– Le sujet de l’état des forces armées des États-Unis est particulièrement important dans la mesure où ces forces armées constituent le socle de la puissance
de ce pays, pour toutes ses activités, y compris le statut dominant (pour combien de temps ?) du dollar et de la finance US qui utilisent essentiellement la menace (militaire) pour conserver
(pour combien de temps ?) leur position actuelle. Aujourd’hui, ce “socle de puissance” (militaire) s’appuie essentiellement sur une “image” faite d’une perception faussaire, celle que lui
donne la communication, mais sa vérité-de-situation qui s’impose de plus en plus rapidement entraîne évidemment
l’érosion très rapide de cette perception. Aujourd’hui encore paraît une étude de la National Defense Strategy Commission, service interne au Pentagone,
mettant en évidence la possible/probable incapacité de la puissance militaire US de l’emporter dans une guerre contre la Chine et/ou la
Russie.
On en examine régulièrement des signes sur ce site, encore récemment avec le cas du porte-avions USS Gerald R. Ford, et le 12 novembre avec « Suicide, mode d’emploi ». Dans ce dernier article, nous signalions un texte
très récemment paru et d’un grand intérêt, sur lequel nous voudrions revenir pour nous attarder sur certains de ses aspects : « On notera qu’un
complément de très grande qualité et extrêmement détaillé sur l’état catastrophique de la puissance militaire US, de sa base industrielle et technologique, du technologisme, etc., se trouve dans
un très long article d’analyse de SouthFront.org. »
Il y a notamment un passage, concernant essentiellement les forces aéronavale embarquées sur les porte-avions, qui met en évidence la fragilité structurelle des
forces US, derrière la massivité des chiffres.
« Le deuxième problème, qui est peut-être plus grave encore, est le fait que les escadrons F/A-18 sur lesquels la Navy
s'appuie pour effectuer presque toutes les tâches aéronavales de ses porte-avions, et surtout les missions d’attaque, de supériorité aérienne, de défense de la flotte, de ravitaillement en vol,
de guerre sous-marine et de surveillance, sont dans un état de délabrement alarmant. En février 2017, la Marine a annoncé que les deux tiers, soit 62% de tous les F/A-18 Hornet et Super Hornet,
étaient incapables d’accomplir leur mission en raison de problèmes de maintenance. Vingt-sept pour cent de ces aéronefs subissaient non pas des travaux de maintenance mineurs et de routine mais
de très importants travaux de réhabilitation. Sur les 542 Hornet F/A-18 et E/F-18, 170 seulement sont capables de remplir leur mission avec une maintenance
normale. [...] La décision a également été prise d’utiliser 140 des Hornet des plus vieilles versions (variantes A/C) de la Navy et de les
cannibaliser pour des pièces ou de les transférer aux escadrons de l'USMC qui rencontrent des problèmes de maintenance similaires. Dans le cas de l'USMC, ils attendent depuis si longtemps les
nouveaux F-35B que leurs anciens F-18 tombent en ruines. [...]
» Le fait que 62% des F-18 de la US Navy ne soient pas capables de remplir leur mission n’est pas une anomalie. En 2017,
environ 72% des avions de l’US Air Force n’étaient pas capables de remplir leur mission. [...]La marine et l'armée de l'air affirment que leurs
budgets respectifs ne disposent pas de suffisamment d'argent pour se procurer les pièces de rechange nécessaires à la poursuite du service normal ces avions. On pourrait se demander pourquoi, dans ce cas, des dizaines de milliards de dollars sont investis dans de nouveaux aéronefs [aux capacités incertaines et non
démontrées] alors que les flottes existantes sont délabrées. Les décisions prises à l'échelon supérieur du DoD sont assez déconcertantes pour les milliers
de soldats, marins et aviateurs qui luttent pour que les armes et les véhicules soient prêts à l’action. »
... On comprend que la dernière phrase concerne l’inévitable JSF/F-35, dont il a été question entre les deux extraits, pour décrire et déplorer cette incroyable catastrophe qui pompe tous les budgets disponibles et empêche de ce fait le maintien en état de vol et/ou le
renouvellement en partie de la flotte des avions de combat venus des années 1970 (A-10, F-15, F-16 et F-18) constituant l’essentiel sinon la quasi-entièreté de l’aviation de combat des
États-Unis. (La crise vient de loin et tout le monde est au courant ; elle est largement documentée sur ce site, notamment concernant les
F-15de l’USAF, et puis le reste de
l’USAF également.)
