« Soyez réalistes, demandez l’impossible » déclarait le révolutionnaire Ernesto Che Guevara. Tel est bien ce qui semble se passer
aujourd’hui, et peut-être demain, entre deux pays en guerre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à savoir les deux Corée avec ce que l’on qualifie déjà de
« détente »1. Le lancement des Jeux Olympiques d’hiver le 9 février 2018 en Corée du sud à
Pyeongchang est éclipsé par l’offensive diplomatique de charme de la Corée du nord avec la présence de la sœur de Kim Jong-un sur le site olympique2. Hier encore, on nous parlait de guerre. Aujourd’hui, on pense paix. Quel changement sémantique intervenu sur un aussi court laps de temps ?
Débouchera-t-il sur un changement géopolitique et stratégique dans la région ? Les meilleurs experts de Washington semblent avoir été surpris par la tournure
subitement prise par la crise, saisis qu’ils étaient par l’idéologie, cette maladie qui consiste à préférer les idées au réel. Chinois et Russes restent discrets. L’Union européenne et son
pléthorique et inefficace service européen d’action extérieure sont aux abonnés absents. La France parle pour ne rien dire, une fois de plus. Que ne ferait-on pas pour exister ? Même si à ce
stade, il est prématuré de tirer des conclusions définitives (« les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir » nous rappelle fort à propos l’humoriste
Pierre Dac), nous pouvons essayer de rechercher quelques grandes lignes de force caractérisant l’évolution de la situation diplomatique. Comment est-on passé d’une situation de crise à une
atmosphère apaisée, du moins sur le court terme ? Qui semblent être les gagnants et les perdants de cette redistribution des cartes dans la région et au-delà ? Quelques remarques
s’imposent sur les réactions stupides du Quai d’Orsay dont le train est resté en gare.
LA DIVINE SURPRISE : DE LA GUERRE À LA PAIX ?
Depuis des mois, nous prenions l’habitude d’entendre des bruits de bottes sur les grandes places de Pyongyang et d’assister à des manœuvres américaines au large de
la péninsule coréenne. Désormais, les militaires coréens laissent le champ libre aux diplomates des deux pays.
Bruits de bottes et boutons nucléaires
Il y a quelques semaines encore, nos experts les plus distingués (les « toutologues » chers à Régis Debray) nous annonçaient, sur les plateaux des
chaines d’information en continue, l’imminence d’une guerre nucléaire entre les États-Unis et la Corée du nord. Pour cela, ils décryptaient les échanges de tweets – nouvelle arme de communication
massive de la diplomatie du XXIe siècle – entre les deux joueurs de poker menteur (« twitterman » et rocketman »). Le ton montait, chacun prédisant la
destruction de l’autre. Les deux protagonistes en arrivaient même à comparer la grosseur de leur bouton nucléaire. Horresco referens ! Chaque tir de missile du dictateur
nord-coréen était suivi d’un avertissement de l’ancien magnat de l’immobilier américain. Chacun fourbissait ses injures avant de fourbir ses armes. La guerre des tweets faisait rage. Les deux
lutteurs pratiquaient à merveille la diplomatie du bord du gouffre. Le monde retenait son souffle avant le grand chambardement, « la danse des neutrons, l’atome en
goguette, le ping-pong des planètes, le quadrille des fusées et des torpilles, se crêpant le chignon à coups de champignons … » pour reprendre quelques
expressions de la délicieuse chanson de Guy Béart.
La question n’était plus de savoir si mais quand la guerre interviendrait dans cette région du monde3. L’arme nucléaire, qui était restée une arme de dissuasion, une arme de non-emploi pendant toute la Guerre froide était en passe de changer de nature. Elle était
en passe de se transformer en arme d’emploi comme un vulgaire obus conventionnel (Cf. la nouvelle doctrine nucléaire américaine sur les « Mini Nukes »). Une révolution
copernicienne, de l’avis des stratèges, était en préparation. Le monde incrédule se préparait au grand soir, ne sachant pas par quel bout prendre le problème nord-coréen, ce monde qui avait mis
treize ans à désamorcer l’arme nucléaire iranienne. Que penser de la pérennité du régime de non-prolifération nucléaire mis à mal par les foucades du dirigeant de la Corée du nord ? Ne
fournissait-il pas un excellent argument aux proliférateurs de tout poil ?
