La Défense ? Une affaire de vision et de volonté !
par le Gal. Vincent Desportes - le 09/03/2106.
Entretien avec Vincent Desportes, général de division (R), enseignant à HEC et professeur associé à Sciences po Paris, auteur de La dernière bataille de France
Cela fait maintenant quatre mois que votre ouvrage est paru. S’il condense – et développe – nombre d’arguments que vous aviez déjà présenté, comment
jugez vous sa réception dans le grand public mais aussi au niveau politique ?
J’ai été très heureux de constater que cet ouvrage était attendu, du moins si j’en crois l’accueil qu’il a reçu. Il a fait l’objet de très nombreuses recensions
dans la presse écrite, grande et moins grande, nationale et régionale. J’ai été, et continue à être à son propos, l’invité de très nombreuses émissions radiophoniques et télévisées, aux heures de
grande écoute. Je suis l’invité régulier de dîners ou petits déjeuners débats, mes analyses sont constamment reprises ou citées. Ce livre correspondait donc à un vrai besoin : celui de dire
clairement aux Français la vérité sur leurs armées, bien au-delà des discours officiels lénifiants.
Même accueil d’ailleurs de la part du monde politique. J’ai eu beaucoup de retours très favorables. Quelques candidats aux grandes élections futures ont pris la
peine de me recevoir pour échanger franchement sur la situation et les possibles options pour l’avenir.
De la part des militaires, je n’ai eu droit qu’a de très nombreuses félicitations, marques de reconnaissance et encouragements. Mon ouvrage a dû faire l’objet d’une
réimpression quelques jours après sa sortie. J’en suis très heureux parce que mon souhait était de faire connaître la réalité et de diffuser des idées essentielles pour la sécurité actuelle et
future de nos concitoyens ; ce pari est en passe de réussir.
Vous pensez que les Français commencent à comprendre ?
Je crois que les Français sont en train de sortir de "l’assoupissement nucléaire" dans lequel ils ont été volontairement maintenus et de comprendre que leur
sécurité exigeait des forces armées à la hauteur des enjeux. Héla, il aura fallu le bain de sang du 13 novembre pour que notre exécutif sorte de sa léthargie ! Le Bataclan a
évidemment facilité cette prise de conscience citoyenne … et quelque part, c’est mon grand regret. Mon livre a été publié très exactement quinze jours avant cet acte barbare ; or, mon espoir
était justement de créer un sursaut qui aurait peut-être permis d’éviter ce massacre. Notre ennemi a été trop rapide, encore cette fois.
Alors, il faut continuer à placer nos responsables politiques devant leurs responsabilité et remonter en puissance très vite. Ce ne sont pas les mesurettes du
discours de Versailles qui suffiront pour reconstruire ce que vingt-cinq années de mépris des armées ont détruit. Je pense que, après Charlie et le Bataclan, nous n’éviterons
pas un troisième, peut-être même un quatrième attentat sur notre sol, mais si l’Etat retrousse ses manches et a le courage politique d’afficher puis de se tenir aux vrais priorités budgétaires,
alors nous éviterons peut-être le cinquième et le sixième.
L’après-Charlie a été raté, j’espère que nous ne "raterons" pas l’après-Bataclan, même si je ne suis pas très optimiste.
Avec le déploiement de Sentinelle, un volume considérable de forces se retrouve fixé sur le territoire national – et ne combat donc pas l’ennemi
ailleurs. Comment analysez-vous ce déploiement ?
