Les circonvolutions de Macron, ces derniers temps, autour de la Russie laissent songeur. Cette impression désagréable se renforce lorsque l'on prête attention au
décalage croissant entre les paroles et les actes : si la Russie ne doit plus être l'ennemie (dans le cadre de l'OTAN), le moratoire proposé par le Président Poutine sur les missiles de courte et
moyenne portée en Europe a été repoussé par le Président français. Même s'il en avait la volonté politique, ce qui est loin d'être évident, Macron n'aurait de toute manière pas les moyens de ses
volontés, comme le lui rappelle gentillement et fermement Stoltenberg, faisant la leçon avec indulgence à un enfant capricieux - et prétentieux.
La position de Macron face à l'OTAN a fait couler beaucoup d'encre, certains ont même voulu y voir un sursaut de défense de l'intérêt national, ce qui serait assez
surprenant au regard des décisions présidentielles continuellement orientées dans le sens d'une plus grande dilution de la France dans la globalisation. L'OTAN serait alors le seul endroit où le
Président français se rappellerait être non seulement Président, donc devant gouverner, mais aussi de la France ? La saison est propice aux voeux de Noel, mais Stoltenberg n'a pas eu envie de
jouer ce rôle.
La position déclarée de Macron est à son habitude à deux niveaux : la Russie n'est pas l'ennemi, l'OTAN doit lutter contre le terrorisme (déclaration absolument
exacte); la France refuse le moratoire proposé par le Président russe suite à la dénonciation du traité INF par les Etats-Unis.
Surprenant ? Non.
Sur le mode du discours, Macron adapte ses paroles en fonction des besoins du moment. Maintenant, la Russie n'est pas l'ennemi, mais en 2017, il déclarait quasiment
l'inverse (voir la vidéo ici), rappelant "l'annexion" de la
Crimée par la Russie, la manière dont les régimes "autoritaires" comme la Russie se jouent de la démocratie occidentale, rappelant le danger du réarmement d'un pays aussi agressif que la
Russie.
Deux remarques ici. Tout d'abord, Macron écarte la proposition de Poutine, car la décision doit être prise par tous les pays européens. Autrement dit, il n'a
pas les moyens politiques de mettre en oeuvre ses déclarations, même s'il en avait envie. Ensuite, Stoltenberg le remet fermement en place lors de sa visite à Paris, ramenant les déclarations assez infantiles - dans la forme - de Macron
sur l'OTAN et sa vantardise à avoir "réveillé" l'Organisation à leur juste place:
« On agit dans l’OTAN sur la
base d’analyses politiques, on fait ça tous les jours », a tempéré le secrétaire général dans un entretien accordé
au Monde. « Nous y avons réussi, puisque,
depuis l’annexion illégale de la Crimée en 2014, nous sommes arrivés au plus important renforcement de l’OTAN depuis des décennies. »
Autrement dit, Stoltenberg rappelle à Macron que l'Organisation ne fonctionne pas en fonction des sautes d'humeur de chacun, mais sur la base d'un travail de
réflexion constant. Sur le fond, l'on peut toutefois s'interroger sur l'efficacité des "analyses politiques" qui, vue la trajectoire antirusse profonde de l'institution, semblent plus être
des justifications construites d'une position idéologique inchangée depuis la Guerre froide. Et Stoltenberg d'enfoncer le clou:
"le
dialogue avec la Russie doit se faire « d’une seule voix » parmi les alliés"
Autrement dit, la marge de manoeuvre de Macron, en la
matière, est nulle. Alors pourquoi a-t-il fait ces déclarations en demi-teinte, laissant sous-entendre un possible rapprochement avec la Russie ?
Macron est dans l'espace européen l'image et le héraut de la globalisation et du financisme. Or, leurs partisans sont très affaiblis dans un nombre croissant de
pays. En Allemagne, la politique de Merkel est fortement contestée et l'économie allemande plombée. En Italie, pour maintenir le cap idéologique, un gouvernement politiquement minoritaire à
l'intérieur du pays, mais défendant les dogmes sacrés, a été mis en place, les élections étant toujours attendues ... et craintes. En Espagne, les difficultés politiques s'enchaînent à force de
défendre à tour de bras les intérêts de l'UE, la Grande-Bretagne a osé penser le Brexit et la communauté globaliste en frémit encore, les mouvements sociaux flambent dans la plupart des pays où
le néolibéralisme domine. Le système est objectivement en échec dans un cadre plus ou moins démocratique, mais tient encore les rênes du pouvoir et hésite à passer le pas de l'autoritarisme
dur.
Or, la remise en cause de cet atlantisme primaire, qui est servi par le globalisme (un système global n'ayant pas définition qu'un seul centre politique), passe
automatiquement par la redéfinition d'un discours avec la Russie, défendant un globalisme économique teinté de multilatéralisme politique - système dont la faisabilité est par ailleurs largement
discutable.
En ce sens, soit Macron utilise la carte russe aujourd'hui dans son jeu (si l'on part du principe qu'il est un acteur et qu'il a un jeu) pour tenter de prendre la
direction politique de l'Europe, face à une Merkel affaiblie mais encore largement combattante; soit il est lancé en double teinte pour mettre en oeuvre l'adage bien connu selon lequel tu prends
le contrôle de ce que tu ne peux détruire par le clan globaliste. Mais non pas pour le réaliser, au contraire, pour l'affaiblir et le vider de sa substance, afin de réduire le danger présenté par
le non-alignement politique de la Russie.
Dans ce jeu, Macron se sert des deux niveaux aujourd'hui de représentation du pouvoir (la communication) et d'exercice du pouvoir, là où en revanche, il est
objectivement très faible. A la fois personnellement, car bénéficiant d'un capital confiance très faible chez ceux qu'il veut convaincre de son soi-disant tournant stratégique (bien que
situatif). A la fois, car à force d'avoir vidé la France de sa souveraineté, la capacité de décision de son Président, quel qu'il soit, est de plus en plus réduite. Ce qui tendrait à dire qu'il
n'est pas acteur.
C'est donc bien, après le rappel à l'ordre de Stoltenberg, un Macron, représentant les intérêts de l'atlantisme qui recevra le Président russe ce 9 décembre. D'où
cette déclaration de Macron lors de la conférence de presse avec Stoltenberg, d'une exigence d'un dialogue "lucide, robuste et exigeant" avec la Russie, qui ne signifie strictement
rien, n'oblige en rien et laisse à chacun le loisir d'en fantasmer le contenu en fonction de ses attentes.
Les dirigeants des pays
de l’Otan se réunissaient, hier et aujourd’hui, en sommet à Watford, près de Londres, pour le 70e anniversaire de l’alliance, mais l’ambiance est loin d’être festive à cause de multiples
différends.
Le plus virulent oppose le président français, Emmanuel Macron et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Il porte sur l’intervention lancée par Ankara dans
le nord-est de la Syrie sans en informer les autres membres de l’Alliance. Les deux dirigeants en sont arrivés à échanger des insultes et leurs partenaires espéraient qu’ils crèvent l’abcès
avant le sommet, au cours d’une réunion sur la Syrie à Londres, avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique, Boris Johnson.
L’autre inconnue sera le comportement de Donald Trump. Le président américain n’a qu’un seul sujet de discussion depuis son élection lorsqu’il vient à l’Otan :
le partage du fardeau pour les dépenses militaires et son corollaire, l’augmentation des budgets de la défense des alliés européens et canadien. Or Donald Trump a attaqué frontalement le
président français, Emmanuel Macron, hier, avant le sommet du 70e anniversaire de l’Otan et donné un ton offensif à une rencontre organisée dans un contexte tendu entre les Alliés. Ces
commémorations s’annonçaient peu festives, vu les différends sur la Syrie ou le financement de l’organisation et Emmanuel Macron a jeté de l’huile sur le feu en jugeant l’Alliance née en 1949
« en mort cérébrale ».
Avant même les rencontres officielles au complet, hier soir à Buckingham Palace et aujourd’hui dans un golf de luxe à la périphérie de Londres, le président
américain s’en est pris à ce jugement, le qualifiant de « très insultant ». C’est un jugement « très, très méchant à l’adresse de 28 pays », a-t-il ajouté lors d’un point de presse avec le
secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. Donald Trump s’est dit « très surpris » par la déclaration d’Emmanuel Macron, qu’il devait rencontrer, hier, dans la journée, et l’a jugée «
très dangereuse » pour la France. « Personne n’a besoin de l’Otan plus que la France », a-t-il affirmé. Et il a critiqué durement la volonté de la France de vouloir taxer les géants
technologiques américains. L’administration Trump a déjà menacé d’imposer des droits de douane pouvant atteindre 100% sur l’équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français dont le
roquefort, les yaourts, le vin pétillant. Hôte de la rencontre, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, doit, selon son porte-parole, appeler les 29 pays membres à rester
« unis
pour que l’Otan puisse s’adapter aux défis à venir ».
Mais les noms d’oiseaux avaient commencé à pleuvoir dès la semaine dernière. Répliquant aux déclarations d’Emmanuel Macron sur l’Otan, le président turc, Recep
Tayyip Erdogan, lui avait lancé : « Fais d’abord examiner ta
propre mort cérébrale ! ». Leur contentieux porte sur l’intervention lancée par Ankara dans le nord-est de la Syrie sans en informer les autres membres de l’Alliance.
Comme l’an dernier, quand il avait critiqué Angela Merkel, Trump a lancé une nouvelle charge contre les « mauvais payeurs » de l’Otan, notamment l’Allemagne.
Donald Trump veut maintenir la pression sur les alliés pour leur faire respecter leur engagement de consacrer 2% de leur PIB à leurs budgets militaires en 2024. La France dépensera
l’équivalent de 2% en 2025, mais l’Allemagne, à 1,42% en 2020, ne respectera pas son engagement avant le début de la décennie 2030. S’il s’est félicité d’avoir « obtenu 130 milliards de
dollars », en référence à la somme que le Canada et les membres européens auront ajoutée aux budgets de la défense en quatre ans, il s’est dit insatisfait. La visite du président américain à
Londres est scrutée de près au Royaume-Uni, dans un contexte politique explosif, à neuf jours des législatives. Boris Johnson espère gagner une majorité suffisante pour mettre en œuvre le
Brexit, pour lequel ont voté 52% des Britanniques, en 2016.
