La tribune d’un vice-amiral atlantiste et français dans le JDD a libéré la plume de bon nombre de nos camarades,
officiers supérieurs et généraux français, sur le sujet de l’asservissement de la France à l’OTAN.
J’ai reçu bon nombre de textes rédigés par des officiers généraux qui s’opposent, avec plus ou moins de véhémence, à la tribune
du JDD, mais qui ne pourront être diffusées que dans des médias alternatifs, les médias mainstream étant réservés au politiquement correct, gouvernemental et atlantiste.
Pour ne pas faire de jaloux et pour montrer le caractère interarmées de ces réponses, j’en ai sélectionné trois : une pour chacune
des armées.
La troisième sous la plume du contre-amiral (2S) Claude Gaucherand sous le titre : « Atlantisme et
Trahison ».
Ces trois tribunes montrent, s’il en était besoin, que le soutien sans réserve aux États-Unis d’Amérique dans leur politique
provocatrice d’extension à l’Est, pour un objectif de long terme de démembrement de la Russie, à leur profit, ne fait pas l’unanimité dans les cercles éclairés de la population
et des Armées Françaises.
Ces tribunes peuvent être rediffusées sans limites. Vous avez l’autorisation de leurs auteurs.
Un ancien officier-général de la Marine, lié par ses activités civiles aux États-Unis d’Amérique, vient, dans une tribune, de vivement critiquer ses homologues. Il
leur reproche sévèrement de ne pas penser selon la doxa euro-otano-étatsunienne dans l’analyse du conflit en Ukraine. Il ne les considère plus, sans nul doute, comme ses camarades. Je ne suis pas
pro-Russie et encore moins pro-États-Unis, je suis un patriote. Je crois avoir fait mon devoir, jusqu’à ce jour, pour servir exclusivement mon pays. Au cours de ces longues
années j’ai pu découvrir toutes sortes d’actions visant à ruiner le patriotisme français et l’indépendance de la France. Elles sont insidieuses mais procèdent toutes de la prétention
états-unienne à dominer le monde et du matraquage d’idées supranationales propagées par les idéologues euro-atlantistes.
Dans de lointaines fonctions, j’ai eu sous ma responsabilité les observateurs français dans les différentes missions onusiennes. Lors de mes visites de contrôle,
j’ai souvent été obligé de leur rappeler, contrairement à ce qui leur était seriné, qu’ils servaient la France dans une mission internationale et seulement elle. Ils demeuraient des officiers
français, malgré le béret bleu qu’ils portaient. Il semble que cette simple vérité ait été oubliée par quelques officiers-généraux minoritaires adoubés par les médias grand-public.
Sans hésitation, ni mouvement de conscience, dans ce conflit ukrainien, ils défendent les intérêts des États-Unis. Ils en viennent à reprocher à ceux qui examinent
les faits, de simplement les constater. Dans cette affaire, les fauteurs de guerre sont précisément ceux dont ils se sont érigés en porte-parole. Curieusement ces officiers-généraux, pour la
plupart, ont servi dans l’OTAN et en ont tiré quelques avantages…
J’aimerais leur dire que la France n’a strictement aucun intérêt en Ukraine mais que ses dirigeants, malheureusement, se sont ralliés à un pays prédateur aux
ambitions totalitaires. Sous couvert de l’Alliance Atlantique et de l’OTAN, il continue, inlassablement à appliquer la doctrine de Monroe et son corollaire au nom d’une invraisemblable « destinée
manifeste ». Les États-Unis croient avoir mission divine de dominer le monde. L’appui supposé de Dieu est le propre de quelques impérialismes. « In god we trust » a été concurrencé, un moment,
par « Got mit uns ». Cette invraisemblable prétention a été confirmée par des personnages comme Kissinger et surtout Brzezinski, auteur du Grand Échiquier et du Vrai Choix, où il affirme, avec le
même cynisme que Hitler dans Mein Kampf, que « l’amélioration du monde et sa
stabilité dépendent du maintien de l’hégémonie des États-Unis ».
J’aimerais préciser, à ces camarades égarés, que les États-Unis n’ont cessé de malmener la France depuis la victoire alliée de 1945 dont ils revendiquent
l’exclusivité. Je note incidemment que sans l’énorme effort de la Russie des Soviets et sans les Armées alliées, dont la nôtre et sa composante Résistance, ils auraient eu bien de la peine à
parvenir à la victoire.