Clairement comme un échec et une gabegie. Un échec, parce que le dispositif a été aisément contourné par notre ennemi et qu’il
le sera encore tout aussi aisément à l’avenir. Vous pouvez placer un soldat devant tous les lieux présentant un risque – et vous n’en n’aurez jamais assez ! – mais vous n’empêcherez pas
l’ennemi d’aller trouver ailleurs une nouvelle cible molle et à haut rendement médiatique. Il est dans la vocation de toute forteresse de tomber un jour et de toute fortification d’être
contournée ; c’est vieux comme la guerre et, nous Français, nous avons suffisamment payé l’effondrement de notre rêve de béton en mai 40 pour ne pas retomber dans le piège. La ligne Maginot,
imposée contre l’avis des militaires, fut un mensonge politicien aux Français : "nous allons vous protéger de la guerre à bas coût". Aujourd’hui, même manœuvre qui ne fonctionnera pas. La
vérité, c’est que la guerre se gagne toujours par un effort de guerre correspondant aux enjeux et un engagement proactif qui suppose la mobilité : bref, l’exact inverse
de Sentinelle dont l’appellation même est porteuse d’inefficacité. Se contenter de faire passer les effectifs de Sentinelle de 7000 soldats à 10.000, c’est faire du cosmétique
quand nous sommes face à une rupture stratégique !
Vous parliez aussi de gabegie ?
Quant à la gabegie, elle est claire. Des soldats à la formation compliquée et onéreuse scotchés au sol comme des vigiles, c’est une
dilapidation de l’argent public, d’autant que cette formation s’évapore au fil des rotations "Sentinelle" ; elles érodent des capacités opérationnelles qui seraient bien plus utiles sur
les champs de guerre extérieurs. Par manque criant de moyens et d’effectifs, nous y poursuivons en vain des victoires stratégiques qui, au-delà des batailles que nous savons encore gagner, nous
échappent de plus en plus.
Que proposez-vous ?
Ce double constat de l’échec et de la gabegie fait, il faut aller plus loin. J’estime en effet que si l’on veut préserver des forces pour l’extérieur, il faut
qu’elles soient présentes sur le sol national quand les Français y sont attaqués. D’abord parce que leur première mission est la défense des citoyens, ensuite parce que, dans le cas contraire,
les contribuables leur disputeraient très vite le budget qu’ils leur consacrent. Si l’on veut des armées pour la défense de l’avant, il faut consentir à ce qu’elles participent à la défense de
l’arrière. Par ailleurs, le président de la République a toute légitimité pour utiliser comme il l’entend ses forces armées, dès lors qu’elles sont engagées contre un ennemi et non contre des
Français. La question n’est donc pas d’arrêter, mais de faire mieux, c’est-à-dire franchement autrement, de manière à ce que le "trade off " extérieur/intérieur redevienne gagnant avec ce
réservoir de forces unique et limité.
Des forces de police aux forces nucléaires, la France à la chance de disposer de toute gamme de moyens pour assurer les missions de défense et de sécurité. Mais il
faut les utiliser en "système", en organisant les meilleures synergies par une habile combinaison des capacités spécifiques. L’efficacité des forces de police est fondée sur celle des individus,
agissant sur des espaces restreints pour de courtes durées. Les armées, c’est l’inverse : leur force c’est le collectif. Leur vrai avantage comparatif, c’est leur capacité à agir en un
système cohérent, avec une gamme extraordinairement diversifiée de capacités de tous ordres et ce dans le temps long, sur de vastes espaces, avec une capacité d’organisation optimale en système
sur l’ensemble du territoire national. Donc, le simple bon sens indique que la logique d’éparpillement, de saupoudrage, prévalant aujourd’hui est à l’opposé de l’utilisation optimale de ce
remarquable système autonome.
Mais concrètement ?
Pour d’évidentes raisons, il n’est pas question d’avoir une armée de l’intérieur et une armée de l’extérieur. Mais ce potentiel de 10 000 hommes, qui se
reconstituerait continuellement par rotation, placé sous commandement militaire national, pourrait constituer une force de réserve exceptionnelle capable de se projeter dans l’instantanéité
partout sur le territoire national, d’y conduire sans délai des missions militaires – bouclage, quadrillage, ratissage, éclairage, reconnaissance, intervention brutale – et produire ces effets
militaires dont elles sont seules capables. Et elles le sont de manière autonome, quelques soient les dégradations de l’environnement, avec une très grande capacité de résilience individuelle et
collective. Statutairement, les militaires ne disposent pas du droit de retrait ; ils exécutent leurs missions jusqu’au bout, quels que soient les risques. Cet extraordinaire "ultima ratio"
doit être préservé et non sacrifié à contre-emploi à des fins politiciennes de court terme. C’est une affaire de responsabilité politique. Encore une fois, l’armée,
c’est d’abord la force du collectif : il faut la préserver dans l’intérêt de la France.
