DECADENCE

La décadence de l’Occident

 

par Jacques Henry - Le 05/06/2023.

Il y aurait tant à dire au sujet de la décadence de plus en plus évidente des pays occidentaux que j’ai trouvé au moins deux illustrations pour la décrire. D’abord une peinture «classique» de Thomas Couture (1847) «Les Romains de la Décadence» qui selon le livret de l’exposition des œuvres des peintres de cette année-là mentionnait cette citation de Juvenal : «Le Vice s’est abattu et venge l’Univers vaincu» (source Wikipedia) :

Le dernier billet d’H16 montre également la facette la plus évidente de cette décadence et vers quoi ce signal de décadence va aboutir ? Vers ceci :

Il s’agit d’une scène du film «Perfume : The Story of a Murderer» (2006) inspiré du roman de Patrick Süskind. Des indications variées révèlent cette décadence et cet article n’est qu’une analyse très partielle de ces manifestations de la décadence de l’Occident. Alors que le conflit ukrainien préoccupe le monde entier l’une des raisons motivant l’agressivité de l’Occident vis-à-vis de la Russie est la perception d’un pays qui a su faire revivre sa religion chrétienne, directement issue des pères de l’Église, et non pas celle du Vatican qui s’est adaptée à l’évolution de la civilisation occidentale depuis l’an 1054, date du schisme, adaptation en particulier aux mauvais aspects de cette civilisation. Les LGBT, la théorie du genre, l’éducation sexuelle dès l’école primaire, les drag-queens, la promotion de l’homosexualité sont considérés comme des déviances, signes d’une dégénérescence civilisationnelle. C’est la perception qu’en ont les chrétiens orthodoxes, sans parler de la drogue qui fait partie du quotidien de ces démocraties si fières de leur «wokisme».

Et l’agressivité d’un grand nombre de pays occidentaux vis-à-vis de ce conservatisme russe a atteint son paroxysme en Pologne, pays qui se targue d’être un exemple de catholicisme romain puisqu’il a fourni un pape à Rome, ben voyons ! Pourtant la Pologne rejette les LGBT et le «wokisme», officiellement du moins, mais la population est déjà déformée par la propagande occidentale car confondre leur conservatisme catholique romain avec celui de la Russie chrétienne orthodoxe les dérange. Je tiens cette information d’une Polonaise qui vit à Santa Cruz de Tenerife et était parfaitement francophone. Elle m’avait exposé les prises de position de la jeunesse polonaise vis-à-vis de l’Église catholique de son pays qui, pour elle, se rapproche du traditionalisme de l’Église russe. Vivre dans un pays de l’ouest de l’Europe l’avait libérée des contraintes imposées par le pouvoir politique de Varsovie et elle avait tout un club de soupirants dont je ne fis jamais partie.

On en arrive donc à cet autre aspect de la décadence parfaitement illustré dans l’ambiance orgiaque et de beuveries que décrit Thomas Couture, le sexe, objet de la seconde illustration. Et puisque le sexe et sa perception participent à la décadence du monde occidental il faut signaler que les popes (prêtres) dans la religion orthodoxe peuvent se marier et s’ils sont déjà mariés peuvent devenir popes mais seuls les popes célibataires peuvent devenir évêques, alors que l’Église du Vatican se débat dans des scandales de pédophilie qui sont également un signe de décadence. Il existe toujours des institutions spécialisées pour prendre soin de l’éducation des enfants de prêtres catholiques et de sœurs et mères religieuses, en particulier en France mais également en Italie. Et ces enfants sont élevés dans la plus stricte éducation religieuse dans le but non dissimulé d’en faire des prêtres et des religieuses. Je n’invente rien, j’ai connu un prêtre père de famille qui ne cachait pas son statut particulier. La permissivité de la religion participe donc indirectement à cette décadence de la civilisation occidentale. Je ne parle même pas des Évangéliques qui se sont arrogé une mission messianique, mais quelle est leur position au sujet des LGBT et du wokisme ?

