Il reste à la France quelques bijoux de famille. Ne parlons pas du château de Versailles, que le Président confond avec un lieu de séminaire de luxe
pour grands patrons de la planète. Non, je veux parler de ce qui fait que la France a encore son mot à dire sur la scène internationale, loin des billevesées comme la
« diplomatie féministe » de Marlène Schiappa ou autres trucs qui tentent de faire oublier que pour peser, il faut faire peur et non pas rigoler. Faire du vent sous la queue
dans les écuries n’a jamais fait gagner le Prix de Diane.
Ces bijoux de famille, c’est évidemment le siège permanent de la France au Conseil de sécurité. C’est sa panoplie complète en matière de défense.
La France est en effet, aujourd’hui, le seul pays de l’Union européenne en capacité d’entrer en premier sur un théâtre d’opération. Le seul pays de l’Union européenne qui déploie des forces prépositionnées. Le seul pays de l’Union européenne qui paye un impôt du sang aussi lourd. Enfin, le seul pays à posséder l’arme nucléaire. Posséder l’arme nucléaire, ce n’est pas seulement stocker dans un coin de hangar quelques bombes au cas où ! C’est un effort, constant, de recherche pour rester compétitif, de
veille opérationnelle. Un effort financier. Un engagement humain… À l’heure où j’écris, quelque part au fond des mers, patrouille au moins un de nos quatre sous-marins nucléaires
lanceurs d’engins (SNLE), chaque SNLE transportant seize missiles stratégiques capables de frapper à 9.000 kilomètres d’où ils sont. Et c’est ainsi depuis 1972. Un demi-siècle
!
À cette composante sous-marine, il faut ajouter les forces aériennes stratégiques avec les 48 avions Rafale B qui exécutent, par ailleurs, d’autres missions opérationnelles, notamment
en Afrique. 55 ans que l’armée de l’air, sur ordre du président de la République, est en mesure de faire décoller à tout instant du jour ou de la nuit des avions qui iraient délivrer
le feu nucléaire quelque part dans le monde, si les intérêts vitaux du pays étaient menacés.
Ces bijoux de famille font des envieux. L’Allemagne, notamment. L’Allemagne qui, à l’époque où Angela Merkel était toute splendeur, donnait des leçons
budgétaires à la France : et qu’il faudrait faire comme ci et pas comme ça… On se souvient qu’en 2018, le vice-chancelier Olaf Scholz suggérait gentiment que la France partage son
siège au Conseil de sécurité : « Si nous prenons l’Union européenne au
sérieux, l’UE devrait également parler d’une seule voix au sein du Conseil de sécurité des Nations unies […] À moyen terme, le siège de la France pourrait être transformé en siège de
l’UE. » Bah voyons ! Nous avions réagi ici-même : « Et pourquoi pas leur donner les clés de la force de dissuasion
française ! » Chiche !
Un an et demi après, voici qu’un proche d’Angela Merkel, Johann Wadephul, estime que l’Allemagne doit « envisager une coopération avec la France en ce qui concerne les armes nucléaires ».
Elle devrait être prête « à participer à la force de dissuasion nucléaire avec
ses propres capacités et moyens », poursuit-il. Quelles capacités, quels moyens ? On ne construit pas un outil nucléaire comme ça. Mais tout s’éclaire lorsque Johann Wadephul
ajoute : « La France devrait être prête à la placer sous un commandement
commun de l’Union européenne ou de l’OTAN. » Carrément ! Ce n’est plus l’aigle mais le coucou allemand. Bien entendu, ces propos sont en quelque sorte la réponse du berger à
la bergère après le constat de la mort cérébrale de l’OTAN par Macron à l’automne dernier. « Le Président Emmanuel Macron nous a plus d’une fois appelé à oser plus pour l’Europe. Il
pourrait maintenant montrer qu’il est lui aussi prêt à cela. Cela prendra du temps, mais le débat doit commencer maintenant. » Et il se trouvera bien, en France, des
euro-béats pour souhaiter que notre pays entre dans la voie d’une telle, non pas collaboration, mais coopération. L’histoire du coucou et du cocu.
« Le cœur de la dissuasion, c’est la
crédibilité », déclarait le général Bruno Maigret, commandant les forces aériennes stratégiques, le 12 juin 2019, devant les députés. Or, l’Union européenne n’est pas crédible.
Pourquoi ? Tout simplement parce que l’Union européenne n’est pas une nation et ne le sera jamais.
« Les Allemands viennent réclamer le dépeçage de notre souveraineté ! »
...par Jérôme Rivière - le 05/02/2020.
Un député allemand proche d’Angela Merkel demande que la France partage son arme nucléaire avec l’Union européenne. Réaction de Jérôme Rivière, député au Parlement européen.
La France doit-elle partager son arsenal nucléaire avec
l’Union européenne ?
Selon vous, cette requête allemande est-elle légitime ?
Elle est totalement illégitime et contraire au principe même de la dissuasion nucléaire et de la façon dont elle a été construite depuis l’explosion de la première
bombe dans l’expérience Gerboise bleue, en 1960. C’est une composante permanente ultime de la souveraineté. La souveraineté ne se partage pas.
Que se cache-t-il derrière cette proposition allemande
?
Il y a d’abord une volonté affirmative de la part des Allemands. Ils ont décidé d’imposer une sorte de fédéralisme allemand en Europe. On l’a vu lorsqu’ils ont
demandé à la France de partager son siège au Conseil de sécurité des Nations unies. La France a accepté de coordonner sa politique étrangère avec l’Allemagne. Cela n’a pas de sens. C’est une
première attaque contre notre souveraineté. Ensuite, les Allemands se sont rendu compte que le président de la République n’est pas crédible. Je vous rappelle que la dissuasion repose avant tout sur la
crédibilité du Président élu au suffrage universel. La personnalité d’Emmanuel Macron est visiblement celle d’un homme d’État abîmé, y compris dans son propre pays où il est incapable d’assurer
la sécurité et la tranquillité. Il y a une occasion pour affaiblir et tenter de saisir ce moyen extrêmement important qu’est la dissuasion nucléaire. Au-delà d’une arme, c’est une force
industrielle. Cet outil a tiré notre industrie vers le haut. Je rappelle que de très grandes entreprises françaises travaillent autour de la dissuasion. On parle de MBDA, Dassault, Airbus,
Thales. Tous ces groupes industriels sont peu ou prou mêlés à la dissuasion. C’est un signe de très grande faiblesse d’Emmanuel Macron à l’étranger.
