Les députés Jean-Louis Thiériot (Les Républicains, Seine-et-Marne) et Patricia Mirallès (LREM, Hérault) ont présenté leur rapport de mission sur la préparation à
une guerre de haute intensité devant la Commission de la défense nationale et des forces armées, le 16 février 2022.
Ils ont souligné que le risque d’une guerre de haute intensité (c’est-à-dire face à des armées de haut niveau et non plus face à des bandes terroristes) est
désormais réel. Dans une telle perspective, les armées françaises doivent immédiatement être mises à jour.
Par exemple, compte tenu de l’état des appareils, l’armée de l’Air ne tiendrait pas plus de 5 jours (face à la Russie).
Les rapporteurs ont proposé de relever le budget de la Défense à 2,5 % du PIB.
(....C'est un peu long, les pages 8 à 12 donnent l'aperçu. Si l'on pouvait espérer, ne serait-ce que, la moitié des propositions, ce serait déjà
un grand pas en avant !)
Nous avons reçu dans notre boîte à lettres ce courrier du colonel Péré, président de la Fédération des Opex en France. Accablant pour le régime, et pour ses différents CEMA…
« La grande illusion »
Les acteurs du DRAME
(Tragédie en quatre actes et 10 scènes)
Les leçons de « La grande Illusion »
Enfin, mais de façon inattendue surtout de la part des services de renseignement français, la guerre déclenchée en Ukraine révèle dans sa totalité l’état désastreux
de notre Défense conventionnelle, depuis trop longtemps dissimulé.
Depuis 1995, les responsables politiques de notre pays, chefs de l’État, Premiers ministres, ministres de la Défense ou des Armées, en particulier, successifs, par
leur mépris constant de la chose militaire, leur méconnaissance voire le déni de notre Histoire, leur vision partiale d’une politique étrangère étriquée, le non-respect des lois de programmation
militaires dûment votées par le Parlement, l’abandon consenti de l’industrie d’armement et de munitions, le délitement de l’esprit patriotique, ont créé les conditions de notre
affaiblissement.
Mais c’est dès 1990 que Laurent Fabius alors président de l’Assemblée nationale fut le premier à évoquer et à promouvoir Les « dividendes de la paix » pour demander
une baisse conséquente du budget militaire étant alors entendu que l’URSS éclatée, son armée ne représenterait plus une menace.
Cependant, le mur de Berlin venait à peine de tomber que se profilait la guerre de libération du Koweït, et l’éclatement de l’ex-Yougoslavie mettait la guerre à
seulement deux heures de vol de Paris. Puis les attentats du 11 septembre 2001, les guerres en Afghanistan et en Irak, l’essor des groupes djihadistes au Sahel, l’opération française en Libye, la
déstabilisation de ce pays et de ses voisins, les tensions au Moyen-Orient, et dans la région indo-pacifique, l’émergence de l’État islamique au Levant etc. ont pu faire dire au général de
Villiers, ancien CEMA, que ces fameux « dividendes de la paix » n’étaient qu’une tragique illusion.
J’ai souhaité ici, alors que le temps qui passe efface de grands pans de notre mémoire, mettre un nom sur chacun des responsables politiques dont certains
aujourd’hui encore occupent des fonctions majeures au sein de grandes institutions républicaines, aux postes de responsabilité de grandes entreprises publiques ou privées, ou pérorent comme
consultants dans les médias complaisants pendant que d’autres, de livres en livres, justifient sans vergogne leurs actions ou inactions passées et se répandent en conseils et avis désormais aussi
inconvenants qu’inutiles.
Hommes politiques responsables assurément mais qu’en est-il des chefs d’état-major des armées (CEMA) pendant cette période ? Depuis 1995, les CEMA qui auraient dû
être les conseillers militaires avisés et déterminés auprès des gouvernants se sont révélés être des généraux ou amiraux cinq étoiles timorés, à ce point subjugués par le pouvoir politique à qui
ils devaient promotion et nomination, qu’ils entérinaient sans coup férir, voire même prévenaient les multiples et incessantes suppressions de régiments, de bases aériennes et de forces navales
et la cession de nombreuses infrastructures de soutien ou d’entrainement.
Les CEMA se contentaient de gérer la pénurie, de différer voire d’annuler les commandes étriquées de matériels, d’armements, d’équipements et au contraire de
prolonger au mépris des coûts exorbitants de maintenance, des matériels obsolètes et n’assurant plus la protection des personnels embarqués. Premiers dispensateurs de la pensée unique, ils
n’hésitaient pas à sanctionner les cadres qui avaient le courage de s’affranchir de cette dictature.
Afin de calmer « la troupe » désemparée, ils n’avaient de cesse de prôner le respect de la discipline, d’imposer l’esprit de sacrifice et de multiplier les
cérémonies de dissolution et de transfert au cours desquelles l’émotion dissimulait le dépit parmi les cadres et les soldats pétrifiés par le chagrin. Leur attitude (à l’exception notable de celle du général Pierre de Villiers en 2017) consistait à faire accepter un budget en constante régression et de se montrer
aux yeux d’un pouvoir politique qui n’en demandait pas tant, comme les serviles collaborateurs d’une gigantesque entreprise de démolition nationale.
Le démantèlement organisé de notre outil de défense cumulé avec la suppression de la conscription a cassé de façon irréversible le lien Armée-Nation entretenu
par les actions admirables de générations de chefs de corps exercées au sein des villes, des départements, des régions.
Cette tragédie s’appelle la Grande Illusion, elle comporte 4 actes (comme 4 présidents de la République) et 10 scènes (comme 10 Premiers ministres).
Colonel
Daniel PÉRÉ Chevalier de la Légion d’honneur Chevalier de l’Ordre national du Mérite Croix du combattant Président de la Fédération des Opex de France
La France et l’Union européenne confrontées au retour de la guerre
..par le Gal. J-M Faugère - Le 05/04/2022.
Avec vingt ans de retard, les autorités françaises se rendent compte
qu’elles ont sacrifié la défense de la patrie sur l’autel du management.
Les chefs militaires avaient beau parler, on ne les écoutait pas. Est-il trop
tard ?
La guerre est aux marches de l’Europe ou, plus précisément, à celles de l’Union
européenne, ce grand marché qui pensait, il y a peu encore, que l’avenir appartenait à
l’économie et à la finance mondialisée, annihilant à jamais les ferments de guerre.
Reviennent en écho à cette réalité brutale les avertissements de deux anciens très récents chefs d’état-major des armées
qui ont démissionné de leur fonction respectivement en 2017 et en 2021, décisions inédites sous la Ve République ; l’un disait en substance qu’il devenait insupportable que le budget des armées soit la perpétuelle variable d’ajustement du budget de
l’État ; l’autre constatait simplement que nos armées n’étaient que des armées de « temps de paix ». Autrement dit, incapables de conduire des guerres modernes contre un « ennemi » bien doté et armé.
Ainsi, nos « élites » redécouvrent depuis peu les vertus de l’institution militaire et l’intérêt de posséder des armées
bien équipées et aussi entraînées à la nature la plus rude d’un conflit que l’on puisse supposer. Mais aucune d’entre
elles ne témoignera des alertes, des avertissements lancés par ces mêmes chefs militaires et laissés sans
suite, promptes qu’elles seront à les renvoyer à leur responsabilité si les évènements leur donnaient
raison.
Le 17 février dernier, avant l’irruption de la Russie en Ukraine, le rapport parlementaire présenté par Mme
Patricia Mirallès et M. Jean-Louis Thériot sur « la préparation à la haute intensité » de nos armées renchérissait remarquablement sur un sujet aussi grave.
Mais... il intervenait vingt ans trop tard !
L’état de nos armées
En effet, les effets inconsidérés – mais prévisibles – des « dividendes de la paix », slogan navrant de couardise et
d’aveuglement politique des années 90, affectent encore durablement les capacités opérationnelles de nos armées au regard des
perspectives d’une guerre de haute intensité telle qu’elle se pratique aujourd’hui sous nos yeux en Ukraine.
Après la dissolution du Pacte de Varsovie le 1er juillet 1991, les armées françaises furent contraintes de réduire leur
format et de se voir amputées des ressources financières nécessaires pour les entretenir et les moderniser : dissolution de plus
des deux tiers des régiments de l’armée de terre, diminution de plus de la moitié de l’effectif e la marine
et de l’armée de l’air, diminution par deux des crédits d’investissements (les programmes d’armement).
Paradoxalement, ce qui semblait n’affecter aucun responsable politique, les armées se
trouvaient de plus en plus engagées sur des théâtres d’opérations extérieures pour lutter contre le
terrorisme ou participer aux missions de maintien de la paix ou humanitaires, ensemble auquel vint s’ajouter en 2015 l’opération Sentinelle sur le territoire national...
L’incohérence est notoire dans ces mouvements contradictoires, qui aurait dû sauter aux yeux du dernier des néophytes en
ce domaine à la lecture des Livres blancs sur la défense et la sécurité nationale de 2008 et 2013. Ceux-ci, dès 2008, notaient l’accroissement des risques et des menaces, proposaient de multiplier les interventions armées sur les lieux de crise, tout en
réduisant formats, budgets et contrats opérationnels – passés, pour l’armée de terre de 50 000 hommes en 2000 à 15 000 hommes en 2013, selon une pente dont le terme d’ailleurs n’était annoncé à quiconque, ni même aux armées...
Il faudrait revenir au Livre blanc sur la défense de 1994 qui décrivait, en maintenant la
conscription, les formats des armées et qui retenait six scénarios d’engagement possibles dont un scénario du type de
celui qui se déroule actuellement, à savoir la résurgence d’une menace existentielle.
Malheureusement, les recommandations de la Commission de l’époque en charge de son élaboration ont été balayées d’un
revers de main, moins de deux ans après l’approbation du Livre blanc par l’exécutif du moment, par l’annonce
de la suspension du service militaire décidée par un nouveau président dont la vision stratégique
relevait davantage de l’intérêt de court terme à portée électorale, sans doute.
Si l’on conçoit que nous pouvions « baisser la garde » après 1991, dès nos interventions en ex-Yougoslavie et au Kosovo
(1998), il devenait clair que les « dividendes de la paix » avaient vécu ; tromperie coupable illustrant l’absence de vision
stratégique de nos gouvernants comme de ceux de l’Union européenne, leur manque de culture historique et
militaire conduisant au déni de la réalité des rapports entre nations et des signaux pourtant clairs depuis vingt ans en de nombreux domaines : Réveil
de la Russie, montée en puissance de la Chine, de la Turquie, les désordres amenés par les printemps arabes.
On peut généraliser cette situation à l’ensemble des pays européens toujours soumis à la tutelle nord-américaine, sous l’emprise de l’Otan notamment et
des « vertus » cachées de la mondialisation.
La voix des chefs militaires n’est plus entendue depuis cette époque de la « fin
de l’histoire ».
Pour faire face à la situation du jour d’une manière crédible en matière militaire, il nous manque vingt ans de délai,
nécessaires à une réelle remontée en puissance des armées et non selon sa caricature actuelle qui dénote cependant un effort méritoire envers
nos armées mais largement sous-dimensionné pour répondre aux désordres du monde. Vingt ans, toutes choses égales par ailleurs, c’est le temps incompressible pour former un commandant de
régiment ou de bâtiment de guerre ou d’unités aériennes, mais aussi pour reconstituer des unités de combat et leurs supports logistiques. C’est aussi
et encore le délai que demandera la reconstruction d’un outil industriel de défense trop rapidement congédié.
Songeons que l’armée française est tributaire d’entreprises étrangères pour son armement de petit calibre – celui du fantassin – et les
munitions associées. L’Afghanistan nous en a administré la leçon, à nos dépens, dès 2008...
C’est aussi le délai pour concrétiser massivement la dotation des unités opérationnelles en
systèmes d’armes, reconstituer des stocks de maintenance de matériels ou alimenter les
dépôts de munitions et les réserves. D’autant plus que nos armements sophistiqués, tributaires de composants
électroniques souffrent, là encore, de nos dépendances industrielles et technologiques extérieures quand elles ne sont pas extra-européennes.
Parallèlement, l’entraînement – parfois jusqu’au niveau de l’unité élémentaire – a lui aussi été négligé, les formations étant dispersées entre de multiples théâtres d’opérations de crise en raison de
leur faible nombre et peinant à se reconstituer après chaque intervention. La « haute intensité » n’étant plus l’actualité des crises
vécues, l’entraînement qui lui était dû n’a jamais pu se réaliser faute de temps et de moyens.
D’autant que les crédits n’étaient pas au rendez-vous pour le faire, pour restaurer les matériels durement sollicités sur
des théâtres à la nature agressive. Les matériels pour l’armée de terre notamment, la plus atteinte, n’étaient pas disponibles, ni même
présents dans leurs unités en raison d’une « gestion des parcs » mise en place pour pallier la faiblesse des crédits de maintenance. Sans oublier la rareté des crédits alloués aux munitions nécessaires à l’entraînement qui
concourait à sa disparition.
Plus cruelle est, à mon avis, la leçon majeure de cette situation d’infériorité avérée et de dépendance : La voix des
chefs militaires n’est plus entendue depuis cette époque de la
« fin de l’histoire ». Non seulement l’attention des politiques ne leur est plus acquise
mais, pire, elle a inhibé la parole de la hiérarchie militaire et interdit de fait le rôle d’alerteur de ceux qui savent
le tragique de l’histoire et possèdent la vision stratégique.
Combien de fois ai-je entendu dans les réunions de cabinets « le pire n’est pas certain » ou encore « c’est
politique », ce qui nous signifiait de rester à notre place dans un rôle de technicien de la crise armée – car on ne parlait plus de guerre.
Le commandement a été infantilisé par cette attitude condescendante et méprisante à la fois. Il
faudrait pouvoir relire les procès-verbaux des conseils de défense depuis vingt ans, hautement
classifiés évidemment, pour faire justice aux chefs militaires, de ce déni d’écoute de la part de ceux qui croyaient
savoir.
Trop de réformes incongrues sans vision prospective
Il est désarmant – sans jeu de mots – de lire, aujourd’hui, dans un rapport parlementaire ce que demandaient depuis
longtemps les chefs militaires, en vain. Certes, il y a eu le petit sursaut post-attentats de 2015 qui mit une fin – perçue comme temporaire à ce
moment – à la déflation du personnel, puis un effort louable mais foncièrement insuffisant avec l’actuelle loi de
programmation militaire votée en 2017, dont le véritable effort financier n’est prévu qu’à compter de... 2023 !
Il ne faut pas oublier également les ombreuses réformes structurelles d’organisation depuis la professionnalisation
des armées : Mutualisation entre armées, civilianisation des soutiens et de l’administration, externalisation
encore de fonctions de soutien dit de métiers « civils », redéploiement des responsabilités budgétaires sous l’emprise de la Loi organique relative aux
lois de finances (LOLF) de 2001 mise en œuvre à partir de 2006, révision générale des politiques publiques
appliquées aux armées avec brutalité à partir de 2008, enfin la nouvelle gouvernance du ministère de la Défense en 2013 qui dépossédait les
chefs militaires de nombreuses responsabilités laissées alors aux mains d’une administration civile mettant
en position de «clients » les armées face à des « fournisseurs » (l’administration et les soutiens) qui ne répondent pas aux chefs
militaires de leurs lacunes et de leurs défaillances. Pas plus d’ailleurs que Bercy ne saurait être mis en cause par ceux qui habitent la haute fonction publique dans ces vagues de réformes qu’il initiait très adroitement sans en porter
aucune responsabilité.
Toutes ces réformes ont dissipé la disponibilité et la réactivité de nos forces pour un engagement
massif, obéré leur autonomie d’action sur les théâtres, supprimé les réserves comprises comme
superfétatoires au motif d’inutiles doublons ou d’une redondance coûteuse de moyens.
Dans un tel contexte de rejet de la puissance militaire, et sans le secours d’études prospectives élémentaires, il est
alors aisé de se gargariser de notre dissuasion nucléaire pour justifier tous ces abandons successifs. Mais c’est oublier que même
celle-ci se trouve fragilisée dans le contexte du jour, car la faiblesse de notre outil conventionnel a contribué
à abaisser considérablement la crédibilité associée au seuil de l’emploi de la menace de l’arme nucléaire.
Les forces conventionnelles participent aussi de la dissuasion, mais leur faiblesse et leur niveau dérisoire jouent aussi
contre celle-ci, car elles ne sont plus en mesure d’élever le seuil d’intervention de la menace ’une frappe
nucléaire de rétorsion.
La double illusion d’une Europe de la défense et d’une Otan protectrice
L’autre sujet mis en avant par cette guerre demeure l’absence d’union entre Européens sur les questions de défense.
L’Europe de la défense n’a jamais existé, mais l’illusion des petits pas commis en la matière depuis la chute du Mur de Berlin ne peut
masquer la déshérence militaire généralisée des membres de l’UE. Et ce ne sont pas les « outils »,
échantillonnaires à l’origine, comme la Brigade franco-allemande (1989) ou le Corps européen de Strasbourg (1992) qui peuvent prétendre apparaître comme
un embryon de défense européenne. Si nos armées semblent en meilleure posture que celles de nos alliés
européens, là aussi, il faudra vingt ans avant de restaurer – ou plutôt créer – une Europe occidentale en mesure de se défendre par ses propres moyens.
Encore faudrait-il une volonté politique à 27 ou même à moins qui, jusqu’ici, ne s’est jamais manifestée, en dépit des
efforts des présidents français, il faut bien le dire. Mais cette Europe de la défense ne pourra reposer que sur l’alliance d’armées
nationales, donc des nations, car on ne meurt pas pour une entité abstraite et désincarnée. Un soldat accepte
de mourir pour défendre son sol et les siens ; l’exemple de l’Ukraine aujourd’hui en livre une parfaite démonstration. Pourquoi celle-ci ne vaudrait pas
pour chaque nation européenne ? Le merveilleux est que les mêmes beaux esprits qui encensent le président
Zelensky et le peuple ukrainien pour leur résistance à l’ennemi sont les mêmes qui nous ont refusé jusqu’ici de tels élans envers une cause et
une défense purement nationales...
À ce vide européen, l’Otan pourrait servir d’alibi. Sans doute est-ce l’espérance de nombreux parmi nos concitoyens ;
c’est déjà la posture intellectuelle de nos alliés européens, à commencer par l’Allemagne, puis celle des nouveaux entrants
dans l’Alliance atlantique de l’Est européen. Là encore ce n’est qu’illusion, le masque de l’Otan cachant les démissions européennes. Cette Alliance militaire ne repose dans les faits que sur l’armée
américaine. La somme des faiblesses des États membres de l’UE ne peut constituer une force, mais bien au contraire une faiblesse collective encore
plus grande. Le réveil de l’Europe de la défense n’est qu’un leurre à court terme et il ne faudrait pas croire en un sursaut. La décision allemande de doubler son budget militaire
– on parle de 100 milliards d’euros –, pour méritoire qu’elle soit, n’est qu’une réaction épidermique strictement limitée
à l’Allemagne et sans trop de concertation avec ses partenaires européens ; on peut douter d’ailleurs de cet effort et de ses effets sans
que soient considérés les aspects industriels liés à la volonté d’un réarmement, d’une part, et la
possibilité d’accroître les formats des composantes de son armée sur un vivier de recrutement limité, déjà par la dénatalité de ce pays, comme pour
d’autres nations européennes d’ailleurs, d’autre part.
Sauf à avoir recours à nouveau à la conscription...
Gérer les armées comme une entreprise
Nous sommes tous devant un défi de très court terme qui n’aura de solution désormais que dans le long terme si les
évènements nous en laissent le loisir. Sur un plan strictement militaire, le monde occidental s’est privé de pouvoir tenir un langage
de fermeté réaliste et pragmatique – si tant est qu’il était légitime, car les torts ukrainiens sont aussi
bien réels – face aux revendications russes. Et Vladimir Poutine le sait depuis longtemps.
Mais le temps nous manque pour faire face aux obligations actuelles en dépit des mesures relatives aux sanctions
européennes, économiques, financières et bancaires – qui ne sauraient soutenir ni même renforcer un discours politique dont
la crédibilité se trouve fortement entamée par la faiblesse militaire de ses auteurs. Le président américain annonçant qu’il n’enverrait pas de troupes en Ukraine – ce qui relève du bon sens, outre-Atlantique –
parvient du même coup à détruire tout espoir en ’Otan, puisque les États-Unis sont son seul crédit en matière d’action militaire.
Pour revenir au cas français, en conclusion, la seule lecture du plan du rapport parlementaire en question illustre
parfaitement les manquements et les lacunes de l’outil militaire d’aujourd’hui. On a voulu « gérer » les armées comme une entreprise,
hommes et matériels, avec les habituels arguments de réduction de coût : pas de stocks, des flux tendus,
davantage de personnel civil réputé être moins coûteux en rémunération. Avec la volonté politique et administrative clairement affichée de séculariser
une institution qui s’y opposait en prônant la constance d’une spécificité ou plutôt d’une singularité dénoncée comme d’un autre temps mais aussi dangereuse pour les valeurs républicaines.