- Une autre manifestation de la décadence d’une civilisation est la corruption qui va de paire avec le mensonge. La Commission européenne est un exemple de corruption. À la tête de cette institution la présidente, les vice-présidents et les commissaires sont tous corrompus par le lobbying et la puissance des marchés financiers. Inutile de perdre du temps pour décrire ce cancer qui mine le monde politique américain, en particulier le parti démocrate. La corruption, le mensonge et les déviances sexuelles, la négation du passé et de l’histoire sont des signes de décadence, et ne plus enseigner dans les écoles Montaigne, Voltaire, Kant, Darwin ou encore Nietzsche mais aussi Thomas Mann qui écrivit «La Montagne Magique» une sorte de roman philosophique d’une profondeur qui m’a laissé un souvenir indélébile. Quel enseignant oserait parler de cet auteur allemand à une classe de lycéens déjà imprégnés de wokisme ?

- Un autre paramètre qui signe la décadence de l’Occident est la paupérisation intellectuelle de la très grande majorité des peuples. Hormis quelques rares privilégiés qui acceptent d’offrir à leurs enfants des études universitaires dignes de ce nom le niveau intellectuel et culturel des citoyens s’est effondré. La France s’illustre dans ce registre mais ce pays n’est pas isolé. La Californie peut être aussi citée comme exemple de cette ruine intellectuelle de toute la génération dite des «millénials». Le niveau de l’enseignement dispensé par les Universités de Californie dont l’accès est gratuit aux résidents de l’État a chuté lamentablement. Le tarissement des crédits de recherche a rendu les laboratoires de recherche désertiques, les étudiants étrangers ne sont plus au rendez-vous et où fuitent-t-ils ? En Chine. J’ai collecté ces informations très récemment d’une ancienne collègue d’origine française, Professeur à UCLA, et qui a durant 30 ans dirigé un grand laboratoire de biologie conjoint entre la VA locale et UCLA, VA signifiant l’Administration des anciens combattants («veterans») qui émarge en grande partie sur le budget de l’armée. Son principal thème de recherche, entre autres centres d’intérêt, était le stress et ses effets sur les fonctions digestives, un vaste domaine intéressant l’armée. Cette éminente scientifique a été témoin de la baisse du niveau de la recherche à l’Université et à la disparition d’une multitude de recherches dans tous les domaines. Les universités privées sont financièrement inabordables, jusqu’à 200 000 dollars par an de scolarité. La conséquence de la financiarisation de l’enseignement aux USA est évidente : Transformer des générations entières en marginaux qui n’ont plus d’autre choix que de s’adonner aux excès de la drogue. Si on revient en France des lycéens sont parfois incapables de comprendre l’énoncé d’un problème de mathématique ou de physique car ils ne savent même plus écrire cinq mots de suite pour former une phrase qui ait un sens. Devinez quel sera l’avenir de ces jeunes adolescents ! La délinquance, la drogue, les déviances sexuelles et la violence. Ce fut l’objet de la presque totalité du «Face à l’Info» du 31 mai dernier.

À la suite de la chute de l’Empire romain il faudra attendre près de 5 siècles pour voir émerger à nouveau un semblant de civilisation telle qu’on l’entend aujourd’hui. Je suis rassuré qu’au moins un de mes enfants ait choisi de vivre au Japon qui selon moi est encore un pays civilisé et non décadent comme les pays dits occidentaux et pour ces derniers pays tout ira bien, et les «Occidentaux» irons tous au paradis … artificiel !

source : Jacques Henry

Made in France

Alain Juillet - Pour le thème "Le crépuscule de l'Occident, fantasme ou réalité"

Le succès massif de l’éradication de l’opium par les Talibans soulève des questions sur ce que faisaient vraiment les États-Unis (et l’OTAN) depuis le début

Avec le recul, on peut considérer que l’occupation de l’Afghanistan par les armées des USA/OTAN n’étaient rien d’autre qu’une nouvelle grande guerre de l’opium  comme  celles menées contre la Chine au 19ème siècle, ou celles de l’apprès Deuxième Guerre mondiale menées par la France dans le Triangle d’Or en Indochine, reprises plus tard par la CIA au Vietnam et au Laos. Les mêmes guerres, habillées différemment, et nous n’y voyons que du feu, même en la regardant se dérouler sous nos yeux.

