13 morts dans la collision de deux hélicoptères français au Mali
Mardi, la France a perdu treize de ses enfants. Treize hommes qui avaient donné leur vie à la défense de la France. Treize hommes qui se battaient pour nous loin des terres de France. Treize
hommes dont il convient de lire le nom, lentement, un par un. Treize hommes morts pour la France.
Le capitaine Nicolas Mégard, du 5e régiment d’hélicoptère de combat de Pau, 35 ans. Soldat
depuis plus de 14 ans, il avait rejoint le 35e régiment d’artillerie parachutiste en tant que sous-officier. Il avait ensuite rejoint l’École militaire interarmes en 2009, et avait suivi une
formation de pilote Tigre, puis de chef de patrouille. Nicolas Mégard avait été déployé au Kosovo et au Mali, il était marié et père de trois enfants.
Le capitaine Benjamin Gireud, du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 32 ans. Pilote
d’hélicoptères «Cougar», Benjamin Gireud était militaire depuis 10 ans après avoir étudié à l’école des officiers de Saint-Cyr Coëtquidan. Il avait servi au Tchad et au Mali.
Le capitaine Clément Frison-Roche, du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 28 ans. Ancien du
lycée militaire de Saint-Cyr-l’École, il avait intégré en 2012 l’École spéciale militaire de Saint-Cyr puis l’École de l’aviation légère de l’armée de Terre. Clément Frisonroche était pilote
d’hélicoptère «Tigre», cette mission était sa première OPEX. Il était marié et père d’une enfant.
Le lieutenant Alex Morisse du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 31 ans. Engagé en
septembre 2011 en tant qu’officier sous contrat, il devient pilote opérationnel d’hélicoptère. Alex Morisse a été déployé plusieurs fois au Mali, il était pacsé.
Le lieutenant Pierre Bockel, du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 28 ans. Engagé en
tant qu’officier sous contrat depuis 2011, il rejoint l’École de l’aviation légère de l’armée de Terre et obtient son brevet de pilote opérationnel sur hélicoptère. Pierre Bockel a été projeté à
quatre reprises au Mali en tant que pilote de «Cougar», il vivait en couple et allait avoir un enfant.
L’adjudant-chef Julien Carette, du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 35 ans. Engagé à
l’âge de 18 ans, il servait sous les drapeaux depuis dix-sept ans. Julien Carette a été déployé en Côte d’Ivoire, au Tchad, au Mali, au Burkina-Faso, et en Afghanistan. Il était en couple et père
de deux enfants.
Le brigadier-chef Romain Salles de Saint Paul, du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 35 ans. Il avait
rejoint l’armée il y a dix ans, et était déployé depuis au Gabon, à Djibouti et au Mali. Il était marié et père de deux enfants.
Le capitaine Romain Chomel de Jarnieu, du 4e régiment de chasseurs de Gap, 34 ans. Il s’était engagé en
tant que réserviste en 2012, il devient officier sous contrat en 2013. En 2019, il obtient le brevet de chef d’équipe de groupement commando montagne. Romain Chomel de Jarnieu a été déployé au
Tchad et au Mali.
Le maréchal des logis Antoine Serre, du 4e régiment de chasseurs de Gap, 22 ans. Il s’engage en 2015 au
titre de l’école militaire de haute montagne à Chamonix, puis rejoint le 4e régiment de chasseurs en 2016 au sein duquel il intègre le
groupement commando montagne. Cette mission était sa troisième OPEX. Antoine Serre était pacsé.
Le maréchal des logis chef Alexandre Protin, du 4e régiment de chasseurs de Gap, 33 ans. Engagé volontaire, il
a accompli toute sa carrière au sein du 4e régiment de chasseurs. Il devient sous-officier en entrant à
l’école de Saint-Maixent et devient équipier commando en 2014. Il avait servi en Côte d’Ivoire et au Mali. Alexandre Protin était en couple.
Le maréchal des logis Valentin Duval, du 4e régiment de chasseurs de Gap, 24 ans. Engagé volontaire, il
a accompli toute sa carrière au sein du 4e régiment de chasseurs. Il intègre l’École militaire de haute
montagne et devient maréchal des logis en 2017, puis il intègre le groupement commando montagne. Il avait été déployé trois fois au Mali.
Le maréchal des logis-chef Jérémy Leusie, du 93e régiment d’artillerie de montagne de Varces, 33 ans. Militaire depuis douze ans,
il rejoint le groupement commando montagne de son régiment en 2018. Jérémy Leusie a servi au Tchad, en Afghanistan, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Mali et avait été décoré de la croix de la
Valeur militaire avec étoile de bronze. Il était pacsé.
Le sergent-chef Andreï Jouk, du 2e régiment étranger de génie de Saint-Christol, 43 ans. Il
avait rejoint la Légion il y a onze ans. En 2016, il rejoint le groupement de commando montagne au sein duquel il a été projeté à plusieurs reprises au Sahel. Marié et père de quatre enfants, il
était titulaire de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze.
L’Élysée a confirmé la collision de deux hélicoptères militaires français, lundi, dans la région du Liptako malien. Un hélicoptère de
combat Tigre et un hélicoptère de transport de type Cougar se sont écrasés après s’être heurtés.
13 militaires français ont péri dans ce crash qui a eu lieu dans la soirée. Emmanuel Macron a salué "avec le plus grand respect la mémoire de ces militaires de
l'armée de terre, six officiers, six sous-officiers, et un caporal-chef, tombés en opération et morts pour la France dans le dur combat contre le terrorisme au Sahel".
L’accident a eu lieu dans la région de Menaka, dans le sud-est du Mali, une zone où les forces armées maliennes et les troupes de
l’opération Barkhane conduisent depuis plusieurs semaines des opérations antiterroristes contre des groupes armés qui harcèlent les garnisons locales et sèment la terreur parmi
les populations locales.
Florence Parly a dévoilé la liste des victimes: Le capitaine Nicolas MÉGARD, du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau Le capitaine Benjamin GIREUD du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau Le capitaine Clément FRISONROCHE du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau Le lieutenant Alex MORISSE du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau Le lieutenant Pierre BOCKEL du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau L’adjudant-chef Julien CARETTE du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau Le brigadier-chef Romain SALLES DE SAINT PAUL du 5e Régiment d’hélicoptères de combat de Pau Le capitaine Romain CHOMEL DE JARNIEU du 4e Régiment de chasseurs de Gap Le maréchal des logis-chef Alexandre PROTIN du 4e Régiment de chasseurs de Gap Le maréchal des logis Antoine SERRE du 4e Régiment de chasseurs de Gap Le maréchal des logis Valentin DUVAL du 4e Régiment de chasseurs de Gap Le maréchal des logis-chef Jérémy LEUSIE du 93e Régiment d’artillerie de montagne de Varces Le sergent-chef Andreï JOUK du 2e Régiment étranger de génie de Saint-Christol
Parmi les victimes figure le fils de l'ancien ministre et sénateur centriste français Jean-Marie Bockel ; il s’agit du lieutenant Pierre Bockel du 5e Régiment
d’hélicoptères de combat de Pau. Le capitaine Romain Chomel de Jarnieu, du 4e Régiment de chasseurs de Gap, était le fils de l’amiral Benoît Chomel de Jarnieu, ancien inspecteur général des
armées pour la Marine nationale.