Les conséquences sont là : Il serait facile dans de telles conditions de mettre en cause le «commandement »
devant si peu de clairvoyance pour avoir laissé se dégrader les capacités de nos armées en médiatisant un ensemble de constats illustrant les mauvais choix ou l’incurie de la hiérarchie au travers de priorités viciées qui ont conduit à la situation
actuelle.
Il faudra un jour écrire l’histoire de cette période désastreuse de laisser-aller général. Il faudra en montrer les vrais
responsables devant le peuple français, ceux qui ne croyaient plus à la guerre, ceux qui ont abusé de l’argument de la nécessaire
réduction de la dépense publique, ceux qui ont promu la sécularisation des armées pour en diminuer l’impact
dans l’appareil d’État et pour en effacer la singularité au mépris de l’histoire.
Les chefs d’état-major de l’armée française
ont alerté sur le manque de moyens,
lors des auditions menées à huis clos en juillet par la nouvelle commission de la défense de l’Assemblée nationale.
Le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, s’est montré direct :
«Notre capacité à être une force expéditionnaire ne nous rend pas instantanément aptes à conduire une guerre de haute intensité. Le changement d’échelle et le recouvrement des capacités que nous
avons éclipsées sont des défis». « Vingt années de conflits asymétriques (…) ont conduit à des arbitrages réduisant certaines capacités ».
Les responsables politiques ont voulu toucher « les dividendes de la paix », expression utilisée en 1990 par Laurent Fabius pour justifier la baisse des budgets militaires entraînée par la fin de
la guerre froide. Conséquence, le budget de la défense peine aujourd’hui à atteindre 2 % du PIB, alors qu’il dépassait 3 % dans les années 1980. L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la
marine, a illustré cela lors de son audition le 27 juillet :
« Depuis 1945, la marine n’a jamais été aussi petite qu’aujourd’hui ». « Depuis 1990, le format de la marine a été réduit de moitié »
La marine ne compte plus que 19 grands bâtiments de surface, contre 37 il y a trente ans, quatre sous-marins nucléaires d’attaque sur cinq dans les deux prochaines années, de deux pétroliers
ravitailleurs sur quatre d’ici à 2029, de la moitié de ses patrouilleurs de haute mer d’ici à 2030… Sans parler du remplacement du Charles-de-Gaulle , qui doit être décidé rapidement si la France
ne veut pas se retrouver sans porte-avions en 2037.
Le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre, a dénoncé le 20 juillet :
«Parmi les capacités à renforcer, je citerai les capacités de défense sol-air, les drones, les feux dans la profondeur [l’artillerie de longue portée] , les systèmes d’information et de
communication, le renseignement ou les moyens de franchissement ».
Dans l’aérien, depuis 1996, l’armée de l’air a fermé une base aérienne par an et ses effectifs ont chuté de 30 %. Le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace,
souligne que l’armée de l’air ne dispose plus que de 195 avions de chasse, soit trois fois moins qu’il y a trente ans. Un niveau estimé trop faible pour assurer «de front» la mission de
dissuasion nucléaire, dévolue aux Rafale des forces aériennes stratégiques, et les missions conventionnelles (appui des troupes au sol, renseignement, etc.) liées à un conflit de «haute
intensité».
« Sans doute faudrait-il tendre vers un plancher de 225 avions afin de pouvoir remplir sereinement nos missions ».
Le niveau des stocks de munitions – des données classifiées – serait aussi très insuffisant.
« Une logique de faibles stocks a prévalu, considérant qu’on pouvait faire beaucoup à flux tendus, mais on s’aperçoit que c’est plus difficile avec les munitions. L’absence de moyens financiers
pour maintenir les flux a créé des dépendances ». «La priorité, pour toutes les armées, c’est de faire un effort sur les munitions. Les stocks doivent être adaptés à un contexte international
plus exigeant et plus incertain», a demandé l’amiral Vandier. «Nos stocks, notamment de missiles air-air (…) , ne sont pas à un niveau suffisant : nous arriverions le cas échéant assez rapidement
à bout de chargeurs ».
Au moment où le président de la République adopte volontiers un ton martial face à la Russie, un rapide inventaire de l'outils militaire français et du contexte dans lequel la France devrait
faire la guerre devrait ramener à....un peu plus de sobriété.
A mesure que le conflit ukrainien gagne en intensité, la menace d’un emballement général augmente : Un abîme vertigineux qui semble aimanter le Président
actuel de la République, comme s’il y percevait, depuis le fond, un appel à entrer dans la grande histoire, si l’on en juge par le discours exalté qu’il a tenu devant l’Assemblée de l’ONU,
prenant des allures de meeting électoral, inédit et mal accueilli car inadapté à cet auditoire. Cependant, par un étonnant caprice du destin, triomphalement réélu à son poste mais sitôt désavoué
aux législatives suivantes, ses pouvoirs sont limités par une assemblée nationale où il ne dispose pas de la majorité.
Les contraintes juridiques et politiques
On sait que, de par son appartenance même à l’ONU, la France n’aurait pas le droit de déclarer ouvertement une guerre : l’article 2 de la Charte des Nations
Unies précise que « les Membres de l’Organisations’abstiennent, dans leurs relations internationales, de
recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations
Unies »[1]. En fait, seule l’ONU en tant que telle peut s’autoriser à déclarer une guerre ; mais en l’absence d’une résolution explicite, aucun de ses membres ne
peut théoriquement se l’autoriser lui-même : c’est ce qui explique que la Russie ne peut pas qualifier son intervention dans la guerre du Donbass autrement que par l’expression
« opération militaire spéciale », alors qu’il est évident qu’il s’agit d’une guerre en bonne et due forme. Naturellement, les Etats-Unis, qui hébergent l’organisation et la surplombent
du haut de leur puissance, ont pu s’exonérer facilement de cette contrainte qu’ils avaient eux-mêmes fixée en la fondant : on l’a vu en 2003 quand ils ont envahi l’Irak sans en avoir obtenu
le mandat. On imagine mal comment l’ONU aurait pu sanctionner son fondateur et mentor, ni appeler au rassemblement d’une force militaire contre cet envahisseur d’un autre pays membre, alors ce
envahisseur possède la plus grande armée du monde, avec un budget équivalant à peu près à l’ensemble de tous les autres budgets militaires de la planète.
Par-delà l’interdiction formelle de déclarer une guerre, il resterait à la France la possibilité de la contourner par un vocabulaire adapté, exactement comme fait
la Russie aujourd’hui : c’est ainsi que se sont déclarées de nombreuses guerres réputées illégales selon l’ONU, depuis le Viêt-Nam hier jusqu’au Yémen aujourd’hui, en passant par le
bombardement par l’Otan de Belgrade[2]. Ainsi et paradoxalement, dans une certaine mesure, l’interdiction de déclarer ouvertement l’état de guerre augmente le pouvoir personnel des chefs d’Etat, qui
peuvent avancer des arguments fallacieux pour justifier leur décision d’intervention militaire sans un contrôle parlementaire trop contraignant. En France, l’article 15 de la Constitution[3] permet au Président d’engager des forces armées à l’étranger ; mais au bout de quatre mois, il revient au Parlement d’autoriser ou non la
prolongation de cet engagement. Dans la conjoncture actuelle, on peut donc penser que l’opposition au Président, constituée de la Nupes et
du Rassemblement national, pourrait y faire barrage.
L’outil militaire français
Ceci étant dit, en admettant que la France s’engagerait malgré tout dans une guerre « de haute intensité », comme on dit, c’est-à-dire bien plus violente
que ses opérations extérieures (OPEX) en Afrique, il nous reste à évaluer les moyens dont elle dispose.
En Europe, Russie exceptée, et tenant compte du recul pluriséculaire de l’Espagne[4], on compte trois grandes nations militaires traditionnelles, la France, l’Angleterre et l’Allemagne. Cette dernière a déclaré vouloir consacrer 100 milliards à
son réarmement, mais en attendant, elle demeure une puissance militaire mineure, ayant été muselée après sa défaite de 1945. L’Angleterre, depuis plusieurs décennies déjà et à la surprise
générale, a renoncé volontairement à son rang de grande puissance militaire, bien que ses personnels soient restés à la hauteur de leur réputation mondiale. La France est donc le seul pays
d’Europe occidentale à avoir maintenu une armée et une industrie d’armement assez complète, avec une technologie majoritairement nationale.
Ne parlons pas de la dissuasion nucléaire, qui, sans être quantitativement égale à celles des Américains et des Russes, suffirait à les anéantir : depuis
Giscard d’Estaing, cette force de frappe ne se conterait plus « d’arracher un bras » à l’adversaire, comme disait De Gaulle à propos des Soviétiques, mais l’anéantirait. C’est l’aspect
égalisateur de cette arme : les Russes pourraient détruire vingt fois Paris, mais il suffit aux Français de pouvoir détruire une fois Moscou… Au bout du compte, le résultat est le
même.
On sait toutefois que la force de frappe sert à ne pas devoir servir. Donc restons-en à l’armée conventionnelle.
Il est certain que la technologie militaire de la France est de très haut niveau, ce qui en fait d’ailleurs le 3e exportateur mondial d’armements avec 11% du marché, loin devant la Chine, mais
derrière les 20% de la Russie et surtout les 40% des Etats-Unis. Il n’empêche que les chiffres français ne rendent pas compte de la valeur de ses armements : l’avion Rafale-B est peut-être
le meilleur du monde, le char Leclerc surpasse ce que peuvent fabriquer les Russes, l’artillerie française est depuis toujours d’excellente qualité.
En revanche, les effectifs de l’armée française sont tellement faibles qu’on se demande si la France n’est pas d’abord un
grand fabricant d’armes, qui ne s’en sert pas lui-même, ou très peu (je mets toujours à part la force stratégique).
Quels effectifs? Quel matériel?
Tandis que la Russie vient de mobiliser 300.000 hommes pour le Donbass, l’armée française compte 200.000 hommes. 77.000 servent dans l’armée de terre, 40.000 dans
l’aviation et 38.000 dans la marine, le reste étant des unités non-combattantes, mais bien sûr indispensables pour la bonne marche de l’ensemble.
Sur ses 219 avions de combat, 119 sont déclassés, les autres sont les Rafale, dont la moitié, donc 50 (!) sont
des Rafales-B de nouvelle génération.
Nos avions ravitailleurs sont en si mauvais état qu’ils nécessitent 20 heures d’entretien pour 1 heure de
vol.
Nous avons 222 chars Leclerc, supérieurs aux russes, mais en trop petit nombre.
Le problème de nos avions de transport lourd n’a toujours pas été résolu depuis la guerre du Golfe en 1991. Pour rapatrier nos soldats du Mali, la France fait de
nouveau appel aux Etats-Unis.
Sur nos 2.600 véhicules de transport de troupes, la plupart datent d’il y a quarante ans –les fameux
VAB[5] – nous ne disposons que de 220 excellents Griffons. Cette carence est responsable de 28% des pertes au Mali,
provoquées par des mines sur lesquelles les VAB sont vulnérables.
La marine compte 109 navires d’importance, dont 15 protègent le Charles De Gaulle, seul porte-avions à propulsion
nucléaire en-dehors des onze de la flotte américaine. Mais un missile hypersonique russe serait peut-être capable de le frapper avant que l’on soit en mesure
de s’en protéger.
Une nouvelle “crise des munitions” !
On sait enfin que notre armée brûlerait ses munitions en quelques jours : la fameuse Crise des munitions qui éclata en septembre 1914 au lendemain de la
bataille de la Marne éclaterait chez nous bien avant que le sort des armes puisse être décidé.
Ainsi, la France peut envoyer 500 soldats en Estonie et quelques milliers en Roumanie, mais ce sont des messages politiques plus que des actions militaires crédibles. Notre pays est un grand fabricant d’armes, mais n’a pas l’armée qui lui faudrait pour affronter l’épreuve d’une guerre
avec un adversaire tel que la Russie.
Enfin, il reste une dernière interrogation. Nous voyons M. Poutine ordonner une mobilisation de 300.000 hommes – qui d’ailleurs ne seront toujours que 20% environ
du total de son armée – mais qu’en serait-il en France si le Président ordonnait une mobilisation de grande ampleur ?
La Fédération de Russie est peuplée majoritairement de Russes, tandis qu’en France vivent non pas un, mais deux peuples titulaires de
la citoyenneté. En dépit de la puissance de persuasion de nos médias, peut-on croire que les Français d’origine africaine marcheraient d’un seul pas, alors qu’à leurs yeux, la Russie est
l’héroïne du Tiers-monde dans sa contestation de la suprématie occidentale ? Dans une guerre, il y a la matière et l’esprit : On peut déceler des
vulnérabilités françaises chez l’une et chez l’autre
[2] Autrement plus brutal, en tout cas pour l’instant, que celui des missiles russes tombés sur des objectifs stratégiques à Kiev.
[3] Révisé en 2008 pour accroître le pouvoir du Parlement.
[4] Ses guerriers sont toujours redoutables – comme on a pu le constater durant leur dernière guerre civile – mais ce pays est devenu depuis longtemps une
puissance secondaire.
[5] Véhicule de l’avant blindé, entré en service sous Giscard en 1976.
Selon un rapport, le déficit d’entraînement des pilotes de l’armée de l’Air et de l’Espace est « préoccupant »
Source : OPEX 360 - Laurent Lagneau - Le 27/10/2022.
Lors d’un exercice récent, des Eurofighter Typhoon et des F-35B de la Royal Air Force [RAF] ont vidé les stocks de missiles air-air AIM-132 ASRAAM [Advanced Short-Range Air-to-Air Missile] devant
être bientôt remplacés par des modèles plus modernes. L’objectif était de « développer » la confiance des pilotes et de plonger ceux-ci dans une situation réelle de combat.
Sans doute que les pilotes français ont envié leurs homologues britanniques étant donné que les occasions de tirer des missiles air-air sont rares. Très rares même, d’après le député Frank
Giletti [RN], rapporteur pour avis sur les crédits destinés à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] pour 2023.
D’abord, M. Giletti estime que, dans la perspective d’un engagement de haute intensité et au regard de l’attrition constatée durant la guere en Ukraine et des exercices récemment menés, le format
« Rafale Air » mériterait d’être porté à 225 exemplaires [au lieu de 185, comme le prévoit l’actuelle Loi de programmation militaire, ndlr] afin de gagner en crédibilité. « Seul ce
format permettrait de sanctuariser les aéronefs dédiés à la posture de dissuasion nucléaire tout en conférant la capacité à l’armée de l’air et de l’espace à pleinement accomplir ses autres
missions », soutient-il.
En outre, fait-il observer, les équipements dits « missionnels » sont « en nombre largement insuffisant alors qu’ils sont pourtant essentiels au bon accomplissement des missions de
combat ». Ainsi, « le faible nombre actuel des pods de désignation laser – une trentaine aujourd’hui pour l’armée de l’air et de l’espace et la marine, 67 à l’horizon 2025 – implique
pour les aviateurs des opérations de montage-démontage de ces pods d’un avion à l’autre », relève M. Giletti.
Enfin, il est aussi nécessaire de « rehausser significativement les stocks de missiles, notamment les missiles air-air de type Mica ou Meteor », selon lui. Et cela d’autant plus,
avance-t-il, que le « le stock actuel de missiles est si faible que les aviateurs ne peuvent en tirer qu’un seul en entraînement dans toute leur vie d’aviateur, comme cela [lui] a été
indiqué […] dans le cadre de ses travaux ».
Qui plus est, poursuit le parlementaire, il « est également notoire que les aviateurs français ont pu être contraints par le niveau des stocks de munitions lors de certains engagements. Ceci
n’est naturellement pas tenable dans un conflit de haute intensité ».
Cela étant, au-delà des occasions pour les pilotes de l’AAE de tirer des missiles air-air dans le cadre de leur préparation opérationnelle, M. Giletti s’est inquiété de la réduction –
drastique – du nombre d’heures de vol que ceux-ci doivent effectuer chaque année. Ce qui avait d’ailleurs été prévu par le général Frédéric Parisot, le numéro deux de l’AAE, lors d’une audition
parlementaire, en juillet. Et cela, en raison de la cession d’un total de 24 Rafale à la Grèce et à la Croatie ainsi que du retrait des Mirage 2000C.
Quoi qu’il en soit, selon les normes édictées par l’Otan, un pilote de chasse doit effectuer un minimum de 180 heures de vol par an.
Or, un pilote de combat de l’AAE ne devrait voler que pendant 147 heures en 2023 [voire aussi en 2024], contre 162 heures en 2022. Les pilotes de transport ne sont pas mieux lotis, avec 189
heures prévues pour l’an prochain, alors que la norme Otan est de 320 heures.
« L’activité aérienne par pilote diminue pour la chasse et l’aviation de transport en 2023. Cette situation résulte d’une part de la cession-export des Rafale à la Croatie qui limite le
nombre de cellules disponibles et la capacité de production d’heures de vol, et d’autre part des aléas techniques sur des flottes [C130H] ou en montée en puissance [A400M]. L’activité des
hélicoptères est maintenue. De fait, ces contraintes ont conduit à repousser la rejointe des normes [cible LPM] », a expliqué le ministère des Armées au député, qui, au passage, a dit
n’avoir pas pu obtenir les chiffres relatifs à la disponibilité technique des aéronefs, malgré sa qualité de rapporteur.
En tout, pour M. Giletti, ce « déficit d’entraînement est particulièrement préjudiciable, alors que le contexte stratégique actuel requiert bien au contraire un durcissement de la
préparation opérationnelle » et que les derniers engagements [Sahel, Levant] « ne mobilisent guère les compétences requises dans des combats de haute intensité, de
sorte que ces dernières ne peuvent s’acquérir que par l’entraînement ».
« La grande trouvaille de l’armée, c’est qu’elle est la seule à avoir compris que
la compétence ne se lit pas sur le visage. Elle a donc inventé les grades. »
(Alphonse Allais).
Chaque jour qui passe me donne l’occasion de mesurer le délitement de la France : tout va à vau-l’eau, plus rien ne
fonctionne normalement, et ceci n’est pas imputable à la conjoncture ou au hasard. Il y a chez nos dirigeants politiques une volonté de tout tirer vers le bas, de tout niveler, pour que les
Français, conscients de leur médiocrité, acceptent les diktats de Bruxelles, et qu’on les mène vers une gouvernance mondiale comme on conduit des veaux à l’abattoir.
Depuis longtemps, « panem et circenses », du pain et des jeux, ou, si vous préférez, Mac-Do
et le foot, ne suffisent plus à abrutir les masses. L’homme occidental est devenu un enfant gâté, il faut donc le flatter dans ses plus bas instincts. La pornographie, les loisirs, les 35 heures,
la violence télévisuelle, la drogue quasi légalisée, les mœurs les plus dépravées, l’entretiennent dans une sorte d’hédonisme narcissique dans lequel, hélas, une large majorité se vautre et se
complait.
Mais certains ne se laissent pas tondre aussi facilement. Certes ce sont des bœufs, en aucun cas des taureaux de combat,
mais ils veulent avoir l’impression d’exister. Là, rien de mieux que les médailles, les hochets, les diplômes au rabais et les titres ronflants pour flatter l’égo des imbéciles.
Il reste cependant, dans ce pays, quelques irréductibles Gaulois qui résistent encore, mais ceux là sont voués aux
gémonies, insultés, méprisés, traités de « fachos » ou de « complotistes ».
Ils sont les derniers des Mohicans, une espèce en voie d’extinction qu’on veut remplacer par une faune allogène qui n’a
aucune volonté de se plier aux coutumes du pays qui les accueille (et les nourrit grassement). Le Gaulois, on lui demande juste de travailler et de payer beaucoup d’impôts.
Quand je parle de ceux qu’on caresse dans le sens du poil pour qu’ils votent bien, ne croyez pas que je noircis le trait
car cette volonté de nivellement, de dévalorisation des institutions, des diplômes, des grades, va se nicher partout, y compris dans l’Armée.
En 2022, l’UNOR (1) fête son centenaire et demande aux AOR (2) départementales ou locales d’organiser des réunions (avec
prise d’armes, plaques du souvenir, hommages etc…) un peu partout en France. Rappelons que la Réserve Militaire a été créée après l’humiliante capitulation de Sedan en 1870. On parlait alors
d’« officiers de compléments ». Quelques années après la Grande Guerre, en 1922, le corps des officiers de compléments deviendra celui des « officiers
deRéserve ». Ce sera la naissance de l’UNOR, dont Raymond Poincaré (capitaine de complément en 14-18), président de la République, sera le premier président.
De 1914 à 1918, l’Armée française a compté dans ses rangs près de 195 000 officiers qui ont encadré plus de 8
millions d’hommes. 36 593 officiers ont été tués. Une bonne moitié était des officiers de compléments (3), dont entre autres, le lieutenant Péguy tué au tout début de la guerre (4).