Cependant ils possèdent Hollywood et tout un énorme système de contrôle, d’influence, de domination et de désinformation. Il passe par leurs ONG, le dollar, les
fonds de pension, le Droit extraterritorial, la CIA, l’imposition de leur langue, une armée d’occupation avec 800 implantations dans le monde… et des politiciens étrangers, convertis, oubliant
leur patrie et même, je le constate amèrement, quelques officiers-généraux français.
Je note aussi qu’ils n’ont jamais gagné une guerre seuls et qu’ils ont perdu toutes celles qu’ils ont engagées. Dois-je énumérer leurs défaites et leurs retraits
honteux ? En vrac, pour être bref : Corée, Vietnam, Somalie, Irak, Syrie, Afghanistan… partout ils ont créé le chaos, comme notamment en ex-Yougoslavie ou en Libye.
Que l’on ne me dise pas non plus qu’ils ont permis la victoire de 1918 face à l’impérialisme prussien. Ils ne sont pas rentrés en guerre en 1917 comme leurs
sectateurs essaient de nous le faire croire mais en juin 1918, après que les Français les eurent équipés de chars, d’avions, de mitrailleuses, de canons et instruits leurs officiers et soldats.
Ils perdirent 100 000 hommes, bien peu au regard des armées française, britannique ou italienne, dont 50 000 par maladie.
Vous qui êtes subordonnés à eux, observez ce que nous leur devons véritablement sur une récente et brève période. Souvenez-vous du contrat rompu avec la Russie,
selon leurs exigences. Il concernait deux porte-hélicoptères que nous avions construits. Rappelez-vous les millions de dollars d’amendes payés par nos banques et entreprises dans le cadre de
l’externalisation de leur Droit, parce que certains de leurs clients ne plaisaient pas à Washington. Je passe sur leur rôle déterminant au sein de l’UE qui est une de leur réalisation et où,
depuis toujours, directement où indirectement, via leurs groupes de pression, ils pèsent sur la politique de cette organisation. Je souligne, au passage, que madame Von der Leyen, malgré son
patronyme germanique, est d’ascendance étatsunienne. Sa famille jadis s’est enrichie dans la traite négrière, et son mari travaille aux États-Unis. Je termine ce panorama très rapide, et
non-exhaustif, par l’affaire de la rupture du contrat de vente de sous-marins conclu avec l’Australie où la France s’est fait spolier par son allié !
Mais pourquoi donc les États-Unis, qui ne sont pas nos amis, sont-ils entrés indirectement en guerre contre la Russie ? Ce pays s’intégrait lentement mais sûrement
à l’univers européen et les échanges se multipliaient et s’intensifiaient. L’Ukraine n’a jamais été qu’un prétexte. Nous savons que Kiev malmenait terriblement les russophones du Donbass et que
l’Ukraine avait émis le souhait d’intégrer l’OTAN. Nous savons que la CIA, était à la manoeuvre depuis bien avant le coup d’État de Maïdan, et qu’un vaste système de mensonges et de
désinformation allait tout faire pour justifier l’injustifiable. Pourtant James Baker avait promis à Gorbatchev que les anciens pays du Pacte de Varsovie n’intégreraient pas l’OTAN… Tromperie,
évidemment! il finit par ne manquer que l’Ukraine pour que la Russie soit totalement ceinte par cette organisation. Les Russes ont finalement compris qu’il n’y avait rien à espérer d’un pays à
l’orgueil démesuré et systématiquement mensonger. Ils sont alors tombés dans le piège étatsunien et ont lancé leur opération militaire spéciale. Les soi-disant occidentaux ont eu beau jeu, alors,
d’accuser la Russie d’agression.
En fait, messieurs les quelques officiers-généraux qui critiquez les patriotes, vous soutenez les buts de guerre de Washington. Il s’agissait pour les États-Unis de
détruire la Russie et de partager son vaste territoire en au moins trois parties dont l’une, après modification de son régime, aurait pu se rapprocher de l’UE. Une UE déjà sous leur contrôle via,
précisément, l’OTAN et l’Allemagne leur allié favori et obéissant. La Sibérie et l’Extrême-Orient devenant des protectorats étatsuniens complétant ainsi leur dispositif, au Sud, sur l’Océan
Pacifique, pour encager la Chine, leur futur ennemi.