Emmanuel Macron avait pourtant eu des mots très forts. Il
avait notamment été très critique vis-à-vis de l’OTAN et avait qualifié l’outil en état de « mort cérébrale ». Il avait eu des mots très forts à l’égard du président turc. La politique d’Emmanuel
Macron a l’air de fonctionner à l’échelle internationale. Pourquoi n’a-t-elle pas l’air de fonctionner à l’échelle européenne ?
Avez-vous entendu la France consultée récemment sur le plan de paix de Donald Trump sur le Moyen-Orient ? La France prend-elle des mesures appropriées concernant la
pandémie du coronavirus ? La France est-elle respectée lorsque l’Égypte supprime ses contrats d’armement avec elle ? La France est-elle respectée lorsque le Brésil supprime les contrats
d’armement avec elle ? Je crois qu’au contraire, nous vivons un moment terrible pour notre pays, notre industrie, sa voix, sa diplomatie et sa présence dans le monde. C’est un affaiblissement constant qu’on ne peut pas forcément percevoir lorsqu’il est loin. Lorsque nous perdons des contrats au Brésil, les Français ne s’en
rendent pas nécessairement compte. On s’en rend compte lorsque ce sont nos proches voisins comme les Allemands qui viennent réclamer le dépeçage de notre souveraineté en matière d’affaires
étrangères. La dissuasion nucléaire n’a pas fait l’effort industriel, économique et financier qui a permis de mettre à la disposition de la France cet outil. Elle voudrait aujourd’hui bénéficier
de ce crédit diplomatique. On ne peut faire ce genre de demande que lorsqu’on a un chef d’État extrêmement faible en face de soi.
S’agit-il de l’ultime trahison ? Lors de son discours à l’École de Guerre, le président de la république s’est tout d’abord félicité de la réduction de notre force de
dissuasion.
La France «a un bilan unique au monde, conforme à ses responsabilités comme à ses intérêts, ayant démantelé de façon irréversible sa
composante nucléaire terrestre, ses installations d’essais nucléaires, ses installations de production de matières fissiles pour les armes, et réduit la taille de son arsenal,
aujourd’hui inférieure à 300 armes nucléaires.”
Mais il ne s’est pas arrêté là. Emmanuel Macron a demandé que les Européens soient associés à de futures négociations sur les forces nucléaires de portée intermédiaire et
«signataires» d’un accord.
«Soyons clairs: si une négociation et un traité plus larges (sont) possibles, nous le souhaitons […]. Les Européens doivent être parties
prenantes et signataires du prochain traité car il s’agit de notre sol» qui est concerné et menacé, a-t-il déclaré lors de son discours.
Selon M.Macron, les partenaires européens qui le veulent pourront être «associés» aux exercices français de
dissuasion nucléaire.
«Ce dialogue stratégique et ces échanges participeront naturellement au développement d’une véritable culture stratégique entre Européens», a précisé le chef de l’État
français.
C’est à l’École militaire, devant un parterre d’officiers et d’attachés militaires étrangers que le chef de l’État s’est exprimé sur la dissuasion nucléaire. Un
exercice très attendu, puisque la France, suite au Brexit, reste dorénavant la seule puissance nucléaire de l’UE.
La question est de savoir dans quelle mesure le chef des armées veut étendre à l’Europe sa conception de la doctrine nucléaire de la France. Pour l’instant, c’est le grand flou.
En Allemagne, quelques voix verraient bien un partage de notre force nucléaire et de notre siège permanent au conseil de sécurité de l’Onu. Ce que Paris rejette à
juste titre… pour l’instant !
Dans la plupart de ses discours, Macron n’est jamais très clair. Et celui concernant la doctrine nucléaire française n’échappe pas à la règle.
Primo, après avoir déclaré que « l’Alliance atlantique était en état de mort cérébrale », il ajoute :
« La France est convaincue que la sécurité à long terme de l’Europe passe par une alliance forte avec les États-Unis », tout en souhaitant que l’Europe s’investisse davantage dans sa
propre sécurité. Comprenne qui pourra.
Secundo, pour le chef de l’État, il n’est pas question d’aliéner la souveraineté de la France ou d’étendre le parapluie
nucléaire à nos partenaires. Mais son discours annonce le contraire.
Il propose aux Européens « un dialogue stratégique sur le rôle de la dissuasion nucléaire française » !
Veut-il enterrer notre indépendance nationale en matière de défense ?
Les pays européens pourront être associés aux exercices nucléaires français. Nous sommes à des années-lumière du discours gaulliste. Selon Macron :
« Les forces nucléaires françaises renforcent la sécurité de l’Europe par leur existence même et à cet égard ont une
dimension authentiquement européenne ».
« Soyons clairs : les intérêts vitaux de la France ont désormais une dimension européenne » !
Un tel discours de la part du chef des armées est tout simplement ahurissant. Non seulement Emmanuel Macron est en train de brader à l’UE le peu de
souveraineté qui nous reste, mais il décrédibilise totalement la dissuasion nucléaire française, qui repose en priorité sur la volonté inébranlable du chef de l’État d’engager le feu
nucléaire pour préserver nos intérêts vitaux.
Comment une force de frappe diluée au sein de l’Europe peut-elle être dissuasive et assurer l’ennemi d’une riposte nucléaire immédiate et certaine ?
Les deux piliers qui font la force de l’arme nucléaire sont la fermeté présidentielle dans l’engagement du feu nucléaire et la préparation des équipages
militaires à la mission suprême.
Si la fiabilité des équipages militaires, marins ou aviateurs, ne fait aucun doute dans un tel engagement, celle du
Président paraît un peu chancelante.
L’arme nucléaire est une arme de défense, une assurance-vie qui ne trouve son efficacité que dans la terreur qu’elle
inspire. Elle a parfaitement fonctionné lors de la crise de Cuba en 1962, quand le jeune Président John Kennedy a fait plier le vieux Khrouchtchev, en le persuadant qu’il était prêt à
raser Moscou.
Avec 300 têtes nucléaires, la France possède une dissuasion suffisante, à condition que la fermeté présidentielle se traduise pour l’ennemi par la certitude de
subir une riposte immédiate.
