Le billet de Bernard Lugan

Editorial de Bernard Lugan

Pourquoi l’Afrique a rompu avec l’« Occident »

 

Source : Bernard Lugan - Le 10/06/2024.

 

Le 16 mai 2024, lors d'un discours consacré aux relations entre l'Afrique et l'Europe prononcé à Dakar devant les étudiants de l'université Cheikh Anta Diop en présence de Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a déclaré que la « promotion des droits des homosexuels alimente le sentiment anti-occidental en Afrique».

Sur un continent où les deux tiers des pays criminalisent l’homosexualité, les injonctions occidentales en la matière sont en effet ressenties comme des attaques directes à l’ordre naturel africain. Ici, les peines contre les homosexuels vont en effet de l’amende à la condamnation à mort. L’ancien président de Gambie, Yahya Jammeh affirmait pour sa part que son pays « lutterait contre ces vermines gays de la même manière qu’il combat les moustiques responsables du paludisme, sinon plus agressivement ». Quant au défunt président Mugabe du Zimbabwe, ce fut à la tribune de l’ONU qu’en 2015, il déclara que « l’Afrique ne voulait pas de gays sur son sol » car l’homme noir se devait de « perpétuer sa race avec des femmes. »

C’est dans un ferme discours au ton très mesuré qu’Ousmane Sonko a condamné les « velléités extérieures d’imposer l'importation de modes de vie et de pensée contraires à nos valeurs et qui risquent de constituer un nouveau casus belli parce que, dans des pays comme le Sénégal, cela soulève énormément de tensions et d'incompréhensions tant cela met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposée ».

Refusant ce nouveau diktat qui, à la différence des précédents, n’est ni politique, ni économique, mais « existentiel », Ousmane Sonko a déploré que « la question du genre revienne régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux, jusqu’à se poser comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers ».

Enfermés dans leur bulle sociétale, les dirigeants occidentaux ne mesurent pas le niveau d’exaspération, voire d’indignation et d’écœurement provoqué par la guerre morale qu’ils mènent actuellement contre les piliers des cultures africaines.

Ancrés sur leur arrogance, eux qui ne trouvent d’échos que dans le cap ouest de l’Europe et en Amérique du Nord, sont partout ailleurs balayés dans ce que le reste du monde considère comme un réflexe de survie. Cependant qu’en Afrique, sur les volutes de leur prétention morale, Russes, Chinois, Indiens, Indonésiens et Turcs tirent les marrons du feu…

 

Le message d’Ousmane Sonko est très clair :  l’Afrique qui ne cédera pas à l’oukase existentiel du Nord a donc décidé de redevenir africaine. Un écho à ceux qui, de plus en plus nombreux, demandent quant à eux que l’Europe redevienne européenne... Ici et là,  référence est donc faite à l’identité, ce qui annonce le triomphe de l’ethno-différentialisme sur les nuées de l’universalisme.

 

Après Colbert, la gauche française exige désormais que le maréchal Bugeaud soit effacé de la mémoire nationale

Source : bernardlugan blogspot - mercredi 20 décembre 2023

La nouvelle cible du wokisme institutionnel est désormais le maréchal Bugeaud. La mairie de Paris veut en effet débaptiser l’avenue qui porte son nom, dans le cadre du combat qu’elle mène pour la « décolonisation de l’espace public »…

La gauche française reproche également à Bugeaud le « massacre de la rue Transnonain » (l’actuelle rue Beaubourg) lors de l’insurrection parisienne des 13 et 14 avril 1834…alors que la brigade qu’il commandait n’y a pas participé puisqu’elle n’était pas sur zone… Mais les légendes gauchistes ont la vie dure…

Aussi haineux qu’incultes, les initiateurs de cette fureur épuratrice ignorent également que Bugeaud était opposé à la conquête de l’Algérie et que, s’il la fit, ce fut en soldat obéissant aux ordres du gouvernement. En effet, comme il le déclara en séance à la Chambre « l’obéissance est le premier devoir du soldat ».

(Pour tout ce qui concerne la désinformation au sujet de l’Algérie, et de son histoire, on lira mon livre Algérie histoire à l’endroit.)

La suite de cette analyse (94%) est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle.

 

 

 

vendredi 1 décembre 2023

L'Afrique Réelle N° 168 - Décembre 2023

Sommaire
Analyse
Aux sources du « Mal algérien »
Dossier : Réflexions sur la question sahélienne
- Les Touareg vont-ils disparaître ?
- Mali : la cécité des décideurs français
- Ne pas oublier le « jihad business »
Histoire
Heia Safari : la Première guerre mondiale en Afrique orientale

Editorial de Bernard Lugan

La question du Sahel s’observe à travers la fragilité de ses Etats, l’action du jihadisme et l’omniprésence de la criminalité. Faute d’avoir inscrit ce constat d’aujourd’hui dans la longue histoire régionale, les décideurs politiques  occidentaux ont additionné les erreurs d’analyse.

 

Les clés de compréhension de la problématique sahélienne peuvent être  articulées autour de dix grandes questions :

1) Espace de contact et de transition, mais également rift racial entre l'Afrique « blanche » et l'Afrique « noire », le Sahel met en relation la civilisation méridionale des greniers ou Bilad el-Sudan (pays des Noirs), et celle du nomadisme septentrional, le Bilad el-Beidan (le pays des Blancs). 

 

2) Milieu naturellement ouvert, le Sahel est aujourd’hui cloisonné par des frontières artificielles, véritables pièges à peuples, dont le tracé ne tient pas compte des grandes zones de transhumance autour desquelles s’est écrite  son  histoire.

 

3) Les immensités sahéliennes sont le domaine du temps long dans lesquelles l’affirmation d’une constante islamique radicale est d’abord l’alibi de l’expansionnisme de certains peuples (Berbères almoravides au XIe siècle, Peul aux XVIIIe et XIXe siècles). 

 

4) A partir du Xe siècle, et durant plus d’un demi-millénaire, du fleuve Sénégal au lac Tchad, se succédèrent royaumes et empires (Ghana, Mali et Songhay), qui contrôlaient les voies méridionales d’un commerce transsaharien. Sur ces grands axes s’articulent les trafics d’aujourd’hui.

 

5) A partir du XVIIe siècle, les populations sédentaires furent  prises dans la  tenaille prédatrice des Touareg au nord et des Peul au sud.

 

6) A la fin du XIXe siècle, la conquête coloniale bloqua l’expansion de ces entités nomades et offrit la paix aux sédentaires. 

 

7) La colonisation libéra certes les sudistes de la prédation nordiste, mais, en même temps, elle rassembla razzieurs et razziés dans les limites administratives de l'AOF (Afrique occidentale française). 

 

8) Avec les indépendances, les délimitations administratives internes à l’AOF devinrent des frontières d'Etats à l'intérieur desquelles, comme ils sont les plus nombreux, les sudistes l’emportent sur les nordistes selon les lois de l’ethno-mathématique électorale.

 

9) La conséquence de cette situation fut qu’au Mali, au Niger et au Tchad, dès la décennie 1960, les Touareg et les Toubou qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent. 

 

10) Dans tout le Sahel, prospérèrent ensuite les trafiquants. Puis, à partir des années 2000, les islamo-jihadistes s’immiscèrent avec opportunisme dans le jeu politique local, y provoquant la surinfection de la plaie ethno-raciale ouverte depuis la nuit des temps. Cette dernière est d’autant plus difficile à refermer que la région est une terre à prendre en raison de ses matières premières et de son rôle de plaque tournante de nombreux trafics. Avec, en arrière-plan, la suicidaire explosion démographique.

Emmanuel Macron et l’Afrique : Aujourd’hui Trafalgar, demain Fachoda…

Source : L'Afrique réelle - Le 15/08/2023.

 

Après le « Trafalgar » subi au Mali, au Burkina Faso et au Niger,  le président Macron est désormais menacé d’un nouveau « Fachoda » par nos « bons, solides et historiques alliés-amis » américains. Ces derniers viennent en effet de lui infliger un colossal camouflet en s’opposant de fait à une intervention de la CEDEAO au Niger, et en ouvrant un dialogue direct avec la junte. La raison en est triple :

1) Ne pas risquer de perdre la base stratégique d’Agadès d’où toute la région est sous surveillance américaine.
2) Eviter la venue de Wagner.
3) Ne pas être mêlé à une décision interventionniste qui ferait dévier sur les Etats-Unis le cyclone anti-français qui s’abat actuellement sur l’Afrique.

 
Voilà pourquoi, le 6 août dernier, Victoria Nuland, secrétaire d’Etat adjoint américaine a tenu à Niamey une longue réunion avec la junte militaire avec laquelle Paris refuse tout contact, adressant ainsi un soufflet supplémentaire à Emmanuel Macron toujours arc-bouté sur des postures idéologico-démocratiques et sur un interventionnisme hors-sol.


La « cerise sur le gâteau » serait maintenant que l’armée française soit contrainte de plier bagage et que les forces américaines soient au contraire autorisées à demeurer dans le pays…Un moderne « Fachoda » en quelque sorte…

La lourde et historique défaite diplomatique de la France était pourtant prévisible. Mais, pour l’éviter, encore eut-il fallu, comme je le montre dans mon livre  Histoire du Sahel des origines à nos jours, prendre en compte le réel, à savoir la longue histoire régionale, celle de ses peuples et du milieu sur lequel ont prospéré leurs sociétés.

Au lieu de cela, et tout au contraire, biberonnés à l’ « air du temps », les petits marquis qui ont la prétention de définir la politique africaine de la France, ont affiché leur morgue, leur suffisance, leur idéologie… et en définitive leur insondable nullité…  

 

...INSONDABLE NULLITE...! Tout est dit !

JMR

En mars 2023, Bernard Lugan annonçait les évènements du Niger

Source : Bernardluganblog - Le 03/08/2023

Selon Bernard Lugan « Macron est la RISÉE de l’Afrique »

Source : Le média 4-4-2 - Le 02/08/2023.

 

L'analyse de Bernard Legrand met en lumière le décalage entre le comportement du Président actuel et celui de dirigeants français passés, tels que Chirac, qui étaient davantage respectés sur le continent africain.

 

Bernard Lugan : « Certains que j’ai eus à l’école de guerre, des militaires africains, m’ont dit : « On a honte pour vous, regardez ce que vous devenez. Vous êtes la risée du monde. » Et d’ajouter « Quand vous avez un président qui va danser dans les boîtes de nuit à Kinshasa avec une cannette de bière à la main, nous sommes la risée du monde. »

 

Après le Mali et le Burkina Faso… Aujourd’hui le Niger… et demain le Tchad…

Source : Afrique réelle - Le 02/08/2023.

 

Les évènements du Niger étant la suite logique de la catastrophique politique africaine de la France - de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron sans oublier naturellement François Hollande-, il faudra bien que ceux qui l’ont décidée rendent enfin des comptes. Comment est-il en effet possible qu’un conflit ethnique ayant éclaté en 2011 au nord-est du Mali et qui était à l’origine limité à une seule fraction touareg, ait pu, de fil en aiguille, se transformer en un embrasement régional échappant désormais à tout contrôle et dont la conséquence la plus visible est l’éviction de la France de la région sahélienne ?
 
En raison de l’avalanche d’erreurs politiques et sociétales, et comme je n’ai cessé de l’annoncer depuis 2011, l’échec de la France au Sahel était hélas une certitude (voir à ce sujet mon livre Histoire du Sahel). Un échec politique un temps masqué par les réussites de nos Armées au prix du sacrifice de plusieurs dizaines des meilleurs enfants de France tombés à la place de déserteurs africains ayant préféré venir bénéficier en France des largesses de l’ « odieuse » ancienne puissance coloniale que de défendre leurs pays respectifs.
 
Corsetés par leur idéologie, les responsables français ont voulu qu’en Afrique, le droit des Peuples s’efface devant les « droits de l’Homme », les chimères de la « bonne gouvernance » ou le surréaliste  « vivre ensemble ». Sans parler des provocations LGBT et de ses variantes vues en Afrique comme autant d’abominations et qui ont achevé de faire perdre à la France l’estime et le respect des Africains.
Privilégiant les analyses économiques et sociales, aveuglés par l’impératif de l’impossible « développement », les décideurs français ont refusé le réel, oubliant les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF : « Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ». 
 