RI

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par Alan MacLeod - Le 06/08/2023.

Elle a déjà été qualifiée d’«effort de lutte contre les stupéfiants le plus réussi de l’histoire de l’humanité». Armées de simples bâtons, des équipes de brigades de lutte contre les stupéfiants parcourent le pays pour faire ce que l’armée américaine n’a jamais pu faire : couper les champs de pavot en Afghanistan.

Le gouvernement taliban d’Afghanistan – pays qui produisait jusqu’à récemment 90 % de l’héroïne mondiale – a considérablement réduit la culture de l’opium dans l’ensemble du pays. Des sources occidentales estiment que cette réduction peut atteindre 99 % dans certaines provinces. Cela soulève de sérieuses questions quant au sérieux des efforts d’éradication de la drogue déployés par les États-Unis dans le pays au cours des 20 dernières années. De plus, alors que les réserves mondiales d’héroïne se tarissent, les experts déclarent à MintPress News qu’ils craignent que cela n’entraîne une augmentation de l’utilisation du fentanyl – une drogue des dizaines de fois plus puissante que l’héroïne qui tue déjà plus de 100 000 Américains chaque année.

Les Talibans font ce que les États-Unis n’ont pas fait

Elle a déjà été qualifiée d ‘«effort de lutte contre les stupéfiants le plus réussi de l’histoire de l’humanité». Armées de simples bâtons, des équipes de brigades de lutte contre les stupéfiants parcourent le pays pour couper les champs de pavot de l’Afghanistan.

En avril de l’année dernière, le gouvernement taliban au pouvoir a annoncé l’interdiction de la culture du pavot, invoquant à la fois ses fortes convictions religieuses et les coûts sociaux extrêmement néfastes que l’héroïne et d’autres opioïdes – dérivés de la sève du pavot – ont engendrés dans tout l’Afghanistan.

Il n’y a pas eu que de l’esbroufe. De nouvelles recherches menées par la société de données géospatiales Alcis suggèrent que la production de pavot a déjà chuté d’environ 80 % depuis l’année dernière. En effet, l’imagerie satellite montre que dans la province de Helmand, la région qui produit plus de la moitié de la récolte, la production de pavot a chuté d’un pourcentage stupéfiant de 99 %. Il y a 12 mois à peine, les champs de pavot dominaient. Mais Alcis estime qu’il y a aujourd’hui moins de 1 000 hectares de pavot dans la province d’Helmand.

Au lieu de cela, les agriculteurs plantent du blé, ce qui permet d’éviter le pire de la famine que les sanctions américaines ont contribué à créer. L’Afghanistan reste toutefois dans une situation périlleuse, les Nations Unies estimant que six millions de personnes sont proches de la famine.

Les données d’Alcis montrent que la majorité des agriculteurs afghans sont passés de la culture du pavot à celle du blé en une seule année.

Les Talibans ont attendu 2022 pour imposer l’interdiction tant attendue, afin de ne pas interférer avec la saison de culture. Cela aurait provoqué des troubles au sein de la population rurale en éradiquant une récolte que les agriculteurs avaient mis des mois à cultiver. Entre 2020 et fin 2022, le prix de l’opium sur les marchés locaux a augmenté de 700 %. Pourtant, compte tenu de l’insistance des talibans – et de leur efficacité en matière d’éradication -, rares sont ceux qui ont été tentés de planter du pavot.

L’interdiction du pavot s’est accompagnée d’une campagne similaire contre l’industrie de la méthamphétamine, le gouvernement s’attaquant aux cultures d’éphédra et fermant des laboratoires d’éphédrine dans tout le pays.