L’OTAN restera morte et divisée jusqu’en 2021 au plus tôt
par Andrew Korybko - Le 04/12/2019.
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord est à la fois en état de mort cérébrale et divisée alors qu’elle tient sa
dernière réunion annuelle à Londres, avec rien d’autre qu’une incertitude quant à son avenir et de nombreuses questions quant à savoir si elle peut même rester fonctionnelle dans sa forme
actuelle.
La réunion annuelle de l’OTAN de cette année se tient à Londres les 3 et 4 décembre, 29 membres du bloc discuteront de la provocation du Président français
Macron le mois dernier, qui a déclaré que l’organisation était en « mort cérébrale » et cherche à trouver une solution commune pour surmonter ses divisions actuelles. Ce sommet se
déroule dans un contexte d’incertitude quant à l’avenir de l’organisation et de nombreuses personnes se demandent si elle peut même rester fonctionnelle dans sa forme actuelle. Les raisons de
cette crise existentielle sont nombreuses, mais peuvent être simplifiées par l’exigence de Trump que tous les États membres paient enfin les 2% de leur PIB pour la défense qu’ils ont
mandatés, les actions « autonomes » de la Turquie en Syrie, les préoccupations de certains membres d’Europe Centrale et de l’Est concernant la Russie, et la volonté de la France de
se présenter comme la visionnaire d’une Armée européenne et d’une OTAN réformée. Ajoutez à cela la forte pression US exercée sur les membres du bloc pour qu’ils réduisent leurs relations
économiques avec la Chine et il est clair que l’OTAN est à la croisée des chemins comme jamais auparavant.
Ce qui fait cruellement défaut, c’est le sens de la raison d’être au centre de la transition systémique mondiale en cours entre les ordres mondiaux unipolaires
et multipolaires, où une multitude de menaces non traditionnelles se sont présentées, allant du terrorisme aux catastrophes environnementales et aux soupçons concernant certains
investissements étrangers ayant des motifs ultérieurs axés sur la sécurité. Bien que les États-Unis soient de loin le pays politique, militaire et économique le plus puissant de l’OTAN, ils
ont été incapables de contrôler les forces centrifuges naturelles qui menacent de détruire l’organisation. En termes simples, le bloc s’est développé si rapidement en si peu de temps au cours
d’une période de transformation des relations internationales que même la pression écrasante exercée sur ses membres par les États-Unis ne peut suffire pour que tout fonctionne efficacement,
et encore moins vers le même objectif commun après la disparition de sa raison d’être en 1991. Il y a tout simplement trop d’intérêts différents regroupés au sein d’une même organisation
qu’il leur est impossible de trouver un terrain d’entente pour le moment.
Certains membres comme la Turquie poursuivent leurs propres intérêts dans des pays tiers comme la Syrie malgré leur modus operandi de coopération étroite avec
la Russie que l’OTAN a créée pour contenir le bloc soviétique (à la grande consternation des autres membres en Europe Centrale et de l’Est qui considèrent encore la Russie comme une
« menace »), alors que d’autres comme l’Allemagne sont des partenaires économiques proches du principal rival des États-Unis la Chine, même si cette relation croissante fait se
demander à Washington quelles sont vraiment les intentions stratégiques de Berlin à long terme. Certains pays comme la Norvège accueillent tous les migrants de civilisations différentes qui
arrivent à leurs frontières (en particulier ceux qui viennent de régions déchirées par la guerre et économiquement défavorisées) et se moquent de savoir s’ils s’assimilent et s’intègrent dans
la société bien qu’il existe une corrélation évidente entre cette politique et les menaces non conventionnelles à la sécurité. D’autres comme la Pologne ne laissent entrer aucun migrant sur
leur territoire même si cela signifie être sanctionné.
L’OTAN n’est même pas unie sur la question de continuer à s’étendre à de nouveaux membres comme la Macédoine (« Nord ») et l’Albanie, sans parler de
quelle priorité géographique doit être établie (Arctique, Russie, Moyen-Orient, Afrique du Nord, etc). Bien que Trump soit l’ultime perturbateur qui tente de remodeler l’organisation selon la
vision de son pays (ou plus précisément la vision de la faction de « l’État Profond » qu’il représente), il n’est même pas assuré qu’il sera réélu l’année prochaine, ce qui
décourage toute action décisive lors du sommet de cette année de peur que tout cela soit inutile et facilement inversé s’il perd moins de 12 mois plus tard. Cela étant, il n’y a jamais eu de
moment plus urgent pour l’OTAN de reconsidérer son objectif, ce qui explique pourquoi elle se trouve actuellement dans ce dilemme. La seule chose sur laquelle ses membres peuvent probablement
s’entendre est que le statu quo est insuffisant pour répondre aux besoins de l’organisation dans son ensemble, ce qui soulève la question de savoir quels sont exactement ces besoins et si les
États membres devraient sacrifier leurs besoins nationaux pour ceux de l’organisation.
Il ne fait aucun doute que Trump continuera à faire pression sur ses homologues pour qu’ils se conforment à la volonté stratégique des États-Unis, de les voir
payer leur 2% du PIB pour la défense et de se projeter simultanément dans tous les vecteurs géographiques (Arctique, Russie, Moyen-Orient, Afrique du Nord et espace), renforcer la sécurité
intérieure contre ce que Washington considère comme les menaces non conventionnelles les plus pressantes (terrorisme et investissements chinois), et étendre sa présence dans des domaines non
traditionnels tels que les océans afro-asiatique (« Indien ») et Pacifique par des « Patrouilles pour la Liberté de Navigation » (FONOP) conçues indirectement pour
« contenir » la Chine. Il pourrait obtenir un soutien symbolique sur certains de ces sujets et peut-être même en sortir avec une victoire superficielle d’accord sur une mesure
symbolique ou une autre, mais les cartes sont contre lui puisque personne ne sait s’il sera réélu ou non l’année prochaine. Pour ces raisons, l’OTAN restera probablement en état de mort
cérébrale et divisée jusqu’en 2021 au plus tôt.
Le Sommet lance l’OTAN dans l’espace, coûts exorbitants
...par Manlio Dinucci - Le 04/12/2019.
À Londres se déroule, le 4 décembre, le Conseil de l’Atlantique Nord des chefs d’état et de gouvernement qui célèbre le 70ème anniversaire de l’OTAN, définie
par le secrétaire général Jens Stoltenberg comme « l’alliance de plus grand succès dans l’histoire ».
Un « succès » indéniable. Depuis qu’elle a démoli par la guerre la Fédération Yougoslave en 1999, l’OTAN s’est élargie de 16 à 29 pays (30 si elle englobe
maintenant la Macédoine), en s’étendant à l’Est au bord de la Russie. « Pour la première fois dans notre histoire – souligne Stoltenberg
– nous avons des troupes prêtes au combat dans l’Est de notre Alliance ». Mais l’Organisation Traité de l’Atlantique Nord est allée au-delà,
en étendant ses opérations guerrières jusque sur les montagnes afghanes et à travers les déserts africains et moyen-orientaux.
À présent la Grande Alliance vise plus haut. Au Sommet de Londres – pré-annonce Stoltenberg – les leaders des 29 pays membres « reconnaîtront l’espace comme notre cinquième champ opérationnel », qui s’ajoute aux terrestre, maritime, aérien et cyber-spatial. « L’espace est essentiel pour le succès de nos opérations », souligne le secrétaire général laissant entendre que l’OTAN développera un programme militaire
spatial. Il ne fournit évidemment pas de détails, mais informe que l’OTAN a signé un premier contrat d’1 milliard de dollars pour moderniser ses 14 avions Awacs. Ceux-ci ne sont pas de
simples avions-radar mais des centres de commandement volants, produits par l’étasunien Boeing, pour la gestion de la bataille à travers les systèmes spatiaux.
À coup sûr quasiment aucun des leaders européens (pour l’Italie le premier ministre Conte), qui le 4 décembre « reconnaîtront l’espace comme notre cinquième
champ opérationnel », ne connaît le programme militaire spatial de l’OTAN, préparé par le Pentagone et par des sommets militaires européens restreints avec les plus grandes industries
aérospatiales. Et moins encore le connaissent les parlements qui, comme en Italie, acceptent les yeux fermés toute décision de l’OTAN sous commandement étasunien, sans se préoccuper de ses
implications politico-militaires et économiques.
L’OTAN va se lancer dans l’espace dans le sillage du nouveau Commandement spatial créé par le Pentagone en août dernier dans le but, déclaré par le président
Trump, « d’assurer que la domination américaine dans l’espace ne soit jamais menacée ». Trump a ensuite annoncé la constitution successive de
la Force Spatiale des États-Unis, avec la mission de « défendre les intérêts vitaux américains dans l’espace, le prochain champ de combat de la
guerre ». Russie et Chine accusent les USA d’ouvrir ainsi la voie de la militarisation de l’espace, en avertissant qu’elles ont la capacité de répondre. Tout cela accroît le péril de
guerre nucléaire.
Même si on ne connaît pas encore le programme militaire spatial de l’OTAN, une chose est sûre : il sera extrêmement couteux. Au Sommet, Trump fera pression sur
les alliés européens pour qu’ils portent leur dépense militaire à 2% ou plus du PIB. Jusqu’à présent 8 pays l’ont fait : Bulgarie (qui l’a portée à 3,25, juste au-dessous des 3,42 des USA),
Grèce, Grande-Bretagne, Estonie, Roumanie, Lituanie, Lettonie et Pologne. Les autres, tout en restant au-dessous des 2%, sont engagés à l’augmenter. Tirée par l’énorme dépense USA – 730
milliards de dollars en 2019, plus de 10 fois celle de la Russie – la dépense militaire annuelle de l’OTAN, selon les données officielles, dépasse les 1 000 milliards de dollars. En réalité
elle est plus haute que celle indiquée par l’OTAN, parce qu’elle ne comprend pas divers postes de caractère militaire : par exemple celui des armes nucléaires USA, inscrit au bilan non pas du
Pentagone mais du Département de l’Énergie.