Abordage L’état-major des Armées a donné quelques précisions sur les circonstances. "Selon toute vraisemblance, un abordage entre les deux aéronefs évoluant à très basse
altitude serait à l’origine de l’accident. Ils participaient à une opération d’appui aux commandos de la force Barkhane qui étaient au contact de groupes armés
terroristes. Engagés au sol depuis quelques jours, les commandos traquaient un groupe de terroristes, décelés quelques heures plus tôt, qui évoluaient en pick-up et à moto.
Très rapidement, ils ont été renforcés par des hélicoptères et une patrouille de Mirage 2000. Un hélicoptère Cougar, avec à son bord six
commandos de montagne et un chef de mission, a alors été engagé pour coordonner l’ensemble des moyens, tout en étant en mesure d’intervenir pour assurer l’extraction immédiate d’un élément
au sol. Vers 19 h 40, pendant la manœuvre destinée à préparer l’engagement de l’ennemi, l’hélicoptère Cougar et un Tigre sont entrés en collision,
s’écrasant à courte distance l’un de l’autre. Aucun des militaires embarqués n’a survécu. Une opération de secours et de sécurisation de la zone d’accident est en cours. De nombreux moyens de la
force Barkhane sont encore engagés.
Ces pertes portent à 38 le nombre de soldats français tués dans cette zone depuis le déclenchement Serval, en janvier 2013. Le dernier mort en
date était un brigadier du 1er Spahis, tué par un IED, également dans le secteur de Menaka au Mali le 2 novembre.
Treize morts. Treize morts en opération. Pour la France. Des noms, souvent, qui nous disent quelque chose, car l’armée reste une grande famille. Une grande
famille française. Vraiment, charnellement française. Treize morts – six officiers, six sous-officiers, un militaire du rang – dans un accident d’hélicoptères au Mali. Lundi soir, vers 20
heures. Dans le ciel d’Afrique, loin de chez eux, ces jeunes Français ont donc perdu la vie. Ils appartenaient – car on appartient à un régiment, c’est l’essence de l’esprit de corps, on ne
s’appartient plus tout à fait – au 5e régiment
d’hélicoptères de combat de Pau, au 4e régiment
de chasseurs de Gap, au 93e régiment
d’artillerie de montagne de Varces et au 2e régiment
étranger de génie à Saint-Christol, nos voisins et amis de Vaucluse.
L’état-major des armées a expliqué que « selon toute
vraisemblance, un abordage entre les deux aéronefs évoluant à très basse altitude serait à l’origine de l’accident ». Ces hélicoptères « participaient à une opération d’appui aux commandos de la force Barkhane qui étaient au contact de
groupes armées terroristes ».
Treize morts, c’est l’un des plus lourds bilans que nos armées aient connus depuis des années. Sans doute depuis le Liban. Mais la troisième dimension ne
pardonne pas. Nos pilotes de l’aviation légère de l’armée de terre sont de grands professionnels mais ils ne sont pas des machines. Ils sont d’abord des hommes et tout va très vite, de nuit,
la fatigue, le stress.
Treize morts, c’est aussi, évidemment, des veuves, des orphelins, des parents, des familles endeuillées que le ciel de la nuit de Noël, si proche, ne pourra pas
faire oublier, celui de cette sinistre nuit malienne.
Treize morts pour la France. Dit-on. On l’espère, on veut le croire, on s’en convainc.
L’heure n’est pas à la polémique, comme on dit, mais ces treize morts pour la France, sont aussi morts pour que la région où ils opéraient soit un jour
débarrassée du terrorisme islamique. Une région où l’on trouve le Niger. Ce Niger, membre du G5 Sahel, largement soutenu par la France, qui veut aujourd’hui changer les paroles de son hymne
national, « La Nigérienne ». « Soyons fiers et reconnaissants de notre liberté
nouvelle », chantaient les Nigériens depuis leur indépendance. Mais cette reconnaissance marquerait trop l’inféodation à la France…
Et puis, ces treize vies enlevées au service de la France nous amènent à des questions plus profondes et fondamentales. Les militaires sont les seuls serviteurs
de l’État à qui la loi peut demander d’aller jusqu’au sacrifice suprême. En quelque sorte, l’État peut prendre la vie à ses soldats qui servent une juste cause. En revanche, l’État ne pourra
jamais prendre la vie d’un criminel, eût-il commis les pires atrocités.
Treize morts qui obligent le chef des armées, la France, les Français. Et les pays d’Afrique que nous soutenons…
Mali : hommage aux 13 militaires français morts au combat, mais…
...par Jacques Guillemain - le 26/11/2019.
C’est une terrible tragédie qui vient de frapper nos armées, avec la mort de 13 militaires de l’opération Barkhane au Mali. Un très
lourd bilan.
Nos pensées vont d’abord aux familles et à tous ces soldats, hommes et femmes, qui assurent quotidiennement notre protection, en combattant le terrorisme au Sahel dans des conditions très
difficiles.
Tous méritent notre reconnaissance et notre soutien. Ils sont le dernier rempart contre la barbarie islamiste et la sauvagerie des
jihadistes, qui rêvent d’instaurer un califat sur toute l’Afrique subsaharienne.
C’est au cours d’une opération de soutien à un commando traquant des jihadistes au sud-est du Mali, que deux hélicoptères volant à très basse
altitude sont entrés en collision hier soir. Nous ne savons rien des circonstances de cet accident et seule l’enquête en cours nous dira ce qu’il en est. Vent de sable, défaillance matérielle,
erreur humaine ?
Mais quelles que soient les causes, n’oublions pas que le métier des armes reste le plus exigeant des engagements qui soit, et que ces treize
militaires sont morts avant tout pour la France. Des héros.
L’hélicoptère de combat Tigre et l’hélicoptère de transport de troupes Cougar appartenaient au 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau. À bord, 6 officiers,
6 sous-officiers et un caporal-chef, qui ont tous péri dans le crash des deux appareils.
Depuis le déclenchement de l’opération Serval en 2013, devenue ensuite l’opération Barkhane, ce sont 4 500 de nos soldats qui combattent au
Sahel, couvrant un territoire aussi vaste que l’Europe. Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso sont les cinq principaux pays soumis à la menace jihadiste.