La France n’avait aucun intérêt à entrer dans ce conflit. Vous en avez vu les conséquences sur notre économie, déjà fragilisée, et sur notre société perturbée. Mais
sans doute considérez-vous qu’il s’agissait là du prix à payer pour continuer à servir les ambitions étasuniennes auxquelles vous adhérez. Ce ralliement stupide de la France a surtout miné
sérieusement sa puissance. Désormais nous payons très cher notre énergie et nos importations. Parallèlement nous enrichissons la Russie. Bravo ! Vous ne direz jamais que les responsables sont
ceux qui ont saboté notre production d’électricité nucléaire pour complaire aux Allemands et faciliter in fine l’importation de gaz de schiste en provenance des États-Unis d’Amérique… Vous ne
l’avouerez pas car les responsables sont exactement les mêmes qui nous ont impliqués dans cette affaire ukrainienne et, qui, comme vous, encensent les États-Unis d’Amérique et l’OTAN. Cette
organisation a muselé l’ONU, ce qui a dénaturé notre siège permanent au Conseil de sécurité et effacé notre droit de veto. Notre dissuasion nucléaire, désormais, n’a plus de réelle utilité
puisque notre engagement aux côtés des États-Unis nous amène à avaliser l’emploi tactique de l’arme atomique en contradiction avec notre politique d’emploi stratégique uniquement en cas de menace
sur nos intérêts vitaux. Enfin la Russie, ayant fait l’analyse de nos faiblesses, a pu pénétrer notre dispositif en Afrique. Elle nous aura chassé, avec ses mercenaires de l’OMP Wagner, de
plusieurs pays, pour lesquels nous avions pourtant engagé la vie de nos soldats. Sans doute n’aviez vous pas imaginé que la France pouvait être grande et indépendante, aussi, grâce à des atouts
outre-mer.
Je croyais ingénument – semble t-il – que tous les officiers français avaient, parmi leurs qualités, celle d’analyser le monde et de regarder les relations
internationales au prisme de leur patriotisme. Je me suis alors souvenu que notre histoire, dans ses heures les plus sombres, a toujours connu des personnages qui l’ont trahie. Quelques noms me
sont venus à l’esprit. De l’évêque Cauchon, dévoué aux Anglais, en passant par le connétable de Bourbon et le Grand Condé, un temps à la solde des Espagnols, en arrivant à Laval, Doriot et
quelques autres avec leurs miliciens au service des Allemands. Je n’ai pas voulu approfondir, ni inclure dans cette courte liste quelques uns des politiciens d’aujourd’hui qui mériteraient, selon
certains, d’y figurer. Ils minent l’indépendance et la grandeur de la France. J’espère que vous reconnaîtrez vos erreurs de comportement et que vous n’allongerez pas cette triste liste.
Défendre servilement l’OTAN, est-ce défendre les intérêts de la France ?
par le Général (2s) Antoine
Martinez
Une tribune fratricide
révélatrice
Dans sa parution du 18 janvier 2023, le JDD publie la
tribune d’un officier général, vice-amiral précisément, intitulée « Guerre en Ukraine :
attention, d’anciens militaires français contribuent aux intérêts du Kremlin». Après une première réaction d’étonnement sur le titre qui donne immédiatement le ton, on ne peut
que s’indigner et déplorer le propos délirant qui suit et, plus grave, la dénonciation nominative, scandaleuse et calomnieuse, de certains de nos camarades parce qu’ils ont l’outrecuidance de
refuser le narratif de l’OTAN sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie et de formuler leurs réserves sur le soutien à Kiev. Cette tribune suscite donc quelques questions légitimes et nécessite
une réponse, une réplique sans concession à une attaque contre des patriotes ayant servi sous l’uniforme l’État et la nation avec honneur et loyauté.
Cette attaque ad personam ne
s’apparente-t-elle pas en réalité à une chasse à l’homme ignoble organisée et téléguidée pour faire taire la prétendue minorité de ceux qui contestent le discours officiel et qui peuvent avoir
une influence sur l’opinion publique par le biais des réseaux sociaux ou de médias alternatifs ? L’exemple de la lettre ouverte à nos gouvernants et à nos parlementaires d’avril 2021 constatant
le délitement de la France et la nécessité d’un sursaut de nos dirigeants ne démontre-t-il pas cette capacité d’influence dérangeante pour le pouvoir politique puisqu’elle a été approuvée par une
large majorité de Français ? C’est la liberté d’expression et de pensée qui est ici visée. C’est le refus catégorique d’une pensée différente ! Ce terrorisme intellectuel ne reconnaît qu’une
liberté, celle de penser comme il faut ! Hors du discours officiel point de salut !