Une catastrophe imminente

L’Afghanistan produit près de 90 % de l’héroïne mondiale. L’éradication de la culture de l’opium aura donc de profondes conséquences sur la consommation de drogues dans le monde entier. Les experts interrogés par MintPress ont averti qu’une pénurie d’héroïne entraînerait probablement une hausse considérable de la consommation d’opioïdes synthétiques tels que le fentanyl, une drogue que le Centre de contrôle des maladies estime être 50 fois plus puissante et qui est responsable de la mort de plus de 100 000 Américains chaque année.

«Il est important de tenir compte des périodes passées de pénurie d’héroïne et de l’impact qu’elles ont eu sur le marché européen de la drogue», a déclaré l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) à MintPress, avant d’ajouter : «Il est important de tenir compte des périodes passées de pénurie d’héroïne et de leur impact sur le marché européen de la drogue»

L’expérience des périodes précédentes de réduction de l’offre d’héroïne dans l’Union européenne suggère que cela peut entraîner des changements dans les schémas d’offre et de consommation de drogues. Il peut s’agir notamment d’une augmentation des taux de polyconsommation chez les consommateurs d’héroïne. Le remplacement de l’héroïne par des opioïdes synthétiques plus nocifs, y compris le fentanyl et ses dérivés et de nouveaux opioïdes benzimidazoles puissants, peut constituer un risque supplémentaire pour les consommateurs existants.

En d’autres termes, si l’héroïne n’est plus disponible, les consommateurs se tourneront vers des formes synthétiques de la drogue beaucoup plus mortelles. Un rapport des Nations Unies de 2022 est arrivé à une conclusion similaire, notant que la répression de la production d’héroïne pourrait conduire au «remplacement de l’héroïne ou de l’opium par d’autres substances […] telles que le fentanyl et ses analogues».

«Il y a un danger au sens large : si l’on retire toute l’héroïne du marché, les gens vont se tourner vers d’autres produits», a déclaré Matthew Hoh à MintPress. M. Hoh est un ancien fonctionnaire du département d’État qui a démissionné de son poste dans la province de Zabul, en Afghanistan, en 2009. «Mais la réponse ne devrait pas être de réinvestir l’Afghanistan, de le réoccuper et de remettre les barons de la drogue au pouvoir, ce qui est essentiellement ce que les gens impliquent lorsqu’ils déplorent les conséquences de l’arrêt du commerce de la drogue par les talibans», a ajouté M. Hoh. «La plupart des gens qui parlent ainsi et qui s’inquiètent à voix haute sont des gens qui veulent trouver une raison pour que les États-Unis aillent opérer un changement de régime en Afghanistan

Les sources américaines n’ont pas manqué de s’inquiéter. «La revue Foreign Policy a écrit sur «la façon dont la ‘guerre contre la drogue’ des talibans pourrait se retourner contre eux» ; la Radio Free Europe/Radio Liberty, financée par le gouvernement américain, a affirmé que les Talibans fermaient les yeux sur la production d’opium, malgré l’interdiction officielle. L’Institut de la paix des États-Unis, une institution créée par le Congrès qui «se consacre à la proposition qu’un monde sans conflit violent est possible», a déclaré catégoriquement que «l’interdiction réussie de l’opium par les Talibans est mauvaise pour les Afghans et pour le monde».

Cette catastrophe imminente ne se produira toutefois pas immédiatement. Il existe encore d’importants stocks de drogues le long des itinéraires de trafic. Comme l’a déclaré l’OEDT à MintPress:

«Il peut s’écouler plus de 12 mois avant que la récolte d’opium n’apparaisse sur le marché européen de la drogue au détail sous forme d’héroïne – il est donc trop tôt pour prédire, à ce stade, l’impact futur de l’interdiction de la culture sur la disponibilité de l’héroïne en Europe. Néanmoins, si l’interdiction de la culture de l’opium est appliquée et maintenue, elle pourrait avoir un impact significatif sur la disponibilité de l’héroïne en Europe en 2024 ou 2025».

Pourtant, rien n’indique que les Talibans ne soient pas sérieux dans leur volonté d’éradiquer cette culture, ce qui laisse présager une pénurie d’héroïne.

