Lors du sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Washington, l’attention s’est portée sur l’Ukraine. Dans la Déclaration de
Washington, les dirigeants de l’OTAN ont écrit : «L’avenir de
l’Ukraine est dans l’OTAN».
L’Ukraine a officiellement demandé à adhérer à l’OTAN en septembre 2022, mais elle s’est vite aperçue que, malgré le large soutien de l’OTAN, plusieurs
États membres (comme la Hongrie) n’étaient pas à l’aise avec l’idée d’une escalade du conflit avec la Russie. Dès le sommet de l’OTAN à Bucarest en 2008, les membres ont salué
«les
aspirations euro-atlantiques de l’Ukraine et de la Géorgie à l’adhésion à l’OTAN. Nous sommes convenus aujourd’hui que ces pays deviendront membres de l’OTAN». Toutefois, le
Conseil de l’OTAN a hésité en raison du conflit frontalier avec la Russie. Si l’Ukraine avait été intégrée à la hâte dans l’OTAN et si le conflit frontalier s’était aggravé (comme ce
fut le cas), l’OTAN aurait été entraînée dans une guerre directe contre la Russie.
Au cours de la dernière décennie, l’OTAN a renforcé sa présence militaire le long des frontières de la Russie. Lors du sommet de l’OTAN au Pays de
Galles (septembre 2014), l’OTAN a mis en œuvre son plan d’action rapide (Readiness Action Plan – RAP). Ce plan a été conçu pour augmenter les forces militaires de l’OTAN en Europe de
l’Est «de la mer
Baltique au nord à la mer Noire au sud». Deux ans plus tard, à Varsovie, l’OTAN a décidé de développer une présence avancée renforcée (eFP) dans la région de la mer Baltique avec
des «groupements
tactiques stationnés en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne». La distance entre Moscou et les régions frontalières de l’Estonie et de la Lettonie n’est que de 780
kilomètres, ce qui est bien en deçà de la portée d’un missile balistique à courte portée (1 000 kilomètres). En réponse au renforcement de l’OTAN, le Belarus et la Russie ont organisé
Zapad 2017, le plus grand exercice militaire de ces pays depuis 1991. À l’époque, des personnes raisonnables auraient pensé que la désescalade aurait dû devenir la priorité de toutes
les parties. Mais ce n’était pas le cas.
Les provocations des États membres de l’OTAN se sont poursuivies. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, les pays de l’OTAN ont décidé de
soutenir pleinement l’Ukraine et d’empêcher toute négociation en vue d’un règlement pacifique du conflit. Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont envoyé des armes et des
équipements à l’Ukraine, et les hauts responsables militaires américains ont fait des déclarations provocatrices sur leurs objectifs de guerre (par exemple, «affaiblir la Russie»).
Les discussions entre les Ukrainiens et les responsables russes au Belarus et en Turquie ont été mises de côté par l’OTAN, et le véritable objectif de guerre de l’Ukraine (le simple
retrait des forces russes) a été ignoré. Au lieu de cela, les pays de l’OTAN ont dépensé des milliards de dollars en armement et ont regardé les soldats ukrainiens mourir dans une
guerre futile. En marge du sommet de l’OTAN à Washington, l’amiral Rob Bauer de la marine royale néerlandaise, qui préside le comité militaire de l’OTAN, a déclaré à Foreign
Policy : «Les Ukrainiens
ont besoin de plus pour gagner que ce que nous avons mis en place». En d’autres termes, les États membres de l’OTAN fournissent à l’Ukraine juste assez d’armes pour poursuivre le
conflit, mais pas pour changer la situation sur le terrain (que ce soit par une victoire ou une défaite). Les États de l’OTAN semblent vouloir utiliser l’Ukraine pour saigner la
Russie.
Accuser la
Chine
La Déclaration de Washington de l’OTAN contient une section qui laisse perplexe. Il y est dit que la Chine «est devenue un
soutien décisif de la guerre de la Russie contre l’Ukraine». L’expression «soutien
décisif» a suscité une vive attention en Chine, où le gouvernement a immédiatement condamné la façon dont l’OTAN qualifie la guerre en Ukraine. Le porte-parole du ministère
chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la déclaration de l’OTAN «est mal motivée
et n’a aucun sens». Peu après l’entrée des troupes russes en Ukraine, Wang Wenbin, du ministère chinois des affaires étrangères, a déclaré que «la souveraineté
et l’intégrité territoriale de tous les pays devraient être respectées et maintenues». C’est exactement le contraire de l’encouragement à la guerre, et depuis lors, la Chine a
présenté des propositions de paix pour mettre fin à la guerre. Les accusations selon lesquelles la Chine aurait fourni à la Russie une «aide létale»
n’ont pas été prouvées par les pays de l’OTAN et ont été démenties par la Chine.
Lin Jian a posé deux questions essentielles lors de la conférence de presse du 11 juillet 2024 à Pékin : «Qui exactement
alimente les flammes ? Qui, exactement, «permet le conflit ?». La réponse est claire puisque c’est l’OTAN qui rejette toute négociation de paix, les pays de l’OTAN qui arment
l’Ukraine pour prolonger la guerre, et les dirigeants de l’OTAN qui veulent étendre l’OTAN vers l’est et refuser le plaidoyer de la Russie pour une nouvelle architecture de sécurité
(tout cela est démontré par la parlementaire allemande Sevim Dağdelen dans son nouveau livre sur les 75 ans d’histoire de l’OTAN). Lorsque le Hongrois Viktor Orban – dont le pays
assure la présidence semestrielle de l’Union européenne – s’est rendu en Russie et en Ukraine pour parler d’un processus de paix, ce sont les États européens qui ont condamné cette
mission. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a répondu par un blâme sévère à l’égard de Orban, écrivant que «l’apaisement
n’arrêtera pas Poutine». Parallèlement à ces commentaires, les Européens et les Nord-Américains ont promis de fournir à l’Ukraine des fonds et des armes pour la guerre. Il est
frappant de constater que le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a même autorisé l’Ukraine à utiliser un avion à réaction F-16 des Pays-Bas, donné à l’Ukraine lorsque M.
Rutte était premier ministre de ce pays, pour frapper le sol russe. Cela signifie que les armes d’un pays de l’OTAN seraient utilisées directement pour attaquer la Russie, ce qui
permettrait à la Russie de riposter contre un État de l’OTAN.
La déclaration de l’OTAN qualifiant la Chine de «facilitateur
décisif» a permis à l’Alliance atlantique de défendre son opération «hors zone» en mer de Chine méridionale dans le cadre de la défense de ses partenaires européens. C’est ce qui
a permis à l’OTAN de déclarer, comme l’a fait le secrétaire général sortant Jens Stoltenberg lors d’une conférence de presse, que l’OTAN doit «continuer à
renforcer ses partenariats, en particulier dans l’Indo-Pacifique». Ces partenaires indo-pacifiques sont l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud. Il est
intéressant de noter que le principal partenaire commercial de trois de ces pays n’est pas les États-Unis, mais la Chine (le Japon étant le cas particulier). Même les analystes de la
Banque fédérale de réserve étasunienne ont conclu que «la déconnexion
des processus de production et de consommation mondiaux de la Chine n’est pas en vue». Malgré cela, ces pays ont imprudemment augmenté la pression contre la Chine (y compris la
Nouvelle-Zélande, qui est maintenant désireuse de rejoindre le pilier II du traité AUKUS entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni). L’OTAN a déclaré qu’elle restait ouverte
à un «engagement constructif» avec la Chine, mais il n’y a aucun signe d’une telle évolution.
Il est utile de méditer comme le font les Russes aujourd’hui sur la capacité d’innovation dans les rapports de force des Chinois : face au bellicisme,
au défi de l’hégémonie occidentale, ils répondent en matière de puissance «il est difficile de savoir qui est le plus fort mais nous nous sommes plus intelligents alors nous allons
vaincre». Les Russes qui ont conscience d’avoir porté à bout de bras toute la volonté d’émancipation du prolétariat et des pays colonisés durant tout le vingtième siècle, ont d’autant
plus de mérite à reconnaitre cette stratégie qu’ils se considèrent avec raison comme ayant subi et subissant une injustice historique et l’appréciation de leur rôle… Mais les USA,
l’OTAN, les vassaux européens en les traitant comme ils l’ont fait, les ont forcés à un partenariat stratégique qui découvre l’art de la guerre des Chinois. Nous devrions en faire
autant et perdre un peu de temps pour en gagner avec la considération de l’adversaire, du contexte géopolitique et donc le retour à une stratégie qui ne soit pas seulement la course à
l’échalote de la conservation d’un portefeuille d’élus. Rien de plus utile que la compréhension de ce destin commun qui se joue et conditionne les luttes des classes et la bataille
pour les souverainetés nationales.
Danielle Bleitrach
*
par Dmitri
Kossyrev
Si vous êtes l’une des deux superpuissances mondiales et que vous recevez un défi clair et précis de la part de l’autre puissance, essentiellement une
menace pour votre existence, comment réagissez-vous ? La Chine l’a fait d’une manière inattendue et très chinoise. En gros : lequel de nous deux est le plus fort, difficile à dire,
mais nous sommes plus intelligents et donc nous gagnerons.
C’est ce qui s’est passé lors du récent sommet de l’OTAN à Washington. Et du «troisième plénum» du Comité central du PCC qui s’est achevé jeudi, annoncé
à l’avance par la quasi-totalité des médias mondiaux comme un événement capital pour le monde entier, et pas seulement pour la Chine.
Les Occidentaux, rappelons-le, ont placé pour la première fois Pékin devant Moscou, déclarant dans la déclaration finale que la puissance asiatique
«remet
en cause les intérêts, la sécurité et les valeurs de l’OTAN» et exposant plusieurs mesures pour éliminer cette «menace». Naturellement, les diplomates chinois ont trouvé des mots
pour répondre. Mais la communauté mondiale des experts attendait une réponse différente, c’est-à-dire les résultats de ce même plénum – le troisième après le Congrès du Parti, et
traditionnellement consacré à l’économie. Le fait est que les mots sont des mots, mais que les mesures concrètes, ça c’est du sérieux.
Certains auraient pu s’attendre à ce que l’économie chinoise soit mise sur le pied de guerre, avec la nationalisation de tout ce qui est imaginable et
la concentration des efforts pour repousser les menaces militaires, etc. Mais pour la plupart, les attentes étaient différentes : qu’en est-il des finances, des investissements, etc.
Le fait est que, depuis des mois, une guerre de l’information s’est engagée autour de l’idée que «la Chine ralentit et meurt». Elle est en train de mourir à cause de la quarantaine
insensée de trois ans imposée par le virus, et parce que c’est au cours de cette période que la guerre économique des États-Unis contre un concurrent mondial s’est intensifiée, avec
une restriction totale de toute exportation de haute technologie de la Chine vers les pays occidentaux.
Il faut dire ici que le sommet de l’OTAN et le plénum de Pékin ne sont que de nouveaux épisodes de la lutte pour le leadership mondial, et cette lutte a
commencé en 2018, avec les premières restrictions de l’administration de Donald Trump à l’encontre des systèmes de communication de ses rivaux. Depuis lors, le monde entier observe
les moindres détails de cette bataille acharnée. Ce qui est compréhensible : l’existence de pratiquement tous les pays en dépend. Peu importe qui est la première économie ici et qui
est la deuxième (la réponse dépend du système de comptage), ce qui compte, c’est qu’elles représentent chacune environ 18% du PIB mondial. Ainsi, même des mesures apparemment purement
nationales sur l’économie, en RPC ou aux États-Unis, affectent littéralement tout le monde. C’est important. Et ce qui est encore plus important, c’est qu’aujourd’hui, chacune des
parties opposées met en avant sa propre idéologie clairement établie sur la façon dont le monde de demain devrait être construit. En outre, chaque camp s’efforce activement de faire
en sorte que ce soit son idéologie et sa vision de l’avenir qui l’emportent.
La gravité des intentions et des enjeux : on ne peut pas faire plus sérieux. La partie attaquante – les États-Unis – estime qu’il ne s’agit pas de
savoir qui est le premier ou le second, mais de la crise systémique de l’ensemble du projet américain. C’est vrai, et cette vérité ne concerne pas seulement l’effondrement et la
dégradation du système politique, la confrontation entre les deux moitiés de la société, et tout le reste. Le fait est que les 18% du PIB mondial mentionnés – chez les deux puissances
est d’une nature différente. Un exemple récent : nous avons récemment appris que la Russie était entrée dans le top 10 des pays ayant un excédent commercial. Le leader de ce top 10 –
c’est-à-dire du monde – est la première puissance en termes de commerce extérieur, la Chine. Et les États-Unis ne sont pas deuxièmes ou troisièmes, ils sont également premiers, mais
dans une liste complètement différente, celle des pays déficitaires. Et n’oublions pas qui est le premier producteur mondial (de biens, pas de services) et bien d’autres choses
encore.
La réponse à la question «que doit faire l’Amérique» est donnée aujourd’hui, par exemple, par J.D. Vance, candidat à la vice-présidence sous Trump. Sa
recette stratégique consiste à sortir les États-Unis de la crise ukrainienne et des affaires européennes, et à se concentrer sur l’écrasement de la Chine, y compris militairement
(avec l’aide de Taïwan), faute de quoi l’Amérique ne pourra pas retrouver son avantage manufacturier et technologique. En réalité, M. Vance ne fait que répéter ce que la moitié
républicaine du pays dit depuis des années, tandis que les démocrates ont, en paroles et en actes, une version édulcorée de la même doctrine. Cette doctrine est simple : pour sauver
les États-Unis, nous devons écraser la Chine. Économiquement, politiquement, peu importe. Déployer tous les membres de l’alliance occidentale pour ce combat, et forcer même ceux qui
ne font pas partie de l’alliance à se joindre à la lutte. Il s’agit d’une tâche de plusieurs décennies, qui nécessite la mobilisation totale de toutes les forces de la nation, et pas
seulement d’une nation.
Et maintenant, la réponse chinoise à ce défi. Tout ici est subtil et nécessite, comme toujours, un décryptage. Il est à noter que le «troisième plénum»,
qui s’est déroulé à huis clos, n’a fait aucune déclaration spectaculaire et s’est contenté, dans son document final, de confirmer la poursuite de la démarche entamée il y a plusieurs
mois. Mais avant même le plénum, la communauté des experts chinois a tenté d’expliquer l’importance de l’événement.
Premièrement : pas de mobilisations et de nationalisations, pas d’économie militaire en vase clos, pas de «retour à Mao Zedong». Le cap du soutien aux
entreprises privées et de la revitalisation de l’initiative privée est confirmé. Ensuite, sur le plan purement interne, le système fiscal sera modifié pour empêcher les gouvernements
provinciaux de de se livrer à la spéculation et de s’endetter. Mais le troisième point, le plus important, c’est que les dirigeants chinois confirment qu’ils conçoivent leur monde
idéal exactement à l’opposé de celui des États-Unis. Et ils le construiront. Il ne s’agit pas de leurs affaires internes, mais des nôtres. La version américaine de l’économie
mondiale, et avec elle de la politique, implique un camp assiégé pour les États-Unis et leurs alliés. Dans ce camp, les décisions sont prises non pas sur la base de leur rentabilité,
mais dans le but d’empêcher la Chine (et, naturellement, la Russie et bien d’autres) d’accéder à leurs marchés. En d’autres termes, ce camp doit gagner la compétition avec les autres
sur la base de l’opportunisme politique et idéologique.
Tandis que la Chine, comme la Russie, parle d’ouverture du monde. Et là, il y a une innovation idéologique, qui date déjà de plusieurs mois, mais c’est
le «Troisième Plénum» qui s’en est emparé pour de bon. L’idée est la suivante : la Chine a fait un saut historique de la «coexistence pacifique» à un monde de «destin commun».
Ajoutons que nous tous, sur cette planète, avons également fait un tel saut, du moins c’est ainsi que les dirigeants chinois voient la situation. Peu importe qui, du commissaire du
peuple aux affaires étrangères Gueorgui Tchicherine en 1922 ou de Mao Zedong négociant avec l’Inde en 1954, a été le premier à imaginer le principe de la coexistence pacifique. Ce qui
est important, c’est qu’à l’époque précédente, il était possible de parler de deux systèmes économiques, voire plus, qui pouvaient plus ou moins vivre leur vie derrière une barrière
infranchissable, se rapprocher ou s’ouvrir l’un à l’autre, avoir des discussions idéologiques, se concurrencer dans le domaine de la technologie et dans tout autre domaine….. Et
maintenant, l’économie a changé, elle ne peut fonctionner correctement que si les marchés sont aussi ouverts que possible. Car même un marché d’un milliard et demi de personnes (Inde,
Chine) n’est plus adapté à de nombreux nouveaux biens et services, il doit être plus grand.
Le monde de la destinée commune est un monde qui commerce ouvertement selon des règles communes et sans sanctions, et qui est multipolaire, c’est-à-dire
qui respecte la différence des civilisations et des systèmes politiques, où personne ne menace l’autre. En fait, il s’agit de notre monde, et le concept chinois de «destin commun»
est, à certains endroits, textuellement similaire aux documents de politique étrangère russes. Cela n’a rien de surprenant. Ce qui sera surprenant, c’est la suite des événements,
lorsque le bloc occidental et le reste du monde créeront leur propre destin commun ou privé. Et cette compétition prendra plus d’un an.
Si les EU montrent leurs muscles et que les «alliés» européens rentrent dans le rang, le billet vert restera la seule monnaie de l’Occident et
l’économie étasunienne pourra se remettre à produire et pas seulement du papier. Entre bulles financières et agences de notation (même l’ESG) dans les mains des grands fonds.
Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a annoncé que les taux d’intérêt aux EU resteraient élevés. Il est clair que les États-Unis veulent
continuer à drainer l’épargne du monde entier pour financer leur économie, mais pour payer des taux aussi élevés afin d’attirer les épargnants du monde entier, ils ont besoin que le
dollar soit la seule monnaie du monde.
C’est pourquoi le sommet de l’OTAN a proclamé l’entrée de l’Ukraine, avec le soutien immédiat d’une Europe satisfaite de son atlantisme qui lui impose
le dollar avec lequel les États-Unis financent leur économie au détriment de celle de l’Europe. Si les États-Unis montrent leurs muscles et que les «alliés» européens rentrent dans le
rang, le billet vert restera la seule monnaie de l’Occident et l’économie étasunienne pourra recommencer à produire, et pas seulement du papier.
Pendant ce temps, les agences de notation, détenues par de grands fonds, dégradent la dette de la France «socialiste» parce qu’il vaut mieux prévenir
que guérir. Ce n’est peut-être pas un hasard si la Biélorussie annonce des manœuvres conjointes avec la Chine à la frontière polonaise : la dollarisation peut soumettre
l’Europe, mais elle n’est certainement pas digeste pour la plus grande puissance industrielle du monde. Dans ce contexte, Wall Street a progressé de près de 17% depuis le début de
l’année et le Nasdaq de 20%. Mais cette croissance n’est pas uniforme. Sept valeurs représentent à elles seules près de 38% de l’ensemble de l’indice S&P 500, une concentration
sans précédent.
Au début des années 1980, les bourses étasuniennes connaissaient des entreprises qui couraient beaucoup plus vite que d’autres, mais en termes de
valeurs absolues, l’explosion actuelle de la valeur de sept entreprises est sans précédent et présente toutes les caractéristiques d’une bulle. Qui paierait vraiment trois mille
milliards de dollars pour acheter Nvidia, ou plus de deux mille milliards pour acquérir Amazon ? La réponse est simple : personne. Il s’agit d’une fiction colossale
qui, à ce stade, freine la capacité de création de richesse du capitalisme financier occidental, États-Unis en tête. Les preuves sont nombreuses.
Taiwan Semiconductor Manufacturing Company Limited (Tmsc) est l’un des plus grands fabricants de semi-conducteurs au monde et possède plusieurs usines à
Taïwan, ainsi que dans d’autres parties die la planète. Elle réalise un chiffre d’affaires d’environ 70 milliards de dollars et emploie près de 70 000 personnes ; elle est le
fournisseur indispensable de Nvidia, qui emploie 28 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 60 milliards de dollars, sans disposer de sa propre capacité de production. En
termes de capitalisation – valeur de l’action – cependant, Tmsc a désormais atteint mille milliards de dollars, tandis que Nvidia a dépassé les trois mille ; une différence qui
s’explique mal si l’on ne considère pas que Tmsc ne compte pas parmi ses actionnaires les grands fonds, les «Big Three» (Vanguard, BlackRock et State Street), qui sont au contraire
présents dans Nvidia et lui fournissent de la liquidité. C’est ainsi que la finance construit des hiérarchies, souvent découplées de l’économie réelle.
Il est certain que la narration fonctionne beaucoup. Pendant longtemps, nous avons entendu parler de la «concurrence» entre Apple et Microsoft dans le
domaine de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, il s’avère qu’un représentant d’Apple siège au conseil d’administration d’OpenAI aux côtés de ceux de Microsoft.
Un autre discours dominant est celui qui identifie les critères ESG comme la nouvelle frontière de la durabilité des entreprises. ESG est un acronyme
qui signifie «environnement, social et gouvernance». Il s’agit en fait d’une notation qui évalue la manière dont une entreprise opère et se comporte dans ces trois domaines clés,
fournissant ainsi une mesure de sa performance durable. En d’autres termes, le respect des paramètres ESG devrait indiquer une stratégie d’entreprise cohérente avec la protection de
l’environnement, le respect des travailleurs et l’accent mis sur la finance non spéculative. C’est une bonne chose, pourrait-on dire. Mais qui mesure cette durabilité ? La
réponse est surprenante.
La principale agence mondiale d’attribution de notes ESG est MSCI, dont les actionnaires de référence sont Vanguard, BlackRock et State Street, qui
détiennent environ 25% de l’actionnariat de l’agence, auxquels il convient d’ajouter 10% supplémentaires aux mains des fonds auxquels participent les trois premiers. Ainsi, les
paramètres de durabilité sociale, environnementale et financière sont attribués par une agence détenue par les maîtres du monde. Le capitalisme est habillé par son meilleur styliste
pour revêtir le caractère du grand bienfaiteur.
La politique irresponsable de l’Alliance de l’Atlantique Nord vis-à-vis de l’Ukraine se poursuit, nourrissant de faux espoirs, rendant la paix moins probable et le conflit plus
dangereux.
Lors du sommet de l’OTAN de 2024 à Washington, consacré au 75èmee anniversaire de l’Alliance, les dirigeants ont
proposé à l’Ukraine une nouvelle dose de faux espoirs dans sa guerre contre la Russie, ce qui est pire que l’inaction.
Malgré une aide occidentale importante, il sera peut-être difficile pour Kiev de conserver ce qu’il possède. Cela suggère qu’il faudrait entamer des
négociations avec Moscou pour mettre fin ou même geler le conflit en concluant une trêve dès maintenant, avant que la situation sur le champ de bataille ne se détériore et que
l’espace de négociation ne se rétrécisse, écritPolitico.
Cependant, Washington et les capitales européennes, malheureusement, renforcent leur position, du moins en paroles, en continuant d’affirmer que
l’Ukraine rejoindra un jour l’OTAN. Les dirigeants de l’Alliance ont déclaré que Kiev se trouvait sur «une trajectoire
irréversible vers l’adhésion à l’OTAN».
Tout scénario possible d’adhésion de l’Ukraine représente un dilemme insoluble : le pays ne peut pas être accepté alors qu’il est en guerre avec la
Russie, car cela plongerait immédiatement l’OTAN et la Russie dans une crise nucléaire. De plus, tout engagement à défendre l’Ukraine à l’avenir ne serait pas un facteur de dissuasion
fiable.
La rhétorique des pays occidentaux sur un soutien total à l’Ukraine pourrait donner à Kiev de faux espoirs, ce qui entraînera des conséquences
négatives, car les intérêts des parties diffèrent. «De telles
affirmations ne sont pas seulement susceptibles de nous entraîner dans une guerre nucléaire. Elles créent le danger de donner de faux espoirs à l’Ukraine et de retarder le règlement
de la crise. Notre sympathie naturelle pour l’Ukraine ne doit pas être confondue avec une convergence totale d’intérêts», note Politico.
L’escalade du conflit correspond actuellement aux intérêts de l’Ukraine, tandis que les pays de l’OTAN s’y opposent.
Au cours des dernières semaines, les États-Unis ont signé un Pacte
de sécurité de 10 ans avec Kiev et ont approuvé l’utilisation d’armes américaines par les troupes ukrainiennes contre des cibles en Russie. Parallèlement, soutenu par les
dirigeants des pays baltes, le président français Emmanuel Macron a proposé d’envoyer
des troupes terrestres de l’OTAN en Ukraine, tandis que le général Charles Q. Brown Jr., président du Comité des chefs d’état-major interarmées des États-Unis, a laissé
entendre que l’envoi d’instructeurs de l’OTAN en Ukraine était inévitable.
Le garant de l’Alliance, les États-Unis, a déjà clairement montré qu’il ne se battrait pas et ne risquerait pas une guerre nucléaire pour l’Ukraine,
même alors que sa survie est en jeu. Les États-Unis n’ont pas d’intérêt vital en la matière. Cette opinion a
été exprimée sans équivoque par l’ancien président Barack Obama en 2016.
Mais comme le faisait remarquer Politico précédemment,
il serait insensé d’accepter l’Ukraine dans l’OTAN, que ce soit maintenant ou à terme.
Selon l’évaluation du journal, les promesses de l’Occident sont des paroles en l’air. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’est pas à l’ordre du jour pour
le moment. La proposition de Macron semble plutôt insignifiante, et le pacte des États-Unis est essentiellement symbolique. Néanmoins, même les fausses promesses peuvent receler un
danger réel.
Deuxième réunion de l’Alliance pour la Paix Multipolaire, cette fois-ci discutant de la faiblesse de l’Occident, pourquoi cela est en réalité une
mauvaise nouvelle pour la stabilité mondiale, et comment interpréter les derniers mouvements de l’OTAN et des autres partenaires. Le pivot de l’OTAN vers l’Asie-Pacifique sera un
grand problème car les néoconservateurs cherchent maintenant à déstabiliser les mécanismes de prévention des conflits ancestraux en Asie du Sud-Est.
Les bases :
A) La multipolarité n’est pas seulement une réalité émergente, c’est aussi une base préférable pour l’ordre mondial.
B) La neutralité est un outil important dans l’ensemble de la manière dont les nations se perçoivent et se positionnent dans le contexte de la sécurité
intégrée et indivisible.
C) L’OTAN est une organisation dangereuse et son expansion mondiale est indésirable et contraire à l’obtention d’une paix durable.
Vingt-quatre heures à peine se sont écoulées depuis le début du sommet de l’OTAN à Washington que l’importance cruciale – et, oserais-je dire,
historique – de cette rencontre est apparue dans toutes ses dimensions dramatiques.
C’est l’accord de défense signé entre la Pologne et l’Ukraine, annoncé et officialisé précisément à Washington, qui a ouvert les vannes. Le point
crucial est, à mon avis, le pouvoir accordé à la Pologne par l’Ukraine d’abattre tout objet volant survolant le ciel de l’Ukraine occidentale et jugé dangereux (drone, avion, missile,
etc.).