La dépense militaire italienne, qui est passée du 13ème au 11ème rang mondial, se monte en termes réels à environ 25 milliards d’euros annuels en augmentation.
En juin dernier le gouvernement Conte y a ajouté 7,2 milliards d’euros, fournis aussi par le Ministère pour le développement économique pour l’achat de systèmes d’arme. En octobre, lors de sa
rencontre avec le Secrétaire général de l’OTAN, le gouvernement Conte II s’est engagé à l’augmenter durablement d’environ 7 milliards d’euros annuels à partir de 2020 (La Stampa, 11 octobre 2019).
Au Sommet de Londres seront requis à l’Italie d’autres milliards d’argent public pour financer les opérations de l’OTAN dans l’espace : Alors qu’on ne
trouve pas d’argent pour garder la sécurité et reconstruire les viaducs qui s’écroulent.
Déclaration de la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement à Londres
Le 04/12/2019.
Communiqué de Londres(texte intégral)
Déclaration de Londres publiée par les dirigeants des pays de l’OTAN à leur réunion tenue à
Londres les 3 et 4 décembre 2019
1. Aujourd’hui, nous sommes réunis à Londres, là où l’OTAN a établi son premier siège, pour célébrer le 70e anniversaire de l’alliance la plus solide et la plus
réussie de l’histoire, ainsi que pour commémorer le 30e anniversaire de la chute du rideau de fer. L’OTAN garantit la sécurité du territoire de nos pays et celle de leurs citoyens, au nombre d’un
milliard, ainsi que notre liberté et les valeurs que nous partageons, parmi lesquelles la démocratie, la liberté individuelle, les droits de la personne et l’état de droit. La solidarité, l’unité
et la cohésion sont des principes fondamentaux de notre Alliance. Alors que nous œuvrons ensemble à prévenir les conflits et à préserver la paix, l’OTAN reste le fondement de notre défense
collective et le forum essentiel pour les consultations et la prise de décision en matière de sécurité entre Alliés. Nous réaffirmons le lien transatlantique qui unit durablement l’Europe et
l’Amérique du Nord, notre adhésion aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que notre engagement solennel, inscrit dans l’article 5 du traité de Washington, selon lequel une
attaque contre un Allié est considérée comme une attaque contre nous tous.
2. Nous sommes résolus à partager le coût et les responsabilités qu’implique notre sécurité, qui est indivisible. Grâce à notre engagement en matière
d’investissements de défense, nous augmentons ces investissements pour nous conformer aux seuils de 2 % et de 20 % qui y sont définis, nous investissons dans de nouvelles capacités et
nous fournissons plus de forces pour les missions et opérations. Les dépenses de défense hors États-Unis ont augmenté pendant cinq années consécutives ; un montant supplémentaire supérieur à
130 milliards de dollars des États-Unis est investi dans la défense. Conformément à notre engagement inscrit dans l’article 3 du traité de Washington, nous continuons de renforcer notre capacité
individuelle et collective de résistance à toute forme d’attaque. Nous accomplissons des progrès appréciables. Nous devons et nous allons faire davantage.
3. Nous sommes confrontés, en tant qu’Alliance, à des menaces et défis distincts, qui émanent de toutes les directions stratégiques. Les actions agressives de la
Russie constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ; le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous tous. Des
acteurs étatiques et non étatiques mettent à mal l’ordre international fondé sur des règles. L’instabilité observée au-delà de nos frontières favorise aussi la migration irrégulière. Nous sommes
confrontés à des menaces cyber et hybrides.
4. L’OTAN est une alliance défensive et ne représente une menace pour aucun pays. Nous adaptons nos capacités, notre stratégie et nos plans militaires dans
l’ensemble de l’Alliance conformément à notre approche à 360 degrés en matière de sécurité. Nous avons pris des décisions afin d’améliorer la disponibilité opérationnelle de nos forces pour
qu’elles puissent répondre à tout moment à n’importe quelle menace, d’où qu’elle vienne. Nous restons déterminés dans notre engagement à lutter contre le terrorisme et nous agissons ensemble avec
une plus grande fermeté pour en venir à bout. Nous agissons et continuerons d’agir d’une manière mesurée et responsable face au déploiement par la Russie de nouveaux missiles de portée
intermédiaire, qui sont à l’origine de l’extinction du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et qui font peser des risques importants sur la sécurité euro-atlantique. Nous
intensifions notre action pour protéger nos libertés, en mer et dans les airs. Nous renforçons encore notre aptitude à assurer la dissuasion et la défense par une combinaison appropriée de
capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile, que nous continuons d’adapter. Aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires, l’OTAN restera une alliance nucléaire. Nous
sommes pleinement attachés à la préservation et au renforcement d’un système efficace de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, compte tenu de l’environnement de sécurité
du moment. Les Alliés sont fermement attachés à la pleine mise en application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dans tous ses aspects, à savoir le désarmement
nucléaire, la non-prolifération et les utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Nous restons ouverts au dialogue, et à la perspective d’établir une relation constructive avec la
Russie lorsque les actions de cette dernière le permettront.
5. Nous nous employons à accroître la sécurité pour tous. Nous avons renforcé les partenariats dans notre voisinage et au-delà, approfondissant le dialogue
politique, le soutien et la collaboration qui s’exercent avec les pays partenaires et les organisations internationales. Nous réaffirmons notre engagement en faveur de la sécurité et de la
stabilité à long terme en Afghanistan. Nous accroissons notre coopération avec l’Organisation des Nations Unies ; des progrès sans précédent sont enregistrés dans la coopération OTANUE.
Nous sommes attachés à la politique de la porte ouverte de l’OTAN, qui renforce l’Alliance et a apporté la sécurité à des millions d’Européens. La Macédoine du Nord, présente à nos côtés en ce
jour, deviendra bientôt le tout nouveau membre de notre Alliance. Nous sommes déterminés à assurer la réussite de toutes nos opérations et missions. Nous rendons hommage à tous les hommes et à
toutes les femmes qui ont servi au nom de l’OTAN, et nous honorons la mémoire de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour préserver notre sécurité.
6. Pour maintenir notre sécurité, nous devons regarder ensemble vers l’avenir. Nous prenons en compte l’éventail et l’étendue des nouvelles technologies pour
conserver notre avance technologique, tout en préservant nos valeurs et nos normes. Nous continuerons d’accroître la résilience de nos sociétés, ainsi que de nos infrastructures critiques et de
notre sécurité énergétique. L’OTAN et les Alliés, dans les limites de leurs compétences respectives, sont déterminés à garantir la sécurité de leurs communications, y compris la 5G, conscients de
la nécessité de recourir à des systèmes sécurisés et résilients. Nous avons déclaré l’espace en tant que milieu d’opérations de l’OTAN, reconnaissant ainsi son importance s’agissant de préserver
notre sécurité et de relever les défis en la matière, dans le respect du droit international. Nous étoffons nos moyens d’action face aux cyberattaques, et nous renforçons notre aptitude à assurer
la préparation, la dissuasion et la défense face aux tactiques hybrides visant à porter atteinte à notre sécurité et à nos sociétés. Nous développons le rôle de l’OTAN en matière de sécurité
humaine. Nous sommes conscients que l’influence croissante et les politiques internationales de la Chine présentent à la fois des opportunités et des défis, auxquels nous devons répondre
ensemble, en tant qu’Alliance.
7. Compte tenu de l’évolution de l’environnement stratégique, nous invitons le secrétaire général à présenter aux ministres des Affaires étrangères une proposition
approuvée par le Conseil pour que soit mené, sous les auspices du secrétaire général, avec le recours à l’expertise pertinente, un processus de réflexion prospective visant à renforcer encore la
dimension politique de l’OTAN, y compris la consultation.
8. Nous exprimons notre gratitude au Royaume-Uni pour l’accueil généreux qui nous a été réservé. Nous nous réunirons de nouveau en 2021.
9. En des temps difficiles, nous sommes plus forts de par notre Alliance, et nos populations plus en sécurité. Le lien qui nous unit et notre engagement mutuel
garantissent nos libertés, nos valeurs et notre sécurité depuis 70 ans. Nous agissons aujourd’hui afin de faire en sorte que l’OTAN soit la garante de ces libertés, de ces valeurs et de cette
sécurité pour les générations à venir.
Malgré des dissensions entre ses membres, l’Otan affiche son unité en adoptant une déclaration finale
...par Laurent Lagneau - Le 04/12/2019.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait menacé de bloquer l’adoption de nouveaux plans de défense en faveur des pays baltes et de la Pologne si les membres
de l’Otan persistaient à refuser de considérer les milices kurdes syriennes [YPG] comme terroristes en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc [PKK]. En outre, il
était aussi attendu au tournant pour sa politique à l’égard d ela Russie, laquelle s’est notamment traduite par l’achat de systèmes russe de défense aérienne S400, incompatible avec ceux utilisés
par les alliés.
Bref, et au-delà d’autres sujets fâcheux, le sommet de l’Otan qui vient de se terminer à Londres promettait d’être houleux à bien des égards. Et, finalement, hormis
une bouderie du président Trump, qui n’a pas apprécié les moqueries du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, à son endroit, il s’est conclu par une déclaration finale qui, adoptée à
l’unanimité, met sous le boisseau les dissensions entre alliés. Pour le moment, du moins.
En effet, M. Erdogan ne s’est pas opposé à l’adoption étant donné que cette déclaration finale précise que le « terrorisme sous toutes ses formes et dans
toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous. »
Cependant, le président français, Emmanuel Macron, a expliqué durant sa conférence de presse qu’il n’y a « pas de consensus possible » avec la
Turquie sur la définition du terrorisme. Pour rappel, la France refuse de considérer les milices kurdes syriennes comme terroristes étant donné qu’elles ont combattu l’État islamique [EI ou
Daesh] avec l’appui de la coalition dirigée par les États-Unis.