Une tentative similaire d’élimination de la drogue par les Talibans a eu lieu en 2000, la dernière année complète où ils étaient au pouvoir. Elle a été extraordinairement réussie, la réduction de la production d’opium passant de 4 600 tonnes à 185 tonnes seulement. À l’époque, il a fallu environ 18 mois pour que les conséquences se fassent sentir en Occident. Au Royaume-Uni, la pureté moyenne de l’héroïne est passée de 55 % à 34 %, tandis que dans les États baltes d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, l’héroïne a été largement remplacée par le fentanyl. Toutefois, dès l’invasion des États-Unis en 2001, la culture du pavot a retrouvé son niveau antérieur et la chaîne d’approvisionnement a repris.

Complicité des États-Unis dans le trafic de drogue en Afghanistan

«La campagne réussie des Talibans pour éradiquer la production de drogue a jeté un doute sur l’efficacité des efforts déployés par les Américains pour parvenir au même résultat. Cela amène à se demander ce que nous avons réellement accompli là-bas», a fait remarquer M. Hoh, en soulignant que «les Talibans sont en train de se débarrasser de la drogue» :

«Cela remet en cause l’une des prémisses fondamentales de ces guerres : la prétendue association entre les Talibans et le trafic de drogue – un concept de lien narco-terroriste. Toutefois, cette notion est fallacieuse. En réalité, l’Afghanistan est à l’origine de 80 à 90 % de l’offre mondiale d’opiacés illicites. Les principaux responsables de ce commerce étaient le gouvernement et l’armée afghans, des entités que nous avons maintenues au pouvoir».

A gauche, un Marine américain cueille une fleur alors qu’il garde un champ de coquelicots en 2012 dans la province d’Helmand. Photo : DVIDS. À droite, un homme brise des tiges de pavot dans le cadre d’une campagne de 2023 visant à lutter contre les drogues illégales en Afghanistan. Oriane Zerah | AP

Suzanna Reiss, universitaire à l’Université d’Hawaï à Manoa et auteur de «We Sell Drugs : The Alchemy of U.S. Empire», a fait preuve d’un point de vue encore plus cynique sur les efforts américains de lutte contre les stupéfiants, comme elle l’a indiqué à MintPress :

«Les États-Unis n’ont jamais vraiment cherché à réduire le trafic de drogue en Afghanistan (ou ailleurs d’ailleurs). Toute rhétorique noble mise à part, les États-Unis ont été heureux de travailler avec les trafiquants de drogue si cela permettait de promouvoir certains intérêts géopolitiques (et l’ont d’ailleurs fait, ou du moins ont fermé sciemment les yeux, lorsque des groupes comme l’Alliance du Nord s’appuyaient sur la drogue pour financer leur mouvement politique contre le régime)».

La transformation de l’Afghanistan en un narco-État de premier plan doit beaucoup aux actions de Washington. Dans les années 1970, la culture du pavot était relativement limitée. Toutefois, le vent a tourné en 1979 avec le lancement de l’opération Cyclone, une injection massive de fonds dans les factions moudjahidines afghanes visant à épuiser l’armée soviétique et à mettre fin à sa présence en Afghanistan. Les États-Unis ont versé des milliards aux insurgés, mais leurs besoins financiers n’ont pas été satisfaits. Les moudjahidines se sont donc lancés dans le commerce illicite de la drogue. Au terme de l’opération Cyclone, la production d’opium en Afghanistan avait été multipliée par vingt. Le professeur Alfred McCoy, auteur acclamé de «The Politics of Heroin : CIA Complicity in the Global Drug Trade», a déclaré à MintPress qu’environ 75 % de la production illégale d’opium de la planète provenait désormais d’Afghanistan, et qu’une grande partie des recettes était reversée à des factions rebelles soutenues par les États-Unis.