Depuis la Grande Guerre, la Réserve a continué à verser son sang au service de la patrie.
Le commandant Philippe Kieffer, à la tête des seuls Français qui débarquèrent en Normandie le 6 juin 1944, était un réserviste ; comme le commandant
Bourgoin dont les paras ont été largués sur la Bretagne dans la nuit du 5 et 6 juin. Le colonel Allaire, bras droit de Bigeard en Indochine, que j’ai eu l’honneur de connaître, était un aspirant
de Réserve avant d’intégrer l’armée d’active.
Dans d’autres guerres, je pourrais citer les sous-lieutenants de Réserve Jean-Marie Le Pen et Jacques Peyrat, engagés chez
les Légionnaires paras en partance pour l’Indochine, ou le commandant Erwan Bergot. Durant la guerre d’Algérie, on ne compte plus le nombre d’officiers de Réserve qui ont servi dans les
unités combattantes, les commandos de chasse ou les SAS (5).
De nos jours, surtout depuis la suppression de la conscription, je pense que la Réserve
dite « opérationnelle » devrait être une affaire de spécialistes (informaticiens, service de santé, ingénieurs etc…) et qu’il faudrait lui adjoindre un vivier de
combattants potentiels proche du « soldat citoyen » suisse, mais cette vision des choses n’engage que moi, et je n’oblige personne à la partager.
J’ai un respect total pour les vrais professionnels ; or, en cas de conflit, la survie
d’une troupe ne devrait pas, selon moi, être confiée à des « amateurs », souvent des militaires refoulés, des boy-scouts ou des vieux gamins, aussi motivés
soient-ils, qui occupent leurs congés à jouer à la guerre et à se faire peur, à coup de balles à blanc et de grenades à plâtre, quelques jours par an.
La Réserve opérationnelle actuelle est constituée pour moitié de bons éléments (souvent d’anciens militaires d’active), et
pour l’autre moitié de gens qui ont besoin d’exister et qui trouvent, au sein des Réserves, une honorabilité qu’ils n’ont pas forcément trouvée dans le civil.
Ceci dit, depuis que nos dirigeants ont réduit l’Armée française à une peau de chagrin, les réservistes sont
indispensables et il est assez logique d’en augmenter fortement les effectifs.
Mais revenons au centenaire de l’UNOR. Le 22 octobre, je me suis rendu, béret rouge sur la tête, à la cérémonie organisée
par ma section. J’y ai retrouvé quelques amis, et des tas de gradés venus d’un peu partout : des commandants ou colonels ventripotents et qui, n’ayant pas un coup de fusil à se reprocher
(sinon au pas de tir ou à la chasse aux perdreaux), aiment à s’écouter parler des campagnes ou des Opex (6) qu’ils auraient pu mener…si ma tante en avait.
MAIS IL Y AVAIT AUSSI, QUELQUES OFFICIERS DE LA RESERVE
DITE «CITOYENNE ».
La Réserve citoyenne a été créée en 1999, et elle a balbutié pendant quelques années ; ses objectifs étant assez fous,
elle n’intéressait pas grand monde. Et puis, François Hollande est passé par là. Après les attentats de 2015, il a souhaité créer une Garde Nationale et redonner du souffle à la Réserve citoyenne
dont l’un des buts était de « s’engager bénévolement pour transmettre et faire vivre les valeurs de la République à l’École, dans le cadre d’activités périscolaires ou
auprès de la société civile ». L’idée, de prime abord, peut paraître louable, mais c’est, en fait, une vaste fumisterie qui consiste à flatter l’égo de gens en mal de
reconnaissance. Depuis on a nommé plein d’officiers de Réserve dont le mérite principal est souvent d’être célèbres et/ou proches du pouvoir.
Ces distributions de galons sont, à mes yeux, scandaleuses, dans la mesure où elles instillent une confusion dans l’esprit
des gens qui ne connaissent pas la hiérarchie militaire.
Le 22 octobre, j’ai appris que le député macroniste du coin avait été nommé colonel de la Réserve citoyenne. Un gros type
fort en gueule, qui avait été sergent dans l’infanterie de Marine, arborait une plaque de commandant… d’aviation. Un autre, qui avait terminé une courte carrière comme sergent-chef dans la biffe,
était, lui, lieutenant-colonel… d’aviation également.
Mais, je peux vous citer des exemples plus choquants de gens plus connus :
Le chef étoilé Thierry Marx, qui a été militaire du rang chez les parachutistes, doit à sa notoriété
d’être lieutenant-colonel de la Réserve citoyenne.
Michel Sardou, insoumis envoyé de force en caserne à Montlhéry où il aura été un simple bidasse, est
colonel de la RC. Son passage sous les drapeaux lui aura inspiré un de ses succès « Le rire du sergent ».
Plus scandaleux encore, sans la bronca de l’Amicale du 13ème RDP (7), Jean-Vincent Placé, l’écolo-alcoolo, dont on ne sait même pas s’il a
fait un service militaire, aurait été nommé… colonel de cette prestigieuse unité de nos Forces Spéciales.
Sébastien Lecornu, notre nouveau ministre des Armées, a été nommé colonel au titre des
spécialistes de la Réserve en 2017. Le président d’une association de Gendarmes réservistes s’est indigné de « ce jeune secrétaire d’État nommé en catimini colonel, à 31 ans, peu après
son entrée au gouvernement ». Et c’est ce même Sébastien Lecornu qui est intervenu pour que le simple brigadier Alexandre Benalla soit nommé lieutenant-colonel dans la
Gendarmerie.
LES EXEMPLES SONT LÉGION DE CES OFFICIERS SUPÉRIEURS NOMMÉS PAR LE FAIT DU PRINCE.
On peut me rétorquer que l’inflation aux galons (voire carrément l’usurpation de grades), n’est pas un phénomène nouveau.
A la Libération, la France, qui voulait se persuader qu’elle avait gagné la guerre toute seule, grâce à la Résistance, reconstituait ses pertes en régularisant des FFI et des FTP (8). Fort
Heureusement, avant d’en faire des militaires d’active, on envoyait ces cadres au rabais tester leur niveau de compétence à l’école des officiers de Cherchell, en Algérie.
Mon vieil ami, l’ancien député Marcel Bouyer, lieutenant FFI, ex-agent de liaison dans la poche de Royan, me disait en
rigolant : « Cherchell, c’était impayable ! Tu voyais des gens y rentrer avec des galons de colonels et qui ressortaient… sergents. ».
L’inflation aux galons était monnaie courante à l’époque : Jacques Delmas (Chaban dans la Résistance), aspirant en 1939,
sera… général en 1944, à 27 ans. On n’avait pas vu ça depuis Napoléon Bonaparte ! Mais, en ces temps troublés, tout était permis, il suffisait d’oser : on a même vu, chez les FTP, des «
colonels à 6 galons », dont un qui avait échoué à son peloton de caporal en 1939.
De Gaulle, décorant à Bordeaux, une rangée d’une douzaine de colonels FFI ou FTP trouvait, en bout de file, un simple
capitaine auquel il déclarait en souriant : « Vous ne savez pas coudre ? »
J’ai raconté les excès de cette époque dans un de mes livres (9) mais c’était la guerre et, s’il est vrai que certains
chefs de Maquis ont fait tuer leurs hommes par incompétence, si d’autres étaient plus prompts à tondre les femmes accusées de « collaboration horizontale » qu’à se battre,
si les FTP ont commis les pires atrocités durant la période appelée « l’épuration », d’autres se sont bien battus et beaucoup ont perdu la vie au service de la
patrie. Ceux-là méritent notre respect.
Mais ce n’est pas le cas avec la Réserve citoyenne ; les héros y sont rares, et rien ne justifie leur promotion-éclair
sinon la volonté de les flagorner, de les caresser dans le sens du poil, souvent pour récompenser leur servilité reptilienne et leur soutien au pouvoir.
Le 22 octobre, un capitaine de la Réserve opérationnelle s’indignait qu’on nomme officiers supérieurs des gens dont le
seul mérite est d’être connus. Il s’est entendu rétorquer, sèchement, par un gros lieutenant-colonel d’aviation, boudiné dans son bel uniforme : « Avec leur notoriété, vous ne
vouliez pas qu’on les nomme adjudants ! ». Comment ose-t-on tenir de tels propos ?
C’est une insulte, une gifle, à notre corps de sous-officiers, qui
est exemplaire.
La réflexion – ô combien méprisante – de ce crétin galonné m’a fait penser à deux amis décédés, co-fondateurs de la
section UNP (11) de la Charente-Maritime. Tous deux ont terminé leur carrière avec le grade d’adjudant-chef. Anciens des maquis, d’Indochine et d’Algérie, ils étaient chevaliers de la légion
d’honneur. Je pense aussi à tous ces sous-officiers qui sont devenus officiers en passant par l’EMIA, la filière des OT, des OAEO (10), ou par le rang, choisis parmi les meilleurs. Et à tous ceux
qui, du grade de sergent à celui de major, font la qualité et la fierté de nos unités d’élites.
On me dit que ces officiers de la Réserve citoyenne ne portent pas l’uniforme et ne touchent pas de solde. Et alors ?
Et après ? Est-ce une raison pour galvauder les galons et créer une confusion dans l’esprit du public ? A moins que ce ne soit voulu, pour dévaloriser une institution qui représente
encore quelque chose dans le cœur des Français ?
Je suis intimement persuadé que cette hypothèse est la bonne !
Il est toujours intéressant de lire ou d'écouter les interviews du général de Villiers. D'abord, ce n'est pas un « bidasse », tel que le commun des journalistes se
le représente. Pierre de Villiers n'est ni prognathe, ni chauve, ni imposant, ni simpliste. Sa courtoisie, sa modération et - osons le gros mot - son humanisme sont autant de points à
porter à son crédit. L'ancien CEMA [chef d'état-major des armées, NDLR], qui possède par ailleurs une connaissance très pointue des dossiers en cours, sans doute alimentée par des amitiés au sein
de l'institution, vient justement de s'exprimer dans Le
Figaro. On lui demande évidemment son avis sur les capacités de l'armée française, à la lumière de la guerre en Ukraine. Son constat, qui n'est pourtant pas nouveau, est honnête et a le mérite d'être argumenté.
En un mot, dans le cadre d'une guerre de haute intensité, c'est-à-dire d'une guerre comme le XXe siècle
en a connu, à la différence de nos OPEX des trente dernières années, la France, malgré la puissance de ses équipements et le professionnalisme de ses soldats, ne tiendrait pas dans la durée. Ce
n'est pas une question de qualité, c'est une question de masse, une question purement arithmétique, pourrait-on presque dire, si l'on suit les propos de Pierre de Villiers. Pourtant, l'effort
de défense de la France est important : 43
milliards en 2023, soit trois milliards supplémentaires par rapport à 2022. L'Allemagne, elle, de son côté, remonte singulièrement en puissance, notamment avec le vote l'été dernier
d'un fonds
spécial de 100 milliards sur plusieurs années pour rééquiper la Bundeswehr. Une Allemagne qui se tourne à la fois vers l'Est et vers les États-Unis, et semble dédaigner désormais l'Union
européenne et son fameux « couple franco-allemand ». Nos gouvernements successifs, dans le rôle de la névrosée érotomane de ce couple inexistant, se sont raconté des histoires. L'Union européenne
permettrait-elle alors, sous la forme d'une initiative commune, de pallier ces faiblesses dramatiques ? Pas davantage, dit l'ancien CEMA, qui constate que les initiatives européennes sont bien
moins efficaces, en matière de défense, que les coopérations bilatérales, qui sont par ailleurs beaucoup plus faciles à mettre en place que les usines à gaz à 27 pays.
Le général de Villiers relève deux angles morts particulièrement graves : d'abord, nous avons radicalement sous-estimé, tout en nous payant de mots, le retour de
l'agressivité géopolitique et des États-puissances. Derrière les éléments de langage («
usage décomplexé de la force », etc.), il s'agit de remettre des moyens. Cela, c'est le lot commun de la plupart des États occidentaux, car la France n'est pas la seule à avoir
voulu «
tirer les dividendes de la paix ». L'autre point est plus grave encore, car il ne concerne, à vrai dire, que la France : depuis des décennies, nous gagnons toutes nos guerres et nous perdons
toutes nos paix. Vous me direz que c'est également le cas des Américains depuis le Vietnam. Toutefois - mais le général n'entre pas dans de tels détails -, il me semble que les Américains,
constants dans leur bellicisme (qui est le ciment de leur nation, et ce, depuis le génocide des Amérindiens), ne sont pas soumis à un programme politique aussi mouvant que le nôtre. En France,
l'exécutif et le Parlement changent un peu moins souvent mais donnent, l'un et l'autre, des coups de barre désordonnés. L'intérêt de la nation ? Un détail. Le véritable enjeu, Pierre de Villiers,
cette fois, le dit explicitement, est la réélection, ce qui n'est pas à mettre au crédit d'une classe politique par ailleurs tellement défaillante.
Conclusion de ce constat : non seulement notre modèle d'organisation ne fonctionne pas, mais les instances supranationales, comme l'ONU, sont également obsolètes.
L'OTAN, qu'Emmanuel Macron déclarait, avec son habituelle prescience et son sens de la nuance bien connu, en état de mort cérébrale, a repris du poil de la bête. Toutefois, cette résurrection
miraculeuse fait plus de mal que de bien, puisqu'elle polarise les peuples d'Europe en les replaçant sous le joug américain. Si l'on ajoute à cela la question migratoire et, dit le général, celle
du réchauffement climatique, on se dirige vers un monde «
sous tension et sous pression, dans lequel il faut penser l'impensable ».
Si les propos du général de Villiers sont justes et vont droit au but, ils ne sont malheureusement pas assortis de conclusions politiques précises. Comment
s'affranchir de l'électoralisme ? Comment convaincre les dirigeants de penser au long terme plutôt qu'à la gamelle, aux intérêts supérieurs de l'État plutôt qu'à la soumission transatlantique
? Pierre de Villiers ne le dit pas ; ce n'est d'ailleurs pas son rôle. Du moins son constat sans appel, qui est également celui du général Thierry Burkhard, l'actuel CEMA,
nous invite-t-il, collectivement, à nous tenir prêts en tant que société. Et, si nous faisons confiance à nos soldats, il n'est pas interdit, parallèlement, de faire une vertigineuse expérience
de pensée : en cas de « mobilisation générale », comme en Russie ou en Ukraine, combien de citoyens ordinaires seraient présents sous les drapeaux ?
Ukraine : Quels enseignements pour la France ?
Ukraine : Un an de guerre. Quels enseignements pour la France ?
Un député des Républicains et un autre du Rassemblement National rappellent que l’armée française manque cruellement de munitions. Cela n’empêchera pas Emmanuel Macron de donner des leçons à
toute l’Europe dans son discours à la Conférence sur la Sécurité de Munich ce 17 février. Il serait temps de se rappeler la vieille formule: « Le roi de France est empereur en son
royaume ».
Le général (2S) Bertrand de la Chesnais dénonce les manque d’ambition et la faiblesse des effectifs de la transformation des armées
Source : Le salon beige - par
Philippe Carhon - Le 07/02/2023.
Dans une
tribune publiée par valeurs actuelles, le général (2S) Bertrand de la Chesnais, ancien directeur de la campagne présidentielle d’Éric Zemmour, estime que les les 413 milliards d’euros de
la loi de programmation militaire (2024-2030) sont un trompe-l’oeil. Le général de la Chesnais était n°2 de l’armée de terre lorsqu’il a quitté ses fonctions en
2017:
“(…) Que penser, alors, des 413 milliards d’euros promis par Emmanuel Macron pour nos armées pour les sept années à venir ?
Reconquête !, par la voix de son Président Éric Zemmour, est vigoureusement intervenu pendant la campagne présidentielle sur ce sujet essentiel pour l’avenir de la Nation. Le 20 février
2022, ce
dernier considérait, prenant en compte les besoins des trois armées et notre situation économique, qu’il faudrait y consacrer au moins 490 milliards sur la période… Or, c’était avant les
nouveaux records d’inflation que nous avons connus depuis lors. La différence est de plus de 20 % !
De toute évidence,
l’effort promis n’est pas suffisant, pour quatre raisons fondamentales : notre sécurité, menacée par le réveil des Etats-puissances ; nos équipements, usés par trois décennies
d’engagements ; nos effectifs très insuffisants, minés par les réorganisations successives ; notre place et notre influence dans le monde, qui dépendent de notre capacité à protéger nos
intérêts (…)
Nos équipements. Rappelons que nous sortons de
près de 30 ans de disette budgétaire, de fermetures d’unités, de désarmements de navires, d’externalisation de nos approvisionnements et de notre soutien. Simultanément, l’armée
française s’est engagée dans un grand nombre d’opérations extérieures dans les Balkans, en Asie centrale et en Afrique. Nos équipements sont
échantillonnaires, et dans bien des domaines de petits pays sont mieux équipés que la France.Pourtant, nous n’hésitons pas à
envoyer des armements aux Ukrainiens. Après les canons Caesar, il est désormais question de donner des chars Leclerc, alors même que nous en possédons si peu et dont le coût unitaire se
compte en dizaines de millions. Notre industrie de défense saura-t-elle faire face à la demande pour combler ces dons ? Pourra-t-elle augmenter et renouveler les armements dont
nos armées ont besoin ? La mobilisation de notre
industrie et la reconstitution de pans entiers de savoir-faire disparus (munitions, porte-avions, etc.) en vue d’une « économie de guerre » relèvent, très largement, d’un effet
d’annonce. Malgré la promesse d’augmentation du budget des armées, l’engagement de l’Etat suscite en effet des interrogations. Le Président Macron laisse entendre lui-même que des
étalements de programmes, pourtant en cours de livraison, et des décisions difficiles vont être annoncées !
De même, les
effectifs ne suivent pas ! Alors que les militaires étaient 340 000 en 2002 (hors gendarmerie), ils ne sont plus que 200.000. Les armées ont toutes les peines du monde à recruter.
Faute de politique cohérente de l’Etat, le retour des « forces morales », que souhaitait Emmanuel Macron le 14 juillet dernier, est resté lettre morte dans une population de moins en moins
avertie des questions de Défense. Pas de masse dans la première
armée d’Europe, tandis que l’armée russe ambitionne d’atteindre les 1,5 million de combattants (…)
Enfin, notre place dans le monde. Tandis que les seules dépenses
garanties en France sont les dépenses sociales, dont la croissance moyenne sur la dernière période a été de plus de 4% par an, il est peu probable que ce rythme soit tenu pour les dépenses
militaires, ne serait-ce que compte tenu du niveau de l’inflation qu’elles subissent de plein fouet – la Défense est consommatrice d’énergie et de matières premières – mais sur
laquelle elles ne sont pas indexées.
Pendant ce temps, les dépenses militaires s’accroissent dans le monde entier. La France ne fait ni partie des
cinq plus grands budgets militaires au monde (Etats-Unis et Russie qui y consacrent autour de 3,5% de leur PIB, Chine, Inde, Royaume-Uni), ni ne témoigne de la plus forte croissance, tandis
que l’Allemagne vise progressivement, avec son plan à 100 milliards d’euros, les 2% du PIB. La future loi de programmation militaire devra garantir notre capacité à tenir notre rang et
à protéger nos intérêts. L’influence de la France dans le monde est l’un des enjeux de cette loi de programmation, à l’heure où nos armées se voient renvoyées comme des malpropres d’Afrique
pays après pays. Aujourd’hui le Burkina Faso, après le Mali et la République de Centre-Afrique. Alors que nos soldats y ont valeureusement et généreusement versé le prix du sang !
L’influence de la
France dans le monde passe par la crédibilité de son armée. La loi de programmation militaire doit être à la hauteur de la puissance française pour défendre ses intérêts. Mais sans un
budget conséquent sur une trajectoire rectiligne, ce ne sont que vaines promesses, c’est pourquoi nous devons viser un niveau de dépenses approchant 3,5% du PIB. Cet effort nécessite la
mobilisation de l’ensemble de la Nation, dans le cadre d’une grande politique de Défense et de sécurité. Car le jour où la France se
rendra compte de son état insuffisant de préparation militaire et morale, il sera trop tard.
La Loi de Programmation Militaire sacrifie l’armée de terre dont la vocation n’est visiblement plus de combattre - Le 17/02/2023.
L’analyse du
général d’aviation (2S) Bruno Clermont est sans appel. Et quand un aviateur défend l’armée de terre, c’est que c’est vraiment catastrophique pour cette dernière :
Cette LPM est du
Canada Dry de réarmement. Rien n’est clair sauf une annonce de 413 Milliards dont on ne sait rien si ce n’est que les 13 milliards supplémentaires sont hypothétiques. Pour le reste on a compris
qu’on ne touchait pas au modèle des 200 000 combattants (je rappelle qu’il y a en plus 75 000 non combattants; une proportion jamais vue) sauf à ajouter 100 000 réservistes eux aussi
virtuels sans un accord fort et coûteux avec les entreprises.