Une possibilité qui comporte déjà en soi d’énormes risques puisque les Russes ont déjà déclaré que si l’un de leurs avions ou missiles était touché par
la DCA déployée de l’autre côté de la frontière, ils n’hésiteraient pas à riposter. Il va sans dire que les Russes ont toujours fait de la prévisibilité un outil de gestion des
conflits afin que leurs adversaires puissent mieux réfléchir à leurs actions et savoir à quoi ils s’exposent. Il est clair que le principe de prévisibilité implique que ce qui est
déclaré doit être fait si les conditions jugées nécessaires sont réunies ; dans ces conditions, nous pouvons être sûrs que les Russes, s’ils sont frappés depuis le territoire
polonais, feront ce qu’ils ont publiquement déclaré pour ne pas perdre leur crédibilité.
L’autre élément clé du sommet de Washington a été révélé aujourd’hui par le secrétaire d’État américain Blinken qui a déclaré que des F-16 du Danemark
et des Pays-Bas (pays d’allégeance anglo-saxonne absolue) survoleront le ciel de l’Ukraine occidentale à partir de cet été.
C’est ici que l’affaire devient vraiment dangereuse pour les raisons suivantes :
1) On comprend pourquoi il était urgent de déclarer que la Pologne pouvait frapper les avions survolant le ciel de l’Ukraine occidentale. Il est
nécessaire de donner une protection maximale aux F-16 qui seront chassés par l’armée de l’air russe.
2) Il est également nécessaire de protéger par des tirs antiaériens polonais les aéroports d’Ukraine occidentale d’où décolleront les F-16 et où ils
seront évidemment armés et entretenus. Je n’envisage pas l’hypothèse selon laquelle les F-16 seront entretenus et armés sur des aérodromes situés sur le territoire de l’OTAN, puisque
Moscou a déjà déclaré que si cela se produisait, elle frapperait de toute façon ces aérodromes.
En définitive, ce qui ressort de manière flagrante de la lecture des deux annonces faites hier et aujourd’hui par Washington, c’est que l’OTAN est en
train d’établir une No Fly Zone dans l’ouest de l’Ukraine. Cette zone sera certainement envahie par les Russes, compte tenu d’un autre élément grave : Comme cela a déjà été mentionné
il y a plus d’un an, les Russes considèrent que les F-16 sont des avions approuvés pour le transport et l’utilisation d’armes nucléaires tactiques et qu’ils considéreront donc ces
avions comme des vecteurs potentiels d’une attaque nucléaire et, par conséquent, qu’ils doivent être abattus à tout prix.
Il ne semble pas exagéré de dire que l’OTAN est en train de réaliser une énorme provocation contre la Russie avec l’intention évidente de forcer Moscou
à tirer le premier coup de feu et à prendre ainsi la responsabilité de déclencher une guerre ouverte avec l’OTAN.
Un plan objectivement bien conçu qui, à mon avis, a également des objectifs de politique intérieure américaine : le début d’un conflit direct entre les
pays de l’OTAN (ou directement avec l’OTAN dans son ensemble) et la Russie confrontera le prochain locataire à une situation dans laquelle il n’y aura pas de retour en arrière
possible. Il n’est pas exclu, à mon avis, qu’il s’agisse de la surprise d’octobre, typique des années d’élections présidentielles aux États-Unis.
D’autres nouvelles en provenance de Washington nous incitent au pessimisme : Le nouveau Premier ministre britannique Starmer a confirmé l’autorisation
pour l’Ukraine d’utiliser des missiles de croisière britanniques Storm Shadow pour frapper en profondeur le territoire russe. Les Russes, cependant, ont déjà répondu que si des armes
britanniques étaient utilisées pour frapper le territoire russe, ils réagiraient contre la Grande-Bretagne.
La demande du secrétaire général de l’OTAN aux pays de l’alliance, dont l’Italie, de nouveaux systèmes antiaériens tels que notre Samp-T (qui ne coûte
«que» 800 millions d’euros) est également d’une importance considérable. Il est clair et évident que les stratèges militaires veulent couvrir l’Ukraine occidentale d’une sorte de dôme
de fer émanant de l’OTAN, dôme qu’ils voudraient impénétrable pour les Russes.
Il s’agit là d’un scénario très sombre : A l’heure actuelle, les pièces de l’échiquier sont manifestement parfaitement positionnées pour donner lieu à
un nouveau conflit général en Europe.
Enfin, il faut noter que la Chine, qui dans le document final en préparation à Washington sera définie par les pays de l’OTAN comme le «complice
décisif» de la Russie, a positionné un de ses contingents militaires à Brest pour un exercice anti-terroriste avec la Biélorussie, nouveau membre de l’OCS (Organisation de coopération
de Shanghai).
On n’a pas vu de soldats d’Extrême-Orient en Europe depuis l’époque de Gengis Khan, ce qui est aussi le signe d’une époque vraiment
extraordinaire.
Pour le bien de la sécurité des États-Unis et de la paix mondiale, les États-Unis devraient immédiatement abandonner la quête néoconservatrice d’hégémonie en faveur de la diplomatie
et de la coexistence pacifique.
En 1992, l’exceptionnalisme de la politique étrangère usaméricaine s’est emballé. Les États-Unis se sont toujours considérés comme une nation
exceptionnelle destinée à jouer un rôle de premier plan, et la disparition de l’Union soviétique en décembre 1991 a convaincu un groupe d’idéologues convaincus – connus sous le nom de
néoconservateurs – que les États-Unis devaient désormais régner sur le monde en tant que superpuissance unique et incontestée. Malgré les innombrables désastres de politique étrangère
provoqués par les néoconservateurs, la déclaration de l’OTAN de 2024 continue de promouvoir l’agenda néoconservateur, rapprochant le monde d’une guerre nucléaire.
Les néoconservateurs étaient à l’origine dirigés par Richard Cheney, secrétaire à la défense en 1992. Tous les présidents depuis lors – Clinton, Bush,
Obama, Trump et Biden – ont poursuivi le programme néoconservateur d’hégémonie usaméricaine, entraînant les États-Unis dans des guerres choisies perpétuelles, notamment en Serbie, en
Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye et en Ukraine, ainsi que dans l’expansion incessante de l’OTAN vers l’est, malgré la promesse claire faite en 1990 par les États-Unis et
l’Allemagne au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev que l’OTAN ne bougerait pas d’un pouce vers l’est.
L’idée centrale des néocons est que les États-Unis doivent dominer militairement, financièrement, économiquement et politiquement tout rival potentiel
dans n’importe quelle partie du monde. Cette idée vise en particulier les puissances rivales telles que la Chine et la Russie, et amène donc les États-Unis à une confrontation directe
avec elles. L’hybris yankee est stupéfiante : la majeure partie du monde ne veut pas être dirigée par les États-Unis, et encore moins par un État US clairement motivé par le
militarisme, l’élitisme et la cupidité.
L’acteur et
militant de CODE PINK Tighe Barry manifeste devant la Bibliothèque du Congrès lors d’un dîner
de l’OTAN pour les ministres des Affaires étrangères à Washington, le mercredi 10
juillet 2024. Photo Noah Berger, pigiste, AP
Le plan néoconservateur de domination militaire des États-Unis a été exposé dans le Projet pour un nouveau siècle américain (Project for a New American
Century). Ce plan prévoit l’expansion incessante de l’OTAN vers l’Est et la transformation de l’OTAN d’une alliance défensive contre une Union soviétique aujourd’hui disparue en une
alliance offensive utilisée pour promouvoir l’hégémonie des États-Unis. L’industrie usaméricaine de l’armement est le principal soutien financier et politique des néoconservateurs.
L’industrie de l’armement a été le fer de lance du lobbying en faveur de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est à partir des années 1990. Joe Biden a été un néoconservateur convaincu
dès le début, d’abord en tant que sénateur, puis en tant que vice-président et maintenant en tant que président.
Pour parvenir à l’hégémonie, les plans des néocons reposent sur les opérations de changement de régime de la CIA, les guerres choisies menées par les
États-Unis, les bases militaires usaméricaines à l’étranger (qui sont aujourd’hui au nombre de 750 dans au moins 80 pays), la militarisation des technologies de pointe (guerre
biologique, intelligence artificielle, informatique quantique, etc.) et l’utilisation incessante de la guerre de l’information.
La quête d’hégémonie des États-Unis a poussé le monde à une guerre ouverte en Ukraine entre les deux principales puissances nucléaires du monde, la
Russie et les États-Unis. La guerre en Ukraine a été provoquée par la détermination implacable des États-Unis à étendre l’OTAN à l’Ukraine malgré la fervente opposition de la Russie,
ainsi que par la participation des États-Unis au violent coup d’État de Maïdan (février 2014) qui a renversé un gouvernement neutre, et par la remise en cause par les États-Unis de
l’accord de Minsk II qui prévoyait l’autonomie des régions ethniquement russes de l’est de l’Ukraine.
La Déclaration de l’OTAN qualifie l’OTAN d’alliance défensive, mais les faits disent le contraire. L’OTAN s’engage de manière répétée dans des
opérations offensives, y compris des opérations de changement de régime. L’OTAN a dirigé le bombardement de la Serbie afin de diviser ce pays en deux parties, et a placé une base
militaire importante dans la région séparatiste du Kosovo. L’OTAN a joué un rôle majeur dans de nombreuses guerres choisies par les États-Unis. Les bombardements de l’OTAN sur la
Libye ont servi à renverser le gouvernement de Mouammar Kadhafi.
La quête d’hégémonie des États-Unis qui était arrogante et imprudente en 1992, est absolument délirante aujourd’hui, car les États-Unis sont clairement
confrontés à des rivaux redoutables capables de les concurrencer sur le champ de bataille, dans le déploiement d’armes nucléaires et dans la production et le déploiement de
technologies de pointe. Le PIB de la Chine est aujourd’hui supérieur d’environ 30% à celui des États-Unis lorsqu’il est mesuré aux prix internationaux, et la Chine est le producteur
et fournisseur mondial à faible coût de nombreuses technologies vertes essentielles, notamment les véhicules électriques, la 5G, l’énergie photovoltaïque, l’énergie éolienne,
l’énergie nucléaire modulaire et d’autres encore. La productivité de la Chine est aujourd’hui telle que les États-Unis se lamentent sur la «surcapacité» de la Chine.
Malheureusement, et de manière alarmante, la déclaration de l’OTAN répète les illusions néoconservatrices.
La déclaration affirme à tort que «la Russie porte
l’entière responsabilité de sa guerre d’agression contre l’Ukraine», ignorant les provocations usaméricaines qui ont conduit au déclenchement de la guerre en 2014.
La déclaration de l’OTAN réaffirme l’article 10 du traité de Washington, selon lequel l’expansion de l’OTAN vers l’est ne concerne pas la Russie.
Pourtant, les États-Unis n’accepteraient jamais que la Russie ou la Chine établisse une base militaire à leur frontière (par exemple au Mexique), comme ils l’ont déclaré pour la
première fois dans la doctrine Monroe en 1823 et l’ont réaffirmé depuis lors.
La déclaration de l’OTAN réaffirme l’engagement de l’OTAN en faveur des technologies de biodéfense, bien qu’il soit de plus en plus évident que les
dépenses de biodéfense des États-Unis par les Instituts nationaux de santé US ont financé la création en laboratoire du virus qui pourrait être à l’origine de la pandémie de
Covid-19.
La déclaration de l’OTAN proclame son intention de continuer à déployer des missiles antibalistiques Aegis (comme elle l’a déjà fait en Pologne, en
Roumanie et en Turquie), malgré le fait que le retrait des États-Unis du traité ABM et le placement de missiles Aegis en Pologne et en Roumanie ont profondément déstabilisé
l’architecture de contrôle des armes nucléaires.
La déclaration de l’OTAN n’exprime aucun intérêt pour une paix négociée en Ukraine.
La déclaration de l’OTAN insiste sur la «voie irréversible
de l’Ukraine vers une pleine intégration euro-atlantique, y compris l’adhésion à l’OTAN». Or, la Russie n’acceptera jamais l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, de sorte que
l’engagement «irréversible»
est un engagement irréversible à la guerre.
Le Washington
Post rapporte qu’avant le sommet de l’OTAN, Joe Biden avait de sérieux scrupules à s’engager sur une «voie
irréversible» vers l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, mais que ses conseillers ont balayé ces préoccupations d’un revers de main.
Les néoconservateurs ont créé d’innombrables désastres pour les États-Unis et le monde, notamment plusieurs guerres ratées, une accumulation massive de
la dette publique usaméricaine due à des milliers de milliards de dollars de dépenses militaires inutiles liées à la guerre, et la confrontation de plus en plus dangereuse des
États-Unis avec la Chine, la Russie, l’Iran et d’autres pays. Les néoconservateurs ont porté l’horloge de la fin du monde à 90 secondes de minuit (guerre nucléaire), contre 17 minutes
en 1992.
Dans l’intérêt de la sécurité des États-Unis et de la paix dans le monde, les États-Unis devraient immédiatement abandonner la quête néoconservatrice
d’hégémonie en faveur de la diplomatie et de la coexistence pacifique.
• Le
premier grand sujet du sommet était la consolidation des industries de défense occidentales, car, dans la pratique, les stocks de l’OTAN s’épuisent. Il existe une telle différence
avec leurs équivalents russes, que les armes détruites en Ukraine ne parviennent plus à être remplacées. Les Alliés ont donc adopté des plans nationaux de production. Ils se sont
également engagés à renouveler rapidement des moyens critiques en Ukraine, et plus particulièrement, les munitions et les systèmes de défense aérienne et antimissile.
• Le
second thème du sommet était la guerre contre la Russie en Ukraine, alors que la seconde ligne de défense ukrainienne vient d’être percée par les armes russes. Les Alliés ont décidé
d’établir le «Programme OTAN de formation et d’assistance à la sécurité en faveur de l’Ukraine» (NSATU) afin de coordonner les livraisons d’équipements militaires et les activités de
formation militaire organisées par les Alliés et leurs partenaires.
Comme on pouvait s’y attendre, les Alliés comptent dégager une enveloppe de base «d’au moins 40
milliards d’euros» pour l’année à venir et maintenir ensuite l’assistance à la sécurité à un niveau suffisant «pour que
l’Ukraine l’emporte» face à la Russie.
• Le
troisième objectif du sommet était d’étendre la zone d’intervention de l’OTAN à l’Asie-Pacifique dans le but de contenir la Chine. Jens Stoltenberg poursuit ce projet depuis
2019.1
Il a été confirmé par la National Security
Strategy du président Biden.2
C’est pourquoi le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, le Premier ministre néo-zélandais Christopher Luxon et
le vice-Premier ministre et ministre de la Défense de l’Australie, Richard Marles, avaient été invités.
– Ce projet se heurte cependant à un problème culturel : les pays de l’Asie-Pacifique sont souvent d’anciennes colonies des membres actuels de
l’OTAN. Ils se sont aujourd’hui affirmés en tant qu’états indépendants et se sont plus développés que les Occidentaux. Ils aspirent à la stabilité, tandis que l’OTAN ne leur promet
que de jouer un rôle dans des guerres à venir.
Les États-Unis ont d’abord pensé étendre l’OTAN via le «Quad» (États-Unis, Australie, Japon et Bharat). Mais les Indiens se sont nettement retirés,
choisissant de se tenir à égale distance de Washington et de Beijing. Ils ont donc substitué, en mai dernier, les Philippines à l’Inde, dans ce qu’ils nomment désormais le «Squad».
Ils tentent d’y joindre la Corée du Sud, d’où le traité de défense mutuelle, signé en juin par la Corée du Nord et la Russie.
Je souscris pleinement aux constats et conclusions clairement exprimés dans cette analyse. Cette vidéo peut être sous titrée en français par
réglage.
Par ailleurs, Viktor Orban, premier ministre Hongrois qui assure la
présidence tournante de l’UE depuis le 1er juillet, s’est lancé, sans perdre de temps, dans un marathon pour la Paix en Ukraine en cherchant à s’informer. Il est allé
rencontrer successivement Zelensky, Poutine et Xi Jinping avant d’aller représenter son pays au sommet de l’OTAN. Il est le seul
dirigeant occidental vraiment responsable de l’UE, avec une connaissance fraîche, directe et incontestable des positions des différents acteurs majeurs sur ce
conflit.
Évidemment, son action fait des jaloux et nos va-t-en guerre bien connus, von der Leyen et Macron en chefs de meute, lui sont tombés dessus en lui
contestant son droit à s’informer et bien sûr à toute initiative en faveur de la paix au nom de l’UE : «Orban
: le voyageur de la paix en Ukraine».
Il y a aussi deux autres événements importants du moment à évoquer :
la
rencontre à Moscou entre Modi et Vladimir Poutine. Une fois de plus, après ses récents voyages en Asie de l’Est ou centrale (Corée du Nord, Vietnam, Chine et
Kazakhstan pour le sommet de l’OCS, le dirigeant Russe prouve à l’occident que réaliser l’isolement de la Russie est aujourd’hui mission impossible. Il montre aussi qu’il est
serein et que le mandat d’arrêt international «bidon» lancé à son encontre par une CPI sous pressions occidentales en mars 2023, ne le gêne en aucune manière pour voyager,
rencontrer les chefs d’États amis, faire des affaires, développer et entretenir ses réseaux d’amitié.
La réunion
de l’OTAN aux USA, avec l’activisme conjoint de Viktor Orban et d’Erdogan contre le soutien sans fin à l’Ukraine et pour la Paix.
Le lecteur notera que, par une étrange
coïncidence, un missile attribué aux Russes aurait tué 20 enfants dans un hôpital pédiatrique ukrainien juste à la
veille de l’ouverture du sommet de l’OTAN, ce qui a provoqué l’hystérie habituelle de la meute médiatique occidentale et donc motivé les membres de l’OTAN les moins
bellicistes. Les russes, eux, disent que c’est encore un missile de défense antiaérienne du régime de Kiev qui a dysfonctionné.
En se fondant sur l’interminable
liste de mensonges avérés de l’occident otanien depuis 1990, et sur l’observation de la grande retenue des russes pour épargner les vies civiles en Ukraine, j’ai
évidemment tendance à croire la version russe. Le lecteur observera que l’occident fait beaucoup plus de cas d’un unique missile qu’il attribue aux russes et de la vie d’une vingtaine
d’enfants kiéviens, que de 14 000 tonnes de bombes ayant tué plus de 15 000 enfants palestiniens à Gaza. Cherchez l’erreur !
Citation choc (et superbe selon moi) de Viktor Orban, faite le 15 mars 2024 :
«Cette année, nous
pouvons mettre fin à cette époque peu glorieuse de la civilisation occidentale.Nous pouvons
mettre fin à l’ordre mondial fondé sur l’hégémonie libérale.
L’esprit
progressiste et libéral du monde a échoué. Elle (l’hégémonie libérale) a provoqué
guerres, chaos, troubles, effondrement économique et confusion dans le monde. Confusion dans la politique internationale, familles appauvries, détérioration de la sécurité publique
dans les rues et sur les places. C’est une époque étrange et un esprit étrange.
Soyons francs.
Cet ordre mondial a produit des dirigeants
incapables d’être des dirigeants. Ils ne sont pas aptes à cette tâche. Ils font beaucoup d’erreurs. Et à la fin, ils courent vers leur propre destruction» – Viktor
Orban
La lucidité de Viktor Orban me semble aujourd’hui inégalée au sein de l’Union européenne. A-t-il fait allusion au président français lorsqu’il a évoqué
des dirigeants inaptes à la fonction qu’ils exercent ?
Il est heureux qu’il assure la présidence tournante du Conseil du conseil européen depuis le 1er juillet.
Son habileté consiste à parler au nom de son pays tout en sachant que ses
interlocuteurs doivent s’imaginer qu’il parle au nom de l’UE. Les va-t-en guerre néocons européens qui n’ont cessé de promouvoir l’UE en scandant : «L’Europe c’est
la Paix !», et qui font l’exact contraire, n’ont pas fini d’être furieux contre lui pour les vérités qu’il assène sans retenue ni complexes à la face du monde. Il lui reste 5
mois et 20 jours pour continuer de s’exprimer en faveur de la Paix et il le fera probablement.
Le morceau de bois norvégien épileptique qui se présente comme secrétaire général de l’OTAN a livré une sacrée performance.
Nous sommes le monde. Nous sommes le peuple. Nous sommes l’OTAN. Et nous venons vous chercher – où que vous soyez, que vous le vouliez ou non.
Appelez cela la dernière itération pop de «l’ordre international fondé sur des règles» – dûment baptisé lors du 75e anniversaire de l’OTAN à
Washington.
La Majorité mondiale avait déjà été avertie, mais sous le techno-féodalisme, les cerveaux ont tendance à se réduire en bouillie.
«Nous mobiliserons
davantage l’ensemble des instruments à notre disposition, qu’ils soient politiques, économiques ou militaires, (mes italiques) pour poursuivre nos objectifs communs au profit de notre
milliard de citoyens».
Correction : à peine un million, faisant partie de la ploutocratie des 0,1%. Certainement pas un milliard.
Passons maintenant à la Déclaration
du sommet de l’OTAN de 2024 – manifestement expurgée, avec une médiocrité stellaire, par les Américains, avec l’assentiment des 31 autres membres vassaux assortis.
Voici donc le principal triptyque «stratégique» de l’OTAN en 2024 :
Des dizaines de milliards de dollars supplémentaires à venir en «assistance» à l’Ukraine croupion ; l’écrasante majorité de ces fonds se retrouvera
dans le complexe de blanchiment d’argent militaro-industriel.
Imposition forcée de dépenses militaires supplémentaires à tous les membres.
Intensification massive de la «menace chinoise».
En ce qui concerne la chanson thème du spectacle de l’OTAN 75, il y en a en fait deux. Outre «Menace chinoise» (générique de fin), l’autre (générique
d’ouverture) est «Libérez l’Ukraine». Les paroles sont à peu près les suivantes : il semble que nous soyons en guerre contre la Russie en Ukraine, mais ne vous laissez pas abuser :
l’OTAN ne participe pas à la guerre.
Ils sont même en train d’installer un bureau de l’OTAN à Kiev, mais ce n’est que pour coordonner la production d’une série de guerre de Netflix.
Ces
autoritaires malins
Le morceau de bois norvégien épileptique qui se présente comme secrétaire général de l’OTAN – avant l’arrivée de son remplaçant, le Gouda néerlandais –
a livré une sacrée performance. Il a notamment dénoncé avec virulence «l’alliance
croissante entre la Russie et ses amis autoritaires en Asie», c’est-à-dire «les dirigeants
autoritaires en Iran, en Corée du Nord et en Chine». Ces entités malignes «veulent toutes
que l’OTAN échoue». Il y a donc beaucoup de travail à faire «avec nos amis de
l’Indo-Pacifique».
«L’Indo-Pacifique» est une invention grossière de «l’ordre international fondé sur des règles». Personne en Asie, où que ce soit, n’a jamais utilisé ce
terme ; tout le monde se réfère à l’Asie-Pacifique.
La déclaration commune accuse directement la Chine d’avoir alimenté «l’agression» russe en Ukraine : Pékin est décrit comme un «facilitateur décisif» de
«l’effort de guerre» du Kremlin. Les scénaristes de l’OTAN menacent même directement la Chine : La Chine «ne peut pas
permettre la plus grande guerre en Europe de l’histoire récente sans que cela ait un impact négatif sur ses intérêts et sa réputation».
Pour contrer une telle malignité, l’OTAN développera ses «partenariats» avec les États de «l’Indo-Pacifique».
Avant même la déclaration du sommet, le Global
Times perdait déjà son sang-froid face à ces inepties : «Sous le battage
médiatique des États-Unis et de l’OTAN, il semble que la Chine soit devenue la «clé» de la survie de l’Europe, contrôlant le sort du conflit Russie-Ukraine comme une «puissance
décisive»».
Le festin rhétorique de D.C. ne suffira certainement pas à Pékin : l’hégémon veut simplement «s’étendre plus
profondément en Asie, en essayant d’établir une «OTAN Asie-Pacifique» pour aider à établir la «Stratégie Indo-Pacifique» des États-Unis».
L’Asie du Sud-Est, par le biais des canaux diplomatiques, est globalement d’accord : à l’exception des Philippins malavisés achetés et payés, personne
ne veut de graves turbulences en Asie-Pacifique, comme celles que l’OTAN a déclenchées en Europe.
Zhou Bo, maître de conférences au Centre pour la sécurité et la stratégie internationales de l’Université Tsinghua et officier de l’APL à la retraite, a également rejeté les
manigances indo-pacifiques avant même le sommet : nous avons eu un excellent échange à ce sujet à la fin de l’année dernière lors du Forum d’Astana au Kazakhstan.
Quoi qu’il en soit, l’Exceptionalistan continuera de tourner à plein régime. L’OTAN et le Japon ont décidé d’établir une ligne d’«information de
sécurité hautement confidentielle», fonctionnant en permanence. Comptez donc sur le docile Premier ministre japonais Fumio Kishida pour renforcer le «rôle pivot» du Japon dans la
construction d’une OTAN asiatique.
Toute personne dotée d’un cerveau, d’Urumqi à Bangalore, sait que la devise en Asie, pour les Exceptionnalistes, est «Aujourd’hui l’Ukraine, demain
Taïwan». La majorité absolue de l’ANASE et, espérons-le, l’Inde, ne tomberont pas dans le panneau.
Ce qui est clair, c’est que le cirque de l’OTAN à 75 ans n’a aucune idée de ce qui s’est passé lors du récent
sommet de l’OCS à Astana et qu’il n’en tient pas compte. En particulier lorsqu’il s’agit de l’OCS, qui se positionne désormais comme un nœud clé pour la mise en place d’un
nouvel accord de sécurité collective à l’échelle de l’Eurasie.
En ce qui concerne l’Ukraine, une fois de plus, Medvedev débranché, dans son style inimitable, a présenté
la position russe :
«La déclaration du
sommet de Washington du 10 juillet mentionne «la voie irréversible de l’Ukraine» vers l’OTAN. Pour la Russie, il y a deux façons possibles de terminer ce chemin : soit l’Ukraine
disparaît, soit c’est l’OTAN qui disparaît. Mieux encore, les deux».
En parallèle, la Chine mène des exercices militaires en Biélorussie quelques jours seulement après que Minsk soit devenue officiellement membre de
l’OCS. Traduction : oubliez «l’expansion» de l’OTAN vers l’Asie alors que Pékin montre déjà clairement qu’elle est très présente dans la prétendue «arrière-cour» de l’OTAN.
Une
déclaration de guerre contre l’Eurasie
Michael Hudson a une fois de plus rappelé à toutes les personnes dotées d’un cerveau que le spectacle belliciste de l’OTAN n’a rien à voir avec
l’internationalisme pacifique. Il s’agit plutôt d’une «alliance
militaire unipolaire des États-Unis menant à une agression militaire et à des sanctions économiques pour isoler la Russie et la Chine. Ou, plus précisément, d’isoler les alliés
européens et autres de ses anciens échanges commerciaux et investissements avec la Russie et la Chine, rendant ces alliés plus dépendants des États-Unis».