La crise des opioïdes : Une catastrophe imminente

La crise des opioïdes est la pire épidémie de toxicomanie de l’histoire des États-Unis. Au début de l’année, le secrétaire du ministère de la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a décrit le problème du fentanyl aux États-Unis comme «le plus grand défi auquel nous sommes confrontés en tant que pays». Près de 110 000 Américains sont morts d’une overdose en 2021, le fentanyl étant de loin la principale cause. Entre 2015 et 2021, l’Institut national de la santé a enregistré une multiplication par près de 7,5 des décès par overdose. La revue médicale The Lancet prévoit que 1,2 million d’Américains mourront d’une overdose d’opioïdes d’ici 2029.

Les autorités américaines accusent les cartels mexicains de faire passer l’antidouleur synthétique par la frontière sud et la Chine de produire les produits chimiques nécessaires à la fabrication de la drogue.

Les Américains blancs sont plus susceptibles de faire un usage abusif de ces types de drogues que les autres races. Les adultes âgés de 35 à 44 ans enregistrent les taux de mortalité les plus élevés, bien que les décès chez les plus jeunes soient en augmentation. L’Amérique rurale a été particulièrement touchée ; une étude réalisée en 2017 par le National Farmers Union et l’American Farm Bureau Federation a révélé que 74 % des agriculteurs ont été directement touchés par l’épidémie d’opioïdes. La Virginie-Occidentale et le Tennessee sont les États les plus touchés.

Pour l’écrivain Chris Hedges, originaire du Maine rural, la crise du fentanyl est un exemple de l’une des nombreuses «maladies du désespoir» dont souffrent les États-Unis. Selon lui, elle est née d’un monde en décomposition où les opportunités, qui confèrent statut, estime de soi et dignité, se sont taries pour la plupart des Américains. Ils sont l’expression d’un désespoir et d’une morbidité aigus. En substance, lorsque le rêve américain s’est évanoui, il a été remplacé par un cauchemar américain. Le fait que les hommes blancs soient les premières victimes de ces maladies du désespoir est une conséquence ironique de notre système injuste. Comme l’explique Hedges :

«Les hommes blancs, plus facilement séduits par le mythe du rêve américain que les personnes de couleur qui comprennent à quel point le système capitaliste leur est défavorable, souffrent souvent d’un sentiment d’échec et de trahison, dans de nombreux cas lorsqu’ils sont dans la force de l’âge. Ils s’attendent, en raison des notions de suprématie blanche et des platitudes capitalistes sur le travail acharné menant à l’avancement, à être en pleine ascension. Ils croient au succès».

En ce sens, il est important de replacer la crise de la dépendance aux opioïdes dans le contexte plus large du déclin américain, où les opportunités de réussite et de bonheur sont plus rares et plus éloignées que jamais, plutôt que de l’attribuer à des individus. Comme l’écrit le Lancet : «Les approches punitives et stigmatisantes doivent cesser. La dépendance n’est pas une faute morale. Il s’agit d’un état pathologique qui constitue une menace constante pour la santé».

Un problème exclusivement américain

Près de 10 millions d’Américains font un usage abusif d’opioïdes sur ordonnance chaque année, à un rythme bien supérieur à celui des pays développés comparables. Les décès par surdose d’opioïdes aux États-Unis sont dix fois plus fréquents par habitant qu’en Allemagne et plus de vingt fois plus fréquents en Italie, par exemple.

Cela est dû en grande partie au système de santé à but lucratif des États-Unis. Les compagnies d’assurance privées américaines sont beaucoup plus enclines à prescrire des médicaments et des pilules que des thérapies plus coûteuses qui s’attaquent à la racine du problème à l’origine de l’addiction. C ‘est pourquoi la crise des opioïdes est communément qualifiée de «problème exclusivement américain».

Si les médecins américains sont beaucoup plus enclins à administrer des analgésiques exceptionnellement puissants que leurs homologues européens, c’est en partie parce qu’ils ont fait l’objet d’une campagne de marketing hyper-agressive de la part de Purdue Pharma, fabricant du puissant opioïde OxyContin. Purdue a lancé l’OxyContin en 1996 et ses agents ont envahi les cabinets médicaux pour promouvoir le nouveau «médicament miracle».