Incultes historiquement, les « petits marquis » sortis de Sciences-Po ou de l’ENA qui prétendent parler de l’Afrique, n’ont pas vu qu’à la fin du XIX° siècle, la colonisation qui libérait les sudistes de la prédation nordiste, rassemblait en même temps dominés et dominants dans de communes limites administratives. Avec les indépendances, ces délimitations internes de l’ancienne AOF devenues frontières d'Etats, les lois de l’ethno-mathématique électorale y donnèrent automatiquement le pouvoir aux sudistes puisque leurs femmes avaient été plus fécondes que celles des nordistes. D’où, au Mali, au Niger et au Tchad, dès les années 1960-1965, les nordistes qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent. La guerre qui a éclaté en 2011 - donc avant toute présence russe-, et qui se déroule sous nos yeux, en est la résurgence.
 
Face à ce réel qu’ils ne comprenaient pas, ou qu’ils refusaient de voir, confondant causes et conséquences, les irresponsables qui définissent la politique africaine de la France ont naturellement fait une erreur de diagnostic. Ils ont ainsi parlé de danger islamiste alors que nous étions clairement en présence d’une plaie ethno-raciale millénaire surinfectée par l’islamisme contemporain.
En conséquence de quoi, la stratégie française reposa sur « l’essentialisation » de la question religieuse, tout bandit armé, tout porteur d’arme et tout trafiquant étant péremptoirement qualifié de « jihadiste ». L’erreur était grande car, dans la plupart des cas, nous étions en présence de trafiquants se revendiquant du jihadisme afin de brouiller les pistes, et parce qu’il est plus valorisant de prétendre combattre pour la plus grande gloire du Prophète que pour des cartouches de cigarettes ou des cargaisons de cocaïne. D’où la jonction entre trafic et religion, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par l’islamisme. 
Face à l’engerbage de revendications ethniques, sociales, mafieuses et politiques, opportunément habillées du voile religieux, avec des degrés différents d’importance de chaque point selon les moments, la politique française fut donc à la fois figée et incohérente.


Au Niger où plusieurs conflits se déroulent, tant à l’ouest qu’au sud-est, la situation fut encore compliquée par le fait que le président Mohamed Bazoum est Arabe. Il est en effet membre de la tribu libyenne des Ouled Slimane (Awlad Sulayman) qui a des diverticules au Tchad et dans le nord-est du Niger.

Là encore, un minimum de connaissance historique aurait appris aux « danseurs à claquettes » qui prétendent définir la politique africaine de la France, que cette puissante tribu éclata en deux dans les années 1830 quand le pouvoir ottoman décida de reprendre effectivement le contrôle de la Régence de Tripoli. Or, les Ouled Slimane, tribu makhzen fidèle aux Karamanli renversés par les Turcs, entra en dissidence (voir à ce sujet mon livre Histoire la Libye).
La Porte ottomane ayant eu la main lourde dans la répression du soulèvement, une partie de la tribu émigra au Tchad et au Niger où elle participa au grand mouvement de prédation nordiste à l’encontre des sédentaires sudistes, ce qui a laissé des traces dans la mémoire collective.
Au Niger où les Ouled Slimane constituent moins de 0,5% de la population, et où ils sont considérés comme des étrangers, le fait que l’un des leurs parvienne à la Présidence était mal ressenti. Et, circonstance aggravante, les Ouled Slimane sont vus comme des amis de la France depuis qu’en 1940-1941, ils ont opportunément suivi la colonne Leclerc dans son opération de conquête du Fezzan italien, action ayant démarré au Tchad et au Niger. Ce fut d’ailleurs à cette occasion que certaines fractions des Ouled Slimane retournèrent en Libye où, depuis, elles se heurtent aux Toubou qui occupent leurs anciens territoires abandonnés après l’exode du XIX° siècle. 
 
Alors qu’il eut fallu confier la politique africaine de la France à des hommes de terrain héritiers de la « méthode Lyautey » et de l’approche ethno-différentialiste des anciennes « Affaires indigènes », elle a, hélas, été gérée par les insignifiants et prétentieux butors qui portent la terrible responsabilité de l’échec français en Afrique. 
Un échec qui n’est d’ailleurs pas totalement consommé puisqu’il reste encore le Tchad dont le tour viendra tôt ou tard… inexorablement… Et toujours pour les mêmes raisons…

 
En plus de tout cela, au lieu de s’interroger sur leurs erreurs, ajoutant la naïveté à l’incompétence, les dirigeants français tentent maintenant de s’exonérer de leurs responsabilités en montrant la « main russe »…. Comme si, étant en guerre contre l’OTAN, la Russie allait laisser passer l’occasion qui lui était offerte de s’engouffrer dans l’abîme béant de la nullité française pour ouvrir un front africain sur les arrières de ceux qui la combattent sur le front européen… Le discours du président Poutine lors du dernier sommet russo-africain de Saint-Pétersbourg fut d’ailleurs très clair à ce sujet.
 
La déficience des dirigeants français s’exprime jusque dans leur absence de réaction face au mensonge du prétendu « pillage » des ressources du Niger. L’on attendrait en effet des « chapons » qui parlent au nom de la France, une claire déclaration indiquant que cette dernière n’a pas d’intérêts dans ce pays désertique -le Mali ne l’est en revanche qu’en partie-, condamné à succomber sous sa suicidaire démographie polygamique. Un Niger dont, n’en déplaise à l’ineffable Sandrine Rousseau qui a osé affirmer que la France en dépendait pour son uranium, alors que le pays ne représente aujourd’hui, et au mieux, à peine 10% des besoins français… et qu’il est, et de beaucoup, plus facile et moins onéreux de se fournir ailleurs de par le monde.
Sans parler des gisements français dont les écologistes ont fait interdire l’exploitation par la Loi…

 

 

L’ « assimilation », vieille utopie pour une France devenue « colonie de ses colonies »…

Source : L'Afrique réelle - Le 21/07/2023.

Trois semaines après les dévastations subies par la France, tétanisés devant un réel qu’ils niaient et qui a fini par leur  exploser au visage, les responsables politiques n’ont qu’un remède à proposer : l’« ASSIMILATION ». Vieil avatar de l’utopie universaliste, cette nuée ne permettra évidemment pas de transformer ceux qui « niquent la France » en Français de cœur… Retour sur l’histoire.
 
En 1937, le Manifeste du PPA (Parti populaire algérien) qualifiait l’assimilation « d’utopie chimérique (car) nous ne serons jamais Français, ni par la race, ni par la langue, ni par la religion ».
 
En 1945, Edouard Herriot, grande conscience « humaniste » disait que l’ « assimilation » ferait de la France « la colonie de ses colonies ».
 
Le général de Gaulle dont toute la classe politique française se réclame aujourd’hui, considérait pour sa part  l’« assimilation » comme « un danger pour les Blancs, une arnaque pour les autres » dont la conséquence ferait que « Colombey-les-Deux-Eglises (deviendrait) Colombey-les-Deux-Mosquées ! »
 
Durant la période coloniale la France tenta une politique d’ « assimilation ». Son postulat était que, grâce à la diffusion de la culture et de la langue française, colonisés et colonisateurs coaguleraient au sein d’une même nation sous les plis du drapeau tricolore…et pour la plus grande gloire de la République française universelle…
 
L’échec fut à la hauteur de l’illusion. Cependant, aucune leçon n’en fut tirée puisque la classe politique française parle de nouveau d’« assimilation ».
Or :
 
- Comment « assimiler » une déferlante migratoire devenue majoritaire sur une partie du territoire français et qui impose peu-à-peu ses normes vestimentaires, alimentaires, culturelles, juridiques et religieuses sur l’ensemble du pays?
 
- Comment oser parler d’ « assimilation » quand, par leurs déclarations irresponsables au sujet de la colonisation, François Hollande et Emmanuel Macron ont humilié la France, ne donnant ainsi guère envie aux « citoyens du monde » de s’y assimiler ?
 
- Comment imaginer que la solution est l’ « assimilation » quand la France qui accueille, nourrit, habille, soigne, loge et éduque des millions d’étrangers, est présentée comme une nation « génétiquement esclavagiste et raciste » ?
 
- Comment les partisans de l’ « assimilation » vont-ils concrètement proposer leur « martingale » à des groupes animés par un sentiment à la fois revanchard et conquérant ? Notamment à Madame Houria Bouteldja qui ne craint pas de dire que :
 
« Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Eglise, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité (…) ».
 
- Comment assimiler des francophobes assumés, dont Madame Hafsa Askar, vice-présidente du syndicat étudiant UNEF, qui a osé dire le 15 avril 2019, jour de son incendie :
 
« Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’histoire de France…Wallah  …on s’en balek (traduction : on s’en bat les c…), objectivement, c’est votre délire de petits blancs ».
 
Une Hafsa Aksar qui a également pu déclarer sans être immédiatement traduite devant les tribunaux :
- « On devrait gazer tout (sic) les blancs (resic) cette sous race.
- « Tout ce que j’ai à dire c’est les blancs ( sic) arrêtez de vous reproduire ».
- « Non à la mixité avec les blancs (sic)»
- « Je suis une extrémiste anti-blanc »
- « Le monde serait bien mieux sans les blancs (sic) » etc.,
 
- Comment les héritiers des « Lumières » qui gouvernent la France en la conduisant avec application sur les pentes de la disparition peuvent-ils parler d’« assimilation » quand ceux qu’ils prétendent « assimiler » rejettent leurs dogmes fondateurs, qu’il s’agisse des « valeurs de la République », des « droits de l’homme », du « vivre ensemble » ou de la « laïcité » ?
 
La vérité est que ceux qui croyaient aux chimères du sacro-saint laïcisme républicain ne voient pas que leur idéologie est morte. Prisonniers de l’immédiat, sans mémoire, sans culture et sans courage, ils ne voient pas qu’un cycle s’achève et qu’un nouveau émerge dans le chaos.
Aux porteurs des forces créatrices de saisir cette opportunité historique pour imposer un salutaire changement de paradigme. Autrement, les civilisations étant mortelles, la population indigène, celle qui a créé la France devra s’adapter au changement anthropologique en cours. Donc accepter de ne plus être chez elle sur la terre de ses ancêtres… Comme les Serbes au Kosovo…
 
Pour approfondir on se reportera à  mes livres :
- Répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance. 
- Colonisation l’histoire à l’endroit, comment la France est devenue la colonie de ses colonies.
Offre spéciale pour les deux livres
- France métropolitaine : 55 euros au lieu de 68 euros (port colissimo inclus) 
- UE : 65 euros
- Reste du monde : 90 euros.

 

Qui doit « rendre des comptes » ?

La France à l’Algérie, ou les dirigeants algériens à leur peuple pour avoir pillé et ruiné l’Algérie ?

Source : bernardluganblog - Le 16/06/2023.

 

L’Algérie vient donc de décider de rétablir le couplet de son hymne national demandant à la France de « rendre des comptes ». Pourquoi ? La réponse est pourtant claire : Comme à chaque fois que les dirigeants algériens vitupèrent contre la France, c’est parce que leur pays traverse une grave crise.
C’est très exactement le cas aujourd’hui avec la marche de l’Algérie vers la faillite, et voilà donc pourquoi le « Système » prédateur sort son joker habituel qui est l’insulte à la France.
 
Retour sur le naufrage algérien :
 
1) Faute de diversification, l’économie rentière algérienne est quasi totalement dépendante des hydrocarbures qui représentent environ 90% des exportations nationales. Or, tant que la tendance des cours sera baissière, les revenus le seront donc également et automatiquement.
 
2) Les réserves de change se sont effondrées, passant de 193 milliards de dollars début 2014, à 66,1 mds fin mars 2023 (FMI).
 
3) Dans le même temps, la dette publique du pays a considérablement augmenté, passant de 7,7% du PIB fin 2014, à 52,4 % fin 2022 (FMI).
 
