Todeschini doit démissionner !

par Christian Vanneste - le 14/05/2016.



Christian VANNESTE .

Professeur de philosophie au LICP de Tourcoing.

 

Il a été adjoint à la culture de sa ville, conseiller régional Nord Pas de Calais, vice président de la communauté urbaine de Lille et député de la 10 éme circonscription du Nord pendant 3 mandats..

 

Profondément attaché à sa région, à la Vallée de La Lys et aux 6 villes de sa circonscription (Bousbecque, Halluin, Linselles, Neuville-en-Ferrain, Roncq et Tourcoing), il à cœur d’en défendre, avec fierté, le patrimoine, l'identité et les traditions, et d'en promouvoir le dynamisme économique et l'emploi.


La venue de BlackM à Verdun a été annulée.

Cette erreur de programmation était une faute au regard de la solennité du centenaire de la bataille de Verdun. Le chanteur avait déclaré qu’on allait « s’amuser ».

Ce n’était ni le lieu, ni le moment.

 

Verdun a été une victoire chèrement payée. Si l’Etat et les collectivités locales souhaitaient qu’un spectacle clôture les cérémonies, il fallait peut-être commander une création appropriée et tenter de la rendre accessible à un vaste public.

Le choix, soit délibérément provocateur, soit totalement irresponsable, d’un rappeur limitait ce champ quelque soit la notoriété du chanteur auprès d' »un » public jeune.

 

Une commémoration n’a pas à se soucier du marché du spectacle. Plutôt que de céder à une étonnante démagogie ciblée tirant vers le bas, il aurait été plus opportun de faire preuve de pédagogie en saisissant l’occasion de l’événement pour éduquer, c’est-à-dire pour enseigner ce que les jeunes ignorent et pour élever leur esprit au-dessus du quotidien.

On ne voit pas ce qu’un rappeur pouvait leur apprendre sur la bataille de Verdun, ni comment il pouvait leur faire découvrir une spiritualité nouvelle pour eux puisqu’il avait été choisi en raison de son succès.

 

Mais le secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la Mémoire ne fait pas amende honorable. Il allume un contre-feu avec le soutien manifeste de certains médias comme BFM. Le voilà qui insulte.  

Il parle d’un déferlement de haine, et de xénophobie, d’un pas vers le fascisme ou le totalitarisme. Ces propos aussi provocateurs que le choix de Black M pour commémorer Verdun devraient conduire Todeschini à la démission.

 

Le Ministère qu’il occupe implique le sens du respect et la volonté de se situer dans l’unanimisme national. Or, non content d’avoir suscité l’indignation, il insulte maintenant les indignés. Cet homme de parti, au sectarisme agressif, mu par une idéologie étrangère à la mémoire nationale, est absolument indigne de sa mission.

 

Il l’est à trois titres.

 

D’abord, il a fait preuve d’une impardonnable légèreté en associant l’Etat à cette étonnante programmation. Les mots employés par le rappeur, la violence de certains textes étaient connus : « youpin », « Koufars », c’est-à-dire mécréants selon les islamistes pour désigner les Français, et enfin « que les pédés périssent ». On imagine les cris d’orfraie poussés par la gauche si Black M avait été invité par des adversaires politiques.

 

En second lieu, Todeschini ose cependant s’indigner de l’indignation d’autrui, qui serait donc « fasciste », totalitaire, et xénophobe. Or personne n’a mis en cause l’origine du rappeur, ni sa couleur. Le fascisme et le totalitarisme sont le fait d’Etats qui oppriment. La protestation citoyenne est légitime, et c’est l’Etat qui a été obligé de renoncer à un choix qui, en revanche, n’était pas neutre.

Il s’inscrit dans le projet répété par nos ministres de « changer les mentalités », ce qui est pour le coup, une démarche totalitaire. Les socialistes tentent de plus d’expliquer l’annulation par le risque de troubles suscités par l’extrême-droite.

On ressort le vieux fantasme de Carpentras. Comme si les attentats étaient commis par des fascistes, comme si les casseurs qui s’en prennent aux policiers étaient des néo-nazis.

 

En troisième lieu, d’un bout à l’autre de cette affaire, ce n’est pas l’Etat républicain qui décide et s’exprime,  mais un parti avec ses préjugés, son idéologie, son incapacité à penser « France ».

Car enfin, le choix de Black M était idéologique et bassement politicien. Il s’agissait de séduire « les » jeunes, ceux qui aiment le rap et appartiennent aux minorités ethniques souvent majoritaires dans les banlieues. Le service public de la mémoire était dévoyé au profit d’une manoeuvre politique.

 

Ces événements suscitent une double inquiétude.

De manière générale, l’inversion des valeurs et des traditions est l’objectif de ceux qui nous gouvernent. Pour célébrer l’anniversaire de la victoire de 1945, les Russes de toute origine ou confession avaient défilé en tenant le portrait d’un père ou d’un grand-père. La préférence nationale est toujours légitime lorsqu’elle transcende les différences secondaires. La logique du « régime » actuel consiste au contraire à établir une préférence inversée en faveur des minorités, pour mieux gommer le sentiment de l’identité, pour effacer la mémoire. Il s’agit là d’une volonté de détruire la nation, et ce n’est pas innocent. Pris la main dans le sac, le Ministre hurle et bénéficie de relais importants dans les médias.

Leur orientation, et le matraquage actuel est une seconde source d’inquiétude.

« Une mesure qui suscite l’indignation générale a peu de rapport avec le droit de la Cité » écrivait Spinoza.

Le gouvernement qui y est confronté n’a aucune légitimité pour la mépriser, ni pour la stigmatiser au travers de ses relais d’opinion. Or, depuis la mobilisation contre la loi Taubira, nous sommes habitués à un tel comportement qui n’a rien de démocratique.

 


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