J’envie parfois les peuples africains !

...par le Gal. Henri Roure - Le 09/05/2021.

J’ai rencontré plusieurs fois, il y a bien longtemps, le président Idriss Dédy à N’Djaména.

À l’époque j’avais découvert en lui un homme possédant l’intelligence des situations, capable de gérer la complexité de son pays et apte à affronter les relations internationales parfois tout aussi périlleuses que les rapports claniques à l’intérieur du Tchad que, par nature, il maitrisait. La suite m’a donné raison. Sa stature le fit légitime et difficilement contestable et il est devenu l’allié indispensable de la France dans la lutte contre l’islamisme dans la région sahélienne. Sa disparition pourrait s’avérer lourde de conséquences si elle se traduisait par des conflits internes pour le pouvoir. Souhaitons qu’un autre vrai chef lui succède.

 

Ce n’était certes pas un démocrate selon les normes que nous véhiculons. Ce n’était même pas un démocrate du tout, mais c’était l’homme idoine pour le Tchad. En Afrique le pouvoir se doit d’être fort. La raison en est simple. Il faut que le chef de l’État, pour maintenir la cohésion du pays soit reconnu par la majorité des clans et des ethnies. Le Tchad en abrite quelques unes ; Goranes,

Zaghawas, Arabes, Ouaddaïens, Mayo-Kebbis et au sud les Saras parmi d’autres groupes.

Nous sommes bien éloignés de la conception française ou occidentale qui voit dans la population un ensemble où seules des divergences politiques ou philosophiques s’opposent, au sein d’un système électif majoritaire, destiné à faire émerger des responsables pour une période donnée. D’ailleurs l’Afrique n’est pas une exception. Les pays représentés à l’ONU, dans leur immense majorité, n’appliquent pas réellement ces règles démocratiques. Nous voyons bien la prétention de l’Occident à vouloir exporter ces principes sans prendre en considération l’histoire, les coutumes, la culture, la psychologie de chacune des populations regroupées au sein d’États, loin encore de constituer des nations. Il y a un véritable délire d’orgueil à croire que la démocratie est le meilleur des régimes et qu’il puisse être mis en pratique sous toutes les latitudes.

Prétention illégitime, d’ailleurs, si nous regardons la manière dont ce principe de gouvernance est appliqué chez nous et surtout si on observe la transformation que la puissance colonisatrice étatsunienne souhaite en faire par le biais d’une UE hostile aux patries.

 

En Afrique, nous aurions pu imaginer y parvenir, en faisant éclater les États post-coloniaux pour en constituer d’autres aux contours tarabiscotés, offrant à chaque ethnie sa propre terre. Nous aurions aujourd’hui un millier d’États africains, dépendant tous de grandes firmes extérieures au continent ou d’États prédateurs, gouvernés de manière incertaine, et prêts à se battre au prétexte de querelles ancestrales… Une colonisation aurait succédé à une autre, sans nul doute moins idéaliste !

Les États africains, tels qu’ils existent, sont une nécessité. Mais la façon de les gouverner doit prendre en considération leur composition, les courants culturels et les histoires claniques, souvent transfrontalières, les parcourant. Les chefs d’États africains le savent bien qui, appartenant à une ethnie, sont obligés de composer avec les autres. Tant que de véritables nations ne se seront pas constituées, dépassant les différences et les aspects totémiques, il ne pourra pas en être autrement.

Que nous le voulions, ou non, malgré l’affichage démocratique, ce système tenant compte de la

composition du peuple, le représente mieux que ne pourrait le faire un système reposant sur de

fumeux programmes électoraux. L’histoire d’un pays justifie l’action présente. C’est aussi valable

pour le nôtre.

 

Si nous regardons la France et son long passé, rares sont ses citoyens qui pourraient affirmer

descendre vraiment d’ancêtres gaulois, cependant tous les vrais Français se sentent appartenir à un même ensemble. Il a fallu des siècles de pouvoir fort, de crises et de guerres intestines ou menées collectivement contre l’étranger, pour tisser cette toile. Pourtant la composition du pays demeure hétérogène: un Alsacien n’est pas un Basque; un Antillais n’est pas un Breton qui n’est pas non plus un Provençal, ni un Calédonien ou un Savoyard, un Tahitien, un Catalan, un Auvergnat, un ch’ti, ou un Corse…À ces différences s’ajoutent les apports de Russes, d’Italiens, de Portugais, de Polonais ou d’Espagnols parfois aussi de Nord-africains, d’Asiatiques et d’Africains, ayant adopté intégralement une trajectoire commune et fidèles à une histoire, pourtant étrangère à leurs ancêtres.

D’une certaine manière la France est l’hétérogénéité dans l’homogénéité. Notre nation c’est bien

cela. Il a fallu des souverains autoritaires et ambitieux, élargissant progressivement le territoire

initial en affrontant des chefs locaux, des vassaux, ou d’autres souverains, et imposant lentement

des règles communes, une religion unique et une langue affinée et fédératrice, pour créer une

véritable unité, malgré les allégeances et références culturelles initiales. Le XIXème et le début du

XXème siècle, avec leurs troubles et soubresauts, ont poursuivi l’oeuvre ancienne. La France a été

lente à se construire et la démocratie, venue tardivement, y a été lente à s’établir. Cette évolution en a fait un exemple. Or, aujourd’hui, ce n’est pas seulement la démocratie qui se voit malmenée,

fragilisée et détournée de son sens. C’est la France elle-même qui est agressée. Ses fondements sont attaqués et l’oeuvre de 1500 ans méprisée. Son existence est en péril. Elle est terriblement menacée par toutes sortes d’actions corrosives visant, indépendamment des souhaits réels du peuple, à imposer, pour certaines, des conceptions de l’homme qui sont tout sauf respectueuses d’autrui, pour d’autres, tout aussi peu humanistes, une fusion dans une masse informe régie par le mercantilisme.