4) Le déficit budgétaire représentait 12,3 % du PIB en 2022 (Banque mondiale).
 
Dans ces conditions, quel avenir attend l’Algérie ?
 
Une chose est certaine : Comme le pays n’a toujours pas lancé une véritable politique de diversification, s’il ne bénéficie pas d’une « divine surprise » qui serait une envolée des cours des hydrocarbures, ses réserves de change vont donc continuer à baisser au rythme de plusieurs milliards de dollars par an. 
 
Pour deux principales raisons :
 
1) Les prix des hydrocarbures reviennent au niveau qui était le leur avant la guerre en Ukraine, et même globalement en dessous, du fait de la montée en puissance des énergies renouvelables
 
2) Les réserves algériennes en hydrocarbures stagnent, cependant que le volume des exportations baisse en raison de la hausse de la consommation intérieure.
 
Le calcul est donc vite fait, et il l’a été par le FMI. Avec des réserves de change qui atteignaient 66,1 milliards de dollars fin mars 2023, et en supposant une baisse annuelle des réserves ramenée à seulement 10 milliards de dollars par année, contre presque 14 milliards sur la période 2018-2021, en 2028, l’Algérie ne devrait plus pouvoir couvrir que quatre mois d’importations. Une situation de faillite, et un scénario semblable à celui qu’a connu le Venezuela, avec toutes les conséquences politiques et géopolitiques d’un tel cataclysme.
 
L'Algérie est donc dans la nasse car, quoique ne produisant rien, elle est cependant condamnée à continuer d'importer afin de nourrir, soigner et habiller une population à la suicidaire croissance, et cela, afin de tenter d’éviter l’inéluctable explosion sociale annoncée. D'autant plus que, même les productions traditionnelles (dattes, oranges, semoule pour le couscous) étant insuffisantes, leur volume d'importation est toujours en augmentation.
L’Algérie va donc, tôt ou tard, devoir rétablir les licences d’importation pour freiner les achats à l’étranger. Avec plusieurs conséquences qui vont être de pénaliser encore davantage des pans entiers de l’économie, tout en amplifiant  les trafics et le marché noir.
Le plus grave pour la stabilité politique est que l’Algérie va également devoir couper dans les transferts sociaux qui atteignent en moyenne plus de 70 milliards de dollars par an, soit environ 30% du PIB. Le risque d’explosion sociale est donc immense car l'Etat-providence algérien va être condamné à prendre des mesures impopulaires comme la suspension des recrutements de fonctionnaires, l’abandon de projets sociaux indispensables, de projets transport comme de nouvelles lignes de tramway ou la réfection de voies ferrées. Sans parler de l’obligation de réduire un colossal budget de l’armée uniquement destiné à l’absurde guerre que l’Algérie mène contre le Maroc à travers le Polisario.
 
L’Etat algérien ira-t‘il cependant jusqu’à oser toucher aux 6% du budget de l’Etat alloués à l’« Organisation nationale des moudjahidines » (ONM), soit davantage que le budget des ministères de l'Agriculture et de la Justice…. ? L’on peut en douter car cette organisation sangsue constitue l’ultime socle du « Système » alors que, selon l’ancien ministre Abdeslam Ali Rachidi « tout le monde sait que 90% des anciens combattants, les moudjahidine, sont des faux » (El Watan, 12 décembre 2015)…
 
Plutôt que de demander des comptes à la France, c’est le peuple algérien qui, tôt ou tard, va en demander à des dirigeants qui, depuis 1962, ont pillé les richesses du pays après avoir dilapidé le colossal héritage laissé par la France.
 
Une chose est cependant positive dans les insupportables attaques portées contre la France dans la mesure où, pour l’opinion française, la coupe est désormais pleine. Résultat, la parole se libère comme les déclarations d’Edouard Philippe en sont une éloquente illustration...
 

 

Pour l’exposé et les réfutations de la fausse histoire sur laquelle l’Algérie fonde ses accusations contre la France, on se reportera à mon livre : « Algérie l’histoire à l’endroit »

Les pharaons, ces sacrés électriciens…

Source : B. Lugan.blog - Le 07/05/2023.

Madame Rama Yade, ancien ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a pris la défense du rappeur « maître Gims » qui, lors d’un entretien de nature surréaliste publié le 22 mars dernier sur Youtube, expliquait doctement que les anciens Egyptiens qui, selon lui étaient naturellement noirs de peau, connaissaient entre autres l’électricité : « Les pyramides (…) au sommet il y a de l’or. L’or, c’est le meilleur conducteur pour l’électricité. C’était des foutues antennes, les gens avaient l’électricité […]. Les Égyptiens, la science, qu’ils avaient, dépasse l’entendement et les historiens le savent. ».

Dans sa défense du « rappeur-historien », Madame Rama Yade développe un argumentaire « encyclopédique » embrassant les millénaires allant du néolithique à l’Antiquité pour asséner sa vérité qui est que l’Afrique -lire les Noirs-, a détenu au début de l’humanité « le leadership » sur le reste des continents, en particulier sur l’Europe- lire les Blancs ».

 

 Or, en dépit de ses immenses talents, Madame Rama Yade n’a pas inventé l’affirmation de la supériorité ontologique de la « négritude » actuellement mise en avant par l’afrocentrisme et le « décolonialisme »,. Cette idéologie racialo-revancharde repose en effet sur les postulats énoncés par Cheikh Anta Diop dans les années « 1950-1960 ». Autodidacte-compilateur ce dernier soutenait ainsi que l’histoire est une falsification des Blancs destinée à occulter le legs « nègre » au capital de l’humanité. Pour Cheikh Anta Diop, les Noirs ont en effet tout inventé, le premier homme était un Noir et l’ancienne Egypte était « nègre ». Or, par racisme, parce qu’ils ne pouvaient admettre de tout devoir aux Noirs, les Blancs ont caché que la culture grecque est « nègre » et que, par conséquent, la civilisation européenne dont elle découle est un héritage, un legs « nègre ».

 

Pour Cheikh Anta Diop :

« Le Nègre ignore que ses ancêtres (…) sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civilisation ; que ce sont eux qui ont créé les Arts, la religion, (en particulier le monothéisme), la littérature, les premiers systèmes philosophiques, l’écriture, les sciences exactes (physique, mathématiques, mécanique, astronomie, calendrier…), la médecine, l’architecture, l’agriculture, etc., à une époque où le reste de la Terre (Asie, Europe : Grèce, Rome…) était plongé dans la barbarie » .

 

Sans entrer dans une polémique stérile au sujet des fantasmes et des contre-vérités frisant le surréalisme contenus dans les lignes qui précèdent, disons simplement, pour nous en tenir à la seule agriculture, que vers – 5000 av.J.C., des Flandres au Danube se constitua une civilisation paysanne européenne utilisant la traction animale, tandis-que l’Afrique sud-saharienne, l’Afrique noire, n’a, quant à elle, découvert cette dernière, ainsi d’ailleurs que la roue, la poulie et la culture attelée… qu’avec la conquête arabe puis la colonisation, soit presque 6000 ans plus tard… Quant aux trois-quarts des plantes alimentaires consommées aujourd’hui au sud du Sahara (maïs, haricots, manioc, patates douces, bananes, etc…), elles sont d’origine américaine ou asiatique et elles y ont été introduites à partir du XVI° siècle par les colonisateurs portugais…

 

Or, nous devons bien avoir à l’esprit qu’avec l’afrocentrisme et ses dérivés, nous ne sommes pas face à de simples élucubrations, mais en présence d’une idéologie abreuvée au mythe d’une « nation africaine » dont l’histoire grandiose aurait été occultée à la suite d’un complot raciste de la science historique occidentale. Ses postulats farfelus sont devenus vérités à l’ère du wokisme et ils prospèrent dans la négation du réel. Pour oublier l’enfer de leur histoire, les afrocentristes s’inventent ainsi un passé paradisiaque, enfouissant leurs frustrations dans le refuge de l’imaginaire tout en proposant une compensation-revanche par l’invention d’une suprématie passée.

 

L’afrocentrisme, ce transfert psychanalytique valorisant ne doit pas être seulement dénoncé, il doit en effet être solidement et scientifiquement  réfuté car il s’attaque à la racine même de notre civilisation. C’est pourquoi les numéros de juin et de juillet de l’Afrique Réelle contiendront deux importants dossiers qui lui seront consacrés (Pour vous abonner, cliquer ici).

Dans l’immédiat, on se reportera à mon livre « Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance » qui remet totalement en question le corpus sur lequel prospère cette idéologie.

 

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« En Afrique, Macron se comporte comme un saltimbanque »

Source : Le Courrier des Stratèges - Bernard Lugan - Le 24/03/2023.

Bernard Lugan : « En Afrique, Macron se comporte comme un saltimbanque »

 

Bernard Lugan est probablement le meilleur spécialiste français de l’Afrique. Pour le Courrier, il a accepté de dresser un vate panoramique… de la relation de la France à l’Afrique des Grands Lacs et du Congo Kinshasa. Cette histoire raconte un long déclin, et un curieux abandon de la France dans ses colonies les plus vivaces. Faut-il penser que, progressivement, l’influence américaine dans la définition de notre politique étrangère est telle que nous soyons destinés à nous fâcher irrémédiablement avec ce qui fait l’avenir de notre petite planète ? En tout cas, au moment où la visite de Charles III est reportée pour cause de manifestations, ce qui ridiculise la France, Bernard Lugan nous donne une hauteur historique imprenable sur un déclin évitable qui arrange bien les Anglo-Saxons.

 

Bernard Lugan, bien connu des Africanistes, publie en permanence un foisonnement de livres. La sortie de On savait vivre aux colonies, aux éditions de la Nouvelle Librairie, nous a donné l’occasion d’aborder la question de la dévastation de l’influence française en Afrique, à travers l’exemple de l’Afrique des Grands Lacs. Entre la politique destructrice menée par Sarkoy, puis par Macron, c’est tout une vision française du monde qui se fâne et s’évanouit…

Comme le souligne et le documente avec rigueur Bernard Lugan, la politique africaine de Macron est essentiellement dictée par une incompréhension de ce qu’est le continent africain, et pa l’obsession de plaire au bloc anglo-saxon, au risque de prendre à rebrousse-poil, à la manière des saltimbanques, les amis africains de la France. L’alliance avec les Etats-Unis vaut-elle un abandon de notre présence en Afrique ?

Bernard Lugan commente sur Sud Radio la visite d'Emmanuel Macron en Afrique - Le 07/03/2023.

RDC : A travers l’humiliation d’Emmanuel Macron c’est la France qui se fait publiquement humilier

 

Mais qui sont donc les « cerveaux à nœuds » qui conseillent Emmanuel Macron sur les questions africaines ? La question se pose en effet après l’incroyable incident diplomatique de Kinshasa et l’humiliation subie lors de la pantalonnade de la « marmite » 

Contrairement à la doxa médiatique, je ne ferai pas au président de la République le reproche de ses déplacements au Gabon et au Congo Brazzaville. Il était en effet urgent de faire un geste en direction de deux pays amis dont les liens traditionnels avec la France se distendent au fur et à mesure du harcèlement judiciaire que certaines ONG mènent contre leurs dirigeants et leurs familles. Au nom du principe des poursuites contre les « Biens mal acquis », c’est en effet à une véritable entreprise de trahison des intérêts politiques français que se livrent ces ONG dont les financements mériteraient d’être scrutés de plus près…

 

C’est au sujet du déplacement en RDC que se pose la question de savoir si les conseillers de l’Elysée ont une connaissance de la situation locale. En effet, pourquoi ont-ils organisé cette rencontre avec la « jeunesse » qui s’est transformée en humiliation pour la France avec l’épisode de la « marmite » ? C’est bien leur incompétence qui a provoqué l’incident diplomatique lié à la ferme mais bien peu diplomatique réponse que le président Macron a été contraint de faire au président Félix Tshisekedi qui venait d’accuser la France.