La catastrophe-JSF est assez unique en son genre, dans ce sens qu’en plus de s’autoproduire sous la forme d’un monstre inutilisable, elle dévore autour d’elle tout
ce qui fait la puissance de l’USAF, – pour ce cas spécifique de l’USAF comme principal utilisateur de l’avion, les autres services étant logés à la même enseigne. Le JSF/F-35 reste un mystère
considérable, qui porte la marque de la catastrophique destinée du technologisme. Si l’on peut aisément détailler les divers aspects de cette catastrophe, tant au niveau des technologies que des
aspects budgétaires, que des aspects bureaucratiques, le mystère est complet au niveau général de l’appréciation du désastre dans tous ses effets et
conséquences stratégiques pour la puissance des USA. Ce mystère se résume à quelques questions fondamentales : comment la direction politico-militaire des USA n’a-t-elle pas
réalisé ne serait-ce que la possibilité de l’ampleur du désastre qui se profilait de plus en plus précisément ? Comment n’a-t-elle
pas admis qu’il était nécessaire de garder quelques options annexes ou complémentaires, pour limiter ces éventuels effets et ces
conséquences, notamment en réservant une part budgétaire pour entretenir et renouveler en partie le parc existant depuis 1970 de l’aviation de combat ?
En cela, du fait que ces questions restent sans réponse, on mesure la confusion de la pensée et le désarroi
psychologique où se trouve cette direction politico-militaire. Le même texte qu’on a pris comme référence insiste sur un autre aspect, qui montre une autre facette de cette confusion et
de ce désarroi, dans une partie très longue qu’il nomme « L’obsession des MRAP » (MRAP pour Mine
Resistant Ambush Protected désignant les véhicules résistant aux mines et autres explosifs d’embuscade, ou IED [Improvised Explosive Devices]).
Il s’agit du développement, à partir de 2003, de véhicules pouvant résister aux attaques par mines et embuscades du fait de la résistance, en Irak et en Afghanistan. Les pertes du fait de ces
attaques au sein des innombrables convois de ravitaillement et de livraison de la logistique, spécialité US s’il en est, déclenchèrent dès la fin 2003 une grande panique au Pentagone, où l’on se
lança dans le développement et la production de MRAP de différents modèles et de plus en plus monstrueux, croulant sous les amas de blindage.
La production a dû atteindre entre 45 000 et 50 000 unités depuis 2003, pour un coût affiché d’autour de $45 milliards...
« Le DoD [Pentagone]a consacré des milliards de dollars en contrats pour des
véhicules blindés protégés contre les mines (MRAP) entre 2003 et aujourd'hui. Le coût total d’acquisition des différents MRAP commandés et mis en service de manière conservatrice dépasse 45
milliards USD. L'armée américaine ne compte pas moins de sept types différents de MRAP en service à ce jour, plus que tout autre pays de loin. Alors que les États-Unis ont réduit leur présence
active en Afghanistan et en Irak, ils ont vendu bon nombre de ces véhicules aux forces de sécurité locales, et même aux forces de police nationales des États-Unis, ceux-ci n’étant de guère
d’utilité sur un champ de bataille ouvert où l'armée américaine livrerait un conflit conventionnel avec un puissant adversaire... »
Ce cas est particulièrement intéressant pour montrer, non seulement la confusion et le désarroi que nous mentionnons plus haut, mais plus encore la perversion des esprits qui habite (qui habita à partir de la fin de la Guerre froide) la direction politico-militaire des USA. Il y eut donc cette panique
déclenchée par le fait que l’“offre US” (démolition sauvage du pays puis conquête quasi-évidente des cœurs et des esprits [harts & minds] par la
démocratie américaniste) avait reçu comme réponse les mines et les IED sur les routes qui réduisaient en cendres la doctrine de la guerre “zéro-mort”, autre legs de la présidence Clinton, et
cette panique débouchant sur une production compulsive de plusieurs dizaine de milliers de monstres blindés sans la moindre utilité hors des bourbiers auto-créés par la politique
Système dans les pays pulvérisés par les bombes very-intelligentes (smart bombs).