« Il est clair que nous ne sommes pas d’accord pour classer comme groupe terroriste YPG et PYD [Parti de l’union démocratique] et je crois que là-dessus il
y a un consensus », a en effet affirmé M. Macron. « Nous combattons le PKK et tous ceux qui mènent des activités terroristes contre la Turquie, de manière très claire mais nous
ne faisons pas ce raccourci ou cette agrégation que la Turquie souhaite entre ces différents groupes politiques et ou militaires, donc là il y a un désaccord, il n’est pas levé »,
a-t-il précisé. En outre, il a également évoqué l’ambiguïté relative à l’achat par la Turquie de S-400 russes, qui seront une « espèce de monade, non connectée avec le reste, ce qui dans
un système intégré marche moins bien. »
Mais « les désaccords attireront toujours plus l’attention que lorsque nous sommes d’accord », a toutefois assuré M. Stoltenberg.
La déclaration finale rappelle que « l’Otan garantit la sécurité du territoire de nos pays et celle de leurs citoyens, au nombre d’un milliard, ainsi que notre
liberté et les valeurs que nous partageons, parmi lesquelles la démocratie, la liberté individuelle, les droits de la personne et l’état de droit. La solidarité, l’unité et la cohésion sont des
principes fondamentaux de notre Alliance. »
Rappelant que l’Otan « est une alliance défensive » qui «ne représente une menace pour aucun pays», le texte dénonce les « actions agressives de la Russie », qui
« constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ». Mais il précise ques Alliés « restent ouverts au dialogue, et à la perspective d’établir une relation
constructive avec » Moscou dès lors que ses actions « le permettront. »
La déclation évoque également « l’influence croissante et les politiques internationales de la Chine », qui présentent à la fois des opportunités
et des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant qu’Alliance. D’ailleurs, au regard de la suspicion dont le groupe chinois Huawei fait l’objet, elle affirme que l’Otan et les Alliés,
« dans les limites de leurs compétences respectives, sont déterminés à garantir la sécurité de leurs communications, y compris la 5G, conscients de la nécessité de recourir à des
systèmes sécurisés et résilients. »
« Pour la première fois, nous avons évoqué la montée en puissance de la Chine – qu’il s’agisse des défis et des opportunités qu’elle présente ou de ses
incidences sur notre sécurité », a souligné M. Stoltenberg. Et d’ajouter : « Nous devons trouver les moyens d’encourager la Chine à participer aux arrangements de maîtrise des
armements. »
« Nous restons déterminés dans notre engagement à lutter contre le terrorisme et nous agissons ensemble avec une plus grande fermeté pour en venir à
bout », est-il également précisé dans le texte.
« Nous agissons et continuerons d’agir d’une manière mesurée et responsable face au déploiement par la Russie de nouveaux missiles de portée intermédiaire,
qui sont à l’origine de l’extinction du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire [FNI] et qui font peser des risques importants sur la sécurité euro-atlantique. Nous intensifions
notre action pour protéger nos libertés, en mer et dans les airs. Nous renforçons encore notre aptitude à assurer la dissuasion et la défense par une combinaison appropriée de capacités
nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile, que nous continuons d’adapte », ont résumé les 29 Alliés.
En outre, et c’était attendu, ces derniers ont déclaré l’espace en tant que « milieu d’opérations de l’Otan » et reconnu ainsi « son
importance s’agissant de préserver [la] sécurité et de relever les défis en la matière, dans le respect du droit international. » Et, dans le domaine de la cyberdéfense, le texte
insiste sur les risques relatifs au déploiement de la technologie 5G, lesquels rendent nécessaire le recours à « des systèmes sécurisés et résilients ».
Enfin, en écho aux propos de M. Macron sur la « mort cérébrale de l’Otan », une expression qu’il avait utilisée pour dénoncer le manque de
concertation entre alliés au sujet de la Syrie et du combat contre Daesh, la déclaration indique que, « compte tenu de l’évolution de l’environnement stratégique », le
secrétaire général de l’Alliance aura à lancer un « processus de réflexion prospective visant à renforcer encore la dimension politique de l’Otan, y compris la
consultation »
...chacun appréciera la phrase "L'OTAN est une alliance défensive...." et demandera l'avis des habitants de l'ex-Yougoslavie,
de la Libye, de la Syrie...et j'en passe...! Des pays qui n'ont jamais attaqué personne...mais qui n'étaient pas soumis aux USA.
Quant aux menaces venant de Russie et de Chine, l’espionnage "cyber" qu'Uncle SAM est le premier à utiliser en particulier envers ses
alliés...J'ai quelques doutes.
Le fond du problème reste essentiellement économique (Trump ne s'en est pas caché) : <<Restez dans l'OTAN et
achetez du matériel américain...nous nous occupons de votre sécurité sinon, vous serez confrontés à des sanctions économiques !>> Cela a le mérite d'être clair sachant que les
engagement US n'engagent que ceux qui y croient, preuves à l'appui...
Trump à Macron :
Voulez-vous que j’envoie des terroristes de l’État Islamique en France ?
Les échos qui nous parviennent du sommet de l’OTAN seraient grotesques s’ils n’étaient effrayants, comment des individus aussi superficiels, puérils peuvent-ils
agir ainsi ? Prétendre mettre à feu et à sang la planète y compris en utilisant des fascismes déchaînés contre les peuples, révélant chacun les turpitudes de l’autre sans la moindre retenue et
n’ayant plus aucune retenue dans le propos d’insulte au-delà de leurs représentants des nations elles-mêmes. Et c’est cette bande qui prétend avoir l’autorité pour prétendre instaurer cette
exploitation sans limite dont le profit se nourrit, quelle est la légitimité de ces pitres ?
Le
président américain Donald Trump, lors du sommet de l’OTAN, s’est moqué d’Emmanuel Macron, affirmant qu’il enverrait des membres du groupe terroriste ISIS (Daesh, en arabe) en France,
actuellement prisonniers en Irak et en Syrie.
Dans une déclaration faite à la presse lors d’un sommet des dirigeants de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) tenu mardi à Londres (capitale
britannique), Trump s’est moqué du président français Emmanuel Macron au sujet du rapatriement des extrémistes de Daesh détenus en Syrie.
« Voulez-vous de bons
combattants d’ISIS ? (…) Je peux vous en donner. Il peut prendre ce qu’il veut », a souri le président américain en se tournant vers Macron, tandis que le président français
refusait rapidement la proposition en disant « parlons
sérieusement ».
Par ailleurs, Trump a insisté sur le fait que la plupart des membres du gang Daesh Takfiri actuellement détenus en
Syrie venaient d’Europe, notamment de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni.
Le président français, à son tour, a nié ces affirmations et a déclaré que les terroristes de l’EIIL venaient de Syrie et d’Irak. « Il est vrai que
certains viennent d’Europe, mais c’est une petite minorité du problème que nous avons dans la région », a-t-il déclaré.
De même, Macron a averti de l’existence des restes de Daesh en Syrie et en Irak. Il a donc insisté sur la nécessité de mettre fin à ces extrémistes. Dans
le même temps, il a critiqué les politiques de Trump dans la région du Moyen-Orient pour avoir déstabilisé la région.
« Il y a encore des combattants
dans la région, venant de Syrie et d’Irak, de plus en plus (…) le problème numéro un n’est pas les combattants extérieurs, mais les combattants de Daech dans la région », a-t-il
averti.
Ce que Macron prétend
ignorer le fait que les terroristes de l’Etat islamique qui ont semé la mort et la destruction en Syrie appartiennent à environ 80 nationalités. Nombre d’entre eux viennent d’Europe, notamment de
la France, de la Grande-Bretagne, de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Kosovo, de Bosnie, d’Arabie Saoudite, de Turquie et d’Afrique du Nord. Il y a même des
terroristes qui viennent de Chine et qui sont enrôlés par les minorités islamiques dans ce pays. Macron le sait bien car les services de renseignement français ainsi que ceux des États-Unis
et du Royaume-Uni ont collaboré pour armer et soutenir ces terroristes dans le but de renverser le gouvernement légitime de Bashar al Assad.
Donc Trump qui est totalement ignoble non seulement à cause de ce qu’il fait comme les autres mais parce qu’il ne peut se retenir de dire à ses collègues à quel
point ils sont comme lui de franches ordures mais snobs…
Cette bande après avoir atteint ce niveau reconduit l’OTAN et ses « missions » et elle continuera à manifester sa solidarité avec la manière dont Trump
installe en Amérique latine un nouveau plan Condor avec ses néonazis de choc… Comme il expédie sans état d’âme en Chine ses purs produits de la CIA…
Oui mais voilà comme a été obligé de le noter un article du Monde : l y a les deux absents, qui ne font pas partie de la famille et sont pourtant dans toutes les
têtes : le Russe Vladimir Poutine et le Chinois Xi Jinping. L’anglais a une belle expression pour eux : « les éléphants dans la pièce », ceux dont on aimerait ne pas parler mais qui sont trop
gros pour qu’on les ignore, parce qu’on avale pas la Chine comme la Bolivie ou même la Libye, et même pour ces derniers dans la situation actuelle rien n’est joué… Comme l’a noté raoul Castro, le
monde est comme une prairie sèche (ou plutôt asséché par ces pillards NDLR) la moindre flammèche peut générer de terribles incendie et cette bande n’en a cure, elle tente de se maintenir…
Écœurants
Impasse de l’OTAN et impossibilité d’un réel dialogue avec la Russie
Macron propose un "dialogue stratégique" avec la Russie, alors que celle-ci est mise au même rang que le terrorisme dans la déclaration finale de Stoltenberg. De
quelle stratégie s'agit-il dans ce cas ? En fait, l'OTAN continue à faire ce qu'il a toujours fait : défendre une idéologie. Avant c'était le libéralisme contre le socialisme, donc contre l'URSS,
aujourd'hui c'est l'atlantisme, donc contre la Russie, qui, en ce sens, oui, présente (heureusement) une menace.
La dualité du discours au sujet de la Russie continue. D'une part Macron joue le rôle de l'ouverture au dialogue avec la Russie, un dialogue qu'il qualifie de
responsable et de stratégique, ce qui finalement ne signifie rien. Macron incarne ici l'Auberge espagnole politique, où vous trouverez ce que vous apporterez. D'autre part, Stoltenberg, dans la
déclaration finale, range la Russie, avec son "comportement agressif", au même rang que le terrorisme comme un des dangers principaux pour la sécurité euro-atlantique. Terrorisme contre lequel§
pourtant, il devrait être possible de coopérer avec la Russie.