Or, si ce voyage avait été préparé par des « professionnels », et non par des incapables totalement ignorants du contexte régional et local, ces incidents ne se seraient pas produits. En effet :

 

1) Depuis 1996, directement ou à travers des groupes armés comme le M23, le Rwanda de Paul Kagamé occupe une partie de la RDC, y pille ses richesses et y provoque d’atroces massacres.

 

2) Au nom du génocide de 1994, le Rwanda s’estime au-dessus des lois internationales.

 

3) Or, l’opinion africaine, et notamment celle de la RDC, sait que ce génocide a été provoqué par l’assassinat du président hutu Habyarimana le 6 avril 1994.

4) Cette même opinion africaine considère que le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), ainsi que la justice française, ont établi que ce n’étaient pas les Hutu qui avaient commis cet attentat (voir mon livre Rwanda, un génocide enquestions).

5) L’opinion publique congolaise est donc à vif contre le Rwanda.

 

6) Or, depuis Nicolas Sarkozy, la France a commencé par se coucher sans réagir sous les insultes et les accusations proférées contre elle par le régime de Kigali. Quant à la justice française enquêtant sur l’attentat du 6 avril 1994, elle a rendu des conclusions « insolites » (voir mon livre Rwanda un génocide en questions, ainsi que mon communiqué en date du 15 février 2019 intitulé « Un non-lieu valant accusation).

 

7) Plus encore, toute honte bue, la France n’a cessé de courtiser le régime de Kigali qui n’avait pourtant cessé de la vilipender et qui, provocation ultime  a effacé le français au profit de l’anglais. Or, cela n’a pas empêché le président Macron de faire nommer à la tête de l’Organisation de la Francophonie, une des plus proches du président Kagamé…. A telle enseigne que pour les Congolais, de reniement en reniement et de lâcheté en lâcheté, la France est quasiment considérée comme l’alliée du Rwanda…

 

Et c’est donc dans un pays dont l’opinion est à cran contre le Rwanda et contre tous ceux qui sont, à tort ou à raison, accusés de soutenir ou de fermer les yeux sur ses agissements, que le président Macron pensait naïvement pouvoir exercer la magie du verbe et effectuer un voyage apaisé…

 

Conclusion :

 

Nous le savions déjà, mais la preuve en est une fois de plus donnée, la France n’a plus de politique africaine. Et dans le cas de la RDC, il est inutile de chercher la main cachée de la Russie…

Après le naufrage du voyage présidentiel en RDC, après les gifles reçues en RCA, au Mali et au Burkina Faso, après les graves erreurs politiques faites au Maroc et en Algérie, il est temps que les « petits marquis » qui font la « politique » africaine de la France aillent enfin découvrir le terrain…

L'édito de Février 2023

L'Afrique réelle n°158

Selon Rémi Carayol, journaliste présenté comme « spécialiste », la France a échoué au Mali parce que : « Au Sahel, les officiers français réfléchissaient avec un logiciel issu de la colonisation ». 
Cette phrase mérite une analyse à plusieurs niveaux :
1) En imputant clairement aux officiers l’échec politique sahélien de la France, Rémi Carayol fonde son approche sur un grave contre-sens. En effet, et il suffit d’avoir fréquenté les états-majors pour l’avoir constaté, les cadres de Barkhane ne furent pas les décideurs de la politique française au Sahel. Ils ne firent qu’appliquer une politique définie - sans eux - à l’Elysée, et même plus que régulièrement, contre leurs propres préconisations. Peut-être est-il utile de rappeler à notre « spécialiste » qu’en France, ce sont les dirigeants politiques qui donnent des ordres et qui définissent les missions des Armées, et non le contraire… 
2) Au Sahel, les officiers français ont très vite constaté que si l’ethnisme n’explique pas tout, rien ne s’explique cependant sans lui. Or, par idéologie, les décideurs français successifs ont refusé de prendre en compte cette évidence, mettant donc dès le départ nos Armées entre l’enclume et le marteau, ainsi que je l’ai écrit dès 2012...
3) Les décideurs politiques français ont postulé que la solution de la question sahélienne passait par des élections. Or, l’ethno-mathématique électorale confirmant, scrutin après scrutin, la domination démographique, donc démocratique, des plus nombreux, les élections entretiennent le conflit… Et Paris s’étonne que Touareg et Peul aient refusé un processus destiné à les marginaliser une nouvelle fois…
 
4) Au Sahel où Rémi Carayol ramène le problème à la colonisation - forme exotique de reductio ad Hitlerum -, le cœur de la question est bien identifié. Depuis le néolithique, sudistes et nordistes y sont en rivalité pour le contrôle des zones intermédiaires situées entre le désert du nord et les savanes du sud (voir à ce sujet mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours). Or, cette constante séculaire est aujourd’hui dramatiquement aggravée par la suicidaire démographie qui y amplifie encore davantage la compétition territoriale entre pasteurs et agriculteurs. Une situation opportunément utilisée par le jihadisme qui est d’abord la surinfection de plaies ethno-géographiques séculaires.
 
5) Illustration du point 4, depuis plusieurs mois, au Burkina Faso, ayant en tête le souvenir des conquêtes peul de la période précoloniale, certaines ethnies subissant les exactions des jihadistes accusent les Peul d’être leurs complices. Victimes de représailles aveugles, les Peul se regroupent pour se défendre, cependant que les terroristes utilisent leur ressentiment et leur implantation transnationale pour tenter d’étendre leurs actions à tout le Sahel et à la région soudanienne.
En définitive :
1) Au nord la paix dépend des Touareg.
2) Au sud la paix dépend des Peul. 
Une évidence relevant d’ « un logiciel issu de la colonisation »…

La loi « immigration métiers en tension » va tout à la fois accélérer le pillage des compétences africaines et amplifier encore davantage la perte d’identité de la France - Le 15/01/2023.

"Nous avons la volonté de simplifier l'accès au territoire pour des compétences particulières, dont l'économie a besoin", a annoncé Olivier Dussopt le mercredi 2 novembre 2022, dans un entretien au journal Le Monde. Le ministre du Travail veut même créer un statut spécifique pour les immigrés dans les secteurs « en tension », une mesure qui figure dans le projet de loi immigration présenté par le gouvernement et discuté au Parlement.

Or, la composante « immigration métiers en tension » de cette loi va avoir un double résultat négatif puisqu’elle va accélérer encore davantage la fuite des cerveaux africains, tout en continuant à faire perdre son identité à la France.

Les groupements représentant les professions dites « en tension » à l’origine de cette loi sont donc fidèles à la ligne constante du patronat français à l’origine de la première vague d’immigration massive des années 1970-1980. Cette forme contemporaine de « traite »[1] est rendue possible grâce à l’alliance des « gentils » de l’anti-ségrégation et des « requins » du capitalisme. Au nom du paradigme de la « culpabilité européenne », les premiers s’interdisent de voir que cette loi va encore davantage saigner l’Afrique. Quant aux seconds, ils l’appellent de leurs vœux au nom du marché, du travail global et de la mobilité de la main d’œuvre. 

Face au désastre qu’ils auront provoqué, le gouvernement qui a initié cette loi, et ceux des députés qui la voteront ne pourront pas prétendre qu’ils ne savaient pas… Laissons en effet parler les chiffres.
 

 

La suite de cette analyse (89%) est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle.

 


[1] Sur les traites esclavagistes en général voir mon livre Esclavage, l’histoire à l’endroit

"Tirailleurs" : Du mensonge à la propagande

Source : Le blog officiel de B. Lugan - Le 03/01/2023.

Il est triste de devoir faire un « exercice comptable » concernant les effectifs et les pertes des « Métropolitains » et des « Africains » durant le Premier conflit mondial.

J’y suis cependant contraint par les déclarations idéologiques de l’acteur Omar Sy qui, à travers elles, ajoute sa touche à la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France[1].
En effet, à travers l’action des Tirailleurs dits « Sénégalais » mais majoritairement venus de toute l’AOF (Afrique occidentale française), il adresse aux Français un message-postulat plus que subliminal : les Africains que vous avez utilisés comme « chair à canon »  durant le Premier conflit mondial ayant permis la victoire française, leurs descendants ont des droits sur vous. Voilà donc pourquoi ils sont chez eux chez vous…
 
J’ai déjà répondu à cette question dans un communiqué de l’Afrique Réelle en date du 13 mai 2016 dont le titre était « La France n’a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l’Afrique et aux Africains ».
 
Au total, la France eut 8.207.000 hommes sous les drapeaux. Laissons donc parler les chiffres[2] :
 
 
1) Effectifs de Français de « souche » (Métropolitains et Français d’outre-mer et des colonies) dans l’armée française durant le Premier conflit mondial
 
- Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20% de la population française totale.
- Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73.000 Français d’Algérie, soit 20% de toute la population « pied-noir ».
- Les pertes parmi les Français métropolitains furent de 1.300 000 morts, soit 16,67% des effectifs.
- Les pertes des Français d’Algérie furent de 12.000 morts, soit 16,44% des effectifs.
 
 
2) Effectifs africains
 
- Le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) fournit 218.000 hommes (dont 178.000 Algériens), soit 2,65% de tous les effectifs de l’armée française.- Les colonies d’Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189.000 hommes, soit 2,3% de tous les effectifs de l’armée française.
- Les pertes des Maghrébins combattant dans l’armée française furent de 35.900 hommes, soit 16,47% des effectifs.
- Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens (les Tirailleurs) sont imprécis. L’estimation haute est de 35.000 morts, soit 18,51% des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit 15.87%.
 
Ces chiffres contredisent donc l’idée-reçue de « chair à canon » africaine d’autant plus qu’au minimum, un tiers des pertes des Tirailleurs « sénégalais » furent la conséquence de pneumonies et autres maladies dues au froid, et non à des combats. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains. 
 
Enfin, une grande confusion existe dans l’emploi du terme « Coloniaux ». Ainsi, l’héroïque 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments (pour 254 régiments et 54 bataillons composant l’Armée française), mais ces 16 régiments étaient largement  formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.
 
Autre idée-reçue utilisée par les partisans de la culpabilisation et de son corollaire qui est « le grand remplacement » : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre.
Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, la France importa 6 millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire et 170 millions du reste du monde.
 
Conclusion :
 
Des Tirailleurs « sénégalais » ont courageusement et même héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ». Gloire à eux !
 
Cependant, utiliser leur mémoire pour des buts idéologiques est honteux car, durant la guerre de 1914-1918, ils ne composèrent que 2,3% du corps de bataille français.
 
[1] Sur toute l’entreprise de falsification de l’histoire de la colonisation française on lira mon livre « Colonisation l’histoire à l’endroit .Comment la France est devenue la colonie de ses colonies » publié en 2022
[2] Faivre, M (Général)., (2006) « A la mémoire des combattants musulmans morts pour la France », La Voix du Combattant, mai 2006, p.6.

 

"Tirailleurs" ? Un film à éviter, sans état d'âme !

Source : "Minurne Résistance" - par Eric De Verdelhan - Le 25/12/2022.

200 000 Tirailleurs dits « sénégalais » ont combattu aux côtés des poilus pendant la Grande Guerre. 30 000 sont morts sur les champs de bataille…
Dans
 « Tirailleurs », le réalisateur Mathieu Vadepied raconte le destin tragique de deux d’entre eux : un père, Bakary Diallo incarné par Omar Sy, et son fils Thierno, joué par Alassane Diong…
Le film
 « Indigènes » de Rachid Bouchareb, présenté à Cannes en 2006, sur des Tirailleurs algériens pendant la Seconde Guerre mondiale avait marqué tous les esprits. Il aura fallu attendre 15 ans de plus pour que l’histoire de Tirailleurs dits sénégalais pendant la Première Guerre mondiale soit à son tour racontée… (Extrait d’un article du « Huffpost »).

 

 

 

Tous les ans, depuis une trentaine d’années, le Festival de Cannes se croit obligé de nous infliger un message « politiquement correct » en faveur des minorités : féministes, racialistes, wokes, indigénistes, LGBT, migrants, etc… et nous avons le devoir de nous extasier et de nous auto-flageller.

En 2006, le film « Indigènes » (1) faisait croire aux imbéciles que la France avait utilisé des Maghrébins comme « chair à canon » durant la Seconde Guerre Mondiale.

