« Je n'aurais pas d'horreur de la trahison si elle était faite pour me rendre maître du monde. »
(Fénelon : « Le jeune Pompée et Ménas » (1712))
Monsieur le Président,
La citation en entête de cette lettre pourrait être de vous tant on vous sait capable de toutes
les bassesses, de toutes les intrigues et de tous les mensonges pour arriver à vos fins.
Au début de l’année 2017, alors que vous étiez candidat à la Présidence de la République,
vous avez qualifié l’œuvre française en Algérie de « crime contre l’humanité ». Puis, devant le tollé
des associations de « Pieds noirs » et d’anciens combattants, de « crime contre l’humain », ce qui
revient au même. Cette tirade de « lèche-babouches » n’avait qu’un but : tel François Hollande cinq ans plus tôt, vous
veniez acheter le vote des Musulmans franco-algériens.
Indigné, je vous adressais une longue lettre pour vous résumer tout ce que la France a bâti
avec courage, avec désintéressement et souvent au prix du sang en 132 années de présence en
Algérie. A l’époque, Je pensais, naïvement j’en conviens, qu’un énarque postulant à la magistrature suprême était capable
de comprendre qu’on n’a pas le droit de dénigrer ouvertement son pays, de salir sa mémoire et d’insulter ses morts. La notion de « Patrie » est un bien
sacré. Je croyais que même un européiste convaincu (qui n’aime ni notre vieille nation, ni les Gaulois qui la peuplent) était instruit de ces choses-là.
Et voilà que vous en rajoutez en condamnant le rôle (supposé) de l’armée française dans la
mort de Maurice Audin. En agissant ainsi, vous creusez, un peu plus chaque jour, le fossé entre les Français de souche et
l’immigration originaire du Maghreb. On ne gouverne pas un pays en réveillant de vieilles blessures, ni en jetant du sel sur une plaie encore à
vif.
Et vous faites, une nouvelle fois, la démonstration de votre inculture en matière d’histoire
contemporaine car, en fait, qui était ce Maurice Audin ?
Un jeune assistant-prof de maths à la fac d'Alger, membre du Parti Communiste Algérien et
pro-FLN, un « porteur de valises », donc un traître à sa Patrie.
Pendant la « bataille d'Alger », il a été arrêté par les parachutistes du général Massu puis
remis pour interrogatoire aux hommes du commandant Aussarreses : le faire parler, pour qu’il livre ses complicités, ses
caches d’armes et d’explosifs, et qu’il dénonce les attentats en préparation me semble un comportement assez logique, normal dans le contexte de la «
bataille d’Alger ».
Rappelons, juste pour mémoire, aux ignares de cette période tragique, qu’Alger - deuxième
ville de France à l’époque - a subi...112 attentats du FLN en un mois, en janvier 1957.
Ensuite, Maurice Audin disparaît et son corps ne sera jamais retrouvé: évasion, exécution
sommaire, bavure,...toutes les supputations ont été évoquées par la presse de l'époque (avec une
nette préférence pour celles qui pouvaient salir les parachutistes(1)).
Or, on sait comment est mort le Communiste Fernand Yveton: guillotiné(2). On croit savoir
comment l’aspirant Maillot, qui a déserté avec un camion d’armes au profit du FLN, a fini sa vie de
traître (3). On sait aussi qu’Hervé Bourges, dit « Mohamed Bourges », est mort dans son lit, avec les honneurs, comme
ancien patron de l’audiovisuel public. On sait également que d’autres « porteurs de valises » ont été ministres de François Mitterrand.
Mais comment est mort Maurice Audin ? On ne le saura sans doute jamais. Les Fellaghas
n’aimaient pas les traîtres : un certain nombre d’ «idiots utiles» du FLN en ont fait les frais. Et puis,
après tout, n’est-ce pas le sort normal d’un traître que de mourir en traître ?
Monsieur le Président, puisque vous condamnez la torture, laissez-moi vous parler des
massacres d’Aïn-Abid et d’El-Halia, le 20 août 1955, qui restent dans les mémoires comme les
« Oradour-sur-Glane » d'Algérie. La formule n'est pas exagérée. Elle recouvre des scènes dont
l'horreur fait frémir et dont les photos ne sont pas publiables.
Qu'il vous suffise de savoir qu'à Aïn-Abid, une petite fille de... cinq jours, Bernadette Mello, a
été tronçonnée, devant sa mère, dont on a ensuite ouvert le ventre pour y replacer le bébé.
Que sous le même toit, Faustin Mello, le père, a été massacré dans son lit, amputé à la
hache, des bras et des jambes, avant qu’on lui ouvre le ventre. Que la tuerie n'a épargné ni Marie-
José Mello, une fillette de onze ans, ni sa grand-mère de soixante-seize ans, violées toutes les deux.
Qu'à El-Halia, 32 Européens ont été abattus à coups de hache, de serpe, de gourdin, de
couteau. Les femmes violées, les tout petits enfants fracassés contre les murs : « Pas de pitié, pas de quartier », avait
dit Zighout Youssef, le chef de la bande d’assassins du FLN.
A El-Halia, six familles à peine survivront au massacre.