Place à la diplomatie et aux palabres asiatiques
Ô surprise, divine surprise, la diplomatie du sport intervient pour calmer le jeu, pour apaiser les tensions, pour accroître la confiance4. Il y trois semaines, le très jovial dirigeant Kim Jong-un annonce qu’il enverra une équipe de sportifs nord-coréens participer aux Jeux Olympiques d’hiver
organisés par la Corée du sud à Pyeongchang à compter du 9 février 2018. Foucade ou réalité ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Les sportifs des deux Corées défilent sous la même bannière, celle
de la Corée réunifiée, lors de la cérémonie d’ouverture. Les « pom-pom girls » venus de Pyongyang encouragent bruyamment les Corées lors de toutes les compétitions5. C’est du jamais vu depuis la partition du pays dont les cicatrices sont encore à vif des deux côtés de la ligne de démarcation matérialisée par les
38ème parallèle6.
Une première depuis plus d’un demi-siècle. Qui plus est, la sœur du dirigeant nord-coréen fait le déplacement, rencontre le président sud-coréen et lui transmet une
invitation officielle à se rendre « dès que possible » en visite en Corée du nord7. De la diplomatie belliqueuse, on passe à la diplomatie de la main tendue. Des échanges d’invectives, on passe aux échanges d’amabilités. Qui l’aurait cru, il y
a quelques semaines encore. Incroyable mais vrai. Le monde est imprévisible, souvent au plus mauvais sens du terme, parfois dans son meilleur sens. De la difficulté de la prévision ! Nous ne
saurions bouder notre plaisir. L’horizon bouché semble se dégager comme un ciel chargé après un orage retrouve sa couleur bleue grâce à un soleil complice. Metternich ne disait-il pas
que « le rôle du diplomate est d’accourir avec un seau partout où le feu menace » ? Le diplomate est un soldat dans le civil, prétend-on dans les boutades entre
l’épée et le bicorne. Cela bien être le cas aujourd’hui en Corée !
Cette volte-face nord-coréenne, encouragée par une présidence sud-coréenne peu attirée par le langage guerrier de Donald Trump8 s’accompagne de son traditionnel lot de gagnants et de perdants, du moins sur le court terme tant il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif de
cette éclaircie dans le ciel coréen9.
GAGNANTS/PERDANTS : LA NOUVELLE ÉQUATION CORÉENNE
Une question se pose à tous les amateurs de relations internationales et les férus de diplomatie. Qui est à l’origine de ce dégel, de cette baisse de la tension
entre les deux Corée ? Nul ne le sait encore. Les voies de la diplomatie sont aussi impénétrables que celles du Seigneur.
Les bénéficiaires de l’éclaircie olympique
Toujours est-il que nous percevons les bénéficiaires de cette subite éclaircie dans un ciel plombé depuis plusieurs mois. Les Coréens qui aspirent à la paix sont
les premiers touchés par cette soudaine accalmie rendue possible par le miracle des Jeux Olympiques d’hiver10. La détente s’engage entre les deux pays11. La Corée du nord se voit reconnaître comme un interlocuteur
incontournable12 alors dont on ne sait pas grand-chose sur le plan économique13. La Corée du sud qui s’émancipe de la tutelle pesante du grand frère américain14 et dont le président Moon Jae-in privilégie l’approche coopérative patiente à la voie coercitive aléatoire15.
Le chef de l’État apparait comme le vainqueur des JO16. Il est toujours mieux de laver son linge sale en famille. Les Chinois, qui ne veulent pas voir la péninsule s’embraser, se félicitent de voir ce mauvais coup
porté aux Américains qui dénoncent à longueur de colonnes l’espionnage à grande échelle de Pékin et le dumping commercial de l’Empire du milieu qui nuit à l’emploi de l’Oncle Sam17. Ils abordent l’année du chien (celle des conflits) en position de force. Les Russes, qui prônent le dialogue depuis le début de la crise et qui ne doivent pas
être mécontent de moins faire la une des journaux d’Outre-Atlantique en termes d’ingérence dans la campagne pour les élections présidentielles remportées par Donald Trump, doivent rire sous cape.