Mais il y a surtout ceci ; à côté et largement au-dessus, il y avait la conviction que de toutes les façons on
se trouvait “à la fin de l’Histoire” aux conditions dictées par le Pentagone, et donc à part les paniques en passant produisant autour de 50 000 MRAP qui finiraient par faire de
la figuration dans les blockbusters d’Hollywood, rien n’était à craindre. Cet état
d’esprit explique que la puissance militaire US s’est trouvée largement distancée ces quinze dernières années au niveau de la vraie guerre
conventionnelle.
(Au niveau de l’aviation de combat, et cela suggérant en partie des réponses aux questions posées plus haut, la stealthtechnologyétait censée verrouiller la “fin de l’Histoire” grâce à la
formule-surprise type-air dominance.)
Tout cela se trouve largement suggéré, pour ce qui est de la philosophie inspirant cette situation, dans notre texte déjà référencé « Suicide, mode d’emploi »... Pour rappel :
« “La cupidité des entreprises américaines, l’idéologie de la globalisation et la conviction absolue d’être arrivé à la “fin de l’histoire” façon-Fukuyama sont, ensemble, sur le point de causer [et ont même d’ores et déjà
causé] aux capacités de défense des États-Unis des dommages dont leurs opposants géopolitiques ne pouvaient même pas rêver.”
Cet “état de l’esprit”, qui confine à une “paralysie de l’esprit” rien de moins, s’est installé aux USA au lendemain de la
Guerre froide et particulièrement durant la présidence Clinton, jusqu’à s’épanouir durablement durant le deuxième terme.
[...] Cette création fixait effectivement le monde en l’état, avec une
domination-hégémonique des USA installée effectivement ad vitam aeternam. Tout juste était-il nécessaire de le rappeler de
temps en temps pour les têtes de linottes françaises (à cette époque), russes, etc, pour ce cas au lendemain du 11-septembre sous la rubrique “virtualisme-narrative” (“Nous sommes un empire désormais,
et lorsque nous agissons nous créons notre propre réalité”.) »
Puissance militaire US : fin du récit
Si nous avons développé ces remarques et rappelé la conception résumée dans notre texte référencé du 12 novembre, c’est pour aborder un autre aspect de la puissance
militaire vers lequel un commentaire de ce texte d’un de nos lecteurs nous a orientés. Ce lecteur, se faisant “l’avocat
du diable”, développe une appréciation de la puissance militaire US, autant que de l’état de la guerre. Nous nous arrêtons à un point de son commentaire, qui introduit notre propre commentaire
d’une appréciation technique et métahistorique du destin de la puissance militaires américaniste, du “récit de son destin” si l’on veut, accordée à la psychologie et à la perception de
l’américanisme :
« La faillite de l'armée US “finissante” a-t-elle été voulue ? Comme dans toutes les obsolescences précédentes (1917, 1941,
etc.) sans aucun doute, mais voilà, à chaque fois les États-Unis en sont sortis plus puissants, et malgré tous les hélicoptères jetés par-dessus bord en 1975 lors de la Chute de Saigon, Nike est
aujourd'hui le premier employeur privé du Viet-Nam… »
Ce texte implique qu’il y a eu plusieurs “faillites” des forces armées US, suivies d’autant de renaissance : en 1917 et en 1941, pour l’entrée dans les deux
guerres mondiales avec une force militaire réduite, le “etc.” désignant par exemple le Vietnam. Cette interprétation sinusoïdale (des hauts et des bas, ou plutôt des bas suivis de hautes, avec
renaissance des cendres comme un phénix) n’est pas la nôtre ; elle donne une idée qui est à notre avis trompeuse de la flexibilité et de l’adaptabilité de la puissance militaire US.
• Ni en 1917, ni en 1941 il n’y a eu faillite militaire US. Dans les deux cas, l’armée était quasiment inexistante, sauf l’US Navy dont l’existence qui
garantit la sécurité des voies maritimes et du commerce est actée dans la Constitution d’un pays fondé sur le profit et sur le commerce. Quant à la chose militaire proprement dite,
l’isolationnisme (sauf la parenthèse 1917-1918) domine jusqu’en 1941 et l’armée n’est qu’une force de police aux USA et dans les pays voisins (Mexique) ou un outil expéditionnaire pour les bonnes
affaires à saisir (le Corps des Marines intervenant dans l’arrière-cour latino-américaine, à Cuba, etc., – avec l’extrême de l’intervention cruelle et dévastatrice aux Philippines [1899-1902] qui
est l’amorce de la politique impérialiste post-1945.)