Russie qui, dixit Macron, n'est plus un ennemi, mais reste une menace. L'ennemi est le terrorisme islamiste.
Pourquoi cette déclaration est une triple hypocrisie ?
Tout d'abord, la Russie n'est plus un ennemi. Autrement dit, l'OTAN n'envisage "plus" d'attaquer la Russie? Puisque rappelons qu'il s'agit non pas d'une oeuvre
caritative, mais d'une organisation militaire. Or, quelqu'un pense-t-il vraiment qu'un pays de l'OTAN, car ce sont bien les pays et leurs hommes qui font la guerre, l'OTAN n'est qu'une fiction
juridique, bref qu'un pays de l'OTAN va envoyer ses armées contre la Russie ? Non évidemment. Donc, la Russie, en ce sens, n'a jamais été l'ennemie. Et comme il faut bien une explication
officielle à l'existence de l'OTAN, il a fallu en trouver un autre.
Donc, l'ennemi est le terrorisme islamiste. Traduction : il faut combattre le terrorisme et non pas la Russie. Soit. Et, quel est le rapport entre la Russie et le
terrorisme? La Russie combat déjà le terrorisme, indépendamment de l'OTAN, notamment en Syrie, et elle ne cesse de proposer aux Etats satellites du clan atlantiste de s'allier réellement à elle
pour réellement combattre le terrorisme - et non pas le faire prospérer comme ce fut le cas en Syrie avant l'intervention russe. Le problème ici n'est pas lié à la Russie, mais au manque de
volonté politique des Etats atlantistes. Et à l'inadaptation d'une structure comme l'OTAN pour combattre le terrorisme islamique. A l'intérieur des Etats membres, vous n'allez pas envoyer une
armée étrangère. Et pour intervenir militairement dans un pays étranger, il faut - théoriquement - une décision du Conseil de sécurité de l'ONU ou l'invitation du pays concerné.
Enfin, la Russie est une menace. Ceci est le principe de base, qui doit permettre de déchiffrer les discours, divers et variés au premier abord, concernant la
Russie. Discours qui se terminent toujours de la même manière. Et ne peuvent se terminer autrement. Car la Russie, oui, est une menace pour l'activité centrale de l'OTAN, qui est la défense armée
d'une idéologie, avant il s'agissait du libéralisme contre le socialisme, aujourd'hui du globalisme atlantique. Contre la position russe d'un monde multipolaire. Sauf que vous ne pouvez pas dire
aux Etats membres qu'ils envoient combattre leurs soldats contre la Russie pour défendre les intérêts atlantiques. Sans oublier que, ici aussi, l'efficacité potentielle de l'OTAN, c'est-à-dire
d'une structure militaire, est très relative. Nombre d'autres institutions existent pour défendre et implanter l'idéologie globaliste-atlantiste, qui obtiennent des résultats tangibles, qu'il
s'agisse du Conseil de l'Europe en général (avec les sanctions et les recommandations - soft power) et de la CEDH en particulier (imposant des modifications du droit interne et
sanctionnant la Russie), du CIO (fin progressive de l'existence de la Russie comme "Etat" dans le sport international et déstabilisation du rapport interne entre la société, les milieux
sportifs et les sphères gouvernantes), de l'OMC (modification de la législation interne), OCDE (influence sur les politiques intérieures, comme celle de l'enseignement par exemple), FMI
(influence sur les politiques financières et économiques internes), les différentes structures de l'ONU, etc.
En ce sens, le "dialogue stratégique" proposé par Macron, avant la réunion du 9 décembre à Paris pour le Format Normandie, place bien la Russie comme une menace.
S'il parle de coopération avec elle, il estime qu'elle est un danger pour ses voisins, impliquée dans des affaires d'empoisonnement, qu'elle doit régler ses conflits avec l'Ukraine. Ce que
d'ailleurs, il pose comme condition préalable au fumeux "dialogue stratégique". Avant la réunion du Format Normandie, ce qui montre dans quel camp se met la France. Surtout que, dans le même
temps, l'Ukraine annonce refuser tout dialogue direct avec le Donbass (afin que le conflit soit bien présenté comme entre l'Ukraine et la Russie - ce que sousentend Macron - et non pas comme une
guerre civile, ainsi que toute modification de la Constitution quant au statut particulier du Donbass, ce qui ôte toute illusion sur leurs intentions). Rappelons également qu'à l'OTAN, dans les
couloirs, l'Ukraine avait déclaré la Russie comme Etat-terroriste (ce qui promet un dialogue très stratégique ce 9 décembre), et que l'équivalence Russie - terrorisme a été reprise dans la
déclaration finale de l'OTAN.
Puisqu'il faut bien créer la "menace russe", nous avons droit aux "agents du GRU" (renseignement militaire russe, qui porte un autre nom aujourd'hui, mais peu
importe les faits, ça sonne mieux que "Direction centrale de l'état-major général des forces armées") qui n'ont manifestement rien d'autre à faire que de se ballader en Europe pour y déposer des
agents chimiques (Skripal, l'histoire d'un survivant et la cure de rajeunissement de sa nièce), tuer des Géorgiens (cette fois, il paraît que des agents du fameux GRU, pour des raisons inconnues
et sans savoir qui, mais passons, ont tué un Géorgien cet été en Allemagne), etc. Et afin de pouvoir passer agréablement le temps en Europe, ils auraient une base dans les Alpes, c'est vrai que Chamonix est sympa. Avis aux Russes venant faire du sky dans les Alpes, portez un tee-shirt précisant que
vous n'êtes pas du GRU, ici un Russe est a priori un agent potentiel, que faire, c'est la Russie. Et dans ce fourbi généralisé, Merkel a déclaré qu'elle allait discuter de
l'expulsion de diplomates russes suite à l'assassinat du Géorgien avec Poutine à Paris, justement ce 9 décembre. Quel rapport avec le Format Normandie ? Il semblerait que la paix en Ukraine ne
soit plus l'objet de cette formule, certes décalée, mais qu'il s'agisse bien de la Russie. Rappelons que justement la question des sanctions sportives contre la Russie sera discutée, hasard
évidemment du calendrier, ce 9 décembre, et cette fois-ci hasard de la géographie, à Paris.
Evidemment, dans cette configuration aucun dialogue réel, qui suppose l'écoute et le respect de l'autre, n'est possible. Seules les apparences peuvent, un temps, en
cas de propension à l'amnésie, être préservées. Mais cela est-il finalement nécessaire ? Parce que tout a un coût et le clan atlantiste n'est pas prêt à payer sa part, mais à présenter la facture
à la Russie, pour qu'elle ait la "chance" de se désintégrer en son sein. Pour autant, que Macron se rassure, l'absence de naïveté est partagée.
L'ennemi de l'OTAN (1)
...par Christian Vanneste - Le 06/12/2019.
En politique, la désignation de l’ennemi est primordiale. C’est ce que le président de la République avait heureusement rappelé au secrétaire général de
l’OTAN lors de sa visite à Paris. L’humanisme des démocraties décadentes répugne, cependant, à cette désignation, même quand il ne manque pas de se désigner lui-même, comme l’islamisme le
fait avec insistance. Le président de la République, lui-même, n’est pas très clair à ce sujet. Il se veut l’incarnation du progressisme et pointe les régimes autoritaires conservateurs comme
étant les adversaires ou, au moins, les obstacles. Sans doute pourrait-on lui accorder que si les pays conservateurs sont, pour lui, des adversaires politiques, l’ennemi militaire est
objectivement le terrorisme, et comme il l’a précisé dans sa conférence avec Trump, le terrorisme islamique. Mais cette réponse est pour le moins insuffisante.
L’OTAN est une machine de guerre qui fonde sa puissance sur l’interopérabilité des moyens humains et matériels qu’elle réunit. Mais cette force n’a d’intérêt que si
elle vise un objectif précis et se déploie dans une stratégie cohérente. Depuis l’effondrement de l’empire soviétique et la disparition de l’affrontement entre les deux blocs qui s’étaient
apparemment engagés en 1945 dans une lutte à mort, les États-Unis n’ont plus le même intérêt vital dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord et dans son financement. L’OTAN est donc
devenue un moyen dont la finalité est incertaine.
D’une certaine manière, elle se survit à elle-même en poursuivant l’ombre de l’ennemi disparu, l’URSS réduite à la Russie.
Or, ce pays n’est plus le foyer d’une idéologie expansionniste qui menaçait tout l’Occident et, plus généralement, le monde capitaliste. Il est, au contraire,
redevenu un État qui défend ses intérêts nationaux, ceux d’une nation parmi les plus puissantes du monde, dotée du territoire le plus vaste de la planète.
La politique habile du président Poutine, qui était loin d’être anti-occidentale au début, ne s’explique que par sa volonté de desserrer l’étau. Il l’a fait en
récupérant la Crimée, évidemment russe, en soutenant des séparatismes chez les anciens membres de l’URSS, tentés de rejoindre l’OTAN. Par ailleurs, la Russie, qui incarne désormais le
conservatisme politique, culturel, voire religieux, dont la gestion n’est plus socialiste, poursuit son soutien à des pays qui le sont encore mais sont surtout des ennemis des États-Unis en
Amérique latine. Cette stratégie est cohérente, réaliste et dénuée d’idéologie. C’est la réponse du berger à la bergère.
Le véritable problème, c’est que la bergère, elle, n’a pas une stratégie claire, que l’OTAN a de multiples cibles parce que ses membres ont des intérêts divergents.
Le Président français considère à juste titre que la relation conflictuelle avec la Russie doit être dénouée. Mais le président Trump lui rappelle que c’est l’Iran qui pose, aujourd’hui, le plus
gros problème. Manifestement, pour M. Macron, c’est la Turquie qui, elle, est membre de l’OTAN.
Si on résume, Donald Trump, comme Thatcher naguère, veut d’abord « récupérer sa monnaie » et avoir le soutien de ses alliés contre l’Iran, et aussi, sur un
plan plus économique, face à la Chine. Comme ses prédécesseurs, les guerres entre musulmans ne l’intéressent guère, et il n’est pas question de contrer la Turquie, dont l’action néfaste dans
l’ex-Yougoslavie, en Syrie, en Libye est cependant claire. Ce dernier point aurait pu être abordé par le Président français : les treize soldats morts au Mali montrent que l’ennemi prioritaire
est bien l’islamisme.