Le lobby militaro-industriel américain, qui profite in extremis du paroxysme de la crise, pour obtenir l’engagement de coûteux programmes d’armes nucléaires tactiques. Cela se
chiffre en milliards de dollars. C’est du sérieux et du lourd.
Au passage, qu’aurait-on dit si Vladimir Poutine avait pris une telle décision ? Les accusations auraient succédé aux admonestations… sans parler des
sacro-saintes sanctions18. Au contraire, c’est la Russie qui est accusé d’être une menace justifiant une
adaptation de la stratégie de l’OTAN19. Surtout depuis l’adresse du président russe du 1er mars 2018 au
cours duquel il a annoncé l’existence de nouvelles armes balistiques nucléaires20.
En dernière analyse, tous ceux qui sont attachés à la paix et la sécurité internationales (formule reprise de la charte de l’ONU) applaudissent des deux mains cette
initiative, se réjouissant du mauvais coup porté au pyromane américain (Cf. ses exploits en Afghanistan, Irak, Somalie…) et ses prétendues « guerres humanitaires »21. Comme le souligne justement Alain Joxe : « la dominance stratégique des États-Unis produit des guerres sans fin »22. Le monde commence à se désintoxiquer de la drogue atlantiste et du bellicisme de Washington. Ce qui est un bien pour le renforcement de la paix et de la
sécurité internationale. Après les gagnants, quels sont les perdants de l’opération séduction nord-coréenne ?
Les dindons de la farce sportive
Nous entrevoyons également les dindons de cette farce sportive. Une fois encore, les cartes sont rebattues dans cette partie de l’Asie. « Il n’y a que deux
puissances au monde : le sabre et l’esprit. À la longue, le sabre est toujours vaincu par l’esprit » nous rappelle fort opportunément Napoléon Bonaparte23. Donald Trump voit la solution d’un conflit potentiel lui échapper et, par là-même, l’Amérique perdre son statut de « nation
indispensable »24 en Asie après le Proche et le Moyen-Orient. Le maniement de la ligne dure,
choisie par Donald Trump et son administration, semble avoir été soudain contourné et montre les limites de l’intransigeance25.
L’Amérique est de moins en moins incontournable dans le monde comme elle l’était encore il y a quelques années encore au moment de ce bref « moment
unipolaire » qui succède au duopole américano-soviétique. Sur le plan international, le leadership et le soft power américain ont été ruinés26. Pire encore, les États-Unis, qui incarnaient la garantie or de la stabilité occidentale, sont démonétisés. Mike Pence, le vice-président américain, qui a fait
le déplacement en Corée du sud, déclare que Washington est disposé à discuter avec la Corée du nord tout en refusant de serrer la main de la sœur du dirigeant nord-coréen !27
Avec l’effacement stratégique américain (Washington est contraint à broder sur la fourniture d’armes chimiques de Pyongyang au régime de Damas), les comparses
chinois et russes apparaissent de plus en plus impliqués, présents et actifs dans la conduite des relations internationales. Avec les « routes de la soie » pour les premiers et avec la
Syrie pour les seconds. Les idiots utiles, qualifiés d’alliés à l’OTAN en perdent leur latin. Le dogme de l’église atlantique est remis en cause, en question par quelques pouilleux et autres
gueux de bas étage. Les hérétiques sont encore présents et font entendre leur voix. Le régime de non-prolifération nucléaire, dont la clé de voûte est le TNP (traité de non-prolifération
nucléaire), est écorné, lui qui ne prévoit que l’existence de cinq puissances nucléaires légitimes : États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France. L’illusion est parfaite, mais la
réalité est triviale. Le club s’est progressivement élargi aux pays qualifiés pudiquement de « pays du seuil » : Israël, Inde, Pakistan (non signataires du TNP) et, désormais, à la
Corée du nord (ayant quitté fort à propos le TNP au milieu du gué). Au moment où Washington veut asphyxier l’ancienne perse28, Téhéran doit en pâlir d’envie alors que l’Iran est récompensé de son respect de l’accord avec les cinq par de nouveaux trains de sanctions américaines
justifiées par son programme balistique et son ingérence dans le conflit syrien.