Conséquence de Sentinelle et des attentats de janvier et novembre, la décrue des effectifs est ralentie. Si le politique évoque une "remontée en
puissance" et que les régiments d’infanterie vont bénéficier d’une compagnie supplémentaire, on est encore loin d’un retour aux effectifs pré-2008. Que vous inspirent les dernières décisions
prises ?
En progrès, mais doit impérativement mieux faire. Bien sûr ce sont de bonnes décisions, mais tellement insuffisantes ! Que l’on ralentisse la décrue des
effectifs, c’est bien. Mais, dès avant Charlie Hebdo, les armées étaient déjà sur-déployées par rapport aux situations opérationnelles de référence. Leur déploiement est accru d’un tiers,
et, au lieu d’augmenter de manière conséquente leurs effectifs, on se contente d’en limiter la décrue. Le taux de rotation opérationnel demeure beaucoup trop élevé pour préserver les capacités
opérationnelles, collectives en particulier, celles qui font qu’une armée est une armée et non une accumulation de citoyens armés. La menace de "l’armée creuse" se
précise et, selon l’expression qui court dans les rangs, si aucune mesure sérieuse n’est prise, notre belle armée Serval ne sera bientôt plus qu’une pauvre armée Sentinelle,
de deuxième rang. C’est grave.
Quant au 3,8 milliards parcimonieusement alloués aux armées sur cinq ans, il faut tout d’abord noter que ce courageux effort concerne essentiellement le successeur
de François Hollande et qu’il est de toute façon très insuffisant pour redresser la terrible situation des armées françaises dégradées par un quart de siècle de négligences budgétaires.
Face à l’environnement actuel et à son évolution d’un point de vue prospectif, quelle serait, en termes de structures, d’effectifs et d’équipements, votre
"armée de Terre idéale" ?
Il n’y a pas d’armée de Terre idéale ! Tout dépend des missions et donc de la vision supérieure. Le Lichtenstein n’a pas besoin d’armée et la Suisse a une
belle armée avec plus de chars et d’obusiers d’artillerie que la nôtre … incapable de se projeter à l’extérieur, et encore moins de "rentrer en premier" et d’être "nation cadre" ! Donc, tout dépend du "projet pour la France".
Mais si la France entend rester la France, si elle entend demeurer une voix dans le monde, elle ne le pourra que si elle est capable de "délivrer", selon
l’expression américaine. Ce qui fait la puissance de la voix des nations, c’est tout simplement leur puissance. L’incapacité croissante des Etats-Unis à régler les affaires du monde, son
effacement stratégique a une raison essentielle : ils ne sont plus capables de transformer leur force extraordinaire en puissance. Leur force ne "peut" plus : chacun sait que les
Etats-Unis ont perdu toutes leurs guerres depuis un demi-siècle. L’influence n’existe que si elle est basée sur de solides réalités, économiques et militaires en particulier. Le monde est, et
restera, un espace d’affrontement armé des volontés et le vieux principe de Bismarck vaut encore : "Une diplomatie sans armée, c’est un chef d’orchestre
sans orchestre".
L’armée de Terre doit-elle envisager d’être réengagée durablement à l’extérieur ?
Tout indique que son rythme de projection devrait au moins se maintenir à moyen terme, sur des théâtres variés, distants, imprévisibles. C’est l’évolution du monde.