Erdoğan n’a pas été menacé d’exclusion malgré la Syrie et l’achat de missiles russes. Il a, en revanche, accepté l’adoption des nouveaux plans de sécurité régionaux
pour la Baltique, la Pologne, la Turquie et le flanc sud de l’Alliance, et a signé le texte final, car celui-ci condamne le terrorisme « sous toutes ses formes et dans toutes ses
manifestations » et le considère comme « une menace persistante pour nous tous ». Dans le texte, les alliés se sont notamment entendus sur le « défi » chinois et « la
menace que représentent les actions agressives » de la Russie. Pas un mot sur la réponse que les alliés pourraient faire à une attaque contre les troupes turques en Syrie où elles
interviennent sans mandat de l’OTAN et en dehors des règles internationales, sauf le vague rappel de l’article 5 du traité de Washington qui stipule la solidarité entre membres. Rien n’a changé,
la paralysie générale a répondu à la mort cérébrale, et on chercherait en vain le moindre succès de la diplomatie française.
La question fondamentale posée par le Président Macron était : qui est l’ennemi ? Selon lui, la Russie est à la fois une menace, un voisin et un partenaire. Elle
demeure néanmoins la cible principale, mais pas la seule puisque la Chine est désormais visée, elle aussi. En revanche, tout le monde semble d’accord pour considérer le terrorisme comme le
principal ennemi. Pour Emmanuel Macron, ni la Russie ni la Chine ne seraient des ennemies. Ce serait le terrorisme, qu’il a cru bon préciser en nommant « Daech » et, quel progrès, Al-Qaïda, mais
en évitant soigneusement le mot « islamiste ». Que cache cette soudaine pudeur ? L’ennemi s’est pourtant désigné lui-même : en Afghanistan, c’est l’islamisme des talibans. Au Sahel, où la France
est en première ligne, c’est l’islamisme, entre autres, de l’EIGS. En Syrie, l’ennemi, ce sont toujours les groupes soit de l’État islamique, soit ceux d’Al-Qaïda, ex-Al-Nosra devenue Tayat
Tahrir-Al-Cham, qui domine largement la poche d’Idleb et auxquels nous ne faisons pas la guerre. Ce sont les Russes et les Syriens qui la font.
Quelle est l’attitude de la Turquie ? Elle soutient en Syrie d’autres rebelles, des islamistes aussi, liés aux Frères musulmans, qui ont joué un rôle de premier
plan dans la guerre suscitée dans le pays avec différents masques, l’ASL, notre grande alliée « démocratique », puis le FNL qui a rejoint la prétendue « Armée nationale syrienne » chassée d’Idleb
et qui se bat aujourd’hui contre les Kurdes le long de la bande territoriale occupée illégalement par l’armée turque. Chacun sait que ces supplétifs sont, pour beaucoup, d’anciens tueurs de
l’État islamique dont le comportement révèle l’origine. Et, si on regarde la Libye, on voit une fois encore cette alliance entre Turquie et Frères musulmans, alliés aussi au Qatar, à travers les
puissantes milices de Misrata. C’est elle qui entretient la partition du pays et maintient la porosité et les trafics avec les pays du Sahel et d’Afrique subsaharienne. Objectivement, c’est la
Turquie qui est notre ennemie, et avec elle un certain nombre d’États musulmans avec lesquels nous faisons des affaires. Mais manifestement, il ne faut pas le dire, ni même le penser.
À Londres, on a peu parlé de l’Iran, un pays essentiel à tous points de vue, dont les États-Unis ont fait « leur » ennemi privilégié. Les intérêts de l’Europe, et
en particulier de la France, n’y ont pas avancé. On espérait, avec l’ouverture vers la Russie et l’idée d’une Europe-puissance plus que marché, une sorte de néo-gaullisme. On a compris qu’avec
une défense européenne, pilier de l’OTAN, il n’en était rien. Beaucoup de bruit pour rien…
La décision de « déclasser » le sommet historique de l’OTAN à Londres, à l’occasion du 70e anniversaire de l’alliance, en une simple « réunion des
dirigeants » impliquait qu’aucune déclaration ou communiqué conjoint ne devrait être publié après l’événement. C’était bien pensé.
On craignait que les fortes divergences entre les partenaires de l’Alliance sur de nombreuses questions cruciales inscrites à l’ordre du jour excluent la
possibilité de prendre des décisions par consensus.
En fait, les divergences sont devenues le leitmotiv du sommet, en grande partie dû au clivage entre le Président US Trump et le Président français Emmanuel
Macron juste avant le sommet, une rencontre qui a occulté presque tout le reste. Le lobby des médias anti-Trump US a eu une journée bien remplie.
Cependant, il ressort clairement de la conférence de presse du Secrétaire Général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui a suivi le sommet de Londres, que l’événement
était loin d’être improductif et que, comme il l’a dit, les alliés ont pris « un large éventail de décisions importantes ». Stoltenberg a souligné les points suivants :
L’Initiative de préparation de l’OTAN a été formalisée, par laquelle les Alliés ont engagé 30 bataillons, 30 escadrons aériens et 30 navires de combat,
à la disposition de l’OTAN dans les 30 jours ;
L’espace a été déclaré comme un nouveau domaine opérationnel pour l’OTAN (en plus de la terre, de l’air, de la mer et du cyberespace) ;
Un « nouveau plan d’action » pour intensifier la lutte contre le terrorisme ;
Engagement des alliés à ne « compter que sur des systèmes 5G sécurisés et résilients » pour l’infrastructure des télécommunications ;
Accroître l’investissement dans la défense, les alliés ajoutant 400 milliards de dollars de plus à leur budget de défense au cours des cinq prochaines
années.
Stoltenberg a déclaré qu’il y avait eu une « discussion de fond » concernant la Russie.
« Nous sommes attachés à une dissuasion et à une défense fortes, tout en restant ouverts à un dialogue
constructif avec la Russie, a-t-il expliqué. L’OTAN réagit de manière défensive et coordonnée au déploiement par la Russie de missiles
nucléaires à portée intermédiaire ».
Il n’y avait pas d’attaques dans les remarques de Stoltenberg concernant la Russie. Il semble que les récentes remarques de Macron dans des entrevues avec
les médias soulignant l’importance d’engager un dialogue avec la Russie expliquent le ton adouci de l’OTAN.
De même, bien que la Chine figure pour la première fois à l’ordre du jour d’un sommet de l’OTAN, Stoltenberg a paraphrasé les délibérations de manière peu
combative, ce qui implique que les États-Unis n’ont pas tout à fait pu mener la discussion. Pour citer Stoltenberg :
« Pour la première fois, nous avons abordé la montée en puissance de la Chine – à la fois les défis et les
opportunités qu’elle présente. Et les implications pour notre sécurité. Les dirigeants ont convenu que nous devons aborder cette question ensemble en tant qu’Alliance. Et que nous devons
trouver des moyens d’encourager la Chine à participer à des accords de maîtrise des armements« .
Plus tard, au cours des questions-réponses, Stoltenberg s’est étendu sur la Russie et la Chine.
« La Russie est notre plus proche voisin, notre plus grand voisin, et nous devons nous efforcer d’améliorer nos
relations avec la Russie, a-t-il déclaré. Et même si nous ne sommes pas en mesure d’améliorer nos relations avec la Russie à court terme, nous
devons gérer une relation difficile… nous devons nous assurer que nous avons la prévisibilité, la transparence pour éviter les incidents et les accidents. Et s’ils se produisent, pour
s’assurer qu’ils ne deviennent pas incontrôlables et ne créent pas des situations vraiment dangereuses ».
Autant dire qu’il a chanté le vieux mantra de l’OTAN « dissuasion, défense et dialogue » avec la Russie, qui laisse entendre que plus les choses semblent
changer, plus elles restent les mêmes. De toute évidence, la ligne de Macron sur la Russie n’a pas réussi à s’imposer lors du sommet de Londres.
Le fait que la Russie continue d’être projetée comme l’ennemi est un signal positif pour les dirigeants transatlantiques de Washington. L’OTAN n’a pas réagi
à l’ouverture du Président Vladimir Poutine en septembre dernier proposant un moratoire sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire dans le scénario post-Traité INF qui
s’annonce.
En ce qui concerne la Chine, a ajouté M. Stoltenberg, « l’OTAN s’est traditionnellement concentrée sur l’Union
Soviétique, puis plus tard sur la Russie. C’est la première fois que les dirigeants de l’OTAN ont eu une discussion et ont abordé ensemble, sur la base de notre analyse, de nos
évaluations, une discussion à la fois sur les opportunités de la montée de la Chine, liées à l’ascension de la Chine, mais également sur les défis. L’idée qu’aujourd’hui 29 Alliés
abordent cette question ensemble est donc un pas important dans la bonne direction ».
Stoltenberg a reconnu que la Chine n’est pas une question unidimensionnelle. Car la montée en puissance de la Chine ouvre aussi de « grandes opportunités économiques » pour les pays membres de l’OTAN. D’autre part, la Chine se militarise rapidement, ce qui appelle à l’inclusion de la
Chine dans les futurs accords de maîtrise des armements, même s’il est « trop tôt pour être précis ».
En résumé, Pékin prendra note que Washington a réussi à insérer la montée en puissance de la Chine dans les préoccupations de l’OTAN. Reste à voir comment
cela se passera dans les années à venir, car les pays européens – non seulement les grandes puissances comme l’Allemagne ou l’Italie et la France, mais aussi les pays d’Europe Centrale –
ont de puissants intérêts commerciaux et économiques à développer leurs relations avec la Chine. À la veille du sommet de l’OTAN à Londres, Macron avait carrément rejeté l’idée que
l’alliance occidentale présente la Chine comme un adversaire.