Sans cette fermeté, il n’y a ni indépendance nationale, ni sécurité. La faiblesse expose au chantage.
L’insécurité du monde, les bouleversements des équilibres stratégiques rendent l’arme nucléaire encore plus précieuse qu’au
temps de la guerre froide.
L’arme atomique est un atout majeur pour garantir la paix. La partager au niveau européen mènerait au partage de notre siège permanent au Conseil de sécurité de
l’Onu et à la perte de notre précieux droit de veto.
La volonté de Macron d’œuvrer au désarmement nucléaire n’a aucune chance d’aboutir. La course à l’arme atomique est parfaitement compréhensible, tant sa possession
permet aux plus petits États de se protéger des plus grands.
Jamais les Occidentaux n’auraient osé renverser Saddam Hussein ou Kadhafi si l’Irak et la Libye avaient possédé l’arme
nucléaire.
Iran, Turquie, Arabie, Égypte, savent très bien que leurs rapports avec les grandes puissances seraient éminemment modifiés à leur avantage.
Les traités de désarmement sont caducs. La prolifération est inéluctable.
Par conséquent, jamais l’arme nucléaire n’a été aussi nécessaire à notre sécurité. Les ONG, les pacifistes de tout poil et
le pape peuvent juger cette arme dangereuse ou « immorale », nul ne peut contester que l’équilibre de la terreur a apporté la paix en Europe depuis plus de 75 ans.
Macron semble vouloir européaniser la dissuasion nucléaire française. C’est un pas de plus dans l’affaiblissement de la France, dans la perte de notre
indépendance, dans la dilution de la nation au nom du mondialisme. C’est irresponsable et criminel.
Jacques Guillemain
Ex-officier de l’armée de l’air. Pilote de ligne retraité. Un “lépreux” parmi ces
millions de patriotes qui défendent leur identité et leur patrimoine culturel.
’LAllemagne sous le parapluie nucléaire français ?
...par Henri Gizardin - le 08/02/2020.
Je rebondis sur l’excellent article de Georges Michel et les prétentions de l’Allemagne en matière de sécurité européenne.
Il cite le propos d’un proche de la chancelière, estimant que son pays doit « envisager une coopération avec la France en ce qui concerne les armes nucléaires » et
se disant prêt « à participer à la force de dissuasion nucléaire avec ses propres
capacités et moyens ».
Déjà, pour une nation qui a renoncé aux centrales atomiques sous le couperet des Grünen, cela ne manque pas de sel radioactif ! Les recherches dans le
domaine nucléaire seraient-elles poursuivies dans des centres secrets, hors des contrôles de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) ?
Mais une question demeure, nonobstant plus large, concernant la sécurité réciproque des deux voisins. En effet, l’article 4 du nouvel accord du 22 janvier
2019 entre les deux États stipule : « Ils se prêtent aide et assistance par tous
les moyens dont ils disposent, y compris la force armée, en cas d’agression armée contre leurs territoires. »
L’an passé, je posais ici même cette question qui demeure encore plus prégnante après les propos de notre Président sur l’état de l’OTAN qu’il a déclaré en état de « mort cérébrale », ce qui sous-entend que nous ne devons vraiment compter que sur
nous-mêmes…
Et donc, je réitère l’interrogation de prime importance qui n’a jamais, à ma connaissance, reçu de réponse : le parapluie nucléaire français protège-t-il
l’intégrité de notre (désormais) partenaire privilégié germanique ?
Certes, ce n’est pas avec la féroce campagne pour les municipales et les divers et nombreux couacs qui servent l’actualité que l’on peut espérer une
réponse. Pas plus ultérieurement, d’ailleurs…
Discours du président Emmanuel Macron
sur la stratégie de défense et de dissuasion
devant les stagiaires de la 27e promotion de l’Ecole de
Guerre
(Extraits)
Russie
(…) Je suis convaincu que les Européens doivent d’abord et avant tout définir ensemble ce que sont leurs intérêts de sécurité et décider souverainement de ce
qui est bon pour l’Europe. Ainsi, il ne peut y avoir de projet de défense et de sécurité des citoyens européens
sans vision politique cherchant à favoriser la reconstruction progressive de la confiance avec la Russie. Ce projet, je le conduis avec
exigence. J’attends de la Russie qu’elle soit un acteur constructif de notre sécurité commune. Mais nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation actuelle, où le fossé s’accroît, le
dialogue s’appauvrit, alors même que les enjeux de sécurité à traiter avec Moscou, eux, se multiplient. L’objectif principal - j’y suis revenu à plusieurs reprises - de ma démarche à l’égard de la Russie, c’est l’amélioration des conditions de la sécurité
collective et de la stabilité de l’Europe. Ce processus s’étalera sur plusieurs années. Il demandera patience et exigence, et il sera conduit avec nos partenaires européens. Mais nous n’avons
aucun intérêt à déléguer un tel dialogue ou nous enfermer dans la situation actuelle.
Désarmement et sécurité
(…) Il convient de repenser les priorités du désarmement. Trop longtemps, les
Européens ont pensé qu’il suffisait de donner l’exemple et qu’en se désarmant, les autres Etats nous suivraient. Il n’en est rien ! Le désarmement ne peut être en soi un
objectif : il doit d’abord améliorer les conditions de la sécurité internationale. Sur ces questions, la France mobilisera les partenaires européens les plus concernés, afin de poser les bases d’une stratégie internationale commune que nous
pourrons proposer dans toutes les enceintes où l’Europe est active. Et la France, puissance nucléaire reconnue par le Traité de Non- Prolifération, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies, prendra ses
responsabilités, en particulier en matière de désarmement nucléaire, comme elle l’a toujours fait.
Partenariats stratégiques et coalitions
(…) La France est insérée dans un réseau de relations résultant de l’histoire et de la géographie. Dans ce cadre, elle continuera à développer et à approfondir
des partenariats stratégiques sur tous les continents. Elle prend d’ailleurs aujourd’hui sa part dans toutes les grandes coalitions au Levant comme en Afrique. Mais nous avons aussi bâti ces dernières années des
structures régionales nouvelles. Au Sahel, elle lutte avec détermination contre le terrorisme grâce à l’opération Barkhane avec ses
partenaires internationaux et africains du G5. Le sommet de Pau le 13 janvier dernier a permis de clarifier le cadre de nos opérations et de confirmer l’engagement de chacun. C’est pour cela
que j’ai décidé d’envoyer 600 soldats supplémentaires pour renforcer l’engagement de la France au service de la paix et de la sécurité dans cette région. C’est une véritable coalition que
nous avons bâtie à Pau, dont l’armature sont la force Barkhane et le partenariat avec le G5 Sahel. Mais nous allons progressivement engager
les puissances amies pour la sécurité collective de la région. Nous sommes au cœur de cette coalition nouvelle. Elle est stratégique pour l’Afrique, comme pour notre sécurité.