Environ 1 million de faux comprimés contenant du fentanyl saisis le 5 juillet 2022 dans une maison d’Inglewood, en Californie. Photo : DEA via AP

Pourtant, procès après procès, l’entreprise a été accusée de mentir sur l’efficacité et la dépendance de l’OxyContin, un médicament qui a rendu d’innombrables Américains dépendants des opioïdes. Et lorsque les opioïdes sur ordonnance, légaux mais incroyablement addictifs, se sont taris, les Américains se sont tournés vers des substances illicites comme l’héroïne et le fentanyl pour les remplacer.

Les propriétaires de Purdue Pharma, la famille Sackler, ont régulièrement été décrits comme la famille la plus diabolique d’Amérique, beaucoup leur imputant la responsabilité des centaines de milliers de décès par overdose. En 2019, sous le poids de milliers de poursuites judiciaires, Purdue Pharma a déposé son bilan. Un an plus tard, elle a plaidé coupable à des accusations criminelles concernant la mauvaise commercialisation de l’OxyContin.

Néanmoins, les Sackler se sont enrichis comme des bandits grâce à leurs actions. Même après avoir été contraints l’année dernière de verser près de 6 milliards de dollars en espèces aux victimes de la crise des opioïdes, ils restent l’une des familles les plus riches du monde et ont refusé de s’excuser pour leur rôle dans la construction d’un empire de la douleur qui a causé des centaines de milliers de morts.

Au lieu de cela, la famille a tenté de blanchir son image par la philanthropie, en parrainant un grand nombre d’institutions artistiques et culturelles parmi les plus prestigieuses du monde. Il s’agit notamment du musée Guggenheim et du Metropolitan Museum of Art à New York, de l’université de Yale, du British Museum et de la Royal Academy à Londres.

Les anciens combattants constituent l’un des groupes les plus touchés par les opioïdes tels que l’OxyContin, l’héroïne et le fentanyl. Selon les National Institutes of Health, les anciens combattants sont deux fois plus susceptibles de mourir d’une overdose que le reste de la population. La bureaucratie est l’une des raisons de ce phénomène. «Au cours des dernières décennies, l’administration des vétérans a fait du très mauvais travail en matière de gestion de la douleur, en particulier en ce qui concerne le recours aux opioïdes», a déclaré M. Hoh, un ancien marine, à MintPress, précisant que l’administration des vétérans prescrivait des opioïdes dangereux à un taux plus élevé que les autres organismes de santé.

Les anciens soldats doivent souvent faire face à des douleurs chroniques et à des lésions cérébrales. M. Hoh note qu’environ un quart de million de vétérans d’Afghanistan et d’Irak souffrent de lésions cérébrales traumatiques. À cela s’ajoutent les profondes lésions morales dont beaucoup ont souffert – des lésions qui ne sont généralement pas visibles. Comme l’a fait remarquer Hoh :

«Les vétérans se tournent vers [des opioïdes comme le fentanyl] pour faire face aux conséquences mentales, émotionnelles et spirituelles de la guerre. Ils les utilisent pour apaiser leur détresse, essayer de trouver un certain soulagement, échapper à la dépression et faire face aux démons qui reviennent chez les vétérans qui ont participé à ces guerres».

Ainsi, si le programme d’éradication de l’opium des talibans se poursuit, il pourrait déclencher une crise du fentanyl qui pourrait tuer plus d’Américains que ne l’a fait l’occupation qui a duré 20 ans.

Société brisée

Si les maladies du désespoir sont courantes aux États-Unis, elles sévissent en Afghanistan même. Un rapport mondial publié en mars a révélé que les Afghans sont de loin les personnes les plus malheureuses de la planète. Les Afghans évaluent leur vie à 1,8 sur 10, ce qui les place en avant-dernière position, loin derrière les Finlandais (7,8 sur 10).

La dépendance à l’opium en Afghanistan est hors de contrôle, avec environ 9 % de la population adulte (et un nombre important d’enfants) dépendants. Entre 2005 et 2015, le nombre de toxicomanes adultes est passé de 900 000 à 2,4 millions, selon les Nations unies, qui estiment que près d’un foyer sur trois est directement touché par la toxicomanie. L’opium étant fréquemment injecté, les maladies transmises par le sang, comme le VIH, sont également courantes.