La déclaration de l’OTAN de 2024 est en fait une nouvelle déclaration de guerre, hybride et autre, contre l’Eurasie – ainsi que l’Afro-Eurasie (oui, il
y a des promesses de «partenariats» qui progressent partout, de l’Afrique au Moyen-Orient).
Le processus d’intégration de l’Eurasie concerne l’intégration géoéconomique, notamment les corridors de transport reliant, entre autres latitudes,
l’Europe du Nord à l’Asie occidentale.
Pour l’hégémon, il s’agit là du cauchemar ultime : l’intégration de l’Eurasie éloignant l’Europe occidentale des États-Unis et empêchant ce rêve
éternel, la colonisation de la Russie.
Par conséquent, seul le plan A s’appliquerait, avec une impitoyabilité absolue : Washington a littéralement fait exploser l’intégration Russie-Allemagne
(Nord Stream 1 et 2, et plus encore) et a transformé les terres vassales des Européens effrayés et déconcertés en un endroit potentiellement très dangereux, juste à côté d’une guerre
chaude qui fait rage.
Alors, une fois de plus, revenons au premier paragraphe du communiqué conjoint UE-OTAN de janvier 2023. C’est ce à quoi nous sommes confrontés
aujourd’hui, comme le reflète le titre de mon dernier livre, «Eurasia
v. NATOstan» : L’OTAN – en théorie – entièrement mobilisée, en termes militaires, politiques et économiques, pour lutter contre toutes les forces de la Majorité mondiale
susceptibles de déstabiliser l’Hégémonie impériale.
Le budget de sécurité nationale de
l’Amérique, qui s’élève à 1300 milliards de dollars, se nourrit de menaces fabriquées et d’ennemis faussement diabolisés. Et rien ne pourrait être plus démonstratif de cette
proposition que l’infamie totale qui a émané du sommet de l’OTAN à Vilnius.
Pour l’amour du ciel. Depuis la conférence de Munich sur la sécurité en 2007, l’homme (Poutine) n’a cessé de répéter que l’adhésion de l’Ukraine à
l’OTAN constituait une ligne rouge absolue. Et quiconque a la tête bien faite n’aurait aucun mal à accepter cette déclaration en répondant à une simple question.
En effet, comment Washington réagirait-il si la Russie installait des missiles et des armes nucléaires au Mexique, à Cuba, au Nicaragua, à Grenade, au
Venezuela ou même en Terre de Feu ?
Bien sûr, le président John F. Kennedy a
résolu cette question il y a 61 ans. Pourtant, l’ensemble de la conférence de Vilnius se résume à un concours de clins d’œil et de hochements de tête visant à dire au monde
que ce que JFK a dit ne pouvait pas se trouver à notre porte à l’époque, doit en fait se trouver à la porte de la Russie aujourd’hui. Un jour prochain, le Grand Hégémon du Potomac
placera des missiles US/OTAN à 40 minutes du Kremlin et le prétendu «agresseur» domicilié là-bas devra se taire et manger ses épinards géopolitiques.
Bon sang de bonsoir. L’idée même est un affront à la rationalité et une invitation imprudente à des frictions permanentes entre deux nations qui
détiennent à elles deux plus de 12 000 armes nucléaires. Pourtant, les mécréants réunis à Vilnius n’ont laissé aucune place au doute dans leur déclaration :
«L’avenir de
l’Ukraine est dans l’OTAN. Nous
réaffirmons l’engagement que nous avons pris au sommet de Bucarest en 2008, à savoir que l’Ukraine deviendra membre de l’OTAN, et nous reconnaissons aujourd’hui que le chemin de
l’Ukraine vers une intégration euro-atlantique complète a dépassé la nécessité du plan d’action pour l’adhésion. L’Ukraine est devenue de plus en plus interopérable et politiquement
intégrée à l’Alliance, et elle a accompli des progrès substantiels sur la voie des réformes».
La question se pose donc à nouveau. En quoi l’addition des parties et morceaux de la Novorossia, de la Pologne, de la Lituanie, de la Roumanie, des
Hétmanats cosaques, du Khanat de Crimée, du Royaume de Galicie et de Lodomérie et de nombreuses autres notes de bas de pages historiques qui ont été assemblées par les tyrans
soviétiques après 1920 pour former les frontières artificielles actuelles de l’Ukraine contribuerait-elle à la sécurité intérieure de l’Amérique, ici, de l’autre côté des fossés de
l’Atlantique et du Pacifique ?
La réponse est bien sûr qu’elle ne contribue en rien, comme dans nichts, nada et nugatory. L’OTAN n’a rien à voir avec la
sécurité, qu’elle soit collective ou autre. Il s’agit d’une relique totalement vestigiale de la guerre froide, créée pour contenir un empire soviétique totalitaire et armé jusqu’aux
dents, mais qui a depuis longtemps disparu dans les poubelles de l’histoire. George Bush l’Ancien aurait donc dû être parachuté sur la base aérienne allemande de Ramstein en
1991, déclarer la victoire et démanteler l’OTAN sur-le-champ.
Or, l’OTAN actuelle, boursouflée et composée de 31 pays, est en fait devenue un ennemi de la paix et de la sécurité. En effet, elle existe
principalement en tant que forum de marketing pour les fabricants d’armes occidentaux et en tant que groupe de réflexion pour générer de fausses menaces et des histoires effrayantes
conçues pour maintenir des budgets militaires amplement approvisionnés en ressources fiscales et des établissements militaires largement surdimensionnés bien pourvus en missions, en
mandats, en jeux de guerre et en travail occupé.
Le gigantesque appareil militaire de Washington et ses prolongements au sein de l’OTAN n’ont pas lieu d’être, car il n’existe aucune véritable menace
pour la liberté et la sécurité de la patrie américaine, où que ce soit sur la planète aujourd’hui, qui le justifie ne serait-ce que de loin.
La méga-menace de la guerre froide a pris fin avec l’Union soviétique. Aujourd’hui, le PIB de la Russie, qui s’élève à 1800 milliards de dollars, est
une véritable plaisanterie face aux 45 000 milliards de dollars de PIB des États-Unis et de l’OTAN. Son budget de défense de 85 milliards de dollars ne représente même pas 7% des
budgets de défense combinés de l’OTAN, qui s’élèvent à 1250 milliards de dollars.
En d’autres termes, les menaces militaires sérieuses
dans le monde actuel de l’armement avancé exigent soit une capacité écrasante de première frappe nucléaire, soit l’immense puissance industrielle et les 50 000 milliards de dollars de
PIB qui seraient nécessaires pour franchir les grandes digues océaniques et amener une armada d’invasion composée de forces conventionnelles massives sur les côtes du New
Jersey, soutenues par une vaste capacité de transport aérien et maritime et par des dispositions logistiques gigantesques qui ont à peine été imaginées par les auteurs les
plus fervents de fictions de guerre futuristes.
Il se trouve, bien entendu, que la Russie n’a aucune capacité nucléaire de mise en échec et qu’elle vient de démontrer qu’elle n’a pas la capacité
militaire industrielle et conventionnelle de conquérir et d’occuper même ce qui a été ses propres frontières et ses vassaux – des pays dont le PIB avant février 2022 s’élevait à peine
à 200 milliards de dollars.
Ce qui se dégage de Vilnius n’est donc pas un calcul rationnel sur les menaces tangibles que fait peser la Russie sur la sécurité. Il s’agit plutôt d’un
mélange de sorcières composé des mensonges, rationalisations, excuses et hypocrisies habituels qui occupent l’hégémon de Washington 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, partout dans le
monde. Ces bromes de la pensée de groupe et ces nostrums idéologiques comprennent des éléments tels que l’État de droit, l’ordre international d’après-guerre, le caractère sacré des
frontières, la responsabilité de protéger et la sécurité collective.
Dans le cas présent, la prétendue inviolabilité des frontières et les exigences en matière de «sécurité collective» sont particulièrement
flagrantes.
Biden et sa folle
administration (on se croirait dans un Mel Brooks) veut faire la guerre à la Chine et à la Russie, anéantir l’Europe vassale et terroriser le reste du monde. Ils soutiennent les nazis ici, et les
anciennes puissances fascistes et nazies là (Allemagne et Japon) qui devraient se confondre en excuses au lieu de jeter de l’huile de ricin sur le feu de ces guerres sans fin que tant de grands
esprits américains ont dénoncé en leur temps, de Charles Beard à Smedley Butler.
Néocons et impérialistes sont infatigables avec leur planche à billets et leurs news en bandeau ; même leurs déculottée récentes ne les arrêtent pas, ces imbéciles
de Nuland ou Kagan qui ont un vieux compte à régler la Russie (lisez Nietzsche ou Buchan, qui en savaient plus que les rédacteurs du Figaro). Ils me font parfois penser à Tom Cruise dans
Collatéral, tueur enragé qui doit exterminer tout un petit monde pendant une nuit disco et qui ne s’arrête que faute de munitions. Là il s’assoit (on est dans le métro) et il meurt. Qui viendra
VRAIMENT à bout des munitions américaines ? Qui viendra à bout du dollar, des consciences achetées, des populations avilies ? Ce pays empoisonne le monde depuis deux siècles, qu’il soit aux
ordres des Illuminati ou des prédateurs extraterrestres (cf. Castaneda) et ce sur le plan énergétique, militaire, juridique, militaire ou culturel. Ce pays qui n’en est pas un (États-Unis
d’Amérique ?) est une nuisance, il a été mis là pour mettre fin au monde (cf. Fukuyama) ; des dizaines de grands esprits l’ont dit, y compris américains (de Poe à Miller en passant par London ou
Sinclair), chacun à leur manière ; mais c’est Dostoïevski qui remarque que l’Amérique jouit d’un charisme extraordinaire digne d’Oz ; elle emmène le monde à sa suite c’est-à-dire à sa destruction
ontologique, comme le charmeur de Hamelin emmène ses rats.
Dostoïevski évoquant des « libéraux russes » :
Il a légué toute son immense fortune aux fabriques et aux sciences positives, son squelette à l’académie de la ville où il résidait, et sa peau pour faire un
tambour, à condition que nuit et jour on exécuterait sur ce tambour l’hymne national de l’Amérique. Hélas ! nous sommes des pygmées comparativement aux citoyens des États-Unis ; la Russie est
un jeu de la nature et non de l’esprit.
Dostoïevski encore :
Loin de là, dès le début, nous avions posé en principe, Kiriloff et moi, que nous autres Russes, nous étions vis-à-vis des Américains comme de petits enfants,
et qu’il fallait être né en Amérique ou du moins y avoir vécu de longues années pour se trouver au niveau de ce peuple. Que vous dirai-je ? quand, pour un objet d’un kopek, on nous demandait
un dollar, nous payions non seulement avec plaisir, mais même avec enthousiasme. Nous admirions tout : le spiritisme, la loi de Lynch, les revolvers, les vagabonds.
Tout est dit, et il n’y a rien à faire : si le plus grand écrivain du monde le dit…Les cons adoreront toujours l’Amérique, ils la diviniseront. Et si l’Amérique a
donné l’ordre à Ursula (qui d’ailleurs est américaine) d’exterminer les Européens, elle le fera, et tous les vaccinés Pfizer-Netflix seront d’accord.
Le problème est que l’Amérique restera nocive même si elle prend une branlée en Ukraine après en avoir pris une en Afghanistan et ailleurs : car cette entité n’est
pas un empire mais une matrice. Et au temps de l’intelligence ou plutôt de l’inintelligence artificielle cette matrice nous renvoie quand elle veut à l’âge de pierre (dixit Kilgore).
L’anéantissement culturel occidental est fait sur ordre et Macron est là pour en terminer avec la France, ce territoire repeuplé par un peuple nouveau, toujours très occupé et adorant
l’être.
Si vous pensez que j’exagère, lisez les grands historiens libertariens Beard, Flynn, Denson, Raico ou Shaffer Butler. Sur cet appétit de guerre humanitaire et cette
imbécillité ontologique, lisez aussi le grand historien d’extrême-gauche Howard Zinn. Il rappelle dans son histoire populaire de l’Amérique :
La guerre avait été menée par un gouvernement dont les principaux bénéficiaires – en dépit d’un certain nombre de réformes – étaient les membres de l’élite
fortunée de la nation. L’alliance tissée entre le gouvernement et les milieux d’affaires les plus influents remontait aux premières mesures présentées au Congrès par Alexander Hamilton,
immédiatement après la guerre d’Indépendance. Quand la Seconde Guerre mondiale survint, cette alliance s’était développée et consolidée (p. 472).
Depuis Hamilton et la guerre d’indépendance menée par des marchands et des propriétaires esclavagistes (ancêtres de Leyen d’ailleurs), les jeux sont faits. Zinn
ajoute après Tocqueville que l’Amérique adore la guerre :
Illustration d’une vieille leçon apprise par les gouvernements : la guerre règle les problèmes de maintien de l’ordre. Charles Wilson, président de la General
Electric Corporation, fut si satisfait de la situation en temps de guerre qu’il proposait de perpétuer l’alliance du militaire et de l’économique afin de pratiquer une « économie de guerre
permanente.
Ralph Raico a parlé de l’épouvantable rôle de Truman, rôle souligné ensuite par Kennan en personne (rappelons que les démocrates sont toujours plus dangereux que
les républicains, y compris, rappelle Zinn, quand il s’agit de baisser jusqu’à extinction les impôts des oligarques et milliardaires) :
Et c’est ce qui eut lieu. Lorsque, immédiatement après la guerre, l’opinion publique américaine, lassée par les combats, sembla favorable à la démobilisation et
au désarmement, l’administration Truman (Roosevelt était mort en avril 1945) travailla à créer une atmosphère de crise et de guerre froide. Certes, la rivalité avec l’Union soviétique était
bien réelle – ce pays, sorti du conflit avec une économie effondrée et vingt millions de morts, était en train de faire un incroyable retour en reconstruisant son industrie et en confortant
sa puissance militaire. Pourtant, l’administration Truman préférait présenter l’Union soviétique non comme un simple rival mais comme une menace immédiate.
La guerre sert à faire marcher, même mal, l’économie ; mais la guerre sert aussi à entretenir la peur, qu’elle soit contre le climat, la Russie, la Chine ou le
désormais obsolète terrorisme islamique ; Zinn ajoute :
Par une série d’actions, elle instaura un climat de peur – et une véritable hystérie vis-à-vis du communisme – qui entraîna l’escalade progressive du budget de
l’armée et la stimulation de l’économie nationale par le biais des commandes militaires. Cette combinaison permettait d’engager des actions plus agressives à l’étranger et plus répressives à
l’intérieur du pays (p. 482).
Parfois on va un peu trop loin (on est tombé sur un os en Ukraine, quoiqu’en pense les généraux Gamelin ou le colonel yoga – ou Yoda ?…) ; alors le public râle un
peu et on fait marche arrière :
En juillet de la même année, un sondage évaluant la confiance du public à l’égard du gouvernement entre 1966 et 1975 révélait que la confiance en l’armée était
passée de 62 % à 29 %, la confiance dans le monde des affaires de 55 % à 18 % et la confiance envers le président et le Congrès de 42 % à 13 %. Peu après, un autre sondage révélait que « 65 %
des Américains [s’opposaient] à l’idée d’une aide militaire américaine à l’étranger parce qu’ils [pensaient] qu’elle permet aux dictateurs d’opprimer leurs populations (p. 625).
Rassurez-vous, ce peuple bigarré américain qui est par excellence le peuple nouveau mondialisé-remixé-concassé a aussi une mémoire de poisson rouge. Alors on remet
ça, et on en est à 200 guerres (Oliver Stone) menées par le démocratique Oncle Sam. Zinn cite des dizaines d’opérations militaires en Amérique du sud et en Asie (pensons au Japon) dès le
dix-neuvième siècle : car on est là pour emmerder le monde, pour le « corriger » dans tous les sens du terme. Oh, cette scène
de Shining quand le père sévère explique dans sa pissotière comment il a corrigé ses petites filles…
On termine avec Orwell, qui explique génialement la guerre interminable :
La guerre, si nous la jugeons sur le modèle des guerres antérieures, est une simple imposture. Elle ressemble aux batailles entre certains ruminants dont les
cornes sont plantées à un angle tel qu’ils sont incapables de se blesser l’un l’autre. Mais, bien qu’irréelle, elle n’est pas sans signification. Elle dévore le surplus des produits de
consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée.
Pour l’élite totalitaire américaine comme pour l’élite totalitaire européenne, cette guerre reste une affaire intérieure, destinée à faire plier la masse (Reset,
vaccins, numérisation, etc.) :
Ainsi qu’on le verra, la guerre est une affaire purement intérieure. Anciennement, les groupes dirigeants de tous les pays, bien qu’il leur fût possible de
reconnaître leur intérêt commun et, par conséquent, de limiter les dégâts de la guerre, luttaient réellement les uns contre les autres, et celui qui était victorieux pillait toujours le
vaincu. De nos jours, ils ne luttent pas du tout les uns contre les autres. La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets et l’objet de la guerre n’est pas de
faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société.
Orwell ajoute même qu’on entre dans un état de cauchemar permanent (pensez à leurs guerres contre l’humain polluant, le pétrole, le gaz, le russe et le virus, etc.)
:
Le mot « guerre », lui-même, est devenu erroné. Il serait probablement plus exact de dire qu’en devenant continue, la guerre a cessé d’exister (p. 243).
Le président turc Erdoğan
a officiellement retiré l’objection d’Ankara à l’ajout de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, les trois pays ayant signé un mémorandum trilatéral lors du sommet de l’OTAN à Madrid.
La levée de l’objection
d’Erdoğan aurait été obtenue grâce à d’importantes concessions de la part des deux autres pays, largement destinées à faciliter le conflit en cours entre la Turquie et les factions kurdes
régionales, et elle lève le dernier obstacle à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans le processus d’adhésion à l’OTAN. L’adhésion de la Finlande fera plus que doubler la taille de la frontière directe de l’OTAN avec la Russie, une préoccupation majeure de Moscou en matière de sécurité nationale.
« La Suède et la
Finlande ont rapidement posé leur candidature à l’OTAN à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, renversant des décennies de politique de sécurité et ouvrant la porte à la neuvième
expansion de l’alliance depuis 1949« , rapporte Axios.
Ainsi, l’empire occidental va à nouveau étendre l’OTAN en réponse à une guerre qui a été principalement causée par l’expansion de
l’OTAN. Brillant.
Biden déclare que les États-Unis vont renforcer leur présence militaire en Europe alors que le sommet de l’OTAN débute à
Madrid
L’OTAN doit se mettre d’accord sur une expansion de ses forces en Europe de l’Est.
par Dave DeCamp@DecampDave #NATO #NATOSummit #Ukraine #Russie #Europe https://t.co/JBMKIQh9UI
pic.twitter.com/EkBjhvym9m
– Antiwar.com (@Antiwarcom) 28 juin 2022
Lors du même sommet de l’OTAN, le président Biden a annoncé des plans pour renforcer la présence militaire américaine en Europe, en réponse à la guerre en
Ukraine.
« S’adressant au
Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, Biden a déclaré que les États-Unis allaient augmenter le nombre de destroyers de l’US Navy stationnés sur une base navale à Rota, en Espagne, de quatre à
six« , rapporte Dave DeCamp d’Antiwar. « Le président a déclaré qu’il s’agissait de la première des multiples
annonces que les États-Unis et l’OTAN feront lors du sommet sur l’augmentation de leurs forces en Europe, des mesures prises en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. »
Cette nouvelle est publiée alors qu’un nouveau rapport de CNN nous apprend
que l’administration Biden ne croit pas que l’Ukraine ait la moindre chance de gagner cette guerre, mais qu’elle ne veut toujours pas encourager un
quelconque règlement négocié pour mettre fin à l’effusion de sang.
De CNN :
Les responsables de la Maison Blanche ne croient plus que l’Ukraine puisse un jour reprendre toutes les terres qu’elle a perdues au profit de la Russie au cours
des quatre derniers mois de guerre, ont déclaré des responsables américains à CNN, même avec les armes lourdes et sophistiquées que les États-Unis et leurs alliés prévoient d’envoyer.
Les conseillers du président Joe Biden ont commencé à débattre en interne de la manière dont le président ukrainien,
Volodymyr Zelensky, devrait modifier sa définition d’une « victoire » ukrainienne, en tenant compte de la possibilité que son pays soit irréversiblement rétréci. Des responsables
américains ont souligné à CNN que cette pessimiste
évaluation ne signifie pas que les États-Unis envisagent de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle fasse des concessions territoriales officielles à la Russie afin de mettre fin à la
guerre.
Cela confirmerait ce que je dis, comme beaucoup d’autres, depuis l’invasion de la Russie : cette guerre par procuration est menée non pas dans l’intention de sauver des vies ukrainiennes en infligeant une défaite rapide à Moscou, mais
dans l’intention de créer un bourbier militaire coûteux et épuisant pour affaiblir la Russie sur la scène mondiale.
Ceci est confirmé par un nouveau rapport de Politico disant que le Premier ministre britannique
Boris Johnson a découragé le président français Macron de faciliter un accord de paix négociéentre Moscou et Kiev, ce qui confirmerait un rapport antérieur des médias ukrainiens selon lequel Johnson avait découragé le président Zelensky d’un tel accord lors de sa visite à Kiev en avril.
Cela confirme l’histoire de la Pravda ukrainienne d’il y a quelques mois. Les élites politiques anglophones ne veulent pas que cette guerre se termine tant
qu’elles n’ont pas estimé qu’assez de Russes aient été tués pour mettre la Russie à genoux en tant que rivale – peu importe le nombre de morts ukrainiens nécessaires pour y parvenir.
Ces révélations émergent au lendemain de l’aveu par des responsables occidentaux que l’Ukraine grouille de personnel de la CIA et d’agents des forces spéciales des États-Unis et d’autres pays de l’OTAN.
« Comme d’habitude, il
semble que l’administration veuille avoir le beurre et l’argent du beurre : assurer au peuple américain qu’elle se « retient » et que nous ne sommes « pas en guerre » contre
les Russes, mais faire tout sauf planter un soldat américain et un drapeau à l’intérieur de l’Ukraine« , écrit Kelley Beaucar Vlahos de Responsible Statecraft à propos de cet aveu.
« Les Russes pourraient ne pas voir la distinction et
considérer cette nouvelle comme une preuve supplémentaire que leur guerre est plus contre Washington et l’OTAN que contre l’Ukraine. »
L’empire est guidé par si peu de sagesse dans ses escalades contre la Russie que le Congrès américain pousse maintenant à l’acquisition de coûteux missiles de croisière nucléaires installés sur les navires de ses forces navales, même si la marine américaine leur dit qu’elle
ne veut pas de ces armes et n’en a pas l’utilité.
De toute façon, prenez-les ces armes nucléaires. Quel mal pourrait arriver ?
Aujourd’hui, dans notre budget extrêmement rationnel du Pentagone : Le Congrès finance une arme nucléaire dont la Marine ne veut même pas.
Nous devons vraiment commencer à prendre au sérieux la possibilité qu’une arme nucléaire puisse exploser à la suite d’un malentendu ou d’un dysfonctionnement au milieu du chaos et de la confusion de toutes ces escalades
frénétiques et stupides et conduire à un échange qui mettrait fin à notre monde entier. Cela a failli se produire à plusieurs reprises au cours de la dernière guerre froide, et il n’y a aucune raison rationnelle de croire que nous aurons de nouveau de la
chance.
Le seul plan d’action sain ici est la désescalade et la détente, et tous les acteurs majeurs de ces escalades sont dirigés
dans la direction exactement opposée.
C’est bien plus dangereux que ce que la plupart des gens se permettent d’envisager. C’est soutenu par le cloisonnement psychologique, l’évitement émotionnel et
un profond manque de sagesse.
Comme l’a récemment fait remarquer David S. D’Amato, « Si notre espèce trouve un moyen de survivre dans un avenir lointain,
nos descendants considéreront le moment présent comme un échec de justesse ; ils se diront : « Ouah, c’était moins une ». Comment convaincre les gens au pouvoir de préserver cet avenir
? »
Caitlin
Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
La conclusion est devenue inévitable :
Les États-Unis SONT un état terroriste.
Le plus communément, le mot « terrorisme » se réfère à de violentes attaques contre des populations civiles afin d’influencer des gouvernements,
des sociétés ou des individus d’arrêter de combattre ou de résister, de les punir pour être du mauvais côté d’un conflit, de saisir leurs terres ou leurs propriétés, ou de les forcer
autrement à acquiescer à leur subjugation au profit d’un agresseur. Le terrorisme est généralement soutenu par le système étatique ou permis de se dérouler lorsque l’État regarde de
l’autre côté dans ses propres intérêts.
Les États-Unis ont une inclination au terrorisme depuis bien longtemps. (NdT :depuis leur
création même en tant qu’entité coloniale de la « couronne »/City de Londres, devenue soi-disant « indépendante » en 1776 pour être recolonisée par le spectacle
marchand au point d’en devenir son pinacle et modèle planétaire…) Sa plus longue campagne de terrorisme a été la destruction systématique des peuples et cultures natifs, commençant
avec la colonisation de l’Amérique par des Européens (NdT :chrétiens
conquérants, colonisateurs et esclavagistes) et continuant jusqu’à ce jour.
Ceci inclut les campagnes d’extermination des Indiens menées par les « justes » et pieux de la Nouvelle-Angleterre et les citoyens légaux de
Virginie au XVIIe siècle, les attaques et politique de la terre brûlée de Washington sur les nations de la confédération iroquoise pendant la guerre révolutionnaire, la saisie subséquente
du vieux Nord-Ouest et des terres Shawnee et nations reliées, durant une guerre qui dura jusqu’en 1812, lorsque les Indiens combattirent aux côtés des Anglais lors de l’invasion du Canada
par les États-Unis, l’expulsion des Indiens du sud-est américain sous la politique coloniale promulguée par le président Andrew Jackson et bien sûr, la campagne génocidaire contre les
Indiens des plaines de l’ouest après la guerre de sécession, campagne menée par le général William Tecumseh Sherman, l’officier dont les soldats incendièrent la ville d’Atlanta en 1864
avant sa tristement célèbre marche vers la mer.
Un des pires actes de terrorisme contre les Indiens fut le sponsorship par le gouvernement américain de l’abattage délibéré de millions de bisons dans les
années 1870 et 1880 afin de priver les Indiens de leur source primordiale de matière première de vie. Le sud américain fut aussi très efficace dans l’application de tactiques terroristes
pour contrôler les esclaves africains. Même après la guerre de sécession, le terrorisme continua au travers de la culture sudiste d’intimidation, de discrimnation et de lynchage.
Les esclaves indiens et africains ne furent bien sûr pas les seules victimes. Le terrorisme fut le choix principal des Européens dans leur conquête de
territoires au travers des continents américain, africain, asiatique et océanique, sur une période de plus de quatre siècles. Même les États-Unis se plièrent à la règle avec leur attaque
sur les natifs des Philippines après avoir saisi leur archipel des mains de la couronne espagnole dans la guerre hispano-américaine.