Quand on pense que l’ICAN (la campagne internationale pour l’élimination des armes nucléaires) e été récompensé par les Nobel de la paix pour son pseudo-traité sur
l’interdiction des armes nucléaires, signé par aucune des puissances nucléaires mais par quelques États membres de l’OTAN dont la stratégie de dissuasion nucléaire est toujours en vigueur29. Vive la diplomatie des rêves et des chimères ! Le seul principe de gestion des affaires internationales, c’est le rapport de
force. « Nous sommes bien parvenus à une révision des rapports de puissance et à l’heure d’une réévaluation stratégique globale » comme le souligne si justement Hélène
Carrère d’Encausse30.
Charité bien ordonnée commence par soi-même a-t-on coutume de dire. Qu’en est-il de la position de notre douce France telle qu’exprimée publiquement par son
excellent chef de la diplomatie ?
LE QUAI RESTÉ À QUAI : LA FRANCE QUI TOMBE ?
Grâce aux relations par les médias des paroles illustres de notre chef de la diplomatie française – le brillant successeur de Laurent Gaffius -, nous découvrons de
nouvelles facettes de Jean-Yves Le Drian. Celui dont les dirigeants socialistes réclament impérativement qu’il effectue un choix entre la République en marche de Jupiter et le champ de ruines de
la rue de Solférino. Il est tout à fait à l’aise avec les robinets d’eau tiède et l’enfoncement de portes ouvertes.
Un superbe robinet d’eau tiède en période d’inondation
Quant à la France, dont la « voix est attendue et entendue » (si l’on croit ce que nous racontent de façon pavlovienne nos bonimenteurs qui nous
servent de dirigeants), elle mérite une mention particulière, un prix spécial du jury. Un bonnet d’âne devrait être attribué à l’ancien professeur d’histoire qu’il fut il y a bien longtemps et
qui est aujourd’hui notre très sagace ministre de l’Europe et des Affaires qui lui sont de plus en plus étrangères, Jean-Yves Le Drian. Celui qui avait fait des offres de service sur le dossier
coréen dans son long entretien récent accordé au Figaro31. Quelles paroles historiques prononce-t-il lors de son déplacement sur le site
des JO d’hiver ? Cela vaut son pesant d’or pour un homme dont le plus clair du travail consiste à œuvrer pour la paix. Peut-être a-t-il omis de penser qu’il n’était plus le ministre de la
Défense de François Hollande.
Que nous dit ce Nostradamus de la diplomatie française ? « Imagine, la colombe et aussi cette montée de la flamme avec ces deux jeunes femmes, une
Sud-Coréenne et une Nord-Coréenne, ce sont les symboles les plus forts » déclare notre nouveau Talleyrand le 10 février 2018 lors d’une conférence de presse au Club France de
Pyeongchang, au lendemain de la cérémonie d’ouverture à laquelle il a assisté32. N’était-ce pas la place du ministre des Sports sauf à vouloir jouer les
potiches auprès des grands de ce monde qu’il n’a semble-t-il pas rencontrés ? C’est ce que l’on qualifie de diplomatie de témoignage. Mais, la suite de son entretien aux médias français est
de meilleure facture. C’est du lourd, du très lourd. Nous allons pouvoir en être témoin.
