Bon à savoir :

- CRS, gendarmes mobiles, BRAV... quelles sont les sept familles des forces de l’ordre ?

 

Derrière leurs tenues de protection, les forces de l’ordre se ressemblent beaucoup. Pourtant, elles appartiennent à des corps très distincts et n’ont pas les mêmes fonctions.

 Vêtus de noir ou de bleu marine, équipés de casques, de lourds gilets, de coques de protection, à cheval ou à moto… les forces de l’ordre sont nombreuses et bien visibles à chaque manifestation. Il ne s’agit toutefois pas d’un corps homogène mais de plusieurs unités, aux modes de fonctionnement spécifiques, certaines relevant de la police, d’autres de la gendarmerie.

·         Compagnie républicaines de sécurité (CRS)

 Paris, France le 1er Mai 2019 : Manifestation de Gilets Jaunes au départ de Montparnasse pour place d'Italie. Les manifestants sont nassés bd de l'hopital et les forces de l'ordre procèdent à des interpellations. BENJAMIN GIRETTE POUR LE MONDE

 Origine. Ce corps spécialisé créé en 1944 dépend de la direction générale de la police nationale (DGPN) et travaille le plus souvent en milieu urbain.

 Mission. Ils font partie des forces de sécurité mobile, qui interviennent sur l’ensemble du territoire national, en renfort des unités locales, selon les besoins : maintien et rétablissement de l’ordre, lutte contre la délinquance, le terrorisme ou l’immigration irrégulière. Ils peuvent aussi protéger des lieux et des personnes, interpeller ou évacuer...

 Effectifs. En 2018, ils étaient 13 100 fonctionnaires, répartis en soixante compagnies de 130 agents, auxquels s’ajoutent des compagnies spécialisées (deux en montagne, neuf autoroutières, six unités motocyclistes, un service de protection des personnalités..).

 Chaque compagnie est divisée en une section de commandement, deux sections d’appuis et de manœuvre (SAM) et deux sections de protection et intervention (SPI). Ces sections sont composées de trois groupes tactiques (A,B,C, ce dernier étant le groupe de commandement).

 Equipement. En uniforme bleu marine, les CRS disposent d’un équipement défensif : gilets pare-balles, protections pour bras et jambes, bouclier antiémeute, bâton de défense... Ils peuvent être dotés de grenades lacrymogènes, de désencerclement, de lanceurs de balles de défense (LBD) mais aussi de pistolets, de fusils d’assaut ou de fusils de précisions. Les CRS disposent aussi d’engins lanceurs d’eau pour disperser les manifestants.

 Signes distinctifs. Ils sont repérables aux bandes jaunes apposées sur leur casque depuis 1968, et à leur insigne, un flambeau entouré de feuilles de chêne. Attention, certains CRS des unités spécialisées SPI-4G ont un uniforme « basse visibilité » sans bandes jaunes sur le casque et avec un écusson plus discret.

 Les CRS portent aussi sur le dos leur numéro de section (1,2,3,4) et la catégorie de groupe tactique (A, B, C). Le numéro de la compagnie est habituellement indiqué à l’arrière du casque.

·         Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 

Origine.  Créés en 1921, les escadrons de gendarmerie mobile sont l’équivalent militaire des CRS. Ils dépendent de la direction générale de la gendarmerie nationale.

 Mission. Les forces de gendarmerie mobile maintiennent et rétablissent l’ordre, y compris dans des situations délicates d’émeute urbaine ou d’insurrection armée. Ils interviennent en outre-mer et peuvent être mobilisés dans des opérations extérieures.

 Effectifs. En 2018, ils étaient 12 801 militaires, répartis en 109 escadrons de 110 gendarmes, et dix-huit groupements de gendarmerie mobile. Certains ont des compétences particulières : sept escadrons de blindés, dix spécialisés montagne et cinq dédiés aux escortes nucléaires.

 Equipement. Ils ont le même équipement et armement que les CRS, mais disposent aussi de matériel militaire plus lourd : véhicules blindés, hélicoptères, drones...

 Signes distinctifs. Ils sont reconnaissables à la couleur de leur casque, d’un bleu plus clair que celui des CRS. Ils portent aussi dans le dos l’inscription « gendarmerie ».

·         Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI)

 Origine. La première Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) a été créée en 2003 par Nicolas Sarkozy, pour assurer la sécurité des quartiers de la capitale, et servir de renfort lors de violences urbaines. Une seconde CSI a vu le jour à Bobigny, puis une douzaine au total, en Ile-de-France, ainsi qu’à Strasbourg, Toulouse ou Marseille. Des Compagnies départementales d’intervention (CDI) existent sur le même principe ailleurs en France. A Paris, la CSI est sous l’autorité de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), alors que les autres dépendent de la police nationale.

 Mission. Contrairement aux compagnies de CRS, qui sont déployées sur toute la France, les CSI et CDI agissent au niveau d’un département, pour les événements de maintien de l’ordre public, la sécurisation des quartiers, les évacuations, les perquisitions ou les contrôles routiers. Plus mobiles que les CRS, ils peuvent se charger des interpellations.

 Equipement. Si la plupart sont en tenue, il existe des groupes spécialisés qui peuvent opérer en civil, comme les sections à moto, la section Delta de la CSI75 (spécialiste des filatures) ou la cellule d’identification des violences urbaines (CIVU) qui détecte discrètement les auteurs d’infractions en manifestation.

 Signes distinctifs. Leur uniforme de maintien de l’ordre ressemble à celui des forces de sécurité mobile, mais ils ont une inscription « police » sur le dos, et un écusson « sécurité publique/police nationale ». Leur casque est foncé, avec ou sans les deux bandes bleu roi.