Par contre on
a compris que l’armée de terre serait sacrifiée faute de scénarios de guerre de haute intensité qui la concernerait. Ah bon? D’ailleurs le terme haute intensité n’est plus à la mode dans
l’AdT. Place à la Marine et à l’aviation. Les fantassins doivent se
reconvertir en cyber guerriers pour être utiles. Et pour les autres il y aura l’encadrement du SNU qui doit sauver les banlieues du séparatisme. Les drones et les munitions
rôdeuses suffiront. On gardera quand même un échantillon de toutes les capacités de l’AdT, au moins pour le 14 juillet (…)
Tout cela n’a aucun sens, si ce n’est celui d’être obligé de mettre des priorités pour cause de budget des armées encore insuffisant. Car 400 ou 413 milliards c’est pas assez d’autant plus
qu’on ne sait ni quand ni comment ils arriveront. Personne ne sait ce dont demain sera fait. La France a besoin de ses 3 armées de terre de l’air et de mer puissantes, en quantité et en
qualité. La
réalité est que tous les militaires sont frustrés par cette LPM mais qu’ils sont obligés de s’en contenter et surtout de faire en sorte qu’elle soit exécutée en totalité. Car les vautours
tournent déjà en cercle à la recherche d’un cadavre.
Depuis, deux autres articles viennent appuyer cette analyse. Tout d’abord, le Monde relaie les propos tenus
devant la presse par le chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT), le général Pierre Schill. L’exercice est forcément difficile pour le
CEMAT tenu par des engagements vis-à-vis du président de la république. Il ne faut pas non plus être expert pour comprendre la très grande frustration de l’armée de terre et son
sombre avenir à travers ces lignes :
“Le chef
d’état-major de l’armée de terre a annoncé, lundi, la mise en place d’une nouvelle
organisation dans laquelle les régiments de «
mêlée » (chars, infanterie) seront réduits, au profit, notamment, de ceux spécialisés dansle cyber et lesdrones. L’armée
deterredevrait entrer,dans lesprochaines années,
dansune vaste transformation (…)
Si le nombre total
de régiments (environ 80) sera préservé, certains devraient subir des évolutions importantes. Les régiments de « mêlée »
(chars, infanterie) pourraient être en partie dégraissés, tandis que ceux spécialisés dans le cyber et les drones pourraient être renforcés. « Il n’y aura pas de dissolution de
garnison » , a toutefois assuré le général Schill (…)
Derrière ce plan de
transformation, se cache un vrai souci de redonner à l’armée de terre des capacités d’intervention au-delà de sa seule culture expéditionnaire, qui s’est globalement achevée avec
la fin de l’opération « Barkhane », en novembre 2022. Rien ne garantit, à ce stade,
que la future LPM le permette, en raison de l’explosion des coûts de l’énergie, des matériaux, ainsi que de multiples arbitrages encore en cours, mais l’affichage est
là.
Pour donner le
change, l’armée de terre devrait se
doter de deux nouveaux commandements : un consacré aux guerres de demain, et un autre relatif à la guerre hybride et aux actions spéciales. Tous les deux seront hiérarchiquement
au même niveau que le commandement des forces terrestres, qui a la main sur les 77 000 hommes du cœur opérationnel de l’armée de terre (…)
L’exercice du général Schill,
lundi, a pour beaucoup consisté à tenter de se montrer « satisfait » des arbitrages en cours de la future LPM. « L’armée de terre fera son
affaire » de cette nouvelle loi-cadre, a-t-il assuré (…) L’armée de terre a toutefois encore à s’assurer, en interne, que le financement de cet acquis de principe se fasse vite :
c’est-à-dire en début de LPM et pas en fin, comme certains scénarios l’envisagent. Le général Schill a aussi
précisé que la nécessité de renforcer la défense sol-air pourrait impacter le programme Scorpion, qui vise à muscler les capacités de combat numérique de l’armée de
terre. Des
choix d’armement différents pourraient également être faits pour le Griffon et le Serval, ces nouveaux véhicules qui arrivent au sein des régiments, dont un certain nombre, prévus pour
transporter de l’infanterie, seront convertis à l’appui et au soutien.”
Fin connaisseur et bien introduit dans les milieux parisiens, Jean-Dominique Merchet ne dit pas autre chose dans son
article “Défense: les frustrations de
l’armée de terre” :
L’armée de
terre s’attend à souffrir de la prochaine loi de programmation militaire (LPM 2024-2030). Le grand large cher aux
marins, plutôt que le centre-Europe des biffins (*).
Toujours en cours d’élaboration, la LPM ne semble pas retenir l’hypothèse d’un net renforcement des capacités de l’armée de terre, comme la guerre de « haute intensité » en
Ukraine avait pu le lui faire espérer. Au contraire, la
priorité pourrait être donnée à d’autres domaines, comme la défense de l’outre-mer français, le service national universel, le cyber, l’espace ou
l’« influence ». En clair, il n’y aura pas plus de blindés, de canons ou de régiments, malgré la forte hausse des crédits militaires.
Un proche du dossier résume le raisonnement sur lequel se fonde l’exécutif : “Parce qu’elle a une dissuasion nucléaire, la France ne craint rien face à la Russie et n’a donc pas besoin
d’une grosse armée de terre (…) Ils [les généraux]
n’ont pas plus aimé que ça…
L’armée de terre a toutefois l’assurance de conserver ses effectifs avec une FOT de 77 000 hommes. Elle devrait être très
sollicitée pour la sécurisation des JO. Et c’est en grande partie sur ces effectifs que seront pris les renforcements dans le domaine cyber, influence et renseignement (…)
Quant aux équipements, “Je n’ai pas de problème à ce que l’on puisse un peu dilater le calendrier
des acquisitions” explique le ministre Lecornu (…). Autant dire que
l’ambiance s’en ressent dans les popotes.
“Une
nouvelle fois, les marins vont être les grands gagnants” soupirent les terriens. Quant aux aviateurs,
ils espèrent préserver leur flotte d’avions de combat, ce qui n’est pas gagné (…) (…) La reprise en main de
la hiérarchie militaire par le cabinet du ministre Sébastien Lecornu tend l’atmosphère. Les futurs généraux et amiraux doivent, par exemple, paser un entretien avant d’obtenir
leurs étoiles (…)”
Courrier d’un officier français
...transmis par le Gal. D. Delawarde - Le 19/02/2023.
<<Bonjour,
Un échange intéressant et inquiétant entre deux militaires français très respectables, mais conscients de la
situation.
Un, plus ancien et moins pessimiste que l'autre, apparemment.
DD>>
Envoyé
: vendredi 17 février 2023
08:56 Objet : Courrier d’un officier
français
Courrier
d'un officier français.
Bonjour, je suis officier de l'armée française. Je lis votre page depuis un certain temps pour avoir une vision différente du
conflit en Ukraine. Merci pour ce que vous faites.
Si je vous écris aujourd'hui, c'est pour vous dire exactement ce que c'est que d'être officier dans une armée d'Europe occidentale
en 2023.
Concrètement, on nous parle sans cesse de "guerre de haute intensité" et de "retour de la guerre moderne". On nous parle notamment
de l'importance de notre rôle d'officiers blindés, car "les chars joueront un rôle majeur contre nos ennemis". On nous nourrit en permanence d'arguments pro-guerre, de discours très anti-russes,
très pro-OTAN (pas de surprise là-dedans). Autrement dit, nous sommes dans une époque comme en 1872, où la France venait de perdre contre l'Allemagne, et tout le pays était en mode propagande
pour préparer la « revanche » (on appelle cela le « revanchisme » en France).
C'est un peu l'impression que j'ai (même si je ne vois pas trop la revanche qu'on aurait à prendre sur les Russes,
Lol).
Mais ce discours belliqueux est une façade, comme un chat qui grogne sur un ours en espérant lui faire peur. En réalité, notre
armée est en lambeaux. Nous sommes incapables d'entretenir nos chars Leclerc par exemple : seulement une cinquantaine d'entre eux sont fonctionnels, dommage pour "la première armée d'Europe"...
Dommage pour un officier de cavalerie blindée comme moi... Ce n'est pas mieux dans d'autres secteurs de l'armée, nous n'avons par exemple presque plus de CAESAR (merci l'Ukraine !). En d'autres
termes, nous n'avons ni chars ni canons.
Les Français aiment se moquer de la Chine qu'ils qualifient de "tigre de papier". Le tigre de papier, c'est nous. Notre armée
était incapable d'éliminer 500 terroristes en Afrique, elle ne tiendrait pas 2 jours dans une vraie guerre moderne.
Mais le plus ridicule c'est quoi ? C'est que notre armée se vautre dans cette médiocrité. Comme un vieil homme qui contemple son
reflet dans le miroir, rêvant de sa gloire passée. Je pense à un épisode précis qui s'est passé récemment et qui a justifié mon écriture : une évaluation pour ma classe d'officier que nous venons
de passer consistait à « bien manger » et « savoir mettre une table noblement », à respecter la tradition des officiers de cavalerie blindés (supposés être particulièrement nobles)... C'est
marrant s'il ne s'agissait que d'une tradition. Sauf que non : ça a été décisif. Ceux qui désalignaient les couteaux et les fourchettes obtenaient de très mauvaises notes, ce qui se refléterait
dans leur carrière et dans le choix du régiment. L'armée française brise les ambitions des jeunes qui se préparent depuis 6 ans à diriger des chars, pour une histoire de
fourchettes...
Cette armée est ridicule, ce n'est que l'ombre d'elle-même. Cela dégoûte tous les patriotes français sincères : la plupart de mes
camarades envisagent de quitter l'armée dès qu'ils le peuvent. Pour cette raison notamment, parce que l'armée n'apporte rien. Mais aussi parce qu'ils ne veulent pas, pour certains d'entre eux,
être les sbires de l'Otan alors qu'ils s'enrôlent pour servir la France...
TL; DR : vous n'avez pas à vous soucier des pays d'Europe occidentale, notre arrogance est du théâtre.
Je vous présente mes salutations, prenez soin de vous et prions (quelle que soit notre obéissance) que ce conflit s'arrête et que
l'Europe retrouve un équilibre pacifique et multipolaire.
Jyrc
Expéditeur: "J.Y
RC> Date: 18
février 2023 à 17:17:56 UTC+1 Objet:Rep. Courrier
d’un officier français
De: "JY
RC
Date: 18
février
2023
à
4:16:43
AM
UTC+1
À: CK.
Objet:Rép.
:
Courrier
d’un
officier
français
Mon
Colonel,
Je
vous
entends
concernant
vos
succès
sur
le
terrain
qui
honorent
l’armée
française,
au
Mali/Tchad/Niger.
Mais
j’ai
du
mal
à
parler
de
victoire
lorsque
ces
mêmes
pays,
loin
de
manifester
de
la
reconnaissance,
demandent
fermement
à
la
France
de
rentrer
chez
elle
et
aux
mercenaires
russes
du
Groupe
Wagner
de
continuer
la
mission
contre
les
islamistes.
Bien
à
vous,
Jyrc
Le
17
févr.
2023
à
11:38
AM,
Cd
K.
a
écrit
:
Maître.
Nos
armées
n’ont
pas
été
battues
en
Afrique.
Certes
les
diplomates
actuels
ne
sont
pas
des
Védrine
ou
Villepin
et
le
Président
n’est
pas
Chirac
et le
seul
échec
imputable
est
celui
de
la
diplomatie
et
de
la
présidence.
Par
contre,
je
peux
vous
parler
du
Mali/Tchad/Niger.
J’étais
à
la
fermeture
de
la
PfOD
de
Gao
pour
sa
fermeture
en
tant
que
commandant
du
site.
Cette
armée
a
fait
le
job
demandé,
jusqu’au
bout.
Je
peux
vous
dire
qu’elle
est
aguerrie,
sait
utiliser
ses
armes,
se
déplacer.
Ils
sont
tous
exceptionnels
et
les
esprits
grincheux
qui
disent
le
contraire
le
font
de
façon
anonyme.
Sur
un
théâtre
européen,
nos
armées
feraient
leur
possible,
comme
à
chaque
conflit,
forçant
l’admiration
de
leurs
ennemis.
Je
n’en
rajoute
pas,
je
ne
hurle
pas
avec
les
perdants
d’avance.
Je
ne
crois
que
ces
français
sont
capables
de
tout.
«
Ne
me
dites
pas
que
c'est
impossible
» Philippe
de
Hauteclocque
Cette
devise
était
inscrite
sur
le
mur
du
PC
à
Gao.
Et
l’exploit
du
désengagement
en
un
mois
a
été
réalisé
pour
quitter
le
Mali.
Je
n’en
dit
pas
plus
et
laisse
aux
grincheux
leurs
pleurs.
CdK.
Envoyé
: vendredi
17
février
2023
09:56
À
: CdK.
Objet
: Re:
Courrier
d’un
officier
français
Votre
réaction
ne
me
surprend
pas.
Mais
il
semble
que
son
constat
soit
partagé
par
beaucoup
d’officiers.
Une
armée
battue
et
chassée
d’Afrique
ne
tiendrait
pas
longtemps
sur
un
théâtre
d’opérations
européen.
Jyrc
Le tandem États-majors-drones face au couple Chars-Canons
Le Ministre des Armées, le chef d’État-major des Armées et le chef d’État-major de l’Armée de Terre ont tiré les leçons de la guerre conventionnelle qui se déroule
depuis un an en Ukraine.
Au plan des effectifs de l’Armée de terre, la transformation a déjà commencé.
Plusieurs régiments d’infanterie ont dissous des compagnies de combat qui avaient été créées en 2015 afin de faire passer la force opérationnelle de 66000 à 77000 hommes. Il n’est pas non plus
exclu que des régiments soient supprimés.
Cette décision est justifiée par le Ministre par la nécessité pour l’Armée de Terre de s’investir dans de « nouveaux champs de conflictualité » susceptibles de transformer les menaces liées aux
conflits de « haute intensité ».
Une partie des effectifs récemment attribués à la mêlée a été réorientée pour : - renforcer les états-majors de régiment et les capacités de numérisation et de simulation. - développer la
capacité drone et affecter les moyens à la préparation opérationnelle, à la formation et l’intégration des effets dans les « champs immatériels ».
En conséquence, une nouvelle organisation de l’Armée de Terre est en cours qui se traduira notamment par la création de deux nouveaux commandements placés sous l’autorité du CEMAT :
- Le Commandement des guerres de demain !
- Le Commandement de la guerre hybride c’est-à-dire relative aux opérations menées sous le « seuil du conflit ouvert » ! Au plan des matériels et de leur emploi. Le drone est devenu la panacée.
Selon la nouvelle doctrine, il peut tout faire à faible coût : observer, repérer, dissuader et détruire quels que soient le compartiment de terrain, les contraintes météorologiques, la nature et
l’importance des objectifs.
En conséquence, les hélicoptères, Tigre en particulier, voient leur avenir compromis et déjà la programmation de leur maintenance fait débat. Ils seraient remplacés par l’acquisition massive de
drones à munitions téléopérées et de robots capables d’évolution sur le champ de bataille.
La messe est dite, malgré la Loi de Programmation militaire 2024-2030 qualifiée d’historique aux budgets annuels évalués à 60 milliards d’euros, malgré les enseignements du théâtre de guerre à
l’Est énorme consommateur d’hommes, d’armements lourds et de munitions (une journée de consommation d’obus d’artillerie correspond à la production annuelle française), c’est l’Armée de Terre qui
sera une nouvelle fois sacrifiée au plan des effectifs composant les régiments de mêlée et au niveau des armements lourds tels que chars, canons, véhicules blindés, défenses anti-aérienne et
anti-chars.
L’Armée sera alors terriblement et durablement affaiblie d’autant que les récents prélèvements massifs en matériels et munitions ont compromis à jamais son potentiel offensif et desséché ses
réserves.
Un général d’armée en activité a déclaré :
« L’Armée possède un matériel de première qualité. Nous bénéficions d’une dissuasion de premier ordre. Le Haut- Commandement est remarquable. Nos soldats ont un moral excellent. Nous agissons
dans un contexte d’opérations militaires et non de guerre. »
Il s’agissait du Général Weygand, en juillet 1939 ; quelques mois plus tard, la France subissait, lors d’un combat de haute intensité mais très bref, la plus grande et humiliante défaite
militaire de son histoire.
La prochaine loi de programmation militaire devait amorcer la remontée en puissance des armées françaises, démontrer notre ambition retrouvée à peser dans les évènements, par la force si
nécessaire. Hélas, comme prévu, la baudruche
se dégonfle. Les milliards sont là. Les armes n’y seront pas toutes pour autant.
« Nous sommes en guerre », « nous passons en économie de guerre… » Pour tout patriote qui se respecte, le verbatim de l’administration Macron constituait depuis
l’été dernier une mélodie grave, mais douce. Enfin nous allions redonner à nos armées les moyens dont elles sont privées depuis trente ans, renouer avec une diplomatie s’exprimant courtoisement,
suavité du quai d’Orsay oblige, mais tenant un gros bâton dans la main. Finalement ce Macron prétendument jupitérien avait peut-être un petit côté gaullien, se prenaient à rêver les plus
optimistes de nos soldats. Qui ont dû déchanter encore une fois.
On ne peut nier que l’effort consenti par le gouvernement soit réel et sensible. Avec 413 milliards d’euros de budget de la défense pour la période 2024-2030, soit
40% de moyens supplémentaires par rapport à la précédente LPM, cela fait longtemps que nos armées n’avaient pas été aussi bien loties. Mais l’inflation va déjà minorer cette somme de 30
milliards…si elle est contenue dans les limites prévues. Quant aux choix qui sont faits parmi les grands programmes d’armement, ils ne correspondent pas du tout aux espérances suscitées par le
ton martial et résolu des autorités politiques et militaires. Celles-ci, pour la première fois depuis trente ans, se sont accordées pour admettre que nos armées avaient été tellement privées de
moyens, qu’elles n’étaient plus guère en état de combattre durablement dans le cadre d’un conflit de haute intensité. La guerre russo-ukrainienne aura au moins eu cet effet positif. Mais alors
que l’on nous martèle l’assurance que si l’Ukraine tombe Poutine ne s’arrêtera pas là, que Polonais et Baltes, c’est-à-dire l’OTAN, donc nous, serons ses prochaines cibles, on ne fait rien pour
réarmer réellement nos forces face à ce terrible péril.
Notre corps de bataille blindé glisse vers l’obsolescence
Toutes les opérations en cours en Ukraine le démontrent : ce sont les armes que certains experts considéraient hier comme périmées, chars d’assaut, artillerie
lourde, avions et hélicoptères de combat, qui conditionnent le succès entre nations disposant de forces modernes et engagées dans un conflit aéroterrestre majeur. Or comme nous l’avions annoncé
en février dernier, il n’y aura pas un char de combat supplémentaire pour l’armée de terre. Celle-ci devra faire avec ses 200 Leclerc jusqu’en
2040, voire 2050. Certes ceux-ci seront modernisés et portés au standard XLR. Mais cela sera non seulement très onéreux, mais surtout ne permettra pas de maintenir ce -très- maigre parc à un
niveau de condition opérationnelle satisfaisant compte tenu des obsolescences qui se succèderont de plus en plus rapidement. Plusieurs experts civils et militaires tirent la sonnette d’alarme,
réclamant l’acquisition d’un nouveau modèle franco-allemand, l’EMBT, présenté pour la première fois l’an dernier lors du salon de l’armement terrestre Eurosatory. Mais leurs chances d’être
entendues sont proches du néant. Parallèlement, alors que l’on claironne, à juste titre, l’excellence technologique du programme Scorpion qui
doit nous permettre de combattre un adversaire puissant, et supérieur en nombre, grâce à une nouvelle génération de blindés évoluant en réseau via une vétronique de pointe, on apprend qu’une
bonne part de ces blindés, Jaguar,
Griffon, Serval, n’arriveront qu’après 2030. Il faudra
donc que nos cavaliers fassent durer jusque-là nos AMX-10RC et nos ultimes modèles de VAB, respectivement en service depuis 1981 et 1976 dans nos régiments. Notre corps de bataille blindé glisse
donc inexorablement vers l’obsolescence.
Il en va de même pour notre marine et de notre armée de l’air. La cible initialement prévue à l’horizon 2030 était de 185 Rafale.
Nous en aurons 137. Nos Mirage-2000 (en
service depuis 1984) ont donc encore de beaux jours devant eux. Du moins ceux que nous ne transférerons pas aux Ukrainiens. La force aérienne de projection devait être dotée de capacités lui
conférant de fortes capacités à longue distance, grâce à l’acquisition de 50 A400M. Elle n’en aura que 35, les autres arriveront plus tard… Notre marine devra continuer à faire avec 15 frégates
prétendument de premier rang, puisqu’elles intégreront des frégates furtives type Lafayette rénovées
dont les caractéristiques techniques ne les qualifient pas comme navires de ce type. Bien sûr, l’annonce de la mise en chantier en 2026 du futur porte-avions de nouvelle génération (PANG), est
censée mettre du baume au cœur des marins. Mais ce gros colifichet de 75 000 tonnes ne pourra masquer la disette, en supposant d’ailleurs que le programme ne soit pas reporté…
A chaque loi de programmation militaire décevante reviennent toujours les mêmes arguments. Part trop importante du nucléaire, inflexibilité de Bercy, contexte économique défavorable… Mais on
évoque rarement l’indifférence de notre personnel politique non pas vis-à-vis des questions stratégiques, mais des armées, dont il ignore tout par ailleurs.
