La « Génération Dorée » des retraités... le dernier dénigrement à la mode
...par Thierry Benne - le 26/03/2018.
Cela fait déjà un certain temps que dans les allées du pouvoir, à la Cour des comptes, à l’Inspection des Finances, à l’INSEE, à France Stratégie ou encore à Terra
Nova, il est de bon ton de présenter les actuels retraités comme des nantis, des privilégiés, des "rentiers". D’ailleurs, les médias les montrent toujours assez jeunes, souriants et épanouis,
soit en voyage au volant d’élégants cabriolets, soit se prélassant en transats sur de superbes paquebots, soit encore circulant en vélo dans des paysages magnifiques. Mais, honte à
eux : les retraités absorberaient goulument une part excessive (présentement 13 à 14% selon les sources) du PIB du pays, au détriment notamment de la jeunesse qui se débat dans des
difficultés sans nom. Un peu comme si les seniors étaient responsables de l’échec des politiques économiques erratiques et démagogiques menées depuis des décennies très largement sans eux et même
dernièrement, ouvertement contre eux. Pour parler clair, alors que jusqu’en 2010, les réformes des retraites avaient été conduites dans un souci exclusif de rééquilibrage financier, les toutes
dernières réformes ont ajouté aux sacrifices demandés aux seniors, au blocage prolongé de leurs pensions, aux manipulations douteuses des temps, des taux et des montants, une sorte de mise en
examen sociale des retraités, accusés de parasitisme et d’égoïsme aux dépens des générations suivantes.
I – "LA GÉNÉRATION DORÉE"
Le comble est sans doute aujourd’hui atteint avec le pouvoir actuel dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne développe aucune empathie envers les seniors. Un de
ses députés - et non des moindres, puisqu’il s’agit d’Éric Alauzet, rapporteur du budget de la Sécurité sociale auprès de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale – s’est ainsi laissé
aller jusqu’à confier au Parisien (N0 22 861 du 5 mars dernier) que les retraités actuels font partie d"une génération dorée" et que même "s’ils ont travaillé toute leur vie, cela ne
suffit pas comme argument, au moment où il faut trouver de l’argent pour renflouer les caisses de l’État". Certes on comprend bien que quelqu’un qui a sous les yeux les chiffres récemment
révélés des retraites indécentes de quelques-uns de ses plus éminents collègues qui ont su habilement cumuler administration et politique, puisse effectivement songer à un tel raccourci. Mais
pour peu qu’il lui arrive de quitter les ors du pouvoir et du Parlement, ce médecin devrait savoir que de telles sommes sont loin de concerner toute une classe d’âge, laquelle – sans bénéficier
du tout des mêmes facilités- œuvre à des niveaux où trop souvent la nécessité fait loi. Dans le débat démocratique qui va précéder la réforme des retraites, on ne peut donc évidemment laisser
passer cette accusation fallacieuse de "génération dorée", notamment parce que :
> politiquement, elle est délétère et elle risque tout simplement d’allumer stupidement une guerre des générations,
> techniquement, l’assertion n’a absolument aucun fondement sérieux et ne doit pas venir polluer le prochain débat sur la réforme des retraites,
> et financièrement enfin, on ne voit vraiment pas pourquoi ce serait aux retraités dont le revenu fiscal mensuel excède le montant mirifique € 1 200 de renflouer tout seuls les caisses de l’État, alors que de la même main et sans vergogne, ce
dernier ose diminuer de plusieurs milliers d’euros par an les cotisations des actifs privés les mieux rémunérés..
II – UNE ACCUSATION SANS FONDEMENT
Pour remonter aux sources, quelque dix millions de retraités viennent de constater par eux-mêmes sur leurs bordereaux de pensions les ravages de la hausse de CSG.
et la pilule passe très mal. D’autant plus qu’après avoir imposé sa réforme sans concertation aucune, le pouvoir a fait preuve d’une arrogance et d’une maladresse insignes à la fois :
> comme on l’a vu, en reprochant à l’ensemble des retraités d’accaparer pour eux des crédits qui seraient plus utiles à la jeunesse,
> en leur rappelant crûment qu’avec le principe de la répartition, le fait d’avoir financé par leurs cotisations les pensions de leurs anciens ne leur donne aucun droit tangible d’exiger la réciprocité de la part des actifs actuels.