En Europe, le terrorisme et la tactique de la terre brûlée furent la méthode favorite des guerres médiévales entre armées féodales rivales, entre les
dénominations religieuses de la guerre de trente ans durant laquelle un tiers de la populations de l’Allemagne mourut de famine et des effets de la guerre du gouvernement français contre
les Huguenots et par les Anglais sous Cromwell dans leur génocide contre les Irlandais. Parmi les plus efficaces des terroristes de l’histoire furent les hordes cavalières des steppes
eurasiennes comme les Mongols de Gengis Khan et les Huns d’Attila.
Partout dans le monde, des gangs criminels ont toujours pratiqué le terrorisme contre des populations civiles parmi lesquelles ils vivaient et volaient. Aux
États-Unis, le terrorisme de gangs a vu une nette augmentation durant la période dite de la « prohibition », lorsque la mafia et autres groupes géraient les rackets de la
contrebande d’alcool, ainsi que les casinos clandestins et la drogue, le trafic d’êtres humains et autres vices affiliés. De tels gangs sont partout aujourd’hui, avec des politiciens le
plus souvent impliqués pour couvrir et blanchir les activités.
Mais ce fut avec l’arrivée de la guerre mécanisée moderne à la fin du XIXe et début du XXe siècle que le terrorisme commença vraiment à trouver sa cadence.
Ce n’était pas suffisant que des millions de personnes se tuent et s’estropient les uns les autres dans les tranchées du front occidental durant la guerre de 1914-18, les chars et les gaz
toxiques entrant maintenant en lice. Ce fut en fait avec la guerre aérienne que le terrorisme trouva son futur. Et avec la Seconde Guerre mondiale, ce furent les anglo-saxons qui
devinrent les véritables experts de l’anihilation totale de villes, d’infrastructure civile et de vies de non-combattants. Bien sûr, dès ce moment, le terrorisme contre des nations
entières et leurs peuples était devenu partie intégrante du répertoire commun de pratique de régimes comme celui d’Hitler et des communistes qui prirent la Russie puis plus tard, la
Chine.
Aujourd’hui, le miracle par lequel l’Allemagne a reconstruit ses villes totalement détruites par les bombardements américains et alliés durant la seconde
guerre mondiale, obscurcit l’impact des horribles dégâts infligés par cette illusion de « savoir-faire » américain. Ceci inclut les bombardements incendiaires en 1945 des villes
de Dresde, Tokyo ou des dizaines de milliers de civils périrent en une nuit. Dans le Pacifique, les Américains ont bombardé les Japonais jusqu’à leur soumission totale, incluant des
attaques majeurs sur Tokyo et les États-Unis devinrent bien entendu la seule nation à avoir jamais largué des bombes atomiques, de surcroit sur des populations civiles, avec le rayage de
la carte d’Hiroshima et de Nagasaki en août 1945. Alors que la guerre contre le Japon avait déjà été gagnée, ces actions américaines demeurent dans l’histoire comme les pires actes de
terrorisme jamais perpétrés. Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont continué à faire pleuvoir les bombes sur la Corée, puis plus tard, sur le Vietnam, le Cambodge et le Laos
durant les guerres d’Indochine des années 1960-70.
Mais ceci ne fut pas ce qui constitua exclusivement l’arsenal terroriste. De la fin de la Seconde Guerre mondiale à maintenant, les États-Unis se sont
engagés dans un nombre incalculable de campagnes de terreur dans leurs efforts d’assurer l’attitude pro-américaine des pays et des gouvernements à travers le monde. Souvent ces campagnes
furent exécutées sur le terrain par des juntes militaires d’extrême-droite, comme en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique. L’Argentine, le Brésil, le Chili, l’Amérique Centrale,
l’Angola, le Congo, l’Indonésie, tous ces pays et bien d’autres, ont tous connu le terrorisme sponsorisé ou financé par les États-Unis, perpétré par les militaires et la police de ces
pays contre leurs propres populations. Aucune de celles-ci ne furent des guerres dûment déclarées par le congrès des États-Unis comme requis par la constitution. Mais les États-Unis
s’engagèrent dans ces guerres quoi qu’il en soit. Une campagne de terreur particulièrement odieuse fut celle de l’Opération Phœnix conduite contre des civils au Vietnam et qui vit des
dizaines de milliers de personnes sommairement arrêtées, assassinées et « disparaître »…
Les bombes ont plu une fois de plus lorsque les États-Unis entrèrent en guerre contre l’Irak en 1990. De fait, maintenant, le mode préféré américain de
mener une guerre est d’oblitérer de manière routinière un pays sous des tapis de bombes, puis d’y envoyer les troupes nettoyer ce qui reste. Malheureusement, ce « nettoyage » au
sol peut bien durer des dizaines d’années contre des populations récalcitrantes au « progrès » et résistantes. Il y eut aussi les campagnes de bombardement seules. Le plus
parfait exemple étant sans doute de l’assaut de l’OTAN (c’est à dire des États-Unis et de l’Angleterre) sur la Serbie en 1999, qui déclencha la destruction de la Yougoslavie. Cette
campagne eut pour chef le commandant suprême des forces alliées de l’OTAN de l’époque, le général américain Wesley Clarke. Les États-Unis n’ont jamais envoyé de troupes et n’ont jamais
occupé la région, laissant aux fragments de l’ex-Yougoslavie le soin de gérer l’affaire induite par l’OTAN, ceci doit toujours se produire. Le démembrement de la Yougoslavie fut rendu
possible par l’effondrement de l’URSS en 1991, son alliée et sa protectrice.
Puis vint la « guerre contre la terreur » dont le coup d’envoi sonna après les attentats du 11 septembre 2001 de New York, qui furent des
attaques sous faux-drapeau perpétrées par l’appareil de sécurité nationale profond afin de créer l’excuse pour une prise en compte massive du Moyen-Orient par l’empire. Les
bombes tombèrent drues en Afghanistan, en Irak une nouvelle fois, en Libye, en Syrie, en Somalie et ailleurs. Dans le même temps, les États-Unis ont vendu un grand nombre d’avions de
combat et autre armement à Israël, l’Arabie saoudite et autres alliés pour qu’ils fassent la même chose à leurs propres ennemis. Les fabricants d’armes américains ont fait des fortunes en
vendant des armes dans le monde entier, incluant des membres de l’OTAN.
Nous devrions aussi considérer : Pousser pour un armement de l’espace, ceci avait levé la tête de façon magistrale avec ce fantasme de la
« guerre des étoiles » du président Reagan, incluant les plans pour un laser rayon X, un canon électronique sur rail, des stations de combat nucléaires orbitales et des
puissants rayons laser capables d’incinérer des villes entières en quelques secondes. Comme quelqu’un qui a travaillé comme analyste pour le programme de la navette spatiale de la NASA en
1985 et 1986, je peux confirmer qu’un objectif non dit du système de guerre des étoiles de Reagan, était de commencer à utiliser le programme de la navette spatiale pour protéger les
États-Unis contre toute riposte si une première frappe nucléaire contre l’URSS venait à être décidée et lancée. De similaires considérations sont sans nul doute impliquées dans
l’expansion des activités spatiales militaires ces dernières années, ceci incluant la création d’une force spatiale sous le président Trump.
Ce qui nous amène au présent et à l’intervention militaire spéciale russe en Ukraine.
Comme nous l’avons vu, ce n’est pas la méthode de choix des Russes que de s’engager dans des bombardements indiscriminés de civils. Malgré la propagande
occidentale, les Russes font tout pour minimiser les pertes civiles potentielles. Les Russes ne mènent pas une guerre de la terreur. Les Russes se fient plutôt à des tirs d’artillerie
pour amenuiser la résistance des positions militaires ennemies avant de bouger au sol avec des troupes d’assaut. Ce faisant, ils sont en train de détruire de manière très méthodique
l’armée Ukrainienne.
Ceci a été particulièrement frustrant pour les États-Unis. Le directorat de l’OTAN sous Jens Stoltenberg ronge son frein d’envoyer des combattants et des
bombardiers dans les cieux de l’Ukraine pour pulvériser les Russes. Les bases aériennes de l’OTAN à travers l’Europe ont beaucoup d’avions qui pourraient faire le boulot. Le président
ukrainien Zelensky a constamment appelé l’OTAN en renfort, mais rien ne s’est fait. Même le général en retraite Wesley Clarke a clarifié récemment que seulement si l’OTAN s’embarque dans
une campagne de bombardement massive sur l’Ukraine, la Russie pourra être vaincue.
Au lieu de la traditionnelle campagne de bombardements aériens, les États-Unis et leurs alliés européens n’ont fait qu’envoyer des armes légères de combat
sol-sol et quelques vieilleries d’artillerie qui n’ont fait aucune différence sur le terrain. Maintenant, nous assistons à la litanie des lamentations des merdias disant que l’Ukraine
manque de puissance de feu. Comme il est logistiquement impossible de faire parvenir suffisamment d’armement à longue portée sur le champ de bataille pour faire la différence, ce qui peut
être une tentative déguisée de voir les États-Unis commencer à utiliser leur formidable puissance de feu aérienne.
Mais nous savons tous bien entendu, que les États-Unis ne se sont pas engagés dans leur habituelle campagne aérienne de terreur simplement parce que la
Russie a été très claire sur un point : Ce sera la troisième guerre mondiale ! Et les États-Unis ne sont pas chauds, du moins pour le moment, d’entrer en 3ème GM. On en
est là.
En aparté, je vais juste mentionner une autre alternative à une attaque terroriste américaine, les armes biologiques. Peut-être comprenant la futilité de
s’engager dans une guerre ouverte contre la Russie, les USA semblent avoir pas mal investi dans la recherche sur les armes biologiques, incluant les labos en Ukraine. Le Pentagone admet
maintenant qu’avant le conflit actuel, il avait mis en place quelques 40 laboratoires d’armement biologique
en Ukraine, mais « à des fins pacifiques ». Franchement, je suis estomaqué à l’idée que les autorités américaines puissent croire un seul
instant que quiconque pourrait croire une pareille fumisterie.
Nous venons de passer une pandémie au coronavirus
« Connaissant le gouvernement américain comme je le connais, je crois que la pandémie fut créée délibérément
avec l’intention de mettre à bas la Chine, la Russie, l’Iran et autres nations non préparées». Lire : the
articles by Ron Unz
Bien sûr le gouvernement US doit comprendre que ce pathogène allait affecter aussi les États-Unis, mais pensait que peut-être il serait prêt avec les
vaccins.
Bien entendu, l’Ukraine n’est pas le
seul pays au monde où les États-Unis développent des armes biologiques. Ceci se produit aussi en Géorgie par exemple. Je pense que ce n’est qu’une question de temps avant que la prochaine pandémie ne soit lâchée dans la nature, une éventualité qui est particulièrement appréciée par toute cette clique de
« l’élite occidentale » si intéressée dans la réduction de la population mondiale.
Ce qui est relié en un sens à la guerre biologique est d’inonder une nation de drogues illicites avec pour but de réduire sa population au travers
de l’addiction. La Grande-Bretagne l’a fait avec la Chine et l’opium au XIXe siècle. La CIA l’a fait avec plusieurs nations d’Asie centrale ainsi que la Russie, au travers de la
production d’opium et d’héroïne en Afghanistan et possiblement à sa propre population aux États-Unis avec la production et la diffusion de LSD et de cocaïne et maintenant avec cet opiacé
appelé le fentanyl (NdT
:sans oublier le fléau du « crack » bien entendu). Tout ceci est du terrorisme à l’état pur.
Une autre forme de terrorisme est celle des « sanctions ». Nous en avons pas mal appris sur les sanctions ces dernières semaines au cours de cette
opération spéciale militaire russe en Ukraine, L’UE ayant maintenant servi sa 6ème bordée de sanctions contre la Russie avec cette intention de détruire l’économie russe et de créer un
tel désastre économique que ses citoyens se soulèveront de manière supposée pour déposer Poutine. Toutes ces sanctions ont échoué et se
retournent maintenant contre les instigateurs, les pays européens étant en marche pour détruire leurs propres économies et plonger le monde dans une dépression économique
généralisée.
Les sanctions ont une longue histoire. Un des cas les plus fameux demeure celui des sanctions US contre l’Irak dans les années 1990, politique présidée par
la ministre des affaires étrangères de Bill Clinton : Madeleine Albright. Ces sanctions furent la cause directe et indirecte de la mort de plus de 500 000 enfants
irakiens, mortalité due à la faim, la malnutrition, la maladie, le manque de soin et de médicaments. Après coup, Albright déclara scandaleusement sur une chaîne de télé nationale que
« cela en valait la peine… »
Le système de sanctions est inventé par des bureaucrates agissant sur ordre politique mais sans être responsables, dans un vide légal total et sans un
gramme d’humanité. Les sanctions actuelles contre la
Russie sont des actes de guerre, mais quand le congrès des États-Unis a t’il déclaré la guerre ou même, quand une résolution de l’ONU a t’elle été votée en la matière ? En toute conséquence, ces sanctions sont des crimes et des actes de terrorisme.
La liste des actions terroristes est infinie. Je vais ici mentionner une forme supplémentaire de terrorisme, mais j’en ferai la discussion approfondie une
autre fois. Cet
acte terroriste consiste en la destruction de la monnaie d’un pays par l’inflation. Ceci a été fait à plusieurs reprises au cours de l’histoire et peut même être fait contre le peuple
d’une nation par son gouvernement. Je pense à l’heure actuelle, que l’administration Biden est en train de détruire délibérément le dollar US afin de
pouvoir payer une partie de la dette (NdT : des intérêts en fait de la dette…) qui n’est pas remboursable, avec un dollar dévalué. Les gouvernements occidentaux ayant un establishment
bancaire parasite adorent l’inflation pour cette raison.
Le terrorisme a une longue histoire et ce n’est pas fini. Les États-Unis, en tant que sponsor en chef du terrorisme dans le monde aujourd’hui, portent une
grande partie de la responsabilité et doivent répondre de leurs actions. Mais les jours fastes du terrorisme américain ne sont pas encore finis.
Au gré de mes années de service auprès du gouvernement des États-Unis et avec mon expérience d’observateur, je pense que maintenant, alors même que nous
parlons, l’armée américaine planifie une première frappe nucléaire contre la Russie.
Il est bien évident que vu la taille de l’arsenal nucléaire américain, il serait impossible pour les États-Unis de ne pas envisager des jeux de guerre et
des scénarios impliquant leur utilisation. De plus les États-Unis n’ont jamais promis qu’ils ne frapperaient pas les premiers.
La possibilité de lancer la première
attaque nucléaire contre la Russie n’est en rien nouvelle. Ceci fut déjà discuté par le président J.F. Kennedy et son état-major et conseillers militaires durant la crise
des missiles de Cuba en 1962.
Aujourd’hui, au moment de cette opération spéciale militaire russe en Ukraine, nous pourrions faire face à un danger du même niveau ou plus grand que dans
le passé. Alors que les États-Unis mirent en place les attentats du 11 septembre comme prétexte à lancer la « guerre contre la terreur », un faux-drapeau, une
détonation nucléaire attribuée à la Russie pourrait bien être conduite par des personnels militaires américains ou leurs proxies, suppléants
étrangers, ce qui deviendrait une belle opportunité pour une escalade guerrière menant à une frappe nucléaire ou conventionnelle contre la Russie.
Les États-Unis ont manifestement fait un très mauvais calcul avec leurs actions en Ukraine. Il y a maintenant peu de doute que les États-Unis aient délibérément attiré et incité la Russie à lancer son attaque en février 2022. Les États-Unis et leurs alliés européens avaient clairement un
bon nombre de sanctions économiques prêtes à l’emploi ayant pour but de détruire l’économie russe et d’amener un changement de régime en Russie.
Mais la stratégie américaine a fait
long feu. La Russie est en train de gagner la guerre à la fois militairement et économiquement. Les États-Unis, avec la GB, l’UE et l’OTAN sont dans le processus d’absorber
une très humiliante défaite. Ne voulant pas se lancer dans une guerre ouverte contre la Russie, les États-Unis n’ont pas fourni de soutien aérien à l’armée ukrainienne qui est en train de
se faire laminer, ils n’ont pas non plus envoyé de troupes, qu’elles soient américaines ou d’autres pays de l’OTAN.
Les États-Unis ont dit qu’ils ne voulaient pas entrer en guerre contre la Russie à cause de l’Ukraine. La seule nation qui a mentionné les armes nucléaires
a été la Russie. Ce fut en réponse à la déclaration très belliqueuse de la ministre de la défense britannique Liz Truss, que Poutine annonça qu’il faisait mettre les forces nucléaires
russes en alerte maximum. Une chaîne de télévision russe fit se dresser les poils avec une animation de ce qui se passerait si la Russie bombardait la GB avec ses armes à haute
puissance.
Avec la victoire anticipée de la Russie dans une guerre hybride, ou guerre par procuration ou quoi que ce soit que vous vouliez l’appeler, la Russie, avec
la Chine si alliée avec la Russie sur de multiples fronts, les États-Unis et l’occident font face à une massive restructuration de la dynamique du pouvoir dans le monde aujourd’hui. Le
modèle financier mondialiste occidental fondé sur la domination sans partage du capitalisme financier fait face à un défi existentiel de la part des économies collectivistes russe,
chinoise et de leurs associés.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union européenne et le reste du monde occidental ont sans doute déjà perdu la guerre. Une fois de plus, face à cette
possibilité, nous pouvons être certains que certaines personnes parmi les forces pilotant la politique américaine, certains parient sur une première attaque nucléaire
américaine. Ceci serait un niveau terroriste encore jamais atteint jusqu’ici. Il y a aussi certaines forces au sein de la Russie qui parient et planifient les moyens d’arrêter
cela.
Tout ce que je fais ici est de donner un avertissement. Je ne prédit absolument rien. Mon espoir est que les forces en occident qui ont toujours un
certain degré de santé mentale vont se dresser ces prochaines semaines et prochains mois et comprendre qu’une majeure conférence mondiale de paix qui fasse des compromis à mi-chemin avec
la Russie et la Chine soit de fait, notre seul espoir.
La célèbre assurance “pas un pouce vers l’est” du secrétaire d’État américain James Baker faisait partie d’une cascade d’assurances sur la sécurité
soviétique
La célèbre assurance « pas un pouce vers
l’est » du secrétaire d’État américain James Baker concernant l’expansion de l’OTAN lors de sa rencontre avec le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev le 9 février 1990
faisait partie d’une cascade d’assurances sur la sécurité soviétique données par les dirigeants occidentaux à Gorbatchev et à d’autres responsables soviétiques tout au long du processus
d’unification allemande en 1990 et jusqu’en 1991, selon des documents déclassifiés américains, soviétiques, allemands, britanniques et français publiés par le “National Security Archive”
à l’Université George Washington (www.nsarchive.gwu.edu).
Les documents montrent que plusieurs dirigeants nationaux envisageaient et rejetaient l’adhésion de l’Europe centrale et orientale à l’OTAN dès le début de
1990 et jusqu’en 1991, que les discussions sur l’OTAN dans le contexte des négociations d’unification allemande en 1990 n’étaient pas du tout étroitement limitées au statut du territoire
est-allemand, et que les plaintes ultérieures soviétiques et russes concernant le fait d’avoir été induits en erreur au sujet de l’expansion de l’OTAN étaient fondées sur des memcons et
des telcons contemporains écrits aux plus hauts niveaux.
Les documents renforcent la critique de l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, selon laquelle « poursuivre
l’expansion de l’OTAN vers l’est [dans les années 1990], alors que Gorbatchev et d’autres ont été amenés à croire que cela ne se produirait pas ».1 La
phrase clé, étayée par les documents , est « amené à croire
».
Le président George H. W. Bush avait assuré à Gorbatchev lors du sommet de Malte en décembre 1989 que les États-Unis ne profiteraient pas (« je n’ai pas sauté
sur le mur de Berlin ») des révolutions en Europe de l’Est pour nuire aux intérêts soviétiques ; mais ni Bush ni Gorbatchev à ce moment-là (ou d’ailleurs, le chancelier
ouest-allemand Helmut Kohl) ne s’attendaient si tôt à l’effondrement de l’Allemagne de l’Est ou à la rapidité de l’unification allemande.2
Les premières assurances concrètes des dirigeants occidentaux sur l’OTAN ont commencé le 31 janvier 1990, lorsque le ministre ouest-allemand des Affaires
étrangères Hans-Dietrich Genscher a ouvert les enchères par un important discours public à Tutzing, en Bavière, sur l’unification allemande. L’ambassade des États-Unis à Bonn (voir
document 1) a informé Washington que Genscher avait clairement indiqué « que les changements
en Europe de l’Est et le processus d’unification allemande ne doivent pas conduire à une “atteinte aux intérêts de sécurité soviétiques”. Par conséquent, l’OTAN devrait exclure une
“expansion de son territoire vers l’est, c’est-à-dire en le rapprochant des frontières soviétiques”. » Le câble de Bonn a également noté la proposition de Genscher de laisser le
territoire est-allemand hors des structures militaires de l’OTAN, même dans une Allemagne unifiée au sein de l’OTAN.3
Cette dernière idée de statut spécial pour le territoire de la RDA a été codifiée dans le traité final d’unification allemande signé le 12 septembre 1990
par les ministres des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, de la RDA, de la France, de la Russie, du Royaume-Uni et des États-Unis (voir document 25). La première
idée de « plus près des
frontières soviétiques » est inscrite non pas dans des traités mais dans de multiples mémorandums de conversation entre les Soviétiques et les interlocuteurs occidentaux au plus
haut niveau (Genscher, Kohl, Baker, Gates, Bush, Mitterrand, Thatcher, Major, Woerner, et d’autres) offrant des assurances tout au long de 1990 et en 1991 sur la protection des intérêts
de sécurité soviétiques et l’inclusion de l’URSS dans les nouvelles structures de sécurité européennes. Les deux problèmes étaient liés mais pas identiques. Des analyses ultérieures ont
parfois confondu les deux et soutenu que la discussion n’impliquait pas toute l’Europe. Les documents publiés dans cet article montrent clairement qu’il l’a fait.
La « formule Tutzing » est immédiatement devenue le centre d’une vague de discussions diplomatiques importantes au cours des 10 jours suivants en
1990, menant à la réunion cruciale du 10 février 1990 à Moscou entre Kohl et Gorbatchev lorsque le dirigeant ouest-allemand a obtenu l’assentiment de principe soviétique. à l’unification
allemande dans l’OTAN, tant que l’OTAN ne s’étendait pas vers l’est. Les Soviétiques auraient besoin de beaucoup plus de temps pour travailler avec leur opinion intérieure (et l’aide
financière des Allemands de l’Ouest) avant de signer officiellement l’accord en septembre 1990.
Les conversations avant l’assurance de Kohl impliquaient une discussion explicite sur l’expansion de l’OTAN, les pays d’Europe centrale et orientale, et
comment convaincre les Soviétiques d’accepter l’unification. Par exemple, le 6 février 1990, lorsque Genscher rencontra le ministre britannique des Affaires étrangères Douglas Hurd, le
dossier britannique montrait que Genscher disait : « Les Russes doivent
avoir une certaine assurance que si, par exemple, le gouvernement polonais quittait un jour le Pacte de Varsovie, ils ne rejoindrait pas l’OTAN le lendemain. » (Voir Document 2)
Ayant rencontré Genscher alors qu’il entamait des discussions avec les Soviétiques, Baker a répété exactement la formulation de Genscher lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires
étrangères Edouard Chevardnadze le 9 février 1990 (Document 4) ; et plus important encore, face à face avec Gorbatchev.
Pas une fois, mais trois fois, Baker a essayé la formule « pas un pouce vers
l’est » avec Gorbatchev lors de la réunion du 9 février 1990. Il était d’accord avec la déclaration de Gorbatchev en réponse aux assurances que « l’élargissement de
l’OTAN est inacceptable ». Baker a assuré à Gorbatchev que « ni le président ni
moi n’avons l’intention de tirer des avantages unilatéraux des processus en cours », et que les Américains ont compris que « non seulement pour
l’Union soviétique, mais aussi pour les autres pays européens, il est important d’avoir garantit que si les États-Unis maintiennent leur présence en Allemagne dans le cadre de l’OTAN, pas
un pouce de la juridiction militaire actuelle de l’OTAN ne s’étendra vers l’Est. » (Document 6)
Par la suite, Baker a écrit à Helmut Kohl qui rencontrerait le dirigeant soviétique le lendemain, avec une grande partie de la même langue. Baker a rapporté
: « Et
puis je lui ai posé la question suivante [Gorbatchev]. Préféreriez-vous voir une Allemagne unie en dehors de l’OTAN, indépendante et sans forces américaines ou préféreriez-vous qu’une
Allemagne unifiée soit liée à l’OTAN, avec l’assurance que la juridiction de l’OTAN ne se déplacerait pas d’un pouce vers l’est par rapport à sa position actuelle ? Il a répondu que les
dirigeants soviétiques réfléchissaient sérieusement à toutes ces options [….] Il a ensuite ajouté : “Certes, toute extension de la zone de l’OTAN serait inacceptable”. » Baker a
ajouté entre parenthèses, à l’intention de Kohl : « L’OTAN dans sa zone
actuelle pourrait être acceptable. » (Voir Document 8)
Bien informé par le secrétaire d’État américain, le chancelier ouest-allemand a compris une ligne de fond soviétique essentielle et a assuré à Gorbatchev le
10 février 1990 : « Nous pensons que
l’OTAN ne devrait pas étendre la sphère de son activité. » (Voir Document 9) Après cette réunion, Kohl pouvait difficilement contenir son enthousiasme face à l’accord de
principe de Gorbatchev pour l’unification allemande et, dans le cadre de la formule d’Helsinki selon laquelle les États choisissent leurs propres alliances, l’Allemagne pourrait choisir
l’OTAN. Kohl a décrit dans ses mémoires avoir marché toute la nuit autour de Moscou – mais comprenant toujours qu’il y avait encore un prix à payer.