La présentation de la loi de programmation militaire 2024-2030, n’a guère, doux euphémisme, suscité l’enthousiasme. A l’aune des martiales déclarations d’Emmanuel
Macron, louant le passage de notre industrie de défense vers l’économie de guerre, on attendait une résurrection de nos forces. Or c’est dans une certaine mesure l’inverse qui se produit. Pas de
remontée en puissance de notre parc de blindés lourds, report de l’entrée en service d’une bonne partie de la nouvelle génération de blindés légers, moins de Rafale prévus
encore en 2030, une flotte de frégates qui demeurera famélique, des effectifs stables, hormis sur certaines niches… : Nos armées continueront à gérer la pénurie. Mais les raisons pour
lesquelles elles demeureront les parents pauvres de l’Etat ne sont pas nécessairement à rechercher où on le croit.
Faisons fi des arguments éculés. La part du nucléaire, noyau de notre dispositif de dissuasion, n’est pas contrairement à ce que l’on entend fréquemment, trop
grande. Quatre SNLE, une composante aérienne réduite, plus ou moins 300 têtes nucléaires, nous sommes au minimum de ce que nous pouvons faire tout en restant crédibles et indépendants. Evidemment
notre situation économique n’est pas brillante. Sur les 413 milliards d’euros de la loi de programmation militaire 2024-2030, plus de 30 milliards sont déjà assurés de s’envoler du fait de
l’inflation, en supposant que celle-ci demeure dans les limites projetées. L’effort consenti est cependant réel, sensible. Alors ? Alors, c’est simple. Nos décideurs politiques n’ont que
faire des doléances des militaires d’une part, et sont d’un réalisme cynique de l’autre, les deux aspects étant étroitement liés.
Il n’y a pas de menace russe
Nous l’avons déjà évoqué dans ces pages : Entre nous et les Russes, nous et le seul acteur susceptible de nous entraîner dans un conflit de haute intensité en
Europe, il y a 2 000 kilomètres. Deux mille kilomètres tenus par les forces de l’OTAN, par des États alliés, théoriquement couverts par le parapluie atomique américain en cas d’agression
majeure. Deux mille kilomètres que les troupes russes, incapables de conquérir la rive droite du Dniepr, ne pourront jamais franchir en supposant d’ailleurs qu’elles n’en aient jamais eu
l’idée : Si les propagandistes russes aiment à évoquer un bombardement nucléaire de Londres ou les chars de leur armée roulant vers Varsovie et Berlin, le Kremlin lui sait qu’il n’a pas la
moindre chance vis-à-vis de l’Alliance Atlantique et n’a pas la moindre raison d’envahir des Polonais inassimilables et armés jusqu’aux dents, ou des Baltes qui n’ont rien à offrir. Bref, il n’y
a pas de menace russe et nos décideurs politiques et militaires en sont parfaitement conscients. Mais tous mentent, jouant la carte de l’alarmisme à des fins strictement carriéristes ou
corporatistes.
Emmanuel Macron, comme ses prédécesseurs Hollande, Sarkozy ou Chirac, estime que la posture gaullienne du chef de guerre, de l’homme providentiel guidant la nation
dans des temps sinon tragiques, du moins incertains, est de nature à lui conserver dans une certaine mesure un reste sinon de popularité, du moins de légitimité. Il fait donc un geste en termes
de budget, mais qui ne porte pas sur les postes de dépense espérés par les Etats-majors.
Ceux-ci, ancrés dans le concret, estiment que, menace russe ou pas, il faut conserver les savoir-faire, les savoir-être et les outils industriels indispensables
afin d’être en mesure, à long terme, de rebâtir une armée robuste si nous devons affronter des États que nous ne concevons pas encore aujourd’hui comme hostiles. Il faut donc que nous gardions un
noyau dur de chars, d’artillerie lourde, d’avions, d’hélicoptères et de navires de combat performants, des plateformes et des systèmes efficaces, interconnectés, qui nous permettrons de faire
face à long terme. Sauf que celui-ci, cette façon de penser des soldats à l’horizon dix, vingt, trente ans, ce n’est pas l’agenda de nos hommes politiques. Pour eux l’équation est
simple : De nouveaux matériels impliquent de nouveaux soldats, de nouveaux mécaniciens, de nouveaux pilotes, de nouvelles infrastructures. Bref des coûts d’acquisition et de possession bien
trop élevés et se déclinant sur des décennies, alors qu’en cas de coup dur il est si simple à leurs yeux d’acheter du matériel sur étagère.
Nos politiques ignorent tout de la guerre et de la chose militaire
Maîtrisant l’équation stratégique en Europe à moyen terme et considérant que les alarmes des militaires cachent surtout les jérémiades d’une profession qui rechigne
toujours à renoncer aux moyens qui ont fait sa force et sa gloire, Emmanuel Macron dose donc intelligemment l’effort à consentir.
Des moyens ? D’accord. Mais pour le cyber, le renseignement, des armements peu chers et médiatisés comme les munitions rôdeuses. Ils seront parfaits pour
lutter contre la menace actuelle, essentiellement celle du l’espionnage et du terrorisme.
Pour le reste, s’il plait aux Baltes, Polonais et Allemands de s’endetter pour attendre le grand méchant russe comme Giovanni Drogo les Tartares, libres à eux. Nous
savons, nous, que rien, sans doute, ne surgira plus jamais de la steppe où apparurent ceux-ci. Nos Tartares sont au sud. Face à eux des centaines de chars lourds supplémentaires ou davantage
d’avions et de navires sont inutiles pour l’heure. Cela se tient. Du moins sur l’échelle de temps d’un de nos politiciens contemporains.
Ceux-ci ont oublié depuis longtemps que gouverner c’est prévoir. Que la fonction première de l’Etat, c’est la guerre. De de Gaulle à Chirac, tous nos dirigeants
politiques ont connu la guerre, l’ont faite. Mais Nicolas Sarkozy a balayé la cour à Balard. François Hollande a
fait un service militaire en tant qu’aspirant dans le génie, sans conviction, mais parce qu’il estimait alors qu’il fallait avoir coché cette case quand on aspire déjà à être Président. Emmanuel
Macron, né en 1977, n’a pas eu à faire son service national alors que l’institution vivait ses dernières années. Bref, comme l’avait relevé le général Lecointre, ces
hommes -et ceux qui les entourent- ignorent tout de la guerre et des armées. Appartenant pour la plupart à cette caste issue des grandes écoles n’ayant pour idée de la grandeur que la leur,
ils n’ont aucune idée de la stratégie en dehors de la politique politicienne, aucune culture des armes et de la violence. Bourgeois n’aspirant qu’à s’embourgeoiser davantage, repus en voie de
déconstruction, ils méprisent ceux que le langage de la force intéresse, attire, et plus encore leurs nostalgies et leurs traditions. La défense à leurs yeux n’est qu’un service public comme les
autres, dont les cadres....
Le 24 février dernier, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a profondément bouleversé les paradigmes de la guerre avec le retour d’un conflit de haute intensité, qui s’est transformé par la
suite en guerre d’usure, en plein cœur de l’Europe. Depuis la guerre Iran-Irak, dans les années 80, et la fin de la guerre froide, les conflits avaient pris la forme de guerres courtes ou de
guerres subversives ne nécessitant pas l’emploi d’une grande quantité de munitions dans un temps limité et sur un périmètre restreint.
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L’armée française, souvent qualifiée d’armée bonsaï pour sa qualité, mais aussi pour la petitesse de sa taille, s’était adaptée à ce mouvement et a pris la forme
d’un corps expéditionnaire (un modèle souvent qualifié « d’excellence échantillonnaire ») conduisant à la suppression des principaux stocks de munitions pour adopter un système à flux
tendu.
Cette erreur majeure, pointée du doigt par un rapport d’une mission parlementaire
de l’Assemblée nationale, s’est accompagnée de l’abandon de la fabrication de certaines munitions qui, en cas de péril, pourrait mettre en danger les chaines d’approvisionnements de nos
armées.
Les stocks de munitions ont servi de variables d’ajustement depuis 2016 au détriment de la capacité opérationnelle des armées
Avec la suspension du service militaire décidée par Jacques Chirac en 1996, un mouvement de sabordage des crédits de défense, amplifiée par la RGPP (révision
générale des politiques publiques) instaurée par Nicolas Sarkozy en 2007, avait été mis en œuvre.
Entre 2008 et 2017, les armées ont ainsi perdu 20 % de leurs effectifs, soit 50 000 militaires, ainsi que l’a déclaré devant le Parlement le général François
Lecointre, ancien chef d’État-major des armées. La politique d’achat des munitions s’est alors retrouvée prise dans un cercle vicieux : alors que son prix (notamment celui des munitions
complexes) augmentait, ses budgets étaient sans cesse rognés, diminuant le nombre de munitions achetées et faisant augmenter leurs coûts unitaires.
Comme le mentionne le lieutenant-colonel Raphaël Briant dans ses travaux, la
commande de munitions a baissé de 40 % entre 2003 et par rapport à la cible prévue en 2025, le budget annuel dédié atteignant 248 M€ l’année dernière :
L’adoption de cette logique de flux tendu à une conséquence notable : à l’heure actuelle, la France ne dispose que d’une semaine de réserve d’obus de 155 mm,
c’est-à-dire le gros calibre le plus utilisé par nos armées.
Cette organisation d’une pénurie a entrainé une conséquence encore plus néfaste : un défaut d’entrainement de nos forces armées qui n’était même plus en
capacité de tirer à munitions réelles en quantité suffisante. Pire, l’achat de munitions d’entrainement peut coûter plus cher, jusqu’à cinq fois plus pour les missiles, et n’amène pas une
économie budgétaire substantielle.
Par voie de conséquence, les délais de livraison des munitions ont également augmenté, ce qui, dans le cas d’une agression surprise, demeure assez anxiogène. De 10
à 20 mois sont ainsi nécessaire pour obtenir des obus de 155 mm, un délai porté 24 mois pour les missiles antichars de moyenne portée et même jusqu’à 36 mois pour les missiles air-air de longue
portée METEOR et de 4 à 5 ans pour les missiles Exocet utilisé par la Marine (et qui, pendant la guerre des Malouines, avaient coulé le HMS Sheffield).
En cas de conflit de haute intensité brutalement déclaré, la France pourrait toutefois compter sur l’appui d’autres membres de l’alliance atlantique dans la mesure
où leurs munitions sont standardisées et interopérables. En termes de stocks toutefois, seuls les États-Unis n’ont pas adopté la logique de flux tendu qui montre aujourd’hui assez cruellement ses
limites (de nombreux pays européens n’ont pas respecté la règle qui leur commandait de disposer d’un stock d’un mois de munitions avant la guerre en Ukraine). En 2022, le Congrès a d’ailleurs
débloqué 3,8 Mds€ en ce sens, ce qui de l’aveu du chef d’état-major
de l’armée américaine, risque pourtant de ne pas suffire à soutenir une guerre en Asie.
Capacités de production des industries militaires : Des trous dans la raquette
Comme grande puissance militaire et troisième exportateur d’armement mondial, la France possède une capacité de production d’armement importante et assez bien
résumé par le graphique suivant, cité encore une fois par le lieutenant-colonel Briant :
Pour mentionner une expression à la mode, de nombreux « trous dans la raquette » existent toutefois, notamment en ce qui concerne la production de
cartouches et d’obus de petit calibre. En 1999, GIAT industries (futur Nexter) avait fermé son usine du Mans et suspendue sa production d’obus de 20 mm ainsi que de munitions de petit calibre. En
2018, l’emblématique entreprise Manhurin avait également été placée en sauvegarde et finalement vendue aux Émirats arabes unis.
La guerre en Ukraine et l’augmentation de la demande de cartouche rendent désormais possibles les espoirs d’une relocalisation de munitions de petit calibre en
France. Contrairement aux actions diligentées par l’État s’agissant des masques de protection, le modèle serait
économiquement viable de par la compétitivité structurelle des fabricants français et leur capacité à produire un modèle 6 centimes moins cher que les prix moyens du marché.
Deux incertitudes majeures font pourtant peser un risque sur ce projet : l’absence de fiabilité et de vision à long terme des pouvoirs publics et le carcan
normatif qui enserre le secteur de la défense.
Le règlement européen REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and restriction of Chemicals) qui contrôle l’utilisation des substances chimiques au sein de
l’Union, conduit, par exemple à allonger les délais d’enregistrement de 12 à 18 mois ne serait-ce que pour la fabrication d’une tonne d’explosif.
S’il n’apparait pas forcément opportun de reconstituer les stocks de la guerre froide, la prochaine loi de programmation militaire (qui
permettra à peine d’atteindre les objectifs de l’OTAN des 2 % du PIB consacrés aux armées), devra impérativement rétablir les stocks de munitions permettant l’entrainement intensif de nos
soldats. Selon le chercheur Léo Péria-Périgné, 90 % des objectifs
militaires sont traitables avec des munitions simples et seulement 10 % avec des munitions complexes (plus chères) entrainant un arbitrage entre quantité et qualité, sans que la première ne soit
négligée.
Il faut également recommander la mise en œuvre d’un important travail de simplifications des normes applicables aux industries de défense qui entravent leurs
activités et ont pu conduire à la délocalisation de certaines productions.
La politique de réduction des stocks de munitions et de diminution permanente des budgets militaires avait été la marque de l’effacement de l’État régalien au
profit notamment des thématiques sociales. La hausse des crédits militaires pourra très bien s’opérer dans un contexte de parcimonie budgétaire pourvu qu’elle demeure une priorité.
Loi de programmation militaire 2024-2030 : Un effort financier affiché, mais pour quelles finalités ?
par Contre-amiral
(2S) Dominique de Lorgeril - Le 27/07/2023.
Dès son premier paragraphe, l’exposé des motifs de la Loi de programmation militaire 2024-2030 s’appuie sur la Revue nationale stratégique (RNS), rendue
publique le 9 novembre 2022, qui «tire les
enseignements de l’évolution, depuis la précédente réalisée en 2017, d’un contexte géopolitique instable et imprévisible, marqué par le retour d’une guerre de haute intensité sur le sol
européen, les crises sanitaire et climatique, une interdépendance profonde entre scènes nationale et internationale, dans les domaines politiques, énergétiques et économiques
notamment».
Cela appelle à la vigilance en constatant les confusions sans cesse distillées entre guerre, crises
sanitaire et climatique et leurs conséquences subies ou voulues en terme politiques,
énergétiques et économiques.
Viennent ensuite certaines des finalités explicites de la Loi qui seraient selon les termes de ses concepteurs «d’assurer nos
engagements au titre de notre statut d’allié de l’OTAN» et «de renforcer la
cohérence, la préparation et la réactivité de l’armée française, pour qu’elle soit en mesure de conduire si nécessaire des coalitions dans des engagements majeurs avec nos alliés et
partenaires».
Quand on analyse, de manière factuelle et sans parti pris, le caractère lourdement impliquant de l’engagement de la France à livrer des missiles SCALP à
l’Ukraine, il y a lieu de s’interroger sur les raisons et les finalités de cet effort financier affiché de plus de 400 milliards d’euros sur la période 2024-2030, auxquelles selon la Loi
«s’ajouteront celles
nécessaires au financement de l’effort national de soutien à l’Ukraine, mis en œuvre notamment sous forme de contribution à la facilité européenne pour la paix (FEP), de cessions de tous
les matériels et équipements nécessitant un recomplètement ou d’aides à l’acquisition de matériels ou de prestations de défense et de sécurité». L’effort financier risque fort de ne
pas réellement bénéficier aux armées françaises qui se voient sans cesse retirer armes et munitions pour être fournis à l’Ukraine.
Cette toute récente décision de livrer des missiles à long rayon d’action, affichée comme ayant été prise par le président de la république lors du sommet
de l’OTAN à Vilnius, est d’une portée considérable car elle peut donner la capacité à l’Ukraine de cibler des objectifs en profondeur, jusque même Moscou. Cela renforcerait
inéluctablement l’escalade vers des représailles ciblées sur les États fournisseurs d’armes devenus de fait belligérants directs, puis vers une guerre de haute intensité généralisée à
toute l’Europe, telle qu’elle pourrait avoir été envisagée par les concepteurs de cette Loi de programmation.
Le plus grave est que le gouvernement français, en se soumettant de manière terriblement risquée et hasardeuse à cette escalade voulue par l’OTAN, bafoue
l’article 35 de la Constitution qui lui impose «lorsque la durée de
l’intervention excède quatre mois, de soumettre sa prolongation à l’autorisation du Parlement», ce qui n’a jamais été fait en considérant faussement que la livraison à l’Ukraine de
matériels lourds d’armement, comme les trente canons CAESAR ou aujourd’hui les missiles SCALP, ne sont pas des interventions directes et bellicistes dans le conflit.
Enfin, l’article 23 du projet de Loi (article 47 du texte voté) redéfinit le recours aux réquisitions en des termes particulièrement flous et très larges,
ainsi qu’en supprimant toute référence aux autres textes encadrant les réquisitions ; ce qui pourrait permettre à l’exécutif (par simple décret en conseil des ministres) de motiver de
manière totalement discrétionnaire le recours à la réquisition des personnes et des biens, y compris pour des motifs civils, comme les crises sanitaire, écologique, climatique ou
énergétique simplement «prévisibles» :
«Art. L.
2212.1 En cas de menace, actuelle ou prévisible, pesant sur les activités essentielles à la vie de la Nation, la protection de la population, l’intégrité du territoire, la permanence des
institutions de la République ou de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’État en matière de défense, la réquisition de toute personne, physique ou
morale, et de tous biens et services nécessaires pour y parer peut être décidée par décret en conseil des ministres». Certains s’alarment de cette dérive autocratique, mais on ne
peut que s’en inquiéter après les procédés liberticides mis en œuvre sans contrôle parlementaire pendant la dernière crise sanitaire. Ces dispositions pourraient aller beaucoup plus loin
encore par la réquisition des biens et des personnes, comme le rappel de réservistes ou d’anciens militaires contre leur gré ou celui de leur entreprise prévu dans cette Loi.
En tant que citoyen, particulièrement marqué par l’expérience – dont le devoir de réserve est aujourd’hui levé – de la dramatique guerre du Kosovo, menée
hors du droit international par l’OTAN qui déjà manipulait le monde au bénéfice de l’hégémonie et des intérêts américains, j’appelle les parlementaires, au-delà de cette Loi de
programmation financière, à assumer leur responsabilité de représenter le peuple français – qui ne veut pas d’une guerre généralisée à toute l’Europe – et leur rôle de contrôle du
gouvernement (article 24 de la Constitution) pour imposer le respect de l’article 35 de la Constitution cité ci-dessus. Un débat parlementaire sur les engagements très risqués de la
France dans l’implication militaire de l’OTAN en Ukraine est impératif compte tenu de leurs conséquences sur la vie et l’avenir de la nation.
Il n’est pas tout de renforcer les budgets – ce qui est bien sûr nécessaire pour garantir notre défense et notre souveraineté militaire – mais il faut
surtout en définir les finalités et l’emploi, et cela doit relever de la volonté du Peuple français représenté par les parlementaires qu’il a élus. Bien peu nombreux sont les députés et
sénateurs, conscients de la réalité et des conséquences des engagements pris, qui appellent à ce que ce pouvoir souverain d’autoriser la guerre et les interventions militaires à
l’étranger revienne au Peuple au travers d’une représentation nationale indépendante et souveraine.
Déclassée, l’armée française chute au 9e rang mondial
Source : Riposte laïque - par Jacques Guillemain - Le 17/08/2023.
Déclassée, l’armée française chute au 9e rang mondial
Décidément, Macron est le roi du déclassement. Après notre recul au 7e rang mondial en termes de PIB, c’est sur le plan militaire que la France recule de deux places.
Selon le classement 2023 du Global Fire Power, l’armée française perd deux places et chute au 9e rang en puissance de feu. C’est le résultat de la politique de Macron, qui fait passer les
intérêts américains et ukrainiens avant la sécurité des Français. Comme si notre armée, déjà squelettique et épuisée après 10 ans d’engagement au Sahel, avait les moyens de se séparer de son
artillerie et de ses missiles. C’est criminel, compte tenu de l’état déplorable de nos finances et de la pauvreté du budget Défense, totalement inadapté aux besoins.