Bien évidemment, les retraités considèrent toutes ces imputations comme calomnieuses et parfaitement irrecevables.
En effet, d’une part en France, aucune pension n’excède jamais le revenu d’activité qu’elle prolonge et les taux de remplacement observés situent le montant de la
plupart des pensions entre 60 et 80% des rémunérations auxquelles elles se substituent. D’autre part, les salaires et les autres rémunérations d’activité évoluent généralement beaucoup plus vite
que les pensions surtout que, très longtempsindexées sur les prix, elles sont aujourd’hui et depuis plusieurs années quasiment bloquées sous des prétextes
divers (dont tous ne sont pas convaincants). Donc si on parle strictement des retraites et des pensions, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir techniquement de "génération dorée" par rapport aux
actifs. Pire, l’expression peut à juste titre être reçue comme péjorative et provocante par la population qu’elle vise, qui ne manquera pas de faire observer au sieur Alauzet, élu depuis 23 ans
et député depuis 2012, qu’il devrait quand même se souvenir qu’il appartient lui-même à une "génération" de politiques, dont les très généreuses retraites ponctionnées sur le contribuable font
nettement plus envie que pitié.
En réalité, si on veut absolument trouver un avantage aux retraités actuels, il faut emboîter le pas à la statistique officielle sur le niveau de vie, où
effectivement les retraités bénéficient en moyenne d’un avantage de l’ordre de 6% sur les actifs. Encore ne profiteront-ils de ce "surplus" qu’à titre provisoire, puisque toutes les études
concluent à un effacement progressif de cet avantage dans les 20 prochaines années, jusqu’à son inversion ultérieure et définitive en handicap, tout simplement parce que les rémunérations
d’activité augmentent toujours plus vite et plus fort que les pensions.
Alors à quoi donc est dû l’avantage actuel en niveau de vie ? Tout simplement au fait que le retraité dispose généralement en sus de ses pensions de revenus
supplémentaires, qui proviennent d’un patrimoine accumulé sur 40 ans et plus de carrière, inclus les héritages intervenus. Évidemment l’ensemble de ces biens, comme les revenus qu’ils procurent,
sont inévitablement supérieurs à ceux dont dispose effectivement un quadragénaire au milieu de sa vie active, alors qu’il n’a pas encore atteint le sommet de sa carrière, que sa capacité
d’épargne est obérée par des charges de famille ou des intérêts d’emprunts pour sa résidence principale et qu’il n’a pas encore hérité. Mais à condition qu’il achève normalement sa carrière, et
qu’il recueille le cas échéant les héritages qui lui reviennent, ce même actif se retrouvera quelque deux décennies plus tard au moment de sa retraite peu ou prou dans la même situation que le
retraité de la génération précédente. Ceci montre bien que l’écart en niveau de vie n’est nullement dû à un handicap intrinsèque de situation de l’actif par rapport au retraité, ni aux privilèges
d’une génération par rapport à la précédente, mais tout simplement au seul facteur de l’âge, déterminant dans l’accumulation du patrimoine. Il est donc parfaitement stupide de parler de
génération "dorée", puisque toutes les générations à venir en progressant en âge, auront vocation à prétendre -toutes choses égales par ailleurs- à des avantages comparables et à des patrimoines
équivalents à ceux qu’a pu cumuler la génération présente sur les dernières décennies. On terminera sur un malicieux clin d’œil au panneau brandi par un retraité manifestant le 15 mars dernier et
sur lequel on pouvait lire : " Échange retraite dorée contre retraite parlementaire". Ce qui en dit long sur l’abime qui sépare le monde de la "vraie vie" de ceux qui, jusqu’à plus ample
informé, sont censés le représenter.