Dans le village, quand la foule déferlera, excitée par les « you-you » hystériques des femmes
et les cris des meneurs appelant au Djihad, certains ouvriers musulmans regarderont d'abord sans mot dire et sans faire
un geste. Puis les cris, l'odeur du sang, de la poudre, les plaintes, les appels des insurgés finiront par les pousser au crime à leur tour. Alors, la
tuerie se généralise. On fait sauter les portes avec des pains de cheddite volés à la mine locale. Les tueurs pénètrent dans chaque
maison, cherchent leur proie parmi leurs anciens camarades de travail, dévalisent et saccagent, traînent les Français au milieu de la rue et les massacrent dans une ambiance d'effroyable kermesse.
Outre les 32 morts, il y aura 13 laissés pour morts et deux hommes qu’on ne retrouvera jamais. Quand les premiers secours
arrivent, El-Halia est une immense flaque de sang.
Aïn-Abid, dans le département de Constantine, est attaqué en même temps. Les émeutiers
s'infiltrent par différents points du village, prenant d'assaut, simultanément, la gendarmerie, la
poste, la coopérative de blé, l'immeuble des travaux publics et les maisons des Européens.
Comme à El-Halia, c'est la tuerie, le pillage, la dévastation. Les Français sont livrés aux couteaux.
A Aïn-Abid, les civils, mieux armés, se défendent jusqu'à l'arrivée des renforts militaires, vers
16 heures. C'est à cette heure-là qu'on découvrira le massacre de la famille Mello.
Si vous avez un cœur, Monsieur le Président, vous pouvez toujours aller faire repentance
auprès des survivants de la famille Mello... s’il en reste !
Des histoires atroces comme celle-là, j’en ai quelques dizaines à votre disposition car j’ai
beaucoup écrit sur l’Algérie (4). C’est un sujet sensible que je connais au moins aussi bien, sinon
mieux, que les Benjamin Stora et autres « Pieds roses », historiens autoproclamés de cette période.
Vous semblez totalement méconnaître l’histoire de notre Algérie française. Je pourrais vous
raconter aussi les massacres de Mélouza, ceux d’Oran le 5 juillet 1962, les 3000 Européens portés disparus lors de
l’indépendance de l’Algérie, les 120 à 150 000 Harkis et leurs familles massacrés par le FLN avec la complicité de l’Etat français...
Donc, si vous tenez vraiment à faire œuvre de repentance, Monsieur le Président, faîtes-le à
bon escient ! Et pendant vos vacances à Brégançon, lisez donc « L’épopée coloniale de la France »
d’Arthur Conte, c’est un bon ouvrage de vulgarisation(5). Il vous évitera de dire n’importe quoi sur le sujet (et,
accessoirement, de prendre la Guyane pour une île). Vous ne manquez jamais une occasion de rappeler que votre génération ne porte pas le poids de «
l’héritage colonial de la France ». C’est parfaitement exact : vous ne savez RIEN de cette époque et vous ne la comprenez pas, alors,
de grâce, Monsieur le Président, TAISEZ-VOUS !!!!
Et puis, dois-je aussi vous rappeler que le pays dont vous êtes le premier magistrat est un
« état de droit », et qu’en droit français « le doute profite à l’accusé ». Or personne - ni vous, ni vos
affidés - n’est en mesure de dire, encore moins de prouver, comment est mort Maurice Audin.
Ma lettre de févier 2017, se terminait ainsi :
« La France a TOUT donné à l’Algérie. Ce pays a connu un essor considérable, rendant riche et
fertile une terre inculte. Des historiens engagés et quelques « officiels » algériens tentent de nous
faire croire que le peuple algérien a subi, pendant 132 ans, un colonialisme tortionnaire et brutal.
Et les imbéciles les écoutent ! Ainsi s’écrit l’histoire !
Voilà, Monsieur Macron, ce que je voulais vous dire. Je ne suis même pas « pieds noirs » ;
j’avais à peine 12 ans au moment des funestes Accords d’Evian, mais j’en ai assez que n’importe quel politicard en mal de reconnaissance insulte l’œuvre française en Algérie... »
Je n’ai rien à rajouter sinon que vous n’êtes plus « n’importe quel politicard », vous êtes le
Président de la République française. Je n’ai pas voté pour vous, mais vous avez été élu (certes mal élu : par défaut)
pour restaurer la situation économique et l’image de la France dans le monde, pas pour dénigrer les Français, ni pour lécher les babouches de nos
anciens ennemis du FLN.
Ne voyez pas, dans cette lettre, l’amertume d’un nostalgique de l’Algérie française : une belle
page de notre histoire est - hélas ! - tournée. La nostalgie ne sert plus à rien, et puis, comme disait
Michel Audiard : « Je n’aime pas penser à reculons. Je laisse ça aux lopes et aux écrevisses. »
Ma lettre ne comporte pas d’insultes ou d’injures car je respecte profondément la « fonction
présidentielle ».
En revanche, permettez au citoyen-lambda que je suis de vous dire qu’il n’a que du mépris - un mépris total - pour le
citoyen Macron.
Je ne vous salue pas car une formule de politesse serait une hypocrisie de ma part.
Eric de Verdelhan
P.S : Après votre visite et votre repentance à la veuve de Maurice Audin, je m’attendais à une
levée de boucliers des ténors de la droite, des associations patriotiques et des amicales militaires.
Pour l’instant, le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils font profil bas.
Mais les Algériens applaudissent des deux mains et demandent que la France « aille plus loin
dans la reconnaissance des crimes commis par l’armée française ».
Vous pouvez être fier de vous !
1)- Paras qui avaient pourtant mis fin au terrorisme en gagnant la « bataille d’Alger ».