Pour les acteurs de ces mouvements et pressions, la démocratie élective et l’existence de la nation, apparaissent comme des obstacles à l’établissement de leur pouvoir. Ils s’allient parfois ou s’absolvent tacitement de leurs méfaits. L’absence de chef protecteur, fédérateur, défenseur de la cohésion nationale et de la dimension du pays dans le monde, aggrave cette notoire fragilité, à

moins qu’elle n’en soit à l’origine.

 

Dans les circonstances difficiles que les aberrations politiques ont fait murir depuis quarante ans, il est désormais indispensable que le peuple puisse suivre une personnalité s’appuyant sur l’histoire, la vertu et tous les facteurs anciens d’union et de grandeur. Un chef doit être capable de prendre des décisions historiques poursuivant la trajectoire tracée au cours des siècles. On ne gouverne pas avec des minorités extrémistes hurlantes contre une majorité silencieuse, en les laissant croire à leur importance. On ne gouverne pas en « déconstruisant » l’histoire ciment précisément de l’unité nationale. On ne fait pas de concessions à l’ennemi. Si la voix, encore sourde du pays, n’est pas entendue au plus tôt, alors ces 1500 ans d’histoire pèseront de tout leur poids sur les prétentieux qui auront voulu, dans un instant, les faire disparaître.

 

Alors que l’horizon s’obscurcit l’homme d’État doit chercher à rassembler et à œuvrer dans le sens supérieur de la nation car, dans de tels moments, il faut un chef, soutenu par des dirigeants

vertueux, apte à prendre des décisions hors des dangereuses routines et des idées en cours. De tels gouvernants doivent savoir être brutaux pour arrêter des dérives constatées afin qu’elles ne

deviennent pas inéluctables. Laisser monter l’arrogance de groupuscules agités, et abonder dans

leur sens pour se croire forts et dans le vent d’une mode politique étrangère, apporte la preuve, a

contrario, d’une faiblesse morale et surtout d’une carence totale de discernement. Je n’ose pas

croire que ce soit délibéré. Une attitude refusant d’admettre ouvertement le puissant danger

islamique ou tout simplement oubliant l’équité et la justice au travers de discriminations de tous

ordres selon une vision pervertie de l’égalité, ou encore maintenant la dévolution de pans de

souveraineté à une organisation internationale, sous de mensongers prétextes, revient, d’une

certaine manière, à favoriser la transformation de la France en une juxtaposition de petites entités, non plus seulement territoriales, sans doute, mais de bandes, de sectes, de regroupements d’intérêts ou de haines. Elles finiront par ignorer une autorité gouvernementale sans ressort et se tailleront des territoires dans la chair et l’âme de la France. Elles préfigureront, en étape préalable, la dilution dans un système effaçant totalement les nations et les États, sous l’absolu contrôle de la puissance étatsunienne.

 

Par effet de surenchère, après avoir accordé toutes sortes de dérogations dans tous les domaines régaliens aux musulmans, le pouvoir se voit dans l’obligation de faire de même avec tous ceux qui désirent s’échapper de la nation. Ce fractionnisme, non combattu, par faiblesse, inaptitude au pouvoir, ou voulu au nom d’une idéologie anti-nationaliste et amorale, promeut, de fait, le règne de ces groupes et groupuscules envahissant nos rues et les médias et développant leur force. Il s’agit d’un retour en arrière d’un dé-tricotage de la trame nationale. Cette tentative de dislocation, s’il n’y est pas mis un terme avant qu’elle n’aille plus avant, rendrait la France aisément miscible dans ce système supranational que certains souhaitent ou la préparerait à l’absorption dans un monde totalement opposé à sa civilisation. Plus probablement elle peut être l’allumeur d’un vaste incendie.

 

Un État faible encourage la violence et suscite les appétits et les tentations totalitaires. L’islam

monolithique n’agirait pas comme il le fait, si ses ambitieux dirigeants ne constataient pas cette

évanescence de l’État. Les déconstructeurs, les décoloniaux, les verts pastèques, les racialistes

obsédés, les féministes castratrices, les arrogants LGBT, les Black-blocs, les vendeurs de drogue,

les saboteurs de la langue française, les européistes, les juges partisans, les régionalistes… et bien sûr les islamistes, peuvent dans un État qui n’en est déjà plus un, déborder sans risque de leur marginalité.

 

Toute faiblesse dans l’exercice du pouvoir se paie. Un grand pays ne se dirige pas avec de simples carriéristes, des fonctionnaires, des gestionnaires, des administrateurs et des comptables. Il ne se dirige pas sans justice et en humiliant ses policiers et ses militaires pour apaiser les loups qui nous guettent, ni en empilant des lois, décrets et directives qui n’ont aucune valeur dans l’univers conceptuel islamique, ni auprès de minorités enragées.

 

Il faut, bien au contraire, exprimer une vigoureuse ambition pour lui, reposant sur l’indépendance,

l’unité civilisationnelle retrouvée, une morale, un rôle assumé dans le monde, l’exploitation de

toutes ses ressources, et s’y dévouer sans relâche. L’évolution de la situation dans un sens ou dans un autre relève de la seule responsabilités de ceux qui nous gouvernent actuellement, à moins que les Français courroucés ne s’en mêlent.

 

Décidément j’envie les peuples africains qui, sans être encore totalement des nations, possèdent

souvent des chefs capables de les fédérer, de les maintenir ensemble sur la voie du développement et de prendre parfois, eux-mêmes, les armes, pour les défendre et mourir au combat.

 

Honneur et gloire donc au président Idriss Déby Itno, maréchal du Tchad, mort pour son pays !

 

Henri ROURE

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