour la France, qui a commencé sa décadence démographique au début du dix-neuvième siècle, qui a subi la terrible hémorragie de la première guerre mondiale et dont le beau redressement n'aura duré qu'un bref quart de siècle, au lendemain de la seconde guerre. L'analyse des derniers chiffres montre la rapidité avec laquelle le phénomène tourne à la catastrophe. Le renouvellement des générations ne se fait plus. A quoi bon se flatter du chiffre de cinquante-trois millions, quand on sait, ou que l'on devrait savoir, que ce chiffre comprend quatre millions d'étrangers ? A quoi bon prétendre que la fécondité des couples, en France, est encore légèrement supérieure à celle de certains de nos voisins, alors que l'on sait qu'en fait cette fécondité est due à la plus forte natalité observée chez les couples d'immigrés ?

Les conséquences de cette situation sont déjà visibles. Le marché intérieur se restreint dans des proportions qui atteindront l'agriculture, les industries textiles, le bâtiment. Avant dix ans, la population active diminuera, à moins de faire appel par centaines de milliers à des travailleurs africains ou asiatiques. Le vieillissement de la population sera tel, d'ici quelques années, qu'il faudra retarder les limites d'âge, c'est-à-dire prolonger la durée du travail.

Il n'est pas convenable d'affirmer que les responsables de la nation sont impuissants. Sans doute le soutien matériel (relèvement des allocations familiales, aide à la famille et notamment à la mère d'au moins trois enfants) ne suffit pas à renverser le mouvement. Encore faut-il savoir que ce soutien matériel, placé comme il se doit en priorité de tout effort national, est un commencement indispensable. Au-delà, il faut une éducation, une information, un accueil social généreux, grâce à quoi pourront être combattues les idéologies pernicieuses qui prêchent l'infécondité.

Le péril, pour la France, est mortel.

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Supra-nationalité, inflation, dénatalité : le drame est devant nous. Il nous faut réagir et agir, ce que les Français ne feront pas pour la France, c'est-à-dire pour eux-mêmes, personne ne le fera.

Cet appel sera-t-il comme une bouteille jetée à la mer afin de témoigner que l'aveuglement n'a pas été général ? Ah ! comme je voudrais que ce cri d'alarme soit entendu par ceux qui nous informent, nous enseignent, nous gouvernent !