2)- Avec la bénédiction du Garde des Sceaux, François Mitterrand.
3)- A-t-il été tué par l’armée française, les Harkis du Bachaga Boualem, ou...ses « amis » du FLN ? Le
doute subsiste encore !
4)- J’ai écrit trois livres et des dizaines d’articles sur le sujet. Mon prochain livre, à paraître bientôt,
s’intitule « Hommage à NOTRE Algérie française ».Le titre résume le livre.
5)- Et, pour (essayer de) comprendre l’Algérie française, lisez aussi Jean Brune, Guillaume Zeller,
Pierre Montagnon, Edmond Jouhaud, Geneviève de Ternant, José Castano, etc...etc... Les bons
auteurs ne manquent pas.
LETTRE DU GÉNÉRAL PIQUEMAL AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Le mercredi 3 octobre 2018
Monsieur Emmanuel MACRON Président de la République Française Palais de l’Élysée – Rue Saint-Honoré 75008 – PARIS
Monsieur le Président,
Il y a peu, en vous rendant, soumis, coupable et repentant, chez son épouse, vous avez tenu à demander pardon et à
reconnaître la responsabilité de la Nation dans la mort-disparition de Maurice Audin, professeur de mathématiques à la faculté d’Alger, communiste militant de l’indépendance, mais surtout porteur
de valise notoire, collaborant avec l’ennemi le FLN, traître à la France et donc directement responsable de la mort de civils et militaires français en 1956 et 57.par son action de soutien auprès
de l’ennemi.
En oubliant alors que l’Algérie était française, en accomplissant cet acte de « bravoure », lamentable et offensant
pour l’Armée française, vous avez publié un communiqué clair et scandaleux : » Le président de la République a […] décidé qu’il était temps que la
Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. Il reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui
l’avaient arrêté à son domicile. […] Il est mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France. »
Ces termes sont véritablement une insulte faite à l’armée française qui a perdu durant 8 ans en Algérie 27.500 militaires
tués et un millier de disparus. Croyez-vous que ces propos diffamatoires sur notre Armée, alors en temps de guerre, soient raisonnables de la part du Président de la République ? Ne vous
permettez pas de juger des actes et des décisions prises en temps de guerre, il y a plus de 60 ans, alors que vous êtes, aujourd’hui, en temps de paix confortablement installé dans votre bureau
de l’Élysée.
Pensez-vous, Monsieur le Président, chef des Armées, que ces militaires qui ont rempli la mission que leur confiaient les
politiques soient des criminels et des tortionnaires ? Aussi, que vous demandiez pardon pour la mort d’un traître à sa patrie laisse en revanche perplexe et indigné.
Vous le savez, aucun de vos prédécesseurs à l’Élysée n’avait osé – à juste titre – se risquer à reconnaître la responsabilité
de l’État français dans la mort de Maurice Audin, disparu après son arrestation en pleine bataille d’Alger. Alors que cette affaire, depuis 61 ans, dormait et était judicieusement oubliée,
vous l’avez exhumée afin de satisfaire un électorat volatile et tenter de récupérer les voix des Français musulmans. Par là même, vous avez ravivé des plaies qui étaient pratiquement
fermées.
Déjà le 15 février 2017 lors de la campagne présidentielle vous aviez osé prononcer à Alger cette phrase
scandaleuse :
« La colonisation fait partie de l’histoire Française. C’est un crime contre l’humanité ! C’est une
vraie barbarie. »
Cette injure publique portée alors à la France durant ce déplacement clientéliste de boutiquier électoral n’avait pas fait de
vous un ami du Peuple Français que vous aviez traîné dans la boue et traité plus bas que terre !
Aujourd’hui, l’affaire Audin et vos propos outranciers sur l’Armée française sont purement et simplement inacceptables. Après
la démission fracassante du général de Villiers, cette nouvelle offense à l’Armée traduit, si besoin en était, le mépris que vous portez aux militaires.et la marque de défiance à leur
égard.
Je vous prie de croire à l’expression de la considération due à votre fonction.
Christian Piquemal Président du Cercle de Citoyens Patriotes
Lettre (postale) émouvante de Simone GAUTIER au Président de la République.
Madame Simone GAUTIER
à
Monsieur le président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue Faubourg Saint Honoré
75008 Paris
Objet : Affaire AUDIN / Affaire 26 mars 1962
Monsieur le président de la République,
Dans « l’affaire AUDIN », comme disent les journalistes, le corps du « disparu », n’a pas été retrouvé. Mais ce
n’est pas un inconnu…
Dans « l’affaire du 26 mars 1962 », les corps sont retrouvés, massacrés, mélangés certes, les chairs éclatées, jetés en
vrac à la morgue de l’hôpital Mustapha, mais « ils » sont là.
Dès leur arrivée, ils furent dénudés et rendus bien propres, bien lavés de tout ce sang, bien rangés les uns sur les
autres, sur les tables et même parterre, bien alignés… les familles cherchant le sien, tirant par les pieds quand il en restait,
hurlant en découvrant le visage fracassé… C’est vrai qu’au début on pataugeait dans le sang. Et tout ce
sang sur soi reste indélébile…
Par rapport à la disparition d’AUDIN, il est vrai : quelle « chance » pour les familles ! Ces corps étaient là, pas
entiers, certes, mais bien là ! Les ambulances, déjà sur place, avaient fait du bon travail. Du « bonheur » en somme malgré nos pleurs et nos cris !...