En particulier, elle ne pourra pas échapper à l’Afrique. La population africaine, qui a déjà dépassé le milliard, doublera d’ici vingt-cinq ans et pourrait atteindre quatre milliards à la fin du
siècle. Deux possibilités. Soit l’Afrique est stabilisée et en réel développement économique : les Africains participeront alors chez eux à ce développement aux retombées très positives sur
l’économie française. Soit l’Afrique est à feu et à sang et en plein délabrement économique : on assistera alors à des exodes massifs dont la France et son économie seront les premières
victimes. Or, en ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest jusqu’aux Grands Lacs, la France est, à ce jour, la seule à posséder les capacités d’intervention et le savoir-faire nécessaires : c’est
une responsabilité pour elle comme pour l’Europe. L’Afrique sera notre avenir ou notre cauchemar : à nous de choisir. Si la France ne se réengage pas,
résolument, en Afrique, elle devra régulièrement y jouer les pompiers. Si nous voulons restreindre ces actions ponctuelles, l’Afrique doit être placée dans les meilleures conditions de
l’auto-développement, et doit pouvoir assurer sa propre sécurité. Il est donc urgent d’aider à structurer l’architecture de défense panafricaine, ainsi que de reconstruire les armées nationales
indispensables à la solidité de ces Etats africains que nous avons créés et qui ne sont pas encore devenus des Nations. Il faut donc renforcer nos points d’appui et réinvestir dans les structures
de formation et de conseil. C’est évidemment très dimensionnant pour l’armée de Terre.
Voyez-vous d’autres critères dimensionnant ?
Sûrement celui de l’autonomie stratégique. Cette dernière est puissamment revendiquée, mais elle est illusoire, bien qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise pour la
rétablir. Page après page, le dernier Livre Blanc appelle à sa restauration : car, même au sommet de l’Etat, il est difficile de cacher que les armées françaises ne peuvent conduire par
elles-mêmes que de très petites opérations. Ou pour dire les choses plus crûment : que la France ne peut plus lancer que les opérations pour lesquelles les
Etats-Unis nous consentent leurs soutiens, c’est-à-dire dont ils admettent le principe. Notre armée n’est capable de mener dans la durée que les opérations avalisées par notre grand allié.
Jamais nos opérations en Libye et au Mali n’auraient pu être conduites sans l’appui massif des forces américaines, sauf à admettre des projections extrêmement lentes et par là-même
contre-productrices. Si les moyens logistiques et de renseignement sont les premiers concernés, l’armée de Terre souffre aussi très directement de ses profondes carences en termes de projection
opérative, du manque d’hélicoptères lourds en particulier, ce qui affecte directement l’efficacité de ses maigres troupes quand elle agit sur des espaces étendus, au Sahel par exemple.
Bref, mon rêve d’armée de Terre, c’est celui d’une armée aux effectifs adaptés au missions (à mon avis, compte tenu de l’évolution du contexte opérationnel, il faut
viser un volume de 100.000 h pour la force opérationnelle projetable), avec des budgets de MCO permettant une de disponibilité globale des équipements égale à 90% (soit un saut d’environ 30%)
afin de permettre un taux d’entraînement correspondant aux normes internationales, et une nette amélioration des conditions de vie au quartier qui se sont dégradée profondément au fil des
déflations budgétaires.
L’Horizon de l’Europe de la défense semblant encore bien lointain, ne devrions-nous pas miser davantage sur l’OTAN ?
Ce serait une erreur non seulement grossière mais particulièrement dangereuse. L’OTAN devient un danger majeur pour notre sécurité. Progressivement, les différents
pays d'Europe ont profité de l'aubaine qu'était l'OTAN pour faire des économies à bas coût politique sur la défense, en expliquant à leurs citoyens qu'ils étaient défendus dans le cadre de
l'OTAN, et que par conséquent, les investissements en matière de défense étaient devenus superflus. Le bilan est terrible : aujourd'hui, l'Europe est largement
désarmée – à l'exception de la France, qui a conservé un volume de forces, certes insuffisant, mais bien réel. Finalement, l'OTAN est devenue une menace pour la sécurité des Européens, car
elle les empêche de trouver leur autonomie stratégique. Ils s'en remettent, à tort, aux Américains pour les défendre. Le meilleur service que les Américains pourraient rendre aux Européens (et à
eux-mêmes !) serait de sortir rapidement de l’OTAN pour nous imposer ainsi notre prise de conscience et notre autonomie stratégique
Ne faudrait-il pas poursuivre les réformes dans les armées pour gagner en productivité ?