Souveraineté nationale
(…) Fondement de toute communauté politique, la Défense est au cœur de notre souveraineté. Notre stratégie de défense se définit donc, d’abord et avant tout, par sa capacité à protéger nos concitoyens, à contribuer à la sécurité et à la paix de
l’Europe et de ses approches. Mais elle ne s’y limite pas. Elle doit également nous donner la capacité de
défendre nos intérêts souverains partout dans le monde, en lien avec notre géographie des outremers et avec la densité de nos partenariats stratégiques. Elle doit nous
permettre d’assumer nos responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Elle doit nous mettre à l’abri d’un chantage, et ainsi préserver notre autonomie de
décision. Elle doit nous permettre de tenir notre rang et notre influence parmi les nations. Elle doit, en somme, nous garantir la maitrise de notre destin.
Force de dissuasion
(…) Responsable devant la Nation de la sécurité de notre pays et de son avenir, j’ai la responsabilité de protéger la France et les Français contre toute menace
d’origine étatique contre nos intérêts vitaux, d’où qu’elle vienne et quelle qu’en soit la forme. Cette responsabilité ultime, au cœur de la fonction présidentielle, je l’assume chaque jour avec la plus grande détermination. Elle s’exerce par la dissuasion
nucléaire. Cet exercice de la dissuasion, tout comme la transparence et la confiance que nous devons à la communauté internationale en tant qu« Etat doté » au sens du TNP – nécessite une
doctrine strictement défensive, claire et prévisible, dont je veux ici rappeler les principaux fondements.
Si d’aventure un dirigeant d’Etat venait à mésestimer l’attachement viscéral de la
France à sa liberté et envisageait de s’en prendre à nos intérêts vitaux, quels qu’ils soient, il doit savoir que nos forces nucléaires sont capables d’infliger des dommages absolument
inacceptables sur ses centres de pouvoir, c’est-à-dire sur ses centres névralgiques, politiques, économiques, militaires. Nos forces
nucléaires ont été configurées pour cela avec la flexibilité et la réactivité nécessaires. En cas de méprise sur la détermination de la France à préserver ses intérêts vitaux, un
avertissement nucléaire, unique et non renouvelable, pourrait être délivré à un agresseur étatique pour signifier clairement que le conflit vient de changer de nature et rétablir la
dissuasion. Dans ce cadre, la France s’appuie au quotidien sur les deux composantes de ses forces nucléaires, qui sont complémentaires. J’ai pris et je continuerai à
prendre les décisions nécessaires au maintien de leur crédibilité opérationnelle dans la durée, au niveau de stricte suffisance requis par l’environnement international.
Cohérence et complémentarité classique nucléaire
(…) La prise d’un gage territorial, la déstabilisation d’un de nos alliés ou partenaires stratégiques, la remise en cause de fondements entiers du droit
international ne sont plus seulement des scénarios du passé. Ils pourraient, demain, justifier l’engagement aux côtés de nos alliés de nos forces terrestres, navales ou aériennes dans un
conflit majeur pour défendre la sécurité collective, le respect du droit international et la paix.
A cet égard, notre stratégie de défense est un tout cohérent : forces
conventionnelles et forces nucléaires s’y épaulent en permanence. Dès lors que nos intérêts vitaux sont susceptibles d’être menacés, la manœuvre militaire conventionnelle
peut s’inscrire dans l’exercice de la dissuasion. La présence de forces conventionnelles robustes permet alors d’éviter une surprise stratégique, d’empêcher la création rapide d’un fait
accompli ou de tester au plus tôt la détermination de l’adversaire, en le forçant à dévoiler de facto ses véritables intentions. Dans cette stratégie, notre force de dissuasion nucléaire
demeure, en ultime recours, la clé de voûte de notre sécurité et la garantie de nos intérêts vitaux. Aujourd’hui comme hier, elle garantit notre indépendance, notre liberté d’appréciation, de
décision et d’action. Elle interdit à l’adversaire de miser sur le succès de l’escalade, de l’intimidation ou du chantage.
Dissuasion et Europe
(…) Nos forces nucléaires ne sont dirigées contre aucun pays et la France a toujours refusé que l’arme nucléaire puisse être considérée comme une arme de
bataille. Je réaffirme ici que la France ne s’engagera jamais dans une bataille nucléaire ou une quelconque riposte graduée.
Par ailleurs, nos forces nucléaires jouent un rôle dissuasif propre, notamment en Europe. Elles renforcent la sécurité de l’Europe par leur existence même et à
cet égard ont une dimension authentiquement européenne. Sur ce point, notre indépendance de décision est pleinement compatible avec une solidarité inébranlable à l’égard de nos partenaires européens. Notre engagement
pour leur sécurité et leur défense est l’expression naturelle de notre solidarité toujours plus étroite. Soyons clairs : les intérêts vitaux de la France ont désormais une dimension
européenne. Dans cet esprit, je souhaite que se développe un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts sur le
rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective.
(…) Nos forces nucléaires évidemment contribuent également de manière significative au renforcement global de la dissuasion de l’Alliance atlantique, aux côtés
des forces britanniques et américaines. La France ne participe pas aux mécanismes de planification nucléaire de l’Alliance et n’y participera pas plus à l’avenir. Mais elle continuera à
nourrir la réflexion de niveau politique visant à renforcer la culture nucléaire de l’Alliance. Seules puissances nucléaires européennes, la France et le Royaume-Uni ont dès
1995 affirmé clairement qu’ils n’imaginaient pas de situation dans laquelle les intérêts vitaux de l’un des deux pays pourraient être menacés sans que les intérêts vitaux de l’autre ne le
soient aussi.
Je veux aujourd’hui réaffirmer solennellement ce constat. Le haut niveau de confiance mutuelle, consacré par les traités de Lancaster House de 2010, dont nous
célébrons cette année le dixième anniversaire, se traduit au quotidien dans une coopération inédite sur les sujets nucléaires. Nous la poursuivrons avec détermination et le Brexit n’y change
rien.