Tous les ministres des Affaires étrangères occidentaux étaient à bord avec Genscher, Kohl et Baker. Vient ensuite le ministre britannique des affaires
étrangères, Douglas Hurd, le 11 avril 1990. A ce stade, les Allemands de l’Est ont voté massivement pour le deutschmark et pour une unification rapide, lors des élections du 18 mars au
cours desquelles Kohl avait surpris presque tous les observateurs avec une vraie victoire. Les analyses de Kohl (expliquées pour la première fois à Bush le 3 décembre 1989) selon
lesquelles l’effondrement de la RDA ouvrirait toutes les possibilités, qu’il devait courir pour se rendre en tête du train, qu’il avait besoin du soutien des États-Unis, que l’unification
pourrait se produire plus rapidement qu’on ne le pensait possible — tout s’est avéré correct. L’union monétaire se poursuivrait dès juillet et les assurances concernant la sécurité
continuaient d’affluer. Hurd a renforcé le message de Baker-Genscher-Kohl lors de sa rencontre avec Gorbatchev à Moscou, le 11 avril 1990, affirmant que la Grande-Bretagne « reconnaissait
clairement l’importance de ne rien faire pour porter atteinte aux intérêts et à la dignité soviétiques ». (Voir Document 15)
La conversation de Baker avec Chevardnadze le 4 mai 1990, telle que Baker la décrivait dans son propre rapport au président Bush, décrivait de la manière la
plus éloquente ce que les dirigeants occidentaux disaient exactement à Gorbatchev à ce moment-là : « J’ai utilisé votre
discours et notre reconnaissance de la nécessité d’adapter l’OTAN, politiquement et militairement, et de développer la CSCE pour rassurer Chevardnadze sur le fait que le processus ne
ferait ni gagnants ni perdants. Au lieu de cela, cela produirait une nouvelle structure européenne légitime — une structure qui serait inclusive et non exclusive. » (Voir
Document 17)
Baker l’a répété directement à Gorbatchev le 18 mai 1990 à Moscou, donnant à Gorbatchev ses « neuf points », qui comprenaient la transformation de l’OTAN,
le renforcement des structures européennes, le maintien de l’Allemagne non nucléaire et la prise en compte des intérêts de sécurité soviétiques. Baker a commencé ses remarques
: «
Avant de dire quelques mots sur la question allemande, je voulais souligner que nos politiques ne visent pas à séparer l’Europe de l’Est de l’Union soviétique. Nous avions cette politique
auparavant. Mais aujourd’hui, nous souhaitons construire une Europe stable et le faire avec vous. » (Voir Document 18)
Le dirigeant français François Mitterrand n’était pas dans un état d’esprit avec les Américains, bien au contraire, comme en témoigne le fait qu’il a dit à
Gorbatchev à Moscou le 25 mai 1990 qu’il était « personnellement
favorable au démantèlement progressif des blocs militaires » ; mais Mitterrand a poursuivi la cascade d’assurances en disant que l’Occident doit « créer des
conditions de sécurité pour vous, ainsi que la sécurité européenne dans son ensemble ». (Voir Document 19) Mitterrand écrivit immédiatement à Bush dans une lettre « cher George
» à propos de sa conversation avec le dirigeant soviétique, que « nous ne refuserions
certainement pas de détailler les garanties qu’il serait en droit d’attendre pour la sécurité de son pays ». (Voir Document 20)
Au sommet de Washington du 31 mai 1990, Bush s’est efforcé d’assurer à Gorbatchev que l’Allemagne dans l’OTAN ne serait jamais dirigée contre l’URSS
: «
Croyez-moi, nous ne poussons pas l’Allemagne vers l’unification, et ce n’est pas nous qui déterminons le rythme de ce processus. Et bien sûr, nous n’avons aucune intention, même dans nos
pensées, de nuire de quelque manière que ce soit à l’Union soviétique. C’est pourquoi nous nous prononçons en faveur de l’unification allemande au sein de l’OTAN sans ignorer le contexte
plus large de la CSCE, en tenant compte des liens économiques traditionnels entre les deux États allemands. Un tel modèle, à notre avis, correspond également aux intérêts soviétiques.
» (Voir Document 21)
La « Dame de fer » est également intervenue, après le sommet de Washington, lors de sa rencontre avec Gorbatchev à Londres le 8 juin 1990. Thatcher a
anticipé les mesures que les Américains (avec son soutien) prendraient lors de la conférence de l’OTAN début juillet pour soutenir Gorbatchev avec des descriptions de la transformation de
l’OTAN vers une alliance plus politique, moins menaçante militairement. Elle a dit à Gorbatchev : « Nous devons trouver
des moyens de donner à l’Union soviétique la confiance que sa sécurité serait assurée…. La CSCE pourrait être un parapluie pour tout cela, ainsi que le forum qui a amené l’Union
soviétique à discuter pleinement de l’avenir de l’Europe. » (Voir Document 22)
La déclaration de Londres de l’OTAN du 5 juillet 1990 a eu un effet assez positif sur les délibérations à Moscou, selon la plupart des récits, donnant à
Gorbatchev des munitions importantes pour contrer ses partisans de la ligne dure au Congrès du Parti qui se tenait à ce moment-là. Certaines versions de cette histoire affirment qu’une
copie préalable a été fournie aux assistants de Chevardnadze, tandis que d’autres décrivent simplement une alerte qui a permis à ces assistants de prendre la copie du service de dépêche
et de produire une évaluation positive soviétique avant que les militaires ou les extrémistes ne puissent appeler cela de la propagande. Comme Kohl l’a dit à Gorbatchev à Moscou le 15
juillet 1990, alors qu’ils élaboraient l’accord final sur l’unification allemande : « Nous savons ce qui
attend l’OTAN à l’avenir, et je pense que vous êtes maintenant au courant également », se référant à la Déclaration de Londres de l’OTAN. (Voir Document 23)
Dans son appel téléphonique à Gorbatchev le 17 juillet, Bush entendait renforcer le succès des pourparlers Kohl-Gorbatchev et le message de la Déclaration
de Londres. Bush a expliqué : « Donc, ce que nous
avons essayé de faire, c’est de tenir compte de vos préoccupations exprimées à moi et à d’autres, et nous l’avons fait de la manière suivante : par notre déclaration commune sur la
non-agression ; dans notre invitation à venir à l’OTAN ; dans notre accord pour ouvrir l’OTAN à des contacts diplomatiques réguliers avec votre gouvernement et ceux des pays d’Europe de
l’Est ; et notre offre d’assurances sur la taille future des forces armées d’une Allemagne unie — une question dont je sais que vous avez discuté avec Helmut Kohl. Nous avons aussi
fondamentalement changé notre approche militaire des forces conventionnelles et nucléaires. Nous avons transmis l’idée d’une CSCE élargie et plus forte avec de nouvelles institutions dans
lesquelles l’URSS peut partager et faire partie de la nouvelle Europe. » (Voir Document 24)
Les documents montrent que Gorbatchev a accepté l’unification allemande dans l’OTAN à la suite de cette cascade d’assurances, et sur la base de sa propre
analyse que l’avenir de l’Union soviétique dépendait de son intégration à l’Europe, dont l’Allemagne serait l’acteur décisif. Lui et la plupart de ses alliés pensaient qu’une version de
la maison commune européenne était encore possible et se développerait parallèlement à la transformation de l’OTAN pour conduire à un espace européen plus inclusif et intégré, que le
règlement de l’après-guerre froide tiendrait compte des intérêts de sécurité soviétiques. L’alliance avec l’Allemagne permettrait non seulement de surmonter la guerre froide, mais
également de renverser l’héritage de la Grande Guerre patriotique.
Mais au sein du gouvernement américain, une autre discussion s’est poursuivie, un débat sur les relations entre l’OTAN et l’Europe de l’Est. Les avis
divergeaient, mais la suggestion du ministère de la Défense, dès le 25 octobre 1990, était de laisser « la porte
entrouverte » à l’adhésion de l’Europe de l’Est à l’OTAN. (Voir Document 27) Le Département d’État était d’avis que l’expansion de l’OTAN n’était pas à l’ordre du jour, car il
n’était pas dans l’intérêt des États-Unis d’organiser « une coalition
anti-soviétique » qui s’étendrait jusqu’aux frontières soviétiques, notamment parce que cela pourrait inverser les tendances positives en Union soviétique. (Voir Document 26)
L’administration Bush a adopté ce dernier point de vue. Et c’est ce que les Soviétiques ont entendu.
Pas plus tard qu’en mars 1991, selon le journal de l’ambassadeur britannique à Moscou, le Premier ministre britannique John Major assura personnellement
Gorbatchev : « Nous ne parlons pas
du renforcement de l’OTAN. » Par la suite, lorsque le ministre soviétique de la Défense, le maréchal Dmitri Yazov, a interrogé Major sur l’intérêt des dirigeants d’Europe de
l’Est pour l’adhésion à l’OTAN, le dirigeant britannique a répondu : « Rien de tel ne se
passera ». (Voir Document 28)
Lorsque les députés du Soviet suprême russe sont venus à Bruxelles pour voir l’OTAN et rencontrer le secrétaire général de l’OTAN, Manfred Woerner, en
juillet 1991, Woerner a dit aux Russes que « nous ne devrions
pas permettre […] l’isolement de l’URSS de la communauté européenne ». Selon le mémorandum de conversation russe, « Woerner a souligné
que le Conseil de l’OTAN et lui sont contre l’élargissement de l’OTAN (13 des 16 membres de l’OTAN soutiennent ce point de vue). » (Voir Document 30)
Ainsi, Gorbatchev est allé jusqu’au bout de l’Union soviétique assuré que l’Occident ne menaçait pas sa sécurité et n’étendait pas l’OTAN. Au lieu de cela,
la dissolution de l’URSS a été provoquée par les Russes (Boris Eltsine et son principal conseiller Gennady Burbulis) de concert avec les anciens chefs de parti des républiques
soviétiques, en particulier l’Ukraine, en décembre 1991. La guerre froide était alors terminée depuis longtemps. Les Américains avaient essayé de garder l’Union soviétique unie (voir le
discours de Bush « Chicken
Kiev » du 1er août 1991 — Transcription).
L’expansion de l’OTAN était dans des années à venir, lorsque ces différends éclateraient à nouveau, et que plus d’assurances viendraient au dirigeant russe Boris Eltsine.
L’organisation “National
Security Archive” a compilé ces documents déclassifiés pour une table ronde le 10 novembre 2017 lors de la conférence annuelle de l’Association for Slavic,
East European and Eurasian Studies (ASEEES) à Chicago sous le titre “Who Promised What to Whom on NATO Expansion ?” (Qui a promis quoi à qui lors de l’élargissement de l’OTAN ?) Le
panel comprenait :
Mark Kramer du Davis Center à Harvard, rédacteur en chef du Journal of Cold
War Studies, dont l’article du Washington Quarterly de 2009 soutenait que la “promesse de
non-élargissement de l’OTAN”était un « mythe ».4
Joshua R. Itkowitz Shifrinson de la Bush School de Texas A&M, dont l’article de 2016 sur la sécurité internationale affirmait que les États-Unis
jouaient un double jeu en 1990, amenant Gorbatchev à croire que l’OTAN serait intégrée dans une nouvelle structure de sécurité européenne, tout en travaillant pour assurer l’hégémonie
en Europe et le maintien de l’OTAN.5
James Goldgeier de l’Université américaine, qui a écrit le livre faisant autorité sur la décision de Clinton sur l’expansion de l’OTAN, Pas si mais
quand, et a décrit les assurances américaines trompeuses au dirigeant russe Boris Eltsine dans un article de WarOnTheRocks de 2016.6
Svetlana Savranskaya et Tom Blanton des archives de la sécurité nationale, dont le livre le plus récent, “The Last
Superpower Summits: Gorbatchev, Reagan, and Bush: Conversations That Ended the Cold War” (CEU Press, 2016) analyse et publie les transcriptions déclassifiées et les
documents connexes de tous les sommets de Gorbatchev avec les présidents américains, y compris des dizaines d’assurances sur la protection des intérêts de sécurité de l’URSS.7
Mémorandum de conversation entre
Mikhaïl Gorbatchev et James Baker à Moscou
Memorandum of conversation between
Mikhail Gorbachev and James Baker in Moscow from Guy Boulianne
Vendredi le 9 février 1990
: Même avec des expurgations (injustifiées) par des agents de classification américains, cette transcription américaine de l’assurance américaine peut-être la plus célèbre
aux Soviétiques sur l’expansion de l’OTAN confirme la transcription soviétique de la même conversation. Répétant ce que Bush avait dit au sommet de Malte en décembre 1989, Baker dit à
Gorbatchev : « Le président et moi
avons clairement indiqué que nous ne recherchons aucun avantage unilatéral dans ce processus » d’inévitable unification allemande. Baker poursuit en disant : « Nous comprenons le
besoin d’assurances envers les pays de l’Est. Si nous maintenons une présence dans une Allemagne qui fait partie de l’OTAN, il n’y aurait pas d’extension de la juridiction de l’OTAN pour
les forces de l’OTAN d’un pouce à l’est. » Plus tard dans la conversation, Baker pose la même position sous forme de question : « Préférez-vous une
Allemagne unie en dehors de l’OTAN, indépendante et sans forces américaines ou préférez-vous une Allemagne unie avec des liens avec l’OTAN et l’assurance qu’il n’y aurait pas de
l’extension de la juridiction actuelle de l’OTAN vers l’est ? » Les déclassificateurs de ce memcon ont en fait expurgé la réponse de Gorbatchev selon laquelle une telle
expansion serait effectivement « inacceptable
» – mais la lettre de Baker à Kohl le lendemain, publiée en 1998 par les Allemands, donne la citation.
SOURCE : Département
d’État des États-Unis, FOIA
199504567 (National Security Archive Flashpoints Collection, Box 38).
L’OTAN NIE AVOIR PROMIS À LA RUSSIE
QU’ELLE NE S’ÉTENDRAIT PAS APRÈS LA GUERRE FROIDE :
Dans les faits : pareil
accord n’a jamais existé. La porte de l’OTAN est ouverte à de nouveaux membres depuis la création de l’Organisation, en 1949 – et cette politique n’a jamais changé. Cette « politique
de la porte ouverte » est consacrée par l’article 10 du traité fondateur de l’OTAN, qui stipule que peut solliciter une adhésion « tout État européen
susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord ». Les décisions relatives à l’adhésion à
l’OTAN sont prises par consensus entre tous les Alliés. Aucun traité signé par les États-Unis, l’Europe et la Russie ne contient de dispositions concernant l’adhésion à l’OTAN.
L’idée d’une expansion de l’OTAN au-delà d’une Allemagne unie n’était pas à l’ordre du jour en 1989, en particulier dans la mesure où le Pacte de Varsovie
existait toujours. Mikhaïl Gorbatchev l’a confirmé dans
un entretien en 2014 : « La question de ‘
l’expansion de l’OTAN ‘ n’a pas du tout été examinée, et elle n’a pas été évoquée durant ces années. Je le dis de manière pleinement responsable. Pas un seul pays d’Europe orientale n’a
soulevé la question, pas même après que le Pacte de Varsovie eut cessé d’exister, en 1991. Les dirigeants des pays occidentaux ne l’ont pas soulevée non plus. »
Des transcriptions
déclassifiées provenant de la Maison Blanche révèlent en outre qu’en 1997, Bill Clinton a invariablement refusé la proposition de Boris Eltsine relative à un accord sur l’honneur
stipulant qu’aucune des anciennes républiques soviétiques n’adhérerait à l’OTAN. « Je ne peux pas
prendre d’engagements pour le compte de l’OTAN, et ce n’est pas moi qui vais opposer un veto à l’élargissement de l’OTAN s’agissant de n’importe quel pays, et encore moins vous laisser, à
vous ou à quelqu’un d’autre, le loisir de le faire… L’OTAN fonctionne par consensus. »
SOURCE —Svetlana Savranskaya and Tom Blanton
: « NATO
Expansion: What Gorbachev Heard » (Declassified
documents show security assurances against NATO expansion to Soviet leaders from Baker, Bush, Genscher, Kohl, Gates, Mitterrand, Thatcher, Hurd, Major, and Woerner. Slavic Studies Panel
Addresses “Who Promised What to Whom on NATO Expansion?”). National Security Archive, Suite 701, Gelman Library. The George Washington University, December 12, 2017.
Comme nous l’avons vu précédemment, la crise actuelle est fondamentalement liée à l’expansion de l’OTAN.
À force d’étendre l’OTAN vers l’Est, le problème d’un contact direct avec la Russie devait inévitablement se poser – situation que cette dernière considère
comme inacceptable pour sa sécurité, puisqu’un incident de frontière pourrait déclencher une confrontation avec l’OTAN.
Aujourd’hui, à la date annoncée
par les États-Unis de l’invasion possible de l’Ukraine par la Russie, nous vous proposons dans cette partie une chronologie détaillée de la crise actuelle en 3 parties.
I. 1990-1993 : Les promesses n’engagent que ceux qui les croient…
La crise actuelle trouve donc ses racines en 1990, dans les promesses faites à l’URSS de ne pas étendre l’OTAN à l’Est.
Afin de clore toute polémique inutile sur ce sujet, voici les promesses telles qu’elles figurent dans les archives occidentales (cliquez pour agrandir ;
voir cet
article pour le détail)
Au début des années 1990, l’Ouest continue à donner des garanties, plus limitées, à Boris Eltsine, comme nous l’avons vu dans
ce billet, lui indiquant que la Russie pourra, un jour, intégrer l’OTAN.
Cependant, dès septembre 1993, les grands dirigeants occidentaux issus de la guerre froide ayant moins de poids sur la scène politique ou l’ayant quittée,
leurs successeurs (la nouvelle administration Clinton en l’espèce) commencent à établir des plans d’élargissement de l’OTAN – par exemple avec ce plan secret soumis au secrétaire d’État
envisageant une extension progressive en une dizaine d’années, culminant avec une adhésion simultanée de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie1.
Au même moment, Eltsine écrit à Clinton que « l’esprit des accords
de 1990 interdit l’option d’étendre l’OTAN à l’Est »2.
Et il fait savoir publiquement qu’il s’oppose à une extension de l’OTAN qui exclurait la Russie, proposition « inacceptable »
puisqu’elle « saperait la sécurité
en Europe »3.
Pour bien saisir l’importance du danger perçu par la Russie, les services de renseignements russes font même publiquement état de possibles contremesures
militaires « radicales »4.
Le 22 octobre, le secrétaire d’État américain se rend en Russie pour rencontrer Eltsine. Il lui indique que sa lettre à Clinton (qui lui indiquait que
l’esprit de 1990 excluait tout élargissement) est arrivée pile au bon moment, et qu’elle « a joué un rôle
décisif dans l’élection du président Clinton ». Il lui annonce la création d’un « partenariat pour la
paix », et confirme clairement (comme le montre le compte-rendu américain) qu’il mettra tous les pays sur un « pied
d’égalité » (dont la Russie), et qu’il n’y aura « pas d’adhésion » (à l’OTAN des pays de l’Est)5.
Cela enthousiasme Eltsine, qui parle d’une « idée de
génie », qui « dissipe toutes les
tensions » russes, car « cela aurait été un
problème pour la Russie si elle n’avait obtenu qu’un statut de seconde classe ». « Brillante idée,
vraiment brillante » que ce partenariat pour tous, et non l’adhésion pour certains….
II. 1994 : Le clash de Budapest
Le 27 septembre 1994, le président Clinton reçoit Eltsine à la Maison-Blanche et lui indique que « L’expansion de l’OTAN
n’est pas anti-russe ; elle n’est pas destinée à exclure la Russie, et il n’y a pas de calendrier imminent […] L’objectif plus large et plus élevé [est] la sécurité, l’unité et
l’intégration européennes – un objectif que je sais que vous partagez »6.
Mais les Russes apprirent à l’automne 1994 que le nouveau secrétaire d’État adjoint pour l’Europe, Richard Holbrooke, accélérait les discussions sur
l’expansion de l’OTAN, en lançant même en novembre une étude de l’OTAN sur le « comment et pourquoi » concernant de nouveaux membres. Eltsine se plaignit à Clinton le 29 novembre7.
Il exprima brutalement sa déception le 5 décembre 1994, lors du sommet de Budapest de la CSCE, dont nous avons présenté le contexte dans
ce billet. Devant un Clinton interloqué, il critiqua fortement l’attitude de l’OTAN, l’accusant de vouloir de nouveau scinder le continent. Voici quelques extraits de ce discours très
important, qui n’existe, hélas, en entier qu’en version audio en russe [à écouter ici ; txt]
« Notre attitude
vis-à-vis des plans d’élargissement de l’OTAN, et notamment de la possibilité que les infrastructures progressent vers l’Est, demeure et demeurera invariablement négative. Les arguments
du type : l’élargissement n’est dirigé contre aucun État et constitue un pas vers la création d’une Europe unifiée, ne résistent pas à la critique. Il s’agit d’une décision dont les
conséquences détermineront la configuration européenne pour les années à venir. Elle peut conduire à un glissement vers la détérioration de la confiance entre la Russie et les pays
occidentaux. […]
La Russie attend
également que sa sécurité soit prise en compte. […] Pour la première fois, nous jetons les bases d’un espace commun de confiance dans le domaine militaire, couvrant une grande partie de
trois continents et des océans du monde […] Nous sommes préoccupés par les changements qui se produisent à l’OTAN. Qu’est-ce que cela va signifier pour la Russie ? L’OTAN a été créée au
temps de la guerre froide. Aujourd’hui, non sans difficultés, elle cherche sa place dans l’Europe nouvelle. Il est important que cette démarche ne crée pas deux zones de démarcation, mais
qu’au contraire, elle consolide l’unité européenne. Cet objectif, pour nous, est contradictoire avec les plans d’expansion de l’OTAN. Pourquoi semer les graines de la méfiance ? Après
tout, nous ne sommes plus des ennemis ; nous sommes tous des partenaires maintenant. Nous entendons des explications selon lesquelles il s’agit prétendument de l’expansion de la
stabilité, juste au cas où il y aurait des développements indésirables en Russie. Si, sur ces bases, l’objectif est d’étendre l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, laissez-moi vous
dire une chose : il est trop tôt pour enterrer la démocratie en Russie. Nous ne répéterons pas les erreurs du passé. Aucun grand pays ne vivra selon les règles de l’isolement.
[…]
L’Europe, qui ne
s’est pas encore libérée de l’héritage de la guerre froide, risque de plonger dans une paix froide. Comment éviter cela, telle est la question que nous devons nous poser. […] L’histoire
démontre que c’est une dangereuse illusion de supposer que les destinées des continents et de la communauté mondiale en général peuvent être gérées d’une manière ou d’une autre à partir
d’une seule capitale. Les blocs de coalition militaire ne fourniront pas non plus de véritables garanties de sécurité. La création d’une organisation paneuropéenne à part entière, dotée
d’une base juridique fiable, est devenue une nécessité vitale en Europe. […]
L’année 1995 marque
le cinquantième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un demi-siècle plus tard, nous sommes de plus en plus conscients de la véritable signification de la Grande Victoire
et de la nécessité d’une réconciliation historique en Europe. Il ne doit plus y avoir d’adversaires, de gagnants et de perdants. Pour la première fois de son histoire, notre continent a
une réelle chance de trouver l’unité. Le manquer, c’est oublier les leçons du passé et remettre en question l’avenir lui-même. »
Clinton lui répondit alors un refrain qui deviendra classique8 :
« L’OTAN n’exclura
automatiquement aucune nation de l’adhésion. […] Dans le même temps, aucun pays extérieur ne sera autorisé à mettre son veto à l’expansion. »
Le vice-président Al Gore fut alors dépêché en urgence à Moscou pour rassurer les Ruses, à commencer par le président du Parlement Ivan Rybkin qu’il
rencontre le 14 décembre 1994, et à qui il indique qu’il n’y aura « aucune expansion
rapide » de l’OTAN, mais qu’elle serait « progressive,
réfléchie, absolument ouverte et transparente, sans surprises« , avec « des discussions
franches et approfondies avec la Russie à chaque étape de ce processus »9.
Le 10 mai 1995, lors des célébrations des 50 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, Eltsine résume parfaitement sa problématique : « Je ne vois rien
d’autre qu’une humiliation pour la Russie si vous continuez […] Pourquoi voulez-vous faire ça ? Nous avons besoin d’une nouvelle structure pour la sécurité paneuropéenne, pas des
anciennes ! […] Mais si j’acceptais que les frontières de l’OTAN s’étendent vers celles de la Russie, cela constituerait une trahison de ma part envers le peuple russe ». Pour
sa part, Clinton a insisté sur une expansion « progressive,
régulière et mesurée » de l’OTAN : et indique à Eltsine qu’il « ne soutiendrait aucun
changement qui sape la sécurité de la Russie ou qui redécoupe l’Europe. »11
La suite allait rapidement démentir ces (nouvelles) belles promesses.
III. 1995-1996 : Guerre et alertes autour de l’expansion de l’OTAN
En septembre 1995, durant la guerre de Yougoslavie, « l’alliance purement défensive de l’OTAN » lance l’Opération
Deliberate Force (Force
délibérée [sic.]) visant à bombarder la République serbe de Bosnie, proches de Russes – qui n’avait pourtant agressé aucun de ses États membres.
Au cours des 3515 sorties aériennes, 338 sites sont bombardés, recevant 1026 bombes. C’est au cours de ces opérations que 2 pilotes français dont l’avion a
été abattu sont capturés puis libérés.
À cette époque, le président Clinton subissait depuis de nombreux mois la pression des faucons républicains comme démocrates pour élargir l’OTAN
brutalement12.
Mais le président Eltsine alertait toujours sur le risque futur de guerre en Europe, avec la reconstitution de deux blocs, dénonçant le suivisme des
Européens sur un sujet fondamental touchant à leur sécurité13.
Le 7 octobre 1996, Alexander Lebed, chef de la sécurité russe, déclara au siège de l’OTAN14 :
« J’ai suggéré
aujourd’hui que la question de l’élargissement ou non de l’OTAN devait être laissée à la prochaine génération qui n’aura pas la confrontation dans ses veines. J’espère que la prochaine
génération n’aura pas tant de complexes et aura une approche nouvelle des choses. Malheureusement, nous sommes tous des produits de la guerre froide ».
Cette vision sur ce sujet est un élément central de la pensée de l’État russe : c’était celle du président Gorbatchev, c’est celle du président Eltsine, ce
sera celle des présidents Poutine et Medvedev et très certainement de leurs successeurs.
III. 1996-1999 : Le début de l’expansion vers l’Est
Eltsine fut donc réélu en juillet 1996, mais il a vraiment failli ne pas l’être – et pas à cause des électeurs. On apprit en septembre qu’il avait fait
juste avant le second tour une très grave crise cardiaque, sans en parler aux électeurs, et on apprendra en 2004 qu’il en avait fait 5 durant sa présidence15,16 :
Il subit en novembre 1996 un quintuple pontage cardiaque, qui lui sauva la vie pendant 10 ans – il ne mourut d’une crise cardiaque que le 23 avril 2007 à 76
ans.
C’est à ce moment de grande faiblesse d’Eltsine à l’automne 1996 que Bill Clinton prit la décision d’étendre l’OTAN, sous la pression de Richard Holbrooke,
appuyé par le vice-président Al-Gore, et contre l’avis du ministre de la Défense Perry, qui a raconté dans ses mémoires la légèreté avec laquelle cette décision si importante fut prise
:
De plus, dans les mois qui suivirent, la Russie connut de graves problèmes financiers : le taux d’intérêt des emprunts publics dépassa
100%, la dette dut être restructurée. La banqueroute ne tarderait pas (août 1998), mais, en attendant, l’État russe était « au bord du gouffre financier »17 et
il ne subsistait plus que grâce au soutien international, donc celui des Américains.
La Russie était désormais trop faible pour défendre ses intérêts fondamentaux face à l’expansion de l’OTAN. Elle dut donc céder, et négocier quelques
compensations, comme la création d’un Conseil conjoint permanent OTAN-Russie, traitant de toute situation où la paix et la stabilité en Europe seraient en danger – mais où la Russie n’a
aucun droit de veto sur les décisions de l’OTAN, chaque partie gardant le droit d’agir librement en cas de désaccord… 18,19
Le 27 mai 1997 fut signé lors du sommet de l’OTAN à Paris un « Acte fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles entre l’OTAN
et la Fédération de Russie », ouvrant la voie à l’expansion de l’OTAN20.