·         Compagnie d’intervention (CI)

 Origine. C’est une spécificité parisienne. Il s’agit de policiers qui dépendent de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris.

 Mission. Les compagnies d’intervention travaillent aux côtés des CRS et des gendarmes mobiles pour sécuriser les manifestations et les événements festifs ou sportifs à Paris et dans la petite couronne (plus de 7 500 par an).

 Effectifs. On en décompte sept, de 110 personnes (six équipes de jour et une de nuit).

 Equipement et signes distinctifs. Leur tenue de maintien de l’ordre ressemble à celle des CRS, hormis la couleur de leur casque, qui est bleu marine à bandes bleu roi. Ils ont aussi un écusson de la préfecture de police (PP) et non des CRS.

·         Brigade anticriminalité (BAC)

 Origine. Les brigades anticriminalité (BAC) ont été créées à Paris et en Seine-Saint-Denis dans les années 1970, puis généralisées à la France entière par Charles Pasqua en 1994. Les BAC parisiennes sont sous l’autorité de la DSPAP (préfecture de police de Paris), alors que les autres dépendent de la police nationale.

 Mission. Les BAC sont surtout connues pour traiter la délinquance en flagrant délit (vol, trafic de drogue, infractions routières graves...), mais ils interviennent aussi lors des émeutes, des violences urbaines ou des grosses manifestations, notamment pour contrôler ou interpeller les participants. Ce sont des unités très mobiles, plus souples que les CRS pour mener des actions offensives, mais leurs membres ne sont pas formés spécifiquement au maintien de l’ordre.

 Effectifs. Au niveau national, les BAC comptent 5 200 membres, sans compter les effectifs de la préfecture de police de Paris, qui n’a pas souhaité les communiquer.

 Equipement et signes distinctifs. Les membres des BAC travaillent le plus souvent en civil mais disposent d’un brassard orange siglé « police », et d’équipements de protection comme les casques, les gilets pare-balles, les jambières, les bâtons de défense. Ils sont également armés (LBD, grenades, pistolets, fusils...).

·         Brigades de répression de l’action violente (BRAV-M)

 Origine. Les brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M) ont pris le relais des Détachements d’action rapide (DAR) mis en place en décembre 2018 par la préfecture de police de Paris, après le début du mouvement des « gilets jaunes ». Ces derniers étaient notamment critiqués pour leur usage trop fréquent des LBD. En province, des binômes mobiles équivalents existent sous l’appellation de dispositifs mixtes de protection et d’interpellation (DMPI).

 Mission. Ces binômes de policiers et de gendarmes à moto sont souvent comparés aux « voltigeurs » mis en place après les manifestations de mai 1968 puis supprimés après la mort de Malik Oussekine en 1986. Mais les BRAV-M ne procèdent pas à des interpellations ou à des charges en mouvement : les motos sont seulement utilisées pour déplacer les policiers très rapidement, aux endroits où ils peuvent descendre de leur véhicule pour intervenir face aux manifestants.

 Effectifs. Les BRAV-M ne sont pas des brigades pérennes mais des binômes constitués à chaque début de journée de manifestation avec des officiers de la BAC, des compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI) notamment, mais aussi de gendarmes de la garde républicaine. Une brigade est constituée d’une soixantaine d’agents, dont deux tiers issus des forces de sécurité publique habituées au maintien de l’ordre.

 Equipement et signes distinctifs. Ils sont facilement repérables car ils se déplacent à moto.

·         Unités équestres

 Origine. Les brigades équestres peuvent être rattachées à la DGPN ou à la DSPAP de la préfecture de police à Paris. Il existe également une quarantaine de brigades équestres mises en place par les polices municipales, par exemple à ToulouseTarbes, Beauvais ou Nantes.

 Mission. Lors d’une opération de maintien de l’ordre, la brigade équestre cumule plusieurs avantages pour les fonctionnaires de police : facilité de déplacement, stature imposante face aux manifestants, et une bonne image auprès de la population. La brigade équestre peut être statique et empêcher l’accès des manifestants à un lieu, une rue, ou mobile, en permettant de disperser des rassemblements voire d’effectuer des interpellations.

 Effectifs. La police nationale affiche un effectif de 45 cavaliers et 23 chevaux, la préfecture de police de Paris de 28 cavaliers et de 16 chevaux. A noter que le régiment équestre de la Garde républicaine n’intervient pas sur des opérations de maintien de l’ordre.

 Equipement. Les fonctionnaires de la police montée sont toujours pourvus d’un casque et d’équipements de protection (gilets, jambières, gants) et sont formés au maniement du tonfa, le bâton de défense à poignée latérale, également utilisé par les fonctionnaires à pied. Les chevaux sont aussi équipés d’une visière et de protections aux jambes.

 Et aussi :

 Plus ponctuellement, lors des manifestations d’ampleur ou s’il existe des risques élevés de trouble à l’ordre public, d’autres unités peuvent être appelées en renfort :

  • la BRI (Brigade de recherche et d’intervention), unité d’intervention rattachée à la police judiciaire, plutôt spécialisée dans les affaires criminelles, est intervenue lors de certaines manifestations des « gilets jaunes », notamment au sein des Détachements d’action rapide (DAR).
  • les gendarmes de la garde républicaine, notamment présents au sein des BRAV-M pendant les manifestations des « gilets jaunes ».
  • les militaires de l’opération Sentinelle ont été sollicités lors de certaines manifestations de « gilets jaunes » à Paris. Ils n’ont pas participé directement aux opérations de maintien de l’ordre, mais ont soulagé les CRS en les remplaçant dans la sécurisation statique de certains bâtiments publics.

 

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