Pourquoi cette tribune aujourd’hui ? Cette démarche ne révèle-t-elle pas une sérieuse inquiétude sur l’évolution de la situation sur le terrain pour les forces
ukrainiennes, en vérité différente du narratif officiel, inquiétude manifestée au sein de la direction de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) – dans lequel évolue ce
vice-amiral – en lien direct avec l’État puisque lui fournissant son expertise ? Ne traduit-elle pas la prise de conscience des conséquences inimaginables à ce stade mais potentiellement
catastrophiques à tous points de vue pour la France dans son suivisme aveugle des États-Unis et de l’OTAN dans le cas de l’effondrement des forces armées ukrainiennes ? Quelle humiliation au bout
du chemin !
D’ailleurs, comment expliquer cette soudaine tribune alors que depuis plus d’un an des anciens militaires de haut rang défilent, eux, sur les plateaux des médias
pour délivrer et conforter le narratif de l’OTAN sans aucune contradiction ? Un droit de réponse de ces officiers calomniés aujourd’hui dans ce journal ne serait-il pas légitime dans une autre
tribune intitulée, cette fois, « Guerre en Ukraine :
attention, d’anciens militaires français contribuent aux intérêts des États-Unis » ? Mais la tribune de ce vice-amiral ne constitue-t-elle pas une manœuvre de diversion pour occuper
l’espace médiatique dans le but de cacher l’évolution défavorable de la situation des forces ukrainiennes et la conséquence – qui pourrait être dramatique – des livraisons de chars lourds par
l’OTAN, sachant que la Russie ne peut pas se permettre de perdre cette guerre ? Jusqu’où notamment la France est-elle prête à aller, sans consultation du Parlement jusqu’ici, avec les risques de
représailles militaires ? Et après ?…
Beaucoup de questions auxquelles chacun pourra apporter sa réponse. Mais les poser, n’est-ce pas déjà y répondre, au moins en partie ? Ces questions étant posées,
il faut maintenant répondre plus directement au vice-amiral chargé de la rédaction de ce papier diabolique.
Une phrase dans cette tribune est symptomatique de l’attitude de ces élites qui s’érigent en permanence en donneurs de leçons : « Peu d’analystes se sont
interrogés jusqu’à présent sur les causes de cette aberration intellectuelle et morale qui a cours dans un milieu où les notions de rigueur, d’éthique et de loyauté sont pourtant
consubstantielles de celle d’engagement au service du pays ». Mais précisément ces notions de rigueur, d’éthique et de loyauté habitent ces officiers ou groupe de réflexion (Think
Tanks) engagés au service de la France et vilipendés aujourd’hui parce qu’ils ont le courage d’exprimer leurs réserves au soutien de l’Ukraine dans un conflit qui aurait pu et qui aurait dû être
évité et dont les causes sont bien plus complexes que celles brandies par les va-t-en-guerre de l’OTAN. Ils ont le courage, eux, de penser avant tout à la France qui n’a aucun intérêt à défendre
en Ukraine ou en mer d’Azov, une France qui a raté un rendez-vous capital avec l’Histoire au cours du premier semestre de l’année 2022 alors qu’elle présidait l’Union européenne. Le général de
Gaulle doit se retourner dans sa tombe !
Par ailleurs, les causes de cette
aberration intellectuelle et surtout morale évoquées par
ce vice-amiral ne doivent-elles pas justement être recherchées chez ceux qui, comme lui, défendent servilement les intérêts de l’OTAN, c’est à dire des États-Unis, et non pas les intérêts de la
France ? De quel côté se trouvent, en fait, la rigueur, l’éthique et la loyauté ? D’ailleurs, il s’égare et se fourvoie avec sa dénonciation calomnieuse et perverse, n’hésitant pas à utiliser
l’arme des lâches, la délation, lui, le produit d’un atlantisme pur et dur à l’allégeance sans équivoque, oubliant de surcroît et cyniquement ses multiples conflits d’intérêts avec le monde
anglo-saxon. Cette allégeance est telle qu’il en oublie même la langue française notamment dans son profil sur Twitter dans lequel il se présente comme « Former French naval
aviation–senior fellow–opendiplo, RUSI.org, InstitutIRIS, View expressed here are my own ».