Lors du sommet de Madrid, en juillet 1997, les dirigeants de l’OTAN purent alors se battre pour… l’étendre le plus vite et le plus loin possible, ne tenant
pas le moindre compte des (toujours) fermes protestations russes21,22.
Lors de ce sommet, l’OTAN invita la Hongrie, la Tchéquie et la Pologne à entrer dans l’alliance militaire, ce qui sera fait le 12 mars 199923.
IV. 1999 : Le tournant de la guerre du Kosovo, basée sur des mensonges
Ces nouveaux membre arrivent juste à temps pour que, le 24 mars 1999, « l’alliance purement défensive de l’OTAN » lance la première opération
d’envergure de son histoire, l’Opération
Allied Force (Force
alliée [sic.]) visant à bombarder la Serbie, alliée historique de la Russie, – qui n’avait pourtant agressé aucun de ses États membres. Au cours des 38 000 sorties aériennes,
7600 sites sont bombardés, recevant 25 000 bombes en 78 jours. Au total, environ 500 civils et 1000 militaires auront été tués dans ces interventions dans l’ex-Yougoslavie. L’OTAN, née le
4 avril 1949, ne pouvait rêver meilleur 50ème anniversaire24,25.
4-1/ La propagande de
guerre
La presse reprend sans broncher les prétendus « signes de génocide »26 :
Pour justifier plus encore cette opération, l’OTAN, par la voix du ministre allemand de la défense se lance dans une opération de propagande de guerre
mensongère pour intoxiquer l’opinion publique occidentale. Il présenta les détails d’un supposé « plan secret serbe
(Plan
Fer à cheval) établi des mois auparavant et visant à expulser par la force les Albanais de souche du Kosovo »27.
Deux jours plus tard, le Monde publiait un long dossier sur ce « Plan serbe ‘Potkova‘ »28 :
Mais attention, tout ceci n’était pas « guerrier » mais simplement « percutant et accrocheur » :
Hélas, ce plan était une opération d’intox de la Bulgarie « qui fait alors du
zèle pour rentrer dans l’OTAN »29 :
Pour bien percevoir le haut de degré de vérification des médias sur ces informations stupéfiante, ainsi que le haut degré de grossièreté de ces faux, il
faut savoir que rien que le nom du plan « Potkova » n’est pas la traduction de « fer à cheval » en serbe, qui se dit « Potkovica »…
Le 7 septembre 2001, l’ONU officialisa la fait qu’il n’y avait jamais eu de génocide au Kosovo, ni des dizaines de milliers de morts30,31 ;
4-2/ L’impact sur les relations
franco-russes
George Kennan, éminent soviétologue et probablement le plus grand diplomate américain du XXe siècle32,
avait écrit en 198933 :
« Aujourd’hui, avec la
fin de la guerre froide, les gens pensent que la Yougoslavie n ‘est plus en position de causer aucun dommage. Je pense qu’ils ont tort […] Je pense que les événements en Yougoslavie vont
prendre un tour violent et placer les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, face à l’un de leurs plus gros problèmes de politique étrangère pour les années à
venir. »
Survenant au moment même de l’élargissement de l’OTAN, la guerre du Kosovo a mis fin à l’amitié entre Clinton et Eltsine, et entre les États-Unis et la
Russie. Les prémices apparaissent clairement dans cet échange de 1998 entre les deux dirigeants. La position russe est claire, elle refuse que l’OTAN bombarde son allié historique,
l’intervention militaire ne pouvant qu’être de dernier ressort, et avec l’accord de l’ONU : « Toute utilisation de
la force par l’OTAN est inacceptable ». Clinton refuse de s’engager sur ce point34 :
La Russie continua à marquer sa ferme opposition début 199935 :
Mais le 24 mars 1999, Clinton téléphona à Eltsine pour lui dire que, face à la mauvaise volonté des Serbes, les pays de l’OTAN avaient décidé de bombarder
la Serbie sans l’accord des Nations unies, car « ils n’avaient plus le choix ». Ce jour marque la rupture de la confiance de la Russie en l’Occident36,37.
Dans cette partie on retiendra le plaidoyer des Russes : « Il est facile de lancer des bombes. Cependant, la recherche politique à long terme recherche
politique d’une solution constructive à la situation, c’est une autre chose. Mais c’est la seule approche correcte, la seule voie correcte. Si nous unissons nos forces ensemble, nous
pourrions renverser Milosevic. »
La réitération par Clinton de son « Nous n’avons pas le choix » mensonger met fin à l’entretien, Eltsine faisant bien comprendre que ce choix
signe la perte de la confiance du peuple russe, « il n’y aura plus un
tel dynamisme ni une telle amitié [entre nous] comme auparavant. C’est terminé. » Et il le fit fermement savoir, faisant entrer l’Occident dans un climat de pré-guerre
fraiche38.
The New Yorker résume fort bien les conséquences dramatiques de ce conflit. Il a changé les États-Unis, qui se permettent désormais de lancer des offensives
militaires sans l’accord des Nations unies, ce qui en change la nature et la matière dont il règle le recours à la force. Et il a changé la Russie, augmentant les craintes dace
l’Occident, renforçant le nationalisme, et confirmant probablement la succession laissée à Vladimir Poutine.
Ayant commencé cette partie avec Kennan, nous finiront avec lui. À propos du Kosovo, il conclut son analyse du besoin de prestige et de réassurance russe
par une formule bien tournée : « Il y aura de nombreux
désaccords. Des compromis seront nécessaires sur de nombreux points. Telle est l’essence de la vie internationale »39.
Cependant, après l’établissement d’un monde unipolaire en 1991, dans une ambiance de « fin de l’histoire », il est devenu plus difficile aux
États-Unis de faire des compromis. Robert Skidelsky a très bien résumé la pensée de Kennan en 2014, qui permet de comprendre les difficultés actuelles40 :
« Mais avant de
replonger dans une seconde guerre froide, nous ferions bien de nous remémorer les raisons pour lesquelles nous avons sombré dans la première. L’effondrement du communisme a fait
disparaître l’une des causes originelles de cette première guerre froide, à savoir une poussée expansionniste gargantuesque de la part de l’Union soviétique, contrebalancée par une ferme
volonté des démocraties occidentales de s’y opposer. Néanmoins, un certain nombre de sources de l’ancienne guerre froide demeurent aujourd’hui.
Le diplomate
américain George F. Kennan les a identifiées en ces termes : insécurité névrotique et esprit de dissimulation du côté de la Russie, contre légalisme et moralisme dans le camp de
l’Occident ; le juste milieu d’une discussion raisonnable, autour des intérêts, des perspectives et des risques en présence, demeurant encore insaisissable à ce jour. »
Or il est très dur pour un moraliste de faire de compromis : il ne va pas accepter un accord qui fera 1000 morts au Kosovo au lieu de 3000, si tel est son
critère de décision…
On mesure bien la puissance de cette mentalité moraliste, basée sur des valeurs et non pas, classiquement, sur des intérêts, quand on observe cette décision
de violer la Charte de l’ONU pour bombarder sans l’accord de la Russie un de ses alliés historiques (alliance qui a participé à déclencher la première guerre mondiale et donc la
révolution communiste russe de 1917), allié qu’elle était parfaitement disposée à lâcher, mais sans recours à la force militaire. Et c’est cette force militaire qui ravive l’insécurité
névrotique russe, car si les États-Unis bombardent sans raison la Serbie aujourd’hui, qui dit qu’un autre président américain ne voudra pas bombarder la Russie demain ?
Enfin, rappelons en épilogue que ce monumental gâchis de nos bonnes relations avec la Russie a donc été effectué en échange de la création d’un État du
Kosovo reconnu par seulement la moitié de la planète, régulièrement accusé d’être un État mafieux, et dont le président est le seula u monde accusé d’avoir trempé dans un trafic
d’organes41,42.
Le fameux rapport du conseil de l’Europe est consultable en français ici (cliquez
sur l’exposé des motifs en bas) ou ici (et
en pdf là).
Il indique que Hashim
Thaçi, Premier ministre du Kosovo, puis président du Kosovo, surnommé par Joe Biden « le George Washington du Kosovo », « était habituellement
désigné dans les rapports des services secrets comme le ‘plus dangereux des parrains de la pègre de l’UCK’ ».
V. 2000-2004 : Guerres et expansion vers l’Est jusqu’à la frontière russe
Mais la nouvelle n’eut guère le temps d’infuser pour l’édification de l’éthique de la presse. À peine cinq jours plus tard, le 12 septembre 2001 au soir,
moins de 24 heures après les attentats, les Alliés de l’OTAN ont invoqué le principe de l’article 5 de l’OTAN (agression militaire d’un des membres de l’alliance), pour la première fois.
Ceci entraina la création de la Force
internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) ou International Security Assistance Force (ISAF) qui opéra en Afghanistan de 2001 à 202143,44.
Le 12 mars 2004, ce sont enfin la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie qui rejoignent l’OTAN.
Désormais, 5 pays membres de l’OTAN ont une frontière terrestre commune avec la Russie : la Norvège comme depuis 1949 (200 km), l’Estonie (320 km), la
Lettonie (270 km) ainsi que la Lituanie (270 km) et la Pologne (200 km), via l’enclave
de Kaliningrad.
Au final, force est de constater qu’une telle attitude est étonnante : on a ainsi élargi considérablement le nombre de pays qui, s’ils étaient agressés,
nous feraient entrer automatiquement en guerre. En effet, suivant l’article 5 du Traité OTAN45 :
« Les parties
conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et
en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51
de la Charte des Nations unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera
nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord. »
Rappelons que ces alliances militaires « défensives » sont donc tout sauf anodines : ce sont elles qui ont déclenché la Première et la Seconde
Guerre mondiale.
Mais ils semblent que, pour ces dirigeants, elles fonctionnent apparemment comme des halls de gare : y rentre qui veut, sans se soucier des conséquences
qu’une situation politique imprévue occasionnera 10, 20, 50 ans plus tard…
VI. « Nous ne cherchons pas du tout à isoler la Russie »
Ces élargissements expliquent les réactions passées, présentes et futures de la Russie.
Rappelons d’ailleurs que, lors du sommet de Budapest de 1994, le secrétaire général de l’OTAN, Willy Claes, avait lui aussi défendu les plans d’expansion de
l’alliance. Il avait même indiqué, d’un ton persifleur :
« Nous ne voulons pas
créer une fois de plus deux zones d’influence différentes en Europe. Nous ne cherchons pas du tout à isoler la Russie. »
V. Gorbatchev
contre-attaque : « N’humiliez pas la Russie »
Bien qu’il ait abandonné son poste de président de l’URSS le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev n’a pas renoncé à tout rôle politique. Il n’a cessé de se préoccuper de la sécurité en
Europe de manière générale, et de l’OTAN en particulier.
Il remit ainsi sur le devant de la scène en 1995 son idée de « maison commune « européenne, afin de rapprocher tous les européens. Selon lui, « tenter de résoudre
les problèmes les plus délicats – liés aux questions nationales – à l’aide de missiles est proprement absurde »1.
Il intervint en 1997 pour dénoncer l’expansion de l’OTAN, qu’il jugeait « non
sérieuse ».
Il intervint également devant le Congrès américain le 10 avril 1997, dénonçant l’expansion de l’OTAN :
« Je
crois que c’est une erreur, c’est une grave erreur et je ne suis pas convaincu par les affirmations que j’entends selon lesquelles la Russie n’a rien à craindre. […] Vous ne pouvez
pas humilierune nation, un peuple et penser que
cela n’aura pas de conséquences. Donc ma question est : est-ce une nouvelle stratégie ? […] J’ai le sentiment que si le même genre de jeu continue à se
dérouler, si un
pays joue une carte contre un autre pays, alors tous les problèmes que je viens de mentionner seront très difficiles à résoudre »2.
En 2014, il dénonçait toujours l’aventurisme militaire occidental, rappelant que « La décision des
États-Unis et de leurs alliés d’étendre l’OTAN à l’Est a été prise de manière décisive en 1993. J’ai appelé ça une grosse erreur dès
le début. C’était certainement une violation de l’esprit des déclarations et des assurances qui nous avaient été faites en 1990. En ce qui concerne l’Allemagne, elles ont
été consacrées dans les formes légales contraignantes et sont respectées »3.
VI. 1996-1997 : Les
Cassandres, évidemment ignorées
Nous subissons actuellement une propagande de guerre tout à fait classique.
Les trois premiers points, les plus importants, s’enchaînent logiquement : « Nous ne voulons pas
la guerre (et n’y sommes d’ailleurs pour rien), c’est notre ennemi qui est l’agresseur, d’ailleurs car son chef est diabolique. »
Loin d’être confrontés à conflit qui découlerait de problèmes inéluctables – puisque nous aurions essayé à tout prix de les éviter –, il est important de montrer que cette
situation résulte de choix politiques délibérés, qui auraient pu être autres. La crise actuelle nous le montre de façon criante, comme vient de le rappeler George
Kennan, grand spécialiste américain.
En effet, Kennan, certainement le plus grand soviétologue américain, ancien ambassadeur américain en URSS, concepteur de la doctrine Truman du containment,
et acteur majeur des débuts de la guerre froide, ne mâcha pas ses mots en 1997 : « l’élargissement de
l’OTAN serait l’erreur la plus catastrophique de la politique américaine de toute l’ère de l’après-guerre froide »4.
Michael Mandelbaum, professeur et directeur de l’American Foreign Policy program à l’Université Johns Hopkins implora de ne pas étendre l’OTAN pour préserver la nouvelle Paix5,6.
Une vingtaine d’anciens hauts-fonctionnaires du département d’État ont publié une lettre en 1995 dénonçant cette extension7.
L’universitaire espagnol X. Murillo a fait valoir que l’expansion de l’OTAN « pourrait ramener
l’Europe à l’époque de la guerre froide »8.
John Lewis Gaddis, professeur connu pour ses travaux de recherches sur la guerre froide, surnommé le « doyen des historiens de la guerre froide », biographe officiel de George Kennan,
écrivit9 :
L’expansion ne plaisait pas plus à Thomas
Friedman, l’indéboulonnable éditorialiste « affaires étrangères » du Herald Tribune et du New York Times, triple lauréat du prestigieux prix Pulitzer.
Etc.
Même les suppliques des intellectuels russes dans la presse ne firent pas dévier les parlementaires américains…10
VII. 2007 : La dernière
alerte de Poutine ?
Le 10 mars 2007, le président Poutine
s’est adressé à la conférence annuelle de Munich sur la Sécurité. Ses objections et avertissements sont devenus catégoriques.
« On
voit apparaître en Bulgarie et en Roumanie des « bases américaines légères avancées » de 5 000 militaires chacune. Il se trouve que l’OTAN
rapproche ses forces avancées de nos frontières, tandis que nous – qui respectons strictement le Traité – ne réagissons pas à ces démarches.
Il est
évident, je pense, que l’élargissement de l’OTAN n’a rien à voir avec la modernisation de l’alliance, ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est un facteur représentant une provocation
sérieuse et abaissant le niveau de la confiance mutuelle. Nous sommes légitimement en droit de demander ouvertement contre qui cet élargissement est
opéré. Que sont
devenues les assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du Pacte de Varsovie ? Où sont ces garanties ? On l’a oublié. Néanmoins, je me
permettrai de rappeler aux personnes présentes dans cette salle ce qui a été dit. Je tiens à citer des paroles tirées du discours de M. Werner, alors Secrétaire général de l’OTAN,
prononcé à Bruxelles le 17 mai 1990 : « Que nous soyons prêts à ne pas déployer les troupes de l’OTAN à l’extérieur du territoire de la RFA, cela donne à l’Union soviétique des garanties
sûres de sécurité ». Où sont aujourd’hui ces garanties ?
Les blocs
de béton et les pierres du Mur de Berlin sont depuis longtemps des souvenirs. Mais il ne faut pas oublier que sa chute est devenue possible notamment grâce au choix historique de notre
peuple – le peuple de Russie – en faveur de la démocratie et de la liberté, de l’ouverture et du partenariat sincère avec tous les membres de la grande famille européenne.
Or,
maintenant, on
s’efforce de nous imposer de nouvelles lignes de démarcation et de nouveaux murs. Même s’ils sont virtuels, ils ne manquent pas de diviser, de compartimenter notre continent.
Faudra-t-il à nouveau des années et des décennies, une succession de plusieurs générations de responsables politiques pour démanteler ces murs ? […]
Je suis certain qu’en ce moment
crucial il faut repenser sérieusement l’architecture globale de la sécurité. »
Le discours de la conférence de Munich sur la sécurité de 2007 aurait dû dissiper tout doute quant à savoir si la Russie considérait la politique de l’OTAN en général et la marche
inexorable de l’alliance vers l’est en particulier comme provocatrices et menaçantes. Poutine avertissait ses homologues
occidentaux de changer de cap.
Rétrospectivement, c’était peut-être la dernière occasion d’éviter une nouvelle guerre froide entre l’Occident et la Russie.
VIII. 2008-2010 :
L’agression de la Russie par la Géorgie tout juste adoubée par l’OTAN
Alors que la Russie venait l’année précédente de plaider pour un renouveau du partenariat avec l’Occident, l’OTAN fit un pas de plus vers le désastre, en promettant le 3 avril
2008 à l’Ukraine et à la Géorgie qu’elles rejoindraient l’organisation.
Mais face au désaccord entre George Bush d’une part, favorable à une adhésion, et d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, très réticents, aucune date n’a été avancée. Cela a été défini comme la
politique de « la porte ouverte ». [s ; s]
La légèreté de ceci transparait bien dans ce bref résumé du sommet [s] :
« C’était un compromis de dernière minute, arraché pour éviter l’embarras d’un sommet de l’OTAN qui se serait sinon conclu sans annonce forte. En ce mois d’avril 2008, dans la capitale
roumaine de Bucarest, les lignes sont clairement tracées : le président américain George W. Bush veut offrir à la Géorgie ainsi qu’à l’Ukraine un « plan
d’action pour l’adhésion », ou MAP, c’est-à-dire une feuille de route qui déboucherait sur l’adhésion de ces deux pays frontaliers de la Russie à l’alliance militaire
nord-atlantique.
Face à lui, Angela
Merkel et Nicolas Sarkozy sont unis dans leur opposition, craignant qu’une telle annonce ne soit vue comme une provocation. Ils ne sont, certes, pas les seuls. En amont du sommet,
l’ambassadeur américain à Moscou, William J. Burns, avait câblé à Washington son inquiétude : « L’entrée
de l’Ukraine dans l’OTAN est la plus rouge des lignes rouges pour l’élite russe », écrit-il, ajoutant entre parenthèses « pas seulement Poutine ».
C’est avec la médiation du Royaume-Uni que le compromis est finalement trouvé, et ancré dans un communiqué de presse : « Nous
sommes d’accord pour dire que (l’Ukraine et la Géorgie) deviendront membres de l’OTAN. » Le MAP, processus très concret qui aurait eu valeur de pré-adhésion, laisse place à une
vague promesse dépourvue de calendrier. »
« En privé, cependant, quelques responsables plus perspicaces ont reconnu que les
relations avec la Russie n’avaient pas été bien gérées. Dans ses mémoires, Devoir, Robert M. Gates, qui a été secrétaire à la Défense dans les administrations de George W. Bush et de
Barack Obama, a fait des aveux intéressants. « Quand j’ai rapporté au président mon point de vue sur la conférence de Munich, j’ai partagé ma
conviction qu’à partir de 1993, l’Occident, et en particulier les États-Unis, avaient gravement sous-estimé l’ampleur de l’humiliation russe
en perdant la guerre froide » Pourtant, même cette évaluation brutale donnée à Bush n’a pas pleinement saisi les vues de Gates sur la question. « Ce que je n’ai pas dit au président, c’est que je pensais que les relations avec la Russie avaient
été mal gérées après que [George HW] Bush a quitté ses fonctions en 1993. » Entre autres faux pas, « les accords américains avec les gouvernements roumain et bulgare
pour faire tourner les troupes dans les bases de ces pays étaient une provocation inutile ». Dans une réprimande implicite au jeune Bush, Gates a affirmé que « tenter
de faire entrer la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN était vraiment exagéré ». Cette décision, a-t-il soutenu, était un cas « d’ignorance imprudente de ce que les Russes
considéraient comme leurs propres intérêts nationaux vitaux. »
En 21007, Poutine avait bien indiqué que qu’elle s’opposait à l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’OTAN au vu des menaces pour sa sécurité.
Ses craintes ne sont hélas pas restées vaines puisque, enhardie par ce soutein de l’OTAN, dans la nuit du 7 au 8 août2008,
après plusieurs jours d’accrochages frontaliers entre la milice des séparatistes sud-ossètes, soutenue et formée par la Russie, et l’armée géorgienne, les
hostilités commencent par un assaut des troupes géorgiennes qui fait 12 morts dans les forces de maintien de la paix de la Communauté des États indépendants (CEI, à prépondérance
russe) et 162 victimes sud-ossètes selon le bilan officiel de la Justice russe donné en fin d’année 2008. S’en suivent cinq jours de combats acharnés. [s ; s ; s]
BMP-2 de la 58e armée russe du district militaire du Caucase du Nord lors de ce conflit
Malgré la propagande récurrente, la responsabilité du déclenchement du conflit est établie [s] :
Le 1er avril 2009,
la Croatie et l’Albanie intègrent l’OTAN.
Le 17 août 2009, « l’alliance purement défensive de l’OTAN » lance l’Opération
Ocean Shield (Bouclier
océanique [sic.]) visant à détruire des navires de pirates le long de la côte est-africaine. Elle a duré 7 ans. [s]
L’USS Farragut (DDG-99) détruisant une embarcation de pirates somaliens dans le golfe d’Aden, mars 2010
IX : 2011 : la trahison de la Russie par l’OTAN en Libye
Le 17 mars 2011,
« l’alliance purement défensive de l’OTAN » lance l’Opération
Unified Protector visant à bombarder la Libye – qui n’avait pourtant agressé aucun de ses États membres. Il y a eu près de 7 000 sorties aériennes en 7 mois.
Lancement d’un Tomahawk par le destroyer USS Barry le 29 mars 2011
Comme pour le Kosovo une dizaine d’année auparavant, l’opération est basée sur une opération de propagande
de guerre mensongère grossière, faisant état de massacres à grande échelle par Kadhafi contre sa population [s ; s] :
BHL joua un important rôle dans cette propagande de guerre [s] :
On sait aujourd’hui que ceci était faux, et quand, il y avait des combats, c’était face à des djihadistes, comme le rappelle Patrick Haimzadeh (ancien diplomate français en Libye, qui est un de
nos spécialistes de ce pays) [s] :
Contrairement à son homologue français, le parlement britannique a clairement établi les mensonges et la responsabilité française dans cette guerre [s ; s] :
Fabrice Arfi a également fait la lumière sur cette opération [s] :
Cette guerre a au final miné la confiance de la Russie dans l’OTAN, celle-ci ayant violé l’accord obtenu avec elle au Conseil de Sécurité de l’ONU. [s]
X. 2012-2020 : En route
vers le mur
Depuis décembre 2012,
l’OTAN mène l’Opération Active Fence, qui vise
à protéger la région de la frontière sud de la Turquie avec la Syrie dans le cadre de la guerre civile syrienne, par le déploiement de missiles Patriot. [s]
Des membres des services américains se tenant près d’une batterie de missiles Patriot à Gaziantep, en Turquie, le 4 février 2013,
Après la crise politique qui suit le coup d’État du Maïdan, l’Ukraine a abandonné son statut de « pays non-aligné » fin 2014.
[s]
En 2017,
le Monténégro intègre l ‘OTAN.
En 2019,
l’Ukraine a inscrit dans sa Constitution sa volonté d’adhérer à l’UE et à l’OTAN. [s]
Le 27 mars 2020,
la République de Macédoine du Nord est devenue le 30e État
membre.
En juin 2020, l’OTAN a accordé à l’Ukraine le statut de partenaire « nouvelles opportunités ». [s]
En février
2021, le président ukrainien a indiqué que sa première question à Joe Biden concernerait l’adhésion de son pays à l’OTAN. [s]
En juin
2021, le président ukrainien a demandé à Biden de lui répondre par « oui » ou « »non » pour l’adhésion de l’Ukraine. [s]
En septembre
2021, le président ukrainien a rencontré Biden, et lui a demandé… d’accélérer l’adhésion de l’Ukraine. [s]
Le 21
octobre 2021, la Russie indique qu’elle estime que la taille de l’armement militaire de l’Ukraine opéré par l’OTAN menace sa sécurité, même si l’Ukraine n’est pas encore membre de
l’OTAN. [s]
En effet selon Lawrence Freedman, professeur émérite d’étude des conflits au King’s College de Londres [s] :
« C’est
pour cela que l’on a cette crise. Pas tant à cause de la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, mais parce que les Russes considèrent que la coopération actuelle entre l’OTAN et
l’Ukraine équivaut à une adhésion de facto. Il est important de comprendre le point de vue de Poutine, mais il faut aussi voir que tout cela découle des actions qu’il a
entreprises en Ukraine en 2014. C’était une énorme erreur de jugement de sa part et il n’est plus possible de revenir en arrière. »
Biden n’ayant pas refusé, la Russie a commencé à déplacer certains de ses soldats près de la frontière russo-ukrainienne. C’était un message clair, encore plus clairement exprimé
le 18
novembre 2021 : pour Poutine, l’Occident prend les lignes rouges de la Russie bien trop à la légère. [s]
Le 30
novembre 2021, il a confirmé que cela concernait bien l’expansion vers l’Est de l’OTAN. [s]
Le 7
décembre 2021, il a demandé à Biden des garanties sur le non-élargissement de l’OTAN. [s]
Le 9
décembre 2021, la réponse de Biden est de dire à l’Ukraine que son adhésion à l’OTAN repose entre ses mains. [s]
Le 10
décembre 2021, l’OTAN refuse de donner à la Russie les garanties qu’elle demande. [s]
Le 16
décembre 2021, le président ukrainien est reçu à l’OTAN. [s]
et dans la foulée de ce sommet, l’OTAN et l’UE menacent la Russie. [s]
La Russie a alors demandé par écrit aux États-Unis un engagement à ne plus étendre l’OTAN, ainsi que des garanties de sécurité. Des négociations se sont alors engagées début 2022, mais elles
n’ont pas débouché sur un accord.
C’est un cas classique d’escalade dans l’incompréhension. L’Ukraine se sent menacée, veut adhérer à l’OTAN, donc la Russie réagit, ce qui renforce la menace perçue par l’Ukraine, qui s’arme, etc.
À ce stade, l’important n’est clairement plus de chercher un coupable, mais de chercher – et trouver – des solutions.
Espérons donc que la sagesse et la diplomatie l’emporteront, et que notre gouvernement défendra nos intérêts propres, et non pas ceux (d’une partie) de l’Ukraine ou ceux des marchands d’armes ,
comme le souligne l’américaine Tulsi Gabbard.