Enfin, une génération qui a dû travailler une partie non négligeable de sa carrière sur la base d’un temps hebdomadaire de quelque 50 heures, avec des
congés payés limités à 3 semaines, en fournissant donc environ 2 400 heures de travail annuel , n’est pas une génération privilégiée par rapport à la génération actuelle qui, avec les 35 heures,
développe environ 1 600 heures de travail annuel pour acquérir des droits équivalents à la précédente.
III – LE DÉFAUT TOTAL DE COMPENSATION DE LA HAUSSE DE CSG
On sait que pour les actifs du privé, la réforme se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat, puisque le gain issu de la suppression des cotisations
salariales de maladie et de chômage surpasse la perte liée à la hausse de CSG. Se voyant au contraire refuser toute compensation d’aucune sorte, les retraités ont parfaitement compris que cette
hausse de CSG n’était destinée qu’à les châtier et même tant les propos furent dépourvus d’aménité, à les ostraciser en tant que membres d’une catégorie sociale prétendument favorisée et vivant
largement de l’effort des actifs. Notamment la boutade idiote d’un dirigeant de la majorité plaisantant sur le caractère "passager" du désagrément subi par les seniors n’a fait qu’ajouter à leur
exaspération, leurs nerfs à vif supportant de plus en plus mal les accusations injustes dont ils font l’objet. Même chez les observateurs les plus réservés, on fait observer qu’un geste, rien
qu’un geste et non pas nécessairement une compensation globale, sur une déduction fiscale partielle des cotisations des mutuelles-santé, aurait immédiatement détendu l’atmosphère en retirant à la
réforme son caractère hautement conflictuel, dont l’Exécutif commence à peine à et à ses dépens à prendre tout la mesure.
IV – L’IMPORTANCE DU PRELÉVEMENT SUR LE PIB
Pour souligner la "voracité" des retraités, il est de bon ton de relever que le total de nos dépenses de pensions absorbe chaque année entre 13 et 14% du PIB
national. Pas question de contester que ce prélèvement est important et qu’il figure en effet parmi les plus élevés d’Europe, seule l’Italie le devançant de peu. Mais ceci ne suffit pourtant pas
à établir que la somme soit excessive, car chaque pays arrête ses propres choix pour définir l’équilibre qui lui convient entre les impôts, taxes et cotisations qu’il perçoit et les prestations
et avantages qu’il accorde en contrepartie. Or tous ceux qui s’insurgent contre l’importance excessive des pensions oublient très curieusement cette contrepartie des cotisations, bien qu’en
régime de répartition comme en régime de capitalisation, ce soient toujours les cotisations qui déterminent les retraites et non le contraire. Oui, mais voilà tous ceux ou presque qui critiquent
"la génération dorée" sont en général des partisans du toujours plus d’État et souvent des gens haut placés. Or s’il leur est facile de dénoncer l’excès des pensions, il leur est infiniment plus
difficile de pourfendre le niveau trop élevé des cotisations, puisqu’ils militent depuis des décennies pour l’accroissement inconsidéré des prélèvements publics. Résultat, ils omettent
délibérément de rappeler que les retraites reposent sur l’équilibre fondamental des cotisations et des pensions et qu’en bonne logique on ne peut envisager de réduire substantiellement les
secondes – ce qu’ils souhaitent - sans réexaminer les premières – ce dont ils ne veulent absolument pas. En outre et ceci renforce encore le silence gêné de nos procureurs, si l’on regarde de
près le volet des cotisations, on s’aperçoit qu’en France les pensions du secteur public ne sont que très partiellement financées par les cotisations salariales et patronales et que leur
équilibre largement artificiel provient pour près de 50 milliards d’euros des diverses subventions d’équilibre que l’État alloue généreusement aux retraites du secteur public. Ce qui veut dire
qu’avant de se soucier de sa propre retraite, un actif du secteur privé doit d’abord financer une bonne partie des retraites du secteur public (fonction publique et autres services ou entités
publics).On comprend aisément dans ces conditions que ceux des hauts fonctionnaires et dirigeants du secteur public qui protestent haut et fort contre la
"génération dorée" ne tiennent nullement à ce qu’on vienne cerner d’un peu près la réalité de leurs propres cotisations qui ferait apparaître qu’en terme d’avantages les procureurs sont de loin
bien mieux lotis que les accusés !