Nouvelles menaces
(…) J’ai souhaité également que la France renforce ses capacités dans les nouveaux champs de confrontation. Au-delà du renseignement, de la cyberdéfense pour
laquelle un investissement est en cours dans la durée, la défense spatiale sera renforcée et
réorganisée au sein d’un nouveau commandement spatial rattaché à l’armée de l’air. Quant à l’intelligence artificielle, elle est l’une des priorités de la nouvelle Agence
d’Innovation de la Défense.
Désarmement
(…) Je ne peux ainsi donner à la France comme objectif moral le désarmement des démocraties face à des
puissances voire des dictatures qui, elles, conserveraient ou développeraient leurs armes nucléaires. Un désarmement nucléaire unilatéral équivaudrait pour un Etat doté comme le nôtre à
s’exposer et à exposer ses partenaires à la violence et au chantage, ou à s’en remettre à d’autres pour assurer sa sécurité. Je refuse cette
perspective. Et ne soyons pas naïfs : un décrochage de la France, dont l’arsenal ne peut en aucun cas être comparé à celui des Etats-Unis ou de la Russie, n’aurait pas le moindre effet
d’entraînement sur les autres puissances nucléaires. Dans le même esprit, la France n’adhérera pas à un traité d’interdiction des armes
nucléaires. Ce traité ne créera aucune obligation nouvelle pour la France, ni pour l'Etat, ni pour les acteurs publics ou privés sur son territoire. Le désarmement n’a en réalité de sens que s’il s’inscrit dans un processus historique de limitation de la violence.
Conclusion
(…) Voici, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais vous dire aujourd’hui sur la place de la France dans le monde, sur son ambition européenne, sur sa stratégie
de défense et de dissuasion. Regardons notre avenir avec lucidité et détermination.
Lucidité, parce que nous ne pouvons faire comme si la mondialisation et les progrès technologiques ne bouleversaient pas les modèles issus du passé. Plus que
jamais notre réflexion stratégique doit s’adapter aux soubresauts de notre environnement, tout en s’inscrivant dans le temps long. Ayons le courage de regarder le monde tel qu’il est, tel
qu’il va évoluer. Il n’y a pas de fatalité, mais il peut y avoir des erreurs historiques à ne pas vouloir le regarder.
Détermination également : détermination à rester la France, la France fière de son Histoire, la France fière de ses valeurs et respectueuse de ses engagements.
La France farouchement attachée à rester maitresse de son destin, au sein d’une Europe refondée pour le bien commun.
Extraits du discours du président de la République
sélectionnés par l’ASAF
Pour lire l'intervention dans son intégralité, cliquez sur le PDF
ci-dessous
Le président a rejeté la « fausse alternative » entre la prohibition des armes nucléaires et la primauté du
rapport de force.
Les pilotes des forces aériennes stratégiques, celles qui emportent l’arme nucléaire, se posent évidemment la question : que se passera-t-il dans leur tête
si jamais leur mission unique et ultime doit être conduite pour déclencher le feu atomique ? L’un d’eux, croisé sur une base il y a quelques semaines, répondait avec sang froid :
parce qu’il est aguerri et entraîné, qu’il mènera sa mission à terme pour riposter contre l’attaque subie par la France. Mais ensuite, après avoir provoqué probablement des millions de morts,
il faudra prévoir beaucoup de soutien psychologique, ajoutait-il en restant sans certitude face à l’abîme.
L’arme nucléaire soulève des interrogations éthiques chez les militaires qu’ils soient pilote ou commandant de SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) mais
encore davantage chez les responsables politiques. « Quand on présente un plan de dissuasion, la première réticence
à convaincre est celle du président de la République », expliquait fin octobre le chef d’état-major des armées, le général Lecointre, lors d’un discours sur le rapport des
soldats à la mort. « La clé de voûte, c’est la capacité [du président] à accepter la
mort » qu’il ordonnera. « La détention de l’arme nucléaire confère aux responsables
politiques une responsabilité morale sans comparaison » a convenu Emmanuel Macron lors de son discours vendredi à l’École militaire sur la stratégie de défense et de
dissuasion de la France. Il n’a pas évoqué son questionnement intime. Mais il n’a pas écarté le débat éthique que le pape François avait soulevé en novembre : la possession d’armes
nucléaires est « immorale », avait-il déclaré au Japon.
Agenda international
« J’estime que le choix n’est pas entre un absolu moral sans lien avec les réalités stratégiques et un retour cynique
au seul rapport de force sans le droit », a expliqué le chef de l’État en rappelant l’effet paradoxalement stabilisateur et pacificateur de la dissuasion, une arme strictement
« défensive », a-t-il redit.
« Un désarmement nucléaire unilatéral équivaudrait à s’exposer et à exposer ses partenaires à la violence ou au
chantage ou devoir s’en remettre à d’autres pour notre sécurité », a-t-il souligné. « Un décrochage de la France, dont l’arsenal ne peut en
aucun cas être comparé à celui des États-Unis ou de la Russie n’aurait pas d’effet d’entraînement sur les autres puissances », a-t-il estimé en indiquant que la France n’adhérera
pas à un traité d’interdiction.
Pour autant, Emmanuel Macron a tenu à montrer que la France ne participait pas à la surenchère. Le président voudrait proposer « un agenda international de maîtrise des armements ». Le message s’inscrit dans la préparation de la conférence d’examen du traité de
non-prolifération prévue cette année. Dans ce cadre, il compte proposer la discussion d’un « traité d’interdiction de production de matière
fissile » et « l’universalisation du traité d’interdiction des essais nucléaires ».
Après « l’effondrement » du traité FNI (sur les forces nucléaires à portée intermédiaire), Emmanuel
Macron insiste pour que l’Europe soit partie prenante des discussions pour « garantir une stabilité stratégique sur le
continent ». Mais il n’a aucune certitude d’y parvenir et de réduire la menace d’un conflit.
Nicolas Barotte
Le Figaro
Dissuasion nucléaire : Une nouvelle doctrine ?
...par Henri Gizardin - le 09/02/2020.