Arrêtons avec ce mythe. Aucune autre administration n’a connu depuis vingt-cinq ans une telle diminution de crédits, aucune n’a
subi tant de réformes au mépris de l’efficacité : tout cela sans manifester bruyamment, sans bloquer le pays, tout en poursuivant au mieux les missions de défense au profit d’un pays qui ne lui
donne pas les moyens nécessaires ! Ces réformes successives, imposées le plus souvent par des logiques déconnectées tant de la réalité du monde que de ses finalités propres, souvent au
mépris des spécificités militaires et des règles de bon fonctionnement des armées, ont été menées à un rythme qui ne permet pas au système de se réorganiser, ni de modifier ses pratiques.
Le résultat de ces réformes est catastrophique car ces réorganisations se sont majoritairement faites au mépris de ce qu’est le soldat et de ce qui fait
l’efficacité des armées, leur essence. En trois couches successives, au mépris de la spécificité de ce ministère et de sa fonction essentielle, un terrible excès d’interarmisation, de
mutualisation mais aussi de civilianisation est venu à bout du bon fonctionnement des armées.
Pouvez-vous préciser ?
L’application brutale de la LOLF (Loi organique relative aux lois de finances), en 2006, a constitué un premier coup majeur. Par un double mouvement d’effacement
des chefs d’état-major d’armée et de rehaussement des autres grands subordonnés du ministre, le chef d’état-major des armées reste le seul chef militaire en relation directe avec le ministre, à
égalité désormais avec le Secrétaire général pour l’administration (SGA) et le Délégué général pour l’armement (DGA). Le ministère oublie définitivement qu’il est le ministère des armées et que
les branches administratives sont là pour les soutenir ; le vieux principe militaire "soutenu/soutenant" est oublié.
- La deuxième étape, en 2009, c’est la RGPP ou révision générale des politiques publiques. Le ministère est profondément affaibli par l’application excessive
de principes contraires à l’efficacité militaire. Il va se retrouver "matricialisé" - c’est-à-dire "déresponsabilisé", ce qui va produire le désastre du système de solde Louvois ou le
scandale du dépôt de munition de Miramas – et "mutualisé", avec l’aberrante création des Bases de défense.
- Le troisième coup, depuis 2012, c’est la soi-disant "nouvelle gouvernance" du ministère, avec de nouveaux pans de responsabilité enlevés aux chefs
militaires et attribués désormais aux grands directeurs : le commandement est dépossédé de la politique des ressources humaines, bien que "l’homme ait toujours été l’instrument premier du
combat" et de la réflexion stratégique avec la création de la DGRIS. Je trouve scandaleux que les directeur des ressources humaines et de la stratégie du ministère de la défense ne soit pas des
militaires de haut rang.
Au-delà des aménagements à effectuer, selon vous, dans la dissuasion, comment financer la "remise en état" des forces ?
Il y a d’abord un impératif : remettre la technologie à sa place, c’est-à-dire au service de l’efficacité globale. Le fétichisme technologique devient une
menace pour la sécurité des Français. Il y a un véritable effet ciseau. Des budgets en perpétuelle diminution sont confrontés au coût exponentiel des équipements - cette "inflation
militaire" qui contraint formats et effectifs, lamine les forces terrestres, resserre les flottes aériennes et navales. Le résultat est inévitable : des armées aux formats toujours
plus étroits, "échantillonnaires", de moins en moins aptes aux effets stratégiques. Les armées doivent raisonner en termes de coût d’opportunité. Aujourd’hui, la conjugaison de la disette
budgétaire et de l’inflation militaire renforce les effets d’éviction et, partant, l’importance de ce raisonnement par les coûts de renoncement.
Alors que nos budgets demeurent importants, les formats de nos armées – et de l’armée de Terre en particulier - ne permettent plus de réunir sur chaque théâtre les
masses critiques indispensables à l’efficacité globale. Aujourd’hui, ne rien faire, c’est laisser la conjonction de "l’inflation militaire" et de la "déflation budgétaire" détruire nos armées.