Un brillant enfonceur de portes ouvertes
« On a failli se dire ‘l’olympisme a réussi, on est en paix’. Mais ça n’est qu’une trêve. Et par définition, une trêve, ça a une fin » ajoute notre
devin de pacotille, rappelant la position de la France et de la communauté internationale sur ce dossier, à savoir « la nécessaire dénucléarisation de la Péninsule ». Et
d’ajouter très doctement : « Peut-être qu’hier des petits cailloux ont été posés dans cette direction, mais c’est à voir » (il nous refait la fable du petit poucet). Et de
conclure : « On a vécu le rêve olympique qui est celui de la réconciliation et de la paix. On verra. C’est une trêve et c’est une très bonne nouvelle. Elle est même renforcée avec cette
image de l’équipe commune. Pourquoi ne pas croire au rêve? Mais il faut aussi revenir à la réalité et cette réalité implique la dénucléarisation de la Péninsule ». On en reste coi à
prendre connaissance de ces commentaires de journaliste stagiaire en charge des chiens écrasés ! Quelle hauteur de vue, quelle clairvoyance, quelle prescience et dire qu’il a plus d’une
dizaine de hauts diplomates attachés à son cabinet sans parler des centaines à l’administration centrale et à l’étranger pour éclairer sa lanterne. La « dénucléarisation de la
Péninsule », cela reste de l’ordre du vœu pieu pour le moment. Le ministre en charge des relations internationales cède à cette tentation de l’incantation irréaliste qui le rattrape
aujourd’hui. Le terme de « trêve » a une signification précise : « cessation provisoire des combats, par convention des belligérants ».
De quels combats parle-t-il ? De quelle « convention des belligérants » s’agit-il ? Qui sont exactement les
« belligérants » dans cette affaire, les seuls Coréens (du nord et du sud) ou bien faut-il y ajouter les Américains, puissance « invitée » ? Avec Jean-Yves
Le Drian à la tête du Quai d’Orsay, nous disposons – et nous ne mesurons pas l’immense chance que nous avons – du meilleur peintre impressionniste de la vie internationale ainsi que du meilleur
adepte de la méthode du bon docteur Coué en charge de la diplomatie française. Le moins que l’on puisse dire est que cela n’est pas très rassurant pour notre pays et pour son supérieur
hiérarchique, Jupiter dit Macron d’Orsay33. On ne se refait pas en un jour.
Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, on peut être raisonnablement optimiste sur la suite après les légitimes craintes que nous avons eues à la fin de
l’année 2017 au sujet de l’évolution de la situation sur la péninsule coréenne. Les Occidentaux n’ont joué aucun rôle dans ce dégel hivernal, pris dans un phénomène de sidération qu’ils étaient.
Ils sont victimes d’un double, triple déni de réalité. Faute de comprendre le monde et ses évolutions, ils se contentent de commenter a posteriori une actualité sur laquelle ils
n’ont pas/plus la moindre prise. Les discours moralisateurs à bon marché et les caricatures simplistes ont de moins en moins de prise sur le réel. Nous sommes confrontés à « un véritable
naufrage de l’esprit au profit d’une pensée mécanique, formatée selon des standards délirants »34.
C’est pourquoi, les Occidentaux devraient accepter « une pédagogie de la relativité »35. Pour sa part, alors que les euro-béats nous annoncent régulièrement son retour, « l’Union européenne n’est pas sortie de l’Histoire, comme on le dit à
tort, pour la raison qu’elle n’y est jamais entrée » comme l’écrit justement Régis Debray. Quand l’Europe vassale comprendra-t-elle que le monde n’a pas nécessairement envie de se
transformer en une annexe obéissante et servile de l’Amérique du nord ? Décidément, l’Extrême-Orient est aussi, si ce n’est plus compliqué, que le Proche et Moyen-Orient pour les puissances
extra-régionales. Tout ce beau monde n’a rien compris à la diplomatie sportive matinée d’une pincée de diplomatie du kimchi (chou fermenté traditionnel coréen) pour le rapprochement olympique
dans l’affaire coréenne.