Avec un indice de 0,0712, l’armée américaine est talonnée par les armées russe (0,0714) et chinoise (0,0722). La France arrive loin derrière, devancée également par l’Inde, le Royaume-Uni,
la Corée du Sud, le Pakistan, le Japon, mais devant l’Italie (10e) et la Turquie (11e). Pas de quoi pavoiser, à l’heure où le monde renoue tragiquement avec la guerre de haute intensité, par la
faute des fous furieux du monde occidental, incapable de vivre en paix.
Face au délabrement de nos forces, difficile d’imaginer que l’armée française est celle qui totalise le plus de batailles et le plus de victoires de toute l’histoire de l’humanité.
Quel effondrement depuis la fin de la guerre froide et l’irresponsable “récolte des dividendes de la paix” ! Depuis son existence, notre planète Terre n’a jamais connu une seule seconde de paix.
Et alors que toutes les nations se réarment à grand pas, Macron nous désarme.
“Selon le rapport annuel sur les dépenses militaires publié, lundi 25 avril 2022, par l’International Peace Research Institute de Stockholm (Sipri), en 2021, les dépenses militaires ont pour la
première fois dépassé 2 000 milliards de dollars dans le monde pour atteindre 2
113 milliards de dollars, en progression de 0,7 % en terme réel par rapport à 2020, dont la moitié pour les membres de l’OTAN. Les cinq pays les plus dépensiers par ordre décroissant
(États-Unis, Chine, Inde, Royaume-Uni et Russie) représentent 62 % du total, avec une domination américaine écrasante.”
Avec seulement 100 000 soldats d’active dans l’armée de terre, dont 25 000 mobilisables rapidement, avec 200 Rafale et 200 chars Leclerc, qui sont loin d’être tous opérationnels, on voit
mal comment la France pourrait défendre ses frontières dans un conflit de haute intensité. En quelques jours, toutes nos unités manqueraient de munitions.
Ce serait mai-juin 1940 en pire. En quelques jours, l’affaire serait réglée. Quant à se reposer sur la dissuasion nucléaire, rien ne prouve que ce soit le parapluie infaillible. Cela reste un
coup de poker.
“Alors qu’on avait 1 350 chars de bataille en 1991, on en a 220 aujourd’hui. On avait 700 avions en 1991, et aujourd’hui moins de 250.” Et les budgets de la Défense qui représentaient
4% du PIB à la fin de la guerre froide, sont descendus à 1% sous le mandat de Nicolas
Sarkozy. Tandis que l’armée a réduit ses effectifs de 30% depuis les années 90.
Dans le même temps, la France serait passée à côté d’évolutions technologiques notables. “On
a raté le virage des drones, regrette l’ancien député François Cornut-Gentille. Ça
n’intéressait ni l’armée, ni les industriels. On a cru que c’était des joujoux alors que ça change la physionomie du champ de bataille”.
Notre unique porte-avions, alors que nous possédons le deuxième domaine maritime du monde et sommes présents sur tous les océans, illustre à lui seul la grande misère de l’armée française. Le
fleuron de la Royale est opérationnel à mi-temps !
Pendant ce temps, Poutine reconstruisait son armée et la dotait des meilleurs armements, inégalés à ce jour par les armées occidentales.
Nous devrions tripler nos effectifs et nos matériels pour remettre notre armée conventionnelle à niveau. La nouvelle LPM 2024-2030 prévoit 413 milliards pour les armées. C’est insuffisant compte
tenu du retard accumulé en trente ans. D’autant plus que l’inflation risque d’effacer les gains.
Le pire est que certains analystes se permettaient d’affirmer que “l’armée russe est dans un état de délabrement absolument effrayant” et que les sanctions économiques vont saigner le pays et
faire plier Poutine. Sidérant !
Mais 18 mois plus tard, c’est toujours cette armée de va-nu-pieds qui occupe 80 000 km2 du territoire ukrainien. Et la muraille érigée par Sourovikine est aussi infranchissable que la Grande
Muraille de Chine.
Au 74e jour de la contre-offensive, Kiev totalise 49 470 soldats tués. Hier, ce sont 720 soldats ukrainiens qui ont été tués et 890 qui ont été blessés. Chaque jour apporte son lot de
tragédie.
Quand l’Otan sera décidée, l’hécatombe cessera. Mais la décision appartient malheureusement au camp des fous furieux, incapables d’accepter leur défaite, malgré les 400 000 morts ukrainiens.
L’Occident est vraiment tombé sur la tête.
Jacques Guillemain
Général Schill : L’armée de Terre attire « à peine plus d’un candidat pour un poste » de militaire du rang
Selon la dernière revue publiée par le Haut comité d’évaluation de la condition militaire, la sélectivité du recrutement des militaires du rang s’est améliorée en 2021, avec une moyenne de 1,5
candidat pour un poste. « Cette amélioration est commune à toutes les armées [+ 0,2 point pour l’armée de Terre, + 0,4 point pour la Marine nationale et + 0,2 point pour l’armée de l’Air et
de l’Espace]. Elle résulte de la hausse de 13 % du nombre de postulants au recrutement associée à une baisse de 3,4 % du volume de recrutés », est-il avancé dans ce document.
Seulement, cette amélioration est loin d’être suffisante… En tout cas, ce taux de sélectivité n’a pas retrouvé le niveau qui était le sien en 2015 [2,2 candidats pour un poste]. Dans un avis
budgétaire publié en 2020, les sénateurs Joël Guerriau et Marie-Arlette Carlotti avaient même avancé qu’il s’approchait des « planchers […] constatés au début des années 2000, au moment de
la professionnalisation ». Et cela d’autant plus que le « vivier » des recrues tend à s’amenuiser, avec une baisse du nombre de candidats médicalement aptes, en raison d’un
« mode de vie de plus en plus sédentaire » et d’une « surconsommation d’écrans susceptible de favoriser surpoids et myopie ». Enfin, les aspects démographiques sont aussi à
prendre en considération.
Or, pour qu’un recrutement soit optimal, il faut réunir au moins deux conditions : un taux de sélectivité élevé [ce qui suppose d’être attractif] et un taux de dénonciation de contrat durant la
période probatoire le plus bas possible. Pour l’armée de Terre, celui-ci s’élève en moyenne à environ 30% par an.
Quoi qu’il en soit, recruter sera un défi pour l’armée de Terre au cours des prochaines années. C’est en effet ce qu’a admis le général Schill, son chef d’état-major, lors d’une audition au Sénat
dont le compte rendu vient d’être publié [soit plus de trois mois après!]. Et, s’agissant des militaires du rang, le taux de sélectivité s’est effondré.
« Le recrutement de nos militaires du rang est correct. Nous avons fini l’année 2022 à l’effectif qui nous était accordé. Il n’empêche qu’il existe une vraie difficulté de recrutement et de
fidélisation, avec à peine plus d’un candidat pour un poste. Nous devons donc renforcer notre attractivité pour recruter davantage de militaires du rang mais aussi de sous-officiers », a en
effet déclaré le général Schill.
Et encore, en 2024, l’armée de Terre ne bénéficiera pas de postes supplémentaires.
« Dans la loi de programmation militaire qui s’achève, nous avions un certain nombre de créations de postes. Nous avions choisi de les cibler sur les postes à plus haute valeur ajoutée. Nous
voulions notamment créer des postes dans les nouvelles capacités cyber et du renseignement. Nous avons créé ces postes par transfert depuis d’autres fonctions opérationnelles », a expliqué
le CEMAT.
Quoi qu’il en soit, pour le général Schill, « l’impératif de jeunesse doit être conservé » car « nous avons besoin d’une armée jeune ». Actuellement, a-t-il précisé, les
régiments ont une moyenne d’âge de 28 ans, « cadres compris ».
« Nos jeunes s’engagent à 20 ans en moyenne. Ils passent 6 à 7 ans dans les armées. Nos militaires du rang ont une moyenne d’âge de 26 ans. C’est un atout, même si j’aimerais que la moyenne
d’âge des militaires du rang soit un peu plus élevée. Cette réalité globale doit être maintenue », a ajouté le général Schill.
Par ailleurs, commentant, via Linkedin, la récente note de Bruno Tertrais sur l’évolution de la démographie en France, publiée par l’Institut Montaigne, le CEMAT a estimé que « l’adaptation » du recrutement de
l’armée de Terre « doit être poursuivie afin de prendre en compte le vieillissement de la population », par exemple « en changeant les critères d’âge pour servir sous l’uniforme ou
en modifiant les conditions d’accès à la réserve ».
Le général Schill a aussi considéré que la « chute de la natalité impacte directement le volume des classes d’âge, et donc le vivier de recrutement de 14’000 jeunes que l’armée de Terre
accueille annuellement ». Or, a-t-il ajouté, si celle-ci « demeure un vecteur dynamique d’insertion de la jeunesse, sa capacité opérationnelle dépendra demain de l’attractivité du
métier des armes ». Enfin, elle aura également à renforcer son « rôle de creuset intégrateur » à l’heure « où le seuil symbolique des 10% de Français d’origine immigrée a été
relevé par l’INSEE ».
Crise du recrutement dans l’armée de terre : Simple incident ou difficulté de fond ?
Source : Le Salon Beige - par Mchel Janva - Le 14/10/2023.
Un récent article du Figaro (04/10) nous apprend que, pour la première fois depuis des années, l’Armée de Terre n’est pas parvenue à recruter les effectifs qu’elle
avait budgétés. Il manque entre 2 000 et 2 500 hommes à l’appel. Le général Marc Conruyt, DRH de l’Armée de Terre, n’est pas inquiet : « les fondations sont solides » même s’il évoque « quelques
difficultés inédites ». Ce phénomène frappe également la Bundeswehr et l’armée américaine. Qu’il nous soit, cependant, permis de ne pas partager l’optimisme du général Conruyt.
Des difficultés structurelles
Tout d’abord, les recrutements de personnels du rang se heurtent à plusieurs difficultés inédites : mauvaise condition physique de nombreux jeunes, faible écart
entre la maigre solde d’un soldat et la somme des minimas sociaux possiblement obtenus sans contraintes particulières, taux de chômage bas conjugué à une très forte concurrence salariale sur
l’ensemble des métiers, absences de campagnes de recrutement pendant la crise du Covid 19, etc. Mentionnons également, sans doute, l’impact psychologique de la guerre en Ukraine, qui est tout
sauf une promenade de santé.
Ensuite, les vertus constitutives du métier militaire : discipline, loyauté, courage, engagement, sacrifice, service, abnégation, primat du collectif, etc. sont aux
antipodes de celles promues et mises en avant par les classes dirigeantes et le moulin à paroles qui préside aux destinées de notre malheureux pays. La vie militaire repose d’abord sur des
devoirs alors que la société post-moderne dans laquelle nous vivons est l’exaltation permanente des droits même les plus incongrus : droit au bonheur ou droit de changer de sexe. Le miracle est
qu’il existe encore en France des jeunes hommes prêts au sacrifice de leur vie au service de la communauté. Il ne suffit pas, pour susciter des vocations militaires, de rendre hommage –
généralement au détour d’un événement tragique : égorgement d’Arnaud Beltrame, décès de soldats morts en opérations, attentat d’Annecy, etc. – avec des trémolos dans la voix à des hommes et à des
vertus qui sont chaque jour tournés en dérision. Après la défaite de 1870, il était dans l’air du temps de penser que les victoires de la Prusse à Sadowa (1866) et Sedan (1870) étaient d’abord
celles de l’instituteur prussien qui avait su transmettre à tout un peuple un ensemble de vertus qui assuraient sa victoire sur les champs de bataille. Il ne devait pas être beaucoup question de
transition de genre, d’éducation sexuelle et d’inclusion dans les écoles primaires du royaume de Prusse…
Enfin, jusqu’à preuve du contraire, le métier militaire est un engagement, risqué, au service de la France, non au service des droits de l’homme, de la démocratie
ou de la République. La France est une réalité charnelle, enracinée. Une histoire, un patrimoine, une manière de vivre, « nos villages, nos autels, nos tombeaux », etc. La République est une
idéologie et, en France, une religion séculière de substitution. Et quoiqu’en dise le poète il est plus facile de mourir pour des réalités que pour des idées. Contre les utopies mortifères refait
toujours surface « l’âcre morsure des faits » (Paul Bourget). La manière dont la France est aujourd’hui en train de se faire expulser de son pré carré africain en est l’amère et toute récente
démonstration. Le lobbyisme LGBT et l’idéologie démocratique sont venus se fracasser sur les réalités africaines qui ne sont guère gay friendly et qui demeurent ethniques et tribales.
La fin de l’aventure
Plus prosaïquement la vie militaire a longtemps, surtout en France, été un appel au dépassement de soi et à l’aventure. Songeons aux motivations d’Ernest Psichari
cheminant aux confins mauritaniens (« Terres de soleil et de sommeil ») ou aux affiches de recrutement dans l’armée coloniale : « Engagez-vous, vous verrez du pays ». L’épilogue en eau de boudin
de l’opération Barkhane, la piteuse exfiltration en cours du Niger risquent de tarir les vocations quand, à la place des horizons désertiques du désert malien, se profilent, plus sûrement, les
couloirs de La Défense ou de la gare du Nord dans le cadre du plan Sentinelle et bientôt la surveillance des stades à l’occasion des prochains Jeux Olympiques. Ces missions, peu palpitantes, sont
néanmoins bien appréciées des soldats car elles sont financièrement intéressantes.
Enfin, le soldat, et a fortiori l’officier, n’est pas qu’un technicien de la chose militaire. Même les soldats ont une âme ! A-t-on vraiment le sentiment d’avoir
œuvré utilement au service de la France lorsque l’on a participé au renversement de Kadhafi en 2011, déstabilisant ainsi toute la bande sahélienne avec les conséquences que chacun observe
aujourd’hui ? L’apostrophe du général Négrier à ses troupes au Tonkin en 1885 est connue : « Vous légionnaires, vous êtes soldats pour mourir, je vous envoie où l’on meurt ». Certes, cependant
tout le monde n’a pas une âme de légionnaire et une des responsabilités majeures du chef est de donner du sens à ce qu’il demande à ses collaborateurs d’exécuter. Tout le monde n’a pas vocation à
mourir uniquement pour l’honneur ! A cet égard, il n’est pas anodin de temps en temps d’avoir quelques victoires à offrir. Le souvenir, pour la France, en est malheureusement bien lointain. Qu’en
pensent les camarades des 90 morts en Afghanistan ou des 58 morts de l’opération Barkhane ? C’est une chose d’être accueilli en libérateur, c’en est une autre, toute différente, de devoir amener
le pavillon au milieu d’une foule hostile.
Politique d’abord
L’apostrophe du baron Louis, alors ministre des finances, à Louis-Philippe est bien connue : « Faites-moi de la bonne politique, je vous ferai de bonnes finances ».
Le général Conruyt pourrait s’adresser de même au président de la République : «Faites-moi de la bonne politique, je vous ferai une belle armée ».
C’est dire si nous ne sommes pas rassurés…
Les déficiences du soutien de proximité et le manque d’entraînement minent le moral des officiers français
Dans la même veine que les documents que je vous ai communiqués récemment, en voici un autre, tiré de sites peu suspects d’être complotistes. Comme
d’habitude, la lecture des commentaires émanant, pour la plupart, d’anciens militaires, est édifiante.
Le problème, c’est que nous ne pouvons pas compter sur nos trente et un alliés de l’OTAN dont les armées sont dans le même état que la nôtre, voire
pire. Cela va évidemment mettre en rage les atlantistes forcenés, qui poussent encore à l’entrée en guerre de haute intensité contre la Russie.
A l’analyse, ni l’économie, ni les Forces Armées ne sont prêtes à mener une guerre de haute intensité contre la Russie. C’est vrai tout autant pour
l’Union européenne que pour la France mais aussi pour les USA, en fort sous effectif, dont les forces sont dispersées sur quelque 900 bases dans le monde et qui devraient traverser
l’Atlantique Nord pour intervenir en Europe de l’Est. On ne traverse pas l’Atlantique Nord en 2023 comme on pouvait encore le faire en 1945. Bon courage aux parents européens et
états-uniens dont les enfants iront se faire hacher menu pour tenter de conserver l’hégémonie mondiale de l’oncle Sam.
Lors de son traditionnel discours prononcé à l’Hôtel de Brienne, le 13 juillet dernier, le président Macron avait dit vouloir «repenser» le
modèle d’organisation et de fonctionnement du ministère des Armées qui avait été mis en place «dans une période
de réduction continue des dépenses pour la défense», avec la Révision générale des politiques publiques [RGPP], lancée à la fin des années 2000.
«Ce modèle procède
d’une logique qui faisait primer les économies sous couvert de rationalisation et de fragmentation budgétaire. Une logique qui ne place pas toujours ou pas assez la guerre au cœur de
ces organisations ou de ces processus. Or aujourd’hui, ce modèle n’est plus adapté», avait ensuite estimé M. Macron. Et d’ajouter : «Je veux […]
redonner les leviers d’action à ceux qui portent les missions en opérations comme au coeur des territoires, […] encourager la réactivité, faciliter la capacité à entreprendre,
démultiplier les énergies, concentrer les volontés sur la réalisation de la mission».
Le locataire de l’Élysée avait-il eu le temps de prendre connaissance du 17e rapport thématique sur les officiers [.pdf] que
le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM] venait de lui remettre? En tout cas, le ministère des Armées vient de rendre public ce document. Et certains points qu’il
développe font écho aux propos de M. Macron.
Par le passé, et à plusieurs reprises, le HCECM n’a pas ménagé ses critiques à l’égard des réformes ayant remis en cause le concept «un chef, une
mission, des moyens» avec la création des «bases de
défense», dont la finalité était de mutualiser le soutien de plusieurs unités implantées dans un périmètre géographique donné [1h à 1h30 de route], en concentrant sur un même
site les services d’administration, de gestion, d’habillement, etc. «Les militaires
rencontrés […] ont tous fait part de la déshumanisation et du flou qui caractérisent désormais les relations entre les militaires soutenus et le personnel administratif»,
avait-il avancé dans un rapport publié en 2014.
Si, depuis, des «espaces
ATLAS» ont été mis en place dans les unités afin de rapprocher les soutenus des soutenants, le problème de fond n’a pas été réglé. Et la «persistance de
difficultés dans le soutien de proximité pèse sur le moral des officiers et contribue à fragiliser leur fidélisation», avance le HCECM dans son dernier rapport thématique, lequel
décrit des situations ubuesques…
«Les officiers en
situation de commandement ont perdu des leviers d’action. Ils ne peuvent plus régler efficacement et surtout rapidement les problèmes du quotidien. Leur autorité en est directement
affectée», explique-t-il.
«Cette situation
engendre une lassitude des intéressés face aux dysfonctionnements de l’administration générale, détériore l’image du commandement en interne et nuit ainsi à l’attractivité du
recrutement interne des officiers», poursuit le Haut Comité, en rappelant qu’il s’agit de l’un de ses principaux sujets de préoccupation car celui-ci est «systématiquement évoqué à
l’occasion des tables rondes réalisées lors de ses déplacements et ceci, quelles que soient les catégories de militaires».
Ces problèmes affectent notamment les écoles de formation initiale. Ce qui est «inquiétant»,
relève le HCEM, qui donne un florilège des difficultés dont il a eu connaissance. «On se bat pour
avoir une imprimante, du papier, la délivrance de la carte SNCF, des tenues à la taille de l’élève…», rapporte-t-il. «Le plus dur, c’est de garder la motivation auprès de
nos élèves qui nous voient batailler avec des sujets de soutien comme par exemple s’occuper de l’achat de produits d’entretien que l’on vous refuse», lui ont confié des
officiers.
«Les autorités
auditionnées par le Haut Comité sont conscientes de cette fragilité qui résulte d’une contrainte de moyens aux effets amplifiés par les réorganisations successives», relève-t-il,
avant de souligner la «dynamique engagée
par les armées, directions et services du ministère des armées qui vise à réduire les lourdeurs administratives, simplifier et fluidifier les procédures pour redonner une liberté
d’action aux commandants de formations». Aussi appelle-t-il à poursuivre de tels efforts.
Mais le soutien déficient n’est pas le seul facteur qui pèse sur le moral des officiers. En effet, le HCECM pointe également les «problèmes
persistants de disponibilité des matériels hors opérations extérieures [OPEX], les effectifs insuffisants ainsi que les difficultés d’entraînement».
«Le chef est conscient que le temps de l’entraînement est essentiel pour former et entretenir une capacité opérationnelle, d’autant plus lorsque l’on
sert des systèmes d’armes de haute technicité. Or, si de nombreux efforts ont été réalisés pour «réparer» le
niveau de préparation opérationnelle et améliorer la disponibilité technique des matériels, des difficultés peuvent persister», note le Haut Comité.
En effet, explique-t-il, «lorsque les parcs
d’équipements sont affectés par des difficultés durables de disponibilité, cela se traduit par une réduction des possibilités d’entraînement tandis que l’intensification des
engagements opérationnels accentue les difficultés à préserver les compétences tactiques collectives, voire individuelles, faute de temps disponible».