V – QUANT À L’ESPÉRANCE DE VIE
En réalité, commençant – mais beaucoup trop tard - à réaliser qu’il a très mal vendu sa réforme et qu’elle reste en travers de la gorge de ceux qu’elle lèse, le
Président et son parti essayent de se justifier en reprochant maladroitement aux retraités actuels de vivre plus longtemps que leurs aînés. Ce qui expliquerait qu’avec la CASA de 2012 (0,30%) et
la hausse de CSG actuelle (1,70% nominalement, mais en réalité 1,85% en moyenne), l’État s’apprête dès 2018 à retrancher chaque année du montant des pensions toute la semaine qui sépare Noël du
Jour de l’an. C’est ainsi qu’en France à partir de 2018 et pour nombre de retraités, l’année de pension ne va plus compter désormais qu’un peu moins de 51 semaines. Pourtant l’allongement
progressif de la durée de vie n’est pas une nouveauté, il s’inscrit depuis plus d’un siècle et hors les guerres dans l’évolution normale de nos civilisations occidentales et jusqu’ici personne
n’avait jamais eu le front de reprocher aux retraités de vivre un peu plus longtemps que leurs parents. Par ailleurs, si l’espérance de vie continue à croître, il y a fort à parier que les actifs
actuels, qui reprochent aujourd’hui à leurs parents de vivre trop longtemps, vont eux-mêmes vivre quelques années de plus que leurs géniteurs. Le temps venu et pour suivre leur exemple, leurs
enfants leur supprimeront-t-ils à eux aussi de ci, de là, quelques semaines supplémentaires de retraites pour "survie abusive" ? Certes, si elle est retenue dans la prochaine réforme des
retraites, l’approche notionnelle à la suédoise devrait prendre directement en compte la plus ou moins grande espérance de vie à la retraite, mais pour l’instant nous n’en sommes pas encore
là.
De toute manière, ce qui est d’ores et déjà intolérable pour les retraités d’aujourd’hui, c’est que le pouvoir ait eu le front de prendre prétexte de cet
allongement naturel de leur espérance de vie pour leur imposer un hold-up (déshabiller Pierre pour habiller Paul !) afin de renforcer le pouvoir d’achat des actifs, au prétexte que ces
derniers, eux, ils travaillent. Pourtant, ce n’est pas parce que les retraités ont cessé de produire au sens économique du terme, qu’ils ont perdu toute utilité sociale. Au-delà même de l’aide
qu’ils procurent à leur descendance, nombre de structures municipales ou associatives seraient bien en peine de fonctionner sans leur bénévolat militant. En plus, puisque les actifs actuels, que
le pouvoir a décidé de favoriser, auront eux-mêmes le moment venu une espérance de vie à la retraite très certainement supérieure à celle de leurs parents, les retraités pensent que les
ajustements nécessaires doivent se faire vers l’avenir en jouant sur l’âge de départ à la retraite et les cotisations, plutôt que rétroactivement par amputation des pensions en cours de service.