Mon dernier article, publié avant la prise en compte d’un événement important, mérite une mise au point pour coller à la réalité de l’actualité, et surtout à la pensée
présidentielle sur un concept stratégique capital. En effet, le Président Macron, chef des armées, a tenu, le 7 février, un discours important devant les officiers de l’École de
guerre, dont l’un des sujets, sinon le principal, était la sécurité européenne.
Et, donc, j’ai cherché dans son discours la réponse à l’interrogation de prime importance qui, jusqu’alors, n’a jamais reçu de réponse : le parapluie
nucléaire français protège-t-il l’intégrité de notre partenaire (désormais) privilégié germanique, voire les autres nations de l’Union européenne ?
J’y ai relevé des déclarations progressistes comme « Les Européens doivent pouvoir ensemble se protéger. Ils doivent pouvoir décider et agir seuls
lorsque cela est nécessaire » ou encore « C’est pour cela que je suis
convaincu que les Européens doivent d’abord et avant tout définir ensemble ce que sont leurs intérêts de sécurité et décider souverainement de ce qui est bon pour l’Europe »
Messages appuyés par des propositions très novatrices tel « un dialogue stratégique sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre
sécurité collective » ou encore en postulant que les forces nucléaires françaises « renforcent la sécurité de l’Europe par leur existence même et à cet égard ont une
dimension authentiquement européenne », jouant « un rôle
dissuasif propre, notamment en Europe ». Arguments confortés par l’appel aux pays concernés à participer à des exercices d’entraînement des forces françaises dévolues à
cette mission. Y compris en embarquant des étrangers à bord de nos SNLE ?
Est-ce à conclure enfin hâtivement que le parapluie nucléaire tricolore couvre désormais la totalité des pays de l’Union européenne ?
Hélas, la réponse n’est pas encore limpide. Elle est même entachée d’une certaine incohérence qui tient à la détermination de tout Président ayant cette
terrible responsabilité de déclencher le feu nucléaire.
Ainsi, écoutant notre Président, les Européens suiveurs seront embarqués dans la grande partie de poker menteur…
Lettre ouverte à l’Amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la Marine
...par Sylvain Baron - le 09/02/2020.
Monsieur,
Je
vous écris pour vous faire part de mon indignation, si ce n’est de ma révolte la plus totale en ce qui concerne le silence des armées, et particulièrement de notre État-major, concernant les
trahisons en cours actuellement au sommet de l’État. Il me semble cependant opportun en préambule – puisque vous incarnez à vous seul tout un pan de la dissuasion nucléaire française – de
rappeler la tradition française concernant la stratégie de défense voulue par le Général de Gaulle, définie et portée en son époque, par le Général Charles Ailleret.
Ce dernier en 1966, organise le retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN, afin de permettre à notre pays, de rester indépendant dans la maîtrise
de sa stratégie de défense en cas de conflit entre blocs alliés. J’oserais vous rappeler que les derniers plus grands conflits mondiaux dans lesquels la France a été impliquée (Guerre de
Crimée, 1ère et Seconde Guerre Mondiale), découlent de la logique des alliances militaires qui ont verrouillé la destinée de millions de nos compatriotes à des volontés de guerre qui ne
concernaient pas notre pays au premier chef.
Aussi lorsque le Général de Gaulle en 1968, évoque le fait que notre dissuasion nucléaire doit être comprise comme une stratégie de défense « tout
azimuts », il
s’explique le 27 janvier de la même année devant les membres de l’institut des hautes études militaires de Paris de la façon suivante :
« Je voudrais
profiter de mon passage ici pour traiter de la stratégie qu’on a dit tout azimuts, dont on a parlé ces derniers temps. Nous faisons oui, un armement atomique. C’est un armement complètement
nouveau, qui implique une refonte militaire et une refonte de puissance, sans comparaison avec tout ce que l’on a pu connaître auparavant. C’est une affaire de longue haleine. On ne le fait
pas pour demain, mais pour des générations, dans un système de défense et de dissuasion complètement nouveau. Et dans ce long
espace de temps, qui peut dire ce que sera l’évolution du Monde ? Dans 20 ans, qui gouvernera les États-Unis et avec quel système ? Qui gouvernera l’URSS ? L’Allemagne ?
Le Japon ? … et la Chine ? Qui peut dire ce qui se passera en Amérique du Sud et en Afrique ? Personne sans aucun doute. En fonction de toutes ces incertitudes, nous faisons
notre armement nucléaire. Et ce
n’est pas la première fois dans notre histoire qu’il en est ainsi ! Vauban, en son époque, a fortifié toutes les frontières de la France, les Pyrénées, les Alpes, nos ports et même la
Belgique. Nous sommes allés partout, nous avons fait la guerre partout, nous sommes entrés à Madrid, Berlin et Moscou. Nous avons fait la guerre en Europe, en Orient, en Amérique, en Asie. Il
n’y a pas de raison que cette stratégie qui de tout temps nous a protégé contre tout, ne se perpétue pas. Par définition même,
notre armement atomique doit être tout azimuts. Il faut que vous le sachiez, que vous le voyiez et que vos études et votre état d’esprit s’y habituent».
Monsieur,
Si je suis bien conscient que nos « élites » politiques
sont aussi capitulardes et enclines à l’esprit de trahison que celles qui ont trahi Napoléon III à Sedan alors que Gambetta venait de trouver des renforts dans l’Ouest de la France, ou encore
celles qui ont accordé les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en vue de faire cesser les combats alors qu’un petit nombre de généraux et d’officiers étaient prêts à poursuivre la lutte, je ne
me résous pas à considérer que notre commandement militaire soit en train de laisser l’État français être démantelé de sa puissance et des moyens de son indépendance, alors que « la Maison
brûle ».
Je ne prendrai appui que sur des questions militaires et diplomatiques les plus récentes pour en témoigner, tout en notant que le seul fait même d’être sous la
tutelle de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, est en soi un ensemble d’atteintes considérables et intolérables à notre souveraineté et à notre indépendance nationale.