Cette année, le film « Tirailleurs », de Mathieu Vadepied, nous parle des Tirailleurs sénégalais utilisés comme « chair à canon » (encore !) par ces salauds de Français durant la Première Guerre Mondiale. Le film sortira en salle le 4 janvier 2023 et tous les médias bienpensants – soit plus de 90% d’entre eux – se croient obligés de nous en faire la retape et d’interroger l’acteur principal, Omar Sy, l’exilé fiscal, qui doit pourtant tout à la France mais qui a toujours une vacherie à dire sur le pays qui l’a vu naître.

 


Notons au passage que, pour fuir cette France odieusement raciste, il aurait pu s’expatrier au Sénégal, patrie de son père, ou en Mauritanie, patrie de sa mère, mais il a préféré une vie de nabab aux USA, le pays de Martin Luther King et de Gorges Floyd. Il y a chez ces gens-là une part de masochisme qui m’étonne, mais je suppose qu’à Los Angeles, au milieu du Gotha gauchissant des milliardaires du show-biz, on ne souffre pas trop de racisme.

En France, Omar Sy s’est vu proposer des rôles « de Blanc » comme le docteur Knock ou Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur. Il ne manque plus à son répertoire qu’Astérix le Gaulois ou Blanche-Neige, mais Astérix sent le souffre puisqu’il défend son pays contre l’envahisseur romain ; quant à Blanche-Neige, dont le patronyme frise la provocation, elle exploite de manière honteuse sept « personnes à taille réduite » (qu’on ose traiter de « nains »).  

Nous devrions boycotter les films mensongers qui insultent notre histoire, mais, depuis des années, la France est entrée en repentance. Elle culpabilise sur son passé colonial. Des tas de Bobos iront voir « Tirailleurs » et en ressortiront émus, scandalisés, honteux, péteux et en maudissant leurs géniteurs d’avoir osé faire – ou laisser faire – de telles ignominies. En 2006, lors de la sortie du film « Indigènes », Jacques Chirac avait fait semblant de découvrir que l’Armée d’Afrique, qui a libéré la France, était constituée d’Africains, du Maghreb ou d’Afrique Noire. On croît rêver !

Ainsi donc, durant nos guerres, nous aurions utilisé nos troupes indigènes comme « chair à canon ».C’est inexact, mensonger, ou, pour le moins, très exagéré !

À l’époque coloniale, nos forces étaient réparties en trois ensembles : l’Armée métropolitaine, les troupes coloniales et l’Armée d’Afrique qui dépendaient d’un seul état-major général.

Dans la terminologie militaire, les troupes coloniales désignaient les troupes « indigènes », hors Afrique du Nord, et métropolitaines : Les anciennes formations de Marine (« Marsouins » pour l’infanterie et « Bigors » pour l’artillerie), qui fusionnent, en 1900, pour former l’« Armée coloniale » (ou « la Coloniale »). Ces troupes se distinguent donc des troupes d’Afrique du Nord « indigènes » (Tirailleurs, Spahis) et européennes (Zouaves, Chasseurs d’Afrique, Légion Etrangère), qui forment l’Armée d’Afrique (19ème Corps d’Armée) et provenaient essentiellement d’Algérie.

Certains régiments, mixtes, regroupaient des Chrétiens, des Juifs et des Musulmans, comme les unités de Zouaves ou de Tirailleurs. On estime que l’Empire a fourni, en quatre années de guerre, entre 550 000 et 600 000 « indigènes » à la mère-patrie, dont 450 000 vinrent combattre en Europe.

270 000 mobilisés, dont 190 000 combattants, étaient des Maghrébins, 180 000 mobilisés, dont 134 000 combattants, étaient des « Sénégalais » (2). Les autres venaient de tout notre Empire : Madagascar, Indochine, Océanie  et  Somalie.

Les « indigènes » ont représenté 7% des 8 410 000 mobilisés de l’armée française, affectés majoritairement dans les régiments de Tirailleurs. La proportion de Français au sein des régiments de Tirailleurs nord-africains était d’environ 20 %. Un peu moins dans les bataillons de Sénégalais.

En 1918, à la fin de la Grande Guerre, notre armée disposait de cent divisions dont six divisions composées de troupes de l’Armée d’Afrique et sept divisions composées de troupes de l’Armée coloniale. La moitié des effectifs de ces treize divisions étant d’origine métropolitaine.

Si ces effectifs peuvent sembler relativement faibles, les troupes « indigènes » comptent à leur actif bon nombre de faits d’armes glorieux et leur rôle ne saurait être sous-estimé (3). Leur apport a été très important dans les semaines décisives de septembre 1914, lors de la bataille de la Marne. Si quelques cas de panique furent signalés lors des premières semaines de combats, par la suite, ces unités indigènes se montreront à l’égale des meilleures.

Durant la Grande Guerre, le nombre de tués de nos troupes « indigènes » est estimé à plus de 70 000 (dont 36 000 Maghrébins et 30 000 « Sénégalais »).

Sur 450 000 combattants engagés, le taux de pertes a été de 19% chez les Maghrébins et de 23% chez les Sénégalais. Ces chiffres sont à rapprocher du 1,5 million de tués de la Grande Guerre.

Les monuments aux morts des villes et villages français sont là pour nous rappeler que la grande boucherie de 14-18  aura été, hélas, assez « égalitaire » : Les combattants de notre Empire y ont eu leur part…comme les autres, ni plus ni moins, et à ce titre, ils méritent le même hommage que les « poilus » métropolitains : Le paysan breton ou auvergnat – vêtu d’un pantalon garance au début du conflit – qui montait à l’assaut à la baïonnette devant les mitrailleuses allemandes, servait lui aussi de « chair à canon » et le fait qu’il soit blanc de peau ne minimise en rien son sacrifice.

Au sujet du film « Tirailleurs », un journaliste a déclaré que c’était « un devoir de parler des Bataillons d’Afrique », ce qui prouve, une fois de plus, que ces plumitifs ne connaissent rien à notre histoire : Les « Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique » (BILA), plus connus sous les surnoms de « Bat’ d’Af’ », étaient des unités qui relevaient, effectivement, de l’Armée d’Afrique.

L’Infanterie Légère d’Afrique a été créée en 1832 pour recycler les soldats condamnés par la justice militaire. Cantonnées en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc), « à Biribi », nom générique pour désigner leur casernement, ces unités constituaient l’instrument répressif de l’armée française : Destinées à mater les fortes têtes, elles furent conçues pour « redresser ceux qui ont failli ».

Les « Joyeux », selon la tradition, arboraient le tatouage « Marche ou Crève ». C’est à cela qu’ils étaient respectés, voire craints, dans le milieu. Autre particularité des « Bat’d’Af » : La pratique de l’homosexualité dans les rangs (héritée des passages en prison). Les Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique formaient corps. Leurs soldats relevaient de… 54 catégories judiciaires différentes, allant du petit délit à la tentative de meurtre. Certaines sections comptaient essentiellement des proxénètes.

En 1914, à la déclaration de la guerre, les effectifs restent en garnison en Afrique du Nord afin d’y assurer le maintien de l’ordre. On a formé pour la durée de la guerre, et par prélèvement dans les cinq BILA, trois Bataillons de Marche d’Infanterie Légère d’Afrique (BMILA), qui ont été engagés en métropole où ils se sont distingués : les 1er, 2e et 3e BMILA. Les journalistes en mal de copie à sensation confondent souvent les « Bat’d’Af » avec la Légion, ce qui est, à mon (humble) avis, une insulte à notre Légion Etrangère. Le chant de marche des « Bat’d’Af »  – « Le bataillonnaire »(4) – a été modifié et repris par les régiments parachutistes (5).

Si nos journalistes confondent nos valeureux Tirailleurs sénégalais avec les voyous et les maquereaux des « Bat’ d’Af’ », des unités très majoritairement constituées de repris de justice blancs, ils risquent de se voir trainer devant les tribunaux par les associations antiracistes : Quand on ne sait rien, il vaudrait mieux la fermer !

Pour ma part, j’en ai marre des jérémiades victimaires de nos anciens colonisés. L’attitude irresponsable d’Emmanuel Macron, qui bat sa coulpe – au nom de la France – sur les méfaits de la colonisation, ne fait s’attiser, que renforcer, la haine des allogènes à notre égard.

C’est insupportable car totalement injustifié. Comprenez que je ne défends pas le « temps béni des colonies » mais j’affirme que l’œuvre française, en Afrique ou en Asie, a été grande, souvent héroïque et désintéressée.

Si nous devons faire repentance, faisons-la à bon escient, à l’égard des troupes – régulières ou supplétives – vietnamiennes, que nous avons abandonnées à la cruauté du Vietminh communiste ; à l’égard des Harkis fidèles à la France, que nous avons livrés désarmés aux égorgeurs du FLN. Mais ce n’est pas le peuple français qui est responsable de ces horreurs mais les dirigeants du pays qui, en Indochine, ont laissé massacrer la garnison de Diên-Biên-Phu pour hâter la signature des accords de Genève, et, en Algérie, ont tout bradé  pour signer les accords d’Evian.  

Je lisais récemment un article du « Monde » dans lequel Paap Seen, éditorialiste sénégalais et auteur de « Politisez-vous ! » (6) distillait son venin antifrançais et déclarait, entre autres :

« Je suis… le produit de la défaite historique de l’Afrique face à la France. La colonisation est une blessure profonde…Aujourd’hui encore, l’ancien colonisateur continue de faire preuve d’arrogance à l’égard des Africains… Par ailleurs, le traitement discriminatoire que l’État français inflige aux afro-descendants dans les banlieues françaises est perçu comme une autre forme d’humiliation… ».

La dialectique antifrançaise est toujours la même, mais pourquoi la supportons-nous ? Pourquoi acceptons-nous en permanence de battre notre coulpe.

Et, quand le show-biz et le cinéma s’en mêlent, de qui se moque-t-on ?

Les acteurs  les mieux payés – donc les plus riches – du cinéma français sont : Dany Boon,  Farid Hamidou à l’état-civil ; Kad Mérad né Kaddour Mérad ; Roschdy Zem ; Jamel Debouzze, Omar Sy et quelques autres. Ne parlons pas des chanteurs,  les millionnaires du rap, qui sont, tous ou presque, d’origine maghrébine ou africaine. Et oublions les spots publicitaires qui font toujours la part belle à un allogène basané.

Ces gens-là ont-ils plus de talent que les acteurs, comédiens, ou chanteurs blancs ? Non, mais ils appartiennent à une minorité qui sait parfaitement exploiter notre culpabilité de colonialiste. Ils viennent régulièrement dans les médias pour baver sur la France à laquelle ils doivent leur richesse.

Et bien, pour une fois, je m’autorise une citation en Anglais «  love it or leave it ! » :

La France, aimez-là ou quittez-là ! Je suis résolument contre la double (ou triple) nationalité, contre le « Jus Solis », et contre le « regroupement familial ».

Être français, à mes yeux, ce n’est pas un droit ; ce n’est pas non plus une question de race, de couleur de peau ou de religion ; c’est d’abord et avant tout une question d’amour, d’attachement viscéral à sa terre ; c’est l’adhésion à des valeurs et à une histoire communes. Soyons fiers de notre passé même si tout n’a pas été idyllique !

Éric de Verdelhan

25 décembre 2022 

Lettre ouverte à Omar Sy.

Source : Bd. Voltaire -  par Verlaine Djeni -  Bloggeur- Le 04/01/2023.

 

 

Non, Monsieur , vous n'êtes pas victime de racisme, vous n'êtes pas attaqué pour votre couleur de peau, vous n'êtes pas le « souffre-douleur » de l'extrême-droite. Vous vous trompez en brandissant ici la sempiternelle complainte victimaire qui n'a aucun sens dans ce débat.