Les détails du nouveau « plan d’action » de l’OTAN sur la Syrie ne sont pas encore connus, mais tout porte à croire que la Turquie l’a emporté. Le Président
Recep Erdogan a annoncé séparément que le « Quad » sur la Syrie – France, Royaume-Uni, Allemagne, Turquie – se réunira en février à Istanbul et « au moins » une fois par an à partir de
maintenant. Évidemment, la Turquie se retranche et, selon Erdogan, si les pays européens veulent jouer un rôle dans la situation syrienne, ils doivent rejoindre la Turquie pour aider à la
logistique afin d’établir la sécurité dans le nord de la Syrie.
En contrepartie de l’acquiescement de l’OTAN à l’occupation par la Turquie de régions du nord de la Syrie, Erdogan a abandonné son objection au plan de
déploiement de l’alliance (lire Washington) pour les pays baltes et la Pologne.
Les médias russes ont souligné les
événements théâtraux autour de Trump et la discorde entre les alliés de l’OTAN pour souligner que l’alliance est dans un désarroi désespéré et que le rôle de leader des États-Unis est en
déclin irréversible.
Il n’est pas surprenant que le Kremlin ait des raisons de s’inquiéter du
fait que l’OTAN avance vers la frontière russe et qu’elle s’immisce dans les conflits au Moyen-Orient, en particulier en Syrie et en Irak (comme le suggère le nouveau « plan d’action
»).
Plus important encore, aucune porte ne s’ouvre sur la question cruciale de la maîtrise des armements en dépit des demandes de Moscou. Au contraire, les
États-Unis et l’OTAN compliquent les choses en insistant sur l’inclusion de la Chine dans les futures négociations sur la maîtrise des armements malgré le rejet total d’une telle
proposition par Pékin.
La France s’est montrée ouverte à l’idée d’un moratoire sur les futurs déploiements de missiles à portée intermédiaire en Europe dans l’attente d’un nouvel
accord pour remplacer le défunt Traité FNI, mais le sommet de l’OTAN a complètement rejeté cette idée. (Lire la transcription de
la conférence de presse conjointe de Macron et Stoltenberg à Paris le 28 novembre 2019).
Dans l’ensemble, nous voyons ici un schéma familier : l’alliance de l’OTAN semble être à un point d’inflexion et les prédictions apocalyptiques sont
nombreuses, mais en dernière analyse, l’écriture US est large. Stoltenberg a replacé les choses dans leur contexte historique lorsqu’il a dit :
« Il y a eu des désaccords au sein de l’OTAN depuis que l’Alliance existe… Nous devons nous rappeler que nous
avons eu des désaccords dans cette Alliance avec la crise de Suez dans les années 1950, la guerre en Irak en 2003, et bien plus encore ».
Le sommet de l’Otan s’est finalement bien fini pour le président français. A l’issue de cette rencontre, qui avait été annoncée tendue en raison du « l’Otan est en état de mort
cérébrale », le sommet se termine en blaguant sur Donald Trump qui aurait « fui » rapidement ce sommet pour éviter de se voir confronté avec la presse sur un point d’humour réalisé
dans son dos par Justin Trudeau avec Emmanuel Macron, Boris Johnson et Mark Rutte.
Le président français a tweeté après le sommet : « Les propos que
j’ai eus sur l’Otan ont suscité du débat entre les États membres de l’Alliance. Ce dialogue est une très bonne chose » et a tenu à affirmer que la Russie n’est plus un
ennemi principal en reprenant sa position première mais cependant en précisant que la Russie n’est pas vraiment un ami : « Qui est l’ennemi
de l’Otan ? La Russie n’est plus un ennemi. Elle reste une menace mais est aussi un partenaire sur certains sujets. Notre ennemi aujourd’hui : le terrorisme international, et en
particulier le terrorisme islamiste ».
Lors de la célébration de l’anniversaire de l’OTAN au palais de Buckingham mercredi, plusieurs dirigeants mondiaux ont, comme les médias le rapportent,
semblé se moquer du président Donald Trump lors d’un échange filmé. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président français
Emmanuel Macron, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et la princesse britannique Anne rigolent en parlant apparemment de Trump, dans une vidéo devenue depuis virale.
Les responsables politiques étaient apparemment en train de bavarder au sujet de la conférence de presse de Donald Trump plus tôt dans la première
journée de ce sommet, prouvant que les propos d’Emmanuel Macron sur l’Alliance atlantique ne sont pas du tout un problème. En outre, le sujet de ces rires n’aurait été que, comme
Justin Trudeau le dit dans une conférence de presse, la surprise d’apprendre que le prochain G7 aura lieu à Camp David. A la vérité, il est plus question d’une blague
« d’étudiants » comme l’explique, Judi James, l’ expert en langage corporel au Dailymail. Cette histoire n’a en fait aucune importance et cache plutôt une bonne ambiance au
sein des chefs d’État.
Répondant à une vidéo montrant les dirigeants mondiaux apparemment en train de rire de Donald Trump, le président américain a déclaré que Justin Trudeau
« a deux
visages » et a ajouté « honnêtement,
c’est un gars bien ». Dans un Tweet, le président américain a surtout – c’est ce qui est important – accentué sur le succès du sommet : « L’Otan a accompli
de grands progrès au cours des trois dernières années. Des pays autres que les États-Unis ont accepté de payer 130 milliards de dollars de plus par an et, d’ici 2024, ce nombre sera
de 400 milliards de dollars. L’Otan sera plus riche et plus forte que jamais ». « À la fin des
séances d’aujourd’hui, je rentrerai à Washington. Nous ne tiendrons pas de conférence de presse à la fin de l’Otan, car nous en avons tenu tellement au cours des deux derniers jours.
Bon voyage à tous », a déclaré le président américain comme pour balayer les blagues émises sur son dos pour rester sur l’essentiel qui est le succès de ce sommet. Cela
semble bien apporter la preuve que
« Macron est le VRP de Trump » malgré les agitations macronniennes très médiatisées sur le statut de l’Otan. Comme Observateur Continental l’avait envisagé, nous avons eu à faire à
un arrangement musical écrit sur du papier à musique avec l’accord du chef d’orchestre qui n’est autre que Donald Trump.
Boris Johnson a dans sa propre conférence de presse au sommet de l’Otan rassuré les journalistes en disant que c’est « complètement
absurde » de ne pas prendre Trump au sérieux et que « les États-Unis
sont un allié précieux ». Les médias français ne parlent pas de désaccords profonds entre Emmanuel Macron et Donald Trump.
Des conflits commerciaux et géopolitiques entre Washington et ses principaux alliés européens ont éclaté cette semaine au sommet de l’Otan à Londres. Le sommet
devait marquer le 70e anniversaire de la fondation de l’Otan en 1949, sur fond de l’émergence de l’Amérique en tant que puissance impérialiste hégémonique après la 2e Guerre mondiale. Mais il
s’est effondré en récriminations entre Trump et Macron, qui ont tous deux brandi des menaces de guerre commerciale visant des milliards de dollars de commerce euro-américain.
Ce sommet marque une nouvelle étape dans l’effondrement des institutions mondiales qui ont longtemps gouverné le capitalisme mondial. Il y a trois ans, le
Brexit, les menaces d’une guerre commerciale contre l’Europe faites par Trump, et la tentative de Berlin et de Paris de construire une armée européenne ont fait exploser les tensions au sein
de l’alliance. Aujourd’hui, on voit que l’Otan n’a aucune perspective pour surmonter ces divisions internes insolubles. Elle intensifie plutôt des politiques qui divisent l’alliance et qui
posent un grave danger de guerre mondiale.
Avant le sommet, la controverse s’est enflée autour de l’interview accordé par Macron au magazine The Economist. Il y
déclare que l’Otan est « en état de mort cérébrale » et traite la politique des USA envers la Russie « d’hystérie ». Macron a alimenté cette controverse, lors d’une réunion de crise avec
le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, vendredi dernier à Paris. Il a déclaré que l’Otan ne devrait pas traiter la Russie et la Chine d’ennemis mais plutôt mener la lutte
antiterroriste, prétexte de la guerre néocoloniale au Mali et de la répression policière en France.
Arrivé à Londres, Trump a lancé une tirade contre son « allié » français, traitant les remarques de Macron de « méchantes » et « très insultantes ». Il a ensuite
poussé l’Otan à se regrouper autour d’une politique d’escalade militaire visant la Russie.
À la veille de la grève du 5 décembre en France, Trump a mis l’entrevue dans The
Economist dans le contexte de la lutte des « gilets jaunes » contre la politique d’austérité très impopulaire de Macron. Il a dit :
« Regardez ce qui se
passe avec les gilets jaunes… Ils ont eu une année très difficile, et on ne peut pas ensuite aller faire de telles déclarations sur l’Otan ».
Le communiqué du sommet engage l’Otan à des centaines de milliards de dollars d’augmentation des dépenses militaires, davantage de déploiements
de missiles en Europe ciblant la Russie, la guerre en Afghanistan, la surveillance de la Chine et le maintien de l’arme nucléaire.
Cela intensifie à la fois le danger de guerre et la crise de l’Otan. Des conflits objectifs et historiques entre les puissances impérialistes qui, deux fois au
20e siècle, ont dégénéré en guerre mondiale s’affirment à nouveau. En effet, l’interview de Macron résumait des objections largement partagées dans les cercles dirigeants européens envers
les guerres menées par Washington pour compenser sa faiblesse économique croissante, depuis que la dissolution de l’Union soviétique en 1991 a privé
l’Otan de son ennemi commun initial.
Berlin et Paris se sont opposés en 2003 à l’invasion unilatérale américaine de l’Irak et au pillage de son pétrole. De même, Macron a indiqué que la politique
américaine actuelle menace des intérêts fondamentaux de l’Europe. Il a traité la politique de l’Otan au Moyen Orient « d’énorme problème » depuis la défaite de l’Otan en Syrie et
l’invasion de ce pays par la Turquie pour attaquer des milices kurdes soutenues par Washington.
Surtout, Macron a appelé à l’apaisement avec Moscou, en déclarant que la paix en Europe nécessite une reconsidération de la politique russe de l’Otan. Il a
ajouté que sa politique envers la Russie avait pour but d’éviter le danger réel d’une guerre mondiale, et qu’il voulait construire des équilibres pour éviter que le monde ne « s’embrase
».