Le 5 Juin 2014, un article du journal « Le Monde » nous
alerte que M. Obama, président d’une puissance paraît-il « alliée »
de la France, souhaite
que nous suspendions (annulions) la vente de navires de type « Mistral » à la
Russie. Outre les énormes capitaux engagés dans ce contrat, les milliers d’emplois dont il est question, ou encore les considérations diplomatiques sous-jacentes, cette vente avait
été négociée moyennant des
transferts technologiques, notamment sur des équipements radars dont la France avait la seule maîtrise technologique. Cette vente sera donc annulée par M. Hollande, ce qui outre porter
gravement atteinte à nos relations diplomatiques avec une puissance alliée de deux guerres – et parfaitement fiable et utile à nos intérêts soit dit en passant – a permis à cette dernière de
finalement jouir de l’acquisition de brevets et données qui ne pouvaient être concédés par la France que sous condition que la transaction soit honorée par les deux parties. A-t-on entendu un
seul responsable militaire de haut rang s’indigner de la situation ? Sommes-nous les vassaux des Américains ou sommes-nous souverains sur nos affaires diplomatiques, militaires et
commerciales ? N’y a-t-il pas des intérêts fondamentaux que nous nous devons de préserver ?
Poursuivons Monsieur, avec la guerre subie par la Syrie. D’abord rappelons que nombre de terroristes ayant tué des centaines de nos compatriotes sur notre
territoire se sont AGUERRIS EN SYRIE. Ce qui n’a pas empêché François Hollande, mais aussi par l’entremise du Secrétariat Général de Défense et de Sécurité Nationale, son Ministre des
Finances de l’époque Emmanuel Macron, d’autoriser la
livraison d’armes de guerre à des « rebelles » qui
combattaient le gouvernement légitime syrien. M. Fabius, alors Ministre des Affaires étrangères, n’hésitait pas à dire à l’époque que le front Al Nosra faisait « du
bon boulot» en Syrie. Je le martèle et vous le rappelle, des citoyens français ont été tués sur notre sol par des combattants que la France a soutenus et armés en Syrie. Cela
relève du financement du terrorisme d’une part au sens de l’article 421-2-2
du Code Pénal, mais aussi purement et simplement de la haute trahison ! Y a-t-il eu un officier de haut rang pour s’indigner de ces « prises de
décisions » par des politiciens félons ? Non, la grande muette est restée imperturbablement silencieuse. Y compris lorsque M. Hollande, puis plus tard M. Macron, en réponse à de
pseudo-attentats chimiques attribués au gouvernement syrien sans même que des autorités internationales aient eu le temps d’investiguer et rendre un rapport d’enquête établissant de telles
conclusions, ont engagé nos forces navales et aériennes dans une série de bombardements sur le territoire syrien. Non seulement ces opérations militaires violent expressément notre
constitution, mais aussi l’article 2 de la Charte de l’ONU ou encore l’article 8bis des Statuts de Rome sur l’établissement de la Cour Pénale Internationale, qui dispose que :
Aux fins du présent
statut, on entend par « crime d’agression », la planification, la préparation, le lancement ou l’exécution par une personne effectivement en mesure de contrôler ou de diriger
l’action politique ou militaire d’un État, d’un acte d’agression qui, par sa nature, sa gravité et son ampleur, constitue une violation manifeste de la Charte des Nations Unies
Cela signifie Monsieur, que ce n’est pas seulement leur responsabilité qu’ont engagée Emmanuel Macron, François Hollande et leurs ministres dans ce crime. C’est
la votre aussi ! Vous auriez dû refuser de contribuer à un tel crime, et vous ne l’avez pas fait !
Poursuivons encore, car nous nous rapprochons de l’objet et de la conclusion de ce courrier. Malgré les incantations angéliques de nos politiciens, il n’y a
pas, il n’y a jamais eu, et IL N’Y AURA JAMAIS « d’amitié
franco-allemande ». Les Américains comme les Allemands ont des considérations parfaitement anglo-saxonnes sur la France. Du fait que nous représentons une puissance diplomatique et
économique pouvant contrarier leurs propres desseins sur le monde, il s’agit pour l’Allemagne et pour les Etats-Unis de nous affaiblir par des prises de contrôle de notre outil industriel
stratégique (Nexter, Alstom, etc), ou encore en jouant de la propension à trahir de nos politiciens sur les considérations diplomatiques. D’ores et déjà, veuillez expliquer aux sous-mariniers
français qu’en cas de conflit futur avec les USA, les données relatives au bruit de cavitation et à la vitesse de nos SNA et SNLE ne sont plus inconnus des Américains (je vous félicite pour
ne pas avoir donné votre démission à ce titre lorsque M. Macron a cédé la branche industrielle qui fabrique les turbines de nos SNLE à General Electric). Depuis le 22 Janvier 2020, nous avons
cédé en outre à l’Allemagne, des pans entiers de notre indépendance militaire et diplomatique, en acceptant que nos politiques extérieures soient soumises aux considérations allemandes en
vertu du Traité
d’Aix la Chapelle ; en leur octroyant gratuitement une place conjointe au Conseil de Sécurité de l’ONU ; et que des Ministres Allemands puissent venir directement au sein même
des plus hautes instances de l’État, participer à des réunions ministérielles concernant nos propres affaires intérieures. Depuis la collaboration sous le Régime de Vichy, jamais nous
n’avions été si loin dans notre asservissement à l’Allemagne.
« Je souhaite que se
développe un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective ».
Combien d’officiers Monsieur, ont rappelé au TRAÎTRE Emmanuel Macron, que la stratégie de défense de la France, et en particulier sur le plan nucléaire, est
« tout
azimuts » et que nous avons eu par le passé suffisamment de guerres avec l’Allemagne, pour qu’il n’y ait absolument rien à négocier à ce sujet ?
Combien Monsieur ?
Depuis bien longtemps l’Armée aurait dû réagir à ces trahisons constantes de nos politiciens ayant débuté sous Jacques Chirac, et ayant crû nettement en
puissance depuis l’ère Sarkozy jusqu’à nos jours. En mai 1958, des militaires de haut rang avaient « porté leurs
couilles » face à la démagogie de nos politiciens, et avaient su leur rappeler, quelle institution porte réellement l’État et dispose dans les faits du « monopole de la violence
légitime ». En Tunisie récemment, lorsque le peuple s’est insurgé contre son dictateur, c’est l’Armée qui a fait pression sur ce dernier pour qu’il s’en aille, en laissant la
constitution de ce pays décider des autorités civiles de remplacement. En France, pendant que le peuple se fait matraquer et éborgner par un gouvernement qui le trahit sans cesse, que fait
l’Armée ? RIEN !
Pendant que le Gouvernement cède tous nos fleurons industriels les plus stratégiques à des puissances étrangères, que dit notre Armée ? RIEN !