Dans l'interview que vous avez donnée au Parisien ce dimanche 1er janvier, vous affirmez  « Quand c’est en Afrique, vous êtes moins atteints ? ». Vous échangiez alors avec les journalistes sur l'actuel conflit en . Je ne vais point ici vous reprocher vos choix puisque vous êtes libre de soutenir qui vous voulez dans cette guerre. Mais là où le bât blesse, c'est que dans cette phrase, le « vous » utilisé s'adressant aux Français, Le Parisien étant un journal français dont les lecteurs sont essentiellement français et plus globalement le lectorat, francophone, avec ce « vous », vous ne subodorez pas mais mettez en accusation la France (je ne vais pas me permettre de dire les Blancs, de peur de m'attirer les foudres de la sphère du Wokistan). Comment pouvez-vous tenir ces propos quand on sait que la France a toujours été présente pour l'Afrique. Combien d'OPEX ces dernières années en Côte d'Ivoire, au Niger, au Mali, en Centrafrique, etc. ?

Depuis le début de la crise dans l'Est de la République Démocratique du Congo, nous sommes nombreux à supplier la France de faire pression sur le Rwanda afin qu'il arrête son soutien aux rebelles de M23 en conflit contre les forces armées régulières du pays. Appel entendu par le président Emmanuel Macron qui a clairement pris position, interpellant Paul Kagamé, le chef de l'Etat rwandais à cesser ce soutien.

On ne peut donc pas ici faire de reproches à la France, d'autant que dans le cadre de ces OPEX, des soldats de notre pays sont morts pour des causes souvent éloignées des problématiques prioritaires des Français. Ayez au moins la décence de reconnaître que votre sortie est, pour le moins, maladroite.

Ce qui est malheureux dans cette polémique c'est que vous êtes en pleine promotion pour un film évoquant un sujet très intéressant et que, à titre personnel, je me suis permis de relayer sur les réseaux sociaux la mobilisation pour aller voir Tirailleurs. Ce moment d'histoire sera donc pollué par vos propos.

Monsieur Omar Sy, vous n'êtes pas le « souffre-douleur » de l'extrême-droite. En vous muant en récidiviste dans l'exploitation des polémiques anti-France, anti-Blanc, anti-police, vous êtes devenu l'avocat des maux qui font tant souffrir la cohésion nationale, défenseur des déboulonneurs, des indigénistes, des racialistes, de tous ces concepts "woke" importés des USA.

J'ai, un temps, apprécié vos talents d'humoriste à l'époque sur Canal+,  époustouflé par votre performance dans Intouchables mais aujourd'hui je regrette que vous ne vous contentiez pas de vous en tenir à votre rôle d'acteur.

 

 

L'Afrique Réelle n°156 - Décembre 2022

Editorial de Bernard Lugan

Dans ce dernier numéro de l’année 2022, quatre sujets sont traités :
1) La guerre du Kivu menée par le M23 est en réalité une guerre d’annexion que le Rwanda poursuit depuis 1996 à travers des milices locales pour trois grandes raisons :
- Surpeuplé, le Rwanda va droit au collapsus si, d’une manière ou d’une autre, il ne déborde pas vers les régions vides d’habitants du Kivu congolais.
- Sans une ouverture vers le Kivu, le Rwanda n’est que le cul de sac de l’Afrique de l’Est, la forêt de la cuvette congolaise formant une barrière naturelle, politique, ethnique, culturelle et linguistique (kiswahili oriental et lingala occidental).
- La réussite économique actuelle du Rwanda repose largement sur le pillage des ressources de la RDC. Selon l’ONU, le Rwanda constitue ainsi la plaque tournante du commerce illicite des métaux rares, de l’or et des diamants congolais à travers des sociétés écran et des coopératives minières qui donnent le label « Rwanda » aux productions congolaises. 
2) L’Algérie est dirigée par une centaine de généraux constituant le niveau supérieur d’une nomenklatura contrôlant le pays à travers une clientèle d’obligés ou d’associés civils. Après une décennie de purges liées à des querelles de clans, nous assistons aujourd’hui au retour des « professionnels » de l’« Etat-DRS » qui apportent réseaux et « savoir-faire » à l’Etat algérien, venant ainsi en renfort d’un « Système » que certains, peu au fait des lignes de forces souterraines de l’armée algérienne, avaient un peu trop rapidement considéré comme défunt… 
3) Au Tchad, après les dizaines de morts ayant suivi la répression de la manifestation=insurrection d’octobre 2022 à N'Djamena, plus que jamais, se pose la question de l’avenir de ce pays, verrou de l’Afrique centrale et pivot de la lutte contre les groupes terroristes.
Ici, comme partout ailleurs en Afrique, tout va dépendre de la manière dont vont s’exprimer les puissants déterminismes ethno-claniques inscrits dans le continuum ethno-racial sahélien. De l’océan atlantique à la mer Rouge, ce dernier trace une faille le long de laquelle, depuis des millénaires les nordistes nomades poussent vers les zones humides du sud peuplées par des agriculteurs sédentaires[1]. Des résurgences historiques surinfectées par les manœuvres de la Turquie depuis la Libye, et par celles de la Russie depuis la Centrafrique. 
4) La question du gaz. Les acheteurs européens ayant décidé de se passer du gaz russe, il leur est donc nécessaire de réorienter quasiment 50% de leurs achats. D’où un regain d’intérêt pour le gaz africain devenu de ce fait un enjeu majeur. 
D’autant plus que le continent contient de très importantes réserves et que de nouvelles découvertes ne cessent de se faire, tant en Afrique du Nord qu’au sud du Sahara. Désormais, la grande question qui se pose est celle de l’exportation des productions de ces immenses réserves, donc du tracé des gazoducs par lesquels elles se feront.
[1] Voir à ce sujet mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours.

Afrique du Sud :« Face à la décomposition du pays, il va bientôt falloir se décider à en rendre la direction aux Boers » !!! - Le 12/04/2022.

Cette proposition aussi désabusée qu’iconoclaste a été faite il y a quelques mois par un journaliste noir sud-africain.
Elle illustre le naufrage d’un pays dans lequel 74 meurtres sont commis quotidiennement (moyenne 2021 selon Stats SA), où le chômage touche environ 40% des actifs, où le revenu de la tranche la plus démunie de la population est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994, et où plus d’un tiers des habitants  ne survit que grâce aux aides sociales. Comment aurait-il d’ailleurs pu en être autrement dans une « nouvelle Afrique du Sud » devenue la proie de l’ANC et dont les cadres, trop souvent aussi incapables que corrompus, semblent n’avoir pour objectif que leur propre enrichissement ? 
En bientôt trois décennies de pouvoir absolu, l'ANC qui a méthodiquement dilapidé l’immense héritage laissé par le régime blanc, a peu à peu transformé la prospère Afrique du Sud en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences. Une réalité qui échappe aux touristes et qui est masquée par quelques secteurs ultra performants dirigés par des Blancs ou par une poignée d’entrepreneurs noirs.
Le désastreux bilan économique de bientôt trois décennies de pouvoir ANC tient en trois constats. 
- Un PIB qui ne cesse de baisser (3,5% en 2011, 2,6% en 2012, 1,9% en 2013, 1,8% en 2014, 1% en 2015,  0,6% en 2016,  une entrée en récession en 2017 suivie d’un léger rebond à 0,2%  en 2019, puis par une chute vertigineuse  de 6,4% en 2020 avant un rebond de 4,9% en 2021 qui n’efface pas le trou de 2020 (Stats Sa 8 mars 2022).
- Des mines, premier employeur du pays, qui ont perdu près de 300.000 emplois depuis 1994. Quant aux pertes de production et de revenus, elles se conjuguent avec des coûts d’exploitation en hausse constants, cependant que les dramatiques coupures d’électricité  ont eu pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de dizaines de milliers de mineurs.
- Une agriculture qui a, elle aussi, perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois et qui a reçu  un coup mortel le mardi 27 février 2018 quand le parlement sud-africain vota le commencement d’un processus de nationalisation-expropriation sans compensation des 35.000 fermiers blancs.
Le soit disant héritage « négatif » de  «l 'apartheid » a, des années durant, servi d’excuse au système prédateur sud-africain alors qu’en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela incapable de le prendre par la force[1], il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. Vingt-huit ans plus tard, pris dans la nasse de leurs propres mensonges, de leurs prévarications et de leurs insuffisances, les dirigeants de l'ANC ne sont donc plus crédibles quand ils continuent à mettre en accusation le "régime d'apartheid" afin de tenter de dégager leurs responsabilités dans l’impressionnante faillite dont ils sont les seuls responsables.
 
Dans ce pays où un abîme s'est creusé entre une infime minorité de profiteurs noirs et des millions de chômeurs, d’assistés et de travailleurs sous-payés qui paralysent l’économie avec de continuels mouvements de revendication, l’abyssal échec de l’ANC a débouché sur des violences xénophobes, les étrangers étant accusés de prendre le travail des plus pauvres et d’entretenir la délinquance. 
 
Depuis la fin du mois de mars 2022, c’est en hurlant « Dudula », un nouveau slogan en langue zulu signifiant « refouler » ou « faire déguerpir », que la chasse aux étrangers a été lancée.  Déjà, en 2008, en 2015, en 2016 et en 2019, un peu partout dans le pays, notamment au Natal et dans la région de Johannesburg, les immigrés africains qu'ils soient  Malawites, Mozambicains, Somaliens, Zimbabwéens, Soudanais ou encore Nigérians avaient été pris pour cible, lynchés et leurs biens systématiquement pillés. En 2016, les violences « xénophobes » connurent une telle ampleur que le Malawi décida d'évacuer ses ressortissants et que le Mozambique demanda aux autorités sud-africaines d'assurer la protection de ses nationaux face à l’ampleur des pogroms alors encouragés par le roi des Zulu...
Dans la « nation arc-en-ciel », au pays de l’ « icône » Nelson Mandela, des Noirs massacrent donc d'autres Noirs, et qui plus est, des Noirs immigrés... Voilà de quoi déstabiliser ceux qui pensaient qu'une fois le régime blanc balayé, les fontaines sud-africaines allaient laisser couler le lait et le miel de la fraternelle société « post-raciale »...
Face au gouffre creusé par ses détournements et son incompétence, l’Etat-parti ANC n’a désormais plus que trois options :
1) Chercher à redresser l’économie en empruntant une voie libérale, mais il provoquera alors une sanglante révolution populaire.
2) Continuer à accuser le bouc-émissaire blanc en tentant de faire croire que la situation est un héritage de l’apartheid et en nationalisant les mines et la terre. La « poule aux œufs d’or » sera alors définitivement  tuée, et, comme au Zimbabwe, les Blancs émigreront et le pays sombrera encore davantage  dans la misère.
3) Recourir à la « planche à billets », ce qui provoquera d’abord l’inflation, puis une hyperinflation et enfin l’achèvement de la ruine totale du pays.
Coquille vide  ayant perdu tout sens idéologique et politique, ne survivant plus que comme machine électorale destinée à distribuer des sièges de députés à ses membres, l’ANC est donc au pied du mur. L’heure de vérité approche inexorablement cependant que les masses noires, totalement paupérisées, constituent un bloc de plus en plus explosif.
Et pourtant, décérébrés par l’auto-culpabilisation, par les glapissements des « décoloniaux » et par le « sida mental » introduit par la « culture woke » (voir à ce sujet mon livre  « Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la Repentance »), les chapons gras occidentaux continueront à se pâmer devant le fantasme de la « nation arc-en-ciel », ne voyant pas, futures victimes qu’ils sont, que ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud annonce le futur apocalyptique de l’Europe « multiraciale » rêvé par les mondialistes, organisé par  la « Commission de Bruxelles », et encouragé par ce pape tiers-mondiste qui ne cesse d’appeler à l’accueil des « Autres »...
 
 
[1] Voir à ce sujet mon livre « Histoire de l’Afrique du Sud des origines à nos jours ». Editions Ellipses, 2010. Disponible en librairie.

Nouveau livre de B. Lugan.

Comment la France est devenue la « colonie de ses colonies »

Le 09/02/2022.

 

L'Afrique Réelle :

Vous publiez un livre dans lequel vous expliquez que la conséquence de la colonisation d’hier est la colonisation à rebours que subit aujourd’hui la France au point, dites-vous d’en faire désormais la « colonie de ses colonies ». L’actuel « grand remplacement » est-il donc une conséquence de la colonisation ?