Mais dans cette guerre appelée à durer, nos soldats sont bien seuls. La France est le seul pays européen à engager des troupes de combat au Sahel,
quelques pays se contentant d’une aide logistique.
Dans la guerre contre le terrorisme, l’Europe est aux abonnés absents. Et la puissante Allemagne, toujours aussi égoïste, qui nous
donne sans cesse des leçons de gestion économique, se garde bien d’envoyer ses soldats soutenir les nôtres. Le prix du sang, ce sont nos soldats et
eux seuls qui le paient.
Et cette Allemagne orgueilleuse ose nous envier notre siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu ! Qu’est-ce qu’elle en ferait ?
Qu’on ne nous bassine pas avec l’Union européenne qui nous rend soi-disant plus forts face aux défis de ce monde. Qu’on arrête avec l’utopie d’une Europe de la défense. Tout cela n’est que du
vent. Car au premier coup de canon, c’est une envolée de moineaux. Les seuls qui se battent et qui meurent, ce sont les soldats français.
41 d’entre eux sont tombés au Sahel depuis 2013.
L’Europe ne sait que dire aux Français, « Armons-nous et partez ! » Qu’avons-nous à gagner de cette Europe incapable de nous soutenir dans la guerre contre le terrorisme ?
Cessons de nous leurrer et reprenons notre destin en mains. Il n’y a rien à attendre de nos « amis » allemands et de cette Europe qui reste un nain politique.
Notre salut, c’est le Frexit !
Jacques Guillemain
Ex-officier de l’armée de l’air.
Pilote de ligne retraité. Un “lépreux” parmi ces millions de patriotes qui défendent leur identité et leur patrimoine culturel.
Je ne suis pas d’une famille de militaires et je me suis toujours demandé comment elles faisaient avec ça. Ça : l’engagement, comme
le rappelait Georges Michel, de donner sa vie, à chaque instant, pour son pays, pour nous. Ça, cette réalité qu’ils savent, qu’ils ont intégrée, qui fait partie du contrat, du paquetage. Une
signature avec ceux d’ici, leurs familles, un engagement partagé, et une signature avec l’au-delà, l’au-delà d’eux-mêmes, l’au-delà tout court. L’au-delà tout grand.
À chaque fois que l’un de ces enfants tombe, la même émotion nous submerge. Images des Invalides, et puis des cérémonies dans nos villages. Toujours poignantes.
Même quand on ne connaît pas les familles. Ils sont une part de nous.
Et puis il arrive que ce jeune militaire français, comme hier, soit un nom, un visage connu, proche.
Il arrive que les hasards de l’existence vous amènent à rencontrer une de ces familles, celle de Clément. Extraordinaires, oui, au sens premier du mot. Toujours
pour cet engagement rare. Pour bien d’autres raisons aussi, comme nous avons pu le découvrir en nouant une amitié forte.
Clément Frison-Roche est l’un de ces treize militaires. Clément est le fils de ces amis proches, Maguelonne et Benoît Frison-Roche, eux-mêmes officiers. Ce garçon
plein d’allant. Cet adolescent prometteur, gentil, ce grand qui a tant apporté à nos grands et à nos petits. Et à nous. Cet élève unanimement apprécié de ses enseignants, que Christine, mon
épouse, a eu le plaisir d’avoir en cours, et qui illumine une existence de professeur. Brillant, il savait rester modeste ; d’un grand sérieux dans ses études, il irradiait une gaieté contagieuse
jusque dans les exercices les plus austères ; ses grandes qualités intellectuelles se doublaient de qualités humaines encore plus rares chez un lycéen. Ce jeune officier exceptionnel. Ce jeune
mari. Ce jeune père.
La photographie que sa famille a choisi de nous confier le montre avant son départ pour le Mali : en tenue de combat, sa fille Victoire, rayonnante, dans ses bras,
devant sa bibliothèque. Ainsi était le Clément que nous avons connu, que nous connaissons. Rayonnant.
Sa mère déclarait hier : « J’ai senti toute ma
vie que mon mari pourrait disparaître brutalement. C’était pareil pour Clément. Je l’ai toujours eu en tête, c’était en filigrane toute ma vie. Je ne suis pas pour autant fataliste… Je suis
brisée mais je savais que ça pourrait arriver. J’y ai pensé en lui disant au revoir il y a deux mois. »
Tous les souvenirs affluent, les images, les inquiétudes.
À son épouse, à ses parents, à ses frères et sœurs, nous adressons nos sincères condoléances, nous les serrons très fort dans nos bras de père et de mère. Que le
rayonnement de Clément, que la foi qu’il partageait avec eux les portent dans ces journées terribles.
Gabrielle Cluzel, Georges Michel et toute la rédaction de Boulevard Voltaire qui, peut-être plus que d’autres rédactions, connaît de près cet
« extraordinaire », se joignent à Christine et à moi.
Poème écrit par le Capitaine Clément Frison-Roche, Mort pour la France le 25 novembre 2019, alors qu'il était Aspirant et "Colonel des
Gardes" de sa promotion de Saint-Cyr -"Lieutenant Tomazo" (2012-2015)
« Les soldats, leurs familles ont besoin de la reconnaissance de leurs pairs »
...par Alice Gaudin - Le 26/11/2019.
Alice Gaudin, l’accident d’hélicoptères au Mali qui a fait 13 victimes (6 officiers, 6 sous-officiers et un caporal-chef) réveille pour vous et votre famille de douloureux souvenirs.
En juin, 2011, vous avez perdu votre mari, Matthieu Gaudin, pilote dans l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT), dans des circonstances similaires en Afghanistan, alors que vous
attendiez votre cinquième enfant. Les familles vont-elles être accompagnées et prises en charge ? Une attention particulière sera-t-elle portée aux enfants ?
Chaque perte d’un de nos soldats ravive le souvenir de la perte de mon mari, bien évidemment. L’armée est une sorte de famille. L’institution est tristement
bien rodée pour la prise en charge des familles endeuillées, et ce, depuis l’Afghanistan. Il y a des prises en charge à tous les niveaux, depuis les unités en régiment jusqu’à l’État avec la
CABAT (cellules d’aide aux blessés de l’armée de terre), en passant par les associations. Certaines sont spontanées, immédiates, d’autres prennent le relais dans la durée. Ces aides se
manifestent de différentes manières et en fonction de chaque famille. Elles peuvent être matérielles, psychologiques ou financières. Des liens très forts peuvent être parfois tissés parce que
je pense qu’on s’accroche à ces mains tendues comme à des bouées de sauvetage en plein naufrage.
Personnellement, je continue de garder le contact et les enfants aussi, autant que possible.
De nombreux Français manifestent sur les réseaux
sociaux leur tristesse et leur compassion pour les familles. Comment peuvent-ils montrer concrètement leur reconnaissance pour ceux qui ont servi jusqu’au sacrifice de leur vie et leur
solidarité envers les familles ?