Le problème des opioïdes s’est également étendu aux pays voisins, tels que l’Iran et le Pakistan. Un rapport des Nations unies de 2013 estimait que près de 2,5 millions de Pakistanais consommaient des opioïdes, dont 11 % dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest du pays. Environ 700 personnes meurent chaque jour d’overdoses.

L’Empire de la drogue

Compte tenu de leur histoire, il est peut-être compréhensible que les pays asiatiques aient généralement pris des mesures beaucoup plus autoritaires pour lutter contre les problèmes de toxicomanie. Pendant des siècles, l’utilisation du commerce illégal de la drogue pour promouvoir des objectifs impériaux a été une tactique occidentale courante. Dans les années 1940 et 1950, les Français ont utilisé les cultures d’opium dans la région du «Triangle d’or» en Asie du Sud-Est afin de contrer le mouvement d’indépendance vietnamien en plein essor.

Un siècle auparavant, les Britanniques avaient utilisé l’opium pour écraser et conquérir une grande partie de la Chine. La soif insatiable de la Grande-Bretagne pour le thé chinois commençait à mettre le pays en faillite, car la Chine n’acceptait que de l’or ou de l’argent en échange. Les Britanniques ont donc utilisé la puissance de leur marine pour forcer la Chine à leur céder Hong Kong. De là, ils ont inondé la Chine continentale d’opium cultivé en Asie du Sud (y compris en Afghanistan).

Les effets de la guerre de l’opium ont été stupéfiants. En 1880, les Britanniques inondaient la Chine de plus de 6 500 tonnes d’opium par an, soit l’équivalent de plusieurs milliards de doses. La société chinoise s’est effondrée, incapable de faire face aux bouleversements sociaux et économiques que des millions d’opiomanes ont entraînés à l’échelle de l’empire. Aujourd’hui, les Chinois continuent d’appeler cette période le “siècle de l’humiliation”.

Pendant ce temps, en Asie du Sud, les Britanniques forcent les agriculteurs à planter des champs de pavot au lieu de cultures comestibles, provoquant des vagues de famines gigantesques, jamais vues auparavant ni depuis.

Dans les années 1980, en Amérique centrale, les États-Unis ont vendu des armes à l’Iran afin de financer les escadrons de la mort d’extrême droite des Contras. Les Contras étaient profondément impliqués dans le commerce de la cocaïne, alimentant leur sale guerre par la vente de crack aux États-Unis – une pratique que, selon le journaliste Gary Webb, la Central Intelligence Agency a facilitée.

L’impérialisme et les drogues illicites vont donc souvent de pair. Cependant, avec l’effort d’éradication de l’opium par les talibans, couplé au phénomène spécifiquement américain de la dépendance aux opioïdes, il est possible que les États-Unis subissent un contrecoup important dans les années à venir. L’épidémie mortelle de fentanyl ne fera probablement qu’empirer, emportant inutilement des centaines de milliers de vies américaines supplémentaires. Ainsi, alors même que l’Afghanistan tente de se débarrasser de son problème mortel de toxicomanie, ses actions pourraient précipiter une épidémie qui promet de tuer plus d’Américains que toutes les entreprises impériales de Washington à ce jour.

source : The Alt Word

Commentaires: 1
  • #1

    tiso (lundi, 10 juillet 2023 11:45)

    Le problème fondamental est l'injection de la puce alphanumérique, Yuval Noé Harari l'a très bien expliqué, mais qui le comprend ? la prise de contrôle de l'humain est désormais possible par des fréquences électromagnétiques via les téléphones portables ou tout objets interconnectés , d'ailleurs une loi sur l'opportunité d'avoir accès par l'état à vos téléphones portable vient d'être promulguée je ne parlerai pas de la finalité de ce programme pour l'instant, car je ne pense pas qu'il puisse être compris, vous pouvez toujours voir le film CELL.