Pour toutes ces raisons, les retraités ne tolèrent donc pas d’être ainsi présentement jetés en pâture à l’opinion comme de vils parasites, taillables et corvéables à merci. Ainsi que le
remarquait fort justement l’auditeur d’un récent "C dans l’air" : grâce à l’indigne "senior bashing" du parti majoritaire, cette "génération dorée" est la première à devoir assumer, en sus
des retraites de ses anciens, l’amélioration du pouvoir d’achat des actifs. Le solde de sa pension correspondra désormais pour chaque retraité à ce qu’il lui restera une fois que tous les autres
"ayants droit" nés avant et après lui auront été servis et bien servis. Remarquons en outre que puisque le Conseil constitutionnel n’a pas levé le petit doigt contre cette scandaleuse injustice
et ce détournement avéré, rien n’interdit plus au pouvoir de revenir au pot à l’avenir, en siphonnant à nouveau autant de fois que nécessaire les pensions des retraités, puisqu’il sait qu’ils ne
descendront jamais en foule dans la rue. N’ayant curieusement pas compris qu’ils seront les retraités de demain, les actifs d’aujourd’hui pourront alors se mordre les doigts d’avoir laissé
commettre cette arnaque sur leurs parents, lorsqu’à leur tour leurs fils se réclamant de leur exemple viendront exiger leur "livre de chair".
VI – À PROPOS DE LA SOLIDARITÉ INTERGÉNÉRATIONNELLE
Faut-il rappeler enfin que le transfert de cotisations qui, dans la répartition, fait peser sur les actifs la charge des retraites de leurs ainés, a pour
contrepartie indissociable le principe de solidarité intergénérationnelle. Ce dernier implique que lorsqu’ils deviendront à leur tour retraités, les actifs puissent bénéficier en provenance de la
collectivité de leurs descendants de la même solidarité qu’ils ont mobilisée en faveur de l’ensemble de leurs aînés. Si, comme la tendance semble se dessiner, la solidarité intergénérationnelle
est destinée à devenir une notion à géométrie variable en fonction des besoins croissants d’un État rigoureusement incapable de réduire ses dépenses, si le pouvoir peut y piocher comme bon lui
semble pour assurer ses fins de mois ou avantager Pierre ou Paul, c’en est en réalité fini de la répartition. Alors qu’elles ont été cotisées pendant toute une vie de labeur, les pensions de
retraite basculeront irréversiblement du domaine quasi-contractuel de l’assurance pour chuter dans celui discrétionnaire et arbitraire de l’assistanat, qui juridiquement n’offre plus aucune
garantie de durée, ni de montant à ceux qui en dépendent.
En plus, et là c’est vraiment un comble, reprenant le propos des économistes, démographes, statisticiens et autres experts officiels, le Président en remet une
couche en reprochant implicitement aux retraités qu’il rançonne d’être d’abominables parasites, parfaitement insensibles au sort de leur descendance tristement embarquée dans toutes sortes de
galères. Le Président oublie manifestement qu’avant de devenir un adulte actif, un enfant se nourrit, s’habille, se soigne, s’élève, s’éduque et que, depuis la nuit des temps, ce sont ses parents
qui s’acquittent spontanément de l’essentiel de ces charges. On ne peut donc, sans passer pour un cuistre, donner des leçons de solidarité intergénérationnelle à des parents pour qui chaque
enfant représente vingt ans et plus de solidarité intergénérationnelle continuellement assumée. Visiblement, la plupart des politiques actuels ne se sont pas davantage aperçu que les mêmes
parents n’ont pas attendu l’avènement de Monsieur Macron pour aider spontanément et efficacement tout au long de leur vie leurs enfants et petits-enfants, même bien après qu’ils aient quitté le
foyer familial. En effet, comme les précédentes, après les avoir élevés et formés, la génération "dorée" n’abandonne pas ses enfants dans le besoin ou dans l’embarras et elle déploie
régulièrement toutes sortes d’aides, qu’elles soient en nature (gardes d’enfants, voiturages divers, courses, mise à disposition gratuite de logement, achats divers etc.) ou monétaires (cautions
locatives, prêts, dons, donations, legs et héritages etc.). Pour ne pas être publiques, ces aides qui échappent largement au radar des chiffres officiels, n’en sont pas moins effectives et on
sait qu’elles sont significatives, même si la plupart des études statistiques qui traitent du sujet l’approchent en termes de fréquence et de volume annuel plutôt qu’en terme de PIB. Donc on voit
bien au terme de tous ces exemples que le couplet présidentiel à l’adresse des retraités sur la solidarité intergénérationnelle est particulièrement inapproprié et mal venu, surtout de la part
d’un élu qui, personnellement, ne peut prêcher d’exemple, puisqu’il n’a pas d’enfant.