XI. 2022 : Et maintenant ?
Au regard des éléments que nous venons de présenter, nous comprenons mieux la rage de Stephen Wait, professeur de relations internationales à Harvard, lorsqu’il écrit que « la
grande tragédie est de voir à quel point il aurait été simple d’éviter cette crise. » [s]
Mais, étrangement, cela ne semble pas aussi simple pour tout le monde [s] :
Cette crise montre l’incompétence de la diplomatie occidentale, empêtrée dans une promesse à l’Ukraine faite à la légère il y a 15 ans. Les pays membres, en particulier la France et l’Allemagne,
comprennent bien qu’ils ne peuvent la concrétiser, car cela déclenchera une gigantesque crise avec la Russie, mais ils ne veulent pas perdre la face et revenir sur leur promesse : comme avec la
Crimée, ils se sont mis dans une situation apparemment inextricable.
Mais, en réalité, il y a différentes solutions. Par exemple, une d’elle pourrai être décidée seul par le Président Macron : indiquer
que la France met son véto à toute extension de l’OTAN, à commencer par l’Ukraine et la Géorgie et mettre en place pour ces pays un statut d’État neutre, garantissant leur sécurité,
leur permettant de coopérer avec tous leurs voisins, ce qui les protégera finalement bien mieux. D’autant qu’on imagine très mal les États-Unis mettre en péril leur existence pour des problèmes
frontaliers de l’autre côté de la Planète. I est d’ailleurs possible l’Ukraine, comprenant qu’en réalité elle ne rentrera probablement jamais formellement dans l’OTAN décide de se retirer du
processus d’intégration et choisisse de rester neutre pour assurer sa sécurité.
Rappelons enfin que, non seulement l’extension de l’OTAN n’a rien d’obligatoire, mais qu’en 1990, certains percevaient très bien le danger de laisser persister un bloc unique, qui se chercherait
forcément un ennemi pour justifier son existence. [s]
Pour conclure, il est important de comprendre que la crise actuelle n’a rien de soudain ni d’imprévisible. Elle a été longuement construite et elle avait donc pu être annoncée il y a 25 ans par
les plus grands spécialistes (très rarement invités dans les médias). Terminons donc en donnant, de nouveau, la parole à George Kennan :
Une chose assez étonnante vient de se produire. Après l’attentat terroriste à Ankara qui a tué 34 personnes et en a blessé 125 autres, les autorités turques ont d’abord déclaré qu’elles n’accepteraient pas les condoléances américaines. Puis les Turcs ont lancé une opération militaire contre les « terroristes kurdes dans le nord de la Syrie« . La Turquie a
ensuite affirmé avoir neutralisé 184 terroristes.
Ce qui n’est pas
mentionné dans ces articles, c’est que la cible de la frappe turque est le centre géré par les États-Unis pour l’entraînement et la formation des militants du PKK au Rojava. Selon certaines
rumeurs, les Turcs auraient donné aux États-Unis suffisamment de temps pour évacuer la plupart de leur personnel.
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
Si oui, c’est parce que c’est très similaire à ce que les Iraniens ont fait lorsqu’ils ont frappé les bases américaines en Irak après le meurtre du général Solemani
par une frappe de drone américain.
Si ce qui précède est vrai, et les rumeurs sont des « si » et ne peuvent être considérées comme des faits avérés,
cela signifie qu’un État membre de l’OTAN (la Turquie) vient d’attaquer une base américaine et, comme l’Iran, s’en est tiré à bon compte : la « plus grande force de combat de l’histoire » vient d’être
frappée durement et humiliée pour la deuxième fois et n’a absolument rien pu faire pour se défendre ou même sauver la face.
Quelle est l’ampleur de la gifle reçue par l’oncle Shmuel cette fois-ci ? Selon le ministre turc de la défense, Hulusi Akar :
« Les abris, bunkers, grottes, tunnels et
entrepôts des terroristes ont été détruits avec succès », a déclaré Akar, ajoutant que « le soi-disant quartier général de
l’organisation terroriste a également été touché et détruit. » Dans l’ensemble, le ministère de la défense a affirmé que les frappes ont touché près de 90 cibles qui, selon lui,
étaient liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et aux Unités de défense du peuple kurde (YPG).
Même en tenant compte d’une certaine « exagération patriotique« , il est assez clair que la frappe
de vengeance d’Ergodan fut à la fois substantielle et, apparemment, plutôt efficace.
Alors, qu’avons-nous ici ? Un État membre de l’OTAN a pratiquement accusé les États-Unis d’une attaque terroriste majeure contre sa capitale, puis cet État membre
de l’OTAN a ouvertement attaqué une installation gérée par les États-Unis (n’appelons pas cela une base, ce serait inexact).
L’affirmation d’Erdogan est-elle crédible ? Absolument ! Non seulement les États-Unis ont déjà tenté de renverser et de tuer Erdogan, qui a été sauvé in extremis
par les forces spéciales russes (tout comme Ianukovich), mais nous savons également que les États-Unis ont renversé le général de Gaulle en 1968-1969 et que les forces secrètes de l’OTAN ont été
utilisées pour organiser des attaques sous faux drapeau contre des alliés de l’OTAN (notamment l’Italie) dans le cadre de l’opération GLADIO.
L’OTAN n’est pas une alliance défensive, elle ne l’a jamais été, elle est un outil de domination coloniale des États-Unis.
Cela a toujours été vrai, d’où les célèbres paroles prononcées dans les années 1950, aujourd’hui lointaines, lorsque le premier secrétaire général de l’OTAN, le
général britannique Hasting Ismay, a admis sans ambages que le véritable objectif de l’OTAN était de garder « Russes à l’extérieur, les Américains à l’intérieur, les Allemands à
terre« . Prenons ces éléments un par un, en commençant par le dernier :
« Garder les
Allemands à terre » : ici, le mot « Allemands » est un substitut désignant tous les
dirigeants ou pays européens qui voulant garder une véritable souveraineté et le pouvoir de décision qui va avec. Traduction : asservir les Européens
« Garder les
américains à l’intérieur » : afin d’écraser tout mouvement de libération
européen. Traduction : placer des suzerains pro-américains à la tête de toutes les nations de l’UE.
« Garder les
russes à l’extérieur » : s’assurer que la Russie ne libère pas
l’Europe. Traduction : diaboliser la Russie et faire tout et n’importe quoi pour empêcher la paix sur le continent européen. Si possible, faire éclater, soumettre ou détruire la
Russie.
Besoin d’une preuve ? Que diriez-vous de l’acte de guerre indéniable contre l’Allemagne (et, je dirais, toute l’UE) lorsque les Anglos ont fait exploser NS1/NS2
? N’est-ce pas une preuve suffisante ?
Dans ce contexte, nous devons nous demander ce que signifie être un État membre de l’OTAN en 2022.
La vérité est que l’OTAN est une pure création de la guerre froide et que, dans le monde réel de 2022, elle est un anachronisme total. Être un État membre de l’OTAN
signifie vraiment très peu de choses. Non seulement certains sont « plus égaux que d’autres » au sein de l’OTAN, mais il existe
également des États non membres de l’OTAN qui sont bien plus « otanisés » que les États membres actuels de l’OTAN (je
pense à Israël ou, bien sûr, à l’Ukraine occupée par les nazis). Et le fait d’être membre de l’OTAN ne vous protège de rien, ni des attaques extérieures, ni des attaques intérieures.
Selon le colonel (retraité) MacGregor, la guerre en Ukraine pourrait bien entraîner l’effondrement de l’OTAN et de l’UE. Je suis tout à fait d’accord avec lui. Je
dirais qu’un tel effondrement ne sera pas tant le résultat de défaites embarrassantes que celui des profondes contradictions internes des deux organisations.
Soit dit en passant, ce n’est pas notre sujet aujourd’hui, mais je pense que l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) a en grande partie les mêmes problèmes et contradictions que l’OTAN. Alors, ce que nous observons est-il un » problème de l’OTAN » ou un problème d’alliances
artificielles et généralement obsolètes ? Je pencherais pour la seconde hypothèse.
Mais laissons la discussion sur l’OTSC pour un autre jour.
Dans le cas de la Turquie, ce problème est encore aggravé par l’incompatibilité totale entre l’islam et l’idéologie woke désormais ouvertement promue (et appliquée) par les
États-Unis et l’OTAN.
Ensuite, il y a la géographie. La Turquie a des voisins régionaux assez
puissants, dont non seulement la Grèce ou Israël, mais aussi l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Azerbaïdjan, l’Irak, la Syrie et, bien sûr, la Russie. La Turquie peut-elle compter sur une
quelconque « protection » des États-Unis et
de l’OTAN face à des voisins aussi puissants ?
Demandez aux Saoudiens avec quelle force les États-Unis/OTAN les aident face aux Houthis !
Demandez aux Israéliens à quel point les États-Unis et l’OTAN les aident face au Hezbollah.
Les frappes iraniennes sur les bases du CENTCOM ont démontré que les États-Unis n’ont pas les tripes pour affronter directement l’Iran. En revanche, l’intervention
russe et iranienne en Syrie a mis en échec les plans américains pour un « nouveau Moyen-Orient » ou, dirons-nous autrement, elle a
donné naissance à un « nouveau
Moyen-Orient« , mais certainement pas celui que les néoconservateurs américains espéraient !
Si l’on ajoute à cela la détérioration majeure des relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite de MBS, on obtient une image étonnante : les États-Unis et
l’OTAN (que les États-Unis ont entraînés dans la région) perdent progressivement leur importance au Moyen-Orient. Au lieu de cela, de nouveaux « grands acteurs » comblent progressivement le vide,
notamment la Russie et l’Iran, qui autorisent même progressivement l’Arabie saoudite à participer à un dialogue régional indispensable sur l’avenir de la région.
La faiblesse phénoménale des États-Unis/OTAN/CENTCOM est parfaitement illustrée par la réaction américaine aux frappes turques : L’oncle Shmuel a approuvé (sans blague !!!) les frappes turques
C’est absolument pathétique pour une prétendue superpuissance.
Ce processus aura-t-il un impact sur la guerre de l’OTAN contre la Russie ?
Eh bien, imaginons que la Russie frappe réellement une cible à l’intérieur de la Pologne (c’est ce que les Ukies ont prétendu, tout comme les Polonais jusqu’à ce
que l’oncle Shmuel leur dise de se calmer). Que se passerait-il ensuite ?
Quelqu’un se souvient-il encore de ce qui s’est passé lorsque Erdogan s’est rendu à Mons pour implorer la protection de l’OTAN contre la Russie (après avoir abattu
un Su-24 russe au-dessus du nord de la Syrie par une opération conjointe américano-turque, peut-être exécutée à l’insu d’Erdogan, du moins c’est ce qu’il a affirmé). Qu’a promis ou donné l’OTAN
aux Turcs ? Absolument rien (à part des « consultations« ).
Maintenant, les Polonais peuvent délirer au point de penser qu’un président américain pourrait ordonner une attaque de représailles contre la Russie si celle-ci
frappait la Pologne, mais ceux d’entre nous qui connaissent les États-Unis et leurs élites dirigeantes savent que cela n’a aucun sens. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’une contre-attaque des
États-Unis et de l’OTAN contre les forces russes entraînerait une réponse immédiate de la Russie.
Et alors quoi ?
La vérité est très dure dans sa simplicité :
Les États-Unis et l’OTAN n’ont pas les effectifs ni la puissance de feu nécessaires pour affronter la Russie dans une guerre conventionnelle à armes
combinées.
Toute utilisation d’armes nucléaires entraînera des représailles immédiates qui aboutiront très probablement à une guerre nucléaire totale impossible à
gagner.
Voici donc la situation : que les politiciens occidentaux le comprennent ou non, les professionnels de l’armée connaissent tous la vérité : l’OTAN ne peut défendre
AUCUN de ses membres contre une armée véritablement moderne. Pourquoi ?
Examinons les capacités dont disposent réellement les États-Unis et l’OTAN :
L’US Navy dispose d’une superbe force sous-marine (SSN et SSBN) capable de tirer un grand nombre de missiles de croisière relativement obsolètes (et de nombreux
SLBM).
Une triade nucléaire encore très performante, bien qu’assez ancienne.
Un avantage conventionnel quantitatif (seulement !) sur la Russie
De superbes (mais très vulnérables !) capacités C4ISR
Une presse à imprimer permettant l’impression quasi infinie de dollars
Une élite compradore régnant sur tous les pays de l’OTAN/UE
La plus formidable machine de propagande de l’histoire
Que manque-t-il donc à l’OTAN pour être une force militaire crédible ?
De toute évidence, des « bottes sur le terrain« . Et je ne parle pas de quelques
sous-unités de la 101ème ou de la 82AB ou des forces spéciales américaines ou même d’une soi-disant « brigade blindée » qui, en réalité, ne dispose pas des
outils et de l’organisation adéquate pour être qualifiée de telle. Je parle d’une force de « guerre terrestre » capable de combattre un ennemi moderne
et extrêmement déterminé.
[Aparté
: si ce sujet vous intéresse, je me permets de vous recommander mon article « Déboulonner les
clichés populaires sur la guerre moderne » écrit en 2016 mais qui reste majoritairement pertinent].
Les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite sont tous tombés dans le même piège : l’illusion qu’en dépensant des milliards et des milliards de dollars dans du
matériel militaire massivement surévalué et massivement sous-performant, vous pourrez vaincre un ennemi supposé être « moins sophistiqué« . D’où la nécessité de recourir à
:
Des forces proxy
Des compagnies privées de mercenaires
Des opérations psychologiques
La corruption
Tous ces éléments font partie intégrante de toute guerre moderne, mais dans le cas des États-Unis et de l’OTAN, ils ne font pas seulement partie d’un plan plus
vaste, ils sont au cœur de toute opération des États-Unis et de l’OTAN, ce qui réduit considérablement leurs capacités réelles sur le terrain. En revanche, des pays comme la Russie ou l’Iran
peuvent déployer des « bottes sur le
terrain« , et des bottes très performantes (n’oubliez pas que les Iraniens sont ceux qui ont formé le Hezbollah !)
Que signifie tout cela en pratique ?
Cela signifie que même si les Russes décidaient de frapper un pays de l’OTAN, les tensions monteraient en flèche, mais il est hautement improbable qu’un président
américain autorise une action susceptible d’entraîner une guerre nucléaire à grande échelle ! N’oubliez pas que pour la Russie, il s’agit d’une guerre existentielle, au même titre que la Seconde
Guerre mondiale, alors qu’aucun dirigeant anglo-saxon n’oserait jamais lancer une attaque suicidaire contre les forces russes, qui entraînerait très probablement l’anéantissement total des
États-Unis, du Royaume-Uni et de tout autre pays y participant (par exemple en hébergeant des armes à distance déployées à l’avant).
Cela signifie-t-il que nous devons anticiper une attaque russe contre la Pologne, la Roumanie ou le Royaume-Uni ?
Non, pas du tout. En fait, il serait très dangereux pour les Russes de ne laisser qu’un choix brutal à l’Hégémon : admettre la défaite ou se suicider. Et puisque
les Russes ont la maîtrise de l’escalade (c’est-à-dire qu’ils ont des capacités équilibrées depuis le niveau de feu des armes légères jusqu’à une guerre nucléaire intercontinentale complète, avec
toutes les étapes entre ces deux extrêmes), ils ne sont pas, contrairement aux États-Unis et à l’OTAN, coincés entre le choix de la capitulation ou du suicide.
Cela étant dit, il serait également erroné de supposer que la Russie « n’oserait jamais frapper un État membre de l’OTAN« . Les
Polonais seraient peut-être prêts à parier leur avenir, voire leur existence, sur une telle déduction invalide, mais pas les gens du Pentagone ou d’autres centres de décision de l’Hégémon.
Conclusion
Douglas MacGregor a raison, la guerre de l’OTAN contre la Russie pourrait très bien aboutir à l’effondrement de l’OTAN et de l’UE qui, à leur tour, planteront un
« dernier clou » officiel dans le cercueil
d’un Hégémon déjà mort depuis longtemps et qui n’existe encore que grâce à son élan et à sa machine de propagande.
Je dirais que l’OTAN est déjà en train de s’effondrer sous nos yeux, un processus que les crises économiques, sociales, politiques et spirituelles qui frappent
l’ensemble de l’UE ne feront qu’accélérer. Et, bien sûr, le plus étonnant dans tout cela, c’est que cet effondrement n’est pas le résultat d’un plan machiavélique concocté par les Russes, les
Chinois ou les Iraniens, mais la conséquence directe de décennies de politiques véritablement suicidaires : ils l’ont fait eux-mêmes !
Maintenant, les Russes, les Chinois et les Iraniens attendent, observent (probablement en souriant) et planifient le monde multipolaire sans hégémonie qu’ils
veulent créer, avec ou sans la participation des États-Unis et de l’Europe.
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Ukraine : La porte dérobée pour rejoindre l’OTAN ?
Le 20 mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré à un intervieweur de CNN qu’il avait personnellement demandé aux dirigeants des membres de l’OTAN « de
dire directement que nous allons vous accepter dans l’OTAN dans un an ou deux ou cinq, dites-le directement et clairement, ou dites simplement non. Et la réponse a été très claire, vous ne serez
pas membre de l’OTAN, mais officiellement, les portes resteront ouvertes. » Lorsque Zelensky a récemment renouvelé sa demande d’adhésion à l’OTAN, le conseiller à la sécurité nationale
Jake Sullivan a répondu en balayant du revers de la main que la demande de l’Ukraine « devrait
être examinée à un autre moment. » La porte de l’adhésion à l’OTAN est restée fermée à l’Ukraine.
L’adhésion à l’OTAN n’a pas toujours été monolithique. Il existe une histoire de permissivité pour des adhésions nuancées. L’Allemagne de l’Est est entrée dans
l’OTAN en limitant les forces étrangères et les armes nucléaires sur son territoire. Le Danemark, la Norvège et l’Islande ont accédé à l’OTAN tout en limitant ou en refusant les armes nucléaires,
les bases et même certaines activités militaires sur leur territoire. L’Espagne est devenue membre en 1982 mais a refusé de s’intégrer pleinement à l’OTAN sur le plan militaire jusqu’en 1999. Et
la France s’est retirée du commandement militaire intégré de l’OTAN en 1966 pendant des décennies tout en conservant son statut de membre à part entière.
Les États-Unis et l’OTAN ont envisagé, mais rejeté, l’idée d’admettre des pays d’Europe de l’Est tout en leur accordant une protection inférieure à celle de
l’article 5. Ils ont rejeté l’idée à l’époque, mais ils semblent l’avoir ressuscitée aujourd’hui.
L’OTAN a refusé l’adhésion de plein droit à l’Ukraine, mais elle lui a accordé une sorte d’adhésion de facto, comme l’a récemment déclaré Zelensky.
Une raison importante de fermer la porte à l’adhésion est que l’adhésion de l’Ukraine pourrait immédiatement déclencher l’article 5, qui promet que « une attaque
armée contre l’un ou plusieurs d’entre eux […] sera considérée comme une attaque contre tous », et conduire à une guerre de l’OTAN contre la Russie et, potentiellement, à une troisième guerre
mondiale.
Mais l’apparente porte dérobée semble laisser l’Ukraine entrer dans l’OTAN, mais sans l’article 5. Comme le dit Zelensky, l’Ukraine semble, de facto, être membre à
tous les autres égards. Plusieurs événements récents l’ont montré très clairement.
Depuis le début de la guerre, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN fournissent les armes, entraînent les soldats ukrainiens à les utiliser et fournissent les
renseignements sur les cibles à viser. La fourniture d’armes s’est étendue au fur et à mesure que la guerre s’est prolongée pour inclure toute pièce d’armement sophistiquée au fur et à mesure de
ses besoins : même des systèmes de missiles à longue portée capables d’atteindre le territoire russe.
Mais les États-Unis n’ont pas seulement fourni les armes. Ils en assurent secrètement la maintenance. En septembre, il a été révélé que des troupes américaines
expertes aidaient à distance les Ukrainiens à réparer et à entretenir toutes sortes d’armes, des obusiers aux lanceurs Javelin et aux lance-missiles HIMARS à longue portée, par le biais de chats
numériques cryptés.
Les États-Unis et l’OTAN ont également étendu la formation. Les États-Unis ont formé les troupes ukrainiennes en Pologne et dans des installations militaires
américaines en Allemagne. Les pays de l’OTAN ont même des formateurs sur le terrain en Ukraine. Du personnel de la CIA ainsi que des commandos du Royaume-Uni, de la France et du Canada se
trouvent en Ukraine pour former et conseiller les troupes ukrainiennes.
Le 17 octobre, l’Union européenne a approuvé un plan de 104 millions de dollars pour former 15 000 soldats ukrainiens en Pologne et en Allemagne. La Belgique et la
France participeront également à cette mission de formation.
Les États-Unis ne se contentent pas de fournir et d’entretenir les armes et d’assurer la formation, ils s’impliquent de plus en plus dans la planification de la
guerre. Les États-Unis fournissent « un nombre accru de renseignements sur la position des forces russes, mettant en évidence les faiblesses des lignes russes ». Au cours de la récente
contre-offensive ukrainienne, les États-Unis ont essentiellement pris en charge la planification, en menant des jeux de guerre et en « suggérant quelles options étaient susceptibles d’être plus
efficaces ».
Et de manière plus apparente et provocante, l’OTAN a annoncé en octobre un plan décennal qui concrétiserait la vision de Zelensky selon laquelle l’Ukraine serait un
membre de facto de l’OTAN. Le plan fournira une formation et des équipements qui rendront « l’Ukraine totalement interopérable avec l’OTAN », a déclaré un haut responsable de l’OTAN. « Le plan
permettra aux militaires ukrainiens d’abandonner l’équipement soviétique… au profit d’un équipement occidental compatible avec l’OTAN. » Ce projet, qui durera dix ans, « pourrait finalement
transformer l’Ukraine en un pays de l’OTAN par défaut, même si elle n’est pas membre de l’alliance », selon l’article de Politico qui a fait état du plan.
Et c’est la porte dérobée vers l’OTAN.
En défendant l’Ukraine contre l’invasion russe, les États-Unis ont étendu leur rôle jusqu’aux limites d’une guerre par procuration. Les États-Unis et l’OTAN
fournissent et entretiennent les armes, assurent la formation, fournissent les renseignements sur les cibles et la stratégie et intègrent l’Ukraine dans l’OTAN. Les États-Unis fournissent tout,
sauf les recrues qui utilisent les armes : l’OTAN mène une guerre contre la Russie, avec des Ukrainiens et des Ukrainiennes comme recrues. C’est le prix de l’admission de l’Ukraine à la porte de
l’OTAN.
Ted Snider est diplômé en philosophie et écrit sur l’analyse des tendances de la politique étrangère et de l’histoire des États-Unis.
Source : Bd.
Voltaire - par Valérie Béranger - Le 02/05/2023.
Fondée en 1949 à Washington, la création de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
(OTAN) partait en apparence d’une bonne intention. Il s’agissait en effet à l’origine de protéger la population des 12 pays d’Europe et d’Amérique du Nord qui le composaient
alors.
Depuis cette date, il est malheureux de constater que là encore
« l’enfer
est pavé de bonnes intentions ». Ce
qui devait en effet assurer la sécurité des peuples s’est vite transformé non plus en une armée de dissuasion mais en un consortium agressif au service des seuls intérêts et de l’hégémonie
américaine.
Depuis sa création, les pays membres de l’OTAN, constitués désormais par la
Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni, la Grèce et la Türkiye), l’Allemagne,
l’Espagne, la Tchéquie, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie, l’Albanie, la Croatie, le Monténégro, la Macédoine du
Nord et dernièrement la Finlande, se consultent pour prétendre prendre des décisions sur des questions de sécurité, à tous les niveaux et dans tous les domaines. En théorie, une « décision de
l’OTAN » est « l’expression
de la volonté collective de l’ensemble des membres », étant donné que toutes ces décisions sont
prises – toujours en théorie – par consensus. Mais dans les faits…
Dans les faits, le « machin » comme l’appelait le général De Gaulle se révèle plus nuisible
qu’utile.
Si l’on s’en réfère à la publicité qui s’étale sur le site du nato, l’on peut
lire : « L’OTAN
est un acteur de premier plan sur la scène internationale et contribue activement à la paix et à la sécurité ».
À la paix et à la sécurité… ça laisse rêveur… surtout lorsque l’on prend l’exemple de Belgrade.
La campagne aérienne a duré 78 jours, du 24 mars au 10 juin 1999. L’Otan a bombardé 37 465
fois Belgrade, soit 480 fois par jour en moyenne. Et tout ça pour éliminer quelle menace ? Aucune, puisqu’il n’a pilonné principalement QUE des civils innocents et quasiment aucuns objectifs
militaires ; tuant des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, qui n’avaient jamais commis aucun crime ni fait de mal à personne ! Belle victoire s’il en fut, de celles dont les USA
aiment à juste titre se faire gloriole.
À titre d’exemple, le 23 avril 1999, en début de matinée, les avions de l’OTAN bombardent
les quartiers généraux et les studios de la Radio-Télévision de l’État serbe (Radio Televizija Srbije, RTS), en plein centre de Belgrade, tuant au moins seize civils et en blessant grièvement
seize autres. Dans la nuit du 7 au 8 mai 1999, des bombardiers furtifs B-2, arrivés tout droit des États-Unis, larguent trois bombes auto-guidées sur le bâtiment neuf abritant la mission
diplomatique chinoise ! Pour une gaffe, avouez que c’en est une belle. GI Jo a-t-il oublié d’apprendre à lire une carte ? Un officier Russe pour lui apprendre, svp ?
Depuis sa création, l’OTAN a été impliquée dans de nombreux conflits, en Afghanistan, en
Irak, en Libye, etc. pour ne citer que les plus connus.
En 2001, l’armée américaine alliée à l’OTAN a lancé une attaque à la roquette dévastatrice sur les installations critiques d’énergie et de télécommunications du gouvernement de
Bagdad, laissant toute la capitale sans eau, sans électricité, sans chauffage, et sans moyen de
communication. Et tout ça pour quoi ? Pour
un mensonge afin de mettre fin au régime de Saddam Hussein, sous prétexte qu’il y aurait eu des
armes de destruction massive en Irak. Armes
qui n’existaient que dans le cerveau malade des Américains, mais pourtant personne n’a payé pour le sang et la destruction gratuite du peuple irakien.
La liste des exactions de l’Otan est tellement longue qu’il faudrait presque tout un site
internet pour en faire le détail. Mais pourquoi un organisme qui se voulait garant de la paix a-t-il sombré au fil du temps dans une barbarie sans nom ?