Treize soldats français morts pour la patrie, la France est sous le choc. Mais il n’y aurait qu’une seule vie perdue, son sacrifice n’en aurait pas moins de
valeur et l’hommage rendu aussi grand !
Les soldats, leurs familles ont besoin de la reconnaissance de leurs pairs. Des rassemblements de recueillement vont être organisés dans leurs villes
d’affectation, comme à Pau, devant l’hôtel de ville. Les Parisiens sont appelés depuis plusieurs années à se rassembler sur le pont Alexandre-III au passage du cortège funèbre. C’est
poignant. C’est manifester leur solidarité aux familles et une belle manière d’honorer nos soldats.
Des courriers spontanés nous parviennent aussi et sont autant de manifestations de soutien précieuses.
Certains souhaitent faire un geste pour les familles et les enfants. Ils peuvent faire des dons à l’œuvre du Bleuet de France qui accompagne ceux qui restent.
C’est cette petite fleur bleue symbolique dont on vient de fêter le centenaire et qui est épinglée à nos boutonnières au moment du 11 Novembre et du 8 Mai.
Récemment, un monument a été inauguré en l’honneur de
nos soldats morts en opérations extérieures. Quel sentiment vous a inspiré cette cérémonie ? Plus globalement, jugez-vous que la « reconnaissance de la nation » a été à la hauteur ?
J’étais présente avec nos cinq enfants à la cérémonie d’inauguration du monument aux morts en opérations extérieures, le 11 novembre dernier. La maman de
Matthieu était venue également, ainsi qu’une de ses sœurs accompagnée de ses enfants et de son mari. L’accès y a été tristement et maladroitement limité. C’était une très belle cérémonie,
émouvante et solennelle. Le monument, à taille humaine, est une réussite. Nous l’attendions depuis huit ans, annoncé par le Président Sarkozy. Malheureusement, le projet n’était pas du goût
des riverains et de la mairie du VIIe arrondissement
de le laisser s’installer près des Invalides. Certains oublient que ce n’est pas qu’un monument historique offrant une belle perspective… Au cœur du square Djendi, dans le XVe arrondissement,
terminus du métro Balard, vous ne venez pas le voir par hasard. C’est une vraie démarche d’hommage. Le Président Macron a voulu qu’il soit un des hauts lieux mémoriels, au même titre que
Douaumont, et c’est une bonne chose. Il ne faut pas comparer les guerres et les théâtres entre eux. Chaque vie sacrifiée a un prix inestimable et doit être honorée à sa juste valeur.
Huit ans se sont écoulés. Comment allez-vous,
aujourd’hui, et comment vont vos enfants ?
Aujourd’hui, les enfants ont bien grandi et vont plutôt bien. Leur père reste présent à nos côtés. Certains l’imitent sans le savoir ou, au contraire, pour
entretenir la ressemblance. Les adolescents d’aujourd’hui l’idéalisent parfois et me donnent le mauvais rôle. Il leur manque, différemment, et en fonction de chacun, car les grands ont des
souvenirs que les petits n’ont pas ou plus. Mais ils se les transmettent volontiers. Ils ne veulent pas être reconnus seulement comme orphelins mais acceptent volontiers de partager cette
expérience si particulière avec les autres. Je crois qu’ils ont fait de cette fragilité une force.
Nos 13 soldats n’auraient-ils pas été plus utiles dans les banlieues françaises ?
...par Philippe Arnon - le 26/11/2019.
Bien sûr, les 13 soldats qui viennent de trouver la mort au Mali étaient dans le cadre d’une opération contre des djihadistes. Personnellement, j’aurais préféré, et
de loin, qu’ils aient participé à la même opération… mais en France. Cela fait très cocorico de faire la police en-dehors de nos frontières. Ça flatte les Français et fait croire que la France
reste une très grande puissance militaire capable de se déployer n’importe où. Mais l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Europe même et surtout, elles nous aident en envoyant
ne serait-ce qu’une petite brigade, un malheureux tank, un petit canon, une petite jeep, quelques fusils, quelques grenades ? Pourquoi, bon Dieu ! est-ce toujours la France qui se mouille ?
L’Allemagne avec son excédent commercial, elle ne se bouge pas, elle va : elle n’est même pas foutue d’investir dans la réparation de ses autoroutes ; la Merkel, elle est comme Harpagon et sa
cassette, elle ne la quitte pas des yeux. Et puis, ne croyez-vous pas que tout le pognon qu’on met là-dedans (700 millions chaque année) serait mieux employé, par exemple, pour renflouer les
caisses de la Sécurité sociale ou les caisses de retraite ?
Nos très intelligents gouvernants disent que nos soldats au Mali protègent la France. C’est franchement se foutre du monde car les djihadistes – je le répète –
pullulent déjà en France. « Charité bien ordonnée commence par soi-même » et la France, elle ferait mieux, donc, de s’en occuper en priorité. Et puis, il y a encore autre chose à
dire : cela va faire bientôt 60 ans que tous ces pays d’Afrique nous ont jetés en déclarant leur indépendance. C’est à eux de se prendre en charge, comme des grands, je veux dire comme des
adultes ! L’ancienne puissance coloniale, même à leur demande pressante, n’a plus à intervenir sur ces territoires. L’armée française n’a qu’une mission : défendre le territoire français et il y
a du boulot en la matière ! Par exemple, investir de manière rude, concrète et efficace les 700 zones de non-droit.
Macron et sa grande sauterelle barbue nous disent que les 13 soldats « sont morts en héros ». Or, leur mort est due à la collision de deux hélicoptères !
Pardonnez-moi, mais j’ai du mal à voir le rapport entre ce regrettable accident et l’héroïsme, même s’ils revenaient de combattre ou allaient combattre. S’ils étaient tombés au combat
justement, oui là, vraiment, ils seraient morts en héros. On n’a jamais dit jusqu’à maintenant que les personnes qui mourraient dans un accident de la route étaient des héros. Et puis, – bon
c’est vrai, je suis néophyte – mais deux hélicoptères qui se percutent, moi cela m’interpelle. Les pilotes, j’imagine, devaient être normalement de vrais professionnels, même dans des conditions
météorologiques difficiles. Les autres, en face en tous cas, ils doivent se frotter les mains et même rigoler : des Français morts sans même qu’ils aient dû tirer le moindre coup, c’est du gâteau
!
Bien sûr, nous devons le respect à ces 13 hommes car ils étaient nos soldats à nous, les soldats de ce pays que nous aimons tous tant et nous devons nous associer à
la douleur de ceux qui les aimaient et les aiment encore. Mais est-il vraiment besoin de faire une cérémonie aux Invalides ? Cela va verser dans le ridicule ou plutôt dans l’insignifiance, à
force de répétitions. Enfin, Macron va jouer son grand rôle de rassembleur des Français. Ah ! comme cela est vil et pitoyable !