Et l’Etat français, sans doute par compassion devant cette douleur, jeta à la rue, en pleine nuit, hors de l’hôpital,
abandonnant leur mort, ces familles, dont je faisais partie. Quel mépris ! Quelle honte !...
Alors que chacun était si « heureux » d’avoir récupéré « son mort » et de finir la nuit près de lui, les corps furent
aussitôt mis en bière, dans la pesanteur angoissante du « couvre-feu » et dans une interdiction absolue de toute présence familiale. C’était –paraît-il- afin « de nous épargner cette douleur »… par charité chrétienne sans doute !...
Ces cercueils plombés furent dispersés en catimini dans les différents cimetières de la ville et les familles,
désemparées, couraient dans tous les sens pour retrouver « son mort », esseulé, séquestré dans une boîte posée là, au milieu de nulle part… Il y avait un nom sur une étiquette : c’était « à prendre ou à laisser ! »…
Personne ne savait si la dépouille qui se trouvait dans cette boîte au fond d’un trou hâtivement creusé de nuit, était
bien « son mort »…
Dans la tragédie du 26 mars 1962, on a fait disparaître les morts !
Depuis lors, le temps a passé mais la blessure demeure… « L’affaire du 26 mars » (comme l’appellent les médias) demeure
enfouie sous une chape de plomb. C’est le grand silence de l’Etat complice… Le déni de justice qui, depuis 56 ans, recouvre la France d’une honte indélébile…
Cette « affaire » serait-elle d’une toute autre dimension que l’affaire AUDIN ?... Les 80 morts de la rue d’Isly
auraient-ils moins d’intérêt à vos yeux que celui d’un traître à sa Patrie ?
« L’affaire AUDIN » aura, néanmoins, suscité ma quête de la Vérité… Je voudrai savoir, enfin, qui se trouve dans cette
boîte devant laquelle je m’agenouille…
Un 26 mars 1962, mon mari, ancien officier du Commando de Marine Trepel est tombé sous des balles françaises. Il n’avait
que 28 ans. Je n’ai guère eu le temps de lui dire « adieu »…Je n’ai pu lui crier mon amour… lui dire qu’il vivra éternellement dans mon cœur meurtri… lui donner mon dernier baiser… Cela vous parle-t-il Monsieur Macron ?
Alors je veux savoir avant que mes yeux ne se ferment, sur la tombe de qui, chaque année, je dépose mes fleurs en
étouffant mes pleurs et mes cris…A cette fin, je sollicite qu’une autorisation me soit accordée afin de réaliser une recherche A.D.N.
En vous remerciant pour votre aimable obligeance, je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République, mes
respectueuses salutations.
Simone Gautier
E. Macron : Une compassion bien sélective
...par le Centre de Documentation sur l'Algérie - le 18/09/2018.
En reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans la mort de Maurice Audin, sans dire un mot sur les Français enlevés,
disparus pendant la guerre d’Algérie, M. Macron vient de commettre une agression caractérisée à l’égard de la mémoire collective
des Français d’Algérie qui en ressentent une profonde indignation.. C’est aussi, pour M. Macron, un pas
supplémentaire dans la voie de la repentance rampante qui est le signe de sa politique depuis sa déclaration sur « la colonisation, crime contre
l’humanité ».
Doit-on rappeler que plus de 3000 personnes ont disparu en Algérie, après enlèvement par le FLN, dans la seule année
1962, et que dans la sinistre journée du 5 juillet 1962, huit cent civils ont été enlevés et probablement massacrés à Oran ? Doit-on
rappeler que les troupes françaises présentes dans la ville ce jour là, reçurent du chef de l’Etat d’alors
l’interdiction formelle d’intervenir pour sauver la vie de ces personnes ?
Sait-on que M. Macron, sollicité pour reconnaître la responsabilité de cet exécutif là, coupable de non assistance à
personne en danger, n’a jamais apporté la moindre réponse, comme il a refusé de rendre hommage à ces victimes innocentes qui
perdirent la vie dans l’horrible boucherie ?
En accomplissant ce geste de compassion sélective, M. Macron répond aux sollicitations
empressées d’une gauche extrême qui trouve là l’aboutissement de son combat idéologique, ayant fait de Maurice Audin, le
« symbole de la lutte anticoloniale ». Le cri de victoire de l’Humanité du jour ou de Benjamin Stora saluant « un pas en avant considérable » l’attestent s’il en était besoin.
Regrettons que le président de la République ait sciemment sacrifié la démarche qu’il aurait pu accomplir à l’égard de
toutes les familles concernées, incluant bien sûr aussi celles des centaines de soldats français disparus avant l’indépendance algérienne,
en leur manifestant la solidarité et l’empathie de la collectivité nationale.
Eléments d'information et de réflexion du président de l'ASAF
Il n’entre pas dans les attributions de l’ASAF de
prendre position sur le bien fondé de la décision du président de la République d’avoir reconnu, le 13 septembre, la responsabilité de l’État dans la mort du Français Maurice Audin, membre du
Parti communiste algérien (PCA), d’autant que les circonstances exactes de sa disparition constatée le 21 juin 1957 ne sont toujours pas connues. En revanche, dans le cadre de sa contribution à la
compréhension de l’histoire nationale et en particulier des conditions de l’engagement de son armée, l’ASAF estime de son devoir d’apporter aux citoyens français des éléments permettant de
replacer cetévénement dans son contexte trop
souvent ignoré, en particulier la mission de lutte antiterroriste que le gouvernement socialiste de l’époque lui avait confiée.