Ne pas penser autrement, laisser les logiques actuelles poursuivre leurs œuvres de destruction, c’est regarder benoîtement le bateau sombrer.
La deuxième voie, c’est l’effort de défense. Il faut reconstruire l’Etat régalien qui n’est plus capable aujourd’hui de remplir les missions qui
sont sa raison d’être, le 13 novembre n’est que trop parlant à cet égard. La sécurité est à reconstruire, tout comme la justice et la diplomatie. En ce qui
concerne la défense, il faut immédiatement viser les 2% du PIB (hors pensions et gendarmerie) : tout le monde sait que c’est le seuil minimal pour un pays qui prétend avoir une défense digne
de ce nom. Mais il faut viser plus haut, vers 3%, ce qui n’est rien par rapport au 57% du PIB de dépense publique. Le problème n’est pas budgétaire : c’est un
problème de responsabilité et de volonté politique.
Paru dans DSI, propos recueillis par Joseph Henrotin.
Un article qui pose clairement la problématique de notre pays et du fonctionnement de l'Europe. Se pose aussi en trame les choix idéologiques car en effet nous ne pouvons plus regarder en spectateur
passif, les drames des autres pays. Le non agir est une action et l’immigration le résultat d'une politique d'autruche qui date de bien longtemps. C'est ensemble (les pays européens compris et
surtout l'Angleterre) que nous devons résoudre ces problèmes. Les frontières, les murs, n'ont jamais résolus quoi que ce soit. C'est donc à l'amont que nous devons résoudre en tenter de calmer les
excès. Deux phrases clefs de cet article posent concrètement les limites de nos interventions et qui montrent aussi à quel point l'Europe n'est -pas "mature" et autonome tant stratégiquement que
financièrement :
- "Ou pour dire les choses plus crûment : que la France ne peut plus lancer que les opérations pour lesquelles les Etats-Unis nous consentent leurs soutiens " (l'Europe oui ou ça ?)
- Finalement, l'OTAN est devenue une menace pour la sécurité des Européens, car elle les empêche de trouver leur autonomie stratégique.
Mais dans tous les cas nous n'avons pas les moyens d'intervenir durablement sur ces théâtres. Car outre le fait de perdre beaucoup d'hommes, il nous faudra tenir et rester sur place pour aider la
population à retrouver leur autonomie. Et les prochaines élections Française empêcheraient je le crois de prendre ce type d'action. De toute évidence les murs vont montés, et c'est inacceptable !
Écrire commentaire
jy udar (lundi, 14 mars 2016 12:39)
Un article qui pose clairement la problématique de notre pays et du fonctionnement de l'Europe. Se pose aussi en trame les choix idéologiques car en effet nous ne pouvons plus regarder en spectateur passif, les drames des autres pays. Le non agir est une action et l’immigration le résultat d'une politique d'autruche qui date de bien longtemps. C'est ensemble (les pays européens compris et surtout l'Angleterre) que nous devons résoudre ces problèmes. Les frontières, les murs, n'ont jamais résolus quoi que ce soit. C'est donc à l'amont que nous devons résoudre en tenter de calmer les excès. Deux phrases clefs de cet article posent concrètement les limites de nos interventions et qui montrent aussi à quel point l'Europe n'est -pas "mature" et autonome tant stratégiquement que financièrement :
- "Ou pour dire les choses plus crûment : que la France ne peut plus lancer que les opérations pour lesquelles les Etats-Unis nous consentent leurs soutiens " (l'Europe oui ou ça ?)
- Finalement, l'OTAN est devenue une menace pour la sécurité des Européens, car elle les empêche de trouver leur autonomie stratégique.
Mais dans tous les cas nous n'avons pas les moyens d'intervenir durablement sur ces théâtres. Car outre le fait de perdre beaucoup d'hommes, il nous faudra tenir et rester sur place pour aider la population à retrouver leur autonomie. Et les prochaines élections Française empêcheraient je le crois de prendre ce type d'action. De toute évidence les murs vont montés, et c'est inacceptable !