Philippe Arnon
Auteur de "L'islam, une stratégie militaire, sous couvert de
religion"
<<A propos des treize morts—pour rien ce qui est encore pire s’il peut y avoir un pire— nos voitures récentes sont équipés de système
qui voient la ligne blanche, la proximité d’une autre voiture etc.. et les hélicos de l’armée susceptibles d’intervenir dans la nuit complète n’ont rien de tout cela … il y a là un «
problème » du côté des ministres et surtout des généraux qui acceptent tout ça sans rien dire. Votre avis Amitiés. J.M>>
"La bite et le couteau....et
un bout de ficelle"... Expression bien connue dans les armées d'hier et d’aujourd’hui : "On a pas de moyens, mais on a des idées donc on se débrouillera toujours...! " Jusqu'au jour
ou....
Dans les années 70, nos EBR étaient plus vieux que nous, certaines de nos jeeps avaient
fait le débarquement...mais on ne comptait pas les cartouches (pas encore...) pour l'entrainement au tir. Nous plaisantions sur l'étanchéité de nos équipements...car, à part le "casque lourd" il
n'y avait rien...!
Hier, lors du déclenchement de l'intervention au Mali, nos soldats étaient contraints
d'attacher leurs semelles de rangers avec de la ficelle...la colle ne résistait pas à la chaleur...!
A force de réduire les budgets des
armées, "ON" rogne sur tout...sur les matériels mais, plus grave, sur l'entrainement... et en matière d'aéronautique, le manque d'entrainement est toujours sanctionné de la
manière la plus dure.
A ce sujet, je serais curieux de connaitre le nombre d'heure de vol de nuit, par
nuit noire, sans feux de position totalisé par les deux équipages, l'état de leurs moyens de vision nocturne....etc.
Sur que l'Etat Major des Armées ne communiquera pas sur ce thème...
JMR
Sahel : Paris, droit dans ses rangers, favorise l'option militaire - le 27/11/2019.
L'option militaire...depuis 2013...n'a débouché sur rien de concret
si ce n'est le rejet de la France par les populations...
Il serait temps de ré-examiner la situation, donner aux armées un objectif stratégique clair avec les moyens afférents,
contraindre les pays africains concernés à prendre leurs responsabilités sous peine de retrait pur et simple....ou se retirer sur la pointe
des pieds !
JMR
La légion des Maliens de France
...par Jacques Coudrais - le 27/11/2019.
Lundi 25 novembre. 13 militaires français de l’opération Barkhane trouvent la mort au cours d’une mission aux confins du Mali.
Dès le lendemain, une figure emblématique de la communauté malienne de Paris – jeune universitaire très actif dans une ONG de la diversité – interpelle
vigoureusement ses concitoyens. En quelques jours, une conscience commune s’est émue, un élan s’est formé et des centaines, puis des milliers de jeunes hommes, âgés de 18 à 35 ans, se
sont présentés, soit spontanément, soit poussés par leur famille, à des centres de recensement installés à la va-vite dans le quartier de La Chapelle, répondant au mot d’ordre
« Malien de France, avec Barkhane et tes frères, viens combattre pour ta patrie ! » Une noria aérienne est organisée vers Bamako, où ces volontaires sont équipés,
formés puis intégrés dans les unités du G5 Sahel…
Fin de la fiction. Voilà ce qui serait juste, normal et digne.
Or, comment ne pas être révolté devant ce scandaleux paradoxe : De jeunes Français combattent et meurent pour le Mali – État failli incapable de
restaurer la paix dans ses frontières – tandis que des milliers de jeunes Maliens en âge de combattre errent dans nos banlieues, en mal de reconnaissance, d’identité et
d’avenir.
Aurions-nous imaginé, en 1914, qu’une diaspora française, jeune et nombreuse, reste oisive au-delà des mers tandis que le pays était en
guerre ?
L’auteur de ces lignes, dont l’un des fils, officier, rentre à peine d’une mission au sein de Barkhane, ne trouve pas tolérable que nous entretenions
chez nous une population étrangère dont le pays en guerre est défendu par nos propres soldats.
Jacques Coudrais
Officier supérieur des Troupes de Marine à la retraite
Les pertes cruelles que viennent de subir nos Armées -et qui ne seront hélas pas les dernières-, ont donné à certains l’occasion de s’interroger sur le bien-fondé
de la présence militaire française au Sahel. Cette démarche est légitime, mais à la condition de ne pas sombrer dans la caricature, les raccourcis ou l’idéologie.
J’ai longuement exposé l’état de la question sur ce blog, notamment dans mon communiqué en date du 7 novembre 2019 intitulé « Sahel : et maintenant quoi faire ?» , ainsi que dans les colonnes de l’Afrique Réelle et dans mon livre "Les
guerres du Sahel des origines à nos jours" qui replace la question dans sa longue durée historique et dans son environnement géographique. Je n’y reviens donc pas. Cependant, trois
points doivent être soulignés :
1) Dupliquées d’un logiciel datant des années 1960-1970, les accusations de néocolonialisme faites à la France sont totalement décalées, inacceptables et même
indignes. Au Sahel, nos Armées ne mènent en effet pas la guerre pour des intérêts économiques. En effet :
- La zone CFA dans sa totalité, pays du Sahel inclus, représente à peine plus de 1% de tout le commerce extérieur de la France, les pays du
Sahel totalisant au maximum le quart de ce 1%. Autant dire que le Sahel n’existe pas pour l’économie française.
- Quant à l’uranium du Niger, que de fadaises et de contre-vérités entendues à son sujet puisqu’en réalité, il ne nous est pas indispensable. Sur 63.000 tonnes
extraites de par le monde, le Niger n’en produit en effet que 2900…C’est à meilleur compte, et sans nous poser des problèmes de sécurité que nous pouvons nous fournir au Kazakhstan qui en
extrait 22.000 tonnes, soit presque dix fois plus, au Canada (7000 t.), en Namibie (5500 t.), en Russie (3000 t.), en Ouzbékistan (2400 t.), ou encore en Ukraine (1200 t.) etc..
- Pour ce qui est de l’or du Burkina Faso et du Mali, la réalité est qu’il est très majoritairement extrait par des sociétés canadiennes, australiennes et
turques.
2) Militairement, et avec des moyens qui ne lui permettront jamais de pacifier les immensités sahéliennes, mais là n’était pas sa
mission, Barkhane a réussi à empêcher la reformation d’unités jihadistes constituées. Voilà pourquoi, pariant sur notre lassitude, les islamistes attaquent les cadres civils et
les armées locales, leur objectif étant de déstructurer administrativement des régions entières dans l’attente de notre départ éventuel, ce qui leur permettrait de créer autant de califats. Notre
présence qui ne peut naturellement empêcher les actions des terroristes, interdit donc à ces derniers de prendre le contrôle effectif de vastes zones.