 

Bernard Lugan :

Clairement oui et pour deux raisons :

1) La première est que ce sont essentiellement nos anciens « sujets » coloniaux qui déferlent sur la France, leur ancienne métropole. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il y eut ainsi au maximum, 1,5 million de Français installés dans tout l’Empire, dont plus des deux tiers dans la seule Algérie. Or, aujourd’hui, les populations originaires de l’ancien Empire vivant en France, comptent plus de dix millions de personnes, naturalisés compris, soit dix fois plus qu’il n’y eut de « colons » dans tout l’Empire français. Quant aux Algériens qui, depuis les « Accords d’Evian », bénéficient de facilités d’entrée en France, 80% d’entre eux ont des parents en Europe, très essentiellement en France où existe le regroupement familial. Autant dire que le mouvement de colonisation à rebours n’est pas prêt de s’arrêter et cela d’autant plus que nombreux sont ces néo-colons qui installent leur mode de vie sur des fractions de plus en plus importantes du territoire français. Peut-on donc parler d’autre chose que de colonisation à rebours et de France devenue la colonie de ses anciennes colonies ?

2) La seconde raison, et là est le cœur du problème, est que l’idéologie dominante justifie cette colonisation d’aujourd’hui par le prétendu « pillage colonial » que nous aurions opéré en Afrique hier. C’est au nom de ce postulat culpabilisateur que l’actuel changement de peuple nous est imposé dans une ultime volonté d’expiation de «crimes » coloniaux imaginaires. 

Voilà pourquoi, remettre à l’endroit l’histoire de la colonisation était donc une impérieuse nécessité car, avec la traite des Noirs, la colonisation constitue le deuxième grand pilier de l’acte d’accusation dressé contre l’Homme Blanc. Un acte d’accusation qui permet aux terroristes de la pensée de tenter de nous mettre en état de soumission. Mon livre est donc un outil de combat destiné à donner aux Résistants les arguments permettant de réfuter la colossale et mortifère entreprise de déconstruction historique que nous subissons aujourd’hui. 

L'Afrique Réelle :

Votre livre est ancré sur deux grands points. Dans le premier vous démontrez, chiffres détaillés à l’appui, que la France ne s’est pas enrichie en Afrique, et que tout au contraire, elle s’y est ruinée. Dans le second vous expliquez le substrat idéologique hérité des « principes de 1789 » au nom desquels la gauche républicaine a lancé la France dans l’impasse de la colonisation. Commençons par la doxa qui soutient que la colonisation française fut une bonne affaire pour la France et qu’elle fut provoquée par les surplus de capitaux auxquels il fallait trouver des débouchés.

 

Bernard Lugan : 

Il s’agit là d’un énorme mensonge car la France n’a pas placé ses surplus de capitaux dans ses colonies. Avant 1914, les colonies françaises dans leur ensemble, Indochine, Algérie et Antilles comprises, n’attiraient en effet pas le capital privé français puisque les investissements privés y étaient grosso modo équivalents en volume à ceux réalisés dans le seul empire ottoman. Plus généralement, et contrairement à ce que veulent faire croire les « décoloniaux », et également contrairement à ce que postulait Jules Ferry, ne furent pas des raisons économiques qui poussèrent la France à la conquête d’une Afrique inconnue dont, par définition, tous ignoraient si elle recelait des richesses. Ce ne fut pas non plus pour y trouver des débouchés à son industrie car ces derniers n’existaient pas… Ce fut pour des raisons conjoncturelles politiques ou stratégiques, mais également idéologiques.

 

L'Afrique Réelle :

Restons si vous le voulez bien, sur le postulat de l’enrichissement de la France par la colonisation.

 

Bernard Lugan :

Vous avez raison de parler de ce postulat qui sous-entend que l’industrialisation et la richesse française reposeraient sur l’exploitation et le pillage de l’Afrique. Un peu de logique s’impose car, si la richesse était mesurée à l’échelle des possessions impériales, le Portugal aurait dû être une grande puissance industrielle mondiale. De même, la révolution industrielle française aurait dû se faire dans les régions des grands ports coloniaux, c'est-à-dire à Nantes, à Bordeaux ou à La Rochelle, et non en Lorraine. De plus, dans la décennie 1960, les pays les plus riches et les plus développés étaient ceux qui n’avaient jamais eu de colonies, comme les Etats-Unis d’Amérique, la Suède et la Suisse ou ceux qui les avaient perdues comme la Hollande ou l’Allemagne. 

En revanche, la Grande-Bretagne et la France qui étaient avec le Portugal, les principales puissances coloniales étaient à la traîne car les capitaux dépensés outre-mer n’avaient pas permis la modernisation et la mutation des industries métropolitaines. Le miracle est que la France ait tout de même réussi à atteindre son niveau de richesse malgré son boulet économique impérial…

Je pose une autre question de bon sens : puisque la doxa soutient que la France tirait sa prospérité de son Empire africain, pourquoi son économie ne s’est-elle donc pas effondrée avec la décolonisation ? Et pourquoi, tout au contraire a-t-elle bénéficié de cette rupture ? En effet dans la décennie qui suivit les indépendances, jamais la croissance du capitalisme français n’a été aussi vigoureuse, ses transformations structurelles aussi rapides et le développement des infrastructures françaises aussi impressionnant. Soulagée du boulet économique et financier colonial, la France a pu enfin investir dans les infrastructures nées durant les décennies « glorieuses » des années 1960-1990.

 

L'Afrique Réelle :

Chiffres à l’appui, vous montrez qu’effectivement, la France n’a pas pillé l’Afrique, mais qu’elle s’y est tout au contraire ruinée. Pour la clarté de votre démonstration, vous avez d’ailleurs converti en euros les sommes colossales englouties par elle et à fonds perdus dans ses colonies, ce qui permet immédiatement de mesurer la saignée subie par la France et qui réduit à néant le postulat du « pillage colonial ».

 

Bernard Lugan :

Pour les listes de chiffres, et elles sont effectivement parlantes, je préfère renvoyer à mon livre. Quelques exemples cependant. Après 1945, et alors que la décolonisation était en marche, la France qui sortait ruinée du conflit et qui avait toutes ses infrastructures à reconstruire, notamment 7000 ponts sur 9000, 150 gares principales, 80% de son réseau de navigation fluviale, son réseau ferré, ses usines, 50% de son parc automobile etc., lança dans son Empire et donc à fonds perdus pour elle, une fantastique politique altruiste de développement et de mise en valeur. Ces gigantesques programmes de grands travaux qui se firent aux dépens de la métropole, permirent de construire en Afrique 220 hôpitaux dans lesquels soins et médicaments étaient gratuits, 50.000 kilomètres de routes bitumées, 18.000 kilomètres de voies ferrées, 63 ports, 196 aérodromes, des centaines de barrages, de ponts, de centrales électriques, des milliers d’écoles, de dispensaires, de maternités, de conduites d’eau, de fermes modèles, de bâtiments divers, etc. Cela coûta à la France 22% de toutes ses dépenses sur fonds publics et fut payé par les impôts et l’épargne des Français. Et l’on ose nous parler de « pillage colonial » !!!

Deux autres exemples, en 1952, soit en pleine période de préparation de la décolonisation, la totalité des dépenses de la France dans son Outre-Mer, représentait 1/5e du budget français, un pourcentage colossal et suicidaire pour une économie alors en phase de reconstruction. Durant la décennie 1946-1956, pour la seule création d’infrastructures, l’Etat français a investi l’équivalent de 120,42 milliards d’euros dans ses colonies, et pour la seule année 1958, soit à peine deux ans avant les indépendances, le total de toutes les dépenses outre-mer coûtèrent à la France l’équivalent de 323 milliards d’euros. 

 

L'Afrique Réelle :

Vous écrivez, et cela semble à première vue paradoxal, que les colonies qui ruinaient la France n’avaient que peu d’intérêt économique pour elle, et, contrairement à la doxa qui postule que la France s’y fournissait en matières stratégiques, vous montrez que tel n’était pas le cas.

 

Bernard Lugan :

Stratégiques le riz, le sucre, l’huile d’olive, les arachides, le coton et les bananes qui constituaient près de 70% des importations impériales françaises ? Stratégique le vin algérien qui constituait 25% de toutes ses importations impériales ? Tout au contraire, les matières premières minières impériales, phosphates du Maroc compris, ne représentaient que 5,6% des importations coloniales françaises en 1910, et 4,8% en 1958.

 

L'Afrique Réelle :

Vous démontrez, autre paradoxe, qu’en plus, les productions impériales qui n’étaient en rien stratégiques, et que la France aurait pu acheter sur le marché international sans avoir à supporter le poids de la mise en valeur de son l’Empire, lui étaient vendues par ses propres colonies plus cher que sur le marché international. Un comble !

 

Bernard Lugan :

Dans mon livre, je pulvérise effectivement l’idée selon laquelle l’empire africain était pour la France un fournisseur à bon compte. En effet, « bonne fille », la France lui a toujours acheté ses productions environ 25% au-dessus des cours mondiaux. Et comme, en plus, en amont, elle avait subventionné les dites productions, la perte fut donc double pour la France comme Jacques Marseille et Daniel Lefeuvre l’ont bien montré. Quelques exemples : le litre de vin algérien était payé 35 francs alors que, à qualité égale, le vin grec, espagnol ou portugais valait 19 francs. Le cacao de Côte d’Ivoire était payé 220 francs les 100 kilos quand le cours mondial était de 180 francs. Pour les arachides du Sénégal, les agrumes et les bananes en général, le prix colonial français était de 15 à 20% supérieur aux cours mondiaux. En 1930 le prix du quintal de blé métropolitain était de 93 francs quand celui proposé par l’Algérie variait entre 120 et 140 f, soit 30 à 50% de plus. 

Tout cela entraîna un surcoût pour le budget français. Pour les seules années 1954 à 1956, ce surcoût s’est élevé à plus de 50 milliards de FF, soit 81 milliards d’euros. De plus, à cette somme exorbitante, il faut encore ajouter le soutien des cours des productions coloniales qui coûta à la France 60 milliards par an pour les seules années 1956 à 1960, soit 97 milliards d’euros annuellement, l’équivalent du montant de l’impôt sur le revenu des personnes physiques françaises pour l’année 2021 !!! 

Même la main d’œuvre industrielle était plus chère dans l’empire que celle de la métropole. Ainsi, en Algérie, selon un rapport de Saint-Gobain daté de 1949 par comparaison avec une usine métropolitaine située en province, l’ensemble des dépenses, salaires et accessoires était de 37% plus élevée en Algérie. 

Dans ces conditions, économiquement parlant, cela valait-il donc la peine de conserver un empire qui vendait à sa métropole des productions non rares et plus cher que ce qu’elle aurait pu acheter sur le marché international ? Nous sommes toujours très loin du prétendu « pilage colonial »…

 

L'Afrique Réelle :

Encore plus grave, l’Empire a, selon vous, prolongé artificiellement la survie de secteurs économiques condamnés, freinant ainsi la nécessaire modernisation de pans entiers de son économie. 

 

Bernard Lugan :

Dans les années 1980, Jacques Marseille a brillamment démontré que le débouché colonial fut essentiel à la survie d’industries condamnées. Ainsi, de 1900 à 1958, les fabriques françaises de bougies et de chapeaux de paille réalisèrent plus de 80% de leurs exportations dans l’Empire. Dans ce cas, oui, l’Empire fut rentable pour certains privés qui s’enrichirent quand la France se ruinait... 

En revanche, pour les industries « motrices » comme l’industrie des métaux, les industries chimiques et électriques etc., le marché colonial ne jouait au maximum et encore, qu’un rôle d’appoint. Pour elles c’étaient les marchés des pays industriels qui leur offraient leurs débouchés. De plus, les colonies défavorisaient les industries françaises de pointe qui étaient pénalisées à l’exportation par les pays qui se heurtaient au protectionnisme impérial français. L’Empire permit donc le « sauvetage des canards boiteux », des secteurs condamnés de l’évolution économique, mais il pénalisa les secteurs d’avenir. Loin de les piller, la France était donc prise au piège de ses colonies.