Il essaie, en outre, de faire croire que ceux qu’il dénonce sont minoritaires. C’est vrai si on s’en tient à ceux qui sont régulièrement invités sur les plateaux
des chaines de télévision. En effet, le narratif présenté jusqu’à présent sur ces plateaux l’est sans contradicteur. Mais le croit-il vraiment ou, au contraire, sa dénonciation ne trahit-elle pas
une nervosité et une inquiétude partagées au plus haut niveau de l’État sur les conséquences d’une possible fracture des esprits au moment même des livraisons annoncées à l’Ukraine de chars
lourds par les pays de l’OTAN et en particulier par la France ? Car le sondage effectué par Place d’armes (site de la communauté militaire engagée), en décembre dernier sur plus de 11 000
personnes, ne peut pas ne pas avoir été analysé : 89,2% considèrent que la guerre profite avant tout aux États-Unis, 91,66% pensent que les Occidentaux, dont la France, ne recherchent pas la
paix, 88,07% pensent que leurs décisions peuvent nous entraîner vers une guerre directe avec la Russie, 96,71% refusent l’envoi de troupes françaises pour soutenir l’Ukraine. On le constate, le
résultat éloquent de cette consultation ne peut pas être ignoré.
La livraison de ces chars et matériels lourds à l’Ukraine constituera non seulement un degré supplémentaire dans le processus d’escalade et d’engrenage engagé par
l’OTAN depuis plusieurs mois, mais surtout un changement de nature qui pourrait représenter un moment de bascule dangereux débouchant sur une fuite en avant qui ne serait plus maîtrisable. Les
pays membres de l’OTAN pourront toujours se convaincre et déclarer qu’il ne s’agit pas de co-belligérance, mais l’important c’est l’interprétation qu’en fera la Russie et les décisions qu’elle
prendra avec ses conséquences. La démarche accusatoire et manichéenne de cet officier général qui commet une faute en jouant les procureurs sur la place publique contre ses frères d’armes
pourrait, en fait, révéler les doutes, les questionnements, voire les désaccords sur le positionnement de la France dans ce conflit non seulement au sein de la communauté militaire ayant quitté
l’activité mais au sein même de nos armées d’autant plus que le Parlement n’a toujours pas été consulté.
Atlantisme et Trahison
par Claude Gaucherand Contre-Amiral
(2S)
Le 30 novembre 2022 une déclaration conjointe d’intention était signée à Washington entre M. Sébastien Lecornu, Ministre des armées de la République Française et M.
Lloyd Austin, Secrétaire à la Défense des États-Unis d’Amérique.
Cette déclaration que l’on peut consulter sur internet dans son intégralité, en français et en anglais, appelle quelques remarques préalables tant sur la forme que
sur le fond.
Pour ce qui concerne la forme, il est à noter plusieurs erreurs d’orthographe et de ponctuation proprement inadmissibles dans un texte d’une telle portée.
Sur le fond, il semble que le sujet traité, proprement politique s’agissant des relations de coopération en matière de Défense, sujet d’ampleur beaucoup plus large
qu’une simple coopération entre nos armées respectives, relève pour le moins du Premier Ministre sinon du Président de la République. Touchant à nos rapports avec l’OTAN, la Communauté
Européenne, l’Ukraine, la dissuasion nucléaire et le cyberespace, on ne peut qu’être surpris que l’engagement de la France soit ainsi délégué à un simple Ministre des Armées.
Toujours sur le fond, une lecture attentive des cinq feuillets de la déclaration permet de conclure à l’abandon de la souveraineté de notre nation par la signature
de monsieur le Ministre des armées, révélateur d’une indéniable servilité d’une France vassalisée et consentante, presque fière de l’être d’un maître aussi puissant, flattée d’en retenir
l’attention. Abandon de sa souveraineté portant non seulement sur ses armées mais sur sa défense et sa diplomatie pour dire le moins, remise entre les mains de l’Union européenne et de l’OTAN
dont chacun sait que ces deux entités politiques et militaires, créations des États Unis, sont de fait placées sous l’autorité de la Maison Blanche et du Pentagone.