Aussi, les officiers peuvent éprouver le sentiment de ne pas disposer des moyens suffisants «pour se former
eux-mêmes pour entraîner les femmes et les hommes qu’ils commandent, ce qui n’est pas neutre sur leurs capacités opérationnelles», prévient le HCECM.
Le rapport prend ainsi l’exemple de la formation des personnels navigants de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE], affectée par la «disponibilité des
matériels» ainsi que celle des instructeurs, du fait d’une «fort engagement opérationnel des cadres». Résultat : «cela peut se
traduire par un décalage de 8 mois dans la formation, en particulier pour les élèves officiers sous contrat». Par ailleurs, le HCECM souligne que la «préparation
opérationnelle sur matériel majeur demeure un point de préoccupation fort» pour l’armée de Terre et que, s’agissant de la Marine nationale, le nombre de jours de mer dédiés à
l’entraînement des bâtiments de surface à diminué en 2022 et en 2023, «malgré une remontée ponctuelle en 2021».
«Le manque de moyens pour remplir les missions et l’insuffisance des moyens humains sont des motifs récurrents d’insatisfaction chez les officiers selon
l’indicateur de mesure du moral», insiste le Haut Comité, avant de faire valoir que ces éléments sont «fondamentaux pour
le moral et que la confortation de l’attractivité et de la fidélisation ne peut se limiter aux leviers relatifs à la rémunération et à la gestion des ressources humaines.»
L’armée de Terre va réduire la durée de la formation initiale de ses futurs sous-officiers
Source :
OPEX 360 - par Laurent Lagneau - Le 22/10/2023.
Selon son chef d’état-major [CEMAT], le général Pierre Schill, l’armée de Terre connaît un « trou d’air » en matière de recrutement, avec au moins 2000 postes qui ne devraient pas être
pourvus avant la fin de l’année. Cette difficulté concerne surtout les militaires du rang, a-t-il dit, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 11 octobre. Ce qui suggère que le
recrutement « direct » de sous-officiers se maintient.
Quoi qu’il en soit, l’activité de l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA] de Saint-Maixent, qui fête ses 60 ans cette année, ne devrait pas souffrir des tensions concernant le
recrutement de l’armée de Terre.
En effet, au-delà de l’instruction initiale de ses élèves recrutés par la voie directe ou semi-directe et de l’accueil de stagiaires étrangers, l’ENSOA assure aussi la formation continue des
sous-officiers tout au long de leur carrière.
Or, ce besoin en formation continue va continuer à croître dans les années à venir, notamment en raison de la réforme du parcours professionnel des sous-officiers, lancée en 2020 pour répondre
aux nouveaux besoins induits par le programme SCORPION et par le durcissement de la préparation opérationnelle.
Cette année, l’ENSOA aura accueilli environ 6800 élèves et stagiaires. Et elle en attend plus de 7000 en 2024. Cette hausse de l’activité suppose un renforcement de l’encadrement [45 postes
supplémentaires seront créés l’an prochain] ainsi que la construction de nouvelles infrastructures dans le périmètre de l’école.
« Nous sommes dans une phase de renforcement de l’École nationale des sous-officiers d’active. Je vais même plus loin. Le chantier général de renforcement de l’ENSOA, notamment en
infrastructures mais aussi en cadres, c’est la priorité numéro un de l’armée de Terre aujourd’hui », a expliqué le général
Schill, à l’occasion d’un déplacement à Saint-Maixent, cette semaine.
Par ailleurs, l’ENSOA aura à proposer de nouvelles formations pour répondre à des besoins « émergents » dans certains domaines, comme l’influence et le cyber.
Cependant, même avec de nouveaux bâtiments, la capacité d’accueil de l’école risque d’être insuffisante… Et l’un des leviers pour retrouver une certaine marge de manoeuvre passe par la réduction
de la durée de la formation initiale des élèves sous-officiers, a avancé le CEMAT.
Ainsi, la formation initiale d’un élève sous-officier « direct » passera de huit à six mois. Et celle d’un élève issu du recrutement semi-direct, qui a déjà une expérience militaire,
sera réduite à trois mois.
« Nous conservons cette notion de creuset à l’ENSOA, où passent tous nos sous-officiers. Comme le volume [d’élèves et de stagiaires] est plus important, on peut augmenter les capacités de
l’école, c’est ce que nous faisons en renforçant l’encadrement et en construisant de nouveaux bâtiments, mais ce n’est pas immédiat. Pour faire face en conservant ce socle, on prend cette mesure
de réduction de la formation initiale, compensée par un allongement de la formation assurée ensuite dans les écoles d’armes et les régiments », a détaillé le général
Schill, dans les pages du quotidien « La Nouvelle République ».
Pour l’armée de Terre, ce raccourcissement de la durée de la formation initiale ne vise pas seulement à permettre à l’ENSOA d’accroître sa capacité d’accueil de stagiaires : Elle répond aussi au
besoin d’avoir de jeunes sous-officiers qui rejoignent plus vite les unités opérationnelles.
...Donc : "Renforcer" la formation se traduit par "réduire" le temps de formation.....
En poursuivant celle logique, "ON" arrivera certainement à "Supprimer"
pensant atteindre l'efficacité maximum....Incontestable, n'est pas ?
Résultat prévisible : Des Sous/Officiers envoyés plus rapidement dans les unités avec une formation à la
"va-vite"...
....Et "ON" se moque de l'armée Russe, de son corps de Sous/Officiers soit disant réduit, peu et mal formé....! Est-on
obligés de prendre exemple ?
JMR
Les terribles prévisions pour l’armée française en cas de «guerre de haute intensité»
Emmanuel Macron, de plus en plus va-t-en-guerre, a annoncé que la France devrait être prête en 2030 – tiens, comme l’Agenda 2030 ? – à la «guerre de
haute intensité». Des dépenses d’environ 400 milliards d’euros seront étalées sur sept ans pour atteindre cet objectif.
Mais la «guerre de haute intensité», comme son nom l’indique, ce n’est pas une partie de plaisir. Sur base d’un exercice organisé par l’armée
américaine, l’armée française a découvert, horrifiée, qu’un corps expéditionnaire de 15 000 soldats français essuierait après dix jours de combat une moyenne de 1700 tués et 11 000
blessés ! Soit 1100 blessés par jour à faire soigner par le Service de Santé des Armées. Ce qui est tout simplement impossible en l’état. La mortalité exploserait donc tout simplement
faute de parvenir à soigner une telle masse de blessés.
Se préparer à un très haut taux de
perte
«Le SSA est dans
l’incapacité, aussi bien sur le plan humain que matériel, de soutenir l’hypothèse d’engagements majeurs», prévenait déjà en octobre 2021 le patron du Service de Santé des Armées.
Et la situation s’est encore détériorée depuis. En dix ans, le SSA a tout simplement perdu 9% de ses effectifs, les médecins militaires étant de plus en plus nombreux à se mettre pour
six mois en arrêt maladie, puis à saisir la commission de réforme afin d’être radiés des officiers d’active pour «inaptitude à la
vie militaire».
Non, vraiment, l’armée française n’est pas prête à la «guerre de haute intensité», quoi qu’en disent les rêveurs et les
bellicistes.
source : Médias-Presse-Info
Soutien sanitaire de Gaza : La grande misère de notre marine
Source :
Bd. Voltaire - par Arnaud Florac - Le 04/11/2023.
Voilà une nouvelle histoire qui pourrait être anecdotique si elle n’avait pas valeur de symbole. Alors que le conflit
israélo-palestinien fait rage, alors que les bombardements israéliens s’intensifient et que les victimes s’accumulent à Gaza, alors que l’armée israélienne avance péniblement dans cette ville
progressivement transformée en parking, la communauté internationale autoproclamée (en d’autres termes, l’Occident) hésite sur la conduite à tenir.
En France, singulièrement, nous avons à la fois la plus importante communauté israélite et la plus importante communauté musulmane d'Europe. Emmanuel Macron le sait
bien ; c’est même lui qui l’a dit. Ce numéro d’équilibriste est-il dans les cordes du roi de l’en même temps ? C’est ce qu’il semble croire. Après
s’être très tardivement rendu en Israël, où personne ne l’attendait, semble-t-il, Macron a décidé d’envoyer un signal à Gaza : c’est le Tonnerre,
l’un des plus gros navires de la flotte française, un porte-hélicoptères amphibie, qui a appareillé de Toulon le 25 octobre dernier pour se porter au large des côtes palestiniennes. On pourrait
trouver ce geste très généreux et s’en tenir là. On pourrait aussi se dire que le président de la République, qui vient de débloquer 100
millions d’euros d’argent public pour développer les entreprises du Nigeria, a décidément un curieux sens des priorités. Mais tout cela n’est pas l’information principale.
Le fond du problème nous est incidemment exposé par le pacha de ce navire français. En effet, malgré une présentation pleine de promesses sur le site du ministère
des Armées, sur lequel il est fait mention d’un bloc chirurgical et d’une capacité de soixante lits, le médecin-chef du navire explique qu’un sous-effectif
au sein de l’équipage empêche d’utiliser actuellement la plupart des structures du Tonnerre.
À la question «
Combien de blessés le navire peut-il accueillir ? », le commandant répond sobrement : «
Deux blessés, deux blessés graves. » Quatre blessés, soit l’équivalent de cinq secondes de bombardement, peut-être…
Interrogé par l’émission « Morandini Live », le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, confirme, et ajoute : «
On veut emmener d'autres pays. Nous mettons beaucoup de moyens sur la table pour faire effet de levier. Le statut de nation-cadre, c'est comme un gros bloc de multiprises dans lequel nous mêmes,
on remplit quelques prises et on permet à d'autres pays de venir se connecter, de venir assembler des moyens. » On passe sur la comparaison entre le statut de nation-cadre et la
multiprise, après tout, si c’est plus simple à comprendre. En revanche, dire que l’on met «
beaucoup de moyens sur la table » après avoir confirmé que nous envoyions de quoi évacuer quatre blessés, il y a de quoi rigoler. Quant aux autres pays qui viendraient «
se connecter » ou «
assembler des moyens », on ne les a pas encore vus. Il faut croire que l’effet de levier annoncé par le ministre n’est pas suffisamment puissant.
Incapacité à trancher, peur de la communauté musulmane de France, prête à s’enflammer pour Gaza, effets de manche et d’annonce… et finalement rien, ou tout du moins
pas grand-chose. Comparaison n'est pas raison, mais tout de même : dans son récent ouvrage Ce
qui nous attend, le général (2S) Dominique Trinquand, coutumier des plateaux télé, nous apprend que la Chine, tous les quatre ans, bâtit l'équivalent de notre marine nationale...
par le général
Dominique Delawarde - Le 08/11/2023.
Service de santé des Armées
: Selon un article du Canard
Enchaîné présenté ci-dessous et en pièce jointe, le Service de santé des Armées serait incapable de prendre en charge les
blessés en cas de conflit majeur. Cela va rassurer nos soldats et leurs familles alors que nos dirigeants, à force de continuer à chercher la bagarre partout sur la planète, vont
finir par la trouver. Il est vrai qu’avec 4 jours de réserve de munitions devant nous, un chef des Armées déjà fatigué, avant de se lancer dans la bataille, l’affaire, OTAN ou pas,
devrait être conclue rapidement et que, dans ces conditions, un service de santé des Armées digne de ce nom ne sera pas bien longtemps nécessaire.
En cas de conflit majeur, les militaires seraient incapables d soigner tous leurs blessés faute de moyens.
BRANLE-BAS de combat ! Emmanuel Macron l'a promis en janvier dernier, sur un ton martial en 2030, la France sera parée pour "la guerre de haute
intensité . La loi de programmation militaire, qui prévoit 400 milliards d'euros de dépenses sur sept ans, doit nous rendre aptes à résister aux Russes, moyennant une quincaillerie flambant
neuve. Sauf que, pour faire la guerre - surtout de haute intensité, posséder des chars, des navires et des avions ne suffit pas : Il faut aussi des médecins.
Or le Service de santé des armées (SSA) est subelaquant. ce dont vient tout juste de prendre conscience le ministre. Le 13 octobre, Sébastien Lecornu a décrété une
perfusion en catastrophe pour tenter de ranimer le malade : Il a promis, d'ici à 2030, de doubler le budget pour atteindre 3 milliards d'euros - Mais, vu l'état du patient décrit en juin par la
Cour des comptes, c'est cautère sur jambe du bois.
Cinquième roue du char
En cas de conflit majeur. le Service de Santé des Armées, faute de moyens suffisants ne pourrait pas prendre en charge le totalité des
blessés.
Il lui faudrait cinq hôpitaux de campagne, chacun équipé de 15 blocs chirurgicaux et de 300 lits. Problème : Aujourd'ui, la France est
incapable de monter le moindre hôpital de campagne. La dernière fois, c'était il y dix ans, en Afghanistan. Depuis, elle ne compte plus assez de toubibs et d'infirmiers. Le SSA a été amputé de
1540 personnels en dix ans. soit 9% des effectifs. En octobre 2021, déjà. le patron du Service de santé des Armées avait tiré la sonnette d'alarme - "Le SSA est dans l'incapacité.
aussi bien sur le plan humain que matériel de soutenir l'hypothèse d'engagement"de soigner tous leurs blessés, faute de moyens.
Sept mois plus tôt, lors d'un exercice mené aux Etats-Unis l'armée française avait découvert avec effarement le coût humain d'un "engagent en haute intensité". La
simulation, calculée sur la base d'un corps expéditionnaire de 15 000 soldats Français. s'était soldée après dix jours de combats - par 1100 tués et 11000 blessés; 1100 éclopés à soigner
par jour. C'est très au-delà des capacités du SSA.
A la Cour de Comptes, l'état-major des armées a expliqué qu'il était conscient du problème mais qu'il ne pourrait s'atteler ce chantier avant 2027. Les blesses
attendront ! Pour les établissements en dur, le tableau n'est guère plus reluisant, les cinq hôpitaux d'instruction des armées, n'alignent que 1480 lits, contre 2682 en 2009.
Plus grave, ils ne peuvent projeter que 48 équipes chirurgicales "alors qu'il en faudrait 65, à l'horizon 2025, pour répondre aux besoins rnilitaires"
déplore la Cour des Comptes. A quoi s'ajoute la décrépitude des bâtiments, mais aussi des équipements.
Sous perfusion
A Percy, pourtant considéré comme la vitrine des hôpitaux milliaires, 80% du matos est vétuste, quant au nouvel hôpital dont Marron avait annoncé, en juin 2021, la
construction à Marseille pour une ouverture d'ici 2030, son financement n'a pas été prévu par la loi de programmation militaire. C'est dire !
Pour rnettre un peu de beurre dans les rations, le SSA compte sur la Sécurité Sociale. Les soins prodigués aux civils dans les établissements militaires lui
apportent un tiers de son budget et lui permettent de maintenir le niveau de compétente de ses toubibs.
En 2018 en cédant à contrecœur, au ministère de la Recherche, l'hôpital du Val-de-Grâce, son berceau historique, le SSA pensait renflouer un tantinet ses caisses.
La compensation financière promise se fait toujours attendre. Plus préoccupant encore, le SSA peine à recruter. Entre 2018 et 2022, les candidatures à l'Ecole de Santé des Armées ont diminué de
12 %. et celles des personnels paramédicaux de 54%. Comme le soulignent les magistrats, "Il en résulte des problèmes majeurs d'attractivité et de fidélisation des personels notamment
pour certaines spécialités médicales et pour la plupart des métiers paramédicaux. Les emplois non pourvus étant croissants. L'ordonnance du Dr. Lecornu suffira-t-elle à sauver le malade
ou sera-t-il maintenu en soins palliatifs ?
Odile Benyahia-Kovider et Christophe Labbé.
Des médecins en pleine désertion
Au Service de Santé des Armées, (SSA) c'est un secret de Polichinelle : Les médecins excédés par l'allongement de leurs liens au service jusqu'à 33 ans - selon les
spécialités- soit bien au-delà des 27.5 années prévues au moment de démarrer leurs études de médecine, ont trouvé une astuce canon pour raccrocher le treillis : Se faire réformer....
Leur méthode ? Arès 6 mois d'arrêt de travail, les blouses blanches saisissent la commission de réforme afin d'être radiées des officiers d'active pour...
inaptitude à la vie militaire ("Le Canard" 6/9).
Une fois l'opération réussie, les réformés s'adressent au conseil national de l'Ordre des médecins pour obtenir le droit de travailler dans le civil ou de
s'Installer en libéral.
Cette épidémie d'inadaptés à la vie militaire est désastreuse pour le fonctionnement du SSA. Ainsi, le service de cardiologie de l'hopital Bégin à St. Mandé
a-t-il du fermer à cause des défections, tout comme le service de chirurgie thoracique de l'hôpital Percy à Clamart, une discipline pourtant vitale sur le champ de bataille....
Pour boucher les trous, le SSA à recours à des médecins civils contractuels dotés de rémunérations bien supérieures à celles de leurs confrères galonnés.
Le 8 juin, le SSA a diffusé une offre d'emploi pour un radiologue en imagerie médicale à Marseille avec un salaire compris entre 12 et 15 000 euros par mois,
le double d'un radiologue militaire.
Mieux : Dès la signature de leur contrat de trois ans. les médecins civils commissionnés touchent, en guise de cadeau de bienvenue, une prime de 25 000 euros... en
plus de leur salaire ! Afin d'interrompre l'hémorragie, le Ministre des Armées à signé le 31 juillet, un décret censé clarifier le temps de service incompressible que les médecins
militaires doivent à l'institution en contrepartie de la prise en charge de leurs dix à douze années d'études : Un décret si limpide que le Médecin Général Marc-Olivier Gelmann a été
contraint de pondre une note explicative le 07 septembre.
Après clarification, ces toubibs militaires ont "gagné" trois ans.
De quoi les motiver pour continuer à porter l'uniforme ?
Publié le 09/11/2023 14:17 - Mis à jour le 09/11/2023 18:17 - Durée de la vidéo : 6 min
En cas de conflit, les médecins militaires sont les premiers sur les terrains de guerre pour sauver leurs frères d’armes, au péril de leur vie. Mais certains sont
désormais prêts à tout pour quitter l'armée, jusqu'à se faire réformer.
Quand on commence à travailler sur les médecins militaires, sans surprise, on se heurte à un mur. Les messages que nous avons reçus en témoignent. Exemples
: "J'ai été convoqué par ma hiérarchie pour me rappeler mon devoir de réserve", rapporte l'un. Un autre : "Je n'ai que des coups à prendre et rien à gagner".
Ou encore, "merci malgré tout de vous intéresser à notre cause".
Après des semaines de discussions, une jeune chirurgienne militaire accepte de briser le silence. Malgré sa passion pour le terrain, elle développe un
burn-out. Quand elle part en mission, c'est pour trois mois. Au Tchad, au Niger, les opérations extérieures s'enchaînent. "La charge est extrême, dit-elle. On voit des
soldats blessés. Quand on revient, on est remis au travail et on n'a pas le temps de se rendre compte si ça va ou pas. On est corvéable et on n'a pas le droit de se plaindre". Après un
arrêt maladie de 10 mois signé par un psychiatre, elle finit par quitter l'armée, épuisée par un management qu'elle considère violent.
Pas moins de 217 départs l'an dernier
Elle n'est pas la seule à avoir claqué la porte. Selon une liste que nous nous sommes procurée, des dizaines de médecins militaires parmi les plus qualifiés ont
quitté l'armée. Le ministère de la Défense confirme : L'année dernière, 217 médecins ont quitté l'armée, dont 44 réformés pour raisons médicales, avec pour certains des arrêts de travail de
complaisance.
Sous couvert d'anonymat, un gradé évoque sans détour un service de santé à bout de souffle. "Tout le système est en train de s'écrouler,
assure-t-il. D'ici peu, il n'y aura plus de service de santé des armées. Lorsque vous allez partir en mission, vous risquez de partir simplement avec une trousse de secours". En
dix ans, conséquence des réductions de budget, le service de santé a perdu 10% de ses troupes. Selon le Sénat, c'est "l'éternel sacrifié (...) proche d'un point de rupture" (en PDF). Les hôpitaux militaires ont même un quart des
effectifs en moins.
A Metz et à Lyon, blocs opératoires, urgences et services ont fermé les uns après les autres, au point, selon un rapport de la Cour des Comptes daté de début octobre de mettre
en danger les soldats en cas de conflit. "Le service de santé des armées, écrit le rapport, est dans l'incapacité, aussi bien sur le plan humain que matériel, de
soutenir l'hypothèse d'engagement majeur".
Un constat confirmé par l'exercice militaire Orion mené cette année pendant plusieurs mois. Il s'agissait de simuler un conflit majeur et les médecins n'ont pu
soigner que vingt blessés par jour alors qu'il faudrait, en cas de guerre, pouvoir en traiter plusieurs centaines, selon le Sénat.