Macron a attribué la faillite de l’Otan non pas à des erreurs tactiques, mais à des politiques menées depuis des décennies. Bien qu’étant ouvertement hostile au
socialisme, il a attaqué l’argument des propagandistes procapitalistes de la « Fin de l’Histoire », qui affirmaient que la dissolution de l’URSS par le Kremlin signifiait la défaite finale du
socialisme et le triomphe de la démocratie capitaliste libérale. Il a dit au Economist que
cette fausse conception avait ouvert la voie à des guerres sanglantes et impopulaires de l’Otan au Moyen-Orient.
Macron a dit : « Il y a une pensée profonde qui s’est structurée dans les années 90-2000 autour de l’idée de fin de l’histoire, d’une expansion sans fin des
démocraties, d’un camp occidental qui aurait réussi à s’universaliser et aurait gagné. C’est ça l’histoire dans laquelle on vivait jusque dans les années 2000, lorsqu’une série de chocs a
montré que ce n’était pas si vrai… Parfois on a commis des erreurs en voulant imposer nos valeurs, en changeant des régimes, sans les peuples. C’est ce
qu’on a connu en Irak ou en Libye… c’est peut-être à un moment ce qui a été pensé en Syrie mais qui a échoué. C’est un élément de l’approche occidentale dirais-je en termes génériques, qui a
été une erreur du début de ce siècle ».
Malgré ses différends avec Macron, Trump a récemment fait une remarque similaire sur Twitter :
« Les États-Unis ont
dépensé HUIT MILLE MILLIARDS DOLLARS à combattre et à maintenir l’ordre au Moyen-Orient. Des milliers de nos Grands Soldats sont morts ou ont été grièvement blessés. En face, des millions de
personnes sont mortes. ALLER AU MOYEN-ORIENT EST LA PIRE DÉCISION JAMAIS PRISE… DANS L’HISTOIRE DE NOTRE PAYS! Nous avons fait la guerre sous un prétexte faux et à présent réfuté, DES ARMES
DE DESTRUCTION MASSIVE ».
La décision de l’Otan mercredi de quand même intensifier sa politique militariste constitue un avertissement à la classe ouvrière. Les contradictions du
capitalisme identifiées par les grands marxistes du 20e siècle, avant tout entre l’économie mondiale et le système d’États-nation, s’affirment de façon explosive. Aux prises à des
contradictions pour lesquelles elles n’ont aucune solution, conscientes de leur criminalité mais craignant surtout la colère sociale qui monte d’en bas, les classes dirigeantes impérialistes
marchent les yeux fermés à la catastrophe.
La question clé est la construction d’un mouvement international antiguerre dans la classe ouvrière. Il y a deux ans, analysant les conflits croissants au sein
de l’OTAN après le Brexit et l’élection de Trump, le WSWS a écrit : « La force qui émergera
comme alternative à la crise de la politique bourgeoise est la classe ouvrière internationale. Elle est poussée à agir par des conditions de vie intolérables, le chômage de masse et la misère
sociale après des décennies d’austérité et de guerre ».
A présent, cette analyse a été confirmée par une résurgence mondiale de la lutte de classe. Le jour après le sommet de Londres, la plus grande grève de la
présidence Macron a éclaté en France.
Au cours de 2019, des centaines de milliers de travailleurs aux États-Unis, en Europe, en Amérique latine et en Asie se sont mis en grève dans le cadre d’une
vaste vague internationale de protestations politiques contre les inégalités sociales et la répression policière et militaire. Des grèves de masse ou des manifestations antigouvernementales
ont eu lieu en Irak, au Liban, en Algérie, au Soudan, en Inde, au Sri Lanka, en Bolivie, au Chili, en Catalogne en Espagne et à Porto Rico.
Cette recrudescence de la lutte des classes fournit une base sociale à un mouvement contre la politique militariste des élites dirigeantes. Face au danger de
guerre impérialiste, il s’agit de rassembler et d’unifier ces luttes croissantes de la classe ouvrière par la construction d’un mouvement socialiste antiguerre international.
Le père de la Constitution argentine, Juan Bautista Alberdi, dans son livre « Le crime de guerre » écrit en
1872, affirme que « les guerres se raréfieront à mesure que la responsabilité de leurs effets sera ressentie par tous ceux qui les favorisent et les
incitent », anticipant de presque un siècle la fin de l’escalade nucléaire lors de la crise des missiles de Cuba qui a abouti à la signature par Kennedy et Khrouchtchev du Traité
d’Interdiction Partielle des Essais Nucléaires (1962) et à l’application de la Doctrine de la Coexistence Pacifique.
Cependant, après l’annexion de la Crimée à la Russie par référendum, nous assisterons à la division de l’Ukraine en deux moitiés presque symétriques séparées
par le méridien 32 Est, laissant le Sud et l’Est du pays (dont la Crimée) sous orbite russe tandis que le Centre et l’Ouest de l’Ukraine actuelle navigueront au rythme de l’UE, qui signifie «
en réalité » la reprise de l’endémisme récurrent de la Guerre Froide entre la Russie et les États-Unis (Guerre Froide 2.0), le retrait des États-Unis du Traité FNI, la réactivation de la
course mondiale aux armements qui s’ensuit et une éventuelle scission de l’OTAN actuelle.
Retrait de l’OTAN et des États-Unis du Traité FNI
L’OTAN aurait parié sur l’augmentation des ressources allouées au développement militaire ainsi que sur ses plans de collaboration dans ce domaine avec des pays
tels que l’Ukraine, les États baltes, la Géorgie, la Moldavie et la Pologne après la crise ukrainienne et aurait accru sa présence militaire en Europe de l’Est en déployant quatre bataillons
dans les États baltes et en Pologne ainsi que 20 avions F-16, portant à plus de 75 000 le nombre de membres de son contingent total de troupes en Europe. Dans la
pratique, cela signifiera la violation de l’Acte fondateur OTAN-Russie de 1997 par lequel l’OTAN a exclu « le stationnement permanent d’un contingent
substantiel et supplémentaire de troupes de combat en Europe de l’Est» et le retour à la doctrine du confinement, dont les bases ont été définies par George F. Kennan dans
son essai « Les sources du comportement soviétique » publié dans la revue Foreign Affairs en
1947 et dont les idées principales sont résumées dans la citation : « La puissance soviétique est insensible à la logique de la raison mais très
sensible à celle de la force« .
Ainsi, en septembre 2009, le Président Obama (sous la pression de l’establishment ou de la puissance de l’ombre des États-Unis) a approuvé la mise en œuvre du
nouveau système de défense antimissile (Approche Adaptative Progressive Européenne (EPAA), qui est en fait un bouclier antimissile mondial dans lequel des missiles intercepteurs placés sur
des plateformes mobiles peuvent atteindre des cibles dans un espace. Si le retrait des États-Unis du Traité FNI signé par Reagan et Gorbatchev est achevé, nous assisterons à la mise en œuvre
de la cinquième phase du déploiement du bouclier antimissile en Europe (Euro DAM).
Ainsi, en mai 2016, le système de défense balistique Aegis Ashore est entré en service à la base de Deveselu (Roumanie), à 600 km de la péninsule de Crimée, ce
qui marquerait le début de la cinquième phase du déploiement du bouclier antimissile en Europe (Euro DAM) et suivrait la dynamique de la Guerre Froide (action-réaction), La Russie installera
à Kaliningrad le nouveau missile balistique intercontinental de 100 tonnes (« le tueur du bouclier antimissile US », selon les termes du vice-Premier Ministre russe Dmitry Rogozin), de sorte
que, selon le politologue Vladimir Abramov, « la province de Kaliningrad joue à nouveau le rôle du pistolet au sein de l’Europe comme il y a deux
décennies ».
Par ailleurs, Poutine, dans son récent message à l’Assemblée Fédérale, a mis en garde :
« La Russie pourrait également utiliser le missile hypersonique Tsirkon avec une vitesse de 11.000 km/h et une
portée estimée à 1.000 km dont le lancement depuis des sous-marins pourrait atteindre en cinq minutes n’importe quel centre de commandement US, ainsi que le missile de croisière
Burevestnik et le drone sous-marin nucléaire Poseidon ».
Requiem pour l’OTAN ?
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a célébré son 70e anniversaire avec un sommet à Londres et dans le Hertfordshire marqué par la prise de distance
de Macron vis-à-vis des thèses de Donald Trump. Ainsi, à la veille du Sommet, dans un entretien accordé à The Economist, le Président français
Macron affirme que « nous vivons actuellement la mort cérébrale de l’OTAN » tout en exprimant ses regrets car, selon lui, « le Président Trump ne partage pas notre idée du projet européen et semble nous tourner le dos », créant ainsi une scission dans l’OTAN.
Ainsi, nous pourrions assister à la naissance d’une nouvelle structure militaire composée des États-Unis, du Canada, de la Grande-Bretagne, des États baltes, de
la Pologne, de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Slovaquie, de la République Tchèque, de la Roumanie, de Malte, de Chypre, de la Grèce et de la Turquie avec l’objectif sans équivoque de
constituer un « bloc pour contenir les idéaux expansionnistes de Poutine » d’une part, et d’autre part au renforcement de l’Axe Berlin-Paris, mené par la France et l’Allemagne qui fera
graviter dans son orbite d’influence les pays de sa zone d’influence initiale (Pays-Bas, Danemark, Norvège, Belgique, Luxembourg et Autriche ainsi que les pays périphériques Espagne, Italie
et Portugal).
Cet axe sera le résultat d’une réaffirmation tardive des souverainetés nationales française et allemande comme stratégie défensive contre la dérive de l’ancien
« partenaire étasunien » (relance du Traité de l’Élysée entre De Gaulle et Adenauer (1963), qui conduira à un rapprochement politique avec la Russie (rappelant le voyage de De
Gaulle à Moscou en 1966) et qui se traduira par la ratification de la politique de bon voisinage avec la Russie de Poutine par la signature d’accords préférentiels pour assurer
l’approvisionnement en gaz et en pétrole russes et accroître les échanges commerciaux. L’installation par les États-Unis dans les Pyrénées navarraises d’une base
radar (Gorramendi) pour écouter les chuchotements de l’Élysée ne peut être écartée, même si la différence fondamentale se situe dans les formes (soutien de De Gaulle aux États-Unis
dans la crise des missiles de Cuba (1962).