Contexte
1- L’URSS et les partis communistes
En 1957, la France est en pleine Guerre froide ; l’Europe est coupée en deux par le rideau de fer. L’URSS, qui vient d’écraser le soulèvement des ouvriers et
des étudiants hongrois à Budapest (en 1956), est l’ennemie du monde libre. L’Union soviétique bénéficie du soutien des partis communistes du monde entier pour appuyer son expansionnisme qui se manifeste notamment à travers les guerres de
Corée et d’Indochine. Le Parti communiste français (PCF) est alors un allié particulièrement zélé du régime totalitaire de Moscou. Certains de ses membres ont participé au sabotage de
l’armement et des munitions destinés à nos soldats qui se battaient en Indochine. L’universitaire français Georges Boudarel est même allé jusqu’à rejoindre le Vietminh et y devenir commissaire politique dans ses camps de prisonniers où le taux de
mortalité était de 75%, soit un taux comparable à celui des camps de déportation nazis. À plusieurs reprises des militants syndicalistes de la CGT du port de Marseille ont agressé verbalement des soldats blessés, rapatriés d’Indochine.
En Algérie, l’aspirant Maillot, membre et militant du PCF a été appelé sous les drapeaux en 1955. Affecté au 504e bataillon du train à Miliana, il a déserté en emportant avec lui une cargaison
d’armes qu’il a livré au FLN. Puis il a constitué « un maquis rouge » avec d’autres déserteurs. Son aventure s’est terminée le 5 juin 1956 quand il a trouvé la mort lors d’une opération
de l’armée française.
2- L’armée française
Elle se bat sans interruption depuis 1939. La plupart de ses chefs présents en Algérie ont combattu dans la Résistance, au sein des Forces françaises libres ou de
l’armée d’Afrique du général de Lattre. Le général Jacques Massu était aux côtés du général Leclerc de Koufra à Berchtesgaden au sein de la 2e DB ; de nombreux officiers des régiments parachutistes qui vont être
engagés dans la bataille d’Alger ont été parachutés dans les maquis et ont conduit des opérations contre les troupes allemandes. Certains ont même été déportés dans les camps
nazis. La plupart des cadres officiers et sous-officiers ont combattu en Indochine. Ils y ont découvert la guerre révolutionnaire, l’idéologie communiste et le système
totalitaire marxiste.
3- La guerre d’Algérie
Elle est déclenchée le 1er novembre 1954 par une série d’attentats dont le meurtre par
le FLN d’un jeune couple d’enseignants français. La situation sécuritaire se dégradant, le gouvernement de l’époque envoie des troupes en renfort qui conduisent des opérations de maintien de l’ordre puisque
« l’Algérie c’est la France » (déclaration du ministre de l’Intérieur François Mitterrand). Le 20 août 1955, la ville de Philippeville est l’objet d’une
tentative d’insurrection violente de la part du FLN heureusement déjouée grâce à des renseignements recueillis peu de temps avant. En revanche le même jour un véritable carnage d’une bestialité
inouïe se déroule dans la carrière d’El Halia où périssent 35 hommes, femmes et enfants dans des conditions atroces.. Devant le renforcement du dispositif militaire décidé par le gouvernement, le FLN fonde alors l’essentiel de son action sur l’action terroriste afin d’exacerber les
tensions entre les communautés de souches européenne et nord-africaine.
4- La bataille d’Alger
Fin 1956, c’est Alger qui devient la cible du FLN en vue de donner à son
action une résonance internationale. Plusieurs attentats se déroulent chaque jour. Le 13 novembre, Fernand Yveton, militant du PCA et employé à Électricité-Gaz d’Algérie, dissimule une bombe et
l’amorce dans le vestiaire de l’usine à gaz ; elle est heureusement découverte et Yveton est arrêté. Les attentats continuent de se multiplier.
Les forces de sécurité s’avérant impuissantes à faire face à cette offensive terroriste sanglante de grande ampleur, le gouvernement socialiste du moment donne au
général Jacques Massu, commandant la 10e division parachutiste,
l’ordre de rétablir la sécurité à Alger et d’éradiquer l’organisation terroriste du FLN. 4 régiments parachutistes sont déployés dans la ville et mènent un combat méthodique pour identifier les réseaux terroristes et éliminer leurs membres. Ceux-ci
agissent en civil ; leurs actions tuent et estropient indistinctement hommes, femmes et enfants, qu’ils soient musulmans ou européens.
Le 3 juin 1957, trois lampadaires piégés situés près des arrêts de trolleybus explosent à l’heure de la sortie des bureaux et écoles faisant 8 morts, dont 3
enfants, et une centaine de blessés. Le 9 juin, une bombe explose sous l’estrade de l’orchestre du Casino de la Corniche, dancing situé à 10 km à l’est d’Alger, faisant 9 morts et 85 blessés.
Le lendemain, le docteur Hadjadj, membre important du PCA, est arrêté. On trouve dans ses papiers le nom de Maurice Audin ; il révèle spontanément que
celui-ci, professeur de mathématiques, est un cadre du PCA et qu’il met sa demeure, dont il donne l’adresse, à la disposition du parti pour y loger des agents, donc éventuellement ceux du
service action du parti. Maurice Audin est arrêté le lendemain et interrogé. Il disparaît le 21 juin.