 

L'Afrique Réelle :

Que répondre aux incessantes jérémiades algériennes accusant la France d’avoir pillé le pays ?

 

Bernard Lugan :

Ces doléances algériennes relèvent de la provocation car la « Chère Algérie » fut un véritable « tonneau des Danaïdes », un insupportable fardeau pour la métropole comme l’a si brillamment démontré le regretté Daniel Lefeuvre. Tout ce qui existait en Algérie au moment de l’indépendance y avait en effet été construit par la France, et à partir du néant. A savoir des centaines d’ouvrages d’art, des voies ferrées, des barrages, des usines, des routes, des ports, des aéroports, des écoles, des hôpitaux, des bâtiments divers. La liste est immense et je renvoie au chapitre X intitulé « La France a-t-elle pillé l’Algérie » de mon livre « Algérie l’histoire à l’endroit ».

Là encore je ne prendrai que quelques exemples. En 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait à elle seule 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! 

Une saignée permanente qui contraignit à faire des choix budgétaires douloureux, car, afin d’aider encore davantage l’Algérie, il fallut faire patienter la Corrèze et le Cantal. Le sacrifice des Français de France fut alors double puisque leurs impôts augmentaient tandis que les engagements de l’Etat dans les domaines routiers, hospitaliers, énergétiques, etc., étaient amputés ou retardés. 

Durant les neuf premiers mois de 1959, les crédits d’investissement en Algérie atteignirent 103,7 milliards de FF, soit 166 milliards d’euros, là encore, financés par le Trésor français. Le plus incompréhensible est que les dirigeants français acceptent de laisser insulter et calomnier notre pays par les affairistes qui ont fait main-basse sur l’Algérie, alors qu’il suffirait de publier le montant des sommes colossales qui y furent englouties jusqu’en 1962, ainsi que la liste de tout ce que les architectes et ingénieurs français y ont construit pour les réduire les aboyeurs au silence…

 

L'Afrique Réelle :

En définitive Jules Ferry s’est donc trompé ?

 

Bernard Lugan :

Oui, et en plus, il a trompé la France et les Français car, dès avant 1914, il était clairement apparu que l’entreprise coloniale n’était pas source de profits comme il l’avait promis. Sauf dans le cas de certains secteurs marginaux comme je l’ai montré avec les bougies et les chapeaux de paille. Aussi, comme les capitalistes privés considéraient l’empire africain comme une affaire économique sans réel intérêt et qu’ils s’en désintéressaient, ils refusèrent donc d’y investir. A travers les impôts des Français, l’Etat fut alors contraint de se substituer à eux. Pour la France l’addition fut lourde car, dans la conception de Jules Ferry, la mise en valeur et la création des infrastructures nécessaires auraient dû être confiées au capitalisme, donc relever du secteur privé. 

Ces investissements ne se faisant pas et les territoires n’ayant pas de ressources propres suffisantes, leurs budgets durent donc être constamment alimentés par des emprunts émis en métropole afin que puissent être entrepris en Afrique les travaux d’infrastructure lourde comme les ports, les ponts, les routes, les hôpitaux etc. La mise en valeur de l’Empire africain fut donc totalement supportée par l’épargne des Français et les sommes considérables qui y furent investies, retirées du capital disponible métropolitain afin de financer outre-mer des infrastructures pourtant nécessaires en France. Une fois encore, nous voilà loin du prétendu « pillage colonial »…

 

L'Afrique Réelle :

Chez Jules Ferry, et vous développez ce point essentiel, il y eut également une attitude idéologique.

 

Bernard Lugan :

Oui, car l’impérialisme de Jules Ferry reposait sur deux pieds, l’économie et la philosophie, comme il l’exposa très clairement le 28 juillet 1885, devant les députés en définissant sa doctrine coloniale. Pour lui, l’Empire devait certes offrir un débouché économique et commercial à la France, mais, et peut-être plus encore, la France « patrie des Lumières » se devait de faire connaître aux peuples qui l’ignoraient encore le message universaliste et émancipateur dont elle était porteuse. Toujours dans son célèbre discours du 28 juillet 1885, Jules Ferry ne craignit ainsi pas de déclarer :

« Il faut dire ouvertement qu’en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures ; mais parce qu’il y a aussi un devoir. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ». 

Or, il faut bien voir qu’à l’exception de Clemenceau et de ses amis, la gauche française partageait la même idée. Ainsi, Albert Bayet, président de la Ligue des droits de l’Homme et dignitaire franc-maçon déclara en 1931, lors du congrès du mouvement qui se tint à Vichy, que la colonisation française était légitime puisqu’elle était porteuse du message des « grands ancêtres de 1789 ». Dans ces conditions, selon lui :

« Faire connaître aux peuples les droits de l’homme, ce n’est pas une besogne d’impérialisme, c’est une tâche de fraternité ». 

Coloniser était donc un devoir révolutionnaire, et Albert Bayet ajouta :

« La France moderne, fille de la Renaissance, héritière du XVIIIe siècle et de la Révolution, représente dans le monde un idéal qui a sa valeur propre et qu’elle peut et doit répandre dans l’univers (…) Le pays qui a proclamé les droits de l’homme a, de par son passé, la mission de répandre où il peut les idées qui ont fait sa propre grandeur ».

 

L'Afrique Réelle : 

Le paradoxe que vous soulignez est que la droite catholique et monarchiste se soit ralliée à cet idéal révolutionnaire et maçonnique qu’elle combattait pourtant depuis 1789…

 

Bernard Lugan :

Totalement lobotomisée philosophiquement et ayant perdu ses repères doctrinaux, par patriotisme mal compris, et au nom de l’évangélisation des païens, la droite nationaliste et catholique se rallia comme un seul homme à la doctrine coloniale universaliste et révolutionnaire définie par Jules Ferry, donc effectivement aux principes qu’elle combattait depuis 1789. Le responsable de cette capitulation intellectuelle fut le cardinal Lavigerie qui lança la « croisade anti-esclavagiste » et qui, en 1890, par le « toast d’Alger », demanda le ralliement des catholiques à la République. J’explique cela en détail dans mon livre.

 

L'Afrique Réelle :

Il y eut tout de même des exceptions à droite.

 

Bernard Lugan :

Oui, mais essentiellement au sein de la droite légitimiste. Puis, plus tard, Charles Maurras fut le premier à percevoir que la colonisation risquait de provoquer un choc démographique en retour en raison de ses principes universalistes, assimilateurs ou intégrationnistes hérités des idées de 1789. Il exprima cette crainte dans un article de haute élévation intellectuelle intitulé « Qui colonise qui ? » publié dans l’Action française, le 13 juillet 1926, à propos de l’inauguration de la mosquée de Paris.

 

L'Afrique Réelle :

Résultat de la colonisation, la France est donc devenue la « Colonie de ses colonies ». Comment a-t-on pu en arriver là ? 

 

Bernard Lugan :

Plusieurs raisons expliquent cette catastrophe cataclysmique unique dans l’histoire de l’humanité et qui met en grave péril existentiel nos sociétés européennes. D’abord, en amont, l’échec des pays décolonisés, puis l’avidité de certains industriels qui importèrent de la main-d’œuvre à bon marché. Ensuite, la décision criminelle de Giscard-Chirac d’autoriser le regroupement familial, ce qui fit d’une immigration temporaire de travail, une immigration de peuplement. Et enfin le terrorisme « anti-raciste » qui encouragea l’immigration tout en interdisant juridiquement aux Français de s’y opposer, la gauche pensant trouver dans les migrants un électorat de substitution….

 

L'Afrique Réelle :

Voyez-vous une solution à ce naufrage ?

 

Bernard Lugan :

En dehors de la remigration volontaire ou forcée, il n’en existe pas car tout le reste n’est que posture ou illusion. Ceux qui sont au pouvoir depuis des décennies, ainsi que les courants « patriotes » proposent en effet pour résoudre l’insoluble problème du « grand remplacement », les mêmes recettes d’assimilation-intégration qui furent inapplicables dans l’Empire, et les mêmes inutiles impératifs économiques du toujours plus de subventions. Le démographe Jacques Dupâquier a balayé cette utopie quand il écrivait en 2006, et depuis le phénomène s’est encore accéléré, qu’ « il ne faut pas s’imaginer que l’intégration se fera toute seule, bien gentiment ».

Or, ce qui a échoué hier en Afrique échouera demain dans les banlieues et dans tous les territoires métropolitains qui connaissent une colonisation de peuplement. Avec en plus, une différence de taille : pour régler le problème, il ne sera pas possible, comme l’avait fait le général de Gaulle, d’y procéder par amputation territoriale. L’avenir s’annonce donc lourd d’orages et les générations européennes futures devront choisir entre trois options, à savoir la soumission progressive, la partition territoriale donc l’exil intérieur, et la Reconquête.

Mais rien ne pourra être entrepris sans un préalable qui est l’élimination de l’idéologie culpabilisatrice reposant sur le mythe incapacitant du « pillage colonial ». Puisse ce livre contribuer à cette purge salvatrice.

 

Ce livre est uniquement disponible via L'Afrique Réelle

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 Source : L'Afrique réelle.

Aux origines de l’échec français au Sahel

Le 06/02/2022.

L’échec de la France au Sahel était prévisible. Les lecteurs de ce blog et les abonnés à l’Afrique Réelle savent que depuis 2011, je n’ai cessé d’en expliquer les raisons largement développées dans mon livre Les guerres du Sahel desorigines à nos jours.
 
Ce naufrage politique et non militaire est dû à six principales causes :
 
1) Corsetés par leur idéologie, les responsables français considèrent que l’enraciné et légitime droit des Peuples doit s’effacer devant les nuées des « droits de l’Homme », les chimères de la « bonne gouvernance » ou l’éthéré postulat du « vivre ensemble », idéologies inadaptées au Sahel où elles amplifient les problèmes.
 
2) Ces mêmes décideurs français ont privilégié les analyses économiques et sociales en s’accrochant au mirage du « développement ». Selon leur présupposé universaliste, les Africains étant des Européens pauvres à la peau noire, les recettes qui avaient marché en Europe ne pouvaient, selon eux, qu’être transposables aux Afriques. Funeste illusion et coupable aveuglement…
 
3) Ils ont superbement ignoré l’histoire et les réalités ethniques, oubliant les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF : « Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ».
 
4) Sans mémoire et sans culture historique régionale, les décideurs français n’ont pas vu qu’à la fin du XIXe siècle, la colonisation eut deux conséquences contradictoires. Elle libéra les sudistes de la prédation nordiste, mais, en même temps, elle rassembla victimes et bourreaux dans les mêmes limites administratives.
 
5) Ces mêmes responsables français n’ont pas davantage vu que dans la décennie 1960, avec les indépendances, les délimitations administratives de l’ancienne AOF devenues frontières d'Etats, s’étaient transformées en autant de prisons de peuples. Or, à l'intérieur de ces artificielles frontières, comme ils sont les plus nombreux, les lois de l’ethno-mathématique électorale donnent automatiquement le pouvoir aux sudistes. Résultat, au Mali, au Niger et au Tchad, dès les années 1960-1965, les Touareg et les Toubou qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent.
 
6) Les irresponsables qui définissent la politique africaine de la France n’ont pas davantage compris que le Sahel est le domaine du temps long où l’affirmation d’une constante islamique radicale est d’abord la surinfection d’une plaie ethno-raciale millénaire que nous ne sommes, et par définition, pas en mesure de refermer.
 
Alors que la politique africaine de la France aurait dû être confiée à des hommes de terrain héritiers de la « méthode Lyautey » et de l’approche ethno-différentialiste des anciennes « Affaires indigènes », elle a, hélas, été gérée par des « petits marquis » issus des Sciences Po. Insignifiants et prétentieux, ces sectaires enkystés au Ministère de la Défense et aux Affaires Etrangères portent, avec les ministres qui en théorie les dirigent, la terrible responsabilité de l’échec français au Sahel.

Source : B. Lugan Blog

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