Lorsque le Gouvernement envisage désormais de partager notre dissuasion nucléaire avec l’Allemagne ou la Pologne, que fait notre Armée ? RIEN !
Je croyais nos militaires plus pragmatiques, légitimement patriotes, et pour le moins plus soucieux de notre indépendance nationale que nos politiciens, mais
visiblement, je me trompais. Même lorsque le Général de Villiers a donné sa démission au gouvernement, nos chefs de corps et officiers de l’État-Major ne se sont pas montrés
solidaires.
Alors que dans nos hôpitaux, les médecins donnent leur démission collectivement. Dans nos régies de transports ou dans la rue, les Français sont solidaires pour
lutter contre une réelle tyrannie menée par des traîtres à la patrie. À l’inverse, notre Armée est finalement dirigée par une cohorte de capitulards qui sont en train de laisser nos
politiciens dépecer l’État français par lambeaux tout entiers !
C’est une honte ! Un scandale digne des heures les plus sombres de notre Histoire !
Aussi Monsieur, à titre symbolique, je réclame votre démission pour restaurer la dignité de nos Armées, et particulièrement les corps ayant à charge de gérer la
dissuasion nucléaire de la France. Je réclame le soutien de tous les officiers qui ont encore de l’honneur à votre démission. J’exige en tant que citoyen français, que la France reste LIBRE
et INDÉPENDANTE pour les siècles à venir, et que « la grande
muette » cesse de nous faire honte en n’étant pas capable de reproduire ce qu’elle a su faire durant l’année 1958.
Nous sommes gouvernés par des TRAÎTRES, j’insiste à ce sujet et peux le justifier par des faits, et des références précises à du droit pénal et constitutionnel
si nécessaire, et il est hors de question que le cœur régalien de la France continue de servir des félons en col blanc qui démolissent avec une ardeur pathologique, notre souveraineté et
notre indépendance nationale.
Cette lettre sera publiée en ligne et envoyée à différents médias, pour vous obliger moralement à prendre position.
Pour faire valoir ce que de droit pour notre peuple,
Réflexions autour du discours du président de la République du 7 février 2020
...par le Gal. Pierre Zammit - le 12/02/2020.
L’intervention du Président se situe dans une double continuité : celle de ses prédécesseurs et la
sienne.
1. Un discours dans la continuité de ses
prédécesseurs
La France est une puissance d’équilibre. C’est une puissance qui compte dans le monde (« une puissance moyenne à rayonnement global » - Valery Giscard d’Estaing). Appartenir au petit club des puissances nucléaires y contribue.
D’abord la puissance militaire est un des facteurs de la puissance globale d’un Etat. Ensuite, la possession de l’arme nucléaire justifie en grande partie la place de la France au conseil de
sécurité de l’ONU. Enfin, après le Brexit, en Europe, la France est le seul Etat européen à posséder l’arme nucléaire ce qui lui confère une place et des responsabilités particulières.
La stratégie de dissuasion française et son autonomie stratégique sont réaffirmées. Le nombre de
têtes (« moins de 300 têtes ») est cohérent avec le concept de « juste suffisance ». Le nombre et la modernité de cet armement,
l’autonomie de décision participent à la dissuasion (« La France ne participe pas aux mécanismes de planification nucléaire de l’Alliance et n’y
participera pas plus à l’avenir »). L’arme nucléaire reste une arme de « non emploi : « Les armes nucléaires…doivent rester des
instruments de dissuasion à des fins d’empêchement de la guerre ». D’où le « refus de la confrontation de puissances nucléaires non
européennes » et la préoccupation quant à « la reprise d’une course aux armements conventionnels, voire nucléaires, sur le sol
européen ». Enfin, l’arme nucléaire reste la clef de voute de la défense de la France : il est prévu de dépenser 37 milliards en euros courants de 2019 à 2025 pour moderniser
les forces nucléaires et conserver leur crédibilité (« j’ai pris et je continuerai à prendre les décisions nécessaires au maintien de leur
crédibilité opérationnelle dans la durée, au niveau de stricte suffisance requis par l’environnement international »).
2. La recherche d’un dialogue stratégique avec les
européens
« Les intérêts vitaux de la France ont désormais une dimension
européenne ».
C’est encore la continuité avec ses prédécesseurs. Avant lui, Jacques Chirac s’y était essayé, dès 1995, en
évoquant une « dissuasion concertée », suivi en 2008 par Nicolas Sarkozy avec sa proposition de «
dialogue ouvert sur le rôle de la dissuasion et sa contribution à notre sécurité commune ». Lui-même, a abordé cette question à plusieurs reprises, fût-ce de façon provocante (« la mort cérébrale de l’Otan »).
Une main prudemment tendue aux Européens. « Les intérêts vitaux de la
France ont désormais une dimension européenne ». La formule reste vague. Volontairement, comme par le passé, ces intérêts ne sont pas définis et il est peu probable qu’ils le
soient sous peine d’affaiblir l’idée même de dissuasion. La « dimension européenne » ne signifie pas partage du bouton avec d’autres. Plutôt l’extension du parapluie nucléaire
français ? C’est toute la subtilité de la grammaire du nucléaire.
Plaidoyer pour une autonomie stratégique européenne. C’est le sens de cette proposition éminemment politique
qui, au-delà cherche à promouvoir l’idée d’une conscience européenne : « La stabilité stratégique en Europe nécessite davantage que le confort d'une
convergence transatlantique acquise avec les États-Unis ».
Constatant la compétition stratégique entre les Etats-Unis et la Russie et le délitement des accords internationaux sur les accords nucléaires dangereux pour
l’Europe et la paix dans le monde, le Président plaide une fois de plus pour une prise de responsabilité des Européens pour assurer leur propre sécurité : « les Européens doivent collectivement prendre conscience que faute de cadre juridique, ils pourraient rapidement se trouver exposés à la reprise d'une course aux
armements conventionnels, voire nucléaires, sur leur sol. Ils ne peuvent pas se cantonner à un rôle de spectateur ».
En fait cette proposition dépasse la seule dimension nucléaire de la défense. Voire même la dimension défense. Au-delà, c’est de l’émancipation de l’Europe dont il
s’agit. Mais l’Europe le veut-elle vraiment ? Le peut-elle ?
Général (2s) Pierre ZAMMIT Délégué de l’association de soutien à l’armée française pour la Haute-Garonne