3) Nous sommes en réalité en présence de deux guerres :
- Celle du nord ne pourra pas être réglée sans de véritables concessions politiques faites aux Touareg par les autorités de Bamako. Egalement sans une implication
de l’Algérie, ce qui, dans le contexte actuel semble difficile. Si ce point était réglé, et si les forces du général Haftar ou de son futur successeur tenaient effectivement le Fezzan, les voies
libyennes de ravitaillement des jihadistes auxquelles Misrata et la Turquie ne sont pas étrangères, seraient alors coupées. Resterait à dissocier les trafiquants des jihadistes, ce qui
serait une autre affaire…
- Au sud du fleuve Niger les jihadistes puisent dans le vivier peul et dans celui de leurs anciens tributaires. Leur but est de pousser vers le sud afin de
déstabiliser la Côte d’Ivoire. Voilà pourquoi notre effort doit porter sur le soutien au bloc ethnique mossi. Aujourd’hui comme à l’époque des grands jihad peul du XIXe siècle ( là encore, voir
mon livre sur les guerres du Sahel), il constitue en effet un môle de résistance. Le renforcement des défenses du bastion mossi implique d’engager à ses côtés les ethnies vivant sur son glacis et
qui ont tout à craindre de la résurgence d’un certain expansionnisme peul abrité derrière le paravent du jihadisme. Cependant, si les jihadistes régionaux sont majoritairement Peul, tous les Peul
ne sont pas jihadistes. Ceci fait que, là encore, il sera nécessaire de « tordre le bras » aux autorités politiques locales pour que des assurances soient données aux Peul afin d’éviter
un basculement généralisé de ces derniers aux côtés des jihadistes. Car, et comme je l’ai écrit dans un ancien numéro de l’Afrique Réelle « Quand le monde peul s’éveillera, le Sahel
s’embrasera ». Il y a donc urgence.
Par-delà les prestations médiatiques des « experts », une chose est donc claire : la paix au nord dépend des Touareg, la paix au sud dépend des Peul.
Tout le reste découle de cette réalité. Dans ces conditions, comment contraindre les gouvernements concernés à prendre en compte cette double donnée qui est la seule voie pouvant
conduire à la paix ?
Tragédie du Mali : La gratitude de Romain Salles de Saint Paul
Le 25 novembre dernier, la France a appris qu’elle avait perdu treize de ses soldats participants à l’opération Barkhane au Mali. Comme à chaque fois, l’annonce de
la perte de soldats morts en opération a provoqué de multiples réactions qui en disent long sur notre pays. Il y a d’abord l’émotion et le chagrin face à ces treize vies fauchées et l’unanimité
dans l’hommage à ces jeunes hommes qui avaient fait du service de leur pays une vocation. Il y a eu bien sûr de la dignité mais aussi, et c’est fatal de la récupération et des surenchères. Mais
cette fois-ci, et de façon inhabituelle, un débat sur la nécessité de l’intervention française au Mali. Ce débat est nécessaire, disons même indispensable, devant le sentiment d’impasse voire
d’inutilité que l’on ressent encore plus fortement face au sacrifice de ces jeunes hommes. Mais normalement à la guerre, on rend d’abord les honneurs aux soldats tombés, avant de discuter des
nécessités politiques et des stratégies employées. On ne va pas faire ici le procès de ceux qui ont mis la charrue avant les bœufs, cela serait dérisoire, et si certains ont pu se disqualifier,
c’est leur problème.
En revanche on s’autorisera à distinguer l’un des 13 sacrifiés, non pour lui attribuer une place qui l’éloignerait de ses camarades unis avec lui dans la mort, mais
parce que son histoire nous dit quelque chose sur la France, et ce quelque chose nous renvoie à nos responsabilités à tous vis-à-vis de ce pays. En regardant les photos des soldats disparus,
on voit parmi eux un visage grave aux traits un peu amérindiens. Et l’on apprend que né de parents inconnus à Bogotá il y a 35 ans, le brigadier-chef Romain Salles de Saint-Paul est passé
d’orphelinat en orphelinat dans la capitale colombienne, avant d’être adopté à l’âge de cinq ans et demi, avec sa sœur cadette, par Philippe Salles de Saint-Paul. Celui-ci témoigne : « Je
savais que la mission était dangereuse. Avant qu’il ne parte, je lui ai dit que je l’aimais, qu’il devait être prudent. Il m’a répondu qu’il ferait aux mieux mais que de toute façon, il ferait
son devoir jusqu’au bout. » Ce garçon, engagé à 25 ans comme soldat du rang avait fait ce choix pour disait-il « rendre à la France ce qu’elle avait fait pour lui ». Dans
l’émotion que l’on ressent face à l’expression de cette gratitude, au chagrin de la perte d’un frère s’ajoute comme une fierté d’appartenir à un pays capable de susciter un tel attachement. Et
l’on pense en écho à la déclaration de Fleur Pellerin à son départ du ministère de la culture : « Il y a peu de pays au monde où une enfant trouvée dans les rues d’un bidonville,
d’un pays en développement, et adoptée par une famille modeste, dont la généalogie est faite d’ouvriers, de domestiques, puisse un jour se retrouver ministre de la Culture. » Mais surtout,
on se rappelle le prince géorgien Dimitri Amilakvari, héros de la France libre, combattant de Bir Hakeim, et fait Compagnon de la Libération sur le front des troupes par Charles De Gaulle en
personne. Il avait dit : « Nous n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle. » Le 24 octobre 1942
à El Alamein, la mort au combat accomplira l’engagement.
Alors, on a envie de dire à Gaspard Proust, qu’il se trompe. Que la France dont il parle, dont il a rêvé même si elle est abîmée, même si elle doute, et
même si elle déçoit, a toujours des ressources et suffisamment pour qu’on l’aime et que l’on soit prêt à s’engager pour elle. Et on lui demande de ne pas s’arrêter à des caricatures.
Comme celle de la pauvre Maboula Soumahoro, qui passe son temps armée de son racialisme décomplexé, à s’essuyer les pieds sur la France. Voilà une personne,
fascinée par le communautarisme anglo-saxon, devant tout à la France, sa protection sociale, son éducation, sa formation, ses études, la délivrance de diplômes manifestement de complaisance, des
embauches en forme de passe-droit payées avec notre argent, et qui vient dire sans complexe « Je n’ai aucune gratitude à exprimer à ce pays qui est le mien et que j’ai le droit de
traiter comme je veux. »
Bien sûr Madame, vous avez tous les droits, et en particulier la liberté d’expression qui vous permet de cracher sur la France et ceux qui vous font vivre. Vous
avez semble-t-il également le droit, sans que cela émeuve la police de la pensée ou la magistrature française, de dire qu’un blanc ne peut pas avoir raison contre un noir. Mais nous,
nous avons le droit d’aimer la France, et de nous incliner devant ceux qui nous ont rejoints. À qui le destin a permis de devenir nos frères, et qui pensaient avoir de la gratitude à exprimer à
ce pays, jusqu’à lui donner leur vie. Eh bien maintenant, c’est nous qui devons le défendre. En mémoire de Romain Salles de Saint Paul et aussi de celle des douze autres.