• En 1917, l’armée US partie de quasiment rien fut essentiellement formée et équipée par les conseillers français et l’industrie françaises, ce que les érudits
américains commencent à reconnaître. Le Général Pershing avait obtenu ce qu’il cherchait : une structure d’armée moderne qu’il conserva et transmit malgré la réduction radicale des effectifs
dès 1919. En 1941, la seule puissance militaire US opérationnelle existante fut largement liquidée à Pearl Harbor, mais selon une orientation qui fut une formidable fortune du sort : avec
l’attaque, les Japonais avaient prouvé que le porte-avions était devenu le roi des mers à la place du cuirassé et ils avaient liquidé les cuirassés US
de la Flotte du Pacifique, et épargné ses trois porte-avions... Quant à l’armée et à l’aviation US, leurs structures étaient prêtes, et le développement de l’industrie aéronautique
militaire à partir de 1935-1936 pour l’exportation (Chine, France, Royaume-Uni) fournissait à cette expansion une base technologique exceptionnelle, – sans doute la période de l’histoire où les
USA furent les plus efficaces, les plus inventifs et les plus performants en matière de technologie. (Le P-51 Mustang [d’abord
A-36 Apache], le meilleur chasseur de la guerre, fut développé par North American en six mois au printemps 1940, sur commande britannique [et
complète indifférence de l’USAAC, le corps aérien de combat US d’alors], pour un coût R&D de $40 000 ; les premiers exemplaires [Mustang
Mark-I] furent livrés à la RAF à l’automne 1940 et l’avion fut adopté par l’USAAC/USAAF en 1942... A comparer avec le récit de la vie jusqu’ici et maintenant du F-35.)
• Au Vietnam, l’armée US ne fit pas faillite ni ne s’effondra sous les coups de l’ennemi. Simplement, elle se battit extrêmement mal, avec le marteau des
bombes et des obus, comme d’habitude et comme toujours, et elle abandonna la partie pour la seule et unique raison que l’opinion publique US était au
bord de la révolte et que cette révolte gagnait l’armée elle-même, par exemple avec l’épouvantable pratique courante à partir
de 1969 du “freaking” (liquidation d’officiers par leurs propres hommes, selon la “technique” de jeter une grenade dans le bureau d’un
officier). Le seul événement capital pour l’armée US au Vietnam fut l’abandon de la conscription en 1974, au profit d’une armée de métier, ce
qui garantissait désormais l’inexistence d’un parti antiguerre aux USA et au sein de l’armée elle-même, – comme on le constate aujourd’hui.
• La seule fois dans l’histoire où l’armée US, non seulement fit faillite mais s’effondra littéralement, c’est à l’automne 1945 lorsque le Congrès décida une
démobilisation en complet désordre, ce qui amena une désintégration totale de l’armée US dont le seul équivalent dans l’histoire est la désintégration de l’armée russe en 1917, après la première
révolution de février. (Voir les principaux détails de cet épisode capital, totalement passé sous silence dans l’historiographie officielle, dans notre Glossaire.dde : « Le “Trou Noir” du XXème siècle ».)
Ce que nous voulons mettre en évidence essentiellement, c’est la linéarité du développement de la puissance militaire US : une droite ascensionnelle qui
justement n’a jamais connu de “faillites” ni de défaites dues à l’adversaire, pour des raisons qui ne sont nullement héroïques mais tiennent simplement à la géographie. (Une spécialité des USA
est d’entrer en guerre bien après ses alliés-supposés pour pouvoir s’imposer politiquement grâce à son poids, sans subir de dommages, la combinaison lui assurant la certitude d’une domination
d’après-guerre.) Cette puissance a connu deux accidents internes, le plus grave (1945) ayant été passé sous silence, et le second lui ayant permis de ne plus dépendre de la volonté démocratique
du pays ; aucun des deux n’a interrompu durablement le tracé rectiligne de sa montée en puissance, ni ne l’a modifié en aucune façon.