À titre d’illustration, voici un extrait, avec ses fautes de syntaxe, de ladite déclaration en précisant ce que l’on doit entendre par coopération sur tous les
théâtres, c’est-à-dire la mise sous le commandement américain des éléments de force que la France engage, chose déjà vécue avec le porte-avions Charles de Gaulle, de quoi faire se retourner le
Général dans sa tombe :
« Nous réaffirmons notre
soutien indéfectible à I’amélioration de notre coopération sur tous les théâtres ou nos forces armées sont engagées dans des opérations conjointes, en particulier en Europe, au Moyen-Orient, en
Afrique, dans les Caraïbes, dans la région lndo-pacifique et le domaine maritime. Nous devons renforcer notre interopérabilité et consolider notre culture stratégique et opérationnelle commune
par un échange régulier de personnels visant a rendre plus efficaces nos opérations conjointes.(…)
Nous entendons poursuivre le
développement de l’interopérabilité déjà engagèe entre chacune des composantes de nos Armées tant dans ses dimensions opérationnelle que technique, afin de pouvoir mener des opérations conjointes
interarmées, y compris dans des conflits de haute intensité.(…)
Sur le fondement de notre
coopération historique, nous nous engageons à renforcer le partenariat stratégique OTAN/Union européenne. »
Il est bien connu que lorsque l’on est invité à diner avec le Diable, il faut se munir d’une cuillère à long manche. Mais peut-être que M. Lecornu ne le savait
pas.
Sans aucun doute il aurait dû relire ce texte où Georges-Marc Benhamou relate une prise de position du président François Mitterrand en 1994 au sujet des relations
entre la France et les États-Unis :
« La France ne le sait
pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre
permanente, une guerre vitale, une guerre économique, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. »
Sans omettre cette autre déclaration d’un orfèvre en la matière quand, au printemps 2000, M. Robert McNamara, secrétaire d’État américain à la défense de 1961 à
1968, a estimé :
« Les États-Unis
eux-mêmes, par leur tendance croissante à agir de manière unilatérale et sans respect pour les préoccupations des autres, sont devenus un État-voyou ».
Qui peut affirmer que François Mitterrand a été un grand Président ? Toutefois personne ne peut nier sa lucidité quand, toujours selon M. Benhamou, il a déclaré
:
« Je suis le dernier des
grands présidents. Après moi, il n’y aura plus que des financiers et des comptables. »
Ceci explique sans doute l’absence de vision historique de nos dirigeants concernant les relations de la France avec le monde en général et avec les États-Unis en
particulier. Mais n’est-ce pas pour ce motif même qu’ils ont été sélectionnés pour accéder au pouvoir après avoir été adoubés du titre envié de Young Leader voire de celui de World Young Leader
par le maître de Davos ?
Toutefois cela n’explique pas qu’une telle déclaration n’ait fait l’objet ni d’un débat à l’Assemblée nationale ni d’une question écrite ou orale de l’opposition ni
d’une réaction de la commission de la Défense et des forces armées, ni d’article dans les journaux de référence à l’exception notable du Figaro du 1er décembre, au lendemain de sa
publication.
L’actualité se complaisait alors dans les déboires conjugaux d’un député de l’opposition qui ont occupé tant le parlement que les médias. On attache de l’importance
à ce que l’on peut. On monte en épingle le dérisoire pour mieux cacher l’essentiel. Alors, est-ce important la souveraineté de la France ? Pas vraiment. Circulez, il n’y a rien à voir ! Mais
comment s’en étonner quand notre intervention dans le grave conflit entre la Russie et l’Ukraine ne fait l’objet d’aucune saisie du Parlement !
Ceci se passe au moment où les Atlantistes qui tiennent le haut du pavé, vouent publiquement aux gémonies sur les plateaux de télévisions, eux-mêmes inféodés à la
grande finance, et dans les journaux à grand tirage appartenant aux mêmes, ceux qui ne partagent pas leur point de vue de bons serviteurs de l’Empire euratlantique, capitale Washington,
sous-préfecture Paris. Allant jusqu’à leur dénier la qualité de patriotes… Eux, à propos de qui la question se pose pourtant de savoir si l’on peut être atlantiste sans trahir sa nation.
Charles De Gaulle ne disait-il pas qu’une nation n’a pas d’amis,
elle n’a que des intérêts ?
Qui donc ose affirmer sans trahir la vérité que les États Unis d’Amérique ont les mêmes intérêts que la France quand l’actualité démontre chaque jour le contraire à
condition de bien vouloir s’informer et réfléchir et constater leur volonté de nous asservir dans tous les domaines, économique, culturel, militaire, ceux de la recherche, de la langue, du mode
de vie.
Alors, atlantisme ou trahison ? Vous avez dit collaboration ? Cela rappelle de bien mauvais souvenirs. Il est grand temps de décoloniser les esprits de nos « élites
».