Lettre ouverte du CEMAT au directeur de publication de "Chalie Hebdo"
Le 30/11/2019.
Treize familles françaises sont en deuil depuis l’accident tragique survenu en plein combat dans le Nord-Mali dans la
soirée du lundi 25 novembre.
Treize familles qui pleurent un fils, un frère, un mari, un
compagnon ou un père.
Parmi ces Français touchés au cœur, treize enfants, dont un à naître, pour qui leur père restera à jamais
un «illustre inconnu».
Ils vénéreront sans doute à l’âge de raison son sens du devoir, mais souffriront toujours de n’avoir pas mieux connu
cet homme qui les serrait affectueusement dans ses bras une dernière fois avant de partir au combat.
Pourtant, le temps du deuil de ces familles a été sali par des caricatures terriblement outrageantes dont votre journal a
assuré la diffusion.
Si l’indignation m’a d’abord gagné, c’est surtout une peine immense qui m’envahit en pensant au nouveau chagrin que vous
infligez à ces familles déjà dans la souffrance. Une peine doublée d’une incompréhension profonde.
Qu’avons-nous donc fait, soldats de l’armée de Terre, pour mériter un tel mépris ?
Qu’ai-je manqué moi-même, chef d’état-major de l’armée de Terre, dans l’explication du sens profond de notre engagement,
pour qu’avec une telle désinvolture soient raillés ceux qui ont donné leur vie afin que soient justement défendues nos libertés fondamentales ?
Les soldats de l’armée de Terre sont au service de tous les Français, de tous ceux qui croient au
souverain bien qu’est notre liberté. Ils chérissent profondément la paix qu’ils souhaitent à leurs
compatriotes. Ils la chérissent tant qu’ils ont choisi de tout risquer pour la défendre, jusqu’au sacrifice de leur
propre vie. Nous leur devons le respect. Nous devons la compassion à leurs familles.
Lundi prochain, 2 décembre, nous leur rendrons un dernier hommage et leur dirons adieu, dans la
cour des Invalides, réceptacle de tant de souffrances supportées pour que vivent notre âme française et notre
liberté. Je vous invite, avec sincérité et humilité, à vous joindre à nous ce jour-là, pour leur témoigner vous aussi, qui avez souffert dans votre
chair de l’idéologie et de la terreur, la reconnaissance qu’ils méritent.
Général d’armée Thierry Burkhard
Chef d’Etat-major de l’armée de Terre
Je trouve que ce nouveau CEMAT traite les "voyous" de "Charlie Hebdo" avec beaucoup de tact...
Il n'y a pas à leur demander d'explications, mais à leur "rentrer dans le lard"...!
JMR
Je ne suis pas "Charlie"
La liberté d’expression a des limites que les journalistes anarchistes
de Charlie Hebdo ne connaissent pas.
Ce journal caricaturiste anti-militariste, anti-curés, anti-autorité (sauf pour
recevoir des subsides)
se permet tout et n’importe quoi, sans aucune limite.
Et maintenant, avec ces caricatures sur nos 13 morts de Barkhane,
vous êtes toujours Charlie ? :
Charlie Hebdo se moque de la mort de nos treize soldats : Dégueulasse !
...par Jacques Guillemain - Le 30/11/2019.
Les dessins publiés par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo sont tout simplement dégueulasses et ne
grandissent pas ce journal. Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette ignominie.
Dans une superbe lettre à la direction du journal, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée de Terre, exprime son indignation et sa
peine.
On sait depuis toujours que cette publication a une longue tradition antimilitariste, mais la liberté
d’expression et une forte inclination pour l’humour noir n’interdisent pas un minimum de respect pour nos soldats et leurs familles, qui ont vu leurs vies détruites au cours d’une
traque des jihadistes au Mali.
En associant cinq caricatures plus outrageantes qu’humoristiques à une campagne de recrutement de l’armée de Terre,
Charlie Hebdo s’est vautré dans la boue, alors que toute la nation est dans le recueillement et l’émotion, à 48 heures d’une cérémonie officielle aux Invalides, en hommage à nos héros morts pour la France.
Alors que les familles de nos soldats sont écrasées de douleur et de chagrin, il est clair que la direction
de Charlie Hebdo a oublié les heures tragiques de janvier 2015, quand les siens tombaient sous les balles des terroristes musulmans, les mêmes que combattent nos soldats
au Sahel.
Dois-je rappeler que les survivants du massacre du 7 janvier 2015 ont pu largement exprimer leur détresse et
leur douleur au cours des jours et des semaines qui suivirent la tragédie, dans la presse ou en publiant leurs souvenirs ?
Par conséquent, un minimum de décence eut voulu que ces mêmes survivants respectent à leur tour la douleur des familles de nos soldats. Mais c’est trop leur
demander. Charlie Hebdo aurait-il le monopole de la souffrance ?
Faut-il pleurer pour Charlie et rire quand nos soldats meurent en Opex ?
Cet hebdomadaire se veut le symbole de la liberté d’expression, ce joyau inestimable qui fait la grandeur des véritables démocraties, soit. Mais un tel trésor,
on se doit de le protéger sans le salir, sans le déshonorer.
Mais visiblement, la direction de Charlie Hebdo, qui n’a pas daigné répondre à la vague d’indignation qui a
submergé nos armées et une partie de la classe politique, a perdu la mémoire.
Dois-je rappeler à cette direction l’immense émotion qui avait gagné le monde entier après la tuerie du 7 janvier 2015 ?
Dois-je lui rappeler que toute la planète a manifesté son soutien indéfectible aux victimes ?
Dois-je lui rappeler que des chefs d’État étrangers se sont déplacés à Paris pour affirmer leur attachement aux libertés en clamant « Je suis Charlie » ?
Dois-je lui rappeler que devant toutes les ambassades de France à travers le monde, des gens se rassemblaient pour dire
qu’ils se sentaient français ?
Dois-je rappeler que cette direction ne crache pas sur la protection policière qui lui est accordée, ni sur l’opération Sentinelle qui protège les citoyens
?