A l’issue de la bataille d’Alger, qui s’est déroulée du 7 janvier au 8 octobre 1957, les réseaux terroristes du FLN sont éradiqués. La sécurité revient à
Alger.
Réflexions
L’armée a pour première raison d’être de protéger les Français en particulier les plus faibles - femmes, enfants, vieillards - et éviter que des vies
innocentes soient broyées par des attentats aveugles.
Hier
Les régiments du général Massu ont reçu la mission antiterroriste du gouvernement car les forces de sécurité n’étaient plus en mesure de faire face à cette
vague de terreur dans la ville d’Alger.
La question à laquelle durent répondre les forces françaises pendant cette bataille contre la terreur a été : comment éviter les bains de sang, et donc
neutraliser les terroristes dans les meilleurs délais ?
Il y a eu la terreur du FLN soutenu par les partis communistes français et algérien et les « porteurs de valises », tous
collaborateurs. Il y a eu des soldats français, appelés comme engagés, pour combattre le FLN et notamment les poseurs de bombes.
Un terroriste peut-il poser ses bombes en toute impunité, et ne risquer ni la souffrance, ni la mort alors que le soldat qui se bat dans le djebel en uniforme
risque la mort au combat et la blessure qui le fera souffrir toute sa vie ?
Aujourd’hui
Les Français peuvent-ils accepter aujourd’hui que le seul survivant des attentats de Paris n’ait pas été interrogé pour obtenir immédiatement après son
arrestation les renseignements concernant le réseau auquel il appartenait, et des aveux qui auraient retiré une partie de la souffrance des victimes ?
Est-il tolérable que le complice des massacreurs du Bataclan soit incarcéré dans des conditions matérielles confortables pour un coût annuel de plus de
200 000 € financés par les contribuables français dont certains proches des victimes de ces attentats ? Une double peine pour les victimes !
Enfin si Paris, Marseille et Toulouse étaient quotidiennement l’objet de plusieurs attentats meurtriers et que les forces de sécurité intérieures étaient
débordées, quel gouvernement refuserait d’utiliser tous les moyens pour éliminer les terroristes ?
Maintenant, et en évitant d’écouter les commentaires d’ignorants ou de personnes n’ayant jamais été confrontés directement à des actes terroristes, chacun doit
exercer son jugement sur : - Maurice Audin, complice actif des terroristes du FLN, - l’action des forces françaises qui ont rempli la mission confiée par le gouvernement et sauvé des centaines de vies innocentes, - les véritables raisons qui ont conduit le président de la République à présenter Maurice Audin comme une victime de l’État français.
Mort de Maurice Audin : "Il ne faut pas réécrire l'Histoire avec des sentiments d'aujourd'hui"
...par Catherine Nay - le 15/09/2018.
Ce samedi, Catherine Nay décrypte le choix d'Emmanuel Macron de reconnaître "la responsabilité de l'Etat" dans la mort de Maurice
Audin.
Bonjour Catherine,
Bonjour Bernard, bonjour tout le monde
Au nom de la République, le Président Macron a reconnu jeudi
que Maurice Audin avait été torturé à mort par des militaires. Il a rendu visite à sa veuve et rappelé dans une lettre que des pouvoirs spéciaux avaient été accordés au militaire par
un vote. Et qu'un système a été le terreau d'actes terribles. Un geste historique ?
Jamais un Président n'était allé aussi loin sur le sujet. Ce geste était attendu depuis 61 ans pas la famille du mathématicien. Retour en arrière : le
11 juin 1957, en pleine bataille d'Alger, des parachutistes arrêtent à son domicile Maurice Audin, 25 ans, professeur à l'Université de sciences d'Alger. Il est 23 heures, il est le
père de trois enfants, âgés de 3 ans, 18 mois et 1 mois. Sa femme ne le reverra plus. Quand elle interrogera les autorités, on lui dira qu'il s'est évadé et évaporé dans la nature.
Mais on ne l'a jamais retrouvé. Depuis 50 ans, des historiens comme Pierre Vidal Naquet et des journalistes, à l'instar d'Henri Alleg racontaient une autre histoire : Audin était mort
sous la torture.
Ce n'est qu'en 2014 que François Hollande reconnaîtra qu'il était mort en détention. Et il était venu à Alger inaugurer une place qui porte son nom. Car
Maurice Audin est un martyr, un héros, pour les Algériens.
Par son geste, le Président entend contribuer à réconcilier
la vérité historique avec la vérité officielle.
Très bien, mais il faut regarder l'Histoire en face, et ne pas être borgne. La vérité, c'est d'abord de rappeler le contexte. Maurice Audin était un
militant anti-colonialiste, du parti communiste algérien, qui fabriquait des bombes pour le FLN. Audin était en délicatesse avec le parti communiste français qui, jusqu'en 1957, ne
voulait pas entendre parler d'indépendance de l'Algérie. Que faisait-il ? Il distribuait des tracts, hébergeait des amis en cavale, ces amis-là étaient-ils des poseurs de bombes ? On
était en pleine bataille d'Alger. Depuis plus d'un an, la ville vivait dans une angoisse indescriptible. Les attentats se multipliaient, des bombes explosaient dans des cafés : plus
de 150 en 18 mois. Et les victimes étaient des Français d'Algérie.