Un parcours du combattant pour s'en aller
Certains médecins militaires sont prêts à tout pour quitter l'institution. Formés, payés par l'armée tout au long de leurs études, ils doivent en contrepartie
vingt-sept ans et demi de service sous les drapeaux. Certains sont loin du compte. C'est le cas d'un officier urgentiste que nous avons rencontré. Devenu père de famille, il ne supportait
plus les cadences liées à la baisse des effectifs. "A 17 ans, on s'est engagé pour 28 ans et on a six mois pour réfléchir. Après, c'est plié", raconte-t-il.
Sa vie de famille a explosé et ses trois demandes de démission ont toute été refusées. "Au bout de la troisième demande, j'ai bien compris que l'armée ne
voulait pas nous laisser partir. Je suis allé voir un collègue médecin, il m'a fait un arrêt maladie et la demande a été acceptée".
Lors de notre enquête, près de dix médecins nous ont confirmé avoir procédé ainsi pour quitter l'armée. L'un d'eux précise : "On était tout le temps en
mission, et quand on rentrait en France, on avait un outil de travail merdique. La situation est tellement inextricable qu'ils ont laissé faire les psychiatres. Mes copains et moi, on a tous des
certificats où on est reformé pour cause psychiatrique sans trouble psychiatrique sous-jacent".
Après l'armée, l'attrait pour le civil et de plus hauts salaires
Etonnamment, ces anciens militaires, même réformés psychiatriques, n'ont aucun mal ensuite à se recaser dans le civil avec, disent-ils, de meilleurs conditions de
travail et des salaires deux fois supérieurs.
Mais avant de reprendre leur activité, ces anciens militaires doivent passer devant le Conseil de l'ordre qui les examine. Le docteur Damien Mellet,
conseiller national au Conseil de l'ordre des médecins les voit arriver chaque année plus nombreux. "30 ou 35 ans, ce sont les plus jeunes médecins que nous recevons, précise-t-il. Nous
devons déterminer leur capacité à exercer la médecine sans mettre en jeu la santé des patients."
Sollicité, le service de santé des armées affirme être conscient de l'hémorragie et promet notamment une hausse de 460 médecins avant 2030, ainsi qu'une enveloppe
de 240 millions d'euros pour revaloriser les salaires.
Parmis nos sources :
Rapport du Sénat (2019/2020)
Rapport Cours des comptes (octobre 2023)
Tableau ex-médecins militaires fourni par l'Ordre des médecins (L'oeil
du 20 h)
L’édito de Charles SANNAT
« L’armée n’arrive plus à recruter de soldats et les jeunes ont des capacités physiques diminuées ! Poutine tremble… ».
C’est un reportage de France Info que vous pouvez écouter (source
ici) et qui est assez édifiant sur l’état de l’armée française, sur notre capacité à recruter des soldats et de manière générale sur notre possibilité même d’aller faire la guerre, au
moment même où nos dirigeants montrent des muscles que nous sommes loin, bien loin d’avoir.
Faire la guerre.
C’est une activité hélas vieille comme le monde. Toute personne douée du sens de survie sait que la guerre est un ultime recours et que lorsque l’on s’y lance,
c’est le plus motivé qui l’emporte, que la guerre est un combat à mort, elle est existentielle.
Faire la guerre.
Cela nécessite une grosse motivation, le sens du sacrifice, l’effort, l’engagement total.
Il n’y a pas de place pour les menteurs, les pétochards ou les « cocheurs » de cases Excel en chaussures de ville aux bouts pointus qui donneraient
l’assaut aux positions russes en trottinettes électriques la charge étant menée par Anne Hidalgo (je vous laisse imaginer la scène dans les plaines ukrainiennes).
Voilà, peu ou prou l’état de notre armée… et de notre population.
N’imaginez pas un seul instant que je sois dans la critique de nos militaires, valeureux, qui sont sacrifiés, bien souvent bien loin de chez eux, pour des
guerres que nous perdons depuis 70 ans systématiquement.
Vous comprenez l’idée générale j’espère.
Une armée. Faire la guerre.
D’accord mais pour quoi faire ?
Disons nous les choses telles quelles doivent l’être.
Un
« non » pays n’a qu’une « non » armée.
J’aimais mon pays, mais qu’est devenu mon pays ? Vais-je mourir pour ce qu’il en reste et ce que l’on nous en promet ?
J’aimais l’Europe mais vais-je me sacrifier pour sauver Kiev contre la Russie, la Russie qu’aucune armée à travers l’histoire, de Napoléon à Hitler n’a su
vaincre ?
Vais-je me sacrifier pour Bruxelles ?
Pour l’Otan ou Joe Biden le mort vivant ?
Pour Macron, qui est tellement pétochard qu’il a renoncé à visiter Kiev le jour de la Saint-Valentin… remarquez il pouvait pas, il fallait qu’il invite son
amoureuse Brigitte au Mac-Do je suppose.
Pour quoi vais-je me sacrifier ?
Pour quelle idée ? Pour quelle vision qui me dépasse et qui me transcende ?
En fait, de vous à moi, pour qui dois-je mourir ?
Si c’est pour Macron c’est à mourir… de rire ! Mais en semblant, pas pour de vrai.
Une crise des
vocations…
« Alors qu’Emmanuel Macron prône le
réarmement de la société française, des milliers de soldats manquent à l’appel, notamment dans l’armée de Terre. Pour la première fois en dix ans, en 2023, il a manqué environ 2 500 soldats
au plus gros recruteur français. C’est le chef d’état-major lui-même qui a tiré la sonnette d’alarme, en automne dernier.
L’armée de Terre par exemple – en gros
120 000 personnes – doit recruter chaque année entre 15 000 et 16 000 soldats. L’an dernier a été compliqué, reconnaît le général Bruno Louisfer, sous-directeur du pôle recrutement jeunesse
de l’armée de Terre : « On a eu un premier semestre très difficile à l’instar de beaucoup de recruteurs, qu’ils soient du privé ou du public. Et puis un deuxième semestre beaucoup plus
satisfaisant. Mais le retard pris au premier semestre ne nous a pas permis d’atteindre nos objectifs en 2023. »
1ère mauvaise
nouvelle pour l’armée française.
Elle manque de soldats parce que personne n’a envie d’aller se faire tuer pour rien ou pour pas grand-chose.
Mourir, c’est déjà pas marrant.
Mourir pour rien c’est carrément con.
Mourir parce que les armées sont transformées en « milices » privées veillant avant tout aux intérêts de quelques grandes multinationales c’est encore
pire et nous touchons le fond.
Le militaire devient mercenaire… le salaire de la peur en moins.
Absurde.
Quand il n’y a pas de sens à l’engagement, il n’y a plus d’engagement !
C’est la même chose avec le consentement à l’impôt ! Les citoyens finissent par aller se faire taxer ailleurs. Alors les Etats, forcent les gens à payer les
impôts quand il n’y a plus assez de volontaires.
A l’armée cela s’appelle la conscription et le service obligatoire. Ne vous leurrez pas, l’Etat finira par y être contraint si nos politiques souhaitent
poursuivre sur la voie funeste du sentier de la guerre et ne veulent pas aller fumer le calumet de la paix.
Deuxième
mauvaise nouvelle pour l’armée française
« Autre problème : des jeunes
veulent s’engager mais n’ont pas toujours, au départ, les critères physiques requis, à cause de la sédentarité ou du manque de sport. C’est le constat du capitaine Milena, cheffe de section à
l’École Nationale des sous-officiers à Saint-Maixent L’École, dans les Deux-Sèvres. « Ce sont des niveaux très faibles. Que ce soit sur des choses très basiques comme des pompes, de la
course à pied et après même la natation ou le grimper de corde. Là ou on pourrait se dire que des jeunes qui ont le projet de s’engager dans l’armée se prépareraient physiquement, au moins
sur la course à pied et les pompes, on a quelques désillusions », juge-t-il. »
Et oui… non seulement on manque de recrues, mais les recrues qui arrivent sont nulles.
En mathématiques on le savait déjà, en français pas mieux, mais maintenant les jeunes ne savent plus courir.
C’est une évidence que découvre l’armée, et elle n’est pas au bout de ses peines et c’est parti pour durer car chez les plus jeunes c’est déjà l’effondrement
physique.
Dans mon petit club de foot dans mon petit coin de Normandie, nous avions des dizaines de gamins chaque week-end pour pousser la balle. Nous en avons chaque
année de moins en moins. Pire. A partir de 13 ans, dans notre petite ville de 10 000 habitants, nous avons même du mal à former une équipe de 11 gosses à partir de 12/13 ans. Faut dire qu’il
fait froid, qu’il pleut et que c’est fatigant. Le canapé c’est mieux et les consoles aussi…
Nous préparons des générations de larves qui ne vont pas faire trembler le Kremlin si vous voyez ce que je veux dire. A partir de la 6ème les gosses reçoivent
le « smartphone » cadeau empoisonné de leurs parents, et nous les perdons. C’est la chute rapide. Ils se mettent à frotter l’écran avachis dans un canapé à « swipper » les
vidéos débiles de Tik-Tok toute la journée, avec la bénédiction du politburo chinois qui se marre du tour de con qu’il joue à notre jeunesse et à l’affaiblissement qu’il provoque
volontairement. Car c’est une guerre et nous la perdons.
3ème mauvaise
nouvelle pour l’armée…
« Dans la Marine, l’objectif a été
atteint l’an passé mais l’équilibre reste fragile d’après le capitaine de Corvette François Sechet, responsable RH pour l’Île-de-France, le Centre-Val de Loire et les Outremers. « Ce
serait mentir que de dire que c’est très facile de recruter 4 200 jeunes par an. C’est un combat de tous les instants, parce que les jeunes que l’on recrute nous, notamment dans la Marine, ce
sont des jeunes qu’on va chercher à partir du niveau bac. Ça nécessite de se remettre en question régulièrement, d’être vraiment à l’écoute de la jeunesse française, de leur présenter comment
ils peuvent trouver un vrai épanouissement chez nous », explique le capitaine de Corvette.
Les militaires se fixent toujours cet
objectif : 6 000 postes doivent être créés d’ici à 2030. Pour y parvenir, l’armée investit plus d’argent dans les méthodes de recrutement, avec notamment une présence massive sur les réseaux
sociaux ou le recours à des influenceurs pour promouvoir les métiers et le matériel de guerre. « C’est aussi une façon de montrer à notre public qu’on est accessibles. Ce n’est pas parce
qu’on est en treillis qu’on est inaccessibles, explique le général Bruno Louisfert. Les jeunes que nous avons sont des jeunes de leur époque. Donc ils vivent avec TikTok, Instagram, dans nos
rangs. Ça permet de donner l’idée aux jeunes de se dire : ‘ah mais je ne pensais pas à ça, je croyais que ce n’était pas fait pour moi, il faudrait quand même que je me renseigne.’ Après il
faut aussi démystifier les choses, tout le monde n’a pas vocation à être commando parachutiste, il y a beaucoup d’autres métiers dans l’armée de Terre. »
Voici que l’armée cède à l’époque et à l’ambiance.
Elle développe sa « marque employeur » (je me marre), parle carrière et épanouissement (je me bidonne), et tout le tralala des cabinets de conseils
remplis de consultants pétochards et « cocheurs » de cases Excel en chaussures de ville au bout pointus qui viennent bosser au ministère de la défense… en trottinettes électriques
évidemment.
On ne rentre pas dans l’armée parce que l’on a vu un clip sur Tik Tok !
On rentre dans l’armée pour protéger son pays, sa famille et sa maison.
On rentre dans l’armée en sachant que l’on risque de mourir.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas quelques petites astuces pour améliorer le recrutement, mais certainement en communiquant sur l’épanouissement en treillis
hahahahahaha…. franchement.
Pourquoi accepte-t-on
de mourir ?
Soit parce que l’on y est forcé par un camarade commissaire politique qui va vous tirer dans le dos, soit parce que, le patriotisme, l’amour de son pays, de sa
terre, de son peuple et de sa culture mérite votre sacrifice suprême, celui de votre vie.
Tout le reste c’est des âneries de boîtes de conseils, et au premier coup de canon les « soldats » partiront en courant la queue entre le
jambe.
Aimer son pays est du fascisme depuis maintenant 40 ans. Forcément, c’est dur de recruter pour l’armée !
Il y a bien une 3ème raison pour laquelle on peut accepter de mourir. Le pognon !
En Irak un mercenaire touchait 12 000 dollars pas mois. Loin de la solde du bidasse de base chez nous. Forcément, côté candidats, il y a plus de
volontaires.
Si l’on veut une armée payée au prix d’une solde de soldat, alors il faut une nation à défendre, une patrie, une doctrine, un peuple, une vision, une
souveraineté.
Si l’on veut détruire les nations, le patriotisme et le nationalisme pour faire émerger les Etats-Unis d’Europe, alors la crise des vocations dans l’armée
française sera durable et profonde et de plus en plus grave, c’est aussi prévisible que normal.
L’armée doit comprendre qu’elle n’existe déjà plus, parce qu’elle est l’armée d’une nation qui est en train de disparaître.
Pour survivre l’armée devra soit participer au fait de refaire nation, nationalisme et patriotisme, soit, accepter de devenir une entreprise privée de
mercenaires et de miliciens au service non pas d’un pays, d’une nation et d’une population appelée peuple, mais d’un client capable de payer.
Je ne suis pas certain qu’à l’état major le problème ait été posé ainsi, et pourtant c’est bien cela le vrai sujet de fond, c’est bien à cela qu’il faut
apporter une réponse « marketing », ceux qui parlent « d’épanouissement » n’ont strictement rien compris, ou plus vraisemblablement, ne veulent surtout pas comprendre, ils
sont donc condamnés à apporter les mauvaises réponses.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel
Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la
lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »
Quoi d’étonnant ? Lorsque notre PR s’échine à « vendre » toujours plus d’Europe, à déconstruire la Nation, ses racines, ses
traditions, sa souveraineté , il n’est pas surprenant que de nombreux jeunes n’aient pas envie de risquer leur vie pour une prétendue « supra-nationalité » Européenne qui n’a jamais
existé.
Ajoutez à cela que la solde permet tout juste de vivre…Que le matériel manque et/ou est indisponible…
Ainsi, les jeunes fuient les casernes, les écoles d’officiers et de S/Officiers se vident…Les dividendes de la Paix sont là mais la guerre est à
notre porte et nous n’avons pas plus d'une semaine de munitions d'avance dans nos hangers…BRAVO QUI ?
JMR
France : L’armée de terre peine à recruter et retenir ses soldats
L’armée de terre française se
démène pour recruter et retenir ses soldats, alors qu’il a manqué 2000 recrues en 2023. Dans la grande muette, les frustrations s’accumulent, alors que les missions «Sentinelle»
s’accumulent et que les perspectives d’Opex en Afrique s’éloignent.
En 2023, pour la première fois, il a manqué plus de 2000 soldats à l’appel par rapport aux objectifs de recrutement, selon le chef d’état-major de
l’armée de terre française, Pierre Schill.
Avec la baisse drastique des effectifs militaires prévue par le gouvernement en Afrique, dans la foulée du départ forcé des troupes françaises du Mali,
du Burkina Faso puis du Niger, les rêves de «sable chaud» s’éloignent.
En parallèle, les armées se voient fortement sollicitées sur le territoire français. L’opération Sentinelle, lancée après les attentats djihadistes de
2015, a été renforcée en octobre 2023, pour monter jusqu’à 7000 soldats en patrouille, après l’assassinat d’un professeur par un jeune fiché pour radicalisation islamiste.
Plus de 15 000 militaires seront, par ailleurs, mobilisés pour les JO de Paris et plusieurs milliers d’entre eux camperont cet été sur la pelouse
parisienne de Reuilly.
«On ne s’engage
pas pour monter la garde mais pour des missions qui ont du sens», s’emporte sous couvert d’anonymat un jeune officier qui a été déployé au Sahel dans le cadre de l’opération
antidjihadiste Barkhane, terminée en 2022.
Pendant près de dix ans, les opérations extérieures françaises au Sahel ont permis à toute une génération de militaires français d’acquérir une
expérience au combat mais aussi d’obtenir des soldes supérieures, puisque les primes «Opex» permettent en moyenne de la multiplier par 2,5. «Ces éléments vont
manquer et compliquer le recrutement et la fidélisation», admet un ancien haut gradé.
«Image brouillée de la fonction militaire»
«Plus qu’un
changement de contexte des opérations à l’extérieur, ce qui peut peser, c’est une image brouillée de la fonction militaire», estime Bénédicte Chéron, maître de conférences à
l’Institut catholique de Paris. «Si l’armée de
terre apparaît comme une force équivalente à la police ou à la gendarmerie», les jeunes Français peuvent ne pas comprendre ce qui différencie cet engagement de la surveillance
des espaces publics, poursuit-elle.
L’armée de terre, parmi les premiers employeurs de France, recrute jusqu’à 16 000 personnes chaque année. Un immense défi, avec un modèle social à
soutenir : 50% des sous-officiers sont issus des militaires du rang et 50% des officiers sont d’anciens sous-officiers.
La France s’en sort un peu mieux par rapport à d’autres armées européennes comme l’Allemagne qui se pose la question de réintroduire le service
militaire, ou encore le Royaume-Uni où pour huit militaires qui quittent les rangs des armées (retraites, démissions…) seuls cinq sont recrutés, selon un rapport parlementaire.
Mais la condition militaire et ses contraintes familiales restent un désavantage sur un marché du travail actuellement très concurrentiel. En outre, le
vivier de jeunes recrues potentielles baisse, en raison de la démographie mais aussi d’un mode de vie plus sédentaire et moins sportif qu’auparavant.
Les frustrations s’accumulent
Dans les armées, «vous trouverez
une cohésion que vous ne trouverez nulle part ailleurs», commente le jeune officier, qui déplore toutefois «une somme de
frustrations» au sein des régiments, «entre les
infrastructures en mauvais état, l’entraînement qui est faible, le manque de grosses munitions (missiles), les limites sur l’emploi des moyens (blindés)» et les lourdeurs
administratives.
Pour fidéliser les troupes, les armées font des efforts pour améliorer les conditions de vie des familles, avec un nouveau plan doté de 750 millions
d’euros sur la période 2024-2030.
Du côté des ressources humaines de l’armée, on tente de rester optimiste, évoquant des recrutements pour 2024 «encourageants».
«Notre
mot d’ordre c’est : «Viens faire de ton métier une aventure»», fait valoir le directeur des ressources humaines de l’armée de terre, le général Marc Conruyt, ancien commandant de
Barkhane. «Nous sommes
capables d’offrir à nos jeunes compatriotes des vies un peu singulières, des aventures exceptionnelles, des missions que seuls les militaires ont le droit de faire»,
affirme-t-il, en énumérant le large éventail d’opérations possibles en servant sous les drapeaux : «Faire de la
solidarité stratégique en Roumanie, en Estonie, passer quatre mois sur le fleuve Maroni en Guyane ou dans la jungle pour lutter contre l’orpaillage illégal, aller dans le Pacifique ou
en Nouvelle-Calédonie, faire de la formation en Irak…»
Réponse à les chars jouent un rôle majeur, l'aviation joue un rôle majeur, seulement il y a un petit problème, on ne parle pas de bombes conventionnelles, mais de bombes bactériologiques et
chimiques, on ne parle pas de bombes soi disant nucléaires cela est un autre sujet, l'Amérique encensée par l'Europe entière diffusera quand le moment sera venu des produits très toxiques qui
détruira toutes formes de vies, les pays européens seront visés car l'Amérique veut refaire l'Europe à son image, c'est-à-dire détruire l'Europe jusqu'à ses fondements, la Russie et la Chine est une
autre chose, le partage de la planète c'est Océania, Eurasia, et Estasia.
#1
tiso(vendredi, 19 août 2022 22:02)
Nous ne parleront pas d'avant 1946, mais pour une conspiration de cette importance, il faut plus que vingt ans, elle englobe tous les domaines de la société, si nous parlions du cancer nous pourrions
dire que nous sommes actuellement en phase finale.
tiso (dimanche, 09 avril 2023 19:03)
Réponse à les chars jouent un rôle majeur, l'aviation joue un rôle majeur, seulement il y a un petit problème, on ne parle pas de bombes conventionnelles, mais de bombes bactériologiques et chimiques, on ne parle pas de bombes soi disant nucléaires cela est un autre sujet, l'Amérique encensée par l'Europe entière diffusera quand le moment sera venu des produits très toxiques qui détruira toutes formes de vies, les pays européens seront visés car l'Amérique veut refaire l'Europe à son image, c'est-à-dire détruire l'Europe jusqu'à ses fondements, la Russie et la Chine est une autre chose, le partage de la planète c'est Océania, Eurasia, et Estasia.
tiso (vendredi, 19 août 2022 22:02)
Nous ne parleront pas d'avant 1946, mais pour une conspiration de cette importance, il faut plus que vingt ans, elle englobe tous les domaines de la société, si nous parlions du cancer nous pourrions dire que nous sommes actuellement en phase finale.