Dois-je rappeler que Charlie Hebdo fut ajouté à la liste des citoyens d’honneur de la ville de Paris ? Voici le discours d’Anne Hidalgo pour l’occasion
:
« Cette distinction, extrêmement élevée, très peu attribuée, est réservée aux défenseurs les plus emblématiques des droits
de l’homme de par le monde. Elle a récompensé d’immenses résistants à la dictature et à la barbarie. En choisissant de la remettre à Charlie Hebdo, Paris, notre ville, accorde à un journal héroïque le respect dû aux héros. »
« Le respect dû aux héros », ça ne vous dit rien, Messieurs de la direction ?
Il est trop facile de cracher sur les institutions régaliennes, tout en acceptant la protection de l’État et
les honneurs officiels. Salir la mémoire de nos soldats morts au combat, c’est cracher sur la nation.
Dois-je enfin rappeler qu’il y eut trois jours de deuil national en hommage aux victimes de la
barbarie islamiste ?
Toute la nation s’est associée à la douleur et à la détresse des survivants de Charlie Hebdo et de leurs familles. L’élan fut unanime dans le monde.
Tous les pays européens, bien sûr, mais aussi les États-Unis, le Canada, Israël, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde, la Turquie, l’Argentine, le Mexique et
bon nombre de pays arabes, Libye, Égypte, Syrie et bien d’autres, avaient manifesté leur soutien.
En janvier 2015, c’est toute la planète qui se sentait française en hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Tous vous
soutenaient.
Et aujourd’hui, vous osez salir la mémoire de nos soldats avec des dessins sordides qui indignent nos armées et ajoutent
à la douleur des familles ?
Un tel comportement vous rabaisse dans des proportions que vous n’imaginez même pas.
Vous n’êtes même pas capables de rendre à nos soldats le centième de la compassion et du soutien dont vous avez
bénéficié en 2015. Vous êtes pitoyables.
Certains de ces soldats morts en combattant les jihadistes, ces mêmes fous d’Allah qui vous ont massacrés, avaient
à peine dépassé 20 ans ! D’autres, plus âgés, laissent une veuve et des orphelins. Et ça vous amuse ?
Ils sont tous des héros. Mais savez-vous seulement ce qu’est le métier de soldat ? Le courage, le sens de l’honneur et du devoir, le don de soi, l’esprit de
corps et une camaraderie indéfectible ? À en juger par vos dessins, pour vous, tout cela est sans doute ringard.
Des valeurs sublimes dont vous vous gaussez, alors que sans cette jeunesse admirable qui s’engage pour servir et
nous protéger, VOUS protéger, les mêmes qui vous ont massacrés en 2015 seraient rapidement les maîtres du pays. Mais en êtes-vous conscients ?
Non, évidemment, et vous venez de le prouver de la façon la plus sinistre qui soit. Depuis la parution de ces dessins sordides, vous êtes davantage le symbole du déshonneur et de l’indécence que de la liberté d’expression !
Jacques Guillemain
Ex-officier de l’armée de l’air. Pilote de ligne retraité. Un “lépreux” parmi ces millions de patriotes qui défendent leur identité et leur patrimoine culturel.
...cet article me servira de conclusion pour fermer définitivement cette page. JMR
Commentaires: 1
#1
Alkali(vendredi, 29 novembre 2019 08:43)
Encore 13 hommes de valeur qui sont partis. Toutes nos condoléances à leurs proches et familles.
Les militaires qui les dirigent et qui ont écrit ces articles ci dessus sont unanimes : ils sont morts pour la France. Mais est ce aussi vrai ?
Ne sont ils pas morts pour des intérêts étranges et étrangers à la France, quand ce n'est pas contre la France. Ne sont ils pas morts pour la Banque, l'industrie minière privée, l'Oligarchie et la
ploutocratie qui dirige le pays dénommé France mais qui n'en a plus que le nom.
Les gens qui ont envoyé ces soldats pour des intérêts privés les manipulent par le biais de leur patriotisme, et ne cessent de répéter que "c'est pour la France", afin de ne laisser aucun doute
s'insinuer et faire perdurer leurs guerres pour Israel et son soldat/esclave USA.
Que fais la France qui après avoir amené les islamistes en Libye et les avoir fait se disperser en Afrique fait mine de lutter contre ceux qui furent les soldats de l'ombre de ces intérêts
criminels.
Nos soldats devraient faire la guerre à cette élite, politique médiatique qui détient tant la justice que les plus hauts postes de la police et de l'armée.
La France a été manipulée dans les plus gros chaos humain le siècle dernier, et encore manipulée par le culte des "morts pour la patrie" alors qu'ils sont morts pour les marchands d'armes qui eux
n'ont aucune patrie et ne font que se servir de nos égos et émotions comme ils l'ont fait le 11 septembre.
Tant que tout tout le monde se taira sur les mensonges de l'histoire, les manipulations resterons possibles car elles reposent entièrement sur ces Hoax monstrueux où le bourreau se fait passer pour
la victime. Grace au rayon paralysant de l'accusation d'antisémitisme et de complotisme, les meilleurs d"entre nous sont utilisés comme les bras armés de cette mafia qui surplombe le pays dans les
postes les plus élevés.
Alkali (vendredi, 29 novembre 2019 08:43)
Encore 13 hommes de valeur qui sont partis. Toutes nos condoléances à leurs proches et familles.
Les militaires qui les dirigent et qui ont écrit ces articles ci dessus sont unanimes : ils sont morts pour la France. Mais est ce aussi vrai ?
Ne sont ils pas morts pour des intérêts étranges et étrangers à la France, quand ce n'est pas contre la France. Ne sont ils pas morts pour la Banque, l'industrie minière privée, l'Oligarchie et la ploutocratie qui dirige le pays dénommé France mais qui n'en a plus que le nom.
Les gens qui ont envoyé ces soldats pour des intérêts privés les manipulent par le biais de leur patriotisme, et ne cessent de répéter que "c'est pour la France", afin de ne laisser aucun doute s'insinuer et faire perdurer leurs guerres pour Israel et son soldat/esclave USA.
Que fais la France qui après avoir amené les islamistes en Libye et les avoir fait se disperser en Afrique fait mine de lutter contre ceux qui furent les soldats de l'ombre de ces intérêts criminels.
Nos soldats devraient faire la guerre à cette élite, politique médiatique qui détient tant la justice que les plus hauts postes de la police et de l'armée.
La France a été manipulée dans les plus gros chaos humain le siècle dernier, et encore manipulée par le culte des "morts pour la patrie" alors qu'ils sont morts pour les marchands d'armes qui eux n'ont aucune patrie et ne font que se servir de nos égos et émotions comme ils l'ont fait le 11 septembre.
Tant que tout tout le monde se taira sur les mensonges de l'histoire, les manipulations resterons possibles car elles reposent entièrement sur ces Hoax monstrueux où le bourreau se fait passer pour la victime. Grace au rayon paralysant de l'accusation d'antisémitisme et de complotisme, les meilleurs d"entre nous sont utilisés comme les bras armés de cette mafia qui surplombe le pays dans les postes les plus élevés.