La réponse tient peut-être dans la composition de ses instances et du choix de
ses responsables. Car si l’on se penche sur le « pedigree » de ces derniers, que trouve-t-on ? Surprise…
une grande majorité d’anciens nazis « recasés » pour l’occasion…
Adolf Heusinger, 1897-1982, général allemand lors de la deuxième guerre mondiale, était l’ancien Chef
de section des opérations de l’OKH, le commandement suprême de l’armée de terre, chargé entre autres de l’opération Barbarossa, c’est à dire l’invasion et les
modalités pratiques d’occupation de l’Union soviétique en 1942 dans laquelle 24 millions de russes perdirent la vie. Accessoirement… un chiffre jamais mentionné par les historiens de
l’Occident. C’est lui qui coordonne l’offensive de l’été 1942 à Stalingrad. C’est lui aussi qui
s’occupe du “nettoyage” politique et ethnique du Peuple soviétique aux fins de “sécuriser” les arrières de la Wehrmacht. C’est
lui qui ordonne également l’abominable et répugnant massacre du ghetto de Minsk, la Shoah par balles d’un million de soviétiques. Là encore oublié par les livres d’histoire ! L’agence Tass a apporté des preuves irréfutables de la responsabilité personnelle de Heusinger dans le massacre de
45000 Biélorusses. Un intime d’Hitler, l’homme du premier cercle, ce qui ne sera jamais mentionné lorsqu’il deviendra un dignitaire de la RFA.
Et bien ce charmant personnage qui aurait dû finir au purgatoire a été le premier chef
d’État-Major de la Bundeswehr, les forces armées ouest-allemandes, créées en 1955. Il a également été le président du Comité militaire de l’OTAN jusqu’à sa retraite en 1964.
Réponse des autorités américaines de l’époque : “Heusinger
aurait été un résistant sincère à Hitler !“(sic). En effet il était au courant de l’attentat contre
Hitler du 20 juillet 1944. Mais il est bien connu que pour se « recaser » après une guerre et sauver sa peau il est utile de savoir manger à tous les râteliers.
Hans Spiedel, 1897-1984, fut à son tour de 1957-1963 Commandant en chef des forces terrestres de
l’Otan pour le « Centre Europe » à Washington. Ce
Général dans l’armée Allemande d’avant et après-guerre a à son actif la Campagne de France en 1940. Il participe à la rédaction du traité d’armistice et accompagne Hitler dans sa visite à Paris. Chef d’Etat major et
général de l’Armée Sud sur le Front de l’est en 1943, il épaule l’attentat contre Hitler en juillet 1944 ce qui lui permettra de se refaire une virginité.
Dites-vous que ces deux-là ne sont que l’entrée. Si l’on passe au plat de résistance…
Johann von Kleimanseg, 1906-2008, officier
d’état-major général au sein du haut commandement de la Wehrmacht a été recasé ensuite comme
Commandant de l’OTAN en Europe centrale de 1967 à 1968.
Johann Steinhof, 1913-1994, l’as
de l’armée de l’air sur le front de l’Est, considéré par beaucoup comme un des plus efficaces chefs de la Luftwaffe, fut également président du Comité militaire de l’OTAN de 1971 à 1974.
Ernst Ferber, 1914-1998, inspecteur
du haut commandement de la Wehrmacht, fut à son tour nommé Commandant de l’OTAN en Europe centrale de
1973 à 1975.
Karl Schnell, 1915-2013, officier
d’état-major général dans le corps des chars de la Wehrmacht, pris la place de son illustre
prédécesseur en tant que commandant de l’OTAN en Europe centrale de 1975 à 1977.
Franz-Josef Schultze, 1918-2005, officier
de la Luftwaffe, croix de chevalier, recasé comme commandant de l’OTAN en Europe centrale de 1977 à
1979. J’ai failli oublier, l’un des meilleurs et pas des
moindres. Reinhard
Gehlen, 1902-1979, assistant
fidèle de Walter Schellenberg, bras droit de Heydrich. En 1945 ce dernier va se rendre aux Américains
afin d’éviter le GRU russe, qui le recherche activement pour ses crimes en URSS. À l’époque, Gehlen collabore avec l’Institut Wannsee proche de la SS, afin de constituer une documentation
économique et sociale précise sur l’union soviétique. Afin d’asservir la Russie, Gehlen souhaite s’appuyer sur les nationalistes slaves, dont l’indépendantiste ukrainien Stépan Bandera qui sera
enrôlé dans la SS de Heydrich. Gehlen va après-guerre collaborer avec les services américains avec pour mission de mettre sur pied un service de renseignement en Allemagne de l’Ouest, financé par
les États-Unis, afin de surveiller les pays de l’Est. C’est également lui qui créa le réseaux Gladio responsable des attentats des Brigades Rouges manipulées par le BNB et la
CIA. Et enfin, Ferdinand
von Saenger und Etterlin, 1923-1987, Adjudant
du haut commandement de la Wehrmacht poursuivit son œuvre en tant que commandant de l’OTAN en
Europe centrale de 1979 à 1983.
En fait, après la défaite de l’Allemagne, un grand nombre d’anciens nazis qui auraient dû être condamnés et pourrir en prison, et ce jusqu’à ce que mort s’ensuive, ont été largement remerciés de
leurs « bons et loyaux services » en tant que tortionnaires par les États-Unis avec des postes à responsabilité glorifiant leur savoir-faire. Elle n’est pas belle la vie ?
Ces dignitaires qui étaient loin de n’être que des exécutants, n’ont non
seulement pas été inquiétés mais ont poursuivi leur carrière en toute tranquillité. Et tout ça pour quoi ? Parce
qu’il fallait utiliser les talents des nazis pour mener la nouvelle guerre déjà prévue à l’époque contre l’URSS. L’URSS sans le sacrifice duquel le débarquement allié n’aurait jamais pu avoir
lieu ! Mais ça, les Occidentaux à la mémoire de « langouste cuite » l’ont oublié. C’est fou ce
que ça peut être pratique de manquer de mémoire quand ça les arrange…
Non seulement les USA ont ouvert grand leurs portes à des nazis auxquels ils ont offert une
nouvelle virginité, mais en plus Hollywood a fait d’eux les champions de la lutte contre le communisme, quand ce n’était pas la libération de l’Europe. De qui se moque-t-on ?
Tout comme Otto
Skorzeny, 1908-1975, ancien
chef des commandos d’élite de la SS qui ne recevait ses ordres que du Führer, qui a testé des balles
toxiques expérimentales sur les détenus du camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen, qui fut recruté par la CIA en tant que « formateur ». Ce dernier servit tellement bien l’agence qu’il
fut chargé des opérations « spéciales » contre l’URSS, mais aussi la France du général de Gaulle.
Mais soyez rassurés braves gens, ça continue encore et toujours aujourd’hui. La « collaboration » USA/Allemagne n’en est pas à son terme, loin s’en faut. La preuve, si l’on en croit le journal Bild, des instructeurs Allemands apprennent à plus de 1000 militaires
Ukrainiens à combattre dans
des zones peuplées dans une douzaine de bases militaires à travers l’Allemagne. Les bases sont
également utilisées pour entraîner les chars Leopard 2 et les obusiers automoteurs Panzerhaubitze 2000. Et qui se cache derrière les Ukrainiens ? Vous ne devinez pas ? Washington, sous couvert de
l’Otan. Après tout on ne change pas une équipe qui gagne !
Soyons lucides, l’OTAN a été imposé par les USA à l’Europe en 1949 afin de contrôler les pays européens. Et cette hégémonie, cette « mise en esclavage » n’en est pas à son premier pas ni à son
terme. L’OTAN,
qui prétendait en sous-main des USA, lutter « contre tous les régimes communistes dans le monde », et qui dans les faits voulait déjà détruire le monde slave. Après l’ex-URSS aujourd’hui la
Russie !
Les USA ont même imposé comme 1er président de la commission
européenne, Walter
Hallstein (1901-1982), éminent
juriste nazi, doyen de l’université de Rostock en 1936, qui fut recyclé à la tête de la nouvelle
Europe sous contrôle cette fois de l’impérialisme américain, via la commission européenne comme son 1er président de 1958 à 1967.
Avouez que pour du recyclage, c’est du recyclage de premier choix. Il est vrai que « l’occasion » est désormais à la mode, alors pourquoi pas d’anciens nazis ? Anciens… c’est encore à voir car les chiens ne font pas des chats et la nature humaine, si elle peut évoluer, ne
change pas réellement en profondeur. « Chassez le naturel… »
Voilà ce que fut et ce qu’est réellement l’OTAN ! Non pas une force de paix mais une horde guerrière, agressive, dangereuse, prête à tout pour servir son véritable maître, à savoir les
USA.
Ne nous imaginons pas que si les nazis de l’époque sont passés ad patres, le nazisme lui, a
disparu. Malheureusement, comme la tête du monstre de Lerne, qui à la place de chaque tête tranchée par Hercule en laissait repousser deux, le nazisme grandit encore et encore. Et comme le
monstre de Lerne son seul souffle porte la mort. Faudra-t-il comme dans la légende brûler les chairs tranchées à l’aide de torches enflammées, afin d’éviter la repousse de nouvelles têtes ? La
prochaine sera-t-elle celle de la germanique Ursula qui, ayant vendu une première fois son âme au diable Pfizer, n’en est plus à une trahison près, et présente tous les critères du vice et de la
bassesse qui en feront la candidate idéale ?
Gageons que la Russie et Vladimir Poutine, en gagnant leur guerre, sauront couper et pétrifier une fois pour toute les multiples têtes du monstre, et nous débarrasser à jamais de ses
suppôts.
J’attends que le brouhaha
se calme depuis la conférence de l’OTAN à Vilnius, en Lituanie, les 11 et 12 juillet 2023, attendant que quelqu’un – n’importe qui – mette en évidence la raison évidente pour laquelle le
président ukrainien Zelensky, mascotte reniflant de la cocaïne, après avoir été adulé il y a seulement un an, est soudainement tombé en disgrâce au sein de cette organisation. Oui, l’Ukraine
pourrait encore un jour être invitée à entamer le long et ardu processus d’adhésion à l’OTAN, mais seulement après qu’un nombre indéfini de membres de l’OTAN auront décidé qu’elle a fait
suffisamment d’efforts pour se conformer aux “normes
de l’OTAN” (j’expliquerai ce que sont ces normes plus tard) et à diverses autres choses floues. Sachant que le 20 septembre 2018, le parlement ukrainien a approuvé des amendements à la
constitution qui feraient de l’adhésion du pays à l’OTAN et à l’UE un objectif central et le principal objectif de la politique étrangère, une telle tournure des événements est des plus
embarrassantes pour le président mascotte et ses soutiens et manipulateurs.
Oh, les vicissitudes de la fortune ! Beaucoup d’analyses et de commentateurs ont proposé des explications toutes faites à ce retournement de situation. Pourtant,
aucun d’entre eux n’a jugé bon de creuser un tout petit peu et de découvrir la raison flagrante de ce changement capital. Peut-être tous, pour diverses raisons, ont-ils répugné à admettre la
réalité de ce qu’est l’OTAN, de ce qu’elle fait et de la raison pour laquelle l’Ukraine constitue soudain une menace plutôt qu’un atout pour sa mission principale. Vous pouvez lire tout ce
commentaire à tête reposée – si vous avez du mal à vous endormir. Le communiqué officiel du sommet de l’OTAN, fantastiquement verbeux et rempli d’éléments sans intérêt, est particulièrement soporifique.
Alors, qu’a fait l’Ukraine pour tomber dans une telle disgrâce ? Peut-être a-t-elle fait quelque chose qui a mis en péril la mission principale de l’OTAN ? Cela
semble être une bonne hypothèse. Mais alors, quelle est la mission principale de l’OTAN ? Dans le film “Le
silence des agneaux”, Hannibal Lecter fait référence à une citation de Marc Aurèle lorsqu’il dit à Clarice Starling : “Premiers principes, Clarice. Simplicité. Lisez Marc Aurèle. Pour
chaque chose particulière, demandez-vous : qu’est-ce que c’est en soi ? Quelle est sa nature ?” Cette citation est tirée du troisième livre des “Méditations” de Marc Aurèle et souligne l’importance de
comprendre l’essence des choses.
L’OTAN a été créée le 4 avril 1949 avec la signature du traité de l’Atlantique Nord, plus connu sous le nom de traité de Washington, dans le but supposé de
contrecarrer l’Union soviétique en Europe. L’URSS a réagi en créant l’Organisation du traité de Varsovie (également connue sous le nom de Pacte de Varsovie), une alliance politique et militaire
établie le 14 mai 1955 entre l’Union soviétique et plusieurs pays d’Europe de l’Est dans le but exprès de les défendre contre l’OTAN. Le Pacte de Varsovie a été dissous le 1er juillet 1991 et,
peu après, le 26 décembre 1991, l’URSS elle-même a fait de même, mais l’OTAN continue d’exister. À ce moment-là, le Pacte de Varsovie existait depuis un peu moins de la moitié de la durée
d’existence de l’OTAN, et l’URSS depuis un peu plus longtemps encore. Il est clair que la menace communiste comme justification de l’existence de l’OTAN n’était qu’une ruse, un écran de fumée… un
faux-fuyant.
Quel était donc le véritable objectif de l’OTAN ? Il existe de nombreuses façons de répondre à cette question, mais la soudaine déchéance de l’Ukraine offre ce qui
est peut-être l’explication la plus explicite.
Était-ce parce que la guerre s’éternisait dans ce pays ? Non, une combustion lente serait exactement ce que le Pentagone a ordonné, afin d’avoir une chance de
suivre le rythme effréné des livraisons d’armes et de munitions de la Russie.
L’Ukraine était-elle en train de perdre la guerre ? Non, l’Ukraine ne perdait pas, elle ne gagnait pas. En particulier, ses attaques contre les lignes de
défense russes, que les troupes russes appelaient “hachoir à viande” en raison des pertes énormes et
inutiles qu’elles entraînaient du côté ukrainien, semblaient plutôt futiles.
L’Ukraine était-elle sur le point d’être vaincue ? Là encore, non, les Russes étaient heureux d’avancer de quelques kilomètres ici et là, leur principal
objectif étant d’établir une zone tampon suffisamment large pour que l’artillerie ukrainienne cesse de bombarder ce qui est aujourd’hui des quartiers civils russes.
Est-ce parce que l’OTAN n’avait plus d’armes et de munitions à donner aux Ukrainiens ? Là encore, non, il existe encore un grand nombre d’armes semi-obsolètes
qui pourraient être remises aux Ukrainiens.
Alors, qu’ont fait les Ukrainiens pour soulever si soudainement l’ire du Pentagone et, en conséquence directe, tomber en disgrâce auprès de l’OTAN ? En bref, les
Ukrainiens ont démontré que les armes de l’OTAN sont de la merde. Les preuves se sont accumulées lentement au fil du temps. Tout d’abord, il s’est avéré que les différents éléments de la camelote
américaine tirée à l’épaule – Stingers antiaériens, Javelins antichars, etc – sont plus qu’inutiles dans les combats modernes. Ensuite, il s’est avéré que l’obusier M777 et le complexe de
roquettes HIMARS sont plutôt fragiles et ne peuvent pas être entretenus sur le terrain.
L’arme miracle suivante lancée pour résoudre le problème ukrainien a été la batterie de missiles Patriot. Elle a été déployée près de Kiev et les Russes s’en sont
rapidement moqués. Ils l’ont attaquée avec leurs drones super économiques Geranium 2, le “flying moped” (cyclomoteur volant), l’ont amenée à allumer
son radar actif, démasquant ainsi sa position, puis à tirer toute sa charge de roquettes – d’une valeur d’un million de dollars par roquette ! – après quoi il est resté là, sans masque et sans
défense, et a été abattu par un seul tir de roquette de précision russe.
Cela n’a pas manqué d’énerver sérieusement le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, dont la principale vache à lait personnelle est Raytheon, le
fabricant du Patriot. Oui, le Patriot s’est avéré inutile lors de la première guerre du Golfe, où il n’a pas réussi à protéger Israël contre d’anciens missiles Scud irakiens ; et il s’est avéré
inutile plus tard lorsqu’il n’a pas réussi à protéger les installations pétrolières saoudiennes contre d’anciens missiles Scud yéménites… mais vous n’êtes pas censé en faire la publicité. Et
maintenant, ceci !
Et pour couronner le tout, les chars Leopard 2 donnés par l’Allemagne et les véhicules d’infanterie Bradley donnés par les États-Unis, sans parler des stupides
chars à roues français, ont donné des résultats absolument misérables lors des récents efforts ukrainiens pour s’approcher de la première ligne de défense de la Russie, sans parler de la
pénétrer. Pour remuer le couteau dans la plaie, Poutine a fait remarquer que les blindés occidentaux brûlaient plus facilement que les vieux blindés soviétiques.
Le dernier geste désespéré consisterait à donner à l’armée de l’air ukrainienne (qui, soit dit en passant, n’existe plus) quelques vieux avions de chasse F-16.
Ceux-ci peuvent avoir jusqu’à 50 ans et ont la particularité d’avoir une entrée d’air très proche du sol, ce qui les rend très efficaces en tant qu’aspirateurs de piste au décollage. Ils ne
peuvent pas décoller des pistes sales et défoncées typiques de l’Ukraine, car les débris seraient aspirés dans le moteur et le détruiraient. Si les Ukrainiens tentent de paver de nouvelles pistes
pour eux, les Russes s’en apercevront immédiatement grâce au satellite géosynchrone qui est pointé en permanence sur le territoire ukrainien. Plutôt que de créer de nouveaux cratères de bombes
sur ces nouvelles pistes, ils pourraient faire quelque chose de plus subtil : utiliser l’un de leurs Geranium 2 super bon marché pour répandre des copeaux de métal que les moteurs des F-16
pourraient aspirer… et brûler en vol. Et comme il s’agit d’avions monomoteurs, il n’est pas possible de rentrer à la maison en boitant avec le moteur restant : le pilote devrait se catapulter et
l’avion s’écraserait. Mais il y a une raison encore plus importante pour laquelle l’idée de donner des F-16 à l’Ukraine est irréalisable : ces avions sont capables de transporter des bombes
nucléaires et la Russie a déjà annoncé qu’elle considérerait cette mesure comme une escalade nucléaire. Or, il est interdit de provoquer un conflit nucléaire avec la Russie ; les F-16 sont donc
exclus.
Pourquoi l’échec de l’armement occidental, qui fait l’objet d’une propagande incessante, est-il plus important que n’importe quoi d’autre, y compris l’état de plus
en plus désastreux des finances occidentales, l’échec ridicule des sanctions anti-russes, le nombre scandaleusement élevé de victimes ukrainiennes ou la lassitude générale de l’Occident à l’égard
de tout ce qui est ukrainien, et en particulier du flot de réfugiés ukrainiens auquel l’Occident ne peut plus faire face ?
La raison en est simple : L’OTAN n’est pas une organisation défensive (n’oubliez pas que l’URSS a disparu depuis plus de 30 ans), ni une organisation offensive
(certes, elle a bombardé la Serbie et quelques autres pays relativement sans défense, mais elle ne peut en aucun cas envisager d’affronter la Russie ou tout autre pays bien armé). L’OTAN est plutôt un club d’acheteurs captifs d’armes fabriquées aux États-Unis. C’est la raison d’être des normes de l’OTAN, auxquelles l’Ukraine doit se conformer
avant d’être jugée digne d’être invitée à rejoindre l’OTAN : pour se conformer à ces normes, vos armes doivent être principalement fabriquées aux États-Unis. C’est également la raison de toutes
les guerres de choix, de la Serbie à l’Irak en passant par l’Afghanistan, la Libye et la Syrie : il s’agissait de projets de démonstration pour les armes américaines, avec l’objectif
supplémentaire d’épuiser les armes et les munitions afin que le Pentagone et le reste de l’OTAN soient obligés d’en recommander de nouveaux stocks. Les justifications géopolitiques de ces
conflits militaires ne sont que des rationalisations. Par exemple, entre 1964 et 1973, les États-Unis ont largué plus de 2,5 millions de tonnes de bombes sur le Laos au cours de 580 000 sorties
de bombardement, soit un avion chargé de bombes toutes les huit minutes, 24 heures sur 24, pendant neuf ans. Quelle était la logique géopolitique ? Personne ne se souvient même s’il y en a eu
une. Mais ces bombes étaient sur le point d’expirer et devaient être utilisées et commandées à nouveau pour que l’argent continue de couler.
En réponse à ces étranges incitations, les armes fabriquées aux États-Unis ont tendance à être excessivement complexes (pour que leurs fabricants puissent faire
payer plus cher les fonctions supplémentaires inutiles) et plutôt fragiles (elles n’ont jamais été testées contre un adversaire de taille comparable comme la Russie ou la Chine, ni même contre
l’Iran), développées lentement (pour faire le ménage dans les fonds de R&D), construites lentement (parce que pourquoi se presser ?) et nécessitant beaucoup d’entretien (pour que les
entreprises de défense américaines puissent s’enrichir encore plus en fournissant des pièces de rechange et des services). Ces armes étaient censées être testées de temps à autre en faisant la
nique à des tribus arriérées armées de vieilles kalachnikovs et de RPG.
L’Ukraine est une toute autre histoire. Là, on demande aux Ukrainiens, avec leurs armures occidentales dépareillées, de pénétrer trois lignes de défenses russes
renforcées. Après environ un mois d’efforts et des pertes considérables en hommes et en matériel, ils n’ont pas encore réussi à atteindre la première ligne de défense. La vue de blindés
occidentaux en flammes ne fait pas une bonne publicité. Par conséquent, les entreprises de défense américaines doivent être très désireuses d’arrêter ce flux constant de publicité négative pour
leurs produits, très vite même – avant que leur réputation ne soit complètement ruinée ; d’où la hâte inconvenante avec laquelle l’ensemble du projet ukrainien est en train de devenir
orphelin.
L’alternative à la guerre active, maintenant qu’elle a échoué, est ce que l’on appelle généralement en Occident la “négociation”, mais qui impliquerait en réalité d’accéder aux
demandes russes formulées en novembre 2021 (qui incluent le retrait des armes de l’OTAN jusqu’au niveau où elles se trouvaient en 1997), ainsi qu’à des exigences plus récentes, telles que la
dénazification, la démilitarisation et la neutralité de ce qui reste de l’Ukraine, la reconnaissance des nouvelles frontières de la Russie (qui incluent la Crimée, les régions de Kherson,
Zaporozhye, Donetsk et Lougansk) et la poursuite de tous les criminels de guerre ukrainiens, y compris tous ceux qui torturent les prisonniers de guerre et bombardent les civils depuis 2014. Oh,
et la levée de toutes les sanctions insipides serait également nécessaire.
Mais cela fait beaucoup à assimiler en une seule fois, et c’est pourquoi l’OTAN a décidé d’avaler le tout en plusieurs bouchées. Le document officiel de l’OTAN,
dont le lien figure ci-dessus, est extrêmement verbeux et plein de fioritures, mais une lecture attentive de son bureaucratisme turgescent révélera un certain nombre de concessions, ou du moins
d’allusions à des concessions :
“Nous serons en mesure
d’inviter l’Ukraine à adhérer à l’Alliance lorsque les Alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies”. Pour reprendre une expression russe vernaculaire, cela se
produira “lorsqu’une écrevisse sifflera sur une
montagne”, c’est-à-dire jamais. En d’autres termes, l’Ukraine ne fera jamais partie de l’OTAN.
“Les circonstances dans
lesquelles l’OTAN pourrait être amenée à utiliser des armes nucléaires sont extrêmement rares”. Traduction : Nous nous retirons ! Ne nous tuez pas, s’il vous plaît ! Apparemment, les
dirigeants de l’OTAN ont été informés des capacités des nouvelles armes stratégiques russes, tant offensives que défensives, et ne veulent même pas envisager une quelconque confrontation
militaire directe avec la Russie.
“Nous demandons
instamment à tous les pays de ne fournir aucune forme d’assistance à l’agression de la Russie”… Traduction : nous souhaitons qu’ils arrêtent, bien que nous l’ayons déjà demandé
suffisamment de fois et qu’ils n’aient pas écouté, et nous n’avons donc pas beaucoup d’espoir qu’ils écoutent maintenant.
“L’approfondissement du
partenariat stratégique entre la RPC et la Russie et leurs tentatives, qui se renforcent mutuellement, de saper l’ordre international fondé sur des règles vont à l’encontre de nos valeurs et
de nos intérêts”. Mais l’approfondissement du partenariat stratégique est tout à fait conforme aux valeurs et aux intérêts de la Russie et de la Chine, qui n’ont pas l’intention de
demander la permission à qui que ce soit. Il est un peu pathétique de parler de “l’ordre international fondé sur des règles”, même s’il
n’existe plus, mais que leur reste-t-il d’autre à faire ? Bouhhhhh !
“Le renforcement de
l’intégration militaire de la Russie avec le Belarus, y compris le déploiement de capacités militaires russes avancées et de personnel militaire au Belarus, a des implications pour la
stabilité régionale et la défense de l’Alliance”. Eh bien, c’est exactement ce que cette intégration militaire a été conçue pour accomplir et c’est une bonne chose qu’ils l’aient
remarqué. L’implication est que l’OTAN ne se frottera plus jamais à la Biélorussie.
“Nous restons disposés à
maintenir des canaux de communication ouverts avec Moscou afin de gérer et d’atténuer les risques, de prévenir l’escalade et d’accroître la transparence”. Voilà une bonne nouvelle !
Téléphonez au Kremlin si vous voulez entendre une récitation des exigences de la Russie en matière de sécurité, pour vous rafraîchir la mémoire.
“Les ambitions déclarées
et les politiques coercitives de la République populaire de Chine remettent en cause nos intérêts, notre sécurité et nos valeurs”. Or, les intérêts et les valeurs de l’OTAN remettent en
cause la sécurité de la République populaire de Chine, de sorte que nous nous trouvons dans une impasse. Par ailleurs, la Russie vient d’adopter une loi interdisant toutes les opérations de
changement de sexe ; en quoi cela est-il conforme aux “valeurs occidentales” ? Allez, secouez vos
petits poings de rage impuissante !
“L’OTAN ne cherche pas
la confrontation et ne constitue pas une menace pour la Russie. À la lumière de ses politiques et de ses actions hostiles, nous ne pouvons pas considérer la Russie comme notre
partenaire”. Et à la lumière des politiques et actions hostiles de l’OTAN, la Russie considère les pays de l’OTAN comme des nations hostiles (et certainement pas comme des partenaires).
En quoi le fait de donner des armes aux nazis ukrainiens ne constitue-t-il pas une menace pour la Russie ?
“Nous réitérons notre
détermination claire à ce que l’Iran ne développe jamais d’arme nucléaire. Nous restons profondément préoccupés par l’escalade du programme nucléaire iranien.” L’Iran est donc le
seul pays contre lequel la vieille OTAN édentée trouve encore le courage d’aboyer. Cela semble sûr, puisque l’Iran ne les entend même plus.
Voilà où en est la situation. L’Europe regarde avec horreur les États-Unis, qui sont toujours son fournisseur d’armes et son garant de sécurité, mais qui sont
dirigés par un vieillard sénile à peine fonctionnel dont les accès de colère font fuir les membres de son cabinet du bureau ovale, et dont la seule remplaçante possible – l’imbécile et caquetante
Kamala – ne ferait guère mieux. Certains des dirigeants européens les plus lucides commencent peut-être à comprendre qu’il faut trouver un moyen de sortir du cul-de-sac russophobe qu’ils ont
eux-mêmes créé et dans lequel ils se trouvent actuellement, mais ils ne voient aucun moyen d’y parvenir sans perdre massivement la face. Donnons-lui encore un an et nous verrons si, d’ici là, il
a encore une tête à sauver.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de
l’effondrement des sociétés ou des civilisations.