VII – LES PROBLÈMES DES RETRAITES SERVIES SANS COTISATION OU "POST MORTEM"
Avant de clore, il ne faut pas oublier de signaler une dernière contradiction au député Alauzet, si soucieux de l’équilibre des finances de l’État. Celle de savoir
comment un État, qui ne parvient plus à assurer complètement le service des retraites pour lesquelles ses actifs ont cotisé sur toute leur carrière, peut encore prétendre maintenir intacts les
avantages d’un assistanat fort généreux. Certaines de nos caisses de retraites versent en effet rubis sur l’ongle à des étrangers résidant sur notre sol, mais qui n’ont rien cotisé du tout, des
pensions largement supérieures aux montants moyens des retraites que perçoivent un agriculteur, un commerçant ou un artisan au terme d’une vie de labeur et de plus de quatre décennies de
cotisations. Un vieil adage romain prétendait qu’il faut d’abord avoir réglé toutes ses dettes avant de pouvoir se montrer généreux. Logique sans doute d’un autre âge où le bon sens conservait
quelque valeur, avant qu’on ne lui substitue la règle inique et démagogique du dernier arrivé, premier servi ! On n’aura pas enfin la cruauté de rappeler que, pour éviter des contrôles par
trop tatillons et qu’elles estiment probablement dégradants, nos caisses sociales n’hésitent pas à maintenir obstinément et pour plusieurs millions d’euros chaque année, le service de leurs
pensions à l’étranger à des gens qui ont quitté depuis plusieurs années non seulement notre pays, mais aussi le monde des vivants. Pourtant, malgré l’impérieuse "nécessité de renflouer les
caisses de l’État" invoquée par notre député, il ne semble pas que toutes les mesures soient déjà en place pour éradiquer immédiatement cette funeste pratique.
CONCLUSION
Bref et pour en revenir à l’objet premier de notre propos, la fameuse "génération dorée", si on essaye de résumer le ressenti de la plupart de ses membres (dont
beaucoup avaient voté Macron) vis-à-vis de cette hausse de la CSG non compensée et très douloureusement perçue, on trouve pêle-mêle les mots de tromperie, d’arnaque, de hold-up
intergénérationnel, d’injustice, de rupture du contrat social, de guerre entre les générations, d’inégalité devant l’impôt, de mépris des anciens et de discrimination à raison de l’âge.
Suffisamment de vrais griefs et d’amertume en tout cas pour que, lors des prochaines échéances électorales, le pouvoir ait à redouter sérieusement de ne pas avoir à faire qu’à des ingrats sur
cette très mauvaise entame fiscale, même s’il répète en boucle que la hausse de CSG figurait bien dans son programme de campagne. D’ailleurs, l’annonce d’une prochaine retouche au dispositif pour
exonérer de la hausse de CSG 100 000 retraités supplémentaires à faibles ressources confirme bien qu’en dépit de ses dénégations, le pouvoir n’avait pas bien ciblé sa réforme, qu’il avait oublié
d’en aménager les "effets de seuils" dont il ne s’aperçoit très tardivement qu’au vu du mécontentement qui gronde et qui grandit. Tout le monde sait en effet que, s’ils défilent moins aisément
que les actifs dans la rue, les retraités, qui représentent plus d’un tiers du corps électoral, ont une fâcheuse tendance à voter bien davantage que les autres catégories d’électeurs.
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camille.pelletier1@orange.fr (samedi, 15 août 2020 16:44)
bonjour,
avez vous un livre sur ce sujet ?