A partir de 1989-1991, s’appuyant sur un récit totalement faussaire de la fin de la Guerre froide, la puissance militaire US s’est installée sur ce qu’elle a considéré être son hégémonie absolue et elle n’a plus bougé de cette perception. La guerre a subi le même traitement que l’histoire et la
réalité, selon les penseurs neocons & associés comme le rapporta Ron Suskind : au lieu du « Nous sommes un empire désormais, et lorsque nous agissons nous créons notre propre
réalité », ce serait “Nous sommes la plus grande puissance militaire de tous les temps passés et à venir, et lorsque nous agissons nous créons
notre propre guerre qui sera la seule guerre réelle possible”. Le moins qu’on puisse dire est que la vérité-de-situation n’a guère été impressionnée par cette
profession-de-réalité : la puissance militaire US est partout, et partout elle est plus ou moins en guerre, elle n’arrive nulle part à gagner et se découvre dépassée dans des domaines
qu’elle croyait verrouillés à jamais à son avantage.
(Nous sommes, quant à nous, d’avis que la possibilité d’une guerre conventionnelle de haut niveau est redevenue d’actualité, certainement dans l’esprit des
militaires US qui l’affirment curieusement après avoir conclu que “la fin de l’Histoire” figeait éternellement leur supériorité, – mais la confusion et le désarroi des esprits expliquent beaucoup
de choses. Entretemps, certes, les Russes ont fait l’une ou l’autre démonstration, en Crimée comme en Syrie. On peut se reporter au SACEUR d’alors, le Général
Breedlove, en avril 2014, à propos de la Crimée : « Nous suivions plusieurs exercices simultanés au cours desquels des
forces [russes]importantes étaient formées, manœuvraient puis s’arrêtaient... Et tout d’un coup, boum ! On les retrouve en Crimée, restructurée
en une force prête au combat et fort bien préparée. »)
Au bout de ce périple, la puissance militaire US ne sait plus ce qu’est le concept de “victoire”, – si elle l’a
jamais su, d’ailleurs, – parce que sa conception complètement figée et sa certitude d’être arrivée au sommet de la puissance l’empêchent autant
qu’elles lui interdisent de voir une fin à quelque chose où elle serait impliquée.
Une “victoire” signifierait la fin d’une guerre, donc la réduction du rôle de la puissance militaire US, ce qui est
impossible dans l’état actuel et d’ailleurs définitif de sa perception de l’histoire, savoir la “fin de l’Histoire” du type-Fukuyama. Cette paralysie touche également ses décisions
bureaucratiques et technologiques, en même temps qu’elle transforme les énormes budgets annuels qu’elle reçoit en trous noirs sans fond où se contorsionnent et grouillent sur un même rythme ses
propres “Quatre Cavaliers de l’Apocalypse”, – gaspillage, corruption, irresponsabilité et aveuglement. Au sommet de ce qu’elle croit
être la puissance, la puissance militaire US déploie totalement et sans la moindre entrave une impuissance complète que secrète la paralysie de sa pensée alimentée par la pathologie
schizophrénique de sa psychologie.
Comme on l’a compris, les USA suivent fidèlement le tracé de leur puissance militaire qui est devenue désormais leur
raison d’être et leur façon d’être. Le contraste est d’ailleurs saisissant entre la communication triomphante de la puissance militaire US et la situation intérieure catastrophique des
USA. La puissance militaire est la dernière structure, – ou disons, ce qu’ils croient être une structure, – à laquelle les dirigeants politiques washingtoniens s’accrochent. Washington D.C.
suit aveuglément le Pentagone, pour pouvoir mieux jouer à “D.C.-la-folle” dans ses démentes querelles internes ; ce que Washington D.C. a omis de noter, c’est que le Pentagone suit
aveuglément la puissance militaire US qui s’est totalement installée dans l’impuissance et la paralysie qui l’aveuglent elle-même ; c’est un
défilé d’aveugles qui se guident les uns les autres, le pas ferme, vers le néant. Le pouvoir des États-Unis d’Amérique est un lieu incertain et dans un équilibre extraordinairement
instable où plus personne ne sait rien de personne. Tout cela ne garantit rien de la forme et du parcours que prendra la chute, laquelle ne saurait se faire attendre puisqu’elle a déjà
commencé.