Guillaume Berlat 5 mars 2018
1Sébastien Falleti, Aux Jeux, la
détente s’engage entre les deux Corées, Le Figaro, 12 février 2019, p. 9. 2Éditorial, Les JO de la Corée du
nord, Le Monde, 11-12 février 2018, p. 26. 3Guy Béart (paroles et
musique), Le grand chambardement, 1973. 4Christian Makarian, Entre les deux
Corées, le match de l’image, l’express, 14 février 2018, p. 7. 5Clément Martel, Ballet
diplomatique sur glace, Le Monde, 13 février 2018, p. 15. 6Hwang Sok-yong (propos recueillis par
Philippe Pons), « Mon pays, la Corée a été divisée d’un trait sur la carte », Le Monde, Géopolitique, 11-12 février 2018, p. 15. 7Philippe Pons, La sœur de Kim
Jong-un invite le président sud-coréen, Le Monde, 11-12 février 2018, p. 3. 8Gilles Paris, La parade
militaire de Trump piétine, Le Monde, 11-12 février 2018, p. 4. 9Yann Rousseau, Après la fête
olympique, le difficile rapprochement entre les deux Corées, Les Échos, 12 février 2018. 10Clément Guillou/Clément
Martel, De la paix et des jeux, Le Monde, 27 février 2018, p. 12. 11Sébastien Falleti, Aux Jeux,
la détente s’engage entre les deux Corées, le Figaro, 12 février 2018, p. 9. 12Juliette Morillot/Dorian
Malovic, Le monde selon Kim Jong-un, Robert Laffont, 2018. 13Marie de Vergès, En économie
aussi, la Corée du nord avance masquée, Le Monde, Économie & Entreprise, 16 février 2018, p. 7. 14Philippe Pons, Moon, funambule
entre Pyongyang et Washington, Le Monde, 15 février 2018, p. 5. 15Alain Frachon, Corées, le
tremplin des JO, Le Monde, 16 février 2018, p. 22. 16Philippe Mesmer, Le président
sud-coréen, vainqueur des JO, Le Monde, 25-26 février 2018, p. 2. 17Arnaud Leparmentier, Donald
Trump passe à l’attaque sur le plan commercial, Le Monde, Économie & Entreprise, 3 mars 2018, pp. 1 et 4. 18Jack Dion, Trump fait la bombe
et l’Europe regarde ailleurs, Marianne, 9-15 février 2018, pp. 52-53. 19Nathalie Guibert/Jean-Pierre
Stroobants, Face à Moscou, l’OTAN muscle son état-major, Le Monde, 15 février 2018, p. 2. 20Démonstration de force militariste
du président-candidat Poutine, Le Monde, 3 mars 2018, p. 4. 21Rony Brauman (conversations avec Régis
Meyran), Guerres humanitaires ? Mensonges et intox, Conversations pour demain, Textuel, 2018. 22Alain Joxe, Les guerres de
l’empire global. Spéculations financières. Guerres robotiques. Résistance démocratique, La Découverte, 2012, p. 92. 23Daniel Rondeau, Mécaniques du
chaos, Grasset, 2017, p. 49. 24Pascal Bruckner, « Le XXIe
siècle ne sera pas américain », Le Monde, 15 décembre 2017, p. 21. 25Harold Thibault, Trump annonce
de « lourdes » sanctions contre Pyongyang, Le Monde, 25-26 février 2018, p. 2. 26Nicolas Baverez, 2018, année
décisive pour la démocratie, Le Figaro, 26 décembre 2017, p. 13. 27Le 20 février 2018, le porte-parole du
Département d’État que Mike Pence était prêt à rencontrer une délégation de responsables nord-coréens en marge de la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver mais la réunion aurait été annulée au
dernier moment par Pyongyang. 28Jean-Pierre Perrin, Pourquoi
Washington veut asphyxier l’Iran ?,www.mediapart.fr , 25
février 2018. 29Jean Daspry, ICAN : les
Nobel se font plaisir, www.prochetmoyen-orient.ch ,
16 octobre 2017. 30Hélène Carrère d’Encausse, De
Gaulle et la Russie, Fayard, 2017, p. 11. 31Guillaume Berlat, Quai
d’Orsay : la fortersse vide…, www.prochetmoyen-orient.ch , 29 janvier 2018. 32Jean-Yves Le Drian sur l’union des
deux Corées aux JO : « Ce n’est qu’une trêve »,www.lejdd.fr , 10 février 2018. 33Guillaume Berlat, Le désarroi
de l’élève Le Drian (2), www.prochetmoyen-orient.ch , 11 septembre 2017. 34Pascal Bruckner, précité. 35Alain Finkielkraut, La défaite
de la pensée, Gallimard, 1987, p. 128.
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