A l'époque, François Mitterand, ministre de l'intérieur, déclarait : "L'Algérie, c'est la France. Il faut employer tous les moyens pour la préserver."
En mars 1956, à la demande de Guy Mollet, président du Conseil, l'Assemblée Nationale avait voté, à une écrasante majorité, socialistes et communistes réunis, les pouvoirs de police à
l'armée, qui ne demandait rien. A elle de faire le sale boulot : rétablir l'ordre à Alger à tout prix. Pour les militaires, Maurice Audin travaillait contre son pays.
Aujourd'hui, on dira qu'il est une victime emblématique d'une tragédie collective. Quand on voit sa photo, ses faux airs de Gérard Philippe, on compatit sur cette vie brisée, cette
famille meurtrie et inconsolable, on est envahi par l'empathie et la compassion. Mais il ne faut pas réécrire l'Histoire avec des sentiments d'aujourd'hui.
Des historiens, comme Benjamin Stora, estiment que ce geste
du Président favorisera la réconciliation avec les Algériens.
Aujourd'hui encore, en Algérie, l'histoire officielle de la guerre d'indépendance n'a jamais désavoué les méthodes terroristes du FLN. La repentance ne
fait pas partie du vocabulaire. Pourquoi, chez nous, ceux qui font un procès moral à l'armée française ne demandent-ils pas les mêmes comptes aux Algériens ? Il y a toujours deux
poids, deux mesures : reconnaître que Maurice Audin a été torturé, assassiné, crée un déséquilibre avec combien d'autres morts, qui elles aussi ont été affreuses. Il faut qu'un
travail soit fait des deux côtés.
Le Général Massu, qui parlait de questionnement brutal pour définir la torture, racontait qu'il retrouvait dans les champs autour d'Alger des Français,
des jeunes du contingent, affreusement torturés, le nez arraché, émasculés. C'était la terreur. Déjà en 2001, Emmanuel Macron, en visite à Alger, assimilait la colonisation à un
crime contre l'humanité pour faire plaisir à ses hôtes, ce qui avait déclenché une vive polémique chez les rapatriés. Aujourd'hui, dans beaucoup de familles françaises, la guerre
d'Algérie demeure un drame, un cauchemar pour le million de Français d'Algérie, qui eurent le choix entre la valise et le cercueil. Toutes les victimes de la guerre d'Algérie
devraient avoir droit aux mêmes égards. Ce qui n'est pas le cas. L'Elysée fait savoir que le Président prépare des initiatives en ce sens.
Cette reconnaissance du Président est annoncée trois jours
avant la fête de l'Huma. Un coup de com ?
Oui. En tout cas, l'éditorialiste de l'Humanité, qui se félicite de cette décision, en profite pour dire qu'il juge que le plan pauvreté d'Emmanuel
Macron n'est pas à la hauteur des attentes. Façon de lui faire comprendre qu'il n'est pas dupe de la manœuvre et que les communistes ne se vendront pas pour un plat de
lentilles.
« L’État français et l’État algérien doivent reconnaître les crimes commis des deux côtés »
...par Jean Sévillia - le 13/09/2018.
Journaliste et essayiste
Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, membre du comité scientifique du Figaro Histoire, et auteur de biographies et d’essais historiques.
Emmanuel Macron va reconnaître la responsabilité de
l’État dans la mort de Maurice Audin, un mathématicien membre du parti communiste français décédé à Alger en 1957.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est l’affaire Maurice Audin ?
C’est une histoire à la fois simple et compliquée. Maurice Audin est un militant du parti communiste algérien, une dépendance du parti communiste français. Il
héberge chez lui des amis du parti communiste algérien et des amis du FLN. Il est mathématicien, étudiant, jeune marié et assistant à la faculté des sciences. C’est l’époque de la guerre d’Algérie où l’armée française est chargée du pouvoir de police dans le pourtour d’Alger pour éradiquer les réseaux terroristes du FLN.
Dans ce contexte, il y a des opérations multiples. Maurice Audin est arrêté en juin 1957. Il est emmené pour interrogatoire et ne réapparaîtra jamais. Selon la version officielle de l’époque, il se serait évadé. Quasiment tout de suite après, l’hypothèse de son évasion est remise en cause par sa famille et ses
proches. Il y a un soupçon qu’il aurait été torturé pour parler et qu’il aurait succombé à la torture. On ne peut prouver ni s’il a été tué, sous la torture ou non, ni qui l’aurait tué.
La famille a-t-elle demandé des comptes à l’État ?
La veuve de Maurice Audin, Josette Audin, est une dame âgée. Elle mène ce combat depuis cinquante ans pour la mémoire de son mari et pour connaître la vérité.
Humainement parlant, cela ne me paraît pas illégitime. Cette affaire était un drame. Cet homme est disparu, il a été tué par on ne sait qui ni comment. On ne le sait pas et on ne le saura jamais.
Tout témoin de l’époque est certainement mort ou ceux qui restent sont extrêmement âgés et ne peuvent pas parler. Il est probable, historiquement parlant, que Maurice Audin n’était pas un
terroriste. Il y a l’hypothèse qu’il ait été confondu avec Henri Alleg. Il logeait chez Maurice Audin et était recherché par les parachutistes. L’essentiel n’est pas
là. Le problème est qu’on s’en sert aujourd’hui comme d’un instrument de remise en cause des méthodes d’une partie de l’armée française à cette époque. Ce sont des
méthodes qui en effet posent un problème, mais encore faut-il poser le contexte général. Or, ce contexte général n’est pas posé. C’est celui de la bataille d’Alger où le FLN avait fait le choix
du terrorisme et où le gouvernement de la République, un gouvernement de gauche, a confié à l’armée des pouvoirs de police qui ne sont normalement pas dans la tradition militaire.
Derrière cette disparition, cette mort a priori officiellement inexpliquée, on retrouve la question de la repentance des crimes commis en Algérie.
Bien sûr. Ce n’est pas une démarche de vérité historique. D’après le communiqué qui doit être publié dans l’après-midi par Emmanuel Macron, c’est une démarche de
vérité historique. Or, la démarche de vérité historique consisterait à ce que parallèlement et en même temps, l’État français et l’État algérien ouvrent toutes leurs archives et
reconnaissent les crimes commis pendant la guerre d’Algérie. La France met en cause une partie de son passé. Je pense néanmoins qu’il y a un vrai problème que l’on ne peut pas éviter. Cependant, l’Algérie n’en fait pas
autant. Par conséquent, nous avons une double vision totalement déséquilibrée de la guerre d’Algérie. C’est une guerre, et toute guerre est sale. Cette guerre-là était particulièrement
sale.
Le FLN a mis en œuvre et assumé le terrorisme comme un choix stratégique.Or le FLN n’a jamais ni fait son autocritique ni regretté les
méthodes qu’il employait à l’époque.
Attention, Monsieur Macron, on n’agite pas impunément les fantômes de l’Histoire !
...par Marie Delarue - Le 13/09/2018.
Ecrivain, musicienne, plasticienne
Il faudrait sans doute être clément en raison de son jeune âge et de sa gueule d’angelot, et mettre cela sur le compte joint de l’ignorance et de
l’irrépressible désir de regrimper dans les sondages.
Il faudrait surtout implorer : « Pardonnez-lui, Seigneur, il ne sait pas ce qu’il fait ! »
Car ce qu’il fait, notre jeune président de la République déliquescente, c’est aller fouiller dans les tréfonds d’une Histoire que le manichéisme
d’aujourd’hui ne peut certes pas comprendre – la « guerre » d’Algérie – pour en extraire des fantômes qu’il vaudrait mieux laisser en repos.
Alors qu’aucun de ses prédécesseurs ne s’y était risqué, Emmanuel Macron a en effet décidé, ce jeudi 13 septembre, de reconnaître la responsabilité de
l’État français dans la mort de Maurice Audin, jeune communiste militant actif de l’indépendance, disparu après son arrestation en pleine bataille d’Alger un jour de 1957. Une affaire
qui, depuis 61 ans, cherche son épilogue et dont le Président Emmanuel Macron prétend décréter quelle en est la vérité historique.
Le communiqué de l’Élysée est on ne peut plus limpide : « Le président de la République a […] décidé qu’il était temps que la Nation
accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. Il reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui
l’avaient arrêté à son domicile. […] Il est mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France. »
Cette décision au sommet de l’État est un épisode de plus dans l’entreprise de dénigrement qui ronge la nation française ; il n’y a pas de paix chez
nous, pas de pardon, pas de « réconciliation » comme on le pratique partout ailleurs dans le monde. Non, plus le temps passe, plus la France s’ingénie à raviver les
plaies.
En l’occurrence, il faut donner des gages à la gauche, s’agréger le reliquat des communistes qui ne pèsent plus rien politiquement mais auxquels les médias
nostalgiques déroulent toujours le tapis rouge ; tenter de se mettre dans la poche, sinon dans l’urne, ces Français venus d’une Algérie aujourd’hui moribonde, tenue par un parti
unique, gouvernée qu’elle est depuis l’indépendance par des généraux véreux planqués derrière un vieillard cacochyme.
Pourtant, c’est sûr, cette nouvelle manœuvre ne remontera pas plus la cote de popularité d’un monarque mal en point qu’elle n’entraînera le ralliement des
troupes de gauche au « Président des riches » ! Elle risque, en revanche, de remettre le feu aux poudres, avivant la rancœur d’une jeunesse (moyenne d’âge
dans le pays : 27,3 ans !) à qui l’Algérie n’offre aucun avenir et qui, faute de pouvoir renverser le gouvernement qui la jette dans les bras des islamistes, va une fois
de plus accuser la colonisation de tous ses maux.
Comble de la bêtise – car c’en est une de taille -, le chef de l’État dénigre l’armée au moment où nous devons affronter les vagues migratoires et
l’islamisme rampant. Déjà, on peut lire, dans Le Monde, cette analyse bien
lourde de sens – et sûrement de conséquences – de Raphaëlle Branche (historienne « spécialiste des violences en situation coloniale ») : « Pour la première fois, la République assume que, pendant la guerre d’Algérie, des
militaires français, qui accomplissaient leur devoir, ont pu se rendre coupables de ce qu’il faut bien appeler des crimes de guerre. »
On me dira sans doute que cela n’a rien à voir… néanmoins, puisqu’on prétend refaire l’Histoire : auréolé de son appartenance et de son action
militante, Maurice Audin était un communiste très actif en 1957. C’est trois ans après la mort de Staline, ce grand bienfaiteur de l’humanité, et un an tout juste après la révolution
écrasée dans le sang en Hongrie…
Il faut croire que, pour le saint martyr Audin, les Hongrois n’avaient pas le droit